Ne plus se faire marcher sur les pieds v2.0
- ...et voilà, l'auberge du Sacré Cœur, vous y êtes !
Je congédiai le garde d'un vague merci avant de m'engouffrer dans l'auberge. J'avais débarqué dans le début de la soirée, vers seize heures environ - la présence du pôle non loin faisant que le soleil se couchasse tôt - il faisait froid, un froid polaire mais j'avais bien pris soin de me vêtir pour l'occasion. Dans le couchant, j'avais pu contempler les lumières du port jouxtant les horizons gelés de l'île, un paysage sympathique rappelant une certaine chaleur nostalgique que l'on retrouvait aussi dans les habitants. Sitôt j'eus mis pied à terre que je fus accueillie par un bonhomme, une sorte de guide, qui se présenta comme un héraut de l'aurore et me proposa de m'aider à trouver un logement. Comme je suis pas du genre à cracher dans la soupe, que de toute manière j'avais mis mes cache-oreilles pour être à la fois insensible au froid et au flot continu du baratin du nigaud, j'avais éventuellement accepté d'être escortée de la sorte. Et c'est ainsi que je m'étais retrouvée devant cette authentique chaumière à trois étages qui se présentait comme une auberge et n'en donnait pas moins l'impression d'en être une.
Ma venue sur l'île était due aux récents événements qui avaient fait basculer le poids de la Marine sur l'île, réduite à l'état de cendres autant pour les locaux que pour ceux qui les peuplaient. Les révolutionnaires avaient fait parler d'eux et notamment un certain Alrahyr Kaltershaft, une pourriture de premier ordre qui s'évertuait à commettre des exactions partout où il passait, mettant systématiquement le Gouvernement Mondial dans un drôle d'état. Cette fois-ci, le bonhomme s'était barré incognito avec un navire des forces de l'ordre, transportant avec lui des confrères révolutionnaires qui avaient réussi à s'échapper des purges précédentes. Même si, apparemment, on avait déjà des gugusses qualifiés sur le coup pour retrouver l'énergumène, je n'en croyais rien. Mais en plus de ça, il semblerait que d'autres olibrius du même types soient tentés de refaire le coup une deuxième fois.
Étrangement, cette île de North Blue avec ses groupuscules dissimulés dans l'ombre et ses rumeurs criminelles ne m'avait pas laissée de marbre et j'avais fait la demande d'être mutée là-bas illico pour essayer de retirer un peu du pu qui suppurait de la plaie qu'était devenue Borea pour les instances de la justice. C'était alors pas tant l'ordre de mission qui m'avait attiré, mais le contexte de celle-ci qui me semblait étrangement louche. En soit, les révolutionnaires étaient connus pour commettre leurs crimes dans le plus grand secret et j'étais très étonnée de voir que ceux-ci étaient si facilement percés à jour, dans le coin, sans qu'à chaque fois ils ne se doutent de rien. Apparemment, c'était l’œuvre d'un talentueux agent du CP6 qui faisait office de mouchard à la seule condition qu'on ne vienne pas le faire chier. Même si j'étais sacrément tentée à l'idée d'interroger l'individu, je savais aussi bien que ça pourrait mettre sa mission en échec.
Bon il fallait pas être trop con non plus. Je doutais que les révolutionnaires allaient mettre leur plan en application, à moins qu'ils aient de l'eau dans le cerveau à peu près au même niveau que les zigomars au QI d'huitre de la Marine qui pensaient probablement que la meilleure solution était de camper le coin pour empêcher les anarchistes de réaliser leur coup. Et voilà, c'était comme ça qu'on se retrouvait avec des prisons à moitié vides dans tous les coins des Blues : des officiers incompétents incapables de prévoir un plan d'action. Si seulement ils avaient attendu que les gars se pointassent pour les coffrer, je dis pas, mais là c'était sûr qu'ils allaient pas montrer le bout de leur nez. Du coup j'avais choisi d'être spectatrice d'un tel désastre, je m'étais dit qu'une petite nuit dans le coin serait pas de refus, histoire de faire un peu de tourisme aussi tant que j'y étais, de voir comment la mode se comportait ici. Et donc, j'étais rentrée dans la bâtisse sans attendre pour prendre une chambre, poser mes affaires et me barrer aussi sec.
