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L'Homme qui tombe à pic !

L'Homme qui tombe à pic ! E2a32710

 
Qu’est-ce que j’branle la moi ? À ouai, j’cherche à m’faire des tunes. Quand t’es mercenaire free-lance, tu dois te bouger le cul pour trouver des contrats. Et j’suis tellement con que j’ai pointé le bout d’mon nez au seul endroit où tu n’as vraiment pas besoin d’un garde du corps. Une île où tout le monde fait du karaté. Super. Pourtant, j’aime cette étrange atmosphère enivrante qui plane autour de l’île. Je n’sais pas, c’est comme si tout était en harmonie totale. Le genre respect des traditions et du savoir à l’ancienne. Comme si le temps était figé depuis plusieurs siècles. C’est vrai que les bâtiments sont vieux. Pas entrain de tomber sur eux-mêmes, mais anciens, sans technologies apparentes. Même les habitants sont du même type. J’suis l’seul en costard dans l'resto. Sont tous en kimono ou en tenue de combattant. C’est trop « parfait » comme un endroit.  M’enfin, derrière une belle annonce publicitaire c’cache toujours une arnaque, c’bien connu.
 
Depuis l’balcon, la vue est imprenable. Il est bon ce verre de rhum. Ce resto aussi. Ça change de Las Camp tu m’diras. Le genre maisons délabrées, rue jonché de rats, ivrognes dormant sur les marches d’escalier. Enfin, bref, t’as compris, j’peux me permettre d’apprécier la vue sans sentir l’odeur des remontées d’égouts. Ici, ça sent les épices. Du style, odeur âcre et parfumée qui remonte dans tes narines comme de la fumée. Pas dégueu. Je crois que je vais rester sur ce balcon un bon moment. La nuit est chaude pour une fois, et la lune montre sa tête pour illuminer toute l’île. Ça fait que renfoncer la lumière des réverbères asiatiques parsemés partout en ville. Ça a d’la gueule quand même. Et pourtant ce moment de détente il se finit plus tôt que prévu. Le réflexe du type qui sent la castagne fait surface. J’en entends une, puis deux, puis trois… Quatre types qui se mettent des pains en contrebas. La ruelle est une véritable fourmilière en mouvement, et ils trouvent le moyen de se mettre sur la gueule. Et le pire dans l’histoire ? Sauf les quelques spectateurs entourant le combat, toute la foule les contourne sans même les regarder. Me dite pas que c’est une habitude chez vous ? C’porte bien son nom ce caillou. L’Île au Karaté.
 
Bon, j’commence à m’emmerder. Je me lève rapidement. Je paie l'addition. J’descends de l’étage pour rejoindre la ruelle bondée. Une fois le pied au sol, j’ressens toute l’effervescence de la ville. C’est agité, ça bouge de partout. Les restaurants improvisés et marchants à la sauvette se poussent les uns les autres dans les coins de rue. J’ressers ma cravate et commence à marcher le long de la rue principale.  À observer brièvement dans les ruelles sous-jacentes, j’remarque de plus en plus de groupes de combat. Juste un arbitre et deux types face à face. Pas plus, ni moins. Là où certaines personnes tentent de véritablement te casser la gueule pour ta bourse, sur cette île, c’est uniquement pour la passion du combat. J’commence à aimer ce bout de caillou.
     
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À force de marcher, j’tombe au milieu d’une immense place publique. Animée que ça en peut plus, tellement la foule est dense. Sûrement le cœur de la ville. Et au loin j’entends beugler le môme. Sa voix porte, tellement que je pris bien deux minutes à arriver à lui. Une fois en face, j’lui lâche quelques pièces et j’prends mon journal. La Fête de la Lune hein ? C’est quoi c’machin ? Genre un événement national ? Je crois bien vu que j’ai l’article devant la gueule. Ils parlent d'une parade masquée à travers toute l’île. M’ouai. D’un concert à ciel ouvert gratuit. M’ouai. Un feu d’artifice visible à des kilomètres. M’ouai. Du tournoi annuel pour récompenser les karatékas du moment. Ils viennent de titiller ma curiosité. J’me réjouis déjà. Sauf que je n’avais pas vu la mention : ouvert uniquement sous présentation d’une licence et de l’accord de votre dojo. Les bâtards, je n’ai qu’une licence de chasseur de primes.
     
--  Alors, qui veut être le prochain hein ? Qui veut tâter à mon Docian ? Allez, faite pas vos filles!
Je lève les yeux de mon bout de papier. Je zieute entre une boutique de souvenirs et ramen. J’vois quoi ? Un gus en train de brandir une ceinture de catch comme un con. Il braille, il braille à l'intérieur d'un ring. La version du pauvre, des cailloux pour délimiter la zone de combat. Et ses pote à côtés qui attendent sur des chaises. Ça fait des paris sportifs à c'que j'vois.
    
-- Je mise ma ceinture d’une valeur 100 Berrys ? Qui tentera le coup ? Qui ?! Tenter votre chance!
Bon okay, je dois avouer qu’il me prend par les sentiments là. J’ai b’soin de fric. Enfin d’un job plutôt. Mais pour l’instant ça f’ra l’affaire.


Dernière édition par Vassili B. Levitch le Ven 22 Avr 2016 - 18:46, édité 1 fois
    J’avance vers le type, clope au bec. Il n’est pas tout seul. J’vois ses potes entrains de compter des billets. De bonnes liasses, comme j’aime. J’m’arrête devant lui, et j’le fixe dans les yeux, histoire de capter son attention. Il m’zieute à son tour en me montrant sa ceinture.
     
