AAZAR
• Pseudonyme : Le Gourou.
• Age : 23 ans
• Sexe : Homme
• Race : Humain proclamé homme-poisson
(précisé dans l'histoire)
• Métier : Gourou / faux voyant (charlatan)
• Groupe : Pirate
• But :
Devenir un vrai voyant, être capable de tout anticiper/prédire.
Rendre sa secte la plus influente que possible.
Nettoyer la planète de la faiblesse et l'empathie (Religion).
• Fruit du démon ou Aptitude que vous désirez posséder après votre validation : Enorme influence / intelligence hors norme.
• Équipement : Un encensoir.
• Parrain : Non.
• Ce compte est-il un DC ? Non.
• Si oui, quel @ l'a autorisé ? ...
• Codes du règlement :
Devenir un vrai voyant, être capable de tout anticiper/prédire.
Rendre sa secte la plus influente que possible.
Nettoyer la planète de la faiblesse et l'empathie (Religion).
• Fruit du démon ou Aptitude que vous désirez posséder après votre validation : Enorme influence / intelligence hors norme.
• Équipement : Un encensoir.
• Parrain : Non.
• Ce compte est-il un DC ? Non.
• Si oui, quel @ l'a autorisé ? ...
• Codes du règlement :
Description Physique
Rares sont ceux qui entre physiquement en contact avec le gourou, toutefois, si par hasard vous en aviez la chance, votre rencontre devrait se dérouler de cette manière.
Grande sont les chances qu’il vous apparaisse durant la nuit, sous la pluie, ou dans un lieu sombre. Il est comme un animal rare, c’est une chimère, un démon. Vous ne le voyez pas encore, mais lui sait tout sur vous. Non vous ne le voyez pas, pas tout de suite. Néanmoins vous devriez entendre au loin un étrange cliquetis, vous l’entendez ? C’est son masque. Sur les deux lumières circulaires qui simulent ses yeux, il y en a une qui grésille à longueur de temps, l’ampoule est défectueuse, et les grésillements qui en émanent répètent sans arrêt une mélodie vraiment insupportable pour vos oreilles, c’est tout le temps la même chose, au début elle vous bousille le crâne, puis vous vous y habituez. Cependant, une fois que ces cigales électriques ne représentent plus un calvaire, voilà que s’y mêle son épouvantable toux aigüe, comme si cela ne suffisait pas. Le pire dans tout ce brouhaha, c’est que vous serez amenés à vous faire du souci pour lui plutôt que pour vos oreilles. De son côté, Aazar a pris l’habitude de dire qu’il s’agit là de simples démangeaisons buccales, bien que son état ne se soit pas amélioré depuis plusieurs années. En réalité, il se refuse obstinément l’intervention d’un médecin.
Là vous arrivez nez-à-nez avec lui. C’est un homme assez mince, une caractéristique qui sort directement du lot, il n’y a qu’à voir ses bras. Toutefois, qui dit peu corpulent ne dit pas nécessairement décharnée, de manière générale Aazar se vit dans un corps athlétique et souple. Bien malheureusement personne ne pourra profiter de sa musculature élancée, la moindre parcelle de peau étant intégralement recouverte de bandelettes, l’on croirait voir une momie tout droit sortie d’un film, heureusement, d’autres tissus viennent habiller l’ensemble par-ci et là. L’on ne peut facilement deviner ce qu’y si cache, sous ces bandages. En réalité, ils abritent une véritable armada d’écailles et de petites nageoires, le gourou étant pourtant loin d’être un homme-poisson, leur présence est ici due à une ancienne greffe, effectuée suite à son intention d’appartenir à la race des hommes-poisson. Il considère ces derniers comme étant sa véritable famille (voir histoire).
Une seconde couche de tissu vient recouvrir le tout. C’est un petit haut à capuche, sans manche, d’une couleur bleu nuit évoquant le mystère et le mysticisme. Il se prolonge à l’arrière et à l’avant, jusqu’aux genoux, comme deux longs étendards. Un terme qui d’ailleurs représente bien la deuxième fonction du vêtement puisqu’en effet, comme souvent sur ce type d’objet, l’on y distingue un symbole relatif à son appartenance communautaire. En l’occurrence ici : le culte du néant (représenté ci-contre).
Sa taille et ses cuisses sont bazardées, badigeonnées, de chiffons en charpie aussi déchiquetés que les voiles d’une épave. Plus bas, ses mollets sont protégés par d’imposantes bottes de cuir et de fer forgées. Malgré leur poids non négligeable, la démarche du gourou n’en est pas moins gracieuse et impériale, quoique quelque peu pesante. Simplement, ne vous reposez pas bêtement pas sur sa route, Aazar a la fâcheuse habitude de tout démolir lorsque ses récurrentes crises de toux retentissent. Dans ces moments, le gourou en est aussi irrité que sa gorge.
Sur son visage, le fameux masque, d’une forme assez singulière, et peinturé de longs traits droits et sombres autour des yeux. L’orifice oculaire gauche est au centre du même symbole qui figure sur son torse. Le droit est quant à lui, traversé d’un unique trait vertical, comme s’il s’agissait d’une longue griffure d’animal. Et bien qu’aucune créature de ce monde n’ait de griffes cubiques, l’on devine qu’il s’agit vraisemblablement ici de l’effet recherché. La dernière particularité de son visage métallique est que sa voix y ressort plus robotique, ce serait d'après lui "pour faire peur aux enfants". Quand le charlantan se montre, pour aller en ville par exemple, ou dans tout autre lieu publique, il cache son étrange apparence sous un large manteaux marron, très semblable à celui du moine.
