Un retour pas très apprécié aux sources -



    Me voici donc dans une équipe de quatre hommes (sans compter Stanislas), elle-même à la tête d’une équipe de quelques hommes. Heureusement que je peux compter sur l’aide du borgne car sans lui, ma mission serait vouée à l’échec. Le navire navigue toujours sur les flots, on se rapproche petit à petit de notre objectif, c'est le moment d’annoncer le plan à tous les autres. Je sors de ma cabine avec les quatre autres leaders, et Costa ordonne à ce que toutes les lumières soient éteintes pour une raison bien précise, puis il convoque les hommes sur le pont principal. Un silence morbide règne à présent. Il souhaite que je prenne la parole étant donné la relation particulière que j’ai noué avec l’équipage, tu parles d’une relation… Un silence de marbre.

    « Oy ! Tranquille les gars, on en est pas à notre première mission, n’est-ce pas ? »

    Aucune réponse… Comment suis-je maintenant sensé réagir ? On ne m’a quand même pas filé des débutants qui vont se faire dessus à l’approche de la mission ? Dites-moi que c’est une blague. Je me gratte les cheveux et des sueurs froides glisses le long de mon dos. Je n’ai pas chaud.

    « - C’est une blague Ragnar, te mets dans ces états, voyons !
    - Une blague… Hé hé… Ne refaites plus jamais ça ! »
    , dis-je d’un ton meurtrier. Mais je dois cruellement manquer de crédibilité puisque tout l’équipage se met à rire. Ma foi, je me mets à rire avec eux.

    « - Blague à part, nous sommes proches de l’île, mais nous n’irons pas plus loin avec le navire ?
    - Avec les barques alors ?
    - Non plus, gros malin.
    - Co… Comment dans ce cas ?
    - À la nage, bien sûr ! »


    Un guetteur utilise sa longue-vue et s’aperçoit qu’il n’y a qu’un seul accès pour les navires, et sinon… que des falaises.

    « - Dis-moi Ragnar, t’as un plan pour accéder tranquillement au seul accès de l’île ?
    - Oui ! L’idée est d’oublier l’accès mon grand, on va gravir ses falaises à la seule force de nos bras. »


    Les types commencent à regarder leurs bras, frêles pour la plupart, puis se mettent à me gueuler dessus. Fang tente gentiment des les calmer, ce qui fait son effet étant donné le respect qu’il dégage, mais je sens des regards qui se tournent vers moi et pas du tout appréciables. Le même Fang s’approche de moi.

    «- J’espère que ton plan est bien ficelé mon cher, sinon tu vas rapidement te retrouver seul…
    - Ne t’en fais pas vas, la solitude ne m’a jamais dérangée.
    - …
    - Je rigole, Fang. Je rigole. »


    À sa tête, je me dis que mes blagues sont vraiment pourries, ou qu’il manque cruellement d’humour, ouais c’est ça.

    « - Écoutez tous ! Les plus athlétiques partiront devant, graviront les falaises en premiers et lâcheront une corde pour ceux en difficultés. C’est clair ? Pour des raisons logiques, le navire ne bougera pas d’ici jusqu’au signal de Costa, c’est pour ça qu’Uska restera sur le navire avec quelques-uns d’entre vous.
    - Compris.
    - Une fois là-haut, ça sera chaud. La première équipe se chargera de faire le ménage avant d’envoyer les cordes. L’idée est de rejoindre nos camarades déjà sur place, qu’ils nous fassent un rapport et surtout qu’ils nous logent le temps que les renforts nous rejoignent. Nous n’avons que deux ou trois semaines pour convaincre les esclaves, après ça, la guerre. Compris ? »


    Et c’est ainsi que tout le monde se met à plonger.


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    On nage dans une mer bien agitée, capricieuse et dans une obscurité presque totale. Le groupe est constitué de divers individus, de professions diverses et variées, alors je ne suis que très surpris du fait que certains aient du mal à suivre. C’est bien sûr pour cela que les moins bons sont reliés par une corde avec un « bon ». Ouaip, ça serait un peu de se retrouver en haut qu’avec la moitié de l’effectif. Un détail aussi que je n’avais pas pris en compte : la température de l’eau. Nous sommes bien loin des mers tropicales, chaudes et agréables… Là, on se tape une mer assez froide, assez agitée et dont l’apparence de jour ne donne pas très envie de se baigner. Enfin bon, de toute façon on y est et le meilleur moyen de ne pas mourir de froid, c’est de continuer à nager avec des mouvements plus amples pour se réchauffer - et s’épuiser davantage du coup.

    L’approche des premiers récifs rocailleux est signe de soulagement. C’est l’occasion de se reposer avant l’escalade, mais là encore il ne va falloir se pavaner longtemps, le vent souffle et on se refroidit assez rapidement. Costa semble avoir fait le même constat, plutôt vif d’esprit le type, c’est rassurant. Je pars en tête de file avec mon binôme que je traine depuis la navire, un type un peu fort de corpulence et plutôt nonchalant. En gros, il n’allait pas beaucoup m’aider à gravir cette falaise moyennement haute. Celle du royaume de Sanderr l’était bien plus, j’étais complètement congestionné au niveau des bras. Mais j’me suis peut-être un peu trop surestimé après coup. La montée s’annonce plutôt délicate, les prises sont difficiles et les parois humides, cool. Se précipiter nous tuerait, puis y aller tout doucement aussi de toute façon, alors quitte à choisir je préfère encore de me précipiter dans les abysses que d’y aller lentement.

    « Oy ! Je vais accélérer le mouvement mon gros, je t’invite à en faire de même si tu ne veux pas que l’on se trouve enfourchés sur les récifs un peu plus bas… », dis-je d’un ton fatigué. Étonnement, il m’écoute et accélère le rythme. Je pensais qu’il était le genre de gros à chier sur tout le monde et à ne rien respecter, mais je me suis bel et bien trompé sur ce dernier. Du coup, autant le motiver.

    « - C’est bien ! Continue mon gros !
    - Ne crois pas pouvoir mon encourager, merdeux…. Ha.. Ha… Merde ! C’est dur !
    - Je n’aimerais vraiment pas avoir ta condition. T’as déjà pensé à un régime ?
    - La ferme… »


    Toujours dans le conflit, nous continuons notre ascension, enfin ce fut le cas jusqu’au moment où le groupe rate sa prise et m’emporte avec lui dans sa chute. Nous sommes en tête, et ce qui m’inquiète davantage, c’est que l’on risque d’en emporter d’autres dans notre chute. Avant même de penser à tout ça, par un réflexe venu de nul de part, je dégaine ma sublime lame, puis l’enfonce de toute mes forces dans la paroi. Elle nous maintient malgré nos poids à tous les deux. Heureusement que c’est Divinité et pas une lame lambda. On a pas perdu beaucoup de terrain, nous y sommes presque. Allez, disons à peine cinq bons mètres à grimper.

