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La Princesse Myo ~

- Aaaaw Myo-choooou ! J'ai entendu dire que Mysidia était une ville vraiment très belle, j'ai hâte de pouvoir la visiter avec toi !

- Calme toi un peu, veux-tu ? On est pas là pour faire du tourisme en plus de ça.

*Mais pourquoi est-ce qu'on m'a affublé de ce type là pour cette mission... *

Assis dans un fauteuil de sa cabine en compagnie de Lady Scarlett, Myosotis regardait le pâtissier s'agiter devant lui, aussi surexcité qu'un enfant qui va visiter un parc d'attraction. Made, ce charmant blondin au visage aussi doux que ses gourmandises, était tombé fou amoureux du jeune homme et, depuis, ne pouvait s'empêcher de l'appeler par tout un tas de surnoms lorsqu'il ne se sentait pas obligé de le serrer dans ses bras. Ils venaient à peine d'arriver au Royaume de Nebelreich, une île presque entièrement nappée dans un mystérieux brouillard dont on ignore la provenance. Dirigée par la famille royale Nebel, elle collabore étroitement avec le Gouvernement Mondial, essentiellement basé à Mysidia, la capitale.

Accompagnés par une quarantaine de soldats de la Marine, leur voyage s'était fait sans encombre. Un monstre marin avait failli les prendre en grippe durant leur traversée, mais les canons eurent tôt faits d'avoir raison de lui, l'assommant et le renvoyant vers le fond des eaux. Cette fois-ci, Myosotis n'avait pas eu le loisir de s'ennuyer, il avait passé le plus clair de son temps à se cacher en tentant d'éviter à tout prix ce cuisinier collant et agaçant qui n'arrêtait pas de le serrer entre ses bras, sous les regards amusés de Scarlett. Hélios n'était pas là lui, envoyé ailleurs pour on ne sait quelle mission. Le jeune De Ville avait rencontré cet agent lorsqu'il était encore sur les mers Blues et semblait développer avec lui une relation amicale, bien que Myo' ne lui montre rarement. Hélios venait presque à lui manquer, il aurait donné beaucoup pour qu'il soit à la place de Made ! Au moins, Hélios ne le suivait pas sans arrêt comme ça...

Envoyés ici pour leur première mission, Myosotis et Lady Scarlett n'avaient qu'un objectif : revenir à Marie-Joie avec le Triangle d'Or. Cette mystérieuse relique était littéralement tombée du ciel il y a plusieurs décennies et, de fil en aiguille, était arrivée à Nebelreich en passant entre plusieurs mains. Le fait qu'elle soit tombée du ciel tenait plus de la légende, tout le monde pensait que ce n'était qu'une pauvre histoire. Mais la réalité était toute autre, ce triangle était bel et bien tombé d'une île céleste, mais ça Myosotis ne le saura jamais...Il avait été chargé par le Cipher Pol de ramener cet artefact-trésor en toute discrétion. Le Triangle d'Or était désormais en la possession d'un certain Daphnes, un riche marchand résidant à Mysidia l'ayant obtenu au cours d'une partie de poker endiablée avec un vieil ami alabastien. Cela faisait une trentaine d'année qu'il possédait cet étrange objet dont il ignorait la provenance. Toutefois une chose était certaine, Myosotis ne partirait pas de Nebelreich sans ce Triangle, quoi qu'il en coûte.


- Regarde les beaux habits qu'on t'a donné Myo-choupinou !!

- Il me tarde de te voir là dedans ! Haha !

- ...Je vous déteste. Dit-il simplement en faisant la moue.

Made avait posé sur la table une robe rose pâle, couvertes de dentelles et de fleurs de la même couleur ainsi qu'une perruque de la même couleur que les cheveux du garçon. En plus d'avoir été affublé d'un travail ennuyeux, Myosotis devait se coltiner la pire des couvertures possibles. Afin de mener à bien leur mission en tout anonymat, on lui avait fourni une couverture avec des instructions. Le coordinateur qui s'était chargé de ça avait dû se faire plaisir, ou alors il avait cerné parfaitement le profil de Myosotis et avait compris ses méthodes. L'agent était sensé se mettre dans la peau d'une jeune aristocrate désireuse d'obtenir de précieuses œuvres d'art. Quant à Scarlett et Made, la première devait jouer le rôle de la suivante préceptrice et Made son promis, en plus de servir de cantinier sur le vaisseau-escorte qui les avait conduit jusqu'ici. Autant dire que le beau blond était ravi de pouvoir assumer ce rôle...

- Pourquoi est-ce que c'est pas toi qui joues le rôle de la princesse ?! Pourquoi est-ce que c'est moi qui doit m'y coltiner ?

- Arrête donc de rouspéter. Puis tu sais aussi bien que moi qu'entre nous deux, c'est toi qui te travestis.

- C'est uniquement pour manipuler et obtenir quelque chose, j'ai jamais fait ça par plaisir !

- Et bah alors ? Pourquoi est-ce que tu râles ? C'est exactement la même chose ici, chéri.

- Pfff...C'est juste que...tout ce rose, toute cette dentelle...

- Aaah mais non ! Tu seras adorable là dedans mon p'tit chocolat !

Finalement c'était bien ce qu'il pensait, le coordinateur qui leur avait fourni la couverture avait bien jugé Myosotis, son apparence androgyne et sa propension à l'utiliser pour obtenir tout ce qu'il voulait. Bien puisqu'il n'avait pas le choix...Il partit derrière un paravent avec la robe entre les bras, non sans lâcher quelques jurons d'exaspération. Ce vêtement était bien compliqué à enfiler, tout ces rubans n'aidait pas vraiment. Mais, une fois paré, il s'en retourna vers Scarlett et Made.

- Le premier qui fait un commentaire désobligeant... commença-t-il.

La première se retenait de rire, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. Le second, quant à lui, était à mi-chemin entre l'émerveillement et la contemplation.

- Tu...tu es...

- Aaaaw ! Magnifiiiique mon Myo' d'amour ! Tu es sublime, merveilleux, non..diviiiin ! On dirait une vraie petite princesse !

Des étoiles plein les mirettes, Made sautilla pour lui porter la perruque qu'il plaça sur sa tête, la fixant correctement grâce à des barrettes pour qu'elle ne tombe pas. Il déposa également un petit chapeau aux couleurs de la robe sur sa tête, calé de la même manière avec de fines épingles.

- Là, tu es vraiment parfait mon petit sucre !

- Hm, pas exactement...

La belle toute de rouge vêtue se leva à son tour, faisant quelques pas en croisant les bras.

- Tu ne peux décemment pas passer pour une princesse avec ton cache-œil.

- Hein ?! Mon...L'enlever ?!

Myosotis ne s'attendait pas à ça. Retirer son cache-œil, c'était tout bonnement impensable. Il ne l'enlever que pour se laver, et encore n'ouvrait jamais cet œil de peur de voir son iris noirci par l'encre que son père lui avait forcé à avaler. En quoi est-ce que ça allait l'aider ? Ça apeurerait plus Daphnes qu'autre chose... Et lui, s'il n'était pas convaincu, personne ne le serait jamais. D'habitude il se débrouillait pour masquer son cache-œil avec une coiffe lorsqu'il se déguisait.

*Si jamais c'est trop horrible, je ferai comme d'habitude... *

Tremblotant d'appréhension, il retourna derrière le paravent, un miroir à la main, puis se mit à défaire tranquillement le cache jusqu'à ce qu'il tombe sur ses genoux. Comptant dans sa tête, il sentait sa respiration être de plus en plus forte. Un...Deux...Trois...Quatre...Cinq !

- Myo' !

- Est-ce que ça va ?!

Laissant échapper un cri de surprise, Made et Scarlett s’apprêtèrent à s'élancer vers lui lorsqu'ils l'entendirent lâcher le miroir, qui se brisa en mille morceaux en atteignant le sol. Se relevant timidement, l'androgyne travesti ressortit de derrière le paravent pour à présent leur faire face, les yeux embués de larmes.

- Mon dieu...

- C'est...c'est...

La peur d'être immonde paralysait Myosotis, mais il devait tout de même leur montrer. Son œil, celui qu'il cachait, cet œil entièrement noir et vitreux. Sa pupille devenue à présent d'un pourpre brillant, pétillant et tout aussi beau que son autre œil azuré. Son fruit du Démon, le Fruit du Savon...Il faisait de lui l'homme le plus propre du monde. En le mangeant, le fruit avait également nettoyé les impuretés dues à l'encre sur l'iris, changeant ainsi sa teinte. Les dommages causées par la bouteille qu'on lui avait forcé à ingurgité avaient été cependant trop grands et duraient depuis trop longtemps, le fruit du Savon avait nettoyé seulement ce qu'il était capable de rendre propre.

- ...c'est merveilleux ! Tu es absolument magnifique mon Myo'-choupi !! Ton œil gauche est un saphir et ton œil droit une améthyste !!

S'empêchant d'éclater en sanglot, il inspira un bon coup et sécha ses larmes. Entendre ce compliment de Made venait de lui remonter le moral, ça représentait beaucoup pour lui. Toute la honte que cet œil anciennement noir lui avait provoqué...Ce pâtissier n'était peut être finalement pas si agaçant...Relevant la tête, le jeune homme laissa un petit sourire chafouin se dessiner sur son visage de porcelaine avant de poser sa main droite sur sa hanche.

- Bien. Made, prépare toi darling. La Princesse Myo' est prête à entrer en scène.

La Princesse Myo !:


Dernière édition par Myosotis De Ville le Mer 6 Juil 2016 - 15:36, édité 4 fois
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Le manoir de Daphnes se trouvait assez près du château Nebel, on pouvait voir ses hautes tours le dominer et sa forme imposante rejoindre le ciel. À Mysidia, c'était comme ça : plus on habitait près du château, plus on était riche. La nuit, les rues de ces quartiers fortunés n'étaient pas vraiment fréquentées. Tout était calme, tranquille et paisible, chacun était chez soi et le pavé était désert. Il n'était cependant pas très tard, vingt et une heure tout au plus. C'était à cette heure-ci qu'ils avaient rendez-vous avec le marchand pour discuter du prix du Triangle. Grimé en véritable petite princesse, Myosotis marchait en compagnie de Made et Scarlett, se dirigeant vers la demeure de Daphnes. Pour parfaire leur couverture, deux soldats les accompagnaient, jouant le rôle de leurs gardes-du-corps. Made avait troqué sa tenue de cuisinier et sa toque pour un costume bourgeois plus approprié à son faux statut de fiancé tandis que Scarlett avait conservé son élégante robe rouge qui lui allait si bien.