Description Psychologique
L’on pourrait, facilement définir Aazar en englobant toute l’essence de chacune de ses décisions, presque toutes étant suscitées par son implacable envie de devenir un puissant divinateur. Son destin semble néanmoins mal engagé. Aazar n’est pas un voyant et n’est l’élu d’aucune prophétie. Il n’a aucun don, n’entend aucune voie, n’a rien d’inné. Il pense seulement que la clairvoyance s’obtient et s’affine. Toutefois rien est sûr. Alors fatalement, le jeune homme redoute par-dessus tout de ne jamais devenir ce puissant divinateur. En fait, il n’existe nulle jouissance intérieure capable de soustraire ses pensées de cette crainte obsessive, son âme est malade d’appréhension ; elle est rongée, ardente, séquestrée, tourmentée. Elle brûle sans cesse, crépite comme une braise, rêvant d’être un jour consumée. C’est une hantise, un feu. Il donnerait tout et n’importe quoi pour pouvoir prévoir l’avenir.
Aazar est un gourou du culte du néant (voir histoire). Les textes sacrés relatifs à ce culte prétendent que le Néant, l’absolu non-être, est le créateur de tout. Il aurait, suite à une soif de complexité, créé un univers tendant à être de plus en plus complexe. Les plus complexes entités connues à ce jour seraient l’homme et ses dérivés, plus complexes que l’animal, que le végétal et le minéral, c’est à eux maintenant de complexifier la vie. La meilleure manière d’y parvenir, c’est d’évoluer. Evoluer requiert de s’adapter, qui requiert le désir de survie, qui requiert le besoin d’être plus fort que les autres, ce qui, engendre le conflit, puis la guerre. C’est cette dernière qui indirectement mène à la complexité. Ces axes directionnels qui, progressivement complexifient l’univers, sont décrétés inconsciemment aux êtres vivant par l’intermédiaire d’émotions et d’addictions telle que la colère, la haine, la jalousie, ou encore la peur, la faim, la soif de pouvoir, l’amour etc. Toutes les espèces doivent faire ce qu’elles sont instinctivement, chimiquement, naturellement incitées à faire ; ne doivent écouter ni leur morale, ni leur conscience, ni la tolérance et l’empathie. Finalement, c’est en voulant atteindre son propre bonheur que l’on complexifie l’univers de manière viable. Néanmoins, s’apercevant que l’homme et ses dérivés étaient en proie à la morale, l’empathie, et devenaient de plus en plus faibles, le néant créa des fruits aux pouvoirs extraordinaires, ainsi qu’un mystérieux fluide que les hommes nommèrent « haki », tous deux destinés à ranimer la guerre et le conflit. L'objectif d'un néantiste est donc d'éliminer le faible et l'empathique pour parvenir à cette même finalité.
Le néant ne dénonce pas l’hérésie, sa quête n’est pas impérialiste, il n’encourage pas l’inquisition. Cela peut s’expliquer notamment par le fait que les adorateurs du néant sont potentiellement leurs propres pires ennemis, conformément à leur politique très martiale. Et puis, ceux qui reconnaissent le néant sont automatiquement des individus qui convoitent la puissance et le pouvoir, les faibles en sont exclu systématiquement, par les lois de la sélection naturelle. La plèbe doit servir, ou mourir. Tout le monde ne peut pas intégrer la secte, inutile donc de chercher à convertir n’importe qui.
En attendant d’avoir accès au sixième sens, le gourou se focalise en premier lieu sur la propagande et l’agrandissement de sa secte. C’est un génie de la manipulation et un meneur naturel, doué d’une prestance éblouissante, disposé à vous faire croire n’importe quoi. Les gens tombent d’accord avec lui sans s’en rendre compte, il cause à votre subconscient, lui injecte ses pensées, vous en fait boire à la bouteille. Il vous vassalise, vous endort. C’est une arme religieuse massive, une langue de Dieu, un maître de l’influence, toutes ses paroles semblent d’évangile, tant il est charismatique. Les gens lui obéissent d’instinct et le servent. Si personne n’est en mesure de faire la différence entre Aazar et un vrai mystique, c’est parce que personne n’oserait même douter de lui. C’est ici que réside sa véritable force.
En fait, bien qu’Aazar ne soit pas un vrai divinateur, il est incapable de respirer un autre oxygène que le celui-là. Il s’intoxique à l’encens dans de modiques tantes, inhale sans cesse toutes ces odeurs de fumée, biaisées à celle des cartes de voyance flétries, jaunies, dans lesquelles il tente de lire votre avenir. Il tente de lire l’avenir dans absolument n’importe quoi ; dans des boules de cristal, dans du thé, de l’eau, les nuages, les rêves, même dans les mains de vos enfants, et leurs pieds aussi ; tout y passe. Il se concentre pendant des heures, réessaye encore et encore, exécute rituels et mantras. Il imite le voyant, adore le voyant, se déguise en voyant, vie voyant ; mais voilà, le schéma se répète, il n'est sujet à aucune vision et entre, comme à son habitude, de nouveau, dans une folie meurtrière, confronté au fait : il n'est pas ce voyant.
