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- Regardez les gars ! S'beau un capitaine qui bosse !

Le dit capitaine grogna alors que tout son équipage se foutait allégrement de lui.

- Vos gueule...

Tel était le prix d'une soirée à vouloir se rapprocher de ses hommes en taverne. Une malheureuse partie de carte l'avait amené à devoir miser autre chose que les maigres économies qui lui restaient après l'achat de la parcelle sur Grove 21. Aussi, il s'était engagé à s'occuper du reste du rangement dans la boutique tandis que ses hommes seraient autorisés à avoir quartier libre.
Et c'est ainsi qu'il se retrouvait lui, le fier Joe Biutag, terreur de la troisième vois, à balayer le parquet de son entreprise comme la dernière des femmes de ménage. Si ses hommes avaient tous quartier libre, nombreux furent ceux qui restèrent pour chambrer le cafard.

Les occasions de se payer sa tête sans risquer une balle dans crâne étaient plus que rarissimes, ils entendaient bien en profiter un maximum avant que le vent ne tourne.

- M'apprendra à essayer de me rapprocher de ces cons....

Mauvais aux cartes, mauvais en interaction sociales, on ne pouvait pas être bon partout, mais de là à ne l'être nulle part... Au moins, il avait pu aménager la petite boutique surplombant le souterrain rempli d'esclaves comme il le désirait. L'endroit, bien que confiné demeurait spacieux. Les larges fenêtres laissaient entrer le soleil et rendait l'endroit radieux. Radieux, c'est dire si l'endroit contrastait avec la personnalité du cafard et la nature de son commerce. Mais même les marchands d'esclaves se devaient de bien présenter, c'était une affaire sérieuse.

- Hep hep hep capitaine, ça brille pas encore, vous en avez pas f....

Se plaçant à quelques centimètres du visage de l'impertinent qui poussait la plaisanterie trop loin, Joe tînt personnellement à lui rappeler ce qu'il en était de la hiérarchie chez les Blattards.

- Que je sache les latrines à bord du "Grouillant" ne brillent pas non plus. Si tu veux que la boutique resplendisse, il faudra t'engager à ce que les chiottes soient nickel chrome, nettoyées à la la langue. T'en penses quoi moussaillon ?

Insistant bien sur le "moussaillon" pour rappeler son rang au malheureux qui payait de son humour déplacé, ce dernier estima qu'après tout, le local n'était pas si mal nettoyé que cela. Suite à cette menace du cafard, les cinq hommes restés à le chambrer se décidèrement à rejoindre leurs camarades au troquet du coin. Cette fois, leur capitaine ne se joindrait pas à eux.

Parmi toutes les tâches ménagères figuraient la préparation du ragoût dans les sous-sol, là où deux-cent cellules avaient été aménagées pour son commerce. Remplissant soixante deux bol, il s'en alla les servir aux esclaves.

- Mais qu'est-ce que vous avez tous à tirer la tronche sérieusement ?

Secouant la tête dépité de la mauvaise humeur ambiante, induite pas leur condition d'esclave, Joe n'y prêta pas plus attention que ça. Tant qu'ils mangeaient, tout allait.

- Quelqu'un viendra vider vos seaux à merde demain, c'est le travail pour deux personnes, je peux pas faire ça aujourd'hui.

Puisqu'on ne pouvait les laisser quitter leur cellule, tous effectuaient leurs besoin dans un seau vidé quotidiennement. Refermés par des couverles, ainsi, l'odeur n'empestait pas dans le souterrain. Si il fallait être deux pour un tel travail, c'était parce qu'il fallait une personne pour se saisir du seau, et un autre pour braquer l'esclave sommé d'aller au fond de la pièce pour s'assurer qu'il ne tente rien.
La distribution de ragoût terminée, le cafard alla fouiller dans le tas de dizaines de bouquins qu'il avait été dépêcher sur l'île. Ce n'était pas le tout de les mettre en cage, il fallait leur éviter de devenir fou.
La détention dans ses cachots souterrains étaient plus luxueux que bien des cellules de prison construites par le gouvernement mondial. Des chambres individuelles, deux repas chaud par jour, des toilettes individuelles, l'autorisation de discuter entre eux de cellule à cellule tant qu'ils ne faisaient pas trop de bruit, et même de la lecture. Ce n'était pas non plus le paradis, mais cela changeait des tortures gratuites réservées à bien d'autres esclaves.

Bien évidemment, les enfants étaient emprisonnés avec leur mère respective, les séparer occasionnait trop d'agitation. Ces mères se virent confier des romans à lire pour leur progéniture. Certaines prirent cela comme un geste de pitié de la part du cafard, mais celles-ci se trompaient lourdement. Pour lui, un esclave heureux était un esclave docile, c'était sa manière à lui d'éviter des débordements.

- Bonne nuit à tous ! Je viendrai éteindre les lampes à huile dans deux heures.

