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Amour

Le jour du seigneur était arrivé.

Imminente, la venue sur terre de Dieu ne saurait tarder, et c'était bien entendu ce qu'attendait Joseph, seul à faire les cent pas dans son petit baraquement religieux, coincé entre les énormes monuments sacro-saints des différents cultes d'Inari. Ce petit bouge semblait à l'abandon et seule la chandelle que son seul occupant posait tous les soirs sur la fenêtre prouvait le contraire. En tout cas de l'extérieur.
Son intérieur était composé de deux pièces, séparées par un mur branlant.
La première, plus grande était encombrée de divers objets de culte, tous plus bizarres les uns que les autres. Un tapis recouvrait le sol, mais à peine pouvait on le distinguer tant l'amas de breloques prenait de place. Aux murs, diverses représentations d’idoles et quelques bougeoirs éteints.
La seconde pièce n'avait pour simple mobilier qu'un lit et semblait aussi vide que l'autre remplie.
C'était dans cette petite chambre que Joseph, donc, attendait sa venue.

Joseph Ezechiel Simon Ulrich Sanctis était un très jeune prêtre au regard doré et aux cheveux bruns. Il était le seul membre de son culte, et il ne s'en portait pas plus mal. Il avait ainsi beaucoup plus de monde à convertir que tous les autres. À le voir marcher dans la rue, on aurait pu ne pas se douter de son caractère religieux tant sa tenue était simple et son attitude banale. Il se contentait de se tenir bien droit et de ne jamais regarder plus loin que les pages du livre qui accompagnait ses journées, remontant de temps à autres ses larges culs de bouteilles en haut de son nez.
Ce livre, on aurait aisément pu le confondre avec un roman à l'eau de rose et par sa couleur rouge pâle et par son titre ; Amour.

« Dieu, accepte de venir en mon humble logis, car c'est aujourd'hui ton jour et demain sera ton règne, le règne de l'Amour, vient déposer sur les yeux de toutes tes créatures l'onction sacrée. Vient m'apporter la lumière qu'ils puissent tous enfin voir que c'est l'Amour qui est la vraie religion et que tu as choisie. »

Cette prière sembla être entendue car eut lieu une magnifique éclipse de soleil juste à ce moment là. Quelque chose craqua dans la pièce et il y eut du mouvement dans la salle de prière. Le regard du jeune prêtre s'illumina, il redressa une nouvelle fois ses lunettes et inspira un grand coup. Dieu était là, dans l'autre pièce. Il ne savait comment celui-ci allait se manifester, mais ce dont il était certain, c'était que la vérité allait éclater. Dans un mouvement rapide, mais délicat, Joseph entrouvrit la porte et jeta un œil à côté.

Au milieu des objets divers, enveloppé dans une fine couverture de lin, il était là. Il faisait la moitié de la taille du binoclard et regardait à travers la fenêtre. Il semblait n'avoir pas vu qu'on l'observait.

« Amour ? »
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L'arrivée sur Inari s'était faite sans encombre. Une petite mission de routine qu'on m'avait confiée peu de temps après notre petite vente aux enchères sur Luvneel. Pas mécontent de quitter la compagnie de ce cher Mornepute, j'avais alors accepté sans broncher. D'autant que moi, les cinglés qui regardent vers le ciel en espérant que quelqu'un leur réponde, ça m'fait drôlement marrer.

« Lieutenant Kosma, à votre service, fis-je à l'attention de la jolie blonde qui attendait au comptoir de la caserne Marine de l'île.
-Tu sais papy, je travaille pas ici, j'attends juste mon copain, alors si tu pouvais regarder dans une autre direction.
-Haha, comme vous voudrez m'dame, j'pensais juste que vous vous occupiez de gérer les arrivées et les départs des Marines en renfort ici.
-Ben non, c'est pas mon boulot, laisse moi tranquille papy. »

Décidément, cette nana a l'air de m'considérer comme un véritable ancêtre. Si ça lui fait plaisir... J'profite de l'attente pour me rouler une petite clope. Et c'est quand j'allume le bout de ma tige que le regard noir d'un gars en uniforme qu'a la tronche d'un gamin de seize ans, retient mon attention. En même temps, quand on voit une espèce de sac d'os à la mine encore rondouillarde qui te fonce dessus comme s'il faisait une grosse colère.

« MONSIEUR ! IL EST INTERDIT DE FUMER DANS L'ENCEINTE DE CE BATIMENT !
-Du calme, mon gars, du calme, je l'éteins. Vous m'avez l'air un peu énervé, je m'trompe ?
-Vous êtes ?
-Alexandre Kosma, lieutenant d'élite pour vous servir.
-Et qu'est ce que vous faites ici ?
-On m'a dit de venir chercher mes instructions par là.
-Je vois... Lieutenant Rodolphe Poulet, vous devez être mon partenaire pour cette mission d'une importance extrême.
-Sans doute... »

Et voilà, comme on se retrouve avec un chiard dans les pattes. Un chiard qui semble en plus hyper psychorigide à ne pas dépasser d'un poil du règlement. Il devrait pas tarder à connaître les méthodes de tonton Kosma l'gamin. Pas l'temps de poser la moindre question, Rodolphe est déjà reparti dans les couloirs obscurs de la garnison, je le suis des yeux un instant pour le voir disparaître et reparaître en un quart de temps, cette fois-ci une sorte de fusil accroché au bras et une petite sacoche à bandoulière à la main. En passant devant l'aimable nana qui m'avait parlé quelques minutes plus tôt, il lui roula une rapide galoche avant de lui glisser quelques mots à l'oreille. Je comprends mieux pourquoi elle me traitait de papy, à sortir avec un môme...

« Lieutenant Kosma, nous y allons.
-Eh ben, vous êtes un rapide vous. Je peux savoir quelles sont les fonctions que je suis censé remplir ou vous allez me laisser dans l'ignorance encore longtemps ?
-Avancez, je vous explique.
-Je vous écoute gamin, fis-je en rallumant ma tige, une fois sorti du bâtiment.
-Ne m'appelez plus gamin et évitez de me cracher votre immonde fumée à la figure, je suis asthmatique. On devrait interdire la cigarette pendant le service, c'est déconcentrant.
-Comme tu veux mon gars.
-Pas de mon gars non plus, lieutenant sera très bien. »

Et hop, on est partis, pendant qu'on marche à une allure plus que rapide, le lieutenant Poulet m'explique la situation. Et au fur et à mesure de son récit, je comprends qu'il prend une banale affaire pour un complot incroyable qui ferait un boum dans sa carrière si jamais son nom était lié à la résolution de l'énigme. J'me retiens de lui dire que c'est juste un abruti qu'a fait péter par accident sa bonbonne de gaz dans la rue en la trimballant jusque chez lui. Le petit joufflu me soutient mordicus qu'il s'agit d'un attentat suicide. Bon, le problème de son attentat suicide, c'est qu'il n'a fait qu'un mort, et quelques légères blessures superficielles aux passants qui se trouvaient là à ce moment précis.

