La Résolution de Yamiko
ONE SHOT
ONE SHOT
{D'ICI} Quatrième matinée, après qu’ils avaient quitté l’île où elle avait fait la malheureuse rencontre avec Reyson D. Anastis qui l’avait transformé physique en homme. Elle se regarda dans le miroir – chose qu’elle effectuait régulièrement depuis sa transformation – et constata que rien n’avait changé. Elle arborait toujours ce physique qui n’était pas le sien d’origine. Furieuse, elle cassa la glace d’un coup de poing. Gardant son poing qui, à présent, saignait contre le miroir brisé, la tête baissée alors que ses cheveux tombèrent, comme pour camoufler son visage non désiré, Yamiko se mit à pleurer. Elle et ses compagnons espéraient que sa métamorphose n’était que temporaire mais cela faisait déjà quatre jours et elle commençait à se désespérer. Elle allait peut-être passer le restant de sa vie vivre en tant qu'homme, elle qui était pourtant née femme. Seule la mort pourrait peut-être la libérer de cette malédiction signée Reyson et cette idée ne l’enchantait guère. Elle qui ne s’était jamais souciée de son apparence se retrouvait dans la nostalgie de celle qu’elle avait été. C’est seulement maintenant qu’elle se rendait compte à quel point elle se complaisait à être une femme. Reyson avait sans doute désiré la punir, pour son insolence ou peut-être pour sa naïveté ... Enfin peu importait la raison, le pirate avait réussi à la détruire. En la transformant, il avait démoli l’œuvre de ses parents et cette idée lacérait le cœur de Yamiko qui continuait de chérir en son cœur ses défunts géniteurs. Elle souffrait mais elle était aussi en colère. Tant qu’elle se forçait de ne pas tout démolir, pour tenter de se vider de son acerbité, risquant de faire sombrer leur navire. Elle qui était pourtant, habituellement, si calme, avait du mal à contenir sa rage. Elle s’était pourtant défoulée sur la forêt de l’île qu’ils venaient de quitter, en y laissant des énormes sillons des arbres lacérés, grâce au pouvoir de son fruit de démon, mais cela se révélait être insuffisant. Son corps désirait se défouler physiquement. Elle désirait taper de ses poings jusqu’à l’épuisement. Son acariâtreté n’était pas seulement liée à la perte de celle qu’elle avait été mais elle était aussi furieuse contre elle-même. Contre sa naïveté, contre son incapacité de haïr les gens qu’elle devrait condamner. Elle s'en voulait d’avoir un cœur trop tendre. Nombreux sont ceux qui l’avaient prévenu que la magnanimité de son cœur la perdrait un jour et ce jour était peut-être arrivé. Une part d’elle pensait même qu’elle méritait sa punition. Portant sa main blessée au niveau de son cœur affligé, Yamiko se laissa choir pour finir adossée contre une cloison de la cabine où elle s’était enfermée. Il fallait qu’elle se calme car s’énerver alors que le sujet de sa colère n’était pas présent, ne servait strictement à rien. À cet instant, elle sentait l’envie de démolir Reyson alors qu’elle n’avait fait que tenter de trouver un moyen de fuir lorsqu’ils avaient été en face-à-face. Elle s’était sentie comme une petite souris face à un gros chat qui l’aurait dévoré à la moindre impudence. Mais, présentement, animée par la colère, la souris n’hésiterait pas à attaquer le chat, quitte à y laisser sa peau, seulement ou peut-être heureusement, le chat n’était plus là. Si son corps ne revenait pas à son état initial, il y avait la solution de retrouver Reyson puis le forcer à lui rendre son apparence d’origine mais, non seulement, il serait bien ardu de le retrouver, aucun des membres de son équipage, elle comprise, n’avait envie de se frotter à l’un des pirates les plus dangereux que ce monde pourri avait engendré. Du moins, pas avec leur puissance actuelle. Sur les Blues, ils étaient peut-être catalogués comme des chasseurs de primes à craindre mais, sur la Route de tous les périls, ils ne valaient pas mieux que des vulgaires insectes