Couvre feu à vingt deux heure. Décidément, c'était la vie de château pour les captifs.
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Bientôt, le soleil serait entièrement couché. Joe s'en retournait à son embarcation à quai voir comment se passait la garde à bord. Des roulements de cinq hommes avaient été organisés par le forban afin qu'il y ait toujours du monde pour surveiller l'embarcation. Cela relevait d'une décision de bon sens, surtout au Grove 21, zone de non droit absolue sur Shabondy dont les Blattards ne sortaient pour rien au monde. En dehors, les autorités étaient assez vindicatives. Cette zone, ils l'avaient laissée aux pirates pour les contenter et les dissuader de pousser leurs vices trop loin. Un abandon de parcelle de territoire pour obtenir la paix sur l'archipel, il fallait au moins ça pour calmer des pirates hargneux de Grand Line.

- Et comme de juste ils roupillent tous... Ça va chier des bulles !

Sortant d'emblée son mousquet à canon triple, le cafard se doutait qu'il y avait de la punition dans l'air. Au loin, sur le pont de son navire, il avait vu ses hommes allongés à se reposer paisiblement. Toutefois, leur repos n'était pas si paisible que ça comme le forban put le remarquer en montant à bord.

- Mais... Mais... Vous avez fini de pisser le sang sur mon bateau dites ?!

Avant même de s'assurer de leur état de santé, il alla trouver des torchons en cuisine pour couvrir les tâches d'hémoglobine sur le pont lavé du matin.

- Dé... Désolé capitaine.

Ensanglantés, les durs à cuire étaient en vie. Lacérés, perforés, mais vivant.

- Y'a... Des types qui nous sont tombés dessus....

- Ouais ouais ! Ils devaient être au moins cent !

Regard froid adressé à celui qui venait de prendre la parole, Joe lui mit les trois canons de son mousquet sous le nez.

- Bande de minables, je suis sûr qu'ils étaient pas plus de dix ! Vous vous êtes fait avoir comme des brêles !


Constatant les blessures, il ne mit pas longtemps avant de remarquer qu'aucun organe vital n'avait été touché. Que ce soit les coups de sabre ou les tirs de balles, toutes les blessures s'étaient faites sur les membres des Blattards de garde sur le vaisseau. Il allait demander si il y avait une raison à ce petit massacre bon enfant, mais il fut devancé par l'un de ses hommes.

- L... Le type qui a fait ça....

Passé de cent à dix, et maintenant à un, le nombre de responsable diminuait à vue d'oeil. Néanmoins, même si il aurait pu les engueuler copieusement pour s'être fait avoir ainsi par un seul homme, Joe arqua un sourcil. Ses hommes étaient aguerris au combat, ce n'était pas le premier venu qui pouvait venir leur mettre une raclée.

- Il a dit qu'on avait intérêt à abandonner le commerce d'esclave sinon on aurait affaire au Mal...

Un peu trop de sang s'était écoulé de ses lacérations, ayant soudain le tournis, le bougre s'évanouit avant même de pouvoir poursuivre. Tout ce qu'avait appris son capitaine, c'était qu'un homme était venu tabasser ses hommes en guise d'avertissement pour l'inciter à laisser tomber le trafic d'esclave. Cette tentative d'intimidation était si vaine à l'encontre du cafard que celui-ci en rigola.

- On aurait affaire au mal absolu c'est ça ?! Ahah, y'a de ces cons je vous jure ! Je vais chercher Olaf pour qu'il vous retape. Bougez pas !

Les pauvres ne risquaient pas de bouger compte tenu de leur état. Si ce n'est le blondin qui venait de s'évanouir, tous les blessés se mirent à gémir en entendant le nom de Olaf. Puisqu'il n'y avait aucun médecin à bord, tout l'équipage s'en remettait au cuistot qui avait des vagues notions de secourisme du fait de son service passé au sein de l'armée d'Alabasta. Quand il s'agissait d'extraire des balles, une rasade de whisky pour l'opéré, une rasade pour désinfecter, et le reste de l'opération se faisait à la fourchette. Dure dure la vie de pirate.

Descendu du vaisseau, Joe cracha à même le sol pour insister sur son dépit et sa rage. En allant chercher Olaf, il ne se priverait pas de rameuter le reste de l'équipage pour payer une visite au commanditaire de cette bévue. Compte tenu la revendication, il avait deviné qu'il s'agissait d'un autre esclavagiste du Grove 21.

- Ça tombe bien peuh ! Je comptais amoindrir la concurrence dans les environs, maintenant au moins, j'ai le parfait prétexte.

Avec et ses dix neuf hommes, moins six si on comptait les blessés et Olaf, et moins un si on prenait en compte le fait que Zujo prenait ses distances pour une semaine le temps de réfléchir à son futur au sein de l'équipage, le cafard comptait débuter une guerre avec d'autres pirates. C'était plus fort que lui, les gènes de la hargnes et de la bêtise semblaient profondément enfouis dans son code génétique.
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- La... La branlée qu'on va leur met' !

- ChTtTtttTt ! T'vas réveiller les honnêtes gens Biron !

- Les... Les z'honnêtes gens t'sais ce que je leur dit ?! J'leur dit de d'aller me su...

- C'est fini ce bordel ?!