« Okay, lieutenant, on va la résoudre ton enquête, mais si c'est si important que ça, pourquoi on n'affecte que deux gars pour s'en occuper.
-Lieutenant Kosma, je me suis indigné auprès du colonel du peu de moyens que nous avions à notre disposition. Au départ, je devais être seul à boucler l'enquête. Au vu de mon insistance, il a consenti à appeler quelqu'un de l'extérieur, d'où votre venue. Il a finalement lâché que, pour ne pas effrayer la population, il fallait que nous agissions prudemment, et donc ne pas mettre une trop forte concentration de Marines sur le coup. »

Je regarde un moment le gamin dans le fond des yeux. Il est parfaitement sérieux. Ce qui veut dire qu'il n'a pas du tout saisi que le colonel se foutait de sa gueule. Ce qui veut dire que je suis coincé avec un demeuré jusqu'à la résolution de l'enquête. Pas grave, ça promet d'être rigolo.
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Cela faisait maintenant plusieurs semaines que Joseph s'occupait de son Dieu. Il n'aurait jamais crû que s'occuper d'Amour lui demanderait tant d'efforts. La petite créature s'adaptait très mal à la vie sur Terre et était complètement dépendant des autres pour y survivre. Le binoclard s'occupait donc de nourrir Amour, de nettoyer ses excréments, de le maintenir à une température qui lui convenait et l'occupation qui lui prenait le plus de temps, c'était de transcrire les quelques préceptes que la divinité anônait dans son étrange langue deux ou trois fois par jour.

Fort heureusement, pour l'aider dans ses tâches, il avait réussi à obtenir le renfort de quelques volontaires. La nouvelle de l'incarnation d'un véritable Dieu s'était dispersée sur Inari, et les quelques personnes qui cherchaient le moindre prétexte pour accorder une foi inébranlable à quelque chose avaient raboulé immédiatement.

Joseph s'était montré grandiose. Il avait refusé à ce que ces gens approchent d'Amour. La seule présence de son grand prêtre était tolérée par le Dieu et les gens avaient immédiatement opiné du chef, trop heureux de pouvoir servir leur nouveau leader. En à peine quelques jours, ils connaissaient absolument tout des saints préceptes du culte et le binoclard leur livrait quotidiennement les nouvelles lois du petit Dieu. Ces séances de prêche avaient lieu vers dix-huit heures, heure du Saint-Amour selon le quatorzième précepte du culte, et chaque jour, le nombre de fidèles qui venaient y assister augmentait.

Joseph était ravi. Désormais, il pouvait compter une vingtaine de pieux serviteurs de l'Amour. Il remonta ses petites lunettes qui glissaient régulièrement sur le bout de son nez, pris son livre de prière et commença à se réciter son prêche du jour à voix haute. Juste à côté, la créature s'était assoupie. Il fallait qu'elle prenne progressivement des forces. Bien entendu, son passage sur Terre n'était que provisoire, le temps de terminer de dicter ses lois et il rentrerait dans son royaume. Mais pour cela, Joseph le savait, il lui fallait des forces. Par conséquent, le plus de véritables fidèles possible.
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L'explosion avait eu lieu en plein milieu de la rue, de jour. Et n'avait par chance fait qu'une seule victime. Selon les témoignages que mon collègue et moi avons obtenu jusqu'ici, il s'agirait d'un banal accident. Le mec avait voulu traverser la rue avec une vieille bouteille de gaz, et pim, en ricochant sur un caillou, ça avait explosé. C'est con. Mais Rodolphe n'a pas l'air de vouloir s'en tenir là. C'est bien de vouloir être précis dans son travail et de ne rien laisser au hasard, mais en l'occurence, ça me fait un peu chier. J'ai d'autres choses à faire que d'enquêter sur un pignouf qui s'est fait sauter par accident.

« Notre victime s'appelle Jérôme Chou, il avait 37 ans et vivait sur Inari depuis une dizaine d'années. Selon les quelques connaissances qu'on a pu interroger il croyait fermement en l'existence de Dieu, mais était toujours en quête du sien véritable. C'était une personne sans problèmes qui disait bonjour à ses voisins le matin et taquinait gentiment la fille du boucher. Selon le formulaire que j'ai, d'après cette description, il est classé dans la catégorie des fous dangereux.
-Et sur quoi se fonde ce formulaire ? Osé-je demander un large sourire me fendant le visage.
-Sur tout un tas de paramètres très bien étudiés, je me fie aux experts, ce gars-là était louche.
-Mouais.
-Vous n'êtes pas convaincu à ce qu'il me semble. Très bien. Que pensez vous qu'il faille faire dans ce cas ? Classer l'affaire ? Vous n'êtes pas vraiment d'un professionnalisme exemplaire si c'est le cas, peuh, Marine d'élite, ça ne vaut rien en fait.
-Tu sais mon gars, et ouais, j'vais continuer à t'appeler mon gars et si le tutoiement te dérange, tu ferais bien de t'y habituer, c'est pas mon genre de dire vous, c'est comme ça, si ça ne tenait qu'à moi, on aurait classé cette affaire bien avant qu'on en arrive là. Mais bon, si ça peut te faire plaisir, on va tranquillement continuer à fouiner jusqu'à ce que tu admettes que ce mec n'est rien d'autre qu'un type qui s'est bêtement fait sauter en trébuchant sur je ne sais quoi.
-Nous allons voir qui a raison. Je suggère que nous enquêtions sur le passé de ce bonhomme, avant qu'il ne mette les pieds ici.
-Très bien, faisons ça. Si jamais j'avais raison gamin, tu me payes une pinte !
-Marché conclu. »

Il me regarde avec ce petit air satisfait du type qui a déjà gagné son pari. Ça m'impressionne guère. D'abord parce que je suis ultimement persuadé que c'est moi qui l'ai gagnée, la bière. Ensuite parce que le petit gars fragile qui se tient devant moi à beau être persuadé d'avoir toujours raison, je vois mal comment la situation pourrait se retourner en sa faveur.

Première étape de la fouille minutieuse de mon partenaire, pénétrer dans le domicile de la victime pour y trouver quoi que ce soit de nouveau. J'me demande bien ce qu'on va y dénicher, mis à part de jolis petits cierges, des signes religieux et des bouquins en tout genre. Peut-être une ou deux bières ? Cette pensée me convainc de ne pas trop mettre de mauvaise volonté. J'suis de près mon camarade juvénile en me grillant une clope juste sous son nez. Son regard noir me fait marrer.

On arrive devant un petit immeuble pas tout jeune, des poubelles traînent devant la porte et les murs jaunis me disent rien qui vaille, c'est pas très riche comme quartier. On risque de tomber sur de la racaille en venant juste fourrer nos miches dans les affaires d'un crevé de cadavre. Pas envie que ça dégénère, les habitants de ce genre de quartier aiment pas que les poulets débarquent pour fouiner non loin de leurs magouilles. J'en touche deux mots à mon acolyte qui émet un bref ricanement avant de me regarder dans les yeux. Ses deux iris bleus me transpercent de leur insoutenable confiance. J'souris. C'est vraiment un abruti fini ce mec là. Heureusement qu'ils sont pas tous comme lui dans la régulière, ça ferait des dégâts...