L'air de Mysidia était bon, doux, même le soir. Quoique quelque peu humide, la petite brise qui leur soufflait dans la nuque les rafraîchissait et leur faisait le plus grand bien. Voir la capitale du royaume de jour aurait sûrement été plus attrayant, mais le tourisme n'était certainement pas leur préoccupation principale. Mysidia était réputée pour être ville cosmopolite où il faisait bon vivre. Made aurait bien apprécié pouvoir goûter aux spécialités de Nebelreich, et dieu savait qu'une escapade culinaire aurait été plus appréciable. Mais malheureusement pour lui, ils fileraient vite après avoir récupéré la relique.


- C'est ici. Bien, allons-y.

Passant un portique de glycine en fleur, ils traversèrent une allée dallée entourée de gazon ainsi que de bosquets de roses blanches. Le reste du charmant jardin de la propriété n'était pas vraiment visible, mais le petit groupe arrivait néanmoins à entendre le clapotis d'un filet d'eau tombant dans un bassin. Il devait y avoir une fontaine, ou une marre. Peut être avec quelques nénuphars, lotus et nymphéas de toutes les couleurs servant de toit végétal à des carpes dorées. Ne s'attardant pas plus à admirer ce qu'ils ne pouvaient pas voir, ils allèrent donc frapper à la porte, la Princesse Myo' en tête de file. Ils s'y attendaient, ils furent alors accueillis par un majordome au long nez portant un monocle à l’œil gauche et des favoris grisonnants sur ses bas-joues.

- Bienvenue mademoiselle, nous vous attendions. Entrez, je vous en prie, je vais vous conduire jusqu'au salon où mon maître vous attend.

- Merci bien.

Entrant ainsi à l'intérieur, ils découvrirent à présent un hall richement décoré. Au sol, un tapis carmin sur lequel était brodé plusieurs fleurs. Une grande pendule juste devant eux battait bruyamment la mesure, posée juste à côté d'un grand tableau représentant un homme avec un visage ressemblant étonnement à celui d'un hibou avec ses grands yeux et ses sourcils broussailleux. Serait-ce le maître de maison ?

Ils traversèrent un long corridor, conduits par le domestique au monocle qui, le nez levé en l'air, connaissait la maison comme sa poche et semblait capable de la parcourir les yeux fermés. D'autres portraits s'alignaient dans le couloir, tous d'autres visages tantôt sinistres tantôt grotesques. Aucun des membres de cette famille n'était véritablement gracieux ou charmant de prime abord... Ils arrivèrent alors dans un petit salon presque entièrement décoré de vert, tout le mobilier arborait une couleur céladon aux teintes pastelles. De plus, des pots de fleurs colorés ponctuaient par-ci par-là la pièce, faisant penser à un petit jardinet d'intérieur. Un lustre imposant brillait au plafond tandis que, sur leur droite, brûlait et crépitait le feu d'une cheminée.


- Oh, vous voilà mademoiselle, c'est un plaisir de vous avoir dans mon humble manoir ! Désirez-vous déguster ou boire quelque chose ? Winston peut aller vous chercher quoi que ce soit si vous le désirer !

Face à eux se tenait, assis dans un fauteuil devant l'âtre, un bonhomme bouffi habillé d'une tunique violette et d'un manteau d'un rouge cardinal vif. Le plus surprenant chez lui, c'était sûrement son visage rondelet en forme de pomme de terre avec des yeux aussi petits que des billes, un nez rond comme celui d'un clown et un énorme menton au bout duquel pointait une barbichette rousse. C'était lui, Daphnes. Lady Scarlett s'empressa de prendre la parole :

Daphnes :

- Sa Grâce a fait un long voyage jusque ici et désirerait pouvoir se reposer dans les plus brefs délais.

- Effectivement, ma préceptrice dit vrai.

- Oh...hm...Bien entendu, c'est parfaitement compréhensible. Hm, et a qui ai-je l'honneur ? J'ignorais combien de visiteur de votre entourage j’accueillerai ce soir... fit le marchand en désignant Made.

- Je suis le fiancé de sa Grâce. Je me dois de rester aux côtés de la princesse quoi qu'il arrive !

*Mon dieu, je suis sûr qu'il jubile intérieurement d'avoir ce rôle... *

Ah ça, Made se fondait parfaitement dans son personnage et jouait à la perfection le gentleman charmant promis de la princesse. Ça changeait un peu de son attitude habituelle qui consistait principalement à étreindre Myo' et lui préparer mille et un gâteaux, c'était plus calme, plus agréable aussi.

- Je suis enchanté de faire votre connaissance, monsieur. Hm...Je ne vais pas faire perdre son temps à sa Grâce, je vous le promet. Je vais me permettre toutefois de vous présenter ma fille, c'est un si grand honneur pour nous d'avoir une personne de votre rang dans ma demeure. Grizelda !

Appelée par son père, l'intéressée entra alors dans la pièce. Contrairement à son paternel, elle n'avait pas un visage ingrat et ne partageait pas ses traits bouffis. C'était une maigre fillette avec une grosse tête aussi ronde qu'une balle. Ses cheveux étaient coiffés en un chignon serré, retenus par des barrettes en forme de gemmes brillantes. Elle était habillée d'une robe rose bouffante, nettement moins jolie que celle que portait Myosotis ! Dans sa main droite, elle agitait nerveusement un éventail à froufrous en leur lançant un regard méprisant.

Grizelda:

- Je vous présente ma fille, Grizelda.

- Tss...C'est vous qui allez partir avec le trésor de notre famille, n'est-ce pas ?

C'était bien ça, cette petite garce était hostile à l'idée de voir le Triangle d'Or quitter son foyer. Fort heureusement pour les agents, cette chipie n'aurait pas son mot à dire durant la transaction.

- Grizelda enfin, on ne s'adresse pas de cette façon à des invités ! Je vous en pris votre Grâce, excusez la, c'est encore une jeune impétueuse et...

- Inutile de vous excuser. Je comprends que votre fille se soit attachée à cette relique.

- Ooh mille mercis ! Hm, sans doute...elle je l'ai acquise bien avant sa naissance. Et...

- Pouvons-nous commencer ? Coupa Myo'.

- Oh oui, bien sûr, installez-vous, je vous en prie.

Les conviant à s'asseoir, Daphnes se dirigea vers des sofas au fond du salon situés autour d'une table, tous entourés par des fenêtres aux verres colorés. Myosotis le suivit, sur ses talons Made et Scarlett activèrent le pas pour s'asseoir tout les trois sur le canapé en cuir en face du bourgeois. Les deux soldats gardes-du-corps, quant à eux, se postèrent debout juste derrière sans broncher. Sur la table était disposé un petit coffret pas plus grand qu'un livret à dessins. Grizelda et Winston le majordome se postèrent quand à eux derrière Daphnes. La pimbêche blonde fixant encore toute l'assistance en pinçant les lèvres.

*Espérons que cette imbécile ne fera pas tout capoter... *

Déverrouillant le coffret à l'aide d'une clé d'argent accrochée à son cou Daphnes l'ouvrit enfin pour montrer le fameux Triangle d'Or. Le temps avait érodé son éclat qui aujourd'hui était plus cuivré que doré. Il arborait diverses inscriptions étranges sur toute sa surface, des sortes de caractères ressemblant à des gravures, certaines ciselées ou d'autres en reliefs. Cette chose, cette relique, jamais le jeune De Ville n'avait vu quelque chose de semblable auparavant.

- Voici le Triangle d'Or. Le trésor que je gardais depuis tant d'années !
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En voyant la relique centenaire miroiter devant ses yeux, un éclat avide se mit à luire dans les yeux de Myosotis. Combien est-ce que cette chose pouvait-elle valoir ? Plusieurs millions de berrys...Toute une fortune qui se tenait au beau milieu d'un écrin et qui lui tendait les bras ! Le garçon déguisé se tenait fermement les mains pour ne pas se jeter dessus comme un vautour qui se pose sur une carcasse pour la déchiqueter. Il avait une mission, maintenant il bossait pour le gouvernement. Ce genre de comportement devait être tempéré...Du moins, à l'égard de sa cible. Rien était précisé concernant d'ultérieures dépenses, peut être en profiterait-il pour flâner un peu à Mysidia avant de repartir...Non, c'était stupide, autant vite repartir, et il faisait nuit en plus de ça.

- Pff...Je ne peux pas croire que tu laisses le Triangle partir ! Pesta Grizelda.

Tiens, d'ailleurs...C'est vrai ça, pourquoi est-ce que Daphnes s'en séparait ? On ne lui avait rien dit avant d'arriver ici, pourquoi laisser à une « princesse » repartir avec son trésor ? Son porte bonheur ?

- A vrai dire, nous non plus. Pourquoi avez vous accepté notre transaction ?

Parler de lui même en utilisant ce pronom, c'était une première pour Myo' ! Et il devait avouer que...ce petit cachet royal lui plaisait bien. Cette couverture n'était peut être finalement pas si ennuyante que ça, tout le monde était sous ses ordres !

- Et bien pour être tout à fait honnête avec vous votre Grâce...ce trésor s'avère être un fardeau pour moi. Beaucoup de voyous ont déjà essayé de me cambrioler pour l'acquérir et un service de sécurité avec des gardes est assez coûteux sur le long terme.

- Hm, bien. En espérant que votre fille comprendra que vous faites ça pour le bien de votre fortune. Fit-il sournoisement en jetant un sourire condescendant vers Grizelda.

La gamine pinça les lèvres avant de cacher son visage derrière son éventail, ses pommettes empourprées par la honte. Assis aux côtés de Myo', Scarlett et Made ne parlaient pas non plus, mais semblaient néanmoins amusés par la situation.

- Bien entendu votre Grâce. Hm, si je puis me permettre de vous demander, où ira ce trésor exactement ?

- Il viendra rejoindre notre collection personnelle dans notre demeure. Soyez rassuré, il sera sous bonne garde. Faites nous confiance. N'est-il pas ?

