Lily Pussien, la naine exploratrice !

Du haut de ses dix-neuf ans, Lily est aussi petite qu’un hérisson, mesurant quelque vingt centimètres. Certes, c’est une naine, donc elle n’est pas censée mesurer beaucoup plus. Néanmoins, elle est considérée courte sur pattes même par les membres de sa tribu, eux-mêmes pas plus hauts que trois pommes. Cela est dû à sa naissance prématurée, qui est d’ailleurs une des deux séquelles physiques qu’elle retient aujourd’hui de cette arrivée au monde en avance. Étant donné cette taille dérisoire, son poids est lui aussi minime, n’atteignant que quelques centaines de grammes. Malgré tout, la jeune Tontatta vit sans complexe, contrairement à ce que l’on pourrait penser. Elle ne voit en sa petite carrure que des avantages, comme être très discrète aux yeux des races plus grandes pour ne donner qu’un seul exemple.

Une autre caractéristique propre à sa race est la grosse queue touffue, assez similaire à celle d’un tanuki, sur son arrière-train. Les couleurs de cette fourrure rayée passent du noir obscur au vert gazon, offrant un mélange agréable à l’œil. La naine utilise cet appendice caudal poilu de diverses manières, notamment en tant que coussin confortable pour dormir ou alors comme arme pour frapper des malotrus qui le méritent. Jusque-là, rien de vraiment étrange pour un nain de la tribu des Tontattas, en dehors de sa petitesse. Cependant, il y a une chose qui la différencie vraiment des autres et qui se trouve au niveau du visage.

En effet, on ne retrouve pas le nez pointu caractéristique de la plupart de ses semblables. Qui sait si cela est le résultat de l’accouchement prématuré ? Dans tous les cas, le sien est chétif et légèrement retroussé. Il n’a clairement pas autant d’allure que celui de ses compères, mais sa faculté à renifler des fruits et légumes aux alentours est sans pareil. Sur son minois fin et arrondi, ce sont ses yeux qui ressortent le plus. Très expressives, ses mirettes couleur noisette ne manquent pas de manifester les sentiments de la demoiselle. Quiconque croise son regard la comprend sans grandes difficultés. La plupart du temps, ils expriment une joie de vivre contagieuse. D’ailleurs, il est assez rare qu’un sourire ne soit pas affiché sur ses lèvres fines. Côté capillaire, la jeune naine possède une chevelure verdoyante, assez courte, qu’elle coiffe au carré avec une mèche effleurant délicatement son œil droit.

Pour ce qui est de son corps, Lily est très menue. De même, comme la plupart des naines, sa poitrine est tout juste assez développée pour savoir qu’elle est de sexe féminin, mais pas plus. Ce n’est pas quelque chose qui la préoccupe beaucoup, rien de bien important à ses yeux. Ses bras sont relativement longs et fins par rapport à sa carrure, ne laissant pas deviner qu’un petit être vivant de la sorte puisse disposer d’autant de force. Ses mains, au contraire, sont relativement larges, au point qu’il est possible d’y voir les marques du travail de la terre effectué pendant la majorité de sa vie. Ses jambes, quant à elles, possèdent les mêmes traits que ses bras, lui permettant de bouger avec vivacité. D’ailleurs, lors de longs déplacements, c’est plus en petits sauts qu’en marchant que la Tontatta se déplace. Étant donné sa taille, c’est plus rapide, mais aussi plus amusant à ses yeux.

Concernant les vêtements, son style est simpliste puisqu’elle porte un manteau vert olive par-dessus un t-shirt blanc, tous deux particuliers uniquement dans le sens où ils contiennent une manche spéciale pour pouvoir y passer la queue. Pour le bas, un pantacourt aussi marron que ses yeux lui suffit. Par contre, les accessoires sont plus importants à ses yeux, notamment sa paire de lunettes d’aviation que des membres de sa tribu lui ont créée. Lorsqu’elles ne sont pas sur son nez, il y a peu de doute qu’elles se situent dans ses cheveux. Autrement, elle enroule une écharpe d’un rouge vif autour de son cou, surtout pour se protéger du froid lors des sessions de vol avec Kiki.