J'monte prudemment les escaliers jusqu'au deuxième étage. Bien entendu, c'est infesté de guetteurs et les poils qui se hérissent dans mon dos me disent rien qui vaille. Le lieutenant Rodolphe Poulet, qui marche toujours devant moi arbore fièrement son uniforme bleu qui lui va trop grand et fait bien en sorte qu'on voie son insigne. Rien ne se passe, les gars nous toisent mais pour l'instant personne ne bouge. Dès qu'ils seront plus dans notre champ de vision, ils vont probablement prévenir leurs chefs de la présence de Marines dans l'immeuble, génial. Je presse un peu le pas et enfonce discrètement la porte qui nous intéresse. Elle cède sans trop de problèmes au niveau de la serrure. J'pousse le gamin à l'intérieur et j'referme derrière nous.

« Bon, Kosma, on va s'organiser, de façon à être les plus efficaces possible. On a deux pièces plus une salle d'eau. Je m'occupe du côté salon cuisine et vous faites la chambre. Vérifiez bien qu'il n'y a rien de caché nulle part. »

J'le laisse diriger, ça semble le mettre d'excellente humeur. Le petit a de l'ambition. Il lui manquerait plus qu'un petit peu de bon sens et il ferait un très bon Marine. Je le regarde quelques secondes s'affairer, il est très méthodique. Si l'affaire en valait le coup, il ferait un très bon partenaire. Il ne semble pas laisser s'échapper le moindre détail. J'peux faire ma partie tranquillement, j'suis sûr de rien trouver, alors je prends à peine le temps de soulever les quelques papiers et autres affaires qui trainent, je regarde rapidement sous le lit, dans les placards, rien d'anormal. La fouille nous prend bien deux heures et ne mène à rien de mon côté. Le lieutenant Poulet a trouvé pas moins de vingt-six preuves que le gars chez qui on est relève du psychopate profond. La preuve numéro une est une paire de chaussettes dépareillées rangée dans un fétou. J'vous laisse imaginer les autres.

« Bon, on s'casse ? Que j'fais finalement au jeune lieutenant alors qu'il s'apprête à tout repasser au crible une troisième fois.
-À contrecoeur, oui... Il faut que je prenne le temps d'analyser tout ce que j'ai récupéré. »

J'lance un regard inquiêt vers la sortie, il se peut qu'on tombe sur un comité d'accueil et dans ce cas, je vois mal comment ce petit bonhomme pourrait m'aider à nous sortir de là. J'avance prudemment vers la porte et jette un coup d'oeil à l'extérieur. Personne. Rodolphe se moque de moi et m'traite de froussard. Quel rigolo çui-là, on voit bien qu'il ne mesure pas les risques. J'sors de l'appartement et commence à descendre l'escalier. Plus personne. C'est louche. J'arrive en bas et à peine sorti, voilà que j'tombe nez à nez avec une dizaine de gars plus ou moins armés.

« Que foutent deux flicaillons dans vot' genre dans not' immeuble ?
-On enquête sur la mort de Jérôme Chou, qui habitait ici.
-Et c'est encore nous qu'on va se faire accuser...
-Non, aucune chance...
-Te bile pas vieux, c'est toujours nous qu'on ramasse, alors on préfère prévenir que guérir, c'est pas nous.
-Hé morveux, lance Poulet très sûr de lui, laisse la Marine faire son travail.
-Le morveux ici, c'est toi, et je t'assure que t'auras plus besoin de te moucher une fois que je t'aurai refait le nez. »

BRAAOOUUUM.

Une explosion retentit à quelques centaines de mètres de là. Tout le monde regarde dans la direction du vacarme et les quelques délinquants qui une poignée de secondes plus tôt voulaient s'en prendre à nous s'éclipsent en tempêtant, ils nous laissent tranquilles pour avoir un alibi parfait. Ils ont l'habitude d'être accusés de tous les maux, alors une explosion en ville, faudrait pas que ça leur retombe dessus. Je regarde le lieutenant Poulet quelques secondes puis on se précipite tous deux en direction de la détonation.
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Joseph regardait songeur par la fenêtre ouverte. La nuit était en train de tomber et c'était l'heure où enfin il arrêtait de courir à droite et à gauche, que ce soit pour satisfaire les demandes incessantes d'Amour ou pour gérer les fidèles et leurs problèmes. Il ne s'était pas rendu compte que l'arrivée sur Terre d'un Dieu demandait autant de travail de ses messagers. Car c'était désormais certain, Joseph était le nouveau prophète et tout ce qu'il apprenait de la divinité, il le répétait aux gens qui venaient l'écouter, fervents croyants soumis au jugement d'Amour.

Il ferma les yeux, sentit le souffle du vent frais du crépuscule lui balayer le visage et ferma la fenêtre, pris d'un léger frisson. Il était temps, il le savait, temps de passer à la vitesse supérieure et à gagner plus de croyants. Amour insistait désormais pour pouvoir repartir, et pour cela, Joseph n'avait qu'une chose à faire.

Il hésitait.

Parce que plus nombreux étaient les adeptes de l'Amour, moins il prenait de place dans le cœur de celui-ci. C'était purement égoïste de sa part et il savait que c'était pécher que de continuer dans cette voie mais... Plus il y pensait, plus cela l'angoissait.

« Amour ?
-...
-Amour ? Je voulais... Je veux... Je ne sais plus. Non, laissez tomber.

Vous... J'ai besoin d'une réponse, une réponse franche et honnête. Si je fais cela, si je rassemble des disciples, se peut-il que... ? C'est péché de ma part, mais je ne peux retenir ce sentiment. Parce que j'ai toujours été seul, alors, vous comprenez ? »

Joseph regarda la visage endormi du Dieu. Le petit être rabougri n'avait pas vraiment d'allure, mais il dégageait quelque chose de mystique qui empêchait tout doute à son sujet, et puis c'était visible, il avait gagné des forces depuis que les gens étaient venus.
Il sentit que la respiration du dormeur avait changé. Puis il le vit lentement ouvrir les yeux et les poser tous les deux sur lui.

« Amour ?
-Oui... »

C'était la première fois qu'il prononçait un mot dans la langue commune. Invraisemblable. Il allait se livrer, il allait dire quelque chose de clair et précis, c'était certain.

« J'ai besoin d'eux, j'ai besoin de leur foi. Et de la tienne, encore plus de la tienne. Prends les, puis reviens vers moi, j'aurai besoin de ta foi. »

Joseph ne pipa mot, abasourdi qu'il était devant le discours de son Dieu. Il venait de lui parler, de lui renouveler sa confiance. Il savait ce qu'il fallait faire désormais, il n'avait plus de doute.
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J’atteins le lieu de l'explosion bien avant mon collègue de la régulière. C'est redoutable cette transformation féline, j'commence peu à peu à apprécier les avantages et à ignorer les désagréments. Le fait que la foule se soit écartée de l'endroit où ça a fait boum m'aide à passer plus ou moins inaperçu. Un gros lion en plein milieu d'une ville, ça peut faire désordre. J'reprends ma forme normale aussitôt sur place et j'analyse les dégâts. Plusieurs cadavres à droite et à gauche, y a du sang partout, une vraie boucherie. Les habitants terrorisés regardent la scène du crime. C'est pas beau à voir.

J'analyse rapidement la situation, y a plusieurs blessés au sol, faut rapidement les prendre en charge, évacuer les corps et organiser un soutien psychologique pour la population. C'merdier...