    « Allez le gros, on y est presque ! Tache de faire attention la prochaine fois, je coupe la corde sinon ! »

    Je l’entends moins bizarrement.

    Avec les premiers, on arrive enfin au sommet et on tracte les types avec lesquels nous étions attachés, ça sera certainement plus rapide ainsi. Les uns remercient les autres, et moi pensant recevoir une accolade de mon binôme, il m’agrippe le cou et m’étrangle. Tu parles d’un remerciement, j’aurais encore préféré une grande claque dans ma gueule. J’ai été si insupportable ?

    Bref, la première étape est un franc succès. Il ne reste plus qu’à éviter les gardes…
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    « J’ai faim… », me dit le gros.

    Personne ne prend vraiment la peine de lui répondre. T’as toujours un gros lourd qui emmerde tout le monde dans un groupe, à moins que ce soit moi, je crois qu’il s’agit de lui pour le coup. Plus important nous attend. Il existe des infiltrés qui travaillent pour la révolution depuis quelques temps, dans l’espoir bien sûr, de pouvoir aider la cause lors d’un gros coup. Voici l’occasion de nous aider. Ils savent que nous arrivons, j’espère seulement que ce ne sont pas des branleurs et qu’ils ne sont pas en train de pioncer, sinon c’est cuit pour nous. De ce côté-ci de l’île, la marine ne se concentre pas vraiment, il n’y a pas grand chose à protéger en même temps. Il y a cependant des rondes d’après nos infiltrés, et ça, faut éviter d’y être quand ça arrivera.

    Suite aux informations obtenues, nous avons en effet décidé de grimper dans une zone peu surveillée. D’ailleurs le navire s’en va pour ne pas attirer les soupçons, comme convenu. Le plus dur, de ce que je vois grâce à ma longue-vue en approchant des fermes, c’est d’éviter les contremaitres. L’idée serait pour moi de les neutraliser, sauf qu’on a l’intention de rester ici quelques temps et attirer l’attention ne nous arrangera pas du tout, au contraire. Je continue d’observer les alentours avec ma longue-vue dans l’espoir de retrouver un indice ou quelque chose me permettant de repérer nos alliés. Je cherche tout et n’importe quoi.

    « - Fais-moi voir, Rag. Il semblerait que tu n’ai pas totalement retrouvé la vue.
    - T’es borgne, ferme-la. »


    Après quelques instants, il pointe le doigt au loin.

    « - Là, c’est subtil mais je vois une rangée de maisons avec un signe sans signification particulière. C’est probablement rien, ou peut-être ce que l’on recherche, donc à mon avis…
    - On y va ! »
    , conclu le gros.

    C’est ainsi que le mouvement se lança. Costa nous sépare logiquement en groupes pour faciliter nos déplacements, car on peut se douter qu’un tas de révolutionnaires marchant ensemble ne passe pas inaperçu. De plus, les habitations ne sont pas très denses donc nous n’aurions jamais pu y aller tous ensemble. Si les dires de Stanislas sont bons, alors les signes signifieraient que chaque maison qui en porte est de notre côté. On se sépare, chaque groupe se dirige vers la maison attribuée auparavant. J’identifie les contremaitres qui surveillent la zone, pis une fois le dos tourné, on se précipite très rapidement la maison avant que les contremaitres se retournent de nouveau. On a du trainer le gros, avec l’aide de Stanislas, parce qu’il trainait un peu du pied et que la mission ne pas échouer à cause de son gros cul.

    « Attention, un type de part et d’autre, agissons rapidement et proprement. Stan’, prends celui de gauche, je m’occupe de la droite. Trois, deux, un… »

    Avant même qu’il ne puisse sortir le moindre son de sa bouche, j’enfonce profondément la paume de ma main au niveau du plexus, coupant nette sa respiration, puis je profite du fait qu’il se recroqueville pour l’achever d’un coup à la nuque avec la main cette fois-ci à l’horizontale. De l’autre côté, le borgne semble l’avoir neutralisé assez facilement. On cache les deux types et on les identifie. À priori, ils quittaient leur poste pour se biturer le crâne tranquillement derrière, c’est du moins ce que je comprends en apercevant les bouteilles, puis ils sentent un peu l’ivrogne.  On les pose côte à côté, les bouteilles bien mises en évidence, et on prie pour qu’ils ne se rappellent pas de nous. Avec un peu de chance, ils étaient bien bourrés, non ?

    On entre rapidement à la chaine au sein de cette petite maison, le plus rapidement possible pour éviter d’être vu par d’autres contremaitres, ça serait quand même bien ennuyant. Je rentre le dernier, je vois les camarades immobiles, me montrant quelque chose du doigt. En effet… Les types nous accueillent avec des fourches en guise d’armes de dissuasions. Je passe devant pour tenter de comprendre cet accueil des plus surprenant, en me grattant la tête parce que je ne sais pas quoi leur dire, donc autant vous dire que je ne suis pas bien.

    « Puis-je parler à votre chef ? », dis-je souriant et d’un ton pas très rassuré.

    Ça passe ou ça casse comme on dit, c’est ça ?


Dernière édition par Ragnar Etzmurt le Mer 1 Juin 2016 - 20:44, édité 1 fois
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    « - Présentes-toi.
    - Ragnar Etzmurt, j’suis de l’armée révolutionnaire et on répond présent à l’appel émit il y a quelques jours.
    - Hm… Je m’attendais à plus costaud et viril que ça. Ma foi, je me contenterais de c’qu’on m’envoie. Gairi Saisiné, j’attends votre venue depuis de longues années pour leur casser la gueule. D’ailleurs, des rumeurs disent qu’un aveugle a libéré quelques esclaves lors d’un transfert, mais depuis… »


    Un aveugle qui a libéré des esclaves lors d’un transfert ? Je rêve ou elle parle de moi ? Stanislas me jette un regard moqueur, je me retiens de rire mais c’est vraiment pas facile. Sacrée femme cette Gairi, à peine arrivé qu’elle m’envoie un pique sur mon gab’, c’est pas très courtois comme manière d’accueillir des partenaires. Enfin bref, on s’en tape un peu de tout ça, plus important nous attend et je dois focaliser essentiellement là-dessus.