Pour finir, la jeune naine possède une voix très aiguë, assez enfantine, qui a une tonalité très amusante à l’oreille. Mais ce qui rend sa manière de parler plutôt cocasse, c’est que la demoiselle zozote. Elle est effectivement victime de dyslalie, due à des malformations physiques suite à son arrivée précoce en ce monde. Cette seconde séquelle la gêne déjà beaucoup plus, car elle adore parler, un vrai moulin à paroles. C’est malheureusement un peu dur pour elle de se faire comprendre parfois avec ce trouble de la communication. On a l’impression d’entendre un gamin de trois ans parler. Heureusement, elle dispose d’un vocabulaire un peu plus développé que cela. Toutefois, c’est une incommodité qu’elle n’assume pas vraiment, contrairement à sa taille.

Lily est une naine au grand cœur, il y a beaucoup à dire à son sujet. Pour commencer, elle est heureuse de vivre et elle le fait savoir. Elle apprécie en particulier contempler la beauté du monde, ne serait-ce qu’observer un coucher de soleil. En ce sens, elle aime les choses simples. Néanmoins, son amour pour la découverte de lieux qui lui sont inconnus reste un plaisir insatiable. La jeune Tontatta s’est tellement sentie isolée sur son île natale lorsqu’elle y vivait, qu’avoir la possibilité de pouvoir admirer des milliers de nouveaux paysages est un cadeau incroyable.

Kiki, un oiseau qui se trouve être son compagnon de voyage et meilleur ami, reste la prunelle de ses yeux. Rien ne pourra surpasser son amitié pour le piaf au physique pour le moins intéressant. L’ayant rencontré alors qu’elle n’avait que treize ans, ils ont eu plusieurs années pour créer un lien très solide. Tous deux n’hésiteraient pas à se sacrifier si cela signifiait sauver l’autre. Partenaires dans les moments loufoques comme dans ceux les plus durs, Lily le considère comme un membre à part entière de sa famille. Dans les très rares cas où elle est triste, il est celui qui a le plus de chances de la faire sourire à nouveau.

Joyeuse la plupart du temps, elle essaie de voir le bon côté des choses dans chaque situation. Cet optimisme lui permet de surmonter des circonstances qu’elle n’aurait pas forcément la force d’affronter autrement. Cependant, il peut aussi lui causer du tort puisque le choix d’ignorer certains faits qui ne lui plaisent pas peut parfois lui être préjudiciable. Dans tous les cas, il est possible de compter sur elle pour remonter le moral. Entre sa béatitude et sa voix digne d’une gamine, il est dur de ne pas lâcher un sourire en sa présence.

Un autre grand aspect de sa personnalité est son côté farceur. Depuis qu’elle a remarqué que les plus grandes races ne la remarquent pas aisément, elle a pris un goût pour leur jouer des tours. Cela n’est jamais purement de la méchanceté, elle voit cela comme un jeu. Les faire tomber, les déshabiller en public, tant d’actions desquelles elle retire un plaisir fou. Par contre, elle n’agit de la sorte qu’avec les plus grandes races. Face à d’autres nains, elle est bien plus respectueuse, tout simplement parce qu’elle sait bien qu’ils peuvent la voir.

Néanmoins, il y a une farce qui est, à ses yeux, la meilleure. Il s’agit de parler avec des humains lorsqu’elle se trouve sur le dos son meilleur ami. En effet, dans cette position, l’oiseau la cache de ceux qui se trouvent en face. Ainsi, elle se délecte de faire croire que Kiki est capable de parler, ce qui a le don de surprendre pas mal de gens. Elle chérit tellement ce canular qu’elle est allée jusqu’à peindre la selle et les rênes sur Kiki de la même couleur que ses plumes histoire de pouvoir vendre encore plus le coup de l’oiseau qui parle. Lorsque quelqu’un est victime de son gag, elle continuera tant que la personne qu’elle piège n’a pas découvert le pot aux roses.

Malgré son amour pour les blagues, il n’est pas difficile de lui en faire à son tour. En effet, aussi candide qu’un enfant, elle croit tout ce qu’on lui dit. Ceci est un trait qui est commun à de nombreux nains, étant donné leur isolation géographique. Ignorante quant au reste du monde, elle ne peut différencier le vrai du faux lorsque quelqu’un lui raconte quelque chose. Ainsi très  influençable et facilement manipulable, cela peut la mener dans des situations plus ou moins étranges. Par contre, gare à ceux qui lui ont menti lorsqu’elle s’en rend compte, car cela peut vite tourner au cauchemar pour eux. Lily a beau apprécier la vie et être très joyeuse en temps normal, elle peut se montrer terrifiante si les conditions nécessaires sont réunies. Un autre exemple de cas où il lui arrive de s’emporter est lorsque quelqu’un abîme les beaux paysages qu’elle aime tant contempler.

