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Rokushiki acte 1 || Solo


- « Où allez-vous ? »

- « Prendre l’air… Ce coin m’étouffe. »

- « Permettez-moi de vous accompagner, amiral ! »

- « T’as rien d’autres à faire que de m’escorter tout le temps ? »


Missa fit rapidement non de la tête avec son sourire espiègle. La plantureuse rousse n’était pas prête de me lâcher de sitôt. Je la regardai d’un air presque vide pendant quelques secondes avant de soupirer en signe de reddition. Encore une qui voulait se faire tringler… Si c’était pas Jeremiah… Fallait vraiment que je cherche à me caser. Le sexe, les meufs bien foutues, c’était bien beau, mais c’était usant à force. Pis la quarantaine n’était pas bien loin. Aucune nouvelle de la meuf que je kiffais le plus, cependant. J’avais usé de tous mes réseaux et des pontes présentes ici, à Marie-Joie, mais quedal. Après, un peu de patience ne me tuerait pas, mais c’était pas forcément mon fort. Je grattai ma tête avant de chasser toutes ces pensées de mon esprit, puis je sortis de mes appartements luxueux suivi de près par la rouquine qui ne perdait pas son sourire. Outre le fait qu’elle souhaitait finir dans mon lit, j’étais tout à fait conscient qu’elle m’admirait. Mon vécu, ma force, tout ça… Et c’était toujours aussi flatteur. C’était peut-être pour ça que je ne la virais pas sèchement quand j’y pense ; sans compter le fait qu’elle m’avait bien aidé depuis que nous étions arrivés ici. D’ailleurs, elle allait encore servir, puisque je ne connaissais pas bien les lieux…

- « Y’a un bar dans cette ville ? »

- « Plusieurs. Laissez-moi vous menez à l’un d’eux. »


Sur cette phrase, la gamine se hâta de marcher devant moi, non sans exagérer le balancement de sa croupe plutôt bien fournie, ma foi. Enième soupir. Je dirigeai mon regard autre part, l’air blasé, mains dans les poches. Tout m’énervait ici. Le luxe étalé un peu partout, la mentalité des différents officiers qui circulaient çà et là, les dragons célestes que j’évitais soigneusement, l’amirale en chef, la lenteur de l’administration qui devait me remettre mes navires et le tout le matériel dont j’avais besoin… Bref, Marie-Joie me dégoutait. J’eus néanmoins un petit sourire lorsque nous quittâmes le gigantesque château qui surplombait toute la ville pour se rendre vers la ville où les habitations étaient moins luxueuses… Plus normales quoi. Devant moi, la colonelle s’était mise à gambader comme une gamine. A se demander pourquoi elle était aussi enjouée. Ça en devenait même suspect. Si elle comptait sur le fait de me saouler pour abuser de moi, elle se foutait le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Idée farfelue, peu probable mais pas forcément irréaliste. J’avais connu des meufs prêtes à tout pour partager ma couche. Une idée qui me fit presque frissonner, mais à laquelle je préférai ne pas me raccrocher. De toute, elle avait pas intérêt à faire la conne…

- « Nous voilà amiral ! C’est l’un des meilleurs coins ! »

J’ai même pas cherché à regarder l’enseigne que je l’ai dépassé direct pour pousser la porte et m’engouffrer dans le bar. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’endroit était plutôt bien foutu. Pas une taverne de bas étage pour pirates et autres bandits. C’était presque cosy, reluisant, classe quoi. On tapait pas non plus dans le luxe démesuré et c’était déjà ça de pris. Par contre, c’était à moitié rempli et les regards se braquèrent sur moi. Lorsque la porte se referma derrière moi, des chuchotements s’élevèrent. La majorité des gars étaient des marines. Des officiers subalternes et supérieurs pour la plupart. Et tous me connaissaient. Sans exception. Faisant fi des murmures, je m’avançai de un, deux pas, lorsque je sentis une présence imposante. Pas comme les autres. Je tournai ma tête à gauche et vit alors un attroupement de jolies filles qui roucoulaient autour d’un gars. Et pas n’importe lequel. Un beau gosse de l’amirauté à qui on me comparait souvent : Le vice-amiral John Scar. Ce dernier m’observait d’un air presque amusé et pelotait grassement les fesses de l’une de ses groupies confortablement installée sur ses genoux. Mais lorsqu’il voulut me faire signe de le rejoindre, je détournai aussitôt mon regard pour me diriger vers le bar. Comme un robot.

