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Enfin arrivés sur l'île la plus basse parmi les plateformes flottantes, le second en chef lâcha laconique :
- Joli village.
D'un regard adressé à Zujo, le cafard se demanda si au fond, ce dernier, derrière son armure d'impassibilité quasi constante n'était pas un grand sentimental. Car ayant lui même contemplé le pittoresque village qui se présentait à eux, il ne trouva aucun commentaire à faire. Il s'y essaya néanmoins afin de répondre à son bras droit.
- Ça doit bien brûler tout ça.
On passait du lyrisme au macabre. Sur cette île automnale, où les feuilles d'arbres jaunies tapissaient le sol, étaient dressées une vingtaine de chalets constitués en rondins de bois. La vie semblait paisible en ces lieux. Tous les habitants semblaient aimables à s'échanger des sourires. Il fallait croire que la vie loin de l'urbanisme prédisposait davantage à la gentillesse.
Se frottant les mains pour réchauffer ses doigts, le forban trouva qu'il faisait assez frisquet. Ainsi vêtu dans son épaisse parka, le froid ne le gênait aucunement, mais il avait été si habitué aux îles estivales ces derniers temps qu'il fut surpris d'être confronté à une telle différence de degré. Tandis que Joe scrutait chaque habitation, se demandant ce qu'il pouvait y avoir d'intéressant à piller, Zujo, qui l'avait accompagné levait le nez, scrutant les autres îles volantes qui les surplombaient.
- Rends-toi compte capitaine. Strong World possède différentes îles de climats différents, tu imagines un peu ce qu'on peut chasser là bas ?
Si tous deux avaient un certain intérêt en commun pour les armes à feu, le cafard ne partageait pas la passion de la chasse de son second, se contentant de hausser les épaules. Afin de tâter le pouls de cette singulière plateforme sur Grand Line qui regorgeait de mystères, le cafard décida d'aller s'installer avec son camarade dans un restaurant.
L'heure de déjeuner était passé, il serai bientôt seize heure. Tous deux commandèrent un café bien frappé, ils n'avaient pas eu beaucoup de sommeil du fait de leurs manigances de la nuit dernière. Leur dégaine sinistre ne semblait pas rebuter les habitants. Sans doute étaient-ils habitués à voir des pirates dans le coin et ne s'en inquiétaient pas. Après tout, il n'y avait pas grand chose de valeur à subtiliser par ici, et surtout, sur des îles flottantes il était difficile de s'enfuir avec un butin sans que les issues pour atteindre les quais en aval soient bloquées.
Sirotant son café après avoir consciencieusement observé les environs par la fenêtre du restaurant où ils se trouvaient, Joe soupira.
- Rien d'intéressant à piller dans le coin. On tente une autre île pour voir si on a plus de chance ?
Zujo, bien qu'aussi intrépide que son capitaine se voulait néanmoins plus prudent. Collecter des informations sur les spécificités de chaque île s'avérait plus raisonnable que de voyager à l'aveuglette.
Quelque chose attira l'attention de Joe qui semblait ignorer les conseils du chasseur qui le secondait.
- T'as vu ça Zujo ? Les barrières qui séparent ce village du reste de l'île s'étendent à perte de vue.
C'était pour le moins curieux. De gigantesque remparts en bois de cinq mètres de haut, où des signes indiquant une charge électrique étaient placardés tous les dix mètres, étaient érigés pour isoler le village.
Quand on prenait de telles mesures de sécurité, c'était que quelque chose de remarquablement intéressant se trouvait de l'autre côté. Il n'en fallait pas plus pour le forban.
- Va falloir qu'on jette un oeil de l'autre côté, y'a sûrement de quoi faire fortune.
Zujo n'était pas aussi optimiste que son capitaine.
- De quoi faire fortune ou nous faire trouer la peau. Laisses moi me renseigner là dessus avant.