Excédé Joe, pupilles révulsées, dents en évidence se retourna vers les douze hommes qu'il avait pour la plupart extirpé de leur verre ou de l'entre cuisse d'une demoiselle monnayant ses charmes. Tous sans exception étaient ronds comme des queues de pelle. C'était avec ça qu'il comptait intimider ses concurrents. Vaste programme.

- Z'inquiétez pas cap'taine ! On est fin prêts pour d'la baston.


Tandis qu'une moitié somnolait à moitié marchand derrière leur capitaine qui, en pleine nuit, faisait le tour du Grove à la recherche de commerces d'esclaves, l'autre moitié elle titubait et hurlait après le premier passant venu. Sans arrêt, le capitaine de Blattards passait son temps à s'interposer entre ses hommes et des inconnus pour éviter la bagarre.
Pire que de devoir se faire obéir de pirates, devoir se faire comprendre de pirates lourdement avinés.

- Les enfants... Pitié... Ne me forcez pas à vous tirer une balle dans le genou à chacun.

Se demandant si il était sérieux, dans le doute, les Blattards essayèrent de se comporter à peu près convenablement. Enfin ils trouvèrent un bâtiment digne de la réputation de planque d'esclaves. Un large hangar où se trouvaient plusieurs dizaines de spécimen. Seul un veilleur se trouvait là pour surveiller les lieux pendant les heures de fermeture nocturnes. Un pirate dans la force de l'âge, deux mètres, bronzés, des rouflaquettes fournies et un regard qui tue.

- Allez foutre le bordel plus loin saoulards de mes deux !

Bien que Joe s'apprêtait à essayer de tromper la vigilance du bonhomme pour savoir si c'était son entreprise qui avait attaqué ses hommes sur son bateau, un des saoulards se montra plus que téméraire.

- C'moi qu'tu traites d'saoulard ? Hein ? HEIN ?! Dans... Dans m'famille on picole d'génération en g'nération ! Mon père y descendait des canons c'mme p'rsonne ! Pis s'parents avant lui ! N'est pas des soulards par chez moi j'te préviens ! On est des d'gustateurs excessifs d'alcool bon marché. Nu... Nuance !

Ayant entendu jusqu'au dernier mot des inepties prononcées par Biron, le cafard ne trouva pas quoi dire, observant son homme d'équipage bouche entrouverte, sidéré.

- Mais... Espèce de demeuré, qui t'as demandé de l'ouvrir ?

Trop saoul pour écouter son capitaine, le pirate alcoolique poussa doucement son capitaine pour se positionner à sa place.

- L'ssez cap'taine, j'vais vous montrer comment que j'gère !

Repoussé en arrière par Biron qui pesait au bas mot cinquante kilos de plus que lui, Joe trouva que la plaisanterie n'avait que trop durée, sortant cette fois son arme pour mettre fin à la fête. Cependant, Biron l'avait devancé, il pointait un mousquet en direction du veilleur qui lui, restait immobile, affichant une moue fort patibulaire.
Biron n'arrivait même pas à le braquer convenablement. La seule balle dans le canon fut tirée à côté du lascar. Ce dernier se rua alors sur celui qui avait cherché à le descendre l'attrapant à la gorge pour l'étrangler. Joe ne réagit pas, estimant qu'il faudrait au moins ça pour déssaouler son matelot. Cependant, quelque chose d'inattendu se produisit. Le veilleur s'effondra sans que personne ne touche à lui. S'écroulant sur le ventre, on put voir une balle logée dans sa nuque.

- Pas croyable...

Joe avait tout vu. La balle manquée avait rebondit au sol contre une tôle, puis contre la poignet de porte en métal du poste de surveillance du veilleur, allant ensuite rebondir contre la boucle de ceinture d'un passant pour enfin s'écraser dans la nuque du malchanceux.

- Le... Le pouvoir de l'alcool !

Sur cet immense coup de bol, Biron brandit la bouteille de rhum qu'il avait à la main, en vida le fond cul sec puis tomba raide sur le sol devant ses camarades sans qu'aucun ne trouve le mot pour décrire ce qui venait de se passer. Brisant le silence, leur capitaine en revint à leur projet de départ.

- Bon, sortez les esclaves de là, amenez les dans nos geôles et foutez moi le feu au bâtiment avec la lampe à huile de l'autre. On a encore du pain sur la planche pour ce soir !

En effet, si tous les commerces d'esclaves du Grove 21 étaient en passe d'être brûlés, la nuit sera littéralement chaude.

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Puisqu'il avait fallu un peu de combustible pour faire cramer les trois autres commerces d'esclave, en ramenant les captifs qu'ils avaient volé à leurs concurrents, les Blattards avaient ramené de l'alcool. Bien évidemment, ils ne s'en servirent pas que pour allumer leurs feux de joie. Même Joe avait fini par s'y mettre.

Les rares témoins de leurs crimes perpétués en pleine nuit retiendraient qu'une bande d'alcooliques s'étaient adonnés à des actes de vandalisme. Toutefois, en plus de mettre à sac des boutiques entières et de voler leur stock d'esclave et de colliers explosifs, les Blattards avaient poussé le vice encore plus loin. L'un es hommes d'équipage avait laissé un mot épinglé sur les restes calcinés des bâtiments qu'ils avaient détruit.