En dehors de ces situations particulières, la Tontatta n’est pas une brute qui adore le combat. Bien au contraire, elle tentera par tous les moyens de l’éviter. Non pas parce qu’elle a peur ou manque de confiance en ses capacités, mais parce qu’elle ne voit pas de raison de se battre si cela n’est pas absolument nécessaire. Ainsi, il lui arrivera rarement d’initier elle-même un affrontement. Souvent, il faudra vraiment l’énerver ou alors que l’adversaire ait été l’auteur de faits terribles. Il faut également savoir que si elle sort victorieuse d’un conflit, elle n’achèvera en aucun cas le perdant. Elle apporte bien trop d’importance à la vie pour ne serait-ce qu’oser ôter à quelqu’un ce cadeau à la valeur inestimable. Le meurtre est pour elle une ligne à ne pas dépasser. Autant dire que le courant aura du mal à passer avec ceux qui n’y voient aucun inconvénient. Cependant, elle ne voit pas de problème à castagner sévèrement quelqu’un qui le mérite, c’est sa façon à elle d’aborder le monde.

Pour finir, en ce qui concerne les différents groupes errant sur les mers comme les pirates, le Gouvernement Mondial, les révolutionnaires ou encore les chasseurs de primes, Lily n’a aucun avis à leur sujet. Ou, plutôt, elle ne dispose pas d’a priori qui pourrait influencer son jugement à leur encontre. En effet, n’ayant commencé son voyage que récemment, elle n’a pas encore eu le temps de se forger une opinion sur chacun des groupes. Dans le royaume des Tontattas, ces différentes catégories n’existent pas. Quant aux expéditions à Dressrosa, la demoiselle était bien trop occupée à faire ses farces aux gens pour apprendre quoi que ce soit sur le monde en écoutant leurs conversations. Ainsi, elle ne considère pas les pirates comme une menace, ou les révolutionnaires comme des héros. Tout ce qu’elle voit, ce sont des gens qui font l’expérience de la vie, tout simplement. Cela risque cependant de changer au cours de son voyage sur les mers… ou peut-être pas ?

Lily est née en 1607 dans le royaume souterrain de Tontatta, sur Green Bit, au sein de la tribu du même nom. Sa naissance fut prématurée, ce qui pouvait immédiatement se constater par sa taille minuscule. Évidemment, ce n’était pas inhabituel pour un nain tout juste né d’être petit, mais sa taille était dérisoire, même du point de vue de ses semblables. Étant donc un bébé fragile, ses parents furent extrêmement protecteurs avec elle. Certes, ils la chouchoutaient, mais il n’y avait pas que des avantages. Toute son enfance, elle avait le droit aux « Tu ne peux pas » ou « C’est trop dangereux » alors que ses pairs du même âge avaient l’opportunité d’accompagner les adultes lors d’expéditions à l’air libre. Autrement dit, elle avait l’interdiction de se déplacer en dehors du royaume souterrain. La surface de Green Bit était, elle aussi, comprise dans le lot des zones dont l’accès lui était défendu.

Malgré tout, le reste de son éducation fut similaire à celle des autres enfants Tontattas, c’est-à-dire un enseignement centré sur la jardinerie. Les membres de la tribu ont toujours eu un don pour la culture de n’importe quelle plante. Douée comme la majorité de ses camarades, elle se prit rapidement d’intérêt à l’utilisation culinaire des produits de la terre consommables que sont les fruits et légumes. Le fait d’être confinée dans les terres souterraines du royaume ne lui laissait d’autres choix que de se focaliser sur cette nouvelle passion.

Cette situation perdura jusqu’à ses 13 ans. Toute sa vie tournait autour du jardinage et de la cuisine. Celles-ci étant ses seules activités pendant ces dernières années, elle y excellait malgré son jeune âge. Cependant, cela ne suffisait plus à l’adolescente qui ne supportait plus ce rythme de vie. Elle ressentait un manque, un vide. Sa vie était tout bonnement monotone et insipide. Chaque jour ressemblait au précédent, sans exception. Il n’y avait aucune différence, aucune surprise. Néanmoins, Lily n’était pas stupide. Elle comprenait bien pourquoi ses parents ressentaient ce besoin de la garder en sécurité étant un enfant prématuré, mais cette excuse ne la contentait plus. Elle savait pertinemment qu’ils  n’oseraient jamais la laisser explorer ne serait-ce que la surface de Green Bit, même avec des adultes pour l’accompagner.