« Gamin ! Dépêche toi, va chercher du renfort, appelle les secours et demande une zone de sécurité, une centaine de mètres autour, ça devrait suffire, fait évacuer les civils en indiquant aux blessés superficiels de se rendre eux même dans des endroits où ils peuvent se faire soigner.
-Bien ! Répond-il, les yeux exorbités. »

C'est la première fois qu'il fait face à de telles situations. Le jeunot vient sans doute de terminer sa formation. C'est comme ça qu'on devient un bon Marine gamin, tu verras. Je file auprès des quelques victimes que j'vois à droite et à gauche, déjà, quelques civils courageux sont à leur chevet, tentant de leur administrer les premiers soins tandis que d'autres filment l'horreur de l'événement sur de petites escaméras. Crétins, ils feraient mieux de se casser, ils gêneraient moins l'arrivée des secours et de la mise en place d'urgence. Pas l'temps de m'occuper d'eux.

Je fais des allers-retours pour voir comment se passent les premiers soins administrés aux blessés, certains meurent dans les bras de pauvres gars. Heureusement, quelques minutes après les équipes d'intervention sont là. Une quantité malheureusement non suffisante d'infirmiers et de médecins déboule, suivie de près par le lieutenant Poulet à la tête d'un petit groupe de Marines. Indépendamment des grades, les soldats et officiers présents semblent avoir suivi en catastrophe le minot qui m'accompagnait jusque là. J'lui adresse un sourire quand il passe à côté de moi. Il fait preuve de beaucoup de sang-froid.

Rapidement, tout s'organise et je n'sais même plus trop quoi faire pour aider, les infirmiers embarquent les blessés tandis que les forces de la mouette gèrent les civils et ramassent les cadavres. J'me rapproche du cratère au centre de la rue, c'est de là qu'est partie l'explosion. Cette fois-ci, je doute qu'on arrive à identifier le mec qui s'est fait sauter. Y a des petits bouts d'organes un peu partout, ça m'donne presque la gerbe. J'me perds dans mes pensées en cherchant par terre tout autour quelque chose qui permettrait de savoir quel est le type qu'est mort en faisant sauter cette putain de bombe.

J'ai absolument aucun doute sur le fait que c'est criminel cette fois. Et j'pense que j'vais pouvoir présenter des excuses au p'tit Rodolphe. J'trouve un truc qui ressemble à un doigt par terre, berk. Faudra signaler ça à l'équipe scientifique.

Je relève la tête et m'retrouve nez à nez avec un gus qui m'a tout l'air d'être un putain de journaliste, son escaméra braquée sur les bouts de cadavre au sol, il me regarde avec passion, un joli sourire planté sur son visage de rapace, j'lui aurait déglingué la tronche si y avait pas déjà eu assez de dégâts autour comme ça. J'lui fais signe de circuler. Pas de réaction de sa part.

« Vous n'avez rien à faire ici, laissez nous faire notre travail.
-Je suis ici pour informer les gens de ce qui se passe, je fais mon travail moi aussi mon bon monsieur, monsieur ?
-Haha, si tu crois que j'vais t'filer mon identité, tu t'fourres le doigt dans l’œil jusqu'au coude.
-C'était juste une formalité. Bertrand Finn-Masson, toujours à la pointe de l'info !
-Les vautours dans ton genre sont les seules personnes au monde avec qui j'ai pas du tout envie de causer, alors si tu pouvais décamper de mon chemin, ça m'arrangerait. »

Il ne répond rien mais me gratifie d'un de ces sourires satisfaits qui m'enlèvent toute envie de pacifisme. C'est un Alexandre Kosma inhabituel qui se dévoile face à l'horreur du spectacle. J'ai pas l'habitude de perdre la face mais j'suis complètement désemparé, j'crois bien qu'il me faudrait un peu de repos avant de reprendre cette enquête calmement.

C'est le lieutenant Poulet qui vient me sauver de mon état de trouble. Il me fait signe de m'approcher de lui pour pouvoir me parler sans que le rapace à côté n'entende. Il m'explique en quelques mots que nous disposons d'une bonne heure et demie devant nous avant d'avoir rendez-vous dans le bureau du colonel, nous deux et quelques officiers de l'île. Situation de crise oblige.

Je n'me fais pas prier, je m'éclipse des lieux en laissant faire ceux dont c'est le boulot, sans oublier de chopper le journaliste par le col et de le faire sortir, un peu brusquement je l'admets, de la zone de sécurité. J'sais bien qu'il finira par repasser, mais j'veux pas que ce soit moi qui l'aie laissé faire.
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Une bombe avait explosé dans la rue, ça avait réveillé Amour. Joseph s'était empressé de voir si tout allait bien et devant le sourire du Dieu, il ne put qu'émettre un soupir de soulagement. Il avait prévu de prononcer un discours à l'attention des fidèles ce soir, il le ferait dans la rue. Il se doutait qu'avec l'attentat qui venait d'avoir lieu, les places habituelles où étaient prononcés les discours de prêtres de différentes religions seraient vides. Il emprunterait une de ces estrades et atteindrait le cœur de toutes les personnes pourvues d'une véritable foi.

Il était prêt, serein. Toutes les angoisses qu'il avait pu avoir jusque là s'étaient évanouies, il était certain que ce qu'il faisait était juste, puisqu'il le faisait au nom de Dieu. Depuis qu'il avait ouvert la bouche la nuit précédente, il n'avait pas reparlé. Il n'en avait pas besoin. Joseph savait exactement ce qu'il avait à faire. Il se doutait aussi que parler dans sa langue fatiguait beaucoup son Dieu. La vitalité qu'il avait ressenti dans ce petit corps rabougri au moment où ça avait explosé l'épatait. Boum, mieux que la Taurine.

Joseph traîna un peu dans la pièce, ne sachant trop que faire avant l'heure exacte où ses fidèles afflueraient. Il se décida cependant bien vite. Aujourd'hui, il fallait qu'il soit impressionnant. Aussi, il ôta ses vêtements pour prendre un bain d'eau glacée. Son corps était rempli d'engelures à force de pratiquer cette étrange coutume. Il n'en avait cure, il ne ressentait même plus le froid. Il y resta un petit quart d'heure avant de décider qu'il était temps de se préparer pour de bon.

Il enfila une longue toge noire à capuche qu'il rabattit sur le haut de sa tête pour couvrir entièrement ses cheveux encore dégoulinants d'eau fraîche. Il décrocha du mur une petite chaîne en or qu'il mit autour de son cou. À l'extrémité, un petit pendentif rouge se balançait sur la poitrine du jeune homme, un cœur.

On toqua à la porte. Les fidèles devaient être là. Joseph ouvrit en grand mais contrairement à l'habitude, il ne fit pas rentrer les gens, mais les invita à le suivre. Il déambula dans la rue, suivi d'un cortège silencieux d'adeptes de l'Amour. Les gens qui voyaient cette procession passer en étaient un peu intrigués et certains suivaient, à bonne distance cependant. Le jeune prêtre binoclard s'arrêta devant une estrade, fit signe aux gens de s'arrêter devant puis pris une longue inspiration et monta. Il regarda un instant la petite foule et pu voir qu'elle avait grossi, des curieux sans doute.

