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première chasse

L’ombre était immobile depuis longtemps, et elle commençait à souffrir du froid. D’autant plus que le crachin qui tombait doucement depuis quelques heures commençait à transpercer ses habits. Mais elle ne bougerait pas. Elle attendait. Le vent se leva un instant, juste assez fort et assez longtemps pour soulever les pavillons des navires qui mouillait devant elle et qui tanguait doucement, au gré du ressac. Quelques éclats de voix dans la taverne, en-dessous d’elle. Elle eut un espoir, mais personne ne sortit. Elle continua sa garde immobile et silencieuse. Ses muscles commençait à se plaindre et ses yeux à se fermer, mais elle ne quitta pas un instant des yeux la porte de la taverne. Du bruit, encore. Une bagarre. Elle s’était déroulée et sans fini que sa proie ne daigne sortir. Elle a bien eu un espoir lorsque les perdants sont sortis en pestant, mais non. L’ombre attendra encore.

Ses yeux s’étaient fermés un instant, alourdis par le froid et la fatigue. Elle les avait rouverts brusquement quand elle avait réalisée, et soudain, il était là. Sa proie. Trois personnes l’accompagnaient. Elle était trop haute et la faible lumière de la lune ne suffisait pas pour lui permettre de bien voir, mais à entendre les voix, l’une d’elle était une fille, les deux autres des hommes. Tous armés, si elle se fiait aux crissements métalliques qu’elle entendait. Ils s’étaient dirigés vers un petit voilier, et quelques minutes plus tard les voiles avaient commencés à se lever. Bien. L’ombre était descendu de son poste d’observation d’un Geppou encore incertain, qui suffisait juste à la faire planer.
Elle avançait tranquillement. Sa proie ne se doutait de rien et n’avait aucune raison de se presser. Bouger vite aurait été le meilleur moyen de se faire repérer. Et elle n’avait pas beaucoup de gout pour les périphéries gratuites. Comme elle s’y attendait, le navire avait déjà jeté les amarres. Elle avait traversé la jeté sans pressée et était entrée doucement dans l’eau, sans faire plus de quelques rides, qui s’étaient vites confondus avec les vagues. Sa nage avait était moins silencieuse qu’elle ne l’aurait souhaité, mais personne ne l’avait entendu. Elle avait rattrapé sans difficulté le bateau qui manœuvrait pour sortir du port et s’était accroché en dessous du bastingage, contre la coque. Et dire qu’elle se plaignait de la pluie quelques minutes plus tôt… Et encore une fois, elle attendit. Trop de monde sur le pont pendant les manouvres. Trop d’yeux indiscrets qui pouvaient la surprendre avant qu’elle ne soit prête. Oh, ils sauraient qu’elle était là. Ils le sauraient et ils le regretteraient. Mais ils ne devaient pas le savoir avant qu’elle ne le veuille.