- Saucissons, c'est le moment, prix spécial saucisson ! Sanglier, noisettes, ail, demandez votre saucisson !
Le marché était surpeuplé, comme ces jours de fête stupides ou bien encore ces jours où le marché est surpeuplé car les autres jours, ben y'a pas de marché. Quelle drôle d'idée j'avais eu de passer par là, en même temps, mais il faut bien faire le sacrifice de sa misanthropie lorsque l'on se balade en ville.
- Jupes longues, jupes courtes, jupes à pois et jupes déchirées. Chez Charlotte, la mode c'est top.
Les commerçants gueulaient leurs slogans, les clients en avaient rien à foutre des gens autour d'eux et les marmots avaient pas de meilleure idée que de jouer à chat ou au loup dans la foule transpirant sous la chaleur corporelle qui avait fait fondre la neige sur tout le périmètre et donnait à la zone un climat tropical pour peu qu'on soit vêtu en hiver. J'affichais une mine atterrée, perdue dans ce flot de têtes blondes ; foutus scandinaves qui se ressemblent tous. Qu'est-ce que j'étais venue foutre là ?
- Avec Duplex, protégez-vous du froid. Chez nous, les K-Way sont à moitié prix !
Et puis progressivement, la température redescend, la populace s'amenuise, le bruit diminue et je me retrouve dans une sorte d'avenue, d'axe principal où la chaussée est assez large pour permettre aux véhicules de passer. Je souffle, je suis plus très loin du port. C'est l'occasion de me trouver une place, un banc, un truc pour me poser dessus et manger mon sandwich en admirant le spectacle. Ah ces Marines, toujours là pour faire rire. Mieux encore qu'une pièce de théâtre quand il s'agit de se donner en spectacle. J'arrive bientôt pas très loin d'un grand escalier en pierre, avec un petit muret bordant un jardin en hauteur : un petit parc au bord d'un dénivelé menant aux quais, plus bas. Je trouve rapidement un banc libre, m'assois, sors ma bouffe, ma couverture, je m'étale, me mets à l'aise, l’œil rivé sur les fonctionnaires. Le panorama est parfait, je vois tout.
Certains vont au cinéma, moi je vais voir les soldats.
Je congédiai le garde d'un vague merci avant de m'engouffrer dans l'auberge. J'avais débarqué dans le début de la soirée, vers seize heures environ - la présence du pôle non loin faisant que le soleil se couchasse tôt - il faisait froid, un froid polaire mais j'avais bien pris soin de me vêtir pour l'occasion. Dans le couchant, j'avais pu contempler les lumières du port jouxtant les horizons gelés de l'île, un paysage sympathique rappelant une certaine chaleur nostalgique que l'on retrouvait aussi dans les habitants. Sitôt j'eus mis pied à terre que je fus accueillie par un bonhomme, une sorte de guide, qui se présenta comme un héraut de l'aurore et me proposa de m'aider à trouver un logement. Comme je suis pas du genre à cracher dans la soupe, que de toute manière j'avais mis mes cache-oreilles pour être à la fois insensible au froid et au flot continu du baratin du nigaud, j'avais éventuellement accepté d'être escortée de la sorte. Et c'est ainsi que je m'étais retrouvée devant cette authentique chaumière à trois étages qui se présentait comme une auberge et n'en donnait pas moins l'impression d'en être une.
Ma venue sur l'île était due aux récents événements qui avaient fait basculer le poids de la Marine sur l'île, réduite à l'état de cendres autant pour les locaux que pour ceux qui les peuplaient. Les révolutionnaires avaient fait parler d'eux et notamment un certain Alrahyr Kaltershaft, une pourriture de premier ordre qui s'évertuait à commettre des exactions partout où il passait, mettant systématiquement le Gouvernement Mondial dans un drôle d'état. Cette fois-ci, le bonhomme s'était barré incognito avec un navire des forces de l'ordre, transportant avec lui des confrères révolutionnaires qui avaient réussi à s'échapper des purges précédentes. Même si, apparemment, on avait déjà des gugusses qualifiés sur le coup pour retrouver l'énergumène, je n'en croyais rien. Mais en plus de ça, il semblerait que d'autres olibrius du même types soient tentés de refaire le coup une deuxième fois.