- Bien évidemment votre Grâce. Vint ponctuer Scarlett. Hm, je pense que sa Grâce désirerait en savoir plus au sujet de votre prix, si ça ne vous dérange pas ?

- Et bien, j'accepte de vous céder ce trésor pour trente millions de berrys.

*Et bah...il s'embête pas... *

Une somme aussi importante, il fallait s'y attendre. Se débarrasser d'un fardeau, tu parles, se remplir les poches plutôt ! Grizelda n'avait peut être pas tort de s'offusquer, si c'était le trésor de leur famille ils devraient sûrement le garder. Si l'androgyne avait été à sa place, il aurait sûrement eu la même réaction.

- Hm, ce prix nous semble on peut plus raisonnable.

Intérieurement, ça faisait mal au cœur à Myosotis de devoir débourser une telle somme. Enfin bon, c'était pas comme si c'était vraiment son argent. Le Cipher Pol lui avait fourni des fonds pour parfaire sa couverture, lui assurant ainsi de ramener le Triangle à bon port. Le majordome s'éclipsa alors discrètement sans même que ses maîtres ne s'en aperçoive, les laissant seuls en compagnie de leurs invités. Daphnes semblait on ne pouvait plus satisfait.

- Ooh, excellent ! C'est formidable ! Mille mercis votre Grâce.

- Ne nous remerciez pas, c'est...

CLING !

Un bruit de verre brisé, une pierre venait d'atterrir sur le tapis juste à côté de la table. Quelqu'un avait envoyé ce caillou droit vers la vitre pour la briser. Tous tournèrent la tête, surpris, aucun ne s'attendait à cela. Une plaisanterie d'un enfant encore debout à une heure pareille ? Daphnes et Grizelda n'avaient pas l'air de comprendre non plus.

*Qu'est ce que c'est que ça ? *

Myosotis fit signe à l'un des gardes qui les accompagnait d'allers jeter un œil près de la fenêtre et inspecter le jardin toujours plongé dans la pénombre. On ne pouvait y voir grand chose, difficile de distinguer quoi que ce soit...le vandale qui avait ça pouvait très bien être dans le jardin que le soldat ne risquait pas de le voir ! Il se retourna vers Myo et les autres:

- Je ne vois rien c'est...

CLING !!

- Hiiii !!

- Oooh !!

La confusion fut totale. Une lame fusa pour mourir dans le dos du soldat qui, dans un râle, tomba au sol. Encore des bruits de verres suivis les cris de Grizelda et de Daphnes. La première détala vers une porte en lâchant son éventail tandis que le second finit par s'évanouir. Se levant d'un bon, Myo', Scarlett et Made ainsi que le soldat restant firent face aux nouveaux arrivants, entrés par la fenêtre brisée : cinq personnes encapuchonnées vêtues de grandes capes sombres, parfaits pour se fondre dans la pénombre. Trois d'entre eux avaient des dagues entre leurs doigts, les deux autres étaient simplement armés de leurs poings. Sur leurs capes, ils portaient tous un étrange signe qu'aucun des agents n'avaient vu auparavant.

Le symbole:


- Qu'est ce que...qui êtes vous ?!

Ils ne répondirent pas se contentant d'avancer vers eux tout doucement.

- On s'en occupe Myo-chou, chuchota Made. Recule, fais attention.

Le majordome était réapparu, sûrement attiré par le bruit, se penchant sur son maître à la minute où il le vit dans les vapes. Vif comme l'éclair, Myosotis se jeta sur le Triangle d'Or et l'attrapa entre ses mains. Ce trésor était étonnamment léger, comme un livre, le jeune homme le pensait beaucoup plus lourd que ça. Laissant à Scarlett et Made le soin de se charger des cambrioleurs, Myosotis recula aux côtés de Wintson, le maître d'hôtel. Il fallait jouer la couverture jusqu'au bout, se battre devant le majordome n'était pas vraiment de rigueur malheureusement.
Je ne vous laisserai pas toucher à M...à ma princesse !

D'un geste prompt Made fit glisser deux couteaux de cuisine cachés dans ses manches dans ses mains, prêt à s'élancer, tandis que Scarlett sortit ses pistolets également dissimulés. Seulement deux armés de poignards s'avancèrent tandis que le troisième lança sa petite lame sur le troisième soldat qui, l'esquivant, la réceptionna tout de même dans son épaule.


- Navré messieurs, je ne vous laisserai pas faire non plus.

Ils bondirent droit vers les intrus. Made para un coup que tenta de lui assener le premier tandis que Scarlett esquivait ceux que lui donnait le deuxième. Myo' n'avait vu le pâtissier combattre, il ne savait même pas qu'il avait des notions pour le combat. C'était curieux...les trois autres ne bougeaient plus et se contentaient de regarder le combat. Ils auraient pu achever les soldats blessés, mais non, ils restaient là en attendant que...

- Gnhg.. !!

Un voile recouvrit les yeux de Myosotis et, peu à peu, il se sentit également partir jusqu'à tomber à la renverse. Le majordome, derrière lui, c'était lui qui venait de le frapper et le réceptionnait dans ses bras. Personne n'avait rien vu, Scarlett et Made étaient trop concentrés sur leur combat et les deux gardes blessés ne voyaient plus vraiment grand chose étendus sur le sol...Winston fit un signe aux brigands avant de s'éclipser à toute allure vers le corridor, Myosotis toujours dans ses bras. Scarlett et Made, qui n'avaient toujours rien remarqué, continuaient de batailler. Esquivant un nouveau coup, la belle renvoyant son talon dans la mâchoire de son assaillant qui, lâchant sa dague, recula de quelques pas en arrière.

- Hhg...lâche l'affaire, on retourne à la forteresse ! On a le Triangle, le Seigneur nous attend ! Fit l'un de ceux qui ne combattaient pas.

Celui qui bataillait contre Made s'arrêtant, sautant en arrière pour se positionner à côté de ses collègue. Il sortit une petite balle de sa poche et, la lassant à leur pied, laissa s'échapper une grand nuage de fumée qui vint obscurcir la vue de tous. Toussotant, Scarlett et Made placèrent leurs bras contre leurs yeux et reculèrent, faisant tomber malencontreusement un vase de porcelaine de son présentoir.

Lorsque la fumée fut dissipée, les deux constatèrent qu'ils n'étaient plus que tout les deux au milieu du salon, Daphnes toujours affalée et évanoui sur le sofa.


- Hé mais, où est... ?

Lady Scarlett fut arrêtée par un bruit de sanglot en provenance d'une des portes du salon, des pleurs aigus. La porte entrouverte, ils pouvaient voir la silhouette de Grizelda toute tremblotante, le visage ruisselant de larmes.

- Les...ils sont partis ?

- Oui, tu peux sortir, ils sont partis ! Où est M...hm..la princesse ? Est-ce que l'as vu ?

Grizelda s'avança timidement vers Scarlett avant de courir vers elle pour se réfugier dans ses bras.

- O...oui ! Elle a pris le Triangle et...Winston...il l'a frappé et il l'a emmené !

- Hein ?!

- Qu...QUOOOI ?!

Made avait hurlé, en se retournant Scarlett vit son visage pétrifié par l'effroi. Le pâtissier amoureux avait été comme frappé en plein cœur, quelqu'un avait osé faire mal et enlever son Myo'-choupi, son amour, l'être qu'il aime ! Jamais il n'accepterait un acte aussi odieux ! Il s'apprêtait à se ruer dehors avant de se faire arrêter par Scarlett qui lui agrippa la manche.

- Reste ici ! Où est-ce que tu vas aller comme ça ? Tu ne sais même pas où ils sont partis ! Ni qui ils sont !

- Exact...tu as raison. Grizelda, est-ce que tu sais qui étaient ces hommes ? Ils portaient un symbole étrange sur leur tenue et...Ils...ils ont enlevé mon amour !

Reniflant péniblement, la petite tâcha d'articuler quelque chose.

- Je...j'ai entendu mon papa en parler...un jour ! Ils..ils viennent d'un grand château caché dans la brume. Et...et...c'est des religieux !

- Des religieux, une secte dans la brume...je n'aime pas ça. Est-ce que tu sais comment se rendre vers leur château Grizelda ?

- Des rumeurs...père disait qu'à  Köntalberg, la seule ville dans la vallée, il doit sûrement y avoir des voyous comme eux ! Mais personne de Mysidia va plus par là bas...personne que je connais en tout cas !

- Köntalberg...Merci Grizelda, on va se débrouiller. Va réveiller ton papa et ne t'inquiète pas.

Laissant la petite bourgeoise dans le salon, les deux agents se ruèrent hors du manoir pour se retrouver une nouvelle fois dans la rue à peine éclairée. Köntalberg, c'était leur prochaine destination mais..par où commencer ? Made était à la fois anxieux et pressé, il n'avait qu'une seule envie et c'était de retrouver Myosotis le plus rapidement possible. Où était cette forteresse de la brume ? Une princesse enlevée par une secte, leur trésor envolé avec...Leur mission prenait une bien étrange tournure.
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L’avantage d’avoir le physique de Julius était qu’il ne dénotait pas dans les quartiers de Cantalberge. Une ville fromagère sans doute. Le chasseur avait arpenté tous les sols du monde pendant sa vie. Des quartiers de merde, il en avait vu. Celui-ci faisait partie des meilleurs. Comme ambition brisée en deux. Les pas assez pauvres pour vivre dans la rue, mais pas assez riche pour avoir un toit sur leur museau. Les vivants à crédits, les ceux qui y arrivaient presque. Les types droits qui gagnaient à peine de quoi becter et qui crevaient la gueule ouverte. Les racailles sans ambitions qui faisaient tapiner des fantômes de putes. Des engins bousillés par la vie comme par les drogues. À haranguer les passants avec leur tronche fardée et leurs cuisses faisandés. Des petits vendeurs de shit avec des dagues dans les manches.

Dans le coin, le chasseur de prime ne voyait rien d’inhabituel. Des gosses crasseux qui jouaient dans la rue détournèrent son attention le temps qu’un de leurs postes plonge sa main dans sa bourse.

Mauvaise idée.