Aazar trimballe un masque, nul n’échappe à la curiosité devant un tel objet. Vous vous êtes aussi posé la question. Pourquoi ce masque ? Alors ce masque, il abrite en réalité un impressionnant dispositif électronique, mis au point par le meilleur ingénieur des Crampus Pirates, et semblable à une radio. Un programme interne s’éternise à rechercher une certaine fréquence d’onde, celle du néant, perceptible par les autres mystiques. Il pourrait ainsi artificiellement prédire l’avenir. « La fréquence d’onde du néant » est en fait un autre nom pour désigner ces voix qu’un manipulateur classique du « Haki empathique » (ou « mantra ») est en mesure d’entendre puis d’interpréter. C’est une étape plus qu’importante dans sa religion que d’obtenir cette couleur du haki et d’en avoir le contrôle. Au juste, un nombre conséquent de RP sera réservé à son obtention et aux répercutions que cela aura sur sa psychologie, étant donné qu’il s’agit là d’un des objectifs principaux du personnage.
Quand cet incongru adorateur de Dieu ne s’isole pas dans ses murs pour méditer, il déverse son excès zèle sur tout ce qui bouge. Son entourage fait souvent les frais de son impatience et ses énervements à répétition. Ils viennent du fait qu’Aazar n’accepte pas l’échec. Le comble. Etant donné qu’il ne fait qu’échouer dans sa quête spirituelle, sans cesse. C’est frustrant. Son Dieu ne lui parle pas, nul ne sait s’il le fera un jour, alors l’autre s’emporte et entre en rage, dévaste tout ce qui se tient en travers de sa route. Personne n’y échappe. Finalement qu’importe, car la colère et l’envie sont deux émotions vivement incitées par le culte du néant. Le problème ici, c’est qu’il s’en réconforte dans sa tendance à tuer des innocents et être un véritable monstre, auquel cas, il n’éprouve aucun remord à faire preuve de cruauté. Aazar n’hésite pas à infliger d’horribles sentences à n’importe qui lui poserait problème, en son nom et celui du divin, déverser la crainte et l’horreur à toutes échelles. C’est même tant mieux si des innocents sont tués, les faibles meurs comme ça, l’univers se complexifie davantage, et tout ça grâce à lui ! Il espère qu’en continuant comme ça, peut-être, le néant lui concédera une attention particulière.
Aazar stipule la chose suivante : il est nécessaire que certaines vies soient avortées, au profit de futurs générations plus fortes. C’est tout. Il ne faut en aucun cas confondre cette attitude avec du sadisme, bien différent du manque d’empathie. Aazar ne jouit pas du malheur des autres, simplement, nul ne doit y limiter son bonheur et sa soif de pouvoir. Encore une fois, ici, force est d’admettre que cette philosophie constitue un vrai réconfort à son profond manque d’empathie. Il ne se soucis guère de la morale, mieux encore, s’en soucier constitue un vice pour sa politique de vie.
Personne ne voit son visage. Car quand bien même le gourou ôterait son masque, grandes sont les chances qu’il soit à l’abri des regards, dans sa tante ou dans l’obscurité. Il s’y sent ravivé. Aazar préfère opérer dans l’ombre, n’aime pas être vu. Il intervient à l’extérieur essentiellement par l’intermédiaire de ses fidèles. Ils sont ses hommes de mains, mais aussi d’yeux, d’oreilles et d’arme ; le gourou est totalement dépendant de ses sbires, en fait presque tout son pouvoir est tourné autour d’un système de domination-subordination. D'ailleurs il n'est pas rare qu'ils soient envoyés au charbon à sa place pour faire le sale boulot, et si l'occasion s'y présentait, il n'hésiterait pas non plus à sacrifier leur vie pour son compte. Son influence est telle que plus d'un n'y aurait même pas résisté. Pour ça vous pourrez toujours lui reprocher d'être un lâche et une ordure, il répondra à cela que les faibles doivent servir leur maître, kit à en mourir. Les plans de Dieu seraient ainsi faits.
Voilà, sinon Aazar aime la pluie et les bestioles un peu bizarre, le plus grosses, complexes et impitoyables possibles. Il s’adonne souvent à étudier les différents mécanismes de défenses dont la nature a su imaginer. Pour ces mêmes raisons, le gourou respecte beaucoup les inventeurs.
Biographie
Les moyens d’Orlane Aazarux lui avaient permis d’offrir à son enfant, toute une gamme d’attentions que peu d’autres familles ne pouvaient se permettre à Bux-Island. Les fêtes d’anniversaires du petit Lenny Aazarux étaient attendues par tous les enfants du quartier. Il n’aurait été que peu étonnant ici, d’entendre demander à Orlane de refaire davantage d’enfants, juste pour pouvoir jouir d’une soirée d’anniversaire supplémentaire. Il y avait tout pour satisfaire le gamin. Des clowns sur échasses, des ballons multicolores, des acrobates enflammés, une multitude de structures ambulantes. Tout, tout et tous étaient au rendez-vous. Tout, mais surtout : Ksenia la magicienne, la grande illusionniste, le clou du spectacle.
Tout juste âgé de onze an, Lenny avait pris l’habitude d’être au carrefour des regards durant ces vifs festoiements. Après tout, quoi de plus normal que d’être l’épicentre de son propre anniversaire ? Peu de chose, il est vrai. Mais il fallait reconnaître qu’en addition à cela, le gamin était muni d’un charisme peu commun pour son âge et semblait déjà en connaître les ficelles. Pourtant ce jour-là, les regards de la magicienne ne cessaient de se heurter au sien, et avec une insistance inhabituelle. Lenny s’en sentait défié. Il était pour lui évident que Ksenia convoitait sa notoriété. Elle voulait prendre sa place en usant de ses pouvoirs, devenir l’idole de ses petits camarades, déchoir le king de son trône en paquets cadeau. La bouffonne des lieux essayait de s’emparer des sujets du roi, et ce n’était pour Lenny, pas un comportement digne de celle censée amuser son hôte. Alors, le récent souffleur de bougies attira la malintentionnée loin des regards affutés, lui enfonça un cure-dent à la cuisse, puis il provoqua sa victime, bien plus âgée, du regard, cette dernière souriait de toutes ses dents malgré la profonde blessure. Ksenia fut inexorablement fascinée par la présence d’esprit de Lenny, par sa méchanceté gratuite. Nul n’avait été si peu intimidée par elle. Elle distinguait une angoissante carence d’empathie chez le garçon. C’était quelque chose qui l’attirait, par intérêt déjà, mais plus précisément sentimentalement et même sexuellement.