Ainsi, un soir, elle prit la décision d’effectuer une sortie incognito pour pouvoir contempler le monde extérieur de ses propres yeux et par conséquent, combler ce vide en elle. La vie de la tribu étant très calme et paisible, ils n’effectuaient pas de tours de garde ou quoi que ce soit d’autre en guise de sécurité. Autant dire que cela rendit l’escapade de la jeune naine peu laborieuse. La seule chose à laquelle elle devait faire attention était de ne faire aucun bruit. Une fois au grand air, elle put admirer la beauté de l’île sous une pleine lune rayonnante. Immédiatement, elle se sentit revivre, le sentiment qu’un nouveau monde s’offrait à elle l’envahit. C’était avec sincérité qu’elle s’émerveillait devant la végétation luxuriante de l’île qu’elle découvrait au fur et à mesure de son exploration.

Malheureusement, on ne lui avait pas interdit l’accès à la surface juste à cause de sa fragilité quand elle était plus jeune. Des dangers rôdaient en ce lieu verdoyant, en particulier la nuit. Elle n’eut pas le temps de comprendre cela que ses pieds quittèrent soudainement le sol. À l’aide de son vol incroyablement silencieux, une chouette l’avait prise entre ses serres, comptant bien en faire son repas. Malgré ses efforts, elle ne parvint pas à se défaire de l’emprise du rapace. Mais, comme un miracle sorti de nulle part, un autre oiseau surgit et percuta le hibou, ce qui permit à la naine de s’extirper des griffes mortelles de ce chasseur nocturne. Déterminée à finir sa chasse, la chouette persista et plongea en direction de Lily qui était retombée au sol. Alors que tout semblait perdu, sa mère intervint au dernier moment et envoya valser le rapace à l’aide de sa queue touffue et surtout de sa grande force pour sa taille. Sans doute était-ce l’instinct maternel qui avait réveillé cette dernière au milieu de la nuit, lui faisant remarquer l’absence de sa fille.

L’oiseau qui avait sauvé la vie de la jeune naine avait chuté près d’elle. Son physique était pour le moins particulier, que ce soit de par sa laideur ou ses grimaces permanentes. Avant de retourner au royaume, l’adolescente insista auprès de sa mère pour cacher l’oiseau d’autres prédateurs potentiels, une manière de le remercier pour son aide précieuse. Elles le posèrent donc au milieu de buissons très feuillus où il allait être en sécurité. Une fois cela fait, elles rentrèrent au royaume où s’ensuit une longue discussion avec ses parents sur sa petite sortie nocturne. Après de longs échanges intenses, elle fut punie et envoyée dans sa chambre. La jeune Tontatta s’assura de leur faire part qu’elle comptait bien recommencer, malgré ce qui s’était passé. Découvrir ce lieu resplendissant qu’était Green Bit représentait bien plus pour elle que cette attaque imprévue. Avec cette « menace », ses parents prirent conscience que la garder enfermée au royaume n’allait plus être une option. À défaut de pouvoir l’empêcher de sortir, ils décidèrent plus judicieux de la préparer afin qu’elle puisse s’en sortir si une telle situation devait se reproduire. Le lendemain, sa vie prit un tournant décisif.

Dès lors, elle eut la possibilité d’effectuer les fameuses sorties avec les autres enfants, qu’eux faisaient depuis déjà bien longtemps. Cela lui permit notamment d’explorer et découvrir des endroits de l’île qui étaient inconnus à ses yeux. Il existait deux types de sorties. La première était assez simple en soi, une excursion en nature à la surface de l’île pour en apprendre plus sur la faune et la flore. La seconde était déjà plus particulière, car elle consistait en une expédition urbaine à Dressrosa afin d’observer les citadins et d’en apprendre plus sur eux. Ce n’était pas tellement le côté pédagogique qui intéressait Lily, mais plutôt profiter de sa petite taille pour faire des farces aux plus grandes races. Cela n’était rien de purement méchant, par exemple simplement enlever une chaise avant que quelqu’un ne s’assoie ou les déshabiller en public. Bien que son comportement n’était pas des plus respectables, c’était simplement trop tentant pour la jeune adolescente qui se découvrit un péché mignon à jouer des tours à ceux croisant son chemin.