    « - Bien. Du coup, nous avons le reste de nos camarades répartis dans les différentes maisons « décorées », c’est bon ?
    - En principe ouais, s’ils confirment qu’ils sont d’la révo c’est bon. »


    Je n’aimerais pas apprendre que tout le reste de l’effectif se soit fait attaquer par des alliés… déjà que nous n’sommes pas très nombreux.

    « Et le plan ? », qu’elle me dit d’un air « je m’en foutiste » en sachant je ne sais quoi depuis tout à l’heure. Non pas que ça me dérange mais… en fait si !

    « - L’idée est très simple : parler tranquillement et discrètement de notre objectif qui est de nous faire sortir de coin merdique, et ce, jusqu’à l’arrivée d’un allier avec lequel on sera en contact à son arrivée.
    - Tout le monde veut fuir d’ici, ça s’ra fastoche. »


    Penser ainsi a faillit me couter la vie la dernière fois que j’ai voulu libérer des esclaves, j’préfère éviter de réitérer l’expérience. L’info est maintenant émise, c’est bientôt l’heure de travailler, l’occasion rêvée pour commencer à diffuser le plan et sonder un peu les types.


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    Une semaine plus tard.

    Suite à l’incident des contremaitres retrouvés bourrés avec des bouteilles vidées, de nouveaux contremaitres sont arrivés, facilitant ainsi notre insertion dans la meute. Les journées de labeurs sont durs, vraiment durs, me faisant même réaliser à quel point devenir esclave est difficile et que l’on s’y fait jamais. L’ayant déjà vécu, je pensais plutôt bien m’en sortir mais tu parles, je fais petite tache. On a déjà commencé à sonder les gus, et bien que la plupart soient plutôt branchés, t’en as quand même certains qui restent assez réticent à l’idée de devoir lever les fourches pour leur liberté. Peut-être que je suis trop révolutionnaire pour comprendre, mais à la moindre occasion, je pense que j’aurais tout tenté pour m’échapper de ce bourbier. Pire encore, je ressens tellement de craintes chez d’autres, qu’ils pourraient peut-être nous balancer aux autorités. L’idée est que ceux-la me craignent plus que les autorités, c’est ce que font les pirates pour avoir ce qu’ils veulent, alors pourquoi pas nous ?

    J’ai aussi rencontré de nouveaux camarades à l’instar de ce bon vieux Juan Pablo, presque aussi terrifiant, voire plus que cette folle de Gairi. Il est assez calme et traine pas mal avec Fang, pas surprenant vu leur tempérament. Je n’sais pas trop de quoi ils discutent, surtout Fang que j’imagine pas raconter sa vie, mais peut-être que je m’y prends mal avec ce dernier. Sinon t’as Stanislas qui bavarde avec tout le monde, qui rassure un peu les troupes, qui rameutent encore plus de types. Il a don d’orateur cet enfoiré, il sait captiver la foule et se faire comprendre surtout. Le vieille Gairie (je viens d’apprendre qu’elle a cinquante balais) semble avoir un rôle particulier au sein de cette communauté, c’est un peu le médecin du village, du coup les gens se confient à elle et inversement, puisque les gens l’écoutent. Ça peut sembler anodin mais grandement utile.

    En c’qui me concerne, j’me retrouve à être un peu le clown, le type qui raconte des histoires de cul lors des pauses, qui effectue mal les mouvements - j’ai même eu droit à des menaces venant des contremaitres en cas de récidives. Je m’amuse un peu - beaucoup, on pourrait dire que je délaisse la mission, mais comme l’a bien remarqué mon ami le borgne : « Tu as au moins le don de rapprocher les esclaves entre eux, malgré toi certes, mais ça marche aussi. » C’est ce que j’appelle avoir la classe face à toutes les situations. Puis ce qu’ils ne disent pas, c’est que j’utilise mon ouïe fine pour écouter les conversations, savoir ce qu’il se dit, ce qu’il se pense de tout ça…

    J’oubliais le gros, qui d’une manière surprenante s’est motivé pour bosser à fond et perdre du poids. Un soir, je lui ai même proposé ma ration, puis après quelques instants d’hésitation s’est vu refuser celle-ci. Son ventre hurle famine chaque soir mais il tient bon. C’est un peu notre mascotte. Avec Stanislas, on se lance des regards complices, on partage de la joie en voyant que tout le monde à plus ou moins trouvé sa place et agit de manière directe ou indirecte sur le plan. Encore quelques jours et nous contacterons Paquebot, quelques jours et la partie la plus amusante débutera. Il me tarde d’en découdre avec les autorités, j’aime ça, c’est comme ça. Fang me rabâche sans cesse que la sécurité des esclaves reste notre priorité. Il n’a qu’à s’en occuper hein, moi je m’occuperais de leur frayer un chemin dans ce cas.


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    « Ici Ragnar Etzmurt, je vous écoutes. »

    Un appel plus qu'important de nos alliés qui sont sur le chemin. J'ai à l'appareil un certain Maquisard, qui visiblement s'occupe de la logistique et donc de l'envoie de l'armement. En effet, Costa nous a brièvement parlé d'un envoie d'armement effectué par l'autre groupe d'intervention. Ils font un excellent boulot.

    « Comment va-t-on recevoir les armes ? Sous quelle forme ? »

    Comme vous pouvez vous en douter hein, c'est Stanislas qui me souffle à l'oreille les questions que j'dois poser, parce que j'en ai un peu rien à foutre perso. Du moment que je casse des bouches avec mes paumes ou tranche des têtes avec ma lame, ça m'va.  Enfin bref, apparemment on reçoit les cadeaux au fond d'un charriot remplit de pailles que des contremaitres nous ramèneront. Le borgne souhaite que j'demande comment ont-ils fait pour passer la sécurité avec autant d'armements, mais j'préfère couper court à la conversation.

    Réunion dans une des baraques avec les dits leaders.

    « Vous avez tous compris, rien de spécialement compliqué, on s'empare du charriot une fois qu'on nous l'aura déposé, on cache les armes ici et dans les piaules et on attend le signal. Clair ? »

    Tout le monde acquiesce. J'estime que c'est compris pour tous, sinon tant pis.