"Sinié la raie veau lu sion"

Si le cafard avait voulu corriger les fautes d'orthographe dans un premier temps, il finit par se dire que c'était ainsi qu'écrivaient les révolutionnaires, n'ayant que peu d'estime pour leur joyeuse troupe. Ainsi, le coupable idéal avait été trouvé : "la révolution". Après tout, ils en avaient fait baver au cafard qui le leur avait bien rendu, alors une malversation à leur encontre de plus ou de moins, il n'était plus à ça prêt.

Rentrés au bateau vers six heure du matin après avoir bien oeuvré, la petite bande des treize flibustiers commençait à déssaouler. À bord du grouillant, Olaf et ses cinq patients les attendaient. Tous avaient fière allure sous leurs bandages, mais au moins ils étaient plus ou moins requinqués. Bien qu'en bonne santé, ils tiraient une drôle de tête.

- Vous... Vous l'avez ramené ici ?!

Joe se retourna. Effectivement, derrière eux, un sinistre personnage les suivant. Ce n'était pourtant pas une mince affaire pour lui d'être discret. Il portait un sabre d'abordage à chaque hanche et deux ceintures de mousquets qu'il portait en bandoulière juxtaposées en forme de croix se croisant au niveau de son torse. Ainsi équipé, il était paré pour faire la guerre à lui seul. Le matériel semblait lourd puisqu'il était rouge et haletait comme un boeuf sous son tricorne trop grand pour lui.
Affichant un visage de mépris, le cafard pointa l'énergumène du doigt.

- Attendez... C'est le gugusse là qui vous a mis dans cet état ?! Ma parole ! Y'a des tartes dans la gueule qui se perdent !

Elles se perdaient pour ses hommes blessés, mais aussi pour le loustic particulièrement belliqueux qui, armé comme il était, semblait paré à la guerre. Pourtant, il il y avait bien une personne au monde capable de comprendre qu'il valait mieux ne pas juger quelqu'un à son apparence, c'était bien le cafard qui, mille fois sous estimé, avait sans cesse surpris ses adversaires.

Toujours rouge et essoufflé, le bonhomme, très court sur pattes mais particulièrement bedonnant s'avança. Sans doute se voulait-il menaçant. L'effet escompté ne fut pas au rendez vous puisque Joe et ses douze acolytes lui rirent au nez.

- Dis voir gogolito, si tu voulais nous battre fallait profiter qu'on ait le dos tourné, parce que là je te cache pas que c'est plus ou moins râpé haha !


Sur le navire, l'un des blessés intervint pour mettre fin aux railleries.

- Capitaine ! Ne vous fiez pas à ses petites jambes, mais plutôt à ses bras !

Toujours en train de ricaner, le forban écoutant le conseil de son homme d'équipage jeta un oeil aux bras de cet ersatz d'adversaire qui avait eu le culot de se traîner jusqu'à eux. Curieusement, le bougre semblait cacher ses bras dans son dos. Se marrant beaucoup moins, sans prévenir ses camarades encore en train de rire à gorge déployées, le cafard plongea au sol. Grand bien lui en prit puisque le curieux personnage venait de dévoiler ses membres supérieurs et avait dégainé ses sabres.
Il se trouvait pourtant à presque dix mètres de leur position, mais ses immenses bras suffirent pour combler la distance qui le séparait des Blattards qu'il charcuta de deux coups secs. L'heure de la rigolade était terminée.

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Ce n'était pas juste un membre de la tribu des longs bras qui venait de les attaquer. Certes, le bougre avait une articulation supplémentaire et appartenait à cette race. Pourtant, même pour un être de son espèce, ses bras étaient exceptionnellement longs. Ajouté à cela la lame de ses sabres dépassant le mètre cinquante, il les avait pris au dépourvu, d'autant plus que ses mouvements étaient vifs et précis.

De ces deux coups secs qu'il venait de donner, deux Blattards avaient eu la gorge tranchée, et quatre furent profondément entaillés au niveau du buste. Joe lui, n'avait rien. En bon cafard qu'il était, il avait su se prémunir du danger en se terrant comme un lâche.
Cependant, il savait qu'il ne pouvait pas rester à plat ventre sur les quais éternellement, le long-bras allait attaquer à nouveau.

- Stal !

L'énergumène douteux venait de hurler soudainement cette syllabe incompréhensible.

- Mon nom c'est Stal !

Cette élocution maladroite était le propre d'un simple d'esprit, d'un débile léger même. C'est en ce sens que la piraterie était un endroit merveilleux car permettant à tous les marginaux, handicapés mentaux inclus, de se faire une place.
Une fois présenté, Stal ne comptait pas s'attarder en bavardages. Si il avait prononcé son nom, c'était pour s'assurer que ses victimes sachent qui allai les envoyer dans l'autre monde. La fois où il s'en était allé attaquer les Blattards de garde n'avait été qu'un avertissement, cette fois, on l'avait envoyé pour régler le problème définitivement. Quant à savoir qui, ce n'était pas la question prioritaire à l'ordre du jour.