« Amis ! Certains d'entre vous ne le savent peut-être pas encore, mais il y a quelques semaines, Dieu est arrivé sur Terre et s'est confié à moi. Dans un langage dont lui seul connaît le secret et qui n'est compréhensible que des élus. Tout ce qu'il m'a dit, je l'ai retranscris avec fidélité dans ce livre. Le nouveau livre ! »

Il parlait avec assurance, s'il n'était pas un excellent orateur, on sentait bien qu'il s'était amélioré depuis ses premiers prêches. Sa main était désormais visible de tous, montrant avec conviction le petit livre dont la couverture rose brillait de manière particulière. Son discours rassemblait les gens, et si certains étaient sceptiques, d'autres n'hésitaient pas à venir au plus près pour contempler l'ouvrage. Joseph l'ouvrit et cita un passage.

« Ici est écrit : L'Amour est le rassemblement de tous les êtres humains. Nous devons tous nous chérir et nous rassembler sous ce même drapeau. Il a toujours été, dans ce monde d'une barbarie insensée, guerres, meurtres, infidélités. C'est parce que les gens n'avaient pas encore connaissance du véritable Dieu. VOUS ! Vous qui me regardez ! Vous connaissez désormais la vérité, et vous pouvez la faire partager autour de vous. Devenez prêtres et courrez partager cette lumière. Nous ne pouvons survivre sans un rassemblement total ! »

La ferveur dans ses yeux était impressionnante, il croyait à chaque mot qu'il disait avec une telle intensité que ça en devenait presque terrifiant. Devant lui, la foule était de plus en plus subjuguée, elle buvait ses paroles. Elle voulait croire à l'Amour.

Le discours continua pendant près d'un quart d'heure, entrecoupé de conseils et de lectures du livre. Les gens qui n'y croyaient pas étaient partis et ceux dont la foi était maintenant acquise à l'Amour étaient complètement ivres des paroles du prophète.

« Je voudrais terminer en honorant deux hommes, qui, au nom de leur nouveau Dieu, l'Amour, se sont sacrifiés pour convaincre les infidèles. Le premier, qu'il reste à jamais dans nos mémoires comme un martyr, Saint Jérôme, s'est sacrifié pour exprimer sa souffrance à n'être pas entendu par les gens autour de lui. Il désirait l'Amour plus que tout. Le second, dont le nom nous est encore inconnu, a décidé de passer au niveau supérieur en embarquant avec lui des personnes condamnées au mensonge. Il désirait l'Amour plus que tout. Honorons leur mémoire en ne rendant pas leurs sacrifices vains et en continuant leur lutte ! Une minute de silence va leur être dédiée. »

Les brouhahas de la foule se turent aussitôt que le prêtre l'ordonna. Il baissa la tête et l'apaisement s'empara de lui. Seuls de lointains bruits, probablement liés au désordre qu'avait provoqué l'explosion, perturbaient le long silence qu'il venait d'instaurer. C'était lancé.
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J'pénètre avec une mauvaise humeur inhabituelle dans les locaux de la Marine. C'est plutôt agité et ça m'met en rogne de pas réussir à trouver l'bureau tout seul. J'demande avec le plus de patience possible si on peut m'indiquer le chemin, mais personne ne s'arrête suffisamment longtemps pour comprendre ce que j'demande, alors me répondre... Par chance, je finis pas tomber sur Poulet, qui au milieu de cette fourmilière semble tout à fait à son aise. Son visage a récupéré un peu du rose habituel, même s'il semble toujours mouvementé par les événements.

« Par ici, lieutenant Kosma, le colonel vous attend.
-C'est un vrai foutoir ici, vous connaissez pas l'organisation ?
-Du calme lieutenant, vous risquez de vous faire des ennemis. »

À ce mot, j'reprends un peu de contenance et j'essaie de produire mon habituel sourire. M'warf, pas facile, tant pis, j'suis le blondinet dans toute cette foule et nous aboutissons finalement au sacro-saint temple, le bureau du colonel. J'ai connu l'ancien type qui dirigeait ici, un poivrot plutôt sympathique avec qui j'avais partagé plus d'une bonne bouteille et qui s'était fait assassiner il y a peu. Pauvre gars, un type pas bien efficace mais qui ne méritait certainement pas une telle mort. Il avait certainement dû être remplacé par Baresta, son second de l'époque, un type bizarre qui m'avait bien déplu. De toute façon, pas le choix, il faut bien coopérer, situation d'urgence oblige.

J'ouvre la porte du bureau, suivi par Rodolphe qui préfère passer après moi. Baresta est bel et bien présent. Cependant, un rapide coup d’œil à sa manche m'indique que le colonel, ce n'est pas lui. Étonnant, ce type avait l'air d'être plutôt ambitieux, comment avait il laissé passer sa chance... J'tourne la tête en direction du bureau, jusqu'alors absent de mon champ de vision. Une femme d'une quarantaine d'années, à la magnifique peau d'ébène et qui pose un regard intraduisible sur moi.

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« Colonel Rami, vous devez être Alexandre Kosma ?
-Tout à fait, je ne m'attendais pas...
-À voir une femme à la tête d'une garnison d'île ?
-Je n'pensais pas à ça, mais si ça vous fait plaisir de l'croire. Bon, perdons pas de temps, pourquoi cette convocation ? »

Son ton cassant me plaît et j'regagne aussitôt un peu de ma gouaille naturelle. C'est peut-être aussi le caractère nivelé de son anatomie qui me redonne un peu la pêche, mais ça m'obligerait à avouer mon absence totale de résistance aux charmes des femmes. M'bref, je l'écoute baragouiner son discours. J'vais continuer à travailler avec le jeune Poulet, chouette, j'suis tellement ravi. J'me d'mande qui a eu la foutue idée dans cette putain de hiérarchie de la Marine d'élite de m'affecter ici, mais ça m'paraît être de la punition bien méchante. Bon, j'vais faire abstraction de mon envie irrépressible de pas obéir pour faire comme bon m'semble, en tout cas pour le moment. D'autant qu'elle à l'air de savoir ce qu'elle fait, j'suis plus affecté à l'enquête minable, juste à la traque d'éventuels nouveaux kamikazes. Empêcher que d'autres bombes explosent, ça semble dans mes cordes.

« Bon, ben j'y vais de ce pas, que j'dis alors que la dame est toujours en train de causer.
-Lieutenant Kosma, vous attendez que j'aie terminé, ce qui suit pourrait vous être utile.
-J'me rappelle pas être sous votre commandement, colonel. Si j'suis ici, c'est en soutien, j'suis déjà sympa de bien vouloir faire ce que vous m'proposez, j'vais pas non plus attendre qu'une autre bombe éclate pendant que vous baragouinez vos ordres.
-Très bien, partez si vous voulez, mais ne vous étonnez pas s'il vous manque des informations.
-Pas de soucis, je ferai ça. »

J'lui adresse un sourire moqueur avant de siffler Poulet qui hésite quelques secondes avant de m’emboîter le pas. J'ai à peine le temps de franchir la porte qu'un Marine essoufflé arrive en courant.