- « Quooooi ? Tu m’ignores maintenant ? Hahahaha ! »

Scar, Jeremiah… Tous ces vice-amiraux faisaient partie de ma génération. Nous avions même fait quelques classes ensemble. J’étais pour ainsi dire le dernier à intégrer l’amirauté. Du coup, j’avais un peu honte de moi. Pour autant, il n’était pas question de sortir de ce bar sans quoi le balafré se foutrait de ma gueule plus tard. Je le sentais. Je le savais même. Je m’installai tranquillement sur l’un des sièges au comptoir, avant que Missa ne me rejoigne. En jetant un coup d’œil à celle qui s’était assise à mes côtés, je haussai un sourcil d’interrogation : Pour une raison que j’ignorais, elle était devenue très calme, mais surtout, toute rouge. Je finis par froncer mes sourcils, pis je sentis une autre présence à mes côtés. Il s’était déplacé lui-même et m’avait tapoté l’épaule de manière amicale : « C’est mauvais d’ignorer un vieil ami, Salem. » La voix est rauque mais posée, avec une petite pointe d’amusement. Il savait mon embarras et en jouait presque. Je finis par me tourner vers lui avec une mine presque désabusée. J’avais pas de chance quoi. Pour autant, je ne haïssais pas l’homme. On pourrait penser que nous nous détestions cordialement, mais il n’en était rien. Nous étions presque pareils, tiens. Des rivaux si on veut. A ceci près que j’étais plus un « justicier » que lui.

- « Oh ! Si c’est pas Missa. Tout baigne petite ? »

La pauvre fille ne sut quoi répondre et détourna le regard, rouge de gêne. Sa réaction me confirma les quelques doutes qui commençaient à émerger de mon esprit : Il l’avait niqué. Bah, après, ça m’étonnait pas tellement. Malgré ses cicatrices, il était beau gosse. Pis, c’était pas comme si j’en avais quelque chose à foutre. Limite si j’avais pas haussé les épaules tout seul avant de faire signe au barman de venir me servir du rhum. Le blond pour sa part, s’installa définitivement à mes côtés, mais fut rapidement rejoint par sa bande de fanatiques qui n’arrêtaient pas de glousser et de me fixer avec la même admiration pour leur idole. L’une d’elle lui demanda même de me présenter, chose qu’il fit avec grand plaisir : « On ne le présente plus ! Le grand Fenyang ! Récemment promu vice-amiral s’il vous plait ! » Sa présentation un peu trop théâtrale m’arracha une tronche de constipé et un regard à la fois blasé et irrité. Mon air provoqua un éclat de rire chez mon voisin qui me gratifia d’une bonne bourrade dans le dos. Les jeunes femmes autour de lui étaient plus qu’admiratives. Deux beaux gosses côte à côté, ça donne forcément envie. Sauf que j’étais pas d’humeur. Marie-Joie et tout son cadre me rendaient morose. Ce séjour ici promettait d’être bien chiant…
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- « Bon alors ? Comment ça s’est passé avec l’autre frigide ? »

- « Putain, tu mâches pas tes mots toi… »

- « Bah, j’suis sûr que tu penses comme moi non ? Perso, j’aurai préféré Shiro moi aussi. Avec lui, c’est keep cool, tu vois… »