L’enfant ramassa les morceaux de sa dignité deux mètres plus loin. Julius n’y était pas allé fort vu son âge. Et puis, il était aussi passé par là. D’un coup, tout commença à s’agiter autour de lui. Tout le monde se faisait la malle. Il se retrouva subitement seul. Au coin de l’avenue apparurent une troupe de gars masqués. Leurs chevaux faisaient pas mal de barouf et le chasseur s’éloigna de leur trajet. Cependant, l’un d’entre eux eut la mauvaise idée de sortir un fouet afin de cingler Julius. Celui-ci rattrapa l’arme et démonta le type. Il finit par s’écraser la tronche sur le mur d’une maison.

« Quand on fait une chute comme ça, vaut mieux remonter à cheval immédiatement. Pour le coup, il va en chier votre pote. »

Le vieil homme se mit à ricaner en se foutant de leur gueule. Les mecs s’arrêtèrent net. Certains d’entre eux dégainèrent leurs épées, prêts à encercler le chasseur de prime. Celui-ci éveilla son mantra et analysa leurs intentions. Parmi eux, il remarqua la présence d’un prisonnier. Décidément, il allait au devers d’emmerdes. Il sortit trois couteaux de lancers qui finirent sur le ciboulot de trois ennemis.

« Fini de rigoler les garçons. On va gentiment poser les armes, libérer votre prisonnier. Autrement, je vais devoir prendre du plaisir à tous vous tuer jusqu’au dernier. »

Sans se parler, le chef du groupe divisa ses hommes en deux. Certains restèrent pour retenir Julius en abandonnant leurs chevaux. Les autres profitèrent de cette diversion pour s’éloigner avec leur victime. Julius se retrouva entouré par quatre hommes dont il ne voyait pas le visage. Il lisait dans leurs esprits leur plan et les coucha au sol sans suer. Malheureusement, il ne pensa pas à en garder un en vie et ne trouva personne pour répondre à ses questions.

Avec sept cadavres sur les mains, Julius les fouilla dans l’espoir de trouver un quelconque indice. Il tomba sur des armes de qualité ainsi qu’un symbole étrange. Dans la rue, les courageux pointaient déjà le bout de leur blaire. La tempête était passée.

« Viens là, gamin ! »

Facile de le faire venir quand il lui chopait le lobe d’oreille. Le tout était de le faire parler.

« - Me laisse pas t’abîmer. Tu peux ramasser ce que tu veux sur eux du moment que tu me dis qui sont ces gars.
- C’est la secte de la fort’resse m’sieur. On les évite tous, m’sieur. »

La forteresse se voyait de partout dans la vallée. Au loin, un truc perdu dans la brume. Absolument pas louche. Julius revêtit une des capes propres et partit gravir pas à pas le chemin menant vers les hauteurs du château. Sur la route, il se fit à nouveau emmerder par deux gus à cheval.

Décidément.

« - Vous êtes en état d’arrestation !
- Non.
- Si, puisqu’on vous le dit.
- Vous faites partie de la secte, donc on vous arrête.
- Déjà non, vous ne m’arrêtez pas. En plus, je ne fais pas partie de la secte.
- Vous portez littéralement la cape avec leur symbole dessus.
- Vous n’allez pas me croire, c’est cocasse. Je m’apprête justement à aller leur casser la gueule. »

Le désavantage d’avoir le physique de Julius était qu’on ne le croyait pas aisément plein de bonnes intentions. Il avait une certaine renommée, mais la plupart des gens ne le reconnaissaient pas. Le chasseur de prime dut se résoudre à fracturer le nez du gentilhomme et assommer la rousse pour les ranger à son opinion.

« - Vous voyez bien que je ne suis pas en état d’arrestation. Mais sinon, calmez-vous. J’y vais pour leur maraver la tronche, déjà. Pour des raisons purement personnelles, je tiens à le souligner. Cela dit, je tiens aussi à sauver un garçon qu’ils ont saucissonné.
- Vous avez vu ma promise ?
- Ta gueule. J’ai dit un garçon. Non, non. Ferme ta gueule, je veux pas savoir.
- Votre aide nous serait précieuse, on saura vous récompenser. »

Apparemment, la rousse n’était pas stupide. Elle voyait bien que Julius pouvait les démolir d’un revers de la bite. En tout cas, lui pouvait lire dans son esprit la rancune qui la bectait. Il n’oublierait pas cette disposition d’esprit maintenant qu’ils marchaient à trois, laissant derrière les deux canassons et l’honneur du blondinet.
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Vallée de la Brume :

Marchant en retrait, Lady Scarlett observait l'homme que le destin avait forcé sur leur route. Made, à ses côtés, se malaxait sa joue encore douloureuse. Cet inconnu sorti de nulle part durant leur exploration de Köntalberg arborait le symbole des disciples de la secte dont leur avait parlé Grizelda, la même cape que ceux qui avaient enlevé Myosotis mais celui-ci avait plus l'air d'être en train de les traquer. Il les avait vu emmener Myo' et, on ne sait comment, avait deviné que c'était un garçon malgré son déguisement. Comment est-ce qu'il avait pu percer à jour son apparence ? Personne n'était pourtant supposé faire la distinction... Bah, aucune importance, le plus important c'est de trouver la forteresse le plus rapidement possible. Ce type à la chevelure d'ivoire et au langage vulgaire leur avait mis une mandale avant de les inciter à se mettre en route tout les trois. Et c'est ainsi que, délaissant les montures qu'ils avaient pris pour se rendre à Köntalberg, ils s'aventuraient dans la vallée en quête de la forteresse. Made chuchota :

- Il m'a fait mal...

- Oui, mais prend ton mal en patience. Ce type est très fort, ça se sent. Et il a l'air de savoir ce qu'il fait. On va libérer Myo' en un rien de temps.

- Est-ce qu'on peut vraiment lui faire confiance ?

- Non. Bien sûr qu'on ne peut pas, il peut nous laisser là quand il le souhaite. C'est pourquoi il est primordial de le laisser diriger les opérations. Ou du moins penser qu'il le fait...Tant qu'il est avec nous, de notre côté, c'est bon pour nous. Il a dit qu'il comptait sauver Myo'.

- Et comment on va le payer ?

- On nous a donné de l'argent pour la transaction avec Daphnes. En vue des circonstances actuelles, disons que notre entreprise a simplement changé de collaborateur. Il sait où est le château, tu veux revoir Myosotis oui ou non ?

- Oui, oui évidemment que j'ai envie ! C'est mon Myo-choupi, et je l'aime et...

- Alors fais moi confiance. Je sais ce que je fais.

Scarlett savait ce qu'elle faisait, effectivement. Depuis toujours, elle avait réussit à s'allier à beaucoup plus fort qu'elle, par le simple fait de parler. C'était une habile manipulatrice, usant de ses charmes ou de ses aptitudes en marchandage. L'avoir comme ennemie n'était pas vraiment judicieux. Là, la situation était critique, elle avait perdu l'objet de sa mission mais aussi son coéquipier. Fichu majordome, il était dans le camp ennemi depuis le début...Au fur et à mesure, la demoiselle s'était attachée à Myosotis. Quand bien même il avait cette insupportable attitude de diva, il l'amusait et avec lui elle avait fait un énorme bond en avant. Aujourd'hui, elle était agent au service du Gouvernement, promise à un bel avenir. Elle ne pouvait pas laisser s'échapper sa bonne étoile, et son ami. Elle se rapprocha doucement de leur nouvel équipier, laissant Made derrière. Il n'avait pas l'air de bien apprécier le pâtissier...

- Il me semble que nous sommes parti du mauvais pied vous et nous. Excusez nous d'avoir réagi comme ça tout à l'heure, nous sommes très inquiets.

- Hm... se contenta-t-il de répondre.

*Pas très bavard... *

- Je me nomme Scarlett, et voici Made.

- Julius.

*On va pas aller loin, mais c'est déjà ça... *

- Casser la figure de ces disciples à Köntalberg, c'était peut être notre seul ticket d'entrée.

- Qu'est ce que ça peut me faire ?

- En se faisant passer pour de potentielles recrues, on aurait pu rentrer dans le château en un rien de temps en toute discrétion. Comment vous comptez nous faire rentrer ?

- Vous verrez.

- Je suis déjà impatiente de voir votre plan. Et savoir comment vous comptez vous débrouillez une fois à l'intérieur.

- Vous verrez aussi.

Ce Julius, il avait l'air moins disposé à leur refiler d'autres mandales maintenant qu'il l'avait déjà fait. Il était néanmoins à manier avec des pincettes. Il avait l'air de les prendre clairement pour des incapables et pouvait très bien les laisser en plan ici...

*Hm, c'est bien à ses risques et périls s'il veut être payé grassement. *

- Hé ! Regardez !

Made interrompait leur conversation en point du doigt. Devant eux, ils pouvaient désormais distinguer les tours de la forteresse se dessiner dans le brouillard, au loin.

- C'est là. La forteresse dans la brume.

La forteresse:


~

Forteresse de la brume, tour Est  :

Myosotis émergeait enfin de sa torpeur. Toujours habillé de sa robe rose et coiffé de sa perruque, il était allongé sur un grand lit à baldaquins rouges, au beau milieu d'une chambre richement décorée. En face de la « princesse », des commodes et une armoire aux motifs ouvragés. Sautant du lit, sa première réaction fut de se diriger vers la fenêtre pour voir où il se trouvait. Derrière la vitre, il n'arrivait pas à distinguer quoi que ce soit. La brume qui nappait Nebelreich s'étendait à perte de vue.

*Qu'est ce que...Je suis en haut d'une tour. *

Oh ça oui, il voyait que la hauteur était trop grande, le brouillard venait même lécher les pierres de la tour. Aucun moyen de s'échapper par là, et encore moins dans cette tenue bouffante. Enfer, il était bel et bien prisonnier. Il n'avait rien, même pas sa canne-fouet pour se défendre. Ses seules armes pour l'instant, ses pouvoirs savonneux et son intelligence. Toutefois, ce château devait être bien gardé, il ne pourrait pas s'éclipser comme ça.

*Scarlett, Made...ils doivent déjà être à ma recherche... *

Il pouvait compter sur eux, mais s'il avait un moyen de s'enfuir, l'androgyne n'hésiterait pas une seule seconde. C'est alors que...

CLONG !

Faisant volte face, Myosotis entendit le bruit du verrou de la porte, quelqu'un rentrait dans la pièce.