« Hé gars, qu'est-ce qui se passe ?
-On pense savoir qui sont les auteurs et commanditaires de l'attentat !
-Comment ça ?! Qui ?! Y a un lieu où je peux les trouver ??
-Je... Et bien... C'est.
-PARLE GAMIN ! On peut empêcher d'autres éventuelles explosions en agissant au plus vite.
-C'est un type, qui parle d'amour et de plein de trucs pas très compréhensibles, de Dieu je sais pas quoi, il paraîtrait que c'est son Dieu qui a demandé aux deux types de se faire exploser.
-Et où je peux le trouver ?
-J'sais pas vraiment, il était en train de parler y a une vingtaine de minutes sur la grande estrade de la place des Cieux. Y avait pas mal de foule autour, avec un peu de chances il en reste un peu.
-Merci. Poulet, t'as déjà chevauché un lion ? »
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Joseph était rentré, heureux d'avoir réalisé l'un des désirs de son Dieu. Il l'avait nourri, s'était lui-même accordé une petite collation puis avait commencé à ranger un peu ses affaires. Il voulait que tout soit parfait pour le départ d'Amour et il sentait celui-ci de plus en plus proche. Sur le chemin pour rentrer chez lui, il avait vu une quantité impressionnante de Marines dans les rues. Un sourire de contentement lui avait éclairci le visage en entendant une discussion de deux d'entre eux. Le colonel qui était en charge de l'île avait décrété l'état d'urgence et tous les soldats présents se devaient de faire attention au moindre signe étrange venant des rares gens qui vagabondaient encore dans les rues. Ça ne servirait à rien. Leur solution était mauvaise.

Maintenant, il ne restait plus qu'à attendre. Attendre le bruit d'une nouvelle explosion. Attendre que sa parole agisse et que les fidèles véritables comprennent qu'il n'y avait pas d'autre solution. En vérité, Joseph leur avait menti, la première des deux explosions n'avait rien à voir avec la parole d'Amour.

C'était un bête accident, fort probablement, mais leur dire qu'il était croyant augmenterait leur volonté à imiter le deuxième homme. Amour avait besoin de ça, il lui avait dit. Il voulait repartir vite et ne pouvait le faire que si un certaine proportion de la population croyait en lui. Joseph avait essayé de convertir peu à peu les gens de l'île mais cela prenait trop de temps. Amour et cette première explosion lui avaient indiqué comment aller plus vite.

Ça avait été dur de se résoudre à l'éradication d'une grande partie de la population d'Inari, mais le sacrifice était nécessaire. Et puis, c'était Dieu lui-même qui l'avait ordonné. Comment pourrait-ce être mauvais ? Joseph avait donc envoyé son émissaire mourir au nom de l'Amour. D'autres mourraient certainement pour leur foi dans les prochaines heures. Il espérait qu'il avait su se montrer convaincant.

Dans le pire des cas, il lui restait toujours une alternative et il gardait une bombe bien au chaud son son lit, juste au cas où les autres fidèles échoueraient.
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Rodolphe s'accroche comme il peut à mon élégante crinière tandis que je bondis et fais jouer mes muscles pour arriver au plus vite à la place indiquée par le Marine. À peine arrivés, Rodolphe fait une habile pirouette pour se retrouver debout sur ses deux jambes tandis que j'me retransforme. L'apparition classe d'une équipe de choc. Bon, d'accord, une équipe composée du lieutenant d'élite le moins apprécié de ses pairs pour sa réputation de gentil bonhomme et d'un tout nouveau lieutenant de la régulière, moins musclé qu'un flan aux pruneaux. Mais ça fera l'affaire.

« Gamin, tu vois ces types là-bas.
-Oui, on les arrête et on les interroge ?
-Pas besoin de les arrêter, on va leur causer, tu vas apprendre comment j'fonctionne.
-Tout ça ne me semble pas très réglementaire.
-Oh, ça l'est pas, mais j'préfère ça plutôt que de bourriner tout de suite, c'est souvent bien plus efficace. »

On s'approche, Poulet avec la méfiance et la fébrilité qui le caractérisent, moi, toujours aussi pépère à l'extérieur, j'me cale une tige dans l'coin de la bouche et j'fais mine de venir leur demander du feu. Bon, c'est pas forcément une idée brillante, les religieux ne fument pas, c'est prouvé scientifiquement. Ouais, et les conneries scientifiques, ça fait bien longtemps que j'les ai éprouvées. Le groupe que nous approchons semble faire semblant de ne pas nous avoir remarqué, deux hommes, une femme, une moyenne d'âge de trente ans, des p'tits jeunes quoi. Dans la force de l'âge et qui s'ils appartiennent bien au groupe de terroristes en herbe qu'on nous a signalés sont en train de comploter pour... Eh bien, on ne sait pas en fait, allons leur demander.

« Excusez moi m'sieurs dames. Vous auriez pas du feu par hasard ? »

Les regards en coin de types, qui s'ils le pouvaient, me dépèceraient sur place ne me paraissent pas franchement amicaux, et j'sens que j'vais devoir la jouer fine pour leur tirer ne serait-ce qu'un début de piste. J'leur rend le briquet après avoir enflammé le bout d'ma clope puis je continue de les regarder.

« Dites, vous savez pas par hasard qui aurait fomenté ces attentats ?
-Lieutenant Kosma, je ne suis pas sûr que...
-Poulet, laisse-moi faire, tu vois bien que ton visage indispose ces personnes.
-Vous êtes de la Marine vous ?
-Lieutenant d'élite Alexandre Kosma, pour vous servir, et voilà le lieutenant Poulet, affecté à ma sécurité.
-Marrant, j'aurais plus parié sur le contraire. Vous qui protégez les fesses de ce p'tit sac d'os.
-N'insultez pas mon collègue, il est pas bien beau, mais il est tout à fait sympathique. »

Durant mon dialogue avec le seul mec qui a daigné m'adresser la parole, un gars au physique banal si on oublie la quantité de breloques invocatrices qu'il porte autour du cou. Bref, un gars qui m'plaît bien et dont le perçant regard marron me dévisage lourdement. J'en ai connu des types comme lui, la plupart autour d'un verre dans l'fond d'un bistrot mal fréquenté, mes préférés.

« Vous voulez pas répondre à ma question par hasard ?
-Non, on sait pas, me répond sèchement le deuxième homme, un type courtaud aux cheveux bruns.
-Pourtant, d'après nos sources, y aurait eu un type y a pas longtemps, venu faire un discours juste ici, fais-je en montrant l'estrade.
-On vient d'arriver.
-Et vous sortez malgré les bombes ?
-C'est interdit ?
-Juste fortement déconseillé. Si vous m'aviez pas l'air aussi sympathiques tous les trois, j'aurais parié sur le fait que vous aviez entendu ledit discours.
-Ben non, on l'a pas entendu.
-Vous n'allez quand même pas les croire Kosma?
-Bien sûr que nous j'les crois pas gamin, mais je t'ai dit d'me laisser faire. »

Le type courtaud, pas bien malin, prend la fuite. Le plus rapidement qu'il peut. Les deux autres ont plus le choix, ils prennent eux aussi leurs jambes à leur cou. Ni une, ni deux, j'me change en fauve et j'rattrape le premier gars, hop deux bonds font l'affaire pour le plaquer au sol et l'empêcher de s'casser plus loin, Poulet arrive aussitôt et s'empresse de lui coller une paire de menottes et de lui asséner un bon coup de la crosse de son fusil dans la tempe. Il bougera pas avant un moment. Je m'élance jusqu'à la demoiselle, la contourne rapidement pour lui adresser un rugissement plutôt effrayant j'suppose. Ça tombe à la renverse et j'peux voir mon gars aux yeux marrons s'éloigner à toute allure dans l'une des ruelles attenantes.