- Blattards vos sabres !

Ses hommes à quai encore en état de tenir debout ne l'avaient pas attendu pour dégainer. Du mieux qu'ils pouvaient, ils paraient les coups de sabres qui fusaient, mais la détente et l'articulation surnuméraire de leur unique adversaire lui permettait de les repousser jusqu'à les acculer contre la coque de leur navire.

- Continuez de tenir ! Vous là haut sur le bateau, à vos mousquets !

Ceux en amont sur le pont du navire avaient été traumatisés par le long-bras et en avaient oublié de répliquer. Prenant suffisamment de recul au préalable pour s'assurer que leur assaillant ne puisse pas les trancher, ils purent enfin dégainer. Ce temps passé à marcher à reculons pour s'assurer de ne pas être blessés à nouveau, Stal l'avait passé à ramener ses bras au niveau de ses ceintures à mousquet qu'il portait en bandoulière afin de pouvoir à son tour attaquer à distance.

- Vous autres ! Attaquez ! Je vous couvre !

Hargneux, s'étant caché derrière ses hommes depuis le début de l'assaut, il ordonna à ceux portant un sabre d'aller au front, profitant que l'ignoble pirate qui les attaquait n'ait plus d'arme de corps à corps.
Toutefois, couvrir ses hommes allai s'avérer être une lourde tâche puisqu'il ne trouva ni son mousquet, ni son canon portatif à une main. Et pour cause, entre le moment où Stal avait lâché ses sabres et replié ses bras pour ramener ses mains au niveau de son torse, il avait fait les poches au cafard.
Le long bras en plus d'être vif était particulièrement habile, Joe n'avait rien vu et n'avait saisi la manoeuvre qu'en voyant ses deux armes entre les mains de son adversaire.

- Oh le fils de p...


PAN ! PAN ! PAN !
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La fumée issu des trois canons du mousquet de Joe dissipée, on put apercevoir trois corps à terre, seul l'un d'eux gesticulait encore, les deux autres étaient inertes, morts.

- Oh oh oh ! Biutag ! On m'a dit que tu avais des jolis armes ! Oh oh oh ! J'ai bien fait de les prendre.

Le reste des hommes qui avaient été envoyé par leur capitaine pour aller au contact couraient maintenant en direction du "Grouillant" pour s'y réfugier à bord. Contre toute attente, seul le cafard ne prit pas la fuite, excepté un de ses hommes planqué derrière lui qui, blessé à la jambe et au bras, n'arrivait pas à monter l'échelle de corde assez vite. Pour autant, si il bravait seul le long bras, Joe ne paraissait pas confiant pour autant. De la sueur coulait le long de son front, il retroussait le nez et dévoilait légèrement ses dents, scrutant Stal en chien de faïence.
Ce dernier venait de vider les trois canons du mousquet de la première arme de Joe, il s'apprêtait maintenant à faire joujou avec le canon portatif à une main qu'il brandit en direction du cafard.

- J'ai gagné !

Cette fois, Joe ne chercha même pas à esquiver. Ses hommes à bord poussèrent un cri en le voyant encaisser le boulet de canon miniature. Aucun d'eux ne comprit ce geste sacrificiel de leur capitaine. Tout du moins, il ne fut sacrificiel que d'apparence puisque le cafard était indemne s'étant protégé les bras en croix.
S'étant écrasé sur l'un de ses avant bras, le boulet était tombé raide après que la puissance du coup ait été enregistré dans l'un des quatre impact dials se trouvant dans la doublure des manches de son manteau au niveau de ses avant-bras.

- Ca... Capitaine... Vous avez fait ça pour me sauver ?

Prenant un air héroïque qui ne collait pas du tout à son faciès de vicieux, Joe acquiesça en direction de son matelot qui peinait à monter à l'échelle de corde pour rejoindre le pont. Ainsi, il fut considéré en héro auprès de ses hommes restants leur redonnant courage.
En réalité, si il était resté là, c'était pour s'assurer que le boulet ne perfore pas son bateau. Ses hommes, il s'en foutait. Après tout, ceux-ci pouvaient être remplacé par n'importe quel autre pirate sans que cela ne coûte rien.

- Dites les gars ! Ça vous dirait un long-bras de plus dans notre stock d'esclave ?!

Ceux encore assez en forme pour hurler un cri de guerre le firent sans retenue. Enfin le moral était de retour, mais pas pour longtemps. Stal dégaina deux mousquets à ses ceintures en bandoulière. Tandis que Joe venait de susurrer quelques consignes à l'homme qui venait enfin de grimper à l'échelle, l'assaillant douteux, relevant ses bras pour attaquer Joe de deux angles différents fit feu. Si le forban fut assez agile pour éviter une balle, il se prit l'autre dans le haut de la cuisse droite non loin de la fesse.
La douleur était intense et il s'écroula au sol sur le coup.

- Ch.... chier...