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    « Cargaison de paille à l’approche, écartez-vous, laissez le passage ! », dit un groupe de contremaitres tractant une charrue remplie de pailles à l’aide de chevaux. De toute évidence, ça peut contenir les armements dont Maquisard me parlait. Les contremaitres s’écartent le temps de nous laisser retirer la paille du charriot, c’est l’occasion pour eux de s’allumer une clope et vanter leurs performances avec la demoiselle chopée la veille au seul bar de l’île. Les révolutionnaires se placent au niveau de la charrue en la déchargeant de manière à ce que les armes ne soient pas vues, soit en récupérant celles-ci avec de la paille pour camoufler le tout. On fou le matériel dans un entrepôt normalement utilisé pour les outillages et le stockage de la paille. C’est un lieu où tout le monde passe pour prendre le matos, le ranger… Le lieu idéal pour fournir les armes en cas de nécessité.

    Fang et Pablo se sont proposés pour surveiller la grange, juste histoire de s’toucher la nouille en bavardant tranquillement. Le plus drôle c’est qu’on ne peut rien dire au samouraï sous ses airs sérieux, ça cache un sacré branleur je vous le dis. Le temps que tout le monde travail, j’en profite avec Gairi pour ranger correctement le matériel militaire afin qu’il ne soit pas repérable par les contremaitres au cas où ils décident un jour de vérifier l’état des lieux de l’entrepôt. Nous savons pertinemment qu’il existe des groupements d’esclaves assez réticents avec notre mouvement. Du coup, j’préfère qu’ils ne sachent pas ce qu’on fout de manière générale, surtout s’ils trouvent des armes et qu’ils balancent aux matons.

    La grange est de loin le plus grand espace aménagés dans ces fermes, plutôt logique vu ce qu’il doit y être stocké. Il faut impérativement quelqu’un à l’intérieur pour garder un oeil sur ce qu’il se passe, car on ne peut pas empêcher qui que ce soit de rentrer. Je décide de m’allonger en face des armes, toujours cachées par la paille, jusqu’à ce qu’un autre ordre me parvienne. Je ferme les yeux et m’endors, enfin mes oreilles ne dorment pas vraiment, non. J’écoute tout ce qu’il se dit, ce qu’il se fait, j’ai presque l’impression de redevenir l’aveugle que j’étais.

    La journée s’écoule tranquillement, il ne s‘y passe rien d’alarmant et tout semble se dérouler tranquillement. Mais une fois la nuit tombée, un petit groupe d’esclaves d’à peu près quatre ou cinq individus que j’avais préalablement classés comme nuisibles, pénètrent l’enceinte de la grange et discutent. Ils m’observent. Ils avancent tout doucement de sorte à ne pas me réveiller. Les pauvres, s’ils savaient seulement que je suis à deux doigts de les zigouiller, mais Fang et sans doute Gairi me découperaient en fins lambeaux. Alors j’attends. J’attends de voir ce qu’ils mijotent pour ainsi agir en conséquence.

    « On dirait un chien de garde qui surveille la propriété de son maître. », chuchote l’un d’entre eux en me contournant. Ils me craignent parce qu’ils me savent plus résistant qu’eux, plus endurant et plus fort. Mais cela ne les arrête pas. Ils fouillent à travers la paille, encore et encore, ne faisant plus attention à ce qu’il se passe autour d’eux. Sans qu’ils s’en aperçoivent, je me relève et attends patiemment qu’ils finissent leurs affaires. Après de longs instants de recherche, ils atteignent finalement le cargo et en ressortent tous fiers.

    « - On devrait en parler aux matons, on obtiendrait peut-être des avantages…?
    - Oui ! C’est toujours mieux que la mort qui attend les autres ! »


    La mort ? C’est donc ce qu’ils s’imaginent pour leurs camarades. Si seulement on m’autorisait à les faire taire à jamais, là, maintenant. Malheureusement, je vais devoir m’occuper de cette histoire de manières « douces », ce sont les ordres de Costa et il est intransigeant avec les règles. À vrai dire, je n’aimerais pas tester son autorité.

    « C’est donc la mort que vous craignez, misérables ! Si je vous dis que je suis la mort, que je vous suivrais toutes vos nuits jusqu’à ce que je me tire de cet endroit miteux, et qu’au premier mot aux matons, vous comme eux serez morts au même instant… Vérifiez, si ça vous chante, mais je ne suis pas de ceux qui rigolent avec la mort. »

    J’ai leur attention. Pourquoi pas leur raconter une histoire pour les mettre de mon côté ?

    « Vous rappelez-vous de l’aveugle qui est venu quelques semaines ici, qui est reparti aussi vite qu’il est arrivé en libérant des esclaves ? Croyez-moi ou non, mais je connais cette île, je sais comment y entrer et je sais comment en sortir. Personne ne m’arrêtera, ni vous, ni les contremaitres, ni la marine. Des morts ? Certainement qu’il y en aura mais je n’en ferais pas partis, mais en ce qui vous concerne, ça ne dépend que de vous. »

    Je lance le regard le plus meurtrier à la fin de mon discours. Ils tremblent et au son qui émane d’eux, leur rythme cardiaque, je peux affirmer qu’ils se chient dessus. J’suis pas musicien pour rien, je connais toutes les mélodies de l’Homme. Je leur fais signe de la main de s’en aller, puis d’un regard j’ordonne à Fang et Pablo, toujours potiches non loin de la grange, de suivre ces petites peureuses au cas où ils tenteraient malgré tout de nous mettre des bâtons dans les roues.


Dernière édition par Ragnar Etzmurt le Mer 1 Juin 2016 - 20:46, édité 1 fois
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    Quelques jours plus tard.


    Costa reçoit un appel assez mystérieux. En cas de problème, nous avons convenu à un plan, faut croire que ce type à je ne sais combien de tours d’avance sur ses adversaires. Même Stanislas perd aux échecs face à lui, et ce, malgré son quotient intellectuel nettement supérieur à la normal. « Impressionnant » qu’il aime dire à chacune de ses défaites face au chef. Le coup de fil dur quelques temps, des enchaînements de formules de politesse, de longues phrases de politiciens de merdes… Bref, on s’fait chier jusqu’au moment où d’un signe de son index, il nous ordonne de tout nettoyer. Les choses commencent enfin à devenir intéressantes. Je récupère ma lame que je n’ai utilisée depuis bien trop longtemps, Stanislas prend son fusil et Gairi… euh, elle fait joujou avec des aiguilles.

    On sort les premiers, on frappe aux portes pour annoncer le signal, les esclaves allument des feux avant de quitter les piaules et de grands incendies se propagent petit à petit, de fermes en fermes, alertant ainsi les contremaitres. Fang, avant de partir affronter les premiers invités me fait signe d’éviter de tuer, m’emmerde celui-là. « Divinité » se nourrit de sang, j’sais pas si une lame se nourrit, mais ça me laisse une raison de tuer. Le borgne tire, l’homme masqué cisaille tout ce qu’il peut non loin de Fang et Gairi tente de sauver le plus d’esclaves possible. Non loin d’ici, j’entends une explosion. Serait-ce Paquebot et les renforts ? Excellent timing les gars. Je suppose que l’appel est logiquement en lien avec nos camarades, sans ça le colonel n’aurait de toute façon pas pu nous joindre.