qui se feront balayer par un simple revers de la main par l’un de ces monstres qui pullulaient sur Grand Line. Elle avait tenté de frictionner avec l’un d’entre eux et voilà le résultat. Yamiko n’avait aucune envie de commettre la même erreur. Il fallait qu’elle devienne plus forte pour survivre dans ce monde impitoyable mais aussi pour ses compagnons qu’elle n’avait cessé de faire courir des risques à cause de sa dissidence en portant secours à tout être en détresse, même aux pirates, qui étaient pourtant supposés être leurs ennemis naturels au vue de leur métier. Pour ce faire, il fallait donc qu’elle se débarrasse de sa plus grande faiblesse : la compassion. Reyson lui avait déclaré exaucer son souhait de devenir aussi fort que lui, en faisant d’elle un homme mais le physique ne faisait pas tout. Cela ne lui servirait à rien de devenir plus forte physiquement si à l’intérieur, elle restait trop tendre. Comme on lui avait dit maintes fois autrefois, elle n’avait pas besoin de devenir un monstre pour devenir redoutable mais il fallait juste que, face à certaines situations, elle arrive à suivre ce qui lui dictait sa raison, au lieu de se laisser dominer par ses sentiments. Le cœur était la batterie qui alimentait la force de chacun mais elle pouvait aussi se révéler être une source de faiblesse. Le tout était de savoir à quel moment l’écouter et quand l’ignorer. Calmée et déterminée, Yamiko se releva pour remonter sur le pont rejoindre ses camarades. « Yamiko ? T’es blessée ? Demanda Fozia avec inquiétude, voyant sa main et la partie au niveau de son cœur de son kimono d’homme qu’elle avait emprunté à Sunny - car elle ne rentrait plus dans aucun de ses vêtements - souillés par le sang. - Ce n’est rien. Je me suis juste emportée contre le miroir de la douche. Je nettoierai les débris et je le ferai remplacer dès que ... - On s’en fiche du miroir ! Le plus important c’est que tu vas bien ... Comment te sens ... ? ... Et c’est reparti ! Lâcha Miss Gun d’un ton simulant la lassitude alors que Yamiko se mettait à pleurer. Sérieusement, je te trouvais chiante à pleurer pour un rien lorsque tu avais encore le corps d’une gamine mais là, ça devient vraiment ridicule ! - De ... désolée. Je te promets d’arrêter de pleurnicher pour un rien et aussi de t’écouter à l’avenir. Je ne prendrai plus soin de pirates et je n’aiderai plus personne sans ton consentement. - Mais qu’est-ce que tu me chantes là ? Je ne suis pas ta mère ! - Mais tu es mon amie et contrairement à moi, tu es une femme raisonnable. Je regrette de ne pas t’avoir écouté et de vous avoir mis en danger à cause de mes bêtises. Je te promets de changer. Je vais devenir plus forte pour pouvoir protéger tout le monde. - Mais tu es déjà forte Yamiko. Combien de fois tu nous as sorti des emmerdes, hein ? Et puis, combien de fois vas-tu me faire répéter que t'es pas notre ange protecteur ? - Merci Fozia. Merci d’être à mes côtés et de me soutenir alors que je ne mérite même ... HAAAAAAAAA ! Cria soudain Yamiko tout en se pliant, les mains entre ses jambes que Fozia venait de frapper d’un pied. Mais qu’est-ce qui te prend ? Ça fait hyper mal ! Fit-elle d’une voix éraillée de souffrance. - T’es un homme maintenant alors comportes-toi comme tel. Arrête de te lamenter. Je comprends que ta situation doit être difficile à supporter mais je ne veux plus t’entendre dire des conneries. Tu veux devenir plus forte ? Soit mais fais-le pour toi-même ! - Désolée ! » Frapper pour cacher son embarras, voilà comment se comportait Miss Fozia. Elle n’appréciait guère l’étalage de sentiments qu’elle cherchait toujours à éviter et parfois, comme présentement, d’une façon très violente. Sachant la forte sensibilité de cette partie d’un homme, elle n’était pas allée de toutes ses forces mais suffisamment pour faire ressentir, pour la première fois, à Yamiko à quel point il faisait mal ce coup bas ... |