J’acquiesçai sans rien dire en trempant mes lèvres dans mon verre de rhum. On était clairement d’accord sur ce point. Je lançai un coup d’œil par-dessus l’épaule de mon vis-à-vis avec qui j’étais installé sur une table, un peu à l’écart. Missa avait une mine à la fois boudeuse et presque triste vu que je l’avais abandonné, mais je me voyais clairement pas en train de causer avec Scar à ses côtés. Ses petites minettes par contre gloussaient dans leur coin en nous adressant des œillades parfois bien appuyés. Des années auparavant, ça aurait clairement fini en orgie tout ça. Mais les temps ont changé. Non pas que j’étais plus porté sur le cul, mais clairement moins qu’avant. J’avais presque atteint la quarantaine, j’avais récemment été promu vice-amiral et le fait d’avoir construit un orphelinat m’avait plus ou moins calmé. Entre les deux âges, difficile de faire le clown, sans compter « qu’elle » m’obsédait. Elle me manquait même. Cruellement.

- « Alors ? »

- « Bah, comme tu le devines. Chiant. Elle m’a repris sur l’épisode d’Alabasta. Mais au moins, j’aurai mon matos. »

- « On t’a tous cru mort mon pote. Même l’autre folle aux câlins a failli chialer. »

- « Jeremiah ? »

- « Qui d’autre ? »

- « Quoi ? C’est pas ton genre, Jeremiah ? »


Un petit sourire moqueur étira mes lèvres.

- « Elle me ferait de l’ombre. Puis, entre nous, c’est de toi qu’elle est fan. »

Scar se moqua de moi à mon tour, pendant que je pestais en me cachant derrière mon verre.

- « Mais sinon, il s’était passé quoi ? »

- « Laisse tomber. C’est chiant comme souvenirs. »

- « J’vais pas insister. Mais du quoi, c’est quoi la suite ? T’as des projets ? »

- « Y’a le marteau. Je compte m’y rendre dès que possible. Avec le matos que l’administration me donnera. »

- « Ah ça… Ouais, j’ai oublié que tu te battais avec des cure-dents, toi, hahaha ! »

- « Et j’aimerai bien apprendre quelques techniques du rokushiki, tiens. »
Qu’avais-je dit, feignant d’ignorer sa petite moquerie.

- « Hé ! J’pourrais t’apprendre moi ! Devenir ton professeur quoi ! »

- « Va crever ! »

- « Allez, laisse-moi t’apprendre. Soru et Geppou hein ? »
Qu’il rétorqua en riant et en me tapotant un bras.

Halala… Dans quelle merde m’étais-je fourré ?
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- « J’savais que t’allais venir, hahaha ! »

J’avais envie de faire demi-tour. Ou de lui foutre une beigne, au choix. Son sourire narquois me faisait presque péter un câble. Il m’avait saoulé avec cette affaire la veille, si bien que je m’étais senti « obligé » de venir ici, ce matin, sur ce terrain vierge et isolé de Marie-Joie. Mais là, je regrettai presque mon choix. Ma mine pantoise et blasée le démontrait bien. Scar se mit à rire et vint me tapoter l’épaule amicalement. Le mec se foutait de ma gueule. Il faisait des efforts pour ne pas éclater de rire, mais je le sentais bien, qu’il voulait se gausser avec bon cœur. Je finis par soupirer, avant de repousser son bras, ce qui provoqua son fou rire. Puisque j’étais déjà présent, autant profiter de son savoir. Et puis, qui de mieux qu’un vice-amiral bien connu pour m’enseigner ces techniques ? Bonne remarque. C’était bien mieux que de me faire aider par l’autre fou de Yamamoto. Moins humiliant quoi. Et puis, quelque part, c’était pas comme si j’avais le choix. Je n’avais aucune affinité avec le CP hormis deux femmes et encore : Je n’avais aucune nouvelle des deux personnes. L’une depuis des années. L’autre depuis des mois. La belle affaire.

