Suite des événements joués ici.
***
Il avait sa propre cabine, on le saluait quand il passait devant ses hommes qui briquaient le pont jusqu'à le faire briller, et personne ne lui disait si il avait le droit ou non d'aller fureter dans la salle des canons. Enfin, après treize années de piraterie et plus de trois mois passés sur Grand Line, le cafard était maître de son propre vaisseau. Maintenant, les voyages en monoplace ne relevaient plus que de l'histoire ancienne.
Avec vingt hommes sous ses ordres, la belle vie l'attendait, bien qu'il se doutait qu'il ne devait surtout pas se reposer sur ses lauriers. Ayant lui aussi été matelot à bord de nombreux navires pirates, il savait que la mutinerie guettait le capitaine à chaque contrariété touchant l'équipage. Le tout à présent était de trouver le juste équilibre entre une conduite digne d'un meneur capable de se faire respecter par ses hommes et la conduite d'un tyran qui instillerait la peur dans leurs coeurs. Afin de se prémunir d'une mutinerie éventuelle, il fallait à la fois susciter l'affection et la crainte à travers tout l'équipage. Ce serait un travail de longue haleine qui nécessiterait d'utiliser successivement de la carotte et du bâton à l'encontre de son équipage.
- Capitaine, je sais que je suis trop souvent après vous, mais il vous faut déterminer qui sera votre second à bord.
Zujo, chasseur émérite, avait vaguement fait connaissance avec son cafard de capitaine la veille en quittant Karakuri. Sachant pertinemment qu'il était le plus digne d'une telle position, il venait assurer sa position de premier matelot sans pour autant la mendier.
Alors que Joe était penché avants-bras sur la rambarde de la proue du navire, il réfléchissait tout en scrutant l'horizon qui se profilait devant eux. Sa première décision majeure en tant que capitaine ne devait pas être choisie à la hâte. De son choix dépendrait l'administration de la vie à bord.
Se tournant en direction du pont, contemplant à nouveau ce portrait jouissif qu'était celui d'une vingtaine de membre d'équipage travaillant sous ses ordres, il s'adressa à eux.
- Votre attention messieurs !
De la vigie jusqu'aux cuisines, le silence se fît. Depuis qu'ils étaient à bord, le forban n'avait fait que leur déléguer leur tâche à tous pour déterminer les postes à bord. Venait maintenant une question plus cruciale.
- On ne se connait pas, et je remédierai à ça bien assez tôt, vous pouvez en être sûr. Malgré tout, il me faut un homme pour me seconder.
Posant une main lourde sur l'épaule de Zujo qui était à ses côtés et qui fut surpris de tant de familiarité de la part d'un capitaine qui lui avait paru si froid et désintéressé au premier abord, le choix du forban était fait. À vrai dire, Joe n'était ni un meneur chaleureux, ni un capitaine distant. Il était ce qu'il avait besoin d'être, adaptant sa personnalité selon les circonstances. L'essentiel afin être respecté pour lui impliquait devoir tromper son monde, car rien, absolument rien de respectable n'était à relever dans sa personnalité.
- Zujo m'a l'air de faire l'affaire, aussi, je vous demande votre aval pour valider mon choix. Toux ceux en faveur de Zujo second en chef, je veux entendre un "Hay" !
Et tous à bord hurlèrent "Hay" de bon coeur. En réalité, leur aval, le cafard s'en foutait. Mais leur donner l'impression qu'ils avaient leur mot à dire était bon pour le moral. Jamais il n'y aurait la moindre forme de démocratie à bord, l'illusion de la démocratie suffirait. Déjà, le forban commençait à tromper ses hommes.
S'il avait choisi Zujo comme second, c'était d'abord parce qu'il était celui qui lui avait fait la plus forte impression, il dégageait de lui une certaine prestance ainsi qu'une autorité naturelle, mais surtout, s'il l'avait choisi pour le seconder, c'est parce qu'il avait compris qu'il était le membre le plus estimé de l'équipage. Ainsi, l'aura de son second se répercuterait sur lui, facilitant son emprise sur ses hommes.
On aurait pu croire que vingt homme à bord pourraient être assimilés à des amis, mais Joe ne croyait pas en l'amitié. De par son expérience, il savait qu'il pouvait y avoir des affinités, des alliances qui se nouaient selon les intérêts, mais rien de plus. Si il voulait le soutien de ses hommes, il ne comptait pas sur leur affection, mais plutôt sur sa propension à les manipuler dans le sens de leurs intérêts. Certains meneurs dirigeaient leurs hommes de par leur aura, lui préférait s'en remettre à son arme de prédilection : la sournoiserie.
Dernière édition par Joe Biutag le Sam 30 Avr 2016 - 9:30, édité 1 fois