La virilité dont tout le monde parle, reflète en réalité la capacité d’un individu à être un chef de meute, à dominer ses congénères. Souvent, ce potentiel se manifeste par la force physique de son détenteur, c’est sa forme la plus instinctive et significative. Un individu imposant est naturellement plus disposé à devenir un dominant. Ksenia de son côté, était très sensible à toutes ces petites choses bien plus profondes que l’apparence physique, moins instinctives, qui retranscrivent malgré tout le caractère dominant d’une personne. Ces petites choses que tout le monde perçoit mais sans toutefois savoir l’expliquer, à savoir ici, l’admirable instinct de domination de Lenny, refusant en dépit de son infériorité physique, à tous prix qu’une personne prétende à sa position de chef. La faiseuse de tours déjà savait quel genre d’homme le fils de bourge tendait à devenir, celui qui plus tard, tirerait plus de ficelles en vingt années que Donquixote Doflamingo dans toute sa vie.
D’ailleurs, elle comptait bien profiter des talents en termes de prestance de Lenny pour concevoir sa prochaine escroquerie. Il est vrai qu’elle ne cessait de voir en lui, toutes les caractéristiques d’une bonne poule aux œufs d’or. Sa première idée fut d’en faire un gourou charismatique, avec un système de grades payants. La paire s’était alors logiquement expatriée sur Inari, la terre des religieux et des sectes. Là-bas, les riches touristes pouvaient échanger leur propre sœur en échange d’une dimension plus spirituelle qui viendrait se conjugueur à l’omniprésent superficiel de leurs joyeuses vies. Mais pas tous les fortunés se sentent responsables d’être superficiels, d’ailleurs, ce n’est pas une faute. Le tout était ici pour Lenny, de leur faire croire à la popularité d’une pseudo tendance anti-superficielle. Il fallait faire croire à ces patrons de société que l’avoir ne faisait pas intégralement l’être, et que ce dernier pouvait être alimenté par la spiritualité. Ainsi ils pourraient se défaire de leur sale réputation, un peu comme les serpents abandonnent leurs mues.
Lenny s’attela merveilleusement à la tâche durant cinq années consécutives, c’est un escroc inné. Accompagné de son aimante tutrice, pas moins sournoise, ils furent à deux la lèpre d’Inari. En fait les deux tourtereaux firent carrément fortune. L’emprise du récent adolescent sur ses fidèles était tel qu’ils l’aidaient à arnaquer les suivant, sans même qu’eux-mêmes ne se soient douter d’avoir été manipulés, par d’autres manipulés avant, et ainsi de suite. Sa compréhension du cerveau humain dépassait tout ce Ksenia n’avait osé imaginer, tout le monde obéissait au doigt et à l’œil à cet insignifiant pré-pubère.
Finalement, il devint un symbole de la clairvoyance à Inari, puis dans tout North Blue. Sa secte personnelle se consacrait d’un autre côté à l’escroquerie, et une petite équipe était affectée à un travail d’espionnage. En seulement quelques mois, Ksenia avait majestueusement su former le gamin au métier d’imposteur. Et, bien que quatorze années séparaient les deux individus, elle en était aussi maladivement amoureuse.
Lenny n’était pas des gourous qui se recouvraient de plumes multicolores ou de lugubres toges noirâtres pour paraitre plus excentrique que le commun des vivants. Non, le mec se pointait ici les mains dans les poches, en sweat à capuche. De ce fait la marine crut à maintes reprises avoir à faire à un cas classique de marchand de contrebandes, loin d’eux l’idée d’une entourloupe de nature intangible que celle d’un gourou spirituel. Et puis, après un temps, les gens faisaient tout simplement confiance au petit prodige d’Inu Town. En fait, la confiance des gens n’était qu’un début car aussitôt, c’est la marine qui justement se mise à surveiller l’hameçon avant de bondir dessus.
Alors, à l’âge de dix-sept ans et dorénavant connu sous le pseudonyme de « Aazar », Lenny devint consultant pour la marine. C’était lui le type en position lotus au fond d’une pièce privatisée, le jeune mystique, aidant la marine à anticiper les tactiques de leurs cruels adversaires, toujours au gré des bénignes caresses de Ksenia. Il y avait quelque chose qui toutefois allait entraver les plans du drôle de couple ; l’implication d’Aazar dans ces missions au profil héroïque se transformait en obsession. C’est-à-dire que le méchant voleur s’était attaché à son rôle de justicier de l’ombre.
Peu à peu, il commençait à n’avoir d’yeux que pour le bien et la justice, pour son karma et pour la paix. Tant et si bien qu’un jour, la moitié de ses fidèles comprirent que leur apport ici ne servait qu’aux intérêts de la marine, et que le gourou avait été perverti par ses propres démons. Puis en un instant, la garnison d’Inari transféra d’urgence Aazar au QG de North Blue. En effet, un redoutable ennemi venait tout juste de faire surface, posant d’irrémédiables maux à la marine. Celle-ci, comptait sur les dons du charlatan pour mettre un terme aux agissements de ce virus, un équipage d’homme-poissons, les Crampus Pirates. Rapidement, il proposa un nombre improbable de pistes à la marine pour arrêter ce fléau : absolument aucune.