À bouger ses bras comme il l'avait fait pour changer d'angles, Stal avait ainsi pu réussir là où bien d'autres avaient échoué et avait heurté le cafard sans que celui-ci ne puisse rien faire pour contrer l'attaque.

- Enculé de sale race.... Nnnnghh... Tu...t'vas voir quand je t'aurais foutu dans une cellule ! Tu vas vooooir !

Serrant les dents pour contenir la douleur, le cafard morflait sévèrement. Seules les menaces pouvaient constituer une contre attaque à présent. Pour autant, il avait pensé à un plan, et il ne pourrait pas le mettre en oeuvre avant d'être sur le pont de son navire. Déjà, le débile léger se saisit de deux autres de ses mousquets s'apprêtant à achever son pitoyable adversaire. Ce dernier semblait néanmoins avoir d'autres projets que de mourir lamentablement sur les quais de Shabondy. Brandissant sa main gauche au creux de laquelle, rattachée par un bandage se trouvait un Flash Dial, il l'activa avant que Stal n'appuie sur les gâchettes.

- Baudroie !

Profitant ainsi de la cécité temporaire du bougre qui avait tiré ses balles à l'aveuglette et manqué sa cible, dans un cri d'agonie largement exagéré, le forban se releva à l'aide de sa jambe valide puis activa les Ventio Dials à sa ceinture pour flotter dix centimètres au dessus du sol. Ainsi, il n'aurait plus à se soutenir sur ses jambes. Rapidement, il escalada l'échelle de corde et la replia afin de s'assurer que le pirate qui les avait attaqué ne puisse en profiter à son tour.

- Tous dans la cale ! Allez !

Ceux-restés sur le pont obéirent sans se faire prier. Stal faisait face au "Grouillant" après avoir recouvré la vue. Plus personne n'était sur le pont.

- Crétins ! Je vous ai entendu !

Récupérant ses sabres qu'il avait laissé à même le quai, il trottina de manière ridicupe sur ses petites pattes. Observant que l'échelle avait été enlevée, il ricana.

- Idiots ! J'ai pas besoin d'échelle pour monter à bord !

En effet, avec des bras longs comme les siens, il lui suffisait de les brandir en l'air, se saisir de la rambarde du pont, et de se hisser à la force de ses biceps. C'est ce qu'il fit, se tractant ainsi doucement jusqu'à la surface du navire. Montant ainsi, sa tête fit face à l'un des canons. Il entendit murmurer. Le seul son qui suivit ce murmure fut un gigantesque bruit d'explosion.
Négligent, il n'avait pas deviné que si les Blattards étaient descendus en cale, c'était pour se positionner derrière les canons en attendant qu'il ne grimpe.

Cette décision ne fut pas prise sur le vif. Le cafard avait demandé au dernier de ses hommes qui avait escaladé l'échelle d'aller apprêter les canons, paré à cette éventualité. Stal avait ainsi été décapité à bout touchant par un boulet propulsé à pleine puissance. Quand les Blattards répliquaient, ils ne le faisaient pas à moitié.

- Magnez vous de plonger pour récupérer mes armes ! Elles vont rouiller autrement ! Allez allez !

On pouvait dire que Joe avait le sens des priorités. Cet assaut d'un seul homme avait suffit à engendrer bon nombre de cadavres et de blessés, et il ne pensait qu'à ses ustensiles personnels. On ne l'appelait pas le cafard pour rien.


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Après avoir repêché le cadavre de Stal qui était tombé dans l'eau séparant le navire des quais, l'heure fut au bilan. Quatre morts, et quatre blessés en attente de soins, capitaine inclus. Parmi les blessés, deux entailles profondes au torse, une balle s'étant arrêtée dans la graisse d'un matelot pansu, et une balle en haut de la cuisse pour Joe.

- Ça va pas faire mal hein Olaf ?

Jamais il ne s'était inquiété de savoir si la chirurgie expérimentale du cuistot avait pu ou non être douloureux pour ses hommes. Il fallait subit pour empatir.
On lui avait donné plusieurs rasade de whisky pour atténuer la douleur, plus une giclée du même liquide pour désinfecter.

- Mais nooooooon capitaine. Tout va b..... Tenez le !

Les cinq hommes que Olaf avait soigné en début de journée plaquèrent leur capitaine à plat ventre contre la table de la cuisine un grand sourire aux lèvres. Enfin le cafard allait partager leur douleur.

- Lâchez moi bande de pisseuses ! Et toi Olaf ! Pourquoi tu as une fourchette dans la main ?

Le plus naturellement du monde, le vieux cuistot lui répondit :

- Parce que les petites cuillères sont bonnes pour la vaisselle !

Cette remarque fit rire tous le reste de l'équipage qui s'était amassé en cuisine pour observer de leurs yeux leur capitaine se faire charcuter à la fourchette pour que l'on puisse extraire la balle logée dans sa cuisse. Il y eut des cris et des larmes, mais le projectiles fut extrait sans trop de complications. Un bandage là dessus, et le cafard était comme neuf. Pas vraiment à vrai dire, il se servait encore de ses Ventio Dials pour se déplacer. Au moins, il était soigné.