En dehors de ces expéditions pour le moins intéressantes, sa mère décida de lui enseigner elle-même l’art martial des Tontattas, un style de combat propre à leur tribu leur permettant de se défendre contre les autres races si besoin est. En plus de tout cela, elle continua également ses formations en jardinage et en cuisine qui, malgré tous les changements auxquels elle faisait face, restaient des activités qu’elle appréciait fortement. Dès lors, la jeune naine se découvrit une joie de vivre dont elle ignorait l’existence jusqu’à ce jour. Autant dire que ce vide qui était auparavant présent en elle disparut presque immédiatement à partir de cette période.

Un an plus tard, en 1621, lors d’une sortie sur Green Bit avec des adultes, elle rencontra de nouveau l’oiseau qui lui avait autrefois sauvé la vie. Alors que tous les autres nains présents se moquaient discrètement de son apparence ridicule et peu attractive, Lily l’admirait et voyait en lui un héros. Elle lui fit signe pour qu’il vienne jusqu’à elle afin de le remercier, en retard, pour son aide un an plus tôt. À partir de ce moment, durant chacune des excursions qui suivirent, tous deux se retrouvaient comme s’ils s’attiraient mutuellement. Ils avaient un lien indescriptible qui les reliait l’un à l’autre. En l’honneur leur rencontre, elle lui proposa le nom de Kiseki, qu’il accepta avec joie. Rapidement, de ce nom provint la version courte Kiki qui devint, au final, son nom officiel.

Un jour, la Tontatta se s’interrogea sur quel sentiment serait procuré par le fait de voler, ce qui lui donna une idée. Elle demanda une faveur à des nains du royaume pour qu’ils créent de quoi lui permettre de monter et tenir sur le dos de Kiki lors de ses vols. Après quelques jours, elle obtint l’objet de son désir et l’essaya sans attendre avec son ami. Malheureusement, tout ne se passa pas vraiment comme prévu. En effet, elle n’avait pas réalisé jusque-là que son compagnon était myope. Ce ne fut qu’après s’être pris des branches et arbres à répétition qu’elle se douta que quelque chose clochait.

Suite à cette tentative quelque peu ratée, elle renouvela une demande auprès des mêmes personnes qui l’avaient aidée afin qu’ils fabriquent de quoi l’aider à diriger Kiki en vol afin d’éviter de foncer vers un arbre ou tout autre obstacle du même genre. Plusieurs journées passèrent encore une fois, puis ils délivrèrent le fruit de leur travail en plus d’accompagner cela d’une paire de lunettes pour protéger ses yeux. Comblée et motivée par cette générosité, les tentatives de vol recommencèrent et, petit à petit, ils s’améliorèrent tous les deux. Le fait de s’exercer ensemble tous les jours renforça encore davantage leur amitié.

À côté de cela, ses diverses formations continuaient, que ce soit le jardinage, la cuisine ou le combat. Ce petit train de vie perdura cinq années pendant lesquelles Lily perfectionna ses compétences dans ces différents domaines. Enfin, en 1626, du haut de ses 19 ans, elle prit la décision de quitter son île natale pour explorer et s’aventurer sur les nombreuses mers du monde. Bien entendu, ses parents eurent du mal à accepter ce départ. Après tout, la plupart des membres de la tribu restent au royaume de Tontatta, mais la naine était désormais assez grande pour prendre ses propres décisions, et ils avaient de toute manière confiance en leur enseignement pour qu’elle se débrouille seule.

Néanmoins, elle ne partit pas par elle-même puisqu’elle proposa à Kiki de partir avec elle et l’accompagner au cours de cette aventure qui s’annonçait palpitante. Prêt à la suivre dans tous ses périples, l’oiseau acquiesça et ce fut ainsi que la jeune Lily s’envola au dos de son meilleur ami pour explorer le monde et réaliser son rêve de visiter chaque île existant en ce monde plein de surprises. Bien entendu, elle ne vola pas uniquement sur son ami pour voyager, cela aurait été bien trop épuisant pour lui. Ainsi, ils squattèrent incognito différents bateaux qui, de fil en aiguille, les menèrent jusqu’aux Blues.

Code:

Lorsque tu es partie de Green Bit pour explorer le monde, tu pensais aux magnifiques choses que tu allais découvrir : aux somptueux paysages, aux cultures étrangères, aux rencontres avec de gentilles personnes des "plus grandes races" comme celles de Dressrosa. Malheureusement, le monde est bien moins joli que ce que tu avais prévu. Raconte-nous la première fois où tu as malheureusement été confrontée à la haine, la violence et la cruauté de l'Homme.

- Là-bas, Kiki ! Un bateau ! C’est notre sance ! cria Lily en pointant un navire quittant le port de Dressrosa.

