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- Allez cap'taine soyez pas pute faites tourner !
D'un violent coup de coude, le cafard recadra un de ses hommes d'équipage trop familier à son goût. Le bougre ne lui en voulut pas plus que ça, bien qu'ayant le nez en sang, il avait suffisamment d'alcool dans l'organisme pour atténuer la douleur.
C'est que l'ambiance était à la fête sur le vaisseau. Une semaine que les Blattards étaient arrivés sur Strong World, Joe avait fait rapidement le tour des îles flottantes mais, compte tenu de la situation géographique de l'île, savait que piller quoi que ce soit était trop compliqué, la fuite d'une île à l'autre étant quasi impossible si on bloquait les issues reliant les plateformes volantes.
Finalement, le capitaine avait fini par se décider à rester auprès de ses hommes. Zujo récupérait seulement de sa blessure lors de leur affrontement avec Volvota et sa créature. Quant aux hommes, ils avaient passé leur temps à picoler et s'adonner à la débauche la plus totale.
Pendant ce temps, le cafard avait dû vendre les quelques poignées en or volées chez le docteur Volvota. Avec l'argent, il avait pu acheter des provisions, des voiles, des bandages et surtout de l'alcool. Les trois cent mille berries restants, il les avait laissé à ses hommes pour passer comme généreux. Mieux il les amadouerait, plus facilement il pourrait tricher sur les partages de butin à l'avenir.
Euphorique devant cette somme dérisoire, les hommes avaient insisté pour rendre hommage à leur nouveau capitaine en organisant un sauterie à bord du vaisseau. Bien que réticent, Joe avait fini par accepter.
Putains et liqueurs furent livrées à bord pour une nuit de détente. Mieux valait pour les hommes qu'ils profitent de leur temps de repos lors des haltes sur les îles car leur capitaine ne leur ferait pas de cadeaux une fois en mer et serait intraitable. Sa stratégie était la suivante "Les faire trimer à bord, leur laisser quartier libre à terre". Le pacte social à la mode pirate en somme.
Si Joe en était venu à frapper l'un de ses hommes, c'était parce que ce dernier était venu fureter autour de sa récente acquisition : un Dial qu'il avait volé chez le docteur il y a quelques jours de cela. L'ayant activé, ce dernier n'avait eu aucun effet. Le forban devait le charger avec quelque chose mais il ne savait pas quoi.
- Alors ce Thunder Dial ?
Zujo, torse recouvert de bandages sortit du dortoir pour s'asseoir à côté de son capitaine en bon second qu'il était.
- Il n'est pas chargé.
Après avoir vidé en un rien de temps une pinte de bière volée à l'un des hommes à table sans doute trop occupé à comater ou batifoler, le chasseur eut une idée de génie.
- Eh bien faut le charger capitaine.
Devant le regard acéré que Joe lui adressa, Zujo compris qu'il l'avait contrarié.
- C'est vrai que les sources d'électricité stables, ça manque. En tout cas, l'avantage avec les Thunder Dials, c'est que comme les Flash Dials, une fois que ce qui doit être enregistré est enregistré, ça reste pour toute la vie sans avoir à recharger.
Scrutant le dispositif qu'il tripotait sans arrêt, Joe trouva un moyen d'occuper ses trois prochains jours avant que le Log Pose ne soit rechargé.
- Demain je partirai à la recherche d'une source électrique. En attendant, il faut que je me remplisse la panse et que je me vide les couilles.
Langage fleuri comme à l'accoutumée, le forban qui se défoulait pourtant rarement d'habitude profita de l'instant présent, vidant le reste de sa pinte et sifflant l'une des filles de joies payées pour égayer la petite sauterie à bord. Il n'était pourtant pas très porté sur la chose, mais il était humain malgré lui et se devait par moment d'assouvir certains appels de la nature.
Dernière édition par Joe Biutag le Jeu 19 Mai 2016, 07:33, édité 1 fois