La diminution de l’effectif d’espions au sein de ses fidèles n’était pas là l’unique raison de son incapacité, non. Il avait l’impression que l’ennemi anticipait absolument toutes ses directives et que, tout ce qu’il découvrait au sujet des pirates n’était à chaque fois que l’infime partie d’un énorme leurre, le file d’une gigantesque toile de manipulation. Inévitablement, tout semblait se refermer sur lui. Aazar ne pouvait alors plus nier la vérité : il faisait face à son Némésis, plus malin que lui. Car oui, par-dessus tout l’idée qu’une personne puisse être plus habile que lui dans son domaine transformait sa vie en cauchemar.
Lors d’une opération annexe à celle des Crampus Pirates de la marine requérant la coopération du jeune gourou, chacune des cibles concernées s’étaient volontairement suicidées. Oui, un suicide collectif. Non en vain, ici, toutes étaient tatouées du message : « craignez Les Crampus ». Une mise en garde, simple, un classique.
Sauf que, avant sa mort, l’un des hommes à terre changea d’avis et rompit son pacte de silence en bafouillant quelques mots aux marines sur place. D’après leur rapport, l’individu en question suffoquait davantage de peur que de ses blessures. Avant de trépasser, son dernier désir était de faire entendre ce message : « Aazar. Ne t’éternise pas à affronter Beobacht, il n’est pas comme toi. Ce n’est pas un manipulateur, un espion, ni même un scientifique. Lui il voit l’avenir, que tu le veuilles ou non, il le voit. La voyance existe. Aucun talent naturel ne saura jamais atteindre le surnaturel ».
Plus sujet au doute que jamais, tourmenté, Aazar n’en crut néanmoins pas un mot. Il se demandait toutefois comment ce Beobacht avait su qu’il n’était doué d’aucun don de clairvoyance. Il tissa alors de multiples théories, avec toujours ce même fil conducteur qui stipulait que Beobacht n’était pas un voyant lui non-plus, mais un excellent manipulateur. Pour Aazar, C’était une certitude. Du moins ce, jusqu’à ce qu’un Lieutenant de la marine vînt en face lui apprendre une autre nouvelle.
La nouvelle : suite à de multiples crises de folie, Ksenia fut envoyé en cellule psychiatrique. Grâce à la pression d’Aazar sur la marine, les menaçant de ne plus mettre ses services à leur disposition si sa maîtresse n’était pas relâchée, elle le fut, à ses risques et périls.
Ksenia était en effet devenu complètement hystérique, elle suppliait son protégé de ne plus intervenir dans cette affaire, affirmant à tue-tête que les pouvoirs de ce Beobacht ne pouvaient être égalés par de simples mortels. Mais alors alimenté par son éternel besoin d’être au somment, Aazar ne l’écouta guère. Il mit en œuvre l’intégralité de son génie et des moyens mis à sa disposition pour localiser son rival.
L’opération fut un succès, mais à première vue seulement car encore une fois, chaque avance sur son rival qu’il s’appropriait ne s’avérait finalement être qu’une partie du plan de ce celui-ci. Et à mesure qu’il tentait d’apporter des explications cohérentes aux incroyables prévisions de Beobacht, il commençait à douter de tous ses axiomes sur l’inexistence d’un sixième sens, tellement l’exactitude de ses prémonitions dépassaient l’entendement. Face à son désarroi, comme Ksenia avant lui il devint fou, malade, psychologiquement instable ; rien ni personne n’aurait su le raisonner.
Aujourd’hui les Inariens vous décrieront Aazar comme quelqu’un de souffrant. Loin d’eux l’idée d’avoir tous les jours croisés celui qui, pris de folie, allait torturer puis assassiner l’intégralité de ses partisans, convaincu qu’une taupe y faisait le miel de son rival. Au bout du compte, force était de constater qu’aucun de ses fidèles n’était allié à Beobacht. Il avait eu tort. Mais il y avait fort à parier que cet assassinat avait été provoqué par ce dernier, volontairement, pour amener Aazar à ne plus remettre son nez dans les affaires des Crampus Pirates. Bien sûr, c’est ce qu’il pensait. En fait, l’idée même rendait la situation encore plus affolante. C’était inconcevable, agitant, trop frustrant.
Mais alors, pourquoi Beobacht ne tuerait-il pas Aazar directement, plutôt que de sans cesse vouloir l’apeurer ? C’est une question à laquelle le gourou tentait de répondre. Il avait plusieurs pistes. La plus probable d’entre-elles avançait que Ksenia était en réalité Beobacht ; car elle était avant tout une manipulatrice exceptionnelle, mais aussi la personne la plus proche de lui. Tout convergeait en sa direction, sauf que, Aazar ne voulant pas reproduire ses erreurs et succomber à ses excès de zèle devenus bien trop récurrent, il ne s’attaqua pas directement à elle. Du moins, pas avant d’avoir rassembler toutes les preuves nécessaires. Une manière pour lui d’avoir l’impression de contrôler quelque chose dans ce non-sens.