Étrangement, cette île de North Blue avec ses groupuscules dissimulés dans l'ombre et ses rumeurs criminelles ne m'avait pas laissée de marbre et j'avais fait la demande d'être mutée là-bas illico pour essayer de retirer un peu du pu qui suppurait de la plaie qu'était devenue Borea pour les instances de la justice. C'était alors pas tant l'ordre de mission qui m'avait attiré, mais le contexte de celle-ci qui me semblait étrangement louche. En soit, les révolutionnaires étaient connus pour commettre leurs crimes dans le plus grand secret et j'étais très étonnée de voir que ceux-ci étaient si facilement percés à jour, dans le coin, sans qu'à chaque fois ils ne se doutent de rien. Apparemment, c'était l’œuvre d'un talentueux agent du CP6 qui faisait office de mouchard à la seule condition qu'on ne vienne pas le faire chier. Même si j'étais sacrément tentée à l'idée d'interroger l'individu, je savais aussi bien que ça pourrait mettre sa mission en échec.
Bon il fallait pas être trop con non plus. Je doutais que les révolutionnaires allaient mettre leur plan en application, à moins qu'ils aient de l'eau dans le cerveau à peu près au même niveau que les zigomars au QI d'huitre de la Marine qui pensaient probablement que la meilleure solution était de camper le coin pour empêcher les anarchistes de réaliser leur coup. Et voilà, c'était comme ça qu'on se retrouvait avec des prisons à moitié vides dans tous les coins des Blues : des officiers incompétents incapables de prévoir un plan d'action. Si seulement ils avaient attendu que les gars se pointassent pour les coffrer, je dis pas, mais là c'était sûr qu'ils allaient pas montrer le bout de leur nez. Du coup j'avais choisi d'être spectatrice d'un tel désastre, je m'étais dit qu'une petite nuit dans le coin serait pas de refus, histoire de faire un peu de tourisme aussi tant que j'y étais, de voir comment la mode se comportait ici. Et donc, j'étais rentrée dans la bâtisse sans attendre pour prendre une chambre, poser mes affaires et me barrer aussi sec.
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- Saucissons, c'est le moment, prix spécial saucisson ! Sanglier, noisettes, ail, demandez votre saucisson !
Le marché était surpeuplé, comme ces jours de fête stupides ou bien encore ces jours où le marché est surpeuplé car les autres jours, ben y'a pas de marché. Quelle drôle d'idée j'avais eu de passer par là, en même temps, mais il faut bien faire le sacrifice de sa misanthropie lorsque l'on se balade en ville.
- Jupes longues, jupes courtes, jupes à pois et jupes déchirées. Chez Charlotte, la mode c'est top.
Les commerçants gueulaient leurs slogans, les clients en avaient rien à foutre des gens autour d'eux et les marmots avaient pas de meilleure idée que de jouer à chat ou au loup dans la foule transpirant sous la chaleur corporelle qui avait fait fondre la neige sur tout le périmètre et donnait à la zone un climat tropical pour peu qu'on soit vêtu en hiver. J'affichais une mine atterrée, perdue dans ce flot de têtes blondes ; foutus scandinaves qui se ressemblent tous. Qu'est-ce que j'étais venue foutre là ?
- Avec Duplex, protégez-vous du froid. Chez nous, les K-Way sont à moitié prix !
Et puis progressivement, la température redescend, la populace s'amenuise, le bruit diminue et je me retrouve dans une sorte d'avenue, d'axe principal où la chaussée est assez large pour permettre aux véhicules de passer. Je souffle, je suis plus très loin du port. C'est l'occasion de me trouver une place, un banc, un truc pour me poser dessus et manger mon sandwich en admirant le spectacle. Ah ces Marines, toujours là pour faire rire. Mieux encore qu'une pièce de théâtre quand il s'agit de se donner en spectacle. J'arrive bientôt pas très loin d'un grand escalier en pierre, avec un petit muret bordant un jardin en hauteur : un petit parc au bord d'un dénivelé menant aux quais, plus bas. Je trouve rapidement un banc libre, m'assois, sors ma bouffe, ma couverture, je m'étale, me mets à l'aise, l’œil rivé sur les fonctionnaires. Le panorama est parfait, je vois tout.
Certains vont au cinéma, moi je vais voir les soldats.