Elle attendit. Longtemps. L’eau était froide et l’heure tardive, mais le moment n’était pas encore venu. La lune poursuivait sa course désespérément lente et le voilier sa paisible avancé. Finalement, l’ombre en eu assez d’attendre. Elle se hissa souplement sur le pont. L’eau qui gouttait de ses habits résonnait à ses oreilles aussi fort que des coups de canon. Elle ignora le bruit et continua, tranquillement à avancer. Elle était au milieu du pont quand elle se figea. Des voix. Elle n’avait pas attendu assez, ils étaient encore réveillés. Une, deux, trois voix. Elles provenaient de la cambuse. Une cambuse qui n’offrait aucune fenêtre dans sa direction. Le dernier était probablement au gouvernail. L’ombre eu un sourire. Elle allait devoir changer ses plans, mais la chance restait avec elle.
Une chambre qui, sur terre aurait été plutôt petit offrait en mer une cabine plus qu’acceptable. Un lit deux places, une banquette en face du hublot, un coffre prêt du mur, un bureau et la chaise qui allait avec… Une petite chambre tranquille. L’ombre se fondit dans les ténèbres de l’endroit, parfaitement immobile, et elle attendit pour la dernière fois. L’ombre s’appelait Persé.
    Quelques minutes plus tard, la porte s’ouvrit sur la cible et la fille. Il n’avait aucune information sur la deuxième, mais le premier était le chef d’une bande de dealer d’Inari. Il dépendait de la famille Tempiesta. Une petite proie, tout compte fait, sans véritable importance. Mais vue que lui-même n’était encore qu’un CP de seconde zone qui devait faire ses preuves, ça avait paru à ses supérieurs comme la solution idéal, d’autant plus qu’ils avaient décidé de diminuer l’influence de la mafia, sans pour autant la faire tomber. Fallait dire que c’était pratique, des individus louches qui peuvent servir d’excuse dès que quelque chose de pas très nets se produisait dans le coin, si vous voyez ce qu’il voulait dire. L’idée était simple. Il le récupérait, lui faisait cracher tout ce qu’il savait, et le bateau n’arrivait jamais à destination.
    « Tiens ? De l’eau… Bah, sans doute une vague. »
    L’espace d’un instant, Persé avait cessé de respiré. Il avait fait une erreur. Mais l’esprit humain ne peut pas concevoir l’inconcevable. Qui donc irait faire de tels efforts pour s’en prendre à un petit chef minable ? Son esprit avait donc cherché une explication logique, sans imaginé un instant quoi que ce soit d’autre. Le couple passa devant lui sans le voir et s’installa sur la banquette, lui tournant obligeamment le dos. Ils commencèrent à se faire des mamours en regardant l’océan, éclairé par la lune. Si c’était pas mignon. Il les laissa profita encore quelques instants,  histoire qu’il se concentre tout à fait sur leur tâche.

    Il s’avança, à pas feutrés des amoureux. Trop occupé à regarder la houle, ils ne le virent pas s’avancer. Il endormit la fille d’une pression du pouce sur la nuque, et elle tomba sur l’épaule de son amant. Celui-ci tourna la tête, la regardant avec une sourire attendrit. C’est alors qu’il l’aperçut du coin de l’œil. Il se retourna brusquement et commença à ouvrir la bouche. Cette fois, Persé ne s’embrassa pas de savantes pression du pouce et l’étala d’un direct dans la tempe. Bougeait trop, ce con. Il saisit quelques paires de menottes, baillons et autres qu’il avait pris avec lui  et s’en servit pour les attacher. Des menottes aux mains et aux pieds, un bâillon et un bandeau sur les yeux. Il prit la chaise et la plaça au milieu de la chambrette, puis assit l’homme dessus. La femme, elle resta sur la banquette, elle y serait aussi bien. Il ne remarqua pas le petit escargophone, perdu au milieu des coussins, boutons enfoncé.

    Il sortit tranquillement de la cabine, se baladant dans les coursives à la recherche du dernier homme. Le barreur, il s’en occuperait en dernier. Un interrogatoire en règle pouvait prendre plusieurs heures et un navire pouvait sacrément dériver pendant ce temps-là. Ce qui pouvait vouloir dire plusieurs jours de navigation pour retrouver son chemin dans cette immensité. Et comme pour arrêter un voilier il fallait descendre l’ancre et ferler les voiles, sa manquait un peu de discrétion. Il finit par trouver celui qu’il cherchait, endormis étalé sur sa couchette. Il ne se réveilla même pas quand il l’entrava. Presque trop facile. Il remonta sur le pont, après l’avoir ramené avec les deux autres, et attendit tranquillement que le bateau passe près d’un haut fond.

    Quand, au bout d’une rapide demi-heure ils approchèrent d’un endroit qui lui convenait, il descendit tranquillement jusqu’au barreur, les mains littéralement dans les poches. Il ne pourrait pas passer par derrière cette fois-ci, donc à moins qu’il ne dorme, il devrait y aller frontal. Il s’avança dans la pénombre vers le barreur bien réveillé, qui l’invectiva en le voyant arriver :
    « Hey, déjà la relève ? C’est passé vite cette nuit. Mais… attends…. T’ES QUI, TOI ?! »
    Un crochet à la tempe mit fin aux interrogations de sa victime qui n’avait même pas eu le réflexe de lâcher le gouvernail.