    Seul l’entrepôt n’a pas encore brûlé car il y reste le stock d’armes. Face à l’entrée de celle-ci, prêt à découper tous ceux qui tenteront de me franchir. J’aurais préféré partir attaquer tout ce qui bouge, mais tout le monde s’est tiré avant que je ne dégaine ma lame, je comprends pourquoi maintenant. Puis je crois qu’ils font mal leur boulot, puisqu’une dizaine de contremaitres armés se tiennent face à moi et sans doute déterminés à vouloir me zigouiller.

    « - Eh l’esclave ! Remets-nous cette lame bien trop belle pour toi, puis écartes-toi de cette porte, tu veux bien ?
    - L’esclave ? Faut croire que je suis tellement discret qu’on ne me reconnait pas… Hm.
    - Ne nous oblige pas à tirer, on a dû tuer déjà pas mal de tes camarades, sachant que vous êtes notre gagne-pain, ça nous emmerde un peu… Allez, ne sois pas stupide, rends-toi qu’on en parle plus.
    - Vous allez tous mourir. »


    Ma phrase à peine finie, je décale ma position vers ma droite et bondis vers le premier face à moi sur lequel j’enfonce ma précieuse lame au niveau de l’épaule. Mon déplacement a été si rapide que les autres ne m’ont remarqué qu’au moment où leur pote s’est mit à hurler de douleur. Je retire ma lame du corps et m’élance sur une course contournant le reste du groupe, qui s’apprêtait juste avant à me tirer dessus, mais hélas pour eux je bouge si vite qu’ils ne peuvent m’atteindre. Rentrant ma course vers eux, je transperce la gorge de l’un, tandis que je projette un autre de ma paume. C’est un véritable carnage. Ils finissent par s’entretuer en essayant de me tirer dessus malgré la présence d’alliés. On m’a toujours dit que sans sang froid, il est impossible de se battre, et je comprends maintenant que la personne qui m’avait enseignée ça avait probablement raison. Vaut mieux tard que jamais pour réaliser certaines choses. Je finis les derniers aussi vite que les premiers, si ce n’est plus vite du fait qu’ils étaient tétanisés. Il y a certaines personnes pour qui je n’ai pas pitié.

    « RA… RAG… RAGNAAAAR ! QU’AS-TU FAIS DE NOM DE DIEU !?, hurle Fang. C’est bien la première fois que je l’entends hausser le ton de la sorte, lui qui est plutôt calme de nature, je dois bien avouer que c’est assez flippant. Il est bien trop gentil, à tel point qu'il est capable de laisser vivre des types qui ont maltraités des esclaves pendant tant d'années. Sa bonté le tuera un jour, je vous le dis.

    « Beh… J’me suis juste défendu Fang, c’était soit ça, soit je mourrais alors le choix a été assez simple. Tu n’penses pas ? », que j’lui sors avec un large sourire machiavélique. Pablo tente de le raisonner, mais lui aussi me tue du regard, ça craint. Au moins s’ils sont là, c’est que leur zone est nettoyée. Stanislas et Gairi finissent par arriver, Adèle revient aussi me confirmant que toutes les fermes sont en train de brûler. Nous sortons de la zone pour éviter de finir comme le potager, en prenant soin bien entendu de transporter les armes avec nous. Nous n’avons pas encore reçu l’ordre de les distribuer aux esclaves, alors on attend. J’espère que Paquebot s’en sort et qu’il appellera au moindre soucis. Le borgne me fait comprendre que sa mission n’est pas totalement aisée non plus.


Dernière édition par Ragnar Etzmurt le Mer 1 Juin 2016 - 20:48, édité 1 fois
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    Des soldats de la marine, sans doute ceux de la garnison placée sur l’île, déboulent assez rapidement vers l’incendie que nous avons provoqués. Costa ne reçoit aucun signal de Paquebot et son groupe, ça craint pas mal. Il nous ordonne finalement de distribuer les armes aux esclaves, chose plutôt vue la situation, mais j’espère au moins qu’ils ne nous tireront pas dessus. Pas spécialement envie d’me prendre une balle dans l’cul par un esclave fermier que j’me trou l’fion de libérer. J’laisse les autres gérer le distributions et j’file ralentir les mecs d’en-face, faut bien s’occuper comme on peu, non ?

    Pour éviter les premières rafales, j’envoie un lame d’air que j’suis de très près, puis après avoir atteint la première vague de soldats, j’fonce dans l’tas sans me poser la moindre question. La chose la plus intelligente que j’ai pu faire ? Certainement pas. J’suis assez vite submergé par le nombre de soldats qui m’assaillent de tous les côtés. N’étant pas tout à fait au point avec les lames d’air, je tente tout de même de les repousser avec des plus petites, et ce malgré mon envie d’en provoquer des plus grosses. Le nombre parle de lui-même, rien y fait, l’ennemi prend l’avantage et je perds peu à peu ma concentration, qui faisait jusqu’ici ma force. Si je perds ma concentration, je perds l’usage des mes super sens. Si je perds l’usage de mes super sens, je perds tout.

    « Merde. », qui s’échappe de ma bouche.

    La situation est critique. Je pare essentiellement les lames, mais je me prends des chassés à tout va et des mandales dans la gueule. Je divague. Je vois des choses que je ne suis pas sensé voir, et ça à mon avis c’est pas bon du tout, pas du tout. J’évite absolument d’être au sol, car ils n’auront plus qu’à se jeter sur moi pour m’avoir. J’ai peur. J’ai peur d’être enfermé dans un cachot sombre et humide d’Imper Down - bien que mon acte ne soit pas très signifiant pour l’instant. J’ai peur d’être tué par ces bouffons - bien que la mort ne m’effraie, c’est juste que clamser avant de faire ce que j’avais prévu de faire me gênerait. Et puis merde, on s’en branle pour l’instant. Toutes ces peurs m’animent et dans un excès de rage, je repousse une dernière fois les types autour de moi, puis finalement foncer et massacrer le premier que je vois.

    Fsiouuu !