Au final, Beobacht vint tout simplement rencontrer Aazar dans la cantine de la garnison d’Inari, sans impunité, aucune. Il se pointa là comme une mouche venue becqueter quelques miettes. Beobacht, c’était un homme-poisson, un diseur de bonne aventure, auto-proclamé prophète et prêcheur du Dieu « néant ». Il dit en vouloir personnellement à Aazar, pour avoir chaque jour bafoué le don de clairvoyance, souillé la spiritualité, escroqué les croyant. Mais aussi, il prétendit nier sa part de responsabilité dans l’assassinat des fidèles de Aazar, d’après lui, ce dernier était le seul coupable de ses morts. Beobacht n’était pas en cause de sa folie meurtrière. L’homme-poisson qui se tenait là mit cartes sur table et répondit à toutes les questions du gourou. Il prônait la guerre, la perversion, la compétition, l’évolution, la haine, le plaisir, l’écoute de l’instinct et des envies naturelles.
Contre toutes attentes, l’autre fit séduit par l’ennemi, lentement, au gré de ses paroles. Aazar se prit soudainement d’intérêt pour les textes prophétiques relatif au Dieu néant. Il supplia Beobacht de tout lui apprendre sur le sujet, d’en faire son bras droit, il voulait devenir un vrai voyant lui aussi. L’autre ria à en perdre haleine, en effet c’était risible, être un voyant tenait de l’ordre de l’innée ; ça ne s’obtient pas la clairvoyance.
Encore des propos qui ne plurent pas au prodige d’Inu Town, bien au courant des réelles raisons de son refus. C’était un homme-poisson. Les conflits communautaires étant largement encouragés par le culte du néant, il n’allait donc rien apprendre à un humain, non, il n’allait pas coopérer avec une sous-race…
Pas de soucis. Aazar cassa sa tirelire pour se greffer écailles et nageoires, les recouvrant de milles bandelettes médicinales. Il tua Ksenia de sang-froid malgré son amour, puis présenta sa tête à Beobacht, jurant sur le maître du néant qu’il considérerait à partir d’aujourd’hui sa propre race comme étant celle des hommes-poisson. Il n’avait qu’une idée en tête, le pouvoir, il voulait être touché par la grâce, choisi, être l’élu d’un dessein divin. Il en avait assez de faire semblant, d’être une coquille vide. C’était l’arroseur arrosé. Celui qui profitait du sentiment de superficialité des hommes pour en faire son business, celui qui autrefois échangeait sa fausse spiritualité contre la fortune du crédule, il troquait maintenant tout son être et ses richesses pour en avoir un peu, de cette spiritualité, et de ces fenêtres donnant sur l’autre monde, l’intangible, le surnaturel. Oui savoir qu’il n’était ni un élu, ni choisi, ni exceptionnel, ça le rendait d’autant plus fou, malade, vert de rage.
Devant tant d’efforts, Beobacht prît finalement Aazar sous son aile, avouant à ce dernier que leur différence de race l’en avait toujours empêché, malgré l’intelligence surréaliste du garçon. Toutefois cela ne suffisait pas à Aazar. Il vomissait à même l’idée d’être comme les autres, c’était impossible, le néant devait à tous prix reconnaître sa valeur, rapidement. Alors il revînt sur Inari après un détour sur Bux-Island, son île natale. Il revînt, en compagnie de sa mère, peu enthousiaste de suivre son fils dans ces rassemblements d’hommes-poisson. Il alla se tenir à côté du trône de Beobacht, devant ses acolytes à lui, Beobacht, mais dorénavant les siens aussi, à Aazar. Là il fit pendre sa génitrice au milieu des yeux effrayés de ces puissants êtres écailleux. Pour chaque âme assistant à la scène, c’était comme si vous vous adonniez à écouter un étranger et qu’en ouvrant les oreilles, il emplissait au karcher votre crâne de flammes noires, de sanglots hurlant la peine du monde, de noirceur et d’incertitude ; vous faisait regretter d’avoir pu un jour prendre la vie au second degré. Devant tant de barbarie, même les plus braves cœurs implosèrent.
Pourquoi avait-il tué sa mère ? Juste pour faire entendre à ces brutes, qu’il était une brute lui aussi. Puis il fit découvrir ses bras un instant, laissant visible ses implants d’écailles et de nageoires, afin d’affirmer son appartenance aux hommes-poisson. Enfin il enfila son nouveau jouet : un masque, mis au point par le meilleur ingénieur des Crampus. Un masque façonné à partir de métaux légers, destiné à rechercher la fréquence d’onde émise par le néant via une radio intégrée, faisant de Aazar un véritable voyant, quoiqu’un peu rafistolé. Inutile de décrire plus bas les corps tétanisés, et les peaux transpirant d’effroi, effroi auquel chacun devait pourtant aspirer.
En 1625, la disparition du Boru Bodur à Inari fait dégringoler son petit business. Il profite donc de cet évènement pour s'exiler en mer et commencer à répendre son culte à travers les Blues.
Test RP
« Je retourne sur l’bateau moi, j’vous laisse la carte… voyez m’sieur j’peux pas faire ça au capitaine, c’est d’la trahison, vous comprenez m’sieur ?
- Sasha écoute-moi, ton aide pour voler la carte nous a été extrêmement précieuse, tu ne partiras pas d’ici sans prendre ta part du gâteau.
- Non m’sieur gardez c’te carte pour vous, un trésor ça peut pas remplacer des frères d’armes.
- Un cadet ça fait tout pour ressembler au frère aîné. C’est un modèle, une idole ! Sur ton bateau là-bas, l’équipage t’envie, c’est une émotion différente de bien des manières, Sasha. Ils seraient prêts à t’écraser sans hésitation pour être meilleur que toi, s’ils en avaient l’occasion. Ton capitaine, c’est la même chanson, sais-tu seulement pourquoi il t’enfonce autant ?