- Je vois qu'on est réveillée, mademoiselle.

Entra alors dans la chambre un homme à la carrure imposante, vêtu d'une armure aussi noire que la nuit. La peau verdâtre, il avait un nez aquilin et un sourire narquois qui lui dessinait le visage ainsi que deux petites billes d'or en guise d'yeux. Sur sa tête, une couronne d'or qui trônait fièrement sur une longue crinière de feu. Il possédait également des sourcils et une barbe tout aussi enflammée que ses cheveux, pointue comme une lame. Il souriait. Derrière lui, deux vieillardes toutes rabougries le suivaient. Le teint tout aussi sombre, elles portaient de grandes robes noirs à motifs rouges et bleus et, sur leurs têtes, deux gros turbans ronds. Celle de droite portait une orbe rouge sur le front tandis que l'autre une orbe azur. C'était le seul moyen de les différencier tellement elles se ressemblaient.

Le seigneur de la brume:

Les vieilles sorcières:

- Qui êtes vous ? Répondez !

- Calmez vous, répondait doucement l'autre en souriant. Je ne vous veux aucun mal, je veux simplement le Triangle.

- Le...Le Triangle d'Or ? C'est pour ça que vous m'avez enlevé ?

- Évidemment. Je me présente, je suis Endymion, le seigneur de la brume, grand maître de la secte du Brouillard et futur roi de Nebelreich ! Et ces charmantes qui me suivent sont Baba et Yaga, les grandes prêtresses.

- Je vous suggère de revoir votre définition de charmant...

- Et vous je vous suggère de rester courtoise, ma belle. Dois-je vous rappeler que vous êtes ma prisonnière ?

- Hm, à ce propos, puis-je savoir ce que je fais ici si vous souhaitez uniquement le Triangle ? Votre taupe était au service de Daphnes, il pouvait le voler quand vous vouliez.

- Effectivement. Vous êtes bien intelligente, vous avez du répondant, j'aime ça. J'aurais pu en effet. Mais Winston m'a parlé de l'arrivée d'une princesse qui désirait acquérir le Triangle. J'ai décidé de faire d'une pierre deux coups.

- C'est à dire... ?

- Une personne de votre statut peut m'être extrêmement utile. Premièrement parce que votre royaume peut m'apporter la puissance nécessaire pour enfin conquérir Nebelreich, et parce que vous vaudrez extrêmement cher.

- Pff...

Myosotis se mit à rire de façon cristalline avant de foudroyer Endymion du regard.

- Vous pensez sérieusement que je vais coopérer ?

- Oooh non, je sais que vous ne m'aiderez pas...volontairement. Mais, voyez vous, ces mesdames ici présentes sont très douées pour convaincre les esprits. Et, si vous vous montrez récalcitrante, leurs potions et élixirs seront d'une très grande aide pour percer votre mental à jour. Vous verrez...Je vous laisse entre femmes. Vous recevrez beaucoup de visites, ne vous inquiétez pas, princesse. Amusez vous bien !

Les deux sorcières se mirent à ricaner pendant qu'Endymion ressortit de la chambre, satisfait. Cette fois, Myosotis en avait conscience et le réalisait : il devrait surmonter cette épreuve seul...
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Je ne dois pas être si bonne enquêtrice que ça.

J’avais eu des échos, pourtant, au Cap ; le Cap que j’étais si contente de retrouver, le Cap par où j’étais passée et que je n’avais pas vu, la faute au capitaine de l’époque qui m’avait collée aux arrêts pour insubordination ; même que j’étais pas honteuse de ce que je lui avais dit, de ce que j’avais fait, parce qu’il mettait tout le monde en danger. Du passé. C’est du passé, et j’étais seule au Cap. Pas d’amis, pas de famille, un bout de terre sur Grand Line, avec moi dessus, des gens autour.

A ce moment, je me souviens avoir recentré mes pensées ; être allée acheter un journal, puis faire le tour des bistrots et des garnisons marines de passage ; avoir entendu des choses plus précises sur Lilou, sur ce qu’elle avait fait. Puis pas avoir bien compris, mais pas non plus avoir beaucoup cherché à comprendre. Lilou et moi, on se disait « tu », mais c’était elle qui donnait les ordres, et c’était un peu de sa faute si Juha était mort sur Jaya. Je l’avais vue impitoyable, en plus d’avoir été ma supérieure. Je connaissais pas ses convictions, ses raisons de fond d’être dans la marine. Et c’était déjà dur pour moi d’être causante ; alors avec ma chef... y’avait Oswald, juste. Mais il se donnait des airs d’enfant. C’est peut-être con, mais ça changeait tout.

Et puis, je me foutais pas mal de Lilou. Je ne me souvenais pas que l’on se soit vraiment dit adieu personnellement à Water Seven. Elle rejoignait dans mon esprit les milliers de visages qui avaient ponctué ma vie, en prenant à peine plus de relief sur les autres.

Pourtant, au fil des semaines, j’avais compris qu’elle avait trouvé la route que j’étais sensée prendre bien avant moi. J’avais beaucoup erré, pas mal suivi de fausses pistes ; confondu les punks affichés dans les journaux ; perdu près d’un mois à remonter une mauvaise voie via la translinéenne. Perdu beaucoup d’argent à cause de ça, aussi. Appris son nom à lui, Kiril Jeliev ; ait eu un drôle de sentiment en le trouvant familier, ce nom. Pourtant, je suis sûre qu’il correspond à aucun gamin du Grey T. d’il y a quinze ans, à aucun nom que j’ai entendu pendant ma carrière militaire. Et avant ? Avant, il y avait les clients ; ils disaient pas leurs noms.

J’ai compris assez tardivement où il était. Je suis d’abord passée au large d’Alvel, j’avais trouvé un arrangement avec un équipage pirate de passage. Et je me suis foutue dans la merde quand la Gazette m’est arrivée par mouette postale, et que j’ai compris qu’il s’était barré à l’autre bout de Grand Line. J’ai du négocier avec les poings pour trouver un équipage qui me ramène à la Translinéenne la plus proche. Ça a été le bordel.

Mais ça, j’y repenserai un autre jour.

Pour l’heure, le Sloop me porte vers Nebelreich, que j’espère être ma destination finale. J’ai pas de correspondant sur place, rien, personne qui peut me dire que c’est bon. Ces six derniers mois – peut-être plus, en fait, j’ai pas eu de chez moi, pas eu de repère ; que des gens qui passent. Facile de discuter, de lier sympathie, même bu quelques coups au bistrot à l’occasion. Mais ce sont encore des visages anonymes qui s’enfoncent dans la mosaïque mémorielle pour former un grand dessin tout flou. Je me dis, alors que dans moins d’une heure je serais sur ce foutu rocher, que ma vie reprendra un peu de sa netteté, de ses contours. Je saurais où aller.

Parce qu’on le dit pas assez ; c’est dur, d’être libre.

* * *

Nebelreich, enfin. Et je ne suis déjà pas sûre d’avoir vu ce que j’ai vu.

Poussée par un drôle d’instinct, le même genre d’instinct qui fait que le abeilles trouvent facilement les champs de fleurs même lorsqu’elles ont autre chose à foutre que de butiner j’imagine, je suis tombée dans le premier quartier de merde qui se présentait. En même temps, que je me suis dit, je vois mal le punk traîner près des palais ou des grosses baraques. Pareil pour Lilou, et pour Aimé. Les deux ont une réputation plus sale que mon premier boulot, et une prime plus grosse que les saloperies que j’y ai vues et entendues. C’est pas peu dire. Le royaume est bien relié, il a pas franchement mauvaise réputation. C’est logique de partir vers la périphérie avant de commencer à chercher.

Mais je me rassure ; au fond, je sais que cette ruelle dégueulasse, je l’ai empruntée sans y penser. Toujours cette idée fixe, cette tendance à croire qu’auprès des belles dames aux atours dorés, j’ai pas ma place ; que ma place, elle est jamais très loin du caniveau.

Pourtant, après ces mois de voyage en solitaire, je marche dignement, le port droit, le fond du fond des tripes à peine alcoolisé. Propre sur moi malgré mes fringues qui datent presque toutes d’avant mon entrée dans la marine. Je sens le pavé à travers la semelle de mes bottes, devenue si fine que je l’ai renforcée avec un morceau de carton ; mais j’aime mieux le sentir sous mes pieds que contre ma joue, avec l’odeur du rhum et des sucs gastriques dans la bouche.

Et c’est là que je l’ai vu ; c’est là où je ne suis plus très sûre.

J’étais trop occupée à contempler les maisons habitées alors même que les plafonds n’étaient pas encore posés, ne le seraient sans doute jamais ; les inscriptions sauvages sur les murs, les messages de paix ou de révolte, à sentir les odeurs ; la brioche à six sous, le tabac, la weed, la pisse, les parfums lourds de la viande qui pend sur un étal de boucher, dans un coin de rue. Et j’ai vu une silhouette démonter d’autres silhouettes. Pas que ça m’ait beaucoup émue, mais il y avait quelque chose qui me parlait dans les mouvements du vainqueur. Ça fait des mois que je suis à l’affût de tous les indices, que je suis inutilement des types lambda en croyant reconnaître quelque chose de familier chez eux. Je ne suis plus à un près. Alors, je me suis approchée.

Et j’ai vu son visage. Sur le coup, j’ai pas su quoi faire, quoi dire, ça m’a figée. Pourtant, je suis sûre de ce que j’ai vu. J’ai regardé les cadavres, aussi, qui refroidissaient dans un reste de brume. J’saurais pas dire si c’était son style, à Julius. Mais je me crois pas capable de me planter sur son visage.

Parce que sur ma grande mosaïque mentale pleine de traits, de regards et de couleurs, il fait partie des très gros cailloux, de ceux que j’ai toujours sous les yeux depuis des années.

Et en particulier quand je suis seule et que je ressens la poussée de la colère ou l’attrait du vice. Du coup, c’est un joyaux que j’ai poli, idéalisé, presque érigé en relique, une relique qui me regarde, qui attend, qui juge, silencieuse et sévère. Je sais pas comment je vivrais une confrontation avec sa réalité actuelle.

Nouveau regard vers les cadavres.

