Me voici donc dans une équipe de quatre hommes (sans compter Stanislas), elle-même à la tête d’une équipe de quelques hommes. Heureusement que je peux compter sur l’aide du borgne car sans lui, ma mission serait vouée à l’échec. Le navire navigue toujours sur les flots, on se rapproche petit à petit de notre objectif, c'est le moment d’annoncer le plan à tous les autres. Je sors de ma cabine avec les quatre autres leaders, et Costa ordonne à ce que toutes les lumières soient éteintes pour une raison bien précise, puis il convoque les hommes sur le pont principal. Un silence morbide règne à présent. Il souhaite que je prenne la parole étant donné la relation particulière que j’ai noué avec l’équipage, tu parles d’une relation… Un silence de marbre.
« Oy ! Tranquille les gars, on en est pas à notre première mission, n’est-ce pas ? »
Aucune réponse… Comment suis-je maintenant sensé réagir ? On ne m’a quand même pas filé des débutants qui vont se faire dessus à l’approche de la mission ? Dites-moi que c’est une blague. Je me gratte les cheveux et des sueurs froides glisses le long de mon dos. Je n’ai pas chaud.
« - C’est une blague Ragnar, te mets dans ces états, voyons !
- Une blague… Hé hé… Ne refaites plus jamais ça ! », dis-je d’un ton meurtrier. Mais je dois cruellement manquer de crédibilité puisque tout l’équipage se met à rire. Ma foi, je me mets à rire avec eux.
« - Blague à part, nous sommes proches de l’île, mais nous n’irons pas plus loin avec le navire ?
- Avec les barques alors ?
- Non plus, gros malin.
- Co… Comment dans ce cas ?
- À la nage, bien sûr ! »
Un guetteur utilise sa longue-vue et s’aperçoit qu’il n’y a qu’un seul accès pour les navires, et sinon… que des falaises.
« - Dis-moi Ragnar, t’as un plan pour accéder tranquillement au seul accès de l’île ?
- Oui ! L’idée est d’oublier l’accès mon grand, on va gravir ses falaises à la seule force de nos bras. »
Les types commencent à regarder leurs bras, frêles pour la plupart, puis se mettent à me gueuler dessus. Fang tente gentiment des les calmer, ce qui fait son effet étant donné le respect qu’il dégage, mais je sens des regards qui se tournent vers moi et pas du tout appréciables. Le même Fang s’approche de moi.
«- J’espère que ton plan est bien ficelé mon cher, sinon tu vas rapidement te retrouver seul…
- Ne t’en fais pas vas, la solitude ne m’a jamais dérangée.
- …
- Je rigole, Fang. Je rigole. »
À sa tête, je me dis que mes blagues sont vraiment pourries, ou qu’il manque cruellement d’humour, ouais c’est ça.
« - Écoutez tous ! Les plus athlétiques partiront devant, graviront les falaises en premiers et lâcheront une corde pour ceux en difficultés. C’est clair ? Pour des raisons logiques, le navire ne bougera pas d’ici jusqu’au signal de Costa, c’est pour ça qu’Uska restera sur le navire avec quelques-uns d’entre vous.
- Compris.
- Une fois là-haut, ça sera chaud. La première équipe se chargera de faire le ménage avant d’envoyer les cordes. L’idée est de rejoindre nos camarades déjà sur place, qu’ils nous fassent un rapport et surtout qu’ils nous logent le temps que les renforts nous rejoignent. Nous n’avons que deux ou trois semaines pour convaincre les esclaves, après ça, la guerre. Compris ? »
Et c’est ainsi que tout le monde se met à plonger.