    Dernière édition par Persé le Dim 22 Mai 2016 - 14:03, édité 1 fois
      Il était prêt pour la danse. Sa proie toujours assise, les autres sur la banquette. Il récupéra le dormeur, et constata avec surprise qu’il ne s’était toujours pas réveillé. Avec un petit sourire, il sortit sur le pont, prend l’un des seaux qui traine, l’accrocha à une corde et le rempli de l’eau de mer. Quand le liquide glacé se déversa sur lui, il tenta de se relever d’un bond, mais les liens rendirent sa tentative plutôt pathétique. Il devina sans les voir les yeux qui s’écarquillaient, la bouche qui cherchait à s’ouvrir. Il le saisit sans ménagement par le col et accrocha ses menottes à une lampe murale, en face de l’objet de sa mission, et s’en désintéressa aussitôt. Il arracha le bandeau et le bâillon de sa proie. Il allait pouvoir commencer.

      Il balbutia, cligna des paupières, surpris et éblouis par le soleil qui s’était levé entre-temps. Il faut dire qu’il avait décidé de faire une sieste avant, histoire d’être en forme. Et pour éviter de perdre en crédibilité, avec ses habits trempés, il avait allégrement pillé la penderie de son hôte. Très tranquillement, il récupéra, dans le sac étanche qu’il avait pris soin d’emporter, un pistolet. Il ouvrit le barillet et fit glisser les balles dans sa main.
      « Tu connais la roulette russe ? Non ? Pas grave, je vais t’apprendre les règles. Tu vas voir, c’est pas compliqué. Je mets une balle dans le pistolet, comme ça. Ensuite je fais tourner. On ne sait plus où la balle se trouve maintenant. Je vais poser des questions, et chaque fois que ta réponse ne me plaira pas, je poserais le canon ici, sur la tempe d’un de tes amis, et j’appuierais sur la détente. Tu vois ? C’est pas compliqué. »
      Le petit chef avait passé son discourt à cligner des yeux, essayant de comprendre ce qui se passait. Une fois qu’il avait compris ce qui se passait, la haine et la terreur s’était disputé ses yeux. Il ouvrit la bouche et cracha son venin, mais ses yeux qui roulaient dans leur orbite démontraient mieux qu’un discourt que sa belle assurance n’était qu’illusion.
      « Non mais t’es qui, pauvre con ? Et qu’est-ce que tu me veux, d’abord, putain ? Tu penses vraiment me faire peur, avec tes aires de gros dur ? Libère-moi et je te monter ce que la force veut dire ! LIBERE MOI ! »
      Persé l’avait écouté d’un air distrait. Et ce fut d’air tout aussi détaché qu’il répondit :
      « C’est moi qui pose les question. Mais je vais répondre, afin que tu comprennes un peu mieux dans quel pétrin tu t’es fourré. Moi, personnellement, je ne t’intéresse pas. Mais tu intéresses mes chefs. Ils veulent des réponses. Ils les veulent vraiment. Alors moi, je les obtiens. Aussi simple que ça. Quand à ce qu’ils veulent savoir… Tout. Les planques, les noms, les acheteurs, les fournisseurs, les contacts. Tout. »
      L’autre s’était tut, le temps d’assimiler le tout.
      « Bon, première question. Ton nom ? »
      Il manqua de s’étrangler.
      « PARDON ?! Non mais quel espèce d’incapable tu es pour faire un coup comme ça sans te renseigner un minimum ? »
      « Un exécutant. »
      Il leva sa main d’un geste souple.
      « NON ! ATTEND ! Luc Reyhington. Voilà, t’es content ? »
      Il abaissa l’arme sans répondre. La question n’avait eu pour seul but que de le dénigrer et de diminuer son importance. En lui refusant son nom, il lui refusait sa condition d’homme.
      « Bien, Luc. Au fait, peut-être que ton ami, voudrait parler, lui aussi ? »
      Il retira le bâillon, tout en parlant. Les yeux eux, restaient bandés. Il en aurait besoin plus tard. Le bâillon ne l’ayant en rien empêché d’entendre, il réagit aussitôt.
      « Ne lui dit rien. On est tous prêt à donner notre vie pour toi. Connaitre ton nom, c’est déjà trop pour un chien de son espèce. »
      Les paroles avaient étés criées. Hurlées avec agressivité. Persé sortit le deuxième pistolet qu’il avait amené, celui qui était pleinement chargé, et tira dans le pied de se prisonnier si peut coopératif.