Et puis, je lui emboîte le pas, de loin. Il a l’air à cran. J’sais pas comment il réagirait si je lui sautais dessus comme j’ai pourtant envie de le faire. Ça fait vraiment longtemps que j’ai pas croisé le visage de quelqu’un qui représente autre chose pour moi qu’une vague parenté liée à une humanité commune. Ce type, sans lui, j’aurais pas vécu ; ou alors, je serais devenue pire que je ne l’ai jamais été.

On s’enfonce dans une sorte de désert de brume ; il est accompagné, maintenant. Ça devient dur de les garder à vue en restant trop loin. Et puis, je me dis brutalement que c’est con, comme comportement, que l’isolement m’a refourgué un tempérament hésitant que je me connaissais pas. Alors, je me rapproche, en cherchant plus à me faire discrète. La rousse me capte, mais tant que c’est pas Lilou, je m’en fous. Lui aussi, il se retourne. Et putain. Putain.

Je m’étais pas trompée. Maintenant, j’en suis sûre ; et je me rappelle d’un coup d’un truc ; un truc débile, basique, presque comique. Le silence se prolonge un peu.

Lui et moi, on est pas des gens loquaces. Et pas très doués non plus pour exprimer nos émotions autrement qu’en se foutant sur la gueule. Alors on se regarde sans rien dire. Et comme j’en peux plus, je me garde le bénéfice de la réplique attendue par la circonstance.

-Julius ?

Et je prie très fort qu’il se souvienne de moi ; depuis la dernière fois, j’ai rarement eu autant besoin d’un repère et d’un ami.
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Julius avait connu un grand nombre de visages dans son passé. Il se souvenait à peine de celui de sa femme, alors qu’il l’aimait encore à ce moment. Il resta figé devant cette jeune femme ; elle le regardait comme si elle cherchait à être sauvée. Il lisait dans ses intentions une tendresse envers lui qu’il comprenait étrangement. Son instinct l’identifia aisément, il savait qui elle était. Il avait un jour croisé le chemin d’une enfant qui avait franchi une ligne sans retour. Une pauvre gosse perdue, effrayée. Perdue, elle l’était encore. Son expression criait sa détresse, une solitude qu’il connaissait mieux que personne. Il fut touché pendant un moment, ému jusqu’aux os. Coincé sur ses guiboles, il se racla la gorge en dégageant le chat qui y était logé.

« Serena. »

Il parla d’une voix faible et enrouée. Debout face à elle, il était subitement moins seul. Il sentait un gigantesque poids tomber de son épaule, décrocher ses griffes de son palpitant. Il la regardait comme quand on arrivait chez soi après plusieurs années d’errances. Elle avait superbement grandi. Julius lisait dans son port et sa silhouette une vie dangereuse, menée au ras du fil, à un pas de finir crevée.

Quelques années auparavant, il n’avait pas pu se résoudre à la tuer. Il n’avait pas pu lui faire du mal, pas même la livrer aux mouettes finalement complices de son crime. Il n’acceptait pas un monde où une petite fille devait brandir une arme contre quelqu’un. En un sens, il aurait préféré voir s’effondrer tout avant que cela ne se fût produit. Là, elle se tenait devant lui, battante et pourtant si fragile. Forte et à un cheveu de rompre.

Il avança vers elle, son visage était coincé dans une expression insondable. En plusieurs années, il n’avait pas appris à faire dans les sentiments. Il était incapable de commencer maintenant. Elle eut un moment de doute quand il la prit dans ses bras. Il la serra fort contre elle et elle fit pareil passé le moment de surprise.

Elle pleurait gentiment, la tête contre son épaule, ses bras dans son dos. Sa respiration secouait sa cage thoracique en de brefs sanglots. Il la tint encore plus fort. Il voulait lui dire que tout irait bien, qu’il était là, qu’il la protégerait et qu’elle n’aurait rien à craindre. Qu’il écraserait sans pitié la moindre chose qui amènerait une larme à ses yeux. Qu’il se tiendrait debout entre elle et tous ses malheurs.

Malheureusement, il ne savait pas l’exprimer en mots. Tout cela était confus à ses yeux. Il réagissait instinctivement, il la tenait simplement contre lui. Il espérait qu’elle comprendrait. Elle se calma après un moment et il la lâcha subitement, presque gêné. Pour éviter qu’elle le voie bouleversé, il se retourna sans croiser son regard.

« – On doit aider un garçon kidnappé, petite. Tu te sens d’attaque ?
- Oui. »

Il ne pouvait pas l’appeler autrement que petite. Elle ne l’était plus, mais c’était ancré en lui. Il était incapable de la voir comme une adulte, décidément. Les deux personnes qui l’accompagnaient s’étaient tues. Elles ne comprenaient pas ce qui se produisait et n’en avaient cure. Les deux agents partirent devant, leur laissant un moment d’intimité. Néanmoins, Julius se murait dans un silence obstiné et Serena n’osait pas moufter. Ils avaient trop à se dire et le contexte n’était pas favorable aux confidences. Ils repoussaient sciemment l’inévitable discussion qui suivrait. Et puis, l’essentiel avait été dit. Julius ne ferait pas mieux.

Les quatre hommes arrivèrent aux portes du château au bout d’une longue marche ponctuée par le bruit de leurs pas. Il était encore plus grand qu’il ne l’avait imaginé. Dans la brume, on n’en voyait pas la fin. Fichée sur une falaise aux parois raides, la forteresse semblait imprenable. Devant la porte se tenait une dizaine de gardes armés de hallebardes. Vêtus de leurs capes habituelles, ils cadenassaient le passage exigu. Ils interpellèrent les arrivants en leur sommant de s’arrêter.

Une interpellation jetée en l’air. Julius se retourna vers Serena et les désigna de sa main. Il voulait voir ce dont elle était capable.
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Forteresse de la brume, tour Est, chambre-cellule de Myosotis  :

Les deux vieilles femmes à la peau vertes continuaient de ricaner face à Myosotis. Ces deux femmes n'étaient autre que Baba et Yaga, les deux prêtresses de la forteresse dévouées à la cause d'Endymion. Leur seigneur leur avait donné pour tâche de rendre Myosotis docile, de faire de cette petite princesse une parfaite servante. Si elles savaient que tout ceci n'était qu'une couverture que Myo' jouerait jusqu'au bout. On risquait de le tuer sur le champ s'il révélait sa véritable identité, il fallait jouer le jeu. On lui avait donné une mission, il était nécessaire de retrouver le Triangle d'Or. Endymion avait dû l'emmener avec lui...Il n'avait aucun plan et devrait improviser sur le tas, jamais on ne lui donnerait la possibilité de sortir de sa cellule pour vaquer dans le château.


- Ma belle petite... fit Baba.

- ...nous ne serons pas seules pour faire de vous une bonne disciple ! Termina Yaga.

- D'autres invités surprises ? Répondit Myo' en arquant un sourcil.

S'écartant de la porte, les vieilles laissèrent entre deux nouvelles personnes. La première était une petite demoiselle pas plus grande que Myosotis. Elle était habillée en tenue d'infirmière, des cheveux roses délicatement coiffés sur sa tête douce et à l'air amical. Dans son dos, une paire d'ailes qui bougeaient quand elle marchait.

La nouvelle venue:

*De fausses ailes...C'est qui cette gamine ?! *

Le second personnage était aussi étrange que l'autre. C'était un petit homme rabougri avec une tête ronde et un air tout aussi mesquin qu'une fouine. Richement habillé, il portait un costume rouge rayé ainsi qu'une cape fermée par une grosse horloge dorée. Sur sa tête trônait un immense haut de forme qui devait presque faire la même taille que lui. Entre ses mains, il s'amusait à faire tourner une canne qu'il reposa immédiatement sur le sol lorsqu'il vit la « princesse ».

L'homme au chapeau:

- Fufufuuu. Mais voilà une ravissante jeune fille !

- Chut chut chut Dongo ! Tu vas lui faire peur avec ta tête !

- Silence Joëlle ! Je flaire l'odeur de l'argent. Elle abonde tout autour de cette fifille royale...

Les vieillardes ricanèrent avant de reprendre à leur tour :

- Voici Don Dongo et mademoiselle Joëlle. Dongo se chargera des finances pour convertir votre fortune directement dans nos caisses tandis que Joëlle sera là pour prendre soin de vous ! Vous serez comme un coq en pâte ma petite tourterelle !

- Pfff...et vous ? Vous me ferez le coup du lapin avec vos turbans c'est ça ?

Le jeune homme déguisé se permettait d'être provocateur. Ils n'allaient pas lui faire le moindre mal, pour l'instant du moins. Et c'était la seule façon qu'il avait de leurs faire révéler un temps soit peu une once de leurs intentions pour les contrer en temps voulu.

- Huhu, répondit Yaga, mais non ma belle. Nous allons vous préparer potions et élixirs pour transformer cette royale furie que vous êtes en femme sage et servant la Brume. Vous verrez, vous serez avec nous en un rien de temps !

*Comptes là-dessus mamie... *

- T'inquiètes pas princesse, on se relaiera pour être à tes petits soins ! S'écria Joëlle, un rictus carnassier sur ses lèvres.

Cette infirmière avait clairement un grain, elle avait cette lueur dans ses yeux, cette lueur sadique de celle qui aimait faire souffrir ses patients. S'il y avait bien un membre de cette assemblée dont le travesti devrait se méfier, ça serait cette fille aux cheveux criards et aux fausses ailes. Elle devait sûrement avoir une légion de seringues à planter tout et n'importe où.

- Hm, j'ai hâte de voir ça.

- Je vais faire porter un premier verre pour vous. Profitez-en bien pour vous reposer ! Ricana Baba.

Laissant Myosotis, les quatre le laissèrent en fermant la porte à double tour. Scarlett, Made...Il espérait intensément qu'ils viendraient rapidement à sa rencontre. Où est-ce qu'ils pouvaient bien être à présent ?
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Bon, d’accord, je m’attendais pas à ça. En fait, je m’attendais à tout. Qu’il m’en retourne une même, plus qu’à l’avoir à moitié sanglotant sur l’épaule. Forcément, que j’ai craqué avec lui. Pas pour les mêmes choses, je crois pas. C’est vrai que le voir, ça me ramène à une mauvaise époque, sans objectif autre que passer la minute qui suit puis celle d’après, comme si la vie était une partie de quille où le seul but est de tenir le plus longtemps possible debout face aux connards et aux éléments qui s’amusent avec toi et qui se réjouissent quand tu tombes. J’en suis plus là.