- Vous avez été un grand garçon capitaine ! Vous voulez une sucette ?

Et tous se moquèrent allègrement de leur capitaine. Ils pouvaient en profiter, il était blessé et la poudre de son mousquet à triple canon était trempée. Grommelant, Joe s'efforça de ne pas relever cette plaisanterie. Il faisait bien. Après avoir perdu quatre des leurs, il faisait bon rire pour les Blattards. À bord du "Grouillant", ils n'étaient plus que seize, dont neuf blessés. Il allait falloir recruter sous peu.
Toutefois, avant d'envisager de pareilles considérations, porté par les vents de sa ceinture de Ventio Dials, le cafard décida de faire une excursion sur les quais. Là, y étaient entreposés les cadavres de leurs camarades, mais aussi, le corps sans tête de Stal. Perché au dessus de sa carcasse, Zujo, l'ancien second de Joe, revenu de son exploration de l'archipel.

- Comment c'est arrivé ?

Tournant le dos au cafard tout en inspectant le cadavre de l'assaillant des Blattards, il se montra immédiatement inquisiteur. Joe lui expliqua calmement toute la situation. La menace, la nuitée incendiaire et l'attaque du long bras.

- Tu l'as fouillé ?

Joe s'approcha du chasseur flottant doucement en sa direction.

- C'est ce que je m'apprêtais à faire.

Inutile à présent, Zujo s'en était chargé. Si la fouille avait été concluante, elle n'en était pas réjouissante pour autant. Pourtant insouciant et disposé à s'attaquer à n'importe qui, même le cafard savait que le tatouage dévoilé sous la manche de sa victime signifiait. Et cela ne présageait rien de bon.



- C'est un vrai.

D'après son expertise, le chasseur était catégorique. Ce tatouage était la preuve authentique que Stal appartenait à l'équipage de Mannfred Teach, l'un des trois empereurs pirates régnant sur Grand Line. Seuls les officiers possédaient cette marque. Celui-ci devait être un des innombrables lieutenant de la flotte de Teach le malvoulant en charge de la surveillance d'un de ses établissements. En l'occurrence, un commerce d'esclave sur le Grove 21 de Shabondy.

- Chiasse... Faut absolument qu'on se débarrasse de toute la filiale de Teach dans le coin avant qu'ils ne mentionnent notre nom.

Toujours penché sur le cadavre du long bras, Zujo se retourna vers son capitaine.

- Tu veux dire que c'était pas lui le chef de l'établissement ?

N'en ayant aucune preuve formelle, le cafard savait qu'un débile léger de cette espèce n'était pas en charge de l'administration d'un commerce d'esclave. Au mieux, il était un protecteur, au pire un mercenaire.

- Il avait un numéro d'escargophone sur lui. Surement son employeur.

Zujo tendit le bout de papier au capitaine des Blattards. Ce dernier s'en saisit mais n'arriva pas à l'extirper des mains de son ancien bras droit.

- Capitaine. Je veux m'occuper personnellement de ces types.

Sans broncher, Joe acquiesça. Il savait que le chasseur tenait aux hommes de cet équipage, et le sous lieutenant du malvoulant venait de tuer quatre des siens. La rétribution était inévitable. Le tout serait de faire en sorte de ne pas se mettre Teach à dos.
Rejoint par les membres d'équipages en état de marcher et de descendre du vaisseau, tous étaient debouts à quai, la plupart les bras croisés, l'air grave. Tous écoutaient attentivement la voix qui venait d'émettre de l'escargophone qu'ils venaient d'appeler.

- "Ici Madeline de "Chair de fer", que puis-je pour vous ?"

Joe raccrocha immédiatement. Maintenant qu'ils avaient le nom de la boutique, il ne leur en fallait pas plus.
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Seuls Zujo et son capitaine firent le voyage jusqu'à l'établissement convoitait. Déjà le soleil commençait à se coucher. Plus qu'un établissement, il s'agissait d'un immense chapiteau où les esclaves étaient exhibés dans des cages dans lesquelles ils étaient obligés de tenir debout. La plupart des spécimens exposés étaient des femmes dénudées et maigres comme un clou.
Il fallait croire que le malvoulant ne prenait pas autant soin de sa marchandise que le faisait le cafard.

- Que des putes décharnées à offrir peuh ! Et ça se dit vendeur d'esclaves.

Une vendeuse tout sourire se présenta aux deux hommes. Une petite rousse au nez retroussé et aux yeux d'un bleu azur.

- Que puis-je...

Allant au plus pressé, Zujo la coupa comme il se devait.

- Le patron. Vite.

Il ne fallut pas longtemps à la jeune fille pour comprendre qu'elle avait à faire à des pirates. Elle n'était pas impressionnées pour autant, ce n'est pas comme si ils pullulaient dans ls Grove de l'archipel allant de un à vingt neuf.

- Qui dois-je annoncer ?

Toujours guillerette, la désinvolture de la jeune fille agaça le chasseur qui s'apprêtait à l'étrangler pour lui faire cracher le morceau. Plus pernicieux et diplomate que son ancien second, le cafard prit le relai avant que ne survienne un drame qui aurait pu faire fuir le tenancier.