    Il y a tellement de tirs, de détonation, que je n’ai même pas entendu d’où vient celle qui vient à l’instant de m’érafler le visage et perforer le crâne d’un type qui tentait m’attaquer dans mon dos. Ça a au moins le mérite de calmer quelques instants les types. J’cherche d’où ça peut venir, j’me dis que c’est forcément un marin débile qui a voulu m’avoir malgré tous ses potes, mais ce n’est visiblement pas le cas. Les esclaves ? À moins qu’un d’entre eux a un passif de sniper, j’vois pas trop. Puis en continuant de tourner la tête, je réalise qu’il y en a un dans nos rangs capable de réaliser un tel exploit, un dont l’oeil est plus précis que n’importe lequel d’entre nous. Ce foutu borgne, en train de viser le sourire aux lèvres, Stanislas Montenegro, le futur plus grand sniper de tous les temps. Je m’emporte ? Même s’il ne l’avouera jamais, c’est certainement son ambition, bien que trop peu pour lui. Il tire une nouvelle fois, headshot. Encore une fois, headshot. Les marins finissent finalement par se concentrer sur lui, m’oubliant presque, c’en est insultant.

    « - Oyyyy ! Le borgne, laisse-moi m’amuser un peu, merde.
    - Je prends cela pour un remerciement. Ah, un conseil, je me baisserais si j’étais toi. »


    Hein ? Qu'est-ce qu'il me chante ?


Dernière édition par Ragnar Etzmurt le Mer 1 Juin 2016 - 20:49, édité 1 fois
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    « Tirez ! »

    J’plonge au sol. Des soldats tombent à côté de moi. Je me relève immédiatement et continue l’assaut, à l’aide de tous ceux qui ne tirent pas à l’arme à feu, à savoir Gairi, Pablo, Fang et tous les esclaves qui se battent à l’arme blanche - ou à la fourche. Alors qu’on pense avancer, on se retrouve à chaque fois face à un nouveau mur. Où sont Paquebot et sa bande ?  Enfin bref, il y a pleins de marins à zigouiller, mon sang commence à s’enflammer, je m’excite. Je tournoie ma lame quelques instants, puis j’file déchiqueter tous ceux qui se présentent face à moi.

    « Goûtez à la puissance de ma lame, misérables vauriens ! »

    Quand je m’emporte, je ne le fais pas à moitié pour la plus grande tristesse de Stanislas. C’que j’fais, je sais pertinemment que c’est pas bien, sauf que ceux qui tolèrent l’esclavagisme ne seront jamais mes amis. Pis mon but est d’empêcher les rigolos de recharger leurs armes et surtout de les empêcher tirer sur mes camarades. Gairi s’isole mais ne semble pas dépassée. Le duo Fang et Pablo, toujours inséparables, font un véritable carnage sans pour tuer tuer qui que ce soit. D’ailleurs, Fang risque de me tuer d’un instant à l’autre si je continue massacrer du beau monde de cette façon.

    « Ragnar ! Entraîne les marins vers la falaise ! » Que Stanislas a-t-il encore en tête ? Ma foi, j’lui fais entièrement confiance. Je déploie assez rapidement une puissante lame d’air, plus grosse que celles libérées auparavant, mais malheureusement pas non insurmontable. Cependant, avec ça, en plus des tirs provoqués par le groupe de Stan qu’il a aligné en direction des falaises, puis les bretteurs qui ont organisés leur attaque vers cette autre direction.

    « - Costa ! Où en es-tu ?  S’exclame une nouvelle fois le borgne. 
    - Tout est en place. En attente de notre signal.
    -  Ragnar ! Déchaine-toi ! On dirait ma grand-mère en train de dorloter ma frangine. »


    Hum ? Ça ne rentre dans l’oreille dans un sourd. Désolé les gars, c’pas contre contre vous, quoiqu’un peu, mais le borgne m’a vraiment fait monter en pression. Me comparer à sa vieille grand-mère, sérieusement ? Je brandis l’épée divine vers les cieux. Tout le monde se stop, pensant que j’vais sans doute balancer une attaque titanesque, mais non.

    « N’est-elle pas belle ? Observez ce joyaux. Aucun de vous n’a l’étoffe ou la force de la soulever, elle serait bien trop lourde pour vous. Tuez-moi et vous pourrez essayer, car sinon je vous trancherai avec les uns après les autres. »

    Je démarre. Le borgne tire sur ceux qui me visent avec une arme à feux. Ils tombent comme des mouches chacun à leur tour, c’est amusant. Un cent pour cent de headshot. Derrière moi, Pablo d’un côté, Fang de l’autre, j’me sens bien entouré là. Le regard perçant de Fang qu’il continue de poser sur moi me déstabilise toujours autant. Ils passent finalement devant moi et neutralisent le maximum de marins en tapant avec le côté non tranchant. Totalement acculés par nos attaques, ils n’ont d’autre choix que de se replier vers l’endroit où nous souhaitons les emmener. Nous concernant, on file immédiatement en direction du port où normalement un des navires nous y attend.

    « Tu peux donner le signal, Costa. » Demande Stanislas d’une intonation assez morose. Je ne comprend pas trop ce qu’ils ont élaborés. Les marins restent dans l’incompréhension totale et n’osent même pas bougés, enfin jusqu’au moment où l’un d’eux voit les canons d’un de nos navires viser leurs petits culs. Ils crient. Ils courent. Mais c’est trop tard. Ça bombarde. Les boulets de canon s’écrasent sur un nombre incroyable de soldats, puis parfois sur les falaises qui s’explosent et emportent avec eux des marins au fond de la mer. Il existe tout de même quelques rares survivants que je dois malheureusement éliminer, je n’aimerais pas qu’il y ait beaucoup de témoins. Ma prime, aussi futile soit-elle, me fait déjà bien chier.

    « Une dernière parole avant de mourir ? » Dis-je d’un ton noble et moqueur. Cela avait surtout pour but de les énerver un peu, car mourir dans la peur doit être tout ce qu’il y a de plus horrible, non ?  Ils s’arment de leurs épées et viennent m’affronter en hurlant comme des fiottes. Il en reste combien ? Une vingtaine ? Je fais signe aux autres de poursuivre jusqu’au port, tandis que je prépare ma première défense. Une attaque verticale, de haut vers le bas me parvient, je la bloque et le repousse, le coup rebondit sur ma lame, sa garde à présent défaite, je le découpe. Et de un. J’observe une dernière fois le visage des types qui me foncent dessus, marins et esclavagistes, puis je vais à leur rencontre, défaisant leur défense les unes après les autres. C’est un véritable bain de sang. D’un oeil amateur, on aurait cru voir qu’une seule attaque de ma part, attaque qui les aurait éliminé en file indienne, mais non.