Bon, d’accord, je crois pas être beaucoup plus heureuse qu’autrefois. Mais je suis plus fière, j’arrive à me lever juste parce que je suis contente de ce que je suis devenue, juste parce que je sais que j’arrive à me maîtriser, que je vais pas emplâtrer le premier enculé qui viendra me chercher, juste parce que j’arrive à avoir des objectifs pas trop abstraits et à les tenir. Ça fait près d’un an que je cherche le frangin, qu’il y a que ça pour occuper mes journées. Le reste du temps, je peux le passer à regarder le chemin fait, comme on se retournait sur nos pas une fois arrivé à la plus haute dune à la garnison d’Hinu, pour voir nos traces de pas se perdre à l’horizon ; et se dire qu’on est peut-être pas grand chose, mais qu’on vaut quand même mieux qu’une poignée de terre.

Bon, d’accord, je sais que c’est pas comme ça qu’il me voit, lui. Que je suis encore la petite réchappée de l’enfer, la gamine qui tue avec un couteau parce qu’elle est en colère, qui aurait pu mal finir si elle n’avait pas eu, au fond d’elle même, un soupçon de conscience qui essayait vaguement de survivre au milieu des orties. Avec lui en face, c’est ça qui m’avait sauvé la vie. J’étais capable de me foutre en l’air parce que j’avais foutu quelqu’un en l’air. Il a du sentir qu’il avait pas vraiment besoin de faire plus dans ce sens. Un sens de la contradiction terrible, le Julius, quand j’y pense.

Mais c’est peut-être un peu ça qui m’a vraiment remuée. Ça, voir le type qui a du tuer froidement une quinzaine de gonzes cinq minutes plus tôt me tomber dans les bras et me serrer très fort, me rendre compte aussi que quelque part, au final, il y avait quelqu’un qui m’attendait. Même si il le savait pas. Ouais. Il fallait au moins ça pour me faire pleurer. D’ailleurs, je me demande si l’océan est pas quelque part une immense flaque de larmes qui s’entretient elle-même en sentant qu’elle partage son sort avec des milliers d’atomes d’eau.

Bref. Tu parles d’une journée.

Mon corps est un poil déréglé par l’émotion, un poil trop chaud, je vois un poil trouble pendant quelques secondes. Rapport au fait que mes larmes se sont évaporées au sens propre du terme. Je me reprends, la chaleur excessive a tendance à pas m’aider à réfléchir. Je me focalise. Ouais, les types, là-bas, d’accord. J’ai eu l’échauffement de l’archipel, je devrais pas avoir trop perdu. Mais... j’ai un peu l’impression qu’il me fait passer devant moins pour des raisons de stratégie que pour me tester. J’aime pas trop ça, j’ai envie de lui balancer une allusion cinglante. Sauf que je suis comme bloquée verbalement par son expression. Alors je laisse tomber l’idée, et je discute pas. Je lui demande même pas de pas faire le con et de venir m’aider si je galère, il serait foutu de prendre ça comme je sais pas, un signe de faiblesse. Je crois pas qu’il soit passé par la marine, il doit penser que dans la vie, on s’en sort seul ou on s’en sort pas. Mais ça va le faire. Vu le temps qu’on a marché, vu le peu qu’on a parlé, j’ai eu le temps de me remettre la tête entre les deux épaules. Et puis, je me le suis mis dans le crâne au moment où je suis partie, où j’ai tracé sur mon visage des peintures tribales pour mieux intégrer l’idée ; je suis une foutue guerrière.

Et j’espère qu’Aimé attendra encore un peu. Je sais pas trop dans quoi je me suis lancée. Au pire, je ferais appel au sens du devoir de Julius pour qu’il m’aide à le retrouver. On verra.

Bon. Dix hommes, sûrement jamais quitté Grand Line vu leurs grandes capes super kitch, qu’on se croirait dans le salon de la commandante Chanelle qu’aimait bien les figurines, avec de grosses hallebardes. Moi, désarmée, juste mon démon et mes réflexes. J’suis pas sûre de pouvoir tous les battre, mais le passage est étroit, et ça manque pas de précipices dans le coin. Et pour me déraciner, il faudra plus qu’un peu d’acier. Un peu d’acier qui vient se caler contre ma paume, que j’ai placée d’instinct pour protéger mon cou. Ma main chauffe brutalement quand je la glisse le long de la lame pour saisir le manche. Le cuir qui le recouvre fume, mais ils ont tous de bons gants. J’ai pas eu le moment de surprise auquel je m’attendais, et les autres me tombent dessus sans sommation.

Ils sont bien de Grand Line : ils font pas de discours avant d’aller dézinguer les gens.

Je m’échappe en lâchant l’arme, j’avance droit contre la porte, baissée, rapide. Surpris par le mouvement, ils se gênent entre eux, et l’idée de laisser tomber les hallebardes pour voir si j’arrive à choper des lames de couteau à main nue leur vient pas à l’idée. Ou en tous les cas, trop tard ; j’ai eu le temps d’en pousser trois dans le vide, vide qui fait un bruit d’eau qui me fait penser que ça ira peut-être pas si mal pour eux. États d’âmes. Ouais. En même temps, je sais même pas à qui je suis en train de m’en prendre. Et sous leurs capuches, j’ai peine à distinguer leurs visages.

Contre la porte, j’ai pas de peine à esquiver les coups. Les trois qui arrivent jusqu’à moi utilisent qu’un seul bout de leur arme, comme s’ils avaient peur de blesser les autres en s’en servant comme d’un bâton. Du coup, ils plantent beaucoup plus la porte que moi (ce qui fait gueuler un mec qui doit être leur supérieur, à l’arrière, et qui essaye vaguement de sonner l’alerte) et j’en profite pour réduire la distance. Et comme au corps à corps avec un machin de deux mètres de long dans les mains, on vaut pas grand chose, je tarde pas à enfoncer les trois suivants dans le sol à grands renforts de doigts dans la gorge, de genoux dans les parties et de béquilles sournoises. Je faisais pas comme ça dans l’armée. Mais j’ai pas mal appris de Grand Line entre-temps. Je me bats comme je marche, légère, souple, et ferme au contact, et je frappe là où ça me paraît le plus facile.

-Dites, vous allez la laisser se démerder, là, vous êtes sérieux ?
-C’est quoi la logique, vous l’envoyez au casse pipe après un gros câlin ?
-Puis pourquoi on nous attaque pas, nous ? C’est parce qu’elle est rousse ?
-Fermez-là.

Les quatre derniers ont laissé tomber leurs armes. Ils se ruent sur moi avec la main dans le manteau, et ça doit pas être pour y trouver une poignée de confettis. Sauf que si. On me jette une putain de poignée de trucs multicolores à la figure, et le mieux, c’est que ça coupe méchamment. Putain. Y’a Julius derrière les gars, pourquoi vous vous partagez pas pour faire équitable ? Avec ces conneries, j’ai vite le visage tailladé, ça saigne, ça m’aveugle un peu, même si là aussi, ça se cautérise tout seul et en moins de temps qu’il me faut pour y penser. Et heureusement, parce que les autres avaient bien des surins dans leur manteaux. Et ils sont vachement plus habiles avec.

Mais du pied, je balance un coup vertical très sec dans le manche d’une hallebarde, qui m’arrive droit dans les mains. Jamais tenu un machin pareil, mais pas besoin d’une formation pour balancer un méchant coup circulaire avec tout le poids du corps. Le premier se prend la lame, pas de chance, et les autres ont droit à un méchant coup de bâton en acier dans les côtes ou les tibias. Et comme ça a l’air de les avoir détendu, je les termine gentiment aux poings, en m’en tirant avec quelques estafilades parce que j’ai esquivé trop juste pour être indemne, mais assez près pour pouvoir entrer dans la garde et détruire tous les plexus à la fois.

Au final, je récupère un couteau, et puis je me ravise. J’aime pas tenir ça face à un Julius qui s’est d’ailleurs mis à avancer vers la porte en marchant plus ou moins entre les blessés et les semi-macchab’. Il m’a pas aidée, et je m’y attendais.

Pourtant, je continue à le suivre. Sans calcul. Juste parce que j’ai vaguement l’impression de pas pouvoir faire autrement.


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Julius regardait Serena faire avec détachement. Il n’avait que peu de sollicitude pour ceux qui portaient des armes. Leur mort ne pouvait signifier rien pour lui. Seuls les innocents avaient de la valeur à ses yeux. Voir la jeune fille mériter sa miséricorde le soulageait d’un poids qui le pesait depuis des années. Elle avait clairement les épaules d’une justicière, à voir si sa moralité allait de pair avec sa force. Il eut un léger pincement au cœur en pensant à ses camarades disparus il y a deux ans à Alabasta. Néanmoins, il se concentra sur ce qu’il y avait à faire. Le jeune homme qu’il avait perçu était en dehors de son champ de détection pour l’instant. Il ne pouvait l’abondonner aux mains de ces hommes même s’il n’avait su de lui que sa détresse. Quant à savoir s’il valait mieux le laisser à la rade, c’était une autre affaire. De toute façon, aucun des hommes allongés sur le sol n’était un ange. Et ils avaient cherché la branlée foutue par la petite.

Julius en repéra un qui avait encore un poil de panache. Une sorte de défi débile dans ses yeux. Il brûlait d’une foi qui le faisait sentir martyr. Tant mieux pour lui. Le chasseur le souleva par le col, sa faiblesse était telle qu’il n’y opposa aucune résistance. Serena l’avait brisé en deux, seule sa farouche volonté de les maudire le maintenait éveillé. Le vieil homme soupesa le corps désarticulé d’une secousse et le ramena au contact de son regard incisif. Il le fixait sans mot dire. Puis, il lui demanda où se trouvait le jeune homme enlevé plus tôt. L’ennemi ne lui répondit pas, il répétait des psaumes dans son esprit. Leur contenu aurait été effarant si Julius en avait quelque chose à péter. Il était parfaitement incapable de lire la localisation de la victime tant ses incantations étaient farouches. Alors, il décida de le porter devant lui et de déduire de ses inflexions s’il suivait la bonne voie. S’il était au-dessus de ses forces de chercher dans sa tête le chemin vers les geôles, il pourrait sans doute déterminer à ses réactions s’il progressait vers son objectif. Ainsi, il mit sur ses épaules le moribond et prit sans aucune explication un escalier en colimaçon.