L’oiseau, ayant la particularité de ne jamais effectuer de vocalisations, fit simplement un signe de la tête pour montrer à son amie qu’il avait bien compris la demande. Il se dirigea donc vers l’objet en question, à sa vitesse maximale. Comme à son habitude, il faillit se prendre divers obstacles sur le chemin, mais la Tontatta s’était habituée à cela lors de leurs diverses sessions de vol. Grâce à son expérience, elle parvint à tirer sur les rênes aux moments opportuns. Le diriger en permanence semblait peut-être plus simple, mais il n’aurait alors été qu’une monture, idée qui ne lui plaisait vraiment pas. Après quelques minutes, ils atteignirent enfin leur destination. Kiki atterrit délicatement sur le mât, permettant ainsi à la jeune naine de se dégourdir un peu les jambes. Elle s’installa au bout de l’espar afin d’observer une dernière fois son île natale avant son voyage à durée indéterminée.

Bien sûr, cela lui faisait du mal de partir de la sorte. Laisser sa famille et ses amis derrière elle n’était clairement pas chose aisée. Pour autant, l’aventure qui se profilait au-delà de ces mers était bien trop tentante pour y résister, tant d’îles et beautés naturelles à découvrir. Voilà ce qui lui permettait de garder le moral et le sourire. Rien n’allait pouvoir la défaire de son optimisme constant. Lily se retourna, faisant dos à son passé. Désormais, elle était plus que prête à profiter de la vie. Pour commencer, elle se mit à observer les différents passagers, voir qui étaient ses potentielles victimes de farces. Il n’y avait pas foule, cinq ou six personnes, tout au plus. Au premier coup d’œil, la demoiselle sut immédiatement à qui elle avait à faire. Ces gens-là étaient nombreux à Dressrosa. Il s’agissait d’une troupe itinérante avec notamment un jongleur, des danseuses et quelques clowns. D’après les conversations écoutées discrètement, cela semblait même être une affaire familiale.

- Bon, reste là Kiki, ze vais m’amuser un peu… ! expliqua-t-elle tout excitée à l’idée de se divertir un peu.

L’oiseau continua de se gratter la tête, l’air de rien, toujours avec ses diverses grimaces. Ne voyant aucune objection, la naine descendit au niveau des voyageurs en se laissant glisser sur le mât. Maintenant qu’ils étaient tous à portée, il lui fallait choisir une cible. Le garçon clown boudant dans son coin afin de montrer son mécontentement ? Ou alors peut-être la fille danseuse s’exerçant avec sa mère ? Non, Lily préféra agir sur le père de famille en train de s’entraîner au jonglage. Telle une bête sauvage s’approchant discrètement de sa proie, elle se faufila jusqu’à l’homme et lui baissa son pantalon jusqu’aux pieds en un clin d’œil. Suite à cela, elle repartit aussi vite qu’elle était arrivée pour se cacher derrière plusieurs tonneaux qui traînaient par là. L’homme, en pleine activité, s’emmêla les pieds et tomba brusquement, à la surprise des membres de sa famille. Quant à la Tontatta, elle ricanait derrière sa cachette, fière de sa farce bon enfant qui ne faisait rire qu’elle.

Soudain, un choc fit trembler l’embarcation, ce qui effraya Kiki qui s’envola sous la panique. Pareillement, Lily ne comprit pas immédiatement ce qu’il se passait, elle resta donc cachée par instinct de survie. Alors que le jongleur remontait son pantalon, il se fit attaquer par un autre homme armé d’un pistolet. Le père de famille ne fut que légèrement blessé à la jambe droite, et il y avait une raison à cela. L’assaillant fut rapidement rejoint par une quinzaine d’acolytes, encerclant la famille d’artistes. Ils appartenaient tous à un bateau pirate à l’origine de la secousse qui avait eu lieu quelques secondes auparavant. Toujours dissimulée derrière le tonneau, la Tontatta observait la scène confuse par ce qui était en train de se dérouler sous ses yeux.

*C’était quoi ce bruit sourd… ? C’était une farce ? C’est pas très drôle pour le moment en tout cas…*

Le capitaine pirate déclara rapidement ses intentions, à savoir piller le navire et les possessions de tous les passagers. Malheureusement pour eux, les brigands avaient mal choisi leur cible. La troupe familiale n’avait rien à leur donner. À chaque fois qu’ils s’arrêtaient à un endroit et récoltaient de l’argent, ils dépensaient quasiment tout dans la journée pour se sustenter. Autrement dit, il