« Poulet ! T'appelles un peu de renfort et tu t'occupes de ces deux là, j'vais suivre le troisième. »

J'élance mes quatre grosses patounes dans la direction du fuyard. J'fais mine de l'avoir perdu, je veux savoir où il va aller. J'me guide à l'odorat, vachement pratique ce machin. Il essaie de m'semer en empruntant des chemins biscornus, il doit pas savoir qu'il sent le chou farci et qu'il est hyper facile à pister. Au bout d'une quinzaine de minutes à cavaler dans les rues, j'le sens enfin qui s'arrête, petite baraque, il regarde à droite, à gauche, personne, il rentre.
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Joseph fut surpris par l'irruption inattendue d'un de ses fidèles au sein de sa maison. Il avait déjà fait son prêche et s'apprêtait à nourrir Amour, alors pourquoi venait il là, cet homme au regard sombre et aux cheveux châtains ? Il analysa un instant l'homme et se rendit compte de son regard paniqué et des quelques gouttes de sueur qui lui dégoulinaient le long des tempes. Il était poursuivi, c'était certain. Joseph lui adressa un sourire confiant.

« Votre nom ?
-Julien Dassault.
-Oui, je vous ai vu tout à l'heure sur la place, pendant que j'étais traversé de la parole de Dieu.
-Je suis poursuivi, la Marine nous a reliés moi et deux autres fidèles de l'Amour aux attentats précédents.
-Oui, c'est très bien.
-Je n'aurais pas dû venir ici, je ne pense pas qu'on m'ait suivi, mais...
-Il n'y a pas de mal, ici est la maison de l'Amour, tu peux venir si tu as des problèmes.
-Mais, si les Marines.
-Les Marines sont les bienvenus. »

Cela n'apaisa pas pour autant Julien qui continuait à se demander ce qu'il allait bien pouvoir faire si le gars qui avait arrêté ses deux compagnons débarquait. Sa transformation en fauve l'avait un poil effrayé et il risquait de ne pas se sentir très bien s'il venait à se retrouver une nouvelle fois en sa compagnie. Ce qu'il ne savait pas encore, c'est que le lieutenant d'élite Alexandre Kosma l'avait bel et bien tracé jusque là.

Il regarda Joseph qui semblait vraiment paisible. Comment pouvait-il l'être avec tout ce qu'il risquait ? Il avait avoué devant une foule de témoins que c'était bien son culte responsable des attentats et il risquait sans doute la mise à mort pour ça. Pourquoi était il aussi détendu ? Il devait savoir des choses que Julien lui-même ignorait. Ce dernier avait rejoint le culte de l'Amour pour les idéaux de paix et de vivre ensemble qu'il y avait trouvé, et ce dernier revirement qui incitait à sacrifier des gens au hasard dans la rue lui paraissait franchement bizarre.

« Je peux vous parler un peu quand même ?
-Faites, Amour vous répondra avec la plus grande franchise.
-Voilà, j'suis venu vers vous, pour vénérer ce nouveau Dieu, parce que les valeurs de cette religion me plaisaient, mais si finalement, elle devient aussi barbare que toutes les autres à tuer des gens en pleine rue, pourquoi suis-je venu ?
-Notre religion n'est pas barbare jeune disciple. Nous devons promouvoir le seul et unique Dieu. Et nous devons le faire vite car des délais nous sont imposés.
-Et donc on tue les gens plutôt que d'aller les convaincre ? C'est ça la force de l'Amour ?
-C'est le moyen le plus efficace, les âmes tuées par l'Amour se convertissent avant d'atteindre des cieux, c'est une façon de les mener vers une réunion totale de l'espèce humaine. Je ne tarderai moi-même pas à les rejoindre.
-Vous... ? »

C'est le moment que choisit le lieutenant qui écoutait attentivement la conversation, calé juste devant la porte pour frapper trois grands coups et rentrer. Julien eut un sursaut mais Joseph ne bougea pas et tourna son regard vers le nouveau venu qui lui souriait. Un sourire jovial surmonté d'un regard pétillant.

« Nous vous attendions cher ami, pourquoi ne pas vous asseoir et vous joindre à nous ? »
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Je m’assois là où le binoclard au regard bizarre me fait signe de m'poser. Il est méga détendu, j'crois pas qu'ce soit bon signe. À côté, le mec que j'coursais n'arrête pas de bouger dans tous les sens. Nerveux l'bonhomme. Pas d'raisons. Il a rien fait de mal jusque là. Bon, délit de fuite, mais c'est pas non plus très grave. J'lui en voudrai pas pour ça. Mais c'est l'autre qui m'intéresse le plus, il me fait flipper en fait.

« Bon, machin, t'as quitté notre petite conversation un peu précipitamment, j'ai pas pu m'empêcher de te suivre. J'ai bien fait à ce que j'vois, on a un nouveau partenaire de débat.
-Vous êtes de la Marine de ce que ma dit Julien.
-Ouaip, lieutenant d'élite. C'est plutôt rigolo comme métier. Et vous êtes ?
-Oh, un simple intermédiaire entre Dieu et les hommes. Mon nom est Joseph.
-Très bien, faisait longtemps que j'avais pas taillé une bavette avec un parfait p'tit cinglé. Moi c'est Alexandre Kosma. Et votre Dieu, il a quoi de particulier, à part demander à ses disciples de se faire éclater en pleine rue ? »

Il me r'garde avec un grand sourire. J'ai l'impression d'être un débile à qui on explique le fonctionnement de la fourchette. Avec ce que j'ai entendu de leur conversation, j'suis persuadé que l'troisième gusse voudrait lui aussi en savoir un peu plus. Le gars laisse durer le suspense et propose de nous offrir du thé, j'prends sans hésiter, besoin d'me mouiller un peu l'fond du gosier, cette affaire à tendance à m'assécher les muqueuses.

« Vous voyez, le problème avec vous, agents du gouvernement, c'est qu'en général, vous n'avez pas l'esprit éveillé. L'union des hommes dans la paix et la joie, c'est tout ce que demande l'Amour.
-L'Amour ?
-Notre Dieu vénéré. Ne faites pas trop de bruit, il dort dans la pièce de derrière.
-Voyez vous ça. Et on peut le rencontrer.
-Non, ce ne sera pas possible.
-Dommage, j'ai toujours voulu voir un Dieu en vrai.
-Vous voyez que ça vous fait envie, mais ce serait pécher. Les raisons de ces « attentats », comme vous le dites, même si dans mon jargon, on appelle ça des offrandes, sont purement dans le but de satisfaire Amour.
-Ah ? Oui, c'est vrai, faites l'amour et la guerre, je connais cette maxime.
-Pour renvoyer Amour d'où il vient, il nous faut de la puissance et cette puissance nous est offerte grâce à nos actions.
-Vous êtes donc le cerveau de cette organisation ?
-Je suis le lien entre Dieu et les Hommes.
-Très bien, vous êtes en état d'arrestation.
-Vous ne pourrez pas arrêter la volonté de Dieu, déjà mes disciples s'affairent à obéir à ses désirs, me mettre en prison ne servira à rien.
-Je vais quand même le faire.
-Et moi ? Intervint nerveusement le Julien à côté.
-Toi tu peux repartir, mais j'vais quand même te mettre sous surveillance le temps qu'on soit bien sûrs que tu feras pas exploser quoi que ce soit. »