Il fut suivi sans un mot par ses trois compagnons. Les deux agents louches n’avaient pas fait l’effort d’aider la jeune fille à aucun moment. Ils conservaient leur force clairement dans l’objectif de les larguer au besoin. Julius n’était pas dupe de leur stratagème, mais il était las. Il s’était retrouvé embarqué dans une histoire absurde et était paradoxalement pressé de prodiguer des soins à la jeune fille qui avançait sans se plaindre. Il ne voulait pas lui montrer plus de tendresse avant d’avoir su ce qu’elle avait fait de sa vie. Cependant, il ne pouvait s’empêcher de la percevoir comme son enfant. Il décida de repousser mentalement la résolution de ce conflit moral jusqu’à la fin de cette mission.

Au bout d’une marche qui prit une vingtaine de minutes, ils arrivèrent dans un endroit humide et sombre. Ils devaient se trouver quelque part sous les douves à en croire l’atmosphère, du moins en dessous de leur niveau. Leur prisonnier tenta de se défendre une dernière fois avant de lamentablement crever. Julius s’en délesta sans ménagement et jeta sa cape couverte de sang et de mucus par terre. Il dégaina ses deux épées et défonça une porte en acier d’un coup de pied chargé au fluide offensif. Il sentait deux présences vives là où il avait pénétré. Une jeune fille en tenue d’infirmière pointait une gigantesque seringue sur une femme qu’un homme s’appliquait à attacher. Celui-ci était massif et bâti comme un ogre. La jeune fille sourit en direction des intrus :

« Le culte est toujours ravi d’accueillir de nouveaux membres. »

Sans se concerter, la jeune fille se précipita loin de son patient ficelé jusqu’au trognon. Elle se jeta sur Serena qui éloigna la seringue de justesse avant de lui mettre sa paume dans les côtes. L’infirmière tituba. Sur son flanc désormais découvert, sa peau finissait de prendre une teinte rouge vif. Pendant ce temps, le gars mastoc s’élança sur Julius avec autre chose que de bonnes intentions. Il sortit de son dos une masse d’arme qui allait cogner contre les deux épées du chasseur de prime. Le choc fut terrible, mais rien d’insurmontable pour le vieil homme. Il en avait vu d’autres. Il repoussa son agresseur et se remit en position avant d’apercevoir Serena qui dominait l’infirmière poussée dans ses derniers retranchements. Pendant ce temps, la masse s’élança sans reprendre son souffle au combat. Il était puissant, pas trop lent, mais loin du niveau de Julius. Ce dernier ne fit pas trop traîner l’affrontement et, après une dernière attaque en force de son adversaire, trouva un chemin vers sa gorge. Son épée s’y planta, le sang gicla sur le torse du chasseur de prime. L’ennemi s’affala sur le sol sans un bruit. De l’autre côté de la salle, l’infirmière était désarmée, couverte de blessures et acculée contre un mur. Serena lui porta un dernier coup à la trachée et elle s’évanouit.

Évidemment, aucune aide ne fut apportée par les deux agents. Ils allèrent libérer leur ami qui se révéla être un homme déguisé en femme. Julius avait perçu que c’était un homme quand il se faisait enlever et était assez perplexe devant cette situation. Son étonnement ne dura point et il se reconcentra sur Serena. Elle était essoufflée, mais indemne.

« Bon, on vous a filé votre pote. Il va falloir vous sortir les doigts du cul, maintenant. Je peux vous dire combien ils sont et à quelle distance ils se trouvent. Pas trop loin, c’est vrai, mais ça peut rendre service. Après vous. »

D’un signe de la main, il leur désigna la porte défoncée par ses soins. Il fermerait la marche pour protéger Serena décidément éprouvée.
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L'action fut confuse et on ne pouvait plus rapide. Joëlle fut éjectée à l'autre bout de la pièce pour retomber tristement inconsciente sur le sol. Bien fait pour elle, elle l'aura cherché cette misérable pimbêche à vouloir le piquer avec sa seringue géante. Dieu sait ce qu'elle contenait en plus de ça, sans doute un étrange produit fourni par ces deux vieilles harpies Baba et Yaga. Se dressant d'un bon, Myosotis fut alors assaillit par une toute autre personne qui vint l'enfermer entre ses bras...

- MYOOOOOO-CHOOOOOOOU !

*Hhgnn... *

Le pâtissier blondin se rua droit sur l'objet de son cœur pour ensuite l'enserrer dans bras, lui infligeant un câlin affectueux des plus étouffants. Derrière lui, la fausse princesse réussi à distinguer Lady Scarlett qui regardait la scène, amusée et soulagé de le voir en un seul morceau. Les deux qui avaient maté l'infirmière en deux temps trois mouvement étaient encore là aussi. Un grand homme costaud aux pupilles dorées et aux cheveux d'ivoire ainsi qu'une autre femme aux cheveux auburn, également habillée comme une voyageuse vagabonde.

- Made tu m'étouffes...

- Oow, pardon Myo d'amour ! J'espère qu'ils t'auront pas fait trop mal !!

- Non, tout va bien. Mais ils m'ont volé le Triangle...

- On réglera ça en temps et en heure. L'important c'est que tu sois sain et sauf.

- Qui sont ces gens ? Fit Myo' en désignant les deux inconnus qui avaient vaincu Joëlle.

- Julius et Serena, tes sauveurs. On a droit à un merci ou bien ?

*Ce type est d'un rustre... *

- Et bien...je suppose qu'effectivement vous méritez des remerciements. Merci de m'avoir sauvé. Mon royaume ne vous en sera que...

- Te fatigues pas, t'es un gars, on le sait. Maintenant grouille de nous payer.

- Non mais espèce de...

- Bien sûr voilà ce qu'on vous doit.

Scarlett s'était empressée de pousser Made sur Myosotis et d'avancer vers Julius et Serena, leur tendant une enveloppe pleine de billets. Trente millions, c'était l'argent que leur avait confié le Cipher Pol pour la transaction avec Daphnes. Ils n'avaient pas de quoi payer ces deux mercenaires, ils n'avaient pas le choix. Ils étaient extrêmement puissants et pourraient aisément se débarrasser des trois agents d'un revers de la main. Joëlle était encore vivante, ce qui était plutôt surprenant, ils avaient dû y aller mollo avec elle.

- Hm...Excusez-moi, les dernières heures ont été assez éprouvantes. J'en oublie mes manières.

Mieux valait faire profil bas avec ces deux là pour l'instant, qui sait ce qu'il pourrait se passer si jamais il leur disait un mot de travers. Myosotis savait pertinemment ce genre de choses. Un an passé à jouer les arnaqueurs comme diseur de bonne aventure sur East, North et même South Blue, il en avait vu passer des profils. Et la seule façon de ne rien risquer lorsqu'on se frottait à plus fort que soit, c'était de les contenter et leur faire entendre ce qu'ils désirent. Les gens puissants sont des chats, c'est en les caressant dans le sens du poil qu'ils finissent par ronronner. Julius et Serena avaient aidé à le sauver, collaborer avec eux jusqu'à la sortie du château ne pouvait faire de mal à personne.

- Il faut sortir d'ici à présent au plus vite à présent.

- Ça va pas être une mince affaire, on a déjà dû lancer l'alerte générale dans toute la forteresse. Intervint Serena.

- Surtout que la rouquine et le blondin n'ont pas l'air très concernés par l'entraide...et vous n'aiderez pas sûrement monsieur princesse.

- Détrompez vous darling, répondit Myosotis en souriant. Scarlett est une as de la gâchette, elle ne rate jamais sa cible. Made...euh...est un expert dans son domaine....quel qu'in soit...et moi même, bien que je n'ai pas d'arme sur moi maintenant, peut toujours manier les pouvoirs de mon fruit du Démon.

- Votre fruit ?

- En effet mademoiselle. J'ai mangé le Fruit du Savon. Je suis capable de faire apparaître et contrôler de la mousse pouvant drainer la vigueur de quiconque qui oserait la toucher. Je peux mettre des vagues de ces fidèles au tapis rien qu'en claquant du doigt !

- Ça vous a pas empêché de vous faire kidnapper...

- J'ai baissé ma garde à ce moment là, je l'avoue.

- On devrait pas s'attarder là, ils doivent déjà rameuter la garde par ici. On ferait mieux de se mettre en route.

Sans plus s'attarder dans cette chambre-cellule, le petit groupe s'empressa de ressortir, entreprenant de sortir fissa de cet endroit obscur. Remontant les escaliers quatre à quatre, les trois agents ouvraient la marche, suivis de près par Julius et Serena. Ils entendaient du bruit, des échos lointain qui raisonnaient d'on ne savait où. En haut des escaliers ? En bas ? Le son se répercutait partout sur les murs de pierre, des ordres scandés et des bruits de pas. Il fallait qu'ils se pressent. Ils finirent par débouler tout les cinq dans une grande salle dallée avec de grandes colonnes de marbre, de grandes fenêtres faisant rentrer la lumière. Ils n'étaient pas au bout de leurs surprises...

La grande salle:

- Alors on veut s'échapper, Princesse ?

- Endymion. C'est pas vrai...

Évidemment, il fallait qu'ils se fassent intercepter...Endymion se tenait face à eux, fier, entouré d'une nouvelle vingtaine de garde armés jusqu'aux dents. Aux côtés du grand maître des lieux, se tenait un autre homme encapuchonné de bleu, arborant un plastron d'armure des plus luisants. Il tenait dans sa main une lance des plus impressionnantes. Respirant fort, il avait l'air empli d'adrénaline et prêt à foncer sur eux. Endymion pointa le groupe d'un doigt vengeur.

Le champion de la forteresse:

- Tuez les, que la princesse reste en vie.

Myosotis s'empressa de glisser à ses compagnons :

- Nous trois on se charge du type à la lance et des gardes, on vous laisse vous charger d'Endymion.

Un bref signe de tête de Julius et Serena puis les gardes s'élancèrent vers eux. La dernière ligne droite, la bataille pouvait commencer.
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