- « On va commencer par le Soru, c’est le plus facile. J’passe direct à la pratique ? »

- « Nan, parle d’abord. »

- « Okay. Pour le soru c’est simple : Tu fous dix coups de pieds au sol et tu te projettes là où tu veux aller. Simple non ? »

- « Heu… C'est tout ? C'est ça la théorie ? Bon. Attends… »


J’avais arboré une tronche de demeuré, avant de regarder le sol ou plus précisément mes pieds. Dix coups de pieds au sol en une seconde, ça devait pas être trop difficile. Si ce n’était que ça le secret de cette technique, alors je l’avais déjà dans la poche ! Enfin… S’il me racontait pas des bobards, mais j’étais sûr que non. Scar était un gros m’as-tu-vu, mais pas un menteur. Je lui reconnaissais ça. Du coup, comme un gros con, je me mis à bouger des pieds avec une vitesse effroyable. Faut dire qu’à mon niveau, j’étais déjà bien rapide, mais le soru était une technique bien pratique pour décontenancer l’adversaire en disparaissant de son champ de vision comme par magie. Ceci étant dit, bouger les jambes dix fois en une seconde, c’était pas évident. Ou ça ne l’a pas été pendant… Une bonne minute seulement. Parce qu’après, un vice-amiral qui sait pas faire un truc aussi simple pour une personne de son calibre, c’est la loose. Mais une chose était de réussir à bouger aussi vite, et une autre de disparaitre de son emplacement initial pour réapparaitre dans à un autre emplacement. Pendant un bon moment, tout ce que je fis, c’est battre de la poussière…

- « Heu… Mec ça marche p… »

Je ne pus terminer ma phrase puisque la vue de Scar en train de se tordre de rire me coupa dans mon élan. L’instant d’après, je lui tournai le dos avant de m’en aller. Il apparut derrière moi en un clin d’œil et me retint par l’épaule, toujours en s’esclaffant et en essayant de se confondre en excuses comme il le pouvait. Le cirque dura plus ou moins cinq minutes avant que le blond n’arrive enfin à se calmer devant ma mine grincheuse. Après le soru, c’était décidé, j’allais chercher une autre personne pour le geppou ! En attendant, j’étais bien obligé de faire avec ce con qui n’en loupait pas une pour se fendre la poire sans s’en cacher. Sérieux… J’étais pas du tout chanceux quoi… « Suffit pas de bouger bêtement les pieds comme ça ! Tu dois te visionner le lieu où tu veux réapparaitre. Un peu comme une projection mentale si tu veux. » J’eus une expression choquée. J’étais tellement focus sur le fait de réussir les mouvements physiques, que j’en avais oublié l’essentiel. C’était pourtant évident, même à mon sens. Sur le coup, je me sentais bête et pas qu’un peu. Scar voulut me donner un exemple, mais je le stoppai, entêté comme j’étais.

- « Laisse-moi réessayer ! »

Le vice-amiral au corps recouvert de cicatrices eut un soupir amusé et haussa les épaules, avant de croiser les bras sur son torse bien fait. Pour ma part, je me remis à battre la poussière. Mais pas inutilement, puisqu’après quelques essais qui durèrent à peu près cinq minutes, je réussis à me « téléporter » d’un point A vers un point B. Sauf que j’avais fini le cul au sol et que je n’avais progressé que de quelques mètres seulement. De quoi provoquer encore une fois l’hilarité du beau gosse de Marie-Joie. Sans tenir compte de ses moqueries, je me remis à bosser fort. Sauf qu’en deux heures, je ne progressai pas. Pire. Je me cassai la gueule plusieurs fois. Rester passif n’était pas le fort de Scar. Ceci étant dit, le spectacle lamentable que je lui offrais de moi-même en valait la chandelle puisqu’il n’arrêtait pas de rigoler à chaque fois. Et ça dura comme ça toute la matinée. Vers la fin de l’après-midi, j’étais étalé au sol, tout en sueurs, essoufflé et couverts de bleus. Scar quant à lui, avait fait des allers et retours entre ses appartements et le terrain sur lequel il m’avait invité pour m’entrainer. Il était revenu avec une bouteille d’eau qu’il me balança en pleine tronche :