    Ceci étant fait, un peu scrupuleux de cet acte immonde, je rejoins rapidement les autres. En arrivant, on voit assez rapidement Paquebot et sa bande qui tentent tant bien que mal de défendre le navire. La second navire qui nous a aidé sur les falaises arrive à son tour. Nous arrivons en nombre et armés jusqu’aux dents par derrière, les marins présents au port seront rapidement submergés par le nombre. Stanislas place ses lignes en deux vagues. La première commence à tirer et prend totalement par la surprise la Marine. La deuxième passe devant la première et tire à son tour, le temps que la première recharge ses armes. Le tout s’enchaîne plusieurs fois, l’armée capitule, se rend et nous sortons victorieux.

    On charge les deux navires, tout se passe pour le mieux, mais j’ai comme un mauvais pressentiment.


Dernière édition par Ragnar Etzmurt le Mer 1 Juin 2016 - 20:52, édité 1 fois
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    « Allez, on appareille et on s’tire. » S’exclame Costa avec une voix plutôt joyeuse. Il est content de partir, comme nous tous d’ailleurs, la mission est un franc succès. Malheureusement, mais également dans les attendus, nous déplorons quelques pertes… En même temps, c’est déjà un miracle qu’on s’en sorte face à des soldats avec des ex-fermiers pour la plupart.

    Je me cale sur une des bordures du navire, l’air pensif, me demandant si tout est réellement terminé. Le borgne m’avait quelques jours auparavant rappelé que ce commerce d’esclaves est fortement rattaché à Saint-Uréa, mais également aux autres royaumes. Qu’on touche à leur bétail, à mon avis, ça ne passera pas trop. J’regarde Stanislas qui organise les troupes, les canons, vérifie le stock d’armes et de munitions, et ce, en cas d’une possible attaque.

    « Stanislas, que dit ton p’tit oeil ? » Demandais-je gentiment. Le colonel présent sur l’île que nous venons d’enflammer a très certainement envoyé très rapidement un signal à l’île voisine la plus proche. Il chope rapidement sa longue-vue et observe.

    « Nada. Pas une mouette à l’horizon. »

    Les croiseurs de la Marine, plus rapides, pourraient pourtant nous rattraper d’un instant à l’autre.
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Les heures passent et rien ne se passe, jusqu’au moment où…

« Faites sonner l’alerte ! Que tous les navires soient informés ! Filez-moi un den-den avec les capitaines de chaque navire au bout du fil ! » S’exclame Costa après le signalement de Stanislas, qui semble avoir aperçu des croiseurs au loin.

« N’ai crainte Ragnar, pour arriver aussi rapidement, il doit s’agir de croiseurs qui reviennent de diverses missions. Tu saisis ? » Tente de m’expliquer le borgne. Je le regarde d’un air totalement ahuri, ne voyant absolument pas où est-ce qu’il veut en venir.

« Utilise un peu ton cerveau… Cela signifie que leurs réserves sont certainement à moitiés vides, que les soldats sont fatigués, et surtout, que nous sommes probablement en supériorité numérique. »

Euh ouais, mais c’est également valable pour nous, non ?

« Et avant que tu ne te tortures l’esprit, laisse-moi te dire qu’on plus de réserves qu’eux. Disons que l’île aux esclaves est l’une des plus fertiles et productives de la région, alors on allait tout de même pas s’en aller en laissant toutes ces provisions… Pour ce qui est de l’armement, c’est peut-être notre point, nous allons devoir utiliser chaque canon de manière efficiente. »

Mouais, ça m’paraît déjà plus correct. Et quel est le plan ? Stanislas se tire aux côtés de Costa avant de répondre à mes questions. Réfléchis Ragnar, t’es pas plus con qu’un autre, t’as juste des problèmes de concentrations. Regarde aux alentours, des rochers bien plus hauts que nos navires, une petite île apparemment déserte et la mer. Eurêka !

« Les gars, si une partie des navires se cachent derrière les rochers, tandis que l’autre fait diversion en gardant tout de même une distance suffisante pour ne pas essuyer les tirs des croiseurs, on peut supposer qu’on peut les prendre en sandwich une fois qu’ils aient franchis les rochers ? »

Stanislas se tape le front avant de baisser désespérément la tête. Costa me regarde avec de gros yeux, visiblement surpris par mon intervention et j’entends quelques enfoirés qui se marrent au bout du fil. Qu’est-ce que j’ai sorti comme connerie encore ?

« Tu progresses Etz, mais tu prends encore trop de temps pour réfléchir. Ton plan est intéressant, sauf que l’a déjà préparé avant que tu n’arrives. » M’explique gentiment le borgne en me tapant amicalement l’épaule. « Tu feras mieux la prochaine fois » Mouais.

« Navire 1, 3 et 5, à bâbord toute ! »

Nous y voilà enfin. On s’en va nous cacher derrière les rochers, en réduisant considérablement la vitesse étant donné les difficultés à y naviguer, puis on attend de voir quel groupe ils décideront de suivre. Venir nous suivre serait à leur désavantage, les rochers les ralentiraient malgré que leurs navires soient plus maniables, et surtout, nous serons en position de les attaquer le temps qu’ils nous rattrapent. L’idéal serait qu’ils nous attaquent, on aurait un fort avantage, les manoeuvres seront plus simples pour l’autre équipe afin de nous soutenir. On attend.

Un navire passe, deux navires, puis trois et ne semblent pas tourner vers nous. Là on est mal. Leur commandant doit certainement estimer pouvoir rattraper le second groupe, les attaquer avant que l’on arrive et nous démolir derrière. Impossible pour nous de repasser à travers les rochers, il nous faut contourner l’île derrière nous. Stanislas calcul quelques instants et revient vers nous.

« Si le vent tourne en notre faveur, en contournant l’île, nous pouvons rattraper les croiseurs. Bien sûr, nos camarades doivent réduire la distance entre nous en contournant légèrement l’île, cela réduira nos axes de navigation. Les croiseurs seront pris en dans nos filets. »

Ça a l’air si simple. Exécution !
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« Fang, comment va de votre côté ?
- Les marins sont à nos trousses. Et vous ?
- On essaye de vous rejoindre en contournant l’île sur votre gauche, mais… »


Mais le vent ne souffle pas. Et oui, sans vent, on ne peut avancer, du coup on reste bloqué. Comment vous décrire l’état général à bord ? Le seul point positif est le fait que nous ne soyons pas en manque de vivres, mais sans importance si l’on se fait dégommer. Tout le monde baisse la tête et laisse le temps agir. Seul Stanislas continue de faire des calculs incompréhensibles, avec Costa qui tente difficilement de suivre. Y’a pas d’vent, y’a pas d’vent, il va pas nous l’inventer le borgne. Il fait des allers-retours incessants, utilise sa longue-vue, puis revient discuter avec le leader. Le tout 3-4 fois. À la fin, il reste un peu plus longtemps sur sa longue-vue en esquissant un sourire.