- Mon capitaine, il veut juste pas que j’sois égoïste avec les gars. C’est vrai qu’j’ai souvent tendance à les cogner pour rien.
- C’est une nécessité pourtant. Tu sais pourquoi les louveteaux jouent en se bagarrant ? Une manière pour eux d’apprendre à chasser, mais aussi de connaître le plus forts de la portée, celui qu’ils devront suivre ensuite, quand leur père sera devenu trop vieux. Le capitaine est comme votre père, mais il redoute que tu prennes sa place aussi tôt. Voilà pourquoi il te néglige tant et ne se contente pas d’être simplement juste. »
Une larme se jette sur sa joue, maintenant c’est sûr, je l’ai dans la poche.
Sasha, c’est le petit prodige d’un modique équipage pirate. Je suis passé sur leur navire, pas plus tard qu’hier, faire rapidement mes tirages de cartes et m’en foutre plein les fouilles. Mais il y a eu cette chambre, ses lits, sa moquette, et l’hospitalité du capitaine. Ce dernier me proposait une couchette confortable, au piètre prix de mes services de divinateur. Un deal vous apparaissant plus que convenable quand comme moi, vous dormez au Pyrotel, un petit hôtel de l’île assez bien indiqué par son nom. Il me tardait de quitter cette auberge, où le papier peint a meilleur goût que le déjeuner. Et puis… Et puis il y a eu Sasha, et la carte au trésor aussi. Elle est tombée entre mes mains par hasard, après que ma boule de cristal ait roulé jusqu’à sous le lit du Capitaine Rododron, et que mes mains aient croisé cette carte en voulant récupérer l’objet sphérique. Un cylindre de verre vitrifiait le précieux parchemin, un scellement empêchait son accès et seuls quelques membres avaient main sur la clef, Sasha faisait partie de ceux-là. C’est à ce moment que m’est venu l’idée de manipuler le pirate pour l’embobiner dans mes fourberies.
Plusieurs techniques de manipulations sont efficaces, la plus adéquate pour ce cas-ci est de corrompre une personne en lui promettant un accès à plus de pouvoir. Par exemple ici : la bailler belle à Sasha en lui faisant croire que quelqu’un ou quelque chose bride son réel pouvoir, à savoir là le capitaine Rododron. Toutefois ce n’est pas tout, j’ai dû en parallèle lui imposer une autorité, qui d’apparence ne réprimerait pas son pouvoir, en lui proposant notamment la moitié du trésor, si trésor il y a. Par conséquent, Sasha nous pense à pouvoir égal, relativement au fait symbolique qu’il empoche une « moitié » de butin. Ma réelle emprise sur lui s’est faite majoritairement par mes tournures de phrases très égoïstes, et qui ne proposent aucune possibilité pour lui d’émettre son avis. Il polarise ses actions autour de mes envies. Son subconscient ne lui induit même plus de méditer sur mes mots, il m’appartient ; son corps est l’extension du mien. Maintenant son cerveau est modulé pour obéir à ma voix, c’est un état intermédiaire à l’hypnose.
Je prends soin de faire émerger en lui davantage de tristesse, de creuser dans ses émotions, qu’il laisse sa bonne conscience sur compte. Nous nous dirigeons au Pyrotel par manque de solutions, le temps de décortiquer la carte et de se mettre à la chasse au trésor. La nuit est tombée, les airs robustes de Sasha ne l’empêchent pas d’être tourmenté par sa situation et d’en faire des cauchemars. D’ailleurs il se réveille une fois de plus en sursaut, il aurait, dans son rêve, aperçu Rododron et ses hommes en train d’encercler l’hôtel. Sa couardise commence à me mettre à bout de nerfs. Je me dirige de sang chaud vers la fenêtre, ouvre brusquement le volet en criant « Regarde ! Il n’y a personne devant l’hôtel… ». Dehors, seules les étoiles crachaient leur feu à nos rideaux, nul pirate armé jusqu’aux dents n’est venu pour nos têtes. Je rabats le contrevent défraîchi, retourne vaquer à mes occupations nocturnes. Mais c’est à peine si ma main découvre la poignée qu’un boulet de canon traverse la pièce d’un bout à l’autre. Sans esquisser la moindre réaction, j’observe l’obus volant frôler le lit de mon partenaire, pris de panique. Un court silence, puis cet énorme brouhaha extérieur, entre les braillements et les tirs de revolvers, on peut entendre un tissu de menaces. « Sales traitres, descendez ! », « vous êtes cernés », tant d’expressions qui commencent à valoir le calme de mon partenaire. Du coin de l’œil j’aperçois ce dernier filer vers la fenêtre, à toute allure. Il veut aller s’y frotter. Sa frénésie semble le posséder, je n’en attendais pas moins, toutefois dans l’immédiat, j’ai d’autres plans pour lui. J’avorte alors sa démente course en le saisissant par ses larges guenilles, il tombe à terre sèchement. Je sens coincé entre mes doigts un lambeau de son vêtement, là une idée m’apparait : faire une arme incendiaire artisanale. « On va faire un Cocktail Molotov Sasha, pars chercher une bouteille dans la cuisine. » Mes paroles lui transpercent à nouveau l’esprit, il s’exécute, se précipite vers une pièce adjacente ramener le récipient plein de « bierraubeurre ». Même hors d’haleine, le pirate ne peut s’empêcher d’y extirper une goutte d’alcool. Je le pousse aussitôt, il tombe à terre. Ça me laisse le temps d’allumer le chiffon imbibé d’éthanol, et de dépêcher le destin de cette bouteille en contre-bas. Je la lance. Ma respiration est virulente au point qu’il m’est impossible de distinguer l’explosion, mais sur les murs des dartres rouges grandissantes me laissent penser qu’elle ait bien eu lieu. Je m’accapare de l’occasion pour prendre l’escalier vers le toit, toujours avec Sasha, notre fuite se fait rapidement, mais force est de constater qu’elle nous mène là dans une impasse, il n’y a plus aucune issu sur le toit. Les pirates sont encore abasourdis par la déflagration, hélas, ils ne sont pas les seuls à nous poursuivre ; partout approchant l’hôtel fourmillent bourgeois et paysans, ils sont à nos trousses. C’est sûr, Rododron a dû mettre nos têtes à prix.