      Il cria. Il hurla à s’en déchirer les cordes vocales. Son teint avait brusquement pali et de lourdes gouttes de sueur. Luc rua dans sa chaise, tenta de réagir, mais les liens étaient trop solides. Au bout de longues, lorsque le cri finit par s’éteindre, il lui jeta un regard assassin. Il serra les dents, luttant visiblement pour ne pas l’insulter. Il commençait à le craindre. Bien.
      Comme si il ne s’était rien passé, il avait repris tranquillement :
      « Donc, qui sont tes fournisseur ? »
      « Va te faire foutre ! »


      CLIC
        Ils avaient pali en voyant le pistolet se pointer sur la tempe de l’otage et le doigt serrer la gâchette. Ce dernier était pris de tremblements incontrôlables. C’était une chose de se dire prêt à mourir, une autre d’affronter la mort. Les yeux hallucinés, ce petit monsieur Reyhington se mit à l’invectiver :
        « Espèce d’enfoiré ! Tu es prêt à tuer juste par ce qu’on te l’ordonne ? Est-ce que c’est vraiment faire de ta vie ? Devenir un assassin sur demande ? Un tueur à gages ? Espèce de CHIEN ! »
        Il s’arrêta un instant pour reprendre son souffle.
        « Oui. »


        CLIC


        Luc s’arrêta de respirer, son ami était aussi pâle qu’un fantôme. Sa proie lui jeta un regard haineux et tenta de se jeter sur lui, mais sans succès.
        « Une chance sur quatre, au prochain coup. Mais dit-moi, qui est un enfoiré, au fond ? Celui qui fait son travail, ou celui qui refuse de sauver ses amis ? »
        La colère tordit son visage
        « COMME SI ON AVAIT LA MOINDRE CHANCE DE S’EN SORTIR ! COMME SI TU N’ALLAIS PAS NOUS TUER DES QUE TU AURAS CE QUE TU VOUDRAS !
        - J’ai bien peur de ne pas pouvoir te laisser la liberté, c’est vrai. Mais les autres peuvent encore s’en sortir. Eux n’ont pas vus mon visage. Je ne risque donc rien à les laisser en vie. Ils ne sont qu’un moyen, pas une fin. Eux peuvent vivre. »
        Les mots firent mal. Très mal. Tout à coup, son combat devenait vain, inutile. Tout à coup, il devenait responsable. Et cette responsabilité était accentuée par l’impassibilité de Persé. Il n’était pas victime d’un homme, il faisait face à une machine. Une machine froide, logique, implacable.
        « Les fournisseurs ? »
        - S’il te plait ! Je ne peux pas te dire ! Demande autre chose ! »
        Sans un mot, Persé leva le bras. Lentement. Il voyait Luc chercher un moyen d’éviter qu’il n’appuis. Il n’en voyait, avec raison, qu’un seul, qu’il ne voulait pas utiliser. En aucun cas. Il appuya sur la détente.