« Costa, viens me voir ça. » Qu’il dit assez joyeusement.

Le commandant de la mission rejoint le borgne, prend à son tour l’instrument et observe les alentours quelques instants. Le temps se dégrade ?

« Camarades, déployez toutes les voiles ! Tout de suite ! » Hurle Costa.

Les mecs s’exécutent sans trop savoir pourquoi, moi non plus d’ailleurs, mais j’leur fais confiance. Le ciel se couvre et la pluie commence à nous tomber dessus. J’aime pas la pluie. Mais peu importe, on continue de bosser, mais toujours pas de vent. On commence à s’poser des questions, on s’demande s’ils n’ont pas trop bu avant de partir… Un tempête commence à s’abattre, une rafale de vent nous propulse vers l’avant, dans la grande surprise générale. D’ailleurs, on trébuche tous plus ou moins. J’me ramasse salement la gueule sur le plancher glissant. Les navires avancent assez rapidement, j’sais pas trop à combien de noeuds, mais plus que d’habitude. Pourtant, le borgne réfléchit encore. J’aimerais bien le rejoindre, mais les secousses m’en empêchent, puis j’ai pas trop envie de l’embêter.

« Ragnar ! Le mât principalne tiendra pas très longtemps ainsi ! Il va céder avec la force du vent, on doit absolument remonter la voile ! » Tente de gueuler Stanislas, gêné par les sons des vagues, de la pluie et des éclairs. J’prend quelques types avec moi sur le passage, puis on s’met au boulot. Avec le vent et la pluie, c’pas une tâche aisée, on risque de tomber d’assez haut et c’est pas top du tout. On fait gaffe, on s’assure, on se rassure. J’suis tout en haut, j’tente de défaire le noeud mais c’est impossible. Dans ce cas de figure, j’ai pas trop le guide pour résoudre le problème, mais à l’instinct je dégaine ma lame pour découper. L’avantage avec Divinité, c’est que ça s’fait d’un seul coup, c’est propre et rapide. Ensuite, je remonte la voile à la seule force de mes bras, donc autant vous dire que j’douille terriblement sur le moment. C’est lourd, très lourd… J’dois en plus de ça garder l’équilibre. Merde alors.

« - T’en es où l’ex-aveugle ? » Dit le borgne.
« Terminé. Rappelle-moi comme ça encore une fois et… Aaaah ! »

Et je tombe. Une voile ? Une corde ? Tout. N’importe quoi, un truc auquel je peux m’accrocher. J’bouge mes mains dans tous les sens pour saisir un truc. J’panique. J’arrive pas à analyser la situation, mon rythme cardiaque est à son paroxysme, j’vois pas ce qu’il y a autour. Là, une corde ! J’saisis le bout d’une corde, sauf qu’avec la vitesse, mon poids et l’humidité, ça a seulement légèrement ralenti ma vitesse et changé l’axe de la chute, soit en-dehors du navire. La seule que je vois à présent, c’est cette mer agitée où je n’aurais pas la moindre chance de survivre.

« Ragnar Etzmurt ! »

Cette voix…Ça me rappelle Stanislas lors de notre première embrouille. Stanislas ? Pourquoi est-ce que j’ai les yeux fermés ? J’suis vraiment une grande lopette, ou l’habitude d’un ex-aveugle. J’ouvre ces foutus yeux, et la première chose que je vois, c’est Stanislas qui me tend son fusil pendant ma chute. Sans réfléchir l’once d’une seconde, je le saisis de toutes mes forces - celles qui restent - et me tire en hurlant à l’instar d’un pêcheur qui est tombé sur un gros poisson. Je me réceptionne violemment sur le plancher, j’ai bien mal mais heureux d’être à bord.

Pas le temps de remercier le borgne, il file vers le gouvernail et utilise sa longue-vue.

« Navires ennemis en vu ! Préparez les canons ! » Ordonne-t-il aux camarades. Costa appelle Fang via le den-den. « Fang, arrêtez l’avancée, baissez vos voiles et mettez-vous en position d’attaque, les canons faces aux croiseurs marins. Commencez à tirez lorsqu’ils seront à votre portée, nous serons juste derrière eux. »

On approche rapidement. Les tirs commencent à fuser de part et d’autre, c’est un carnage. J’sais pas s’ils nous ont vu, mais on ne les attend pas pour commencer l’attaque. On se met de manière symétrique à nos camarades en face, et on tire sans se poser de question, on tire autant qu’on peut. Ils essuient des tirs sur tous les fronts, ils finissent finalement par nous attaquer, sauf qu’on a prit l’avantage en attaquant avant. 6 navires contre 3, bien que plus maniables et armés, il n’empêche qu’ils sont moins résistants. Ils capitulent. Ils prennent la fuite vers la gauche.

« À bâbord ! C’est par là qu’on doit les mener ! » Première phrase sensée de la journée. Stanislas et Costa plussent à leur tour. C’est en effet là-bas que se trouve la source de la tempête, c’est pas sûr qu’ils s’en sortent. Bien entendu, leurs canons ont aussi touchés nos navires, nous comptons malheureusement des pertes que l’on pleure. On aurait tous préféré éviter cette bataille, mais elle hélas prévisible, tout le monde en avait conscience. Depuis le temps passé ensemble, j’ai eu le temps de m’attacher à chacun d’entre eux, et en perdre ne serait-ce qu’un n’est pas facile à encaisser.

« Ressaisis-toi, connard. »

J’me fais gifler.

« La mission n’est pas encore terminée. On sait pourquoi nous sommes là, on connaît les risques, ils connaissaient les risques avant de partir, on a tous conscience de ce qu’il se passe. On pleurera nos pertes lorsque nous serons en sécurité, pour l’heure, ce n’est pas encore le cas. »

Toujours les mots justes. Pour une fois, je ne rétorque pas. J’écoute seulement, j’essuie mes larmes et me remets au boulot sans répondre. Ça n’arrivera pas souvent, mais il a entièrement raison pour le coup.

Heureusement, notre seul ennemi sera le temps, mais il n’a pas été suffisamment fort pour nous arrêter. La perte de nos frères nous a donné une force assez conséquente.
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