J'attrape alors le bras du cinglé qui me suit sans faire d'histoires. Direction les cachots de l'île. J'vais pouvoir revoir ma charmante colonel et discuter un peu. Avec un peu de chances on pourrait parler plus longuement autour d'un verre. La résolution de cette affaire ne devrait plus trop tarder.
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Tout était prévu dans la tête de Joseph. Depuis le début. À mesure que le lieutenant d'élite l'amenait vers la caserne Marine, les menottes aux poignets, le binoclard souriait de plus belle. Oh oui, il s'était laissé prendre facilement, sans opposer de résistance et surtout en laissant des indices bien en évidence sur le chemin pour laisser le premier abruti venu trouver la bicoque qui lui servait d'église. Et Julien avait été un parfait menteur, tout allait être fait selon le plan.

« Lieutenant ?
-Oui ?
-Vous pouvez faire un détour par les toilettes, il me semble que ma vessie ne survivra pas bien longtemps.
-Pas besoin, on a des seaux dans toutes les cellules, tu peux bien uriner là-dedans. Au pire, tu pisses dans la geôle de ton voisin si t'as pas peur qu'il te casse la gueule si tu te retrouves face à lui un jour.
-Vous êtes vraiment serviable, c'est trop aimable.
-C'est tout à fait normal. T'aurais été autre chose qu'un abruti psychopathe qui tue les gens sans aucune raison, je pense que je t'aurais laissé aller pisser, mais t'es pas trop mon genre de pote gars. »

Le prêtre de l'Amour s'en fichait. Au fond, il ne lui restait que quelques heures à vivre avant d'aller rejoindre son Dieu parmi les étoiles. Il fallait qu'il éloigne la Marine de chez lui le temps qu'Amour soit reparti. Il ne lui manquait que peu de force, et avec ce qu'il avait planifié, il était sûr que cela suffirait. Le lieutenant le poussa au fond d'une des cellules inoccupées de la caserne puis s'en fut, probablement pour faire son rapport à la nouvelle Colonel de l'île.

Joseph fit les cent pas dans sa cage. Il lui restait encore deux heures à tuer et il se demandait dans quel état pouvait bien être Amour. Il espérait que Julien ait réussi ce pourquoi il l'avait engagé, mais il n'en doutait pas trop. Julien était l'un des premiers fidèles de l'ordre, il avait vu son meilleur ami se sacrifier pour la cause et ça avait renforcé son envie de faire pareil. Pour l'Amour. Mais Joseph avait prévu qu'on viendrait les embêter avant qu'ils aient terminé, alors il avait inventé ce petit stratagème et demandé à Julien de l'aider. Certes, il était sous surveillance Marine, mais comme le lieutenant Kosma ne pouvait que le croire innocent avec ce qu'il avait entendu...

L'heure fila, Joseph regarda la pendule en face de sa geôle, il lui restait cinq minutes. Il tambourina contre le grillage. Un Marine maussade vint voir qui faisait autant de bruit et lui demanda de cesser.

« C'est pour une urgence, j'ai un besoin pressant.
-Faites dans l'seau !
-C'est que...
-Ah, vous voulez chier ? J'vais voir ce que j'peux faire. »

Le garde, alla récupérer des clés, attrapa les mains de Joseph qu'il menotta derrière le dos puis l'emmena vers les toilettes réservées aux prisonniers. Il avait déjà eu affaire à des cons qui chiaient à l'intérieur de leur piaule et après, ça empestait dans tout l'établissement. Il préférait prévenir que guérir. Il laissa le jeune binoclard rentrer dans une cabine, lui détachant une main et fixant l'autre à une barre métallique prévue à cet effet. Le jeune homme referma la porte.

Au loin, la Marine put entendre une détonation, puis une autre. Quand les toilettes dans lesquelles le prêtre s'étaient enfermées explosèrent.
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Je perçois plusieurs bruits de détonation avant que la caserne elle-même n'explose dans un grand fracas. Les murs tombent de partout, j'entends des cris et mon premier réflexe est de reprendre ma forme féline. Plus instinctive, plus facile d'échapper au danger. La section d'administration n'a été que peu touchée par la déflagration, mais la prison a pris un bon coup. Comme pour un exercice d'incendie, tous ceux qui ont pu sortir du bâtiment l'ont fait. La presse devrait se réjouir, le nombre de morts qu'ils vont avoir à filmer pour exhiber toute cette horreur aux pauvres gens qui n'ont rien demander va être hallucinant. Dès que j'suis à l'abri, j'reprends forme humaine, je m'allume une clope histoire de m'calmer les nerfs.

« Colonel ? Que j'fais à la femme à la peau d'ébène qui ne sait plus vraiment où donner de la tête.
-Oui lieutenant Kosma ?
-Sachez bien que ce n'est pas de votre faute et qu'il serait arrivé la même chose, voire pire avec votre prédécesseur.
-Mais nous avons laissé cette vermine que nous savions dangereux entrer ici avec une bombe, non ?
-Je ne crois pas, il a été fouillé plusieurs fois, jamais il n'aurait pu apporter ça ici.
-Alors qui ?
-Un complice, sans doute de la garnison. Je doute qu'on ait réussi à faire rentrer un truc comme ça sans un élément de l'intérieur. »

J'vois deux gars qui accourent vers moi, paniqués. Merde, les deux gars que j'avais assignés à la surveillance de l'autre type là, ce Julien. J'ai mésestimé ce gaillard. Pas besoin d'entendre ce qu'ils vont me dire, je le sais déjà. Je ferme les yeux. Oh ce bordel. Réussir de façon aussi désastreuse une mission, un beau petit record, non ? En soi, mes objectifs de départ sont atteints. C'était à la Marine de l'île de faire le nécessaire pour que tout reste calme et que la paix règne. Veut pas dire que j'suis satisfait de mon sort. J'ai arrêté la personne qu'on m'avait demandé de trouver. Soit. Elle s'est fait exploser quelques minutes après grâce à l'aide de je ne sais qui, c'est tout de suite vachement moins cool.

J'adresse un regard confiant à la colonel. Elle a l'air solide, elle devrait surmonter ça et réussir à gérer l'île d'ici peu de temps. Le seul problème consistera à évacuer le traumatisme dû aux quelques explosions et aux centaines de morts, et à éviter que cela ne se reproduise. J'lui dit que d'autres cinglés de ce culte vivent toujours, et j'donne le nom et la signalisation de Julien. J'ai été rappelé par mes supérieurs, ils devraient envoyer une brigade en soutien sur place, je suis envoyé ailleurs.

Me reste quand même une chose à vérifier avant de quitter cette île. J'dis au revoir à la récente colonel, Adeline Rami. Et j'lui souhaite bonne chance. Je repasserai par ici un de ces jours. Puis j'file jusqu'à la maison du type que j'ai arrêté tout à l'heure. Ce Joseph. J'ouvre la porte qui donne accès à l'arrière. Il n'y a rien.

Rien.
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