Cinquante personnes m’encerclent, moi je suis enfermé là, avec le bras droit de leur commanditaire, sans aucune issue possible ; l’équation n’est pas simple à résoudre, et le temps pour méditer me manque. Alors en un moment, j’empoigne le flingue de Sasha et le dirige vers sa tempe… « laisse-toi faire » lui dis-je calmement. Il n’a guère d’autre choix que d’obéir, il se laisse faire.
J’avance à pas distrais vers le bord du bâtiment, demande à Sasha de leur dire de ne pas tirer.
« N’tirez surtout pas ! C’est moi… dit-il alors.
- Sale traite ! Enfoiré !
- Calmez-vous, c’est moi qui l’ai obligé de m’accompagner. Maintenant votre ami est mon otage, laissez-moi partir et je lui laisse la vie sauve. C’est simple, réplique-je. »
Une courte trêve de bruit, et de nouveau, l’ouragan de vociférations et de cris masculins reprend place. Toutefois, l’un des villageois venus pour la prime mise sur nos têtes n’a pas entendu mon offre d’une bonne oreille ; l’impatient charge puis décharge ses munitions sur nous, par reflexe je me sers de Sasha comme d’un bouclier, le corps du pirate encaisse intégralement la pluie de balles. Troué, j’abandonne celui-ci au vent, il dévale les quelques étages en chute libre, comme un miteux avion de papier, jusqu’à se fracasser au sol. Le choc retient la moitié des spectateurs en sourdine, puis une dispute éclate entre le reste du peloton.
« Pourquoi t’as tué mon gars ! Qui t’a dit d’tiré ! hurle Rododron au tireur.
- Lâche-moi gros lard, c’était aussi une cible lui, réplique l’autre.
- Idiot. »
Rododron dévisage le misérable, semble se forcer d’agrandir son corps pour pouvoir le regarder de haut, puis il déploie vers lui son arme, d’un mouvement lent et courbe, en bombant son torse comme un coq. Il hésite mais abat finalement l’assassin ; tandis qu’une dispute générale éclate entre villageois et pirates, je profite de l’émoi ici-bas pour descendre à l’étage inférieur de l’hôtel. Ils n’ont rien remarqué. Je défonce violemment une porte et cambriole la chambre désertée par son occupant en entendant la poudre se consumer à quelques mètres du bâtiment, comme tout le monde ici. Enfin je dérobe quelques vêtements dans l’armoire, ainsi que d’autres parures plus précieuses. J’enlève mon masque, saisis mon ancienne tenue d’une main, celle de fortune de l’autre, puis les frictionne entre-elles pour badigeonner la dernière du sang de Sasha. Finalement j’éponge le premier tissu rougeâtre qui me tombe sous la main contre mon visage, pour l’occasion découvert de ses bandelettes. Me voilà repeint de sang et incognito, ou du moins, je l’espère. Je me presse jusqu’à l’étage rasé par le boulet des pirates, mes prédateurs vocifèrent de plus en plus fort, je les entends gravir les escaliers tandis que j’arrive entre ces murs saccagés. Des porcelaines sont éparpillées sur le tapis bleuâtre, et il y a un perroquet, un gris de Gabon, éviscéré au sol. Maintenant c’est à mon tour de mourir.
Je m’essaye au possible à la mort, expérimente différentes positions. Je suis dans la cabine d’essayage des cadavres, j’enfile des peaux défraîchies, me maquille de sang, me dandine timidement jusqu’à me sentir dans la bonne position quand on est un mort ; la seule chose que je redoute, c’est qu’un inconnu tire le rideau et que j’aie l’air encore vivant.
Un premier pirate entre dans la pièce avec ardeur, il regarde ma fausse dépouille et repart sans crier gare. Un second se pointe, lui préfère partager sa curiosité ; il invite tous ses camarades à venir grouiller dans cette pièce, et me tripoter comme un vulgaire morceau de viande, n’ont-ils pas de respect pour les morts ? Le premier m’ayant aperçu pointe à nouveau le bout de son nez.
« Allez, c’est fini la comédie ! »
Il me jette mon masque en plein visage, de toutes ses forces, je ne peux m’empêcher de sursauter avec la douleur. Rododron s’invite enfin au spectacle. Celui qui a découvert mon masque s’agenouille juste devant moi et remonte ma manche, mettant à nu mon réseau de bandelettes. Je reste bouche bée, tout s’est passé si vite.
« Vous en connaissez deux des momies Capitaine ? pas moi…
- Emmenez-le, ordonne Rododron à ses subordonnés. »
Pendant ce temps là je ne tente rien, ne dis rien ; je conserve mon énergie et mes mots pour pouvoir me libérer le moment venu, à un moment plus opportun si ce dernier se présente, car ici tout le monde veut ma peau.
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Dernière édition par Aazar le Lun 16 Mai 2016 - 1:41, édité 9 fois