- « J’ai un rencard, mec. J'suis dispo demain matin si tu veux. Mieux vaut que t’arrêtes là pour aujourd’hui. Ça viendra avec le temps, hahahaha ! »

Et il s’en alla, pendant que j’ouvris la bouteille pour renverser le contenu sur mon visage tuméfié. Peut-être fallait-il que j’essaye une autre approche…
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- « Alors, t’es décidé à me laisser te montrer ? »

- « Aucun problème. »

Nous étions au petit matin du deuxième jour d’entrainement. J’avais le visage recouvert de sparadraps et de bandages. Missa avait eu la gentillesse de me prodiguer des soins la veille, lorsque j’étais revenu de mon long et fastidieux entrainement que j’avais même continué malgré le conseil de Scar. Résultat ? Pas mal de bobos sur tout le corps. Ma fierté de vice-amiral fraichement promu et d’instructeur m’avait joué de sale tour. J’en avais même oublié mon humilité habituelle à ce niveau-là. La folie des grandeurs sans aucun doute. Mais pas de quoi regretter, puisque c’était sans aucune doute une bonne expérience. On ne finissait jamais d’apprendre et je n’aurai sans doute plus les chevilles enflées après ça. Aussi, lorsque Scar voulut encore une fois me railler, j’avais répondu le plus simplement possible sans retranscrire le moindre agacement. Mon flegme stoppa net ses petites moqueries. Il eut cependant un sourire amusé et repassa encore une fois sur la méthode. Le principe était plutôt simple. Mais de la théorie à la pratique, il y avait un monde. Toujours est-il que je l’écoutai avec attention avant qu’il ne passe enfin à la pratique.

- « Observe attentivement. »

Sans attendre, je fis usage du haki de l’observation. Je n’attendis pas qu’il s’impose à moi. Par contre, malgré mon haki, il me fallut cinq bonnes minutes pour bien décortiquer et analyser ses mouvements : Ils étaient fluides, bien exécutés et presque sans défauts. Scar lui, s’amusait à disparaitre et à réapparaitre çà et là, sourire aux lèvres. Il était rompu à l’art du Rokushiki. Au soru, tout du moins. Je me posai la question de savoir qui lui avait enseigné ces arcanes, mais je balayai très rapidement ces pensées de mon esprit pour me concentrer sur l’essentiel : Ses mouvements. Et puis, d’un seul coup, je me levai après plus d’une demi-heure d’observation minutieuse ponctué par des conseils de mon homologue lorsqu’il s’amusait à effectuer de multiples soru. Je pris moi aussi position et je fis comme lui, non sans me projeter vers un lieu à proximité. Et là, miracle ! Je réussis à effectuer un mini-soru sans me ramasser la gueule. Pour être sûr que ce n’était pas un heureux hasard, j’effectuai la même chose et je constatai avec plaisir que j’avais encore réussi. Ce n’était peut-être pas grand-chose, mais un sentiment d’accomplissement m’envahissait déjà.

Mais je n’allais pas m’arrêter là, bien entendu.

- « Essaye de parcourir des distances un peu plus longues. »


J’acquiesçai aux dires de mon cher collègue. Il fallait maintenant évoluer maintenant que j’avais franchi ce cap. J’avais la nette impression d’apprendre à faire du vélo ou même d’apprendre à nager, quelque chose comme ça. L’idée était vulgaire, mais c’était vraiment mon ressenti. Je recommençai alors mon entrainement. Et les chutes reprirent. Disparaitre et réapparaitre sur de longues distances, c’est pas une sinécure. J’enchainai là encore les boulettes… Mais en trois heures… Je rectifiai encore le tir. L’apprentissage pour un mec de ma trempe n’était pas vraiment difficile. J’étais naturellement fort et déjà rapide. Tout n’était qu’une question de « techniques » à ce niveau. Des quelques petits mètres effectués, j’étais passé à de grandes distances. Je titubais un peu, mais je commençais à gérer l’affaire. Je passai d’ailleurs toute cette journée à améliorer mes mouvements de la sorte. J’avais parfois un petit raté, mais rien de vraiment alarmant en somme. Scar pour sa part était plutôt impressionné. Lui-même avait mis du temps pour apprendre ces techniques lors de sa jeunesse, mais c’était tout à fait normal.