        BOUM




        La balle sortit avec un bruit de tonnerre du canon de l’arme et vient transpercer le fragile crane du dealer. Un jet de sang jaillit de la plaie, aspergeant les habits emprunté de Persé d’un liquide poisseux et écarlate. La tête du malchanceux caïd s’affala mollement contre son torse, le reste de son corps toujours fermement maintenu par les liens. Luc regarda sans arriver à y croire la vie s’échapper à gros bouillon de son ami, impuissant. Ce n’était pas vrai, ça ne pouvait pas être vrai. Un cauchemar. C’était un cauchemar monstrueux. Et au fond de ce cauchemar, la voie de cette parodie d’homme, de ce monstre sans âme s’éleva à nouveau, aussi froide, aussi indifférente que s’il venait de s’allumer une clope.
        « Pas de chance. »
        La chance n’avait rien à voir là-dedans. Il l’avait tué. Il avait appuyé sur la gâchette en toute connaissance de cause. La chance n’avait rien à faire ici. Seul était en cause la volonté malsaine de cette chose, de cet être innommable.
        « D’après toi, il est mort par ce qu’il t’aimait ou par ce que tu ne l’aimais pas assez ? »
        Tais-toi. Tais-toi. TAIS-TOI. Tu viens de détruire sa vie, ses rêves, de renier son existence. Comment peux-tu parler en sachant ça ? Comment peux-tu rester impassible devant cette tragédie. Comment peux-tu suggérer que je ne l’aimais pas, toi qui n’aime rien en ce monde ? Comment oses-tu souiller sa mémoire après avoir pris sa vie ? Tais-toi !
        Ses mots lui brulaient la conscience, mais il n’avait même pas la force de les dire. Et pendant ce temps, il le libérait de ses liens, ouvrait le hublot et jetait son corps brisé à travers, comme un simple déchet. Mais quelle espèce d’homme peut faire une chose pareille et ne ressentir aucune émotion ?

        Persé fini de se débarrasser du premier corps, hésita un instant, puis saisit la fille et l’accrocha à la même place. Les yeux de son amant s’écarquillèrent. Il n’avait pas réalisé qu’elle serait là, qu’elle faisait partie des otages. Il retira son bâillon sans ciller.
        « Luc… »
        La voix était hésitante, incertaine. Elle voulait avoir la force de lui dire de se taire, mais elle n’avait pas. Elle avait entendu le coup de feu, elle avait entendu le lourd silence qui avait suivi, elle sentait le sang d’un autre couler le long de son dos. Elle ne pouvait pas. Des larmes, dû à la peur autant qu’à la frustration coulaient de sous le bandeau qui lui cachait les yeux.
        Persé regarda les larmes couler. C’était inespéré. Son amante qui pleurait. Plus efficace que tous ce qu’il pourrait dire où faire.
        « Tu as le pouvoir de la sauver. Donne-moi les noms et elle vivra.
        -je t’ai déjà dit d’aller te faire foutre, non ? »
        Le ton était agressif. La colère. Qu’il appuis une fois sur la gâchette et elle disparaitrait au profit de la peur.
        « Comme tu veux. »



        BOUM



        Merde. Merde, merde, merde. Merde. Il n’y avait plus que deux réactions possibles maintenant : la haine et le désespoir. Dans le deuxième cas, c’était gagné, dans le deuxième, il lui faudrait des jours pour en tirer quoi que ce soit. Pour l’instant, il regardait la tête de son aimé qui se vidait lentement de son sang, pendre lamentablement au bout de son cou, toute vie l’ayant déserté. Son regard était vide, tout son être refusant d’admettre ce qui venait de se passer. Non. Non, non, nonon, non nononnonon. Lui fais pas le coup de la folie. Purée, lui fait pas ce coup-là.
        Il hurlait, le Luc, il hurlait. Un cri de rage, de désespoir, un cri animal. Il hurlait si fort qu’il en avait mal, si fort que les larmes noyaient ses yeux. Le monde s’étrécirait. Il se réduisait désormais au corps sans vie de celle qu’il avait aimé, au son de la détonation qui résonnait encore dans son esprit et au hurlement qui venait du plus profond de lui-même. Ce hurlement qui tourbillonnait, qui l’emprisonnait. Longtemps, si longtemps après, quand le hurlement fut complétement sortit, il se retrouva seul, seul avec ce corps sans vie, seul avec son désespoir. Non pas seul. Non Son assassin était toujours là, à le regarder de son regard vide. Mais ils arrivaient. Bientôt, lui aussi baignerait dans son sang.

        Persé regardait sa proie, prostré sur sa chaise. Elle avait cessé de crier, mais le regardait désormais avec un regard haineux. Il ne savait pas comment s’y prendre pour amorcer la suite. Jeter le corps de la fille risquait de le rendre fou furieux. Tout comme ça pouvait, sur moyen terme, le calmer. Il se mordillait la lèvre tout à sa réflexion quand il entendit du bruit sur le pont. Au même moment, une lumière était apparue dans les yeux de sa victime. Le doute n’était pas permis. Il y avait désormais des intrus à bord.