- - Je dirais qu'il me reste moins d'une heure. Qu'est-ce que tu comptes faire?
- Capturer la personne responsable de tout ça, aujourd'hui.
- Hm, et tu te penses prêt ?
- Plus que jamais.
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L'atmosphère était agréable. Chaude, lumineuse, humide. Tout du moins les premières secondes. Ensuite l'air poisseux vient nous entourer comme un voile de fumée et donne l'impression de s'enfoncer dans le sol. Un sol grisâtre couvert de cendres et de pierres volcaniques qui s'effritaient à chaque pas.Un cours d'eau passait à quelques mètres. D'étranges poissons gigotaient en éclairant la rivière. J'arrivais en face de la cabane, en bois bien entendu. Ce serait assez ironique que la bâtisse d'un bûcheron soit en pierre. Un petit ruban rouge était accroché à la poignée. Pas de doute, c'était la bonne. J'entrai, sans toquer.
- Hé ! Gamin, on t'as jamais appris de pas rentrer chez les gens ? En particulier sans leur accord ?
C'était un barbu. On s'en serait douter, les bûcherons sont toujours barbus dans les livres. Une histoire de virilité. Il était brun, de taille normale. Un homme tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Sauf que contrairement à n'importe qui, il possédait des informations. De bonnes informations.
- - La lanterne se meut dans le noir.
Ses yeux se mirent à me lorgner d'une toute autre façon. Il se leva, reposant le verre de vin qu'il sirotait tranquillement sur son siège à bascule et s'approcha de moi. J'aimais pas ce regard.
- - Alors c'est toi l'agent qu'ils ont envoyé ? J'savais pas que le Cipher Pol recrutait chez playmobil.
Pas de bol pour lui. J'étais sur les nerfs depuis mon entraînement avec Curious. Et à l'inverse de mon instructeur, ce type là n'était pas mon supérieur. Alors je l'ai chopé à la gorge et je l'ai encastré dans son immonde parquet. Là encore, une nouvelle émotion apparut au fond de ses deux orbites : la peur. Je lui aurais bien enlevé un œil, pour la forme, mais j'avais besoin de lui pour le moment.
- - Crache tout. Vite.
- L... le type est ici. Je l'ai vu accosté... c'est tout ! Il est pas reparti depuis.
- Le détachement de la marine.
- Ils sont passés, il y a u-u-une semaine... environ. Et puis ils ont disparu dans la forêt à l'ouest du mont !
- Disparus ? Toute une escouade ?
- C'est pas les seuls ! Tout le monde évite la zone où ils sont partis, surtout les bûcherons me dit-il en pointant du doigt une carte clouée contre le mur en face de lui. Ceux qui sont allés trop loin ne sont jamais revenus. On est comme assommé quand on s'approche trop. C'est... c'est la vérité.
C'est particulièrement compliqué de mentir quand notre vie ne tient qu'à un fil, et je doute qu'un indic de seconde zone ait ce genre de capacité. Pourtant, son histoire ne tient pas debout. Comment un seul homme pourrait couvrir une aire aussi grande. A moins qu'il ne soit pas seul. La mission risquait d'être plus épineuse que prévue.