Du fait de son manque d’expérience, il n’avait pas eu la force nécessaire pour griller les étapes, un peu comme je le faisais sous ses yeux.

- « J'pense qu’on peut s’arrêter là pour aujourd’hui. Ne force pas comme hier. T’es déjà sur la bonne voie. »

Son conseil de sage qui survint en fin de journée m’arracha un air ébahi. Mais devant son sérieux, je préférai ne pas discuter ou n’en faire qu’à ma tête. Je m’étais encore fait quelques blessures, même si on ne pouvait pas dire que ces bobos me faisaient un mal de chien. Du travail supplémentaire pour la gamine qui ne cessait de s’occuper de moi depuis qu’elle m’avait escorté depuis Alabasta jusqu’ici. Je quittai finalement les lieux en sa compagnie, puis je gagnai mes quartiers après avoir longuement papoté avec lui. Sur le chemin du retour, je faillis tomber sur Jeremiah dans un couloir, mais je m’arrangeai à l’éviter comme un ninja avant de finir dans ma chambre. Comme d’habitude, la rousse m’y attendait impatiemment à un tel point que c’en était suspect. J’aurai bien voulu l’interroger sur sa relation avec Scar histoire de la mettre mal à l’aise et de l’éloigner de moi, mais c’est bien elle qui me soignait et qui m’apportait à bouffer donc j’avais pas intérêt à faire mon connard. D’ailleurs, j’étais certain qu’elle aspirait à intégrer mon futur équipage, vu comment elle me collait depuis. Ce serait pas vraiment étonnant. Ni la première, d’ailleurs…
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- « On va passer aux choses sérieuses pour accélérer ta maitrise. Moi j'tape, toi tu esquives comme tu peux. »

Troisième jour d’entrainement. Et à peine avait-il fini de dire ça qu’un coup de poing sortit de nulle part pour venir s’écraser sur ma joue gauche. Pas le temps de réagir. Pas le temps de me fier à mon mantra. L’attaque m’envoya valser carrément à plusieurs mètres de mon emplacement, avant que je ne tombe et que je ne roule plusieurs fois sur le sol. Mais à peine voulus-je me redresser et comprendre ce qui se passait que Scar apparut là encore de nulle part pour me flanquer un coup de pied dans les côtes qui m’envoya valdinguer du côté où j’étais initialement. Comme un vulgaire ballon de foot. Le coup me coupa carrément la respiration, mais je réussis cette fois-ci à me réceptionner comme un chat après avoir fait un vol plané de plusieurs mètres. Ceci étant dit, mon professeur de circonstance n’était pas disposé à me faciliter la tâche. Son genou venait déjà rencontrer mon pif. Pif qui allait être écrasé si je n’avais pas eu le mantra pour l’esquiver vite fait en plongeant sur ma droite. Une aubaine sur le coup, mais qui arracha un soupir amusé au sensei qui s’était attendu à autre chose. Le mantra c’était clairement pratique, mais…

- « Le haki, c’est quelque chose, mais tu dois faire du soru un geste réflexe. Un complément même à ton fluide, si tu veux. J’vais pas te dire de ne pas l’utiliser, mais essaye de combiner les deux : Tu sens mes attaques et tu les esquives avec un soru. »

- « Plus facile à dire qu’à faire ! »