    -- Un participant pour notre prochain combat ?! La mise est cette magnifique ceinture d’une valeur de 100 Berrys ! C’est quoi ton nom l’ami ?!
     
    -- Vassili.
     
    -- Okay mon gars ! Pour participer c’est 50 Berrys ! Si tu perds, tu raques. Si tu gagnes, t’empoches la ceinture.
     
    -- C’est quoi le piège ?
     
    -- Aucun ! C’est un simple combat ! Si tu veux, te peux parier sur ta victoire. M’enfin vaut mieux que tu gardes le peu d’argent que t’as non. Enfin, si tu ne veux pas le perdre !
     
    Il est sûr de lui. Même trop. Je n’aime pas ça. J’vois ses potes entrains d’me regarder tout en chuchotant dans leur coin. Z’ont quoi a m’zieuter eux ? J’vais leur faire passer l’envie de parler sur mon dos. Mais d’un côté ça d’vient intéressant comme situation. J’pense que j’vais m’amuser comme un gosse avec ses bouseux.
     
    - J’mise 500 Berrys sur ma pomme.
     
    -- Que… 500 Berrys ?! Tu es sûr de toi ?! Pas d’regret ?! Okay ! LES PARIS SONT LANCES !
     
    Le temps que j’enlève mon veston et retrousse mes manches, le cercle de combat est rapidement entouré d’une armée de parieurs. Le genre à agiter leurs billets en beuglant dans tous les sens. À croire qu’à crier comme un con, ça te fait gagner. 1 contre 2, 1 contre 3, 1 contre 5. La cote grimpe en flèche en quelques secondes. Et c’n’est pas moi le favori dans l’histoire. Au contraire, vu la dégaine du tas de muscles devant moi, ils doivent me prendre pour un blanc-bec. Un arbitre improvisé s’met entre nous deux, afin de rendre cette castagne plus professionnelle. Mon cul.
     
    -- 1000 Berrys sur le chauve. Un type se pointe en plein milieu de la foule. Un black avec des dreads… et une belle liasse de billets dans la main. Je ne le connais pas, mais j’l’aime déjà. Comme disait mon paternel. Si tu dois parier sur un cheval, paries sur le moins gaillard. C’est sûrement le plus rapide.
     
    Les spectateurs commencent à s’agiter à l’annonce du nouveau parieur. Ils ferment leur gueule étrangement, après quelques secondes. Z’ont du comprendre qu’il pouvait c’faire des couilles en or le black. Ou en perdre une. Ça fait que rajouter du panache au combat. Mais plus l’temps de rêvasser. Je vois le catcheur qui s’met en garde. L’arbitre qui va donner le signal. Je fais de même.
     
    -- Combattez !
     
    Il se lance sur moi comme un bœuf. Mais pas comme un attardé. Ça s'vois qu’il a d’l’expérience le bougre. À peine à quelques centimètres de moi, je lui lâche un lourd coup de coude en direction du plexus. Pas peur le type, il encaisse. Moi par contre, je viens de me mettre dans la merde. Il agrippe mon bras avant le contact, pour me faire valdinguer sur quelques mètres. Pour donner plus de style à son coup, il hurle le nom d’une technique incompréhensible. Pour ma part, j’me rétame sur le sol, en roulant sur le bitume. Je lève la tête. Dommage, son pied est en face de mes yeux. J’encaisse de plus belle. Le coup m’fait reculer à même le sol comme une serpillière, montrant que ses muscles c’pas d’la gonflette. Je lâche un rictus après mettre essuyé la lèvre, pour bien lui faire comprendre qu’il devra frapper plus fort. Toujours au sol, il vient sauter sur moi comme s'il était sur la troisième corde. Il repart en arrière, mes pieds l’accueillant en travers de la joue. Effet trampoline. Fini d’jouer, il est bien marrant le bodybuildeur, mais il m’amuse plus. Il revient à la charge en croyant me plier sous sa force monstre. Il n’a pas eu le temps de comprendre ce qui lui arrive, mon poing s’enfonçant dans son pif pour le mettre en angle droit.  BOUM ! BAM ! BOUM ! J’l’enchaîne tant que je peux. Et ça marche. Au bout du sixième coup, il titube, baisse sa garde, et laisse un magnifique espace sur son torse. J’aime les cadeaux, et je lui rends bien. Double coup de pied sauté dans l’buste. Il se fracasse contre ses potes posés derrières. Deux en un. Fin du combat, merci bonne soirée. Maintenant, j’veux ma tune.
     
    -- Allez, envoyez la monnaie. Tendant la main au sol pour prendre la ceinture dorée. Je lève la tête vers le public qui n’avait, d’après leurs yeux grands ouverts, pas prévu que je défonce le catcheur.
     
    -- Vainqueur… Vassili ! Merci, ont avaient pigés l’arbitre.
     
    2.500 B net, pour deux minutes de castagne. La boxe, ça paie bien par ici. Enfin presque. Je regarde la ceinture que j’ai en main. J’donne un petit coup dessus histoire de vérifier. Je le savais, du toc. Comment de l’or peut sonner creux bordel ?! Du coup, je la jette aussi fort que je peux sur l’crane du catcheur au sol. Il aura une belle bosse demain matin. Je me rhabille, j’allume une clope, et je travers la foule se dispersant peu à peu autour du cercle de combat. Je marche, et je me demande comment j’vais profiter de ma première soirée sur cette Île. Un bar ? Un massage ? Hummm… les deux.
     
    -- Hey… Vassili, c’est ça ? Je me retourne, et je vois la black « couille en or » arriver dans mon dos.
     
    -- T’veux quoi ?