- Dîtes-lui que des camarades de Stal sont arrivés je vous prie.

Pour que le forban en arrive à dire "je vous prie", c'était la preuve si il en fallait une que le cafard craignait le malvoulant et ses hommes, réputés pour leur brutalité et leur propension à annihiler de manière ultra violente tout ce qui les contrariait de près ou de loin.

- Oh ! Vous êtes des amis de Stali chou ! Je m'inquiétais pour lui, il n'avait pas beaucoup de copains hihi ! Je suis contente pour lui. Je vais chercher le patron. Au fait pourquoi Stal n'est pas avec vous ?

Sur le coup ne sachant ni l'un ni l'autre que répondre à ça, les deux hommes se regardèrent et échangèrent un sourire pour le moins malsain avant de reporter leur attention sur la vendeuse.

- Il a une petite migraine hinhin.

Sans même s'inquiéter du ricanement pour le moins sinistre avec lequel Joe avait ponctué sa phrase, Madeline trottina à l'autre extrémité du chapiteau pour interpeler un ténébreux quinquagénaire. Ce dernier n'avait pas l'air méchant. Un sourire triste constamment affiché sur sa gueule, il s'approcha sans se montrer farouche des deux hommes. Pourtant, aussi avenant pouvait-il avoir l'air, il ne tarda pas à annoncer la couleur.

- Madeline me disait que c'est Stal qui vous envoie ?

Son sourire se retourna et il fronça les sourcils se montrant on ne peut plus patibulaire.

- Cessons de jouer messieurs, je sais reconnaître un pirate lourdement primé quand j'en vois un.

Flatté, le cafard se retînt de parader comme un paon fier de la réputation qu'il s'était faite sur la troisième voie. Pour autant, ce petit boutiquier apparemment sans force ne tremblait pas devant les deux forbans en colère et vindicatifs qui se présentaient à lui. Joe pensa qu'il avait un atout dans sa manche.

- Vous savez pour qui je travaille ? Mannfred Teach ! Alors vous vous contentez d'obéir et... Oh ! Qu'est-ce qui vous fait rire ?!

Un instant, les deux pirates avaient cru que le tenancier était quelqu'un de dangereux, mais il ne s'agissait que d'un vantard qui vivait dans l'ombre d'un des grands de ce monde. Sans un mot, le cafard remis dans la main de Zujo l'Impact Dial chargé du coup reçu lors de son combat face à Stal. Avant que le chasseur ne presse le Dial contre la poitrine du quinquagénaire trop zélé, le capitaine des Blattards fit une remarque de bon sens.

- Et tu penses honnêtement qu'on va te laisser le temps de l'appeler pendant qu'on t'étripera ?

Là dessus, le propriétaire de la boutique se mit à blanchir. Toutefois, il était trop tard pour essayer de négocier quoi que ce soit, l'impact du Dial relâché, il ne resta qu'un trou sanguinolent à la place de sa cage thoracique, le reste étant réduit à l'état de bouillie au sol du fait de la violence du choc.

La vendeuse eut à peine le temps de pousser un couinement qu'une balle lui transperça la cervelle. Son mousquet à triple canon en mains, il se retourna vers l'une des esclaves rachitiques exposées.

- Il y a d'autres vendeurs ?

Manifestement droguée pour supporter son calvaire, la jeune fille aux cernes pendantes fit "non" de la tête. Leur tâche en ces lieux était à présent terminée. Joe alla se saisir d'un bout de papier dans un carnet de notes du comptoir de vente et y écrivit : "C'est encore nous la révolution ! Tremblez pirates ! Malvoulant, petite bite".

- Si avec ça les révolutionnaires ne prennent pas cher dans les prochains jours, je sais pas ce qu'il faut.

La boucle était bouclée. Zujo et son capitaine s'en retournaient au "Grouillant" en informer les hommes. Mais ils furent interpelés par plusieurs des demoiselles debout dans leurs minuscules cages.

- S'il vous plaît sortez nous de là !

Environ trente demoiselles étaient ainsi exposées comme des objets de foire pour attirer les clients lubriques. Joe se doutait que la moitié d'entre elles devaient avoir des maladies bien douteuses et avait préféré ne pas se les accaparer pour son commerce. Cela dit, si il ne les emmenait pas avec lui, il lui faudrait les tuer, car elles avaient été témoin du massacre. D'ailleurs, en prétextant que la révolution avait fait le coup, laisser les esclaves en cage n'aurait pas été crédible.

- On fera ce que vous voudrez.


Le cafard leva un sourcil, s'emparant d'un trousseau de clé se trouvant sur le cadavre du tenancier.

- Tout ce que je veux hein ?

Alors, prenant des poses équivoques, et s'exprimant dans une voix suave et aguicheuse, toutes usèrent de leur charme pour persuader le forban de les conduire dans des cellules plus décentes.

- Oh ouuiiiiii patron...mmmmmh.... Toooout

- Eh bien commencez par fermer vos gueules !
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