Je pestai avant de cracher du sang. Il avait failli m’arracher des dents, voire même me déboiter la mâchoire, mais je n’allais clairement pas me plaindre comme une petite fille. C’était ça, un entrainement et il avait bien raison de ne pas y aller de mains mortes avec moi. J’étais bien trop puissant et trop vieux pour que Scar me ménage. D’ailleurs, le blond aux yeux bleus se mit à sautiller sur l’une de ses jambes en souriant. Puis il disparut de mon champ de vision. Carrément. Avant de réapparaitre dans mon dos comme par magie. Je l’avais bien senti cette fois-ci. Il ne restait plus qu’à laisser libre cours à mon soru. Sauf que le temps d’application de la technique fut trop long, ce qui me couta un violent coup de pied en plein dans la nuque. Néanmoins, loin de me faire envoler comme d’habitude, je titubai sur un petit mètre avant de m’immobiliser. Mais rebelote ! Le BCBG s’était encore volatilisé. J’anticipai une énième fois son attaque : Sur le flanc gauche. Mais bien avant de pouvoir effectuer la technique du soru, il m’avait déjà enflammé les côtes à l’aide de son pied droit. Il eut un petit bruit de craquement même, mais je restai stoïque, les dents serrés.

Le vice-amiral commença alors à me narguer. Il se déplaçait en cercle autour de moi à l’aide de son soru et s’approchait de moi pour m’infliger de sérieuses attaques qui commençaient à me secouer et pas qu’un peu. Ses attaques n’étaient pas meurtrières et ne visaient pas mes points vitaux, mais elles étaient assez violentes pour m’infliger de sérieux dégâts. Je devais avoir quelques mini-fractures et une tonne d’hémorragie internes en plus des plaies qu’il avait déjà occasionnées. Ce supplice dura quelques temps. Une heure. Peut-être deux. Si bien que j’en fus réduit à bloquer toutes ses attaques qui visaient mon visage. Apprendre le rokushiki, c’était bien beau, mais j’avais pas non plus besoin qu’il me rectifie entièrement le portrait. J’avais déjà bien assez morflé comme ça ! Cependant, le miracle intervint en début d’après-midi. Lorsqu’il voulut effectuer un croc-en-jambe, je réussis ENFIN à l’éviter à l’aide d’un soru. Ceci étant, fourbe comme il était, il enchaina directement un soru et me donna un coup de pied dans le dos qui me fit tomber dans le sable la gueule la première. Je me relevai rapidement et rageai comme un gamin.

Néanmoins, je le sentais : J’y étais presque !

Les coups se mirent alors à pleuvoir. Au fil des heures, je m’habituais à faire du soru une capacité d’esquive. Sur quatre offensives, j’en évitais deux ou trois sans trop de soucis avant de flancher au dernier tournant. Scar qui jugeait mes progrès plus que satisfaisants mit les bouchées doubles. Aux yeux d’un humain lambda, le combat que nous menions ne serait certainement incroyable. Un duel impossible à suivre. Dans mon euphorie, je me mis moi aussi à répliquer. Nos poings se croisèrent, se heurtèrent et nos corps s’effacèrent juste après pour réssurgir quelque part d’autre. Dans les airs comme sur le sol. Au crépuscule, nous luttâmes à armes égales dorénavant. Mais notre confrontation était tellement intéressante que nous n’arrétions pas. Le combat était violent mais chacun avait le sourire aux lèvres. Même si je n’avais pas mon arme de prédilection, j’arrivais à lui flanquer de bonnes droites et à suivre sa cadence malgré son expérience au niveau du rokushiki. Ce n’est d’ailleurs que le lendemain, à l’aube que nous mîmes un point final au combat. Nos corps étaient assez amochés, mais le combat s’était terminé sur un match nul et sur une bonne note.

Scar avait de nouvelles cicatrices qu’il allait exhiber avec bon cœur et moi, une technique de rokushiki à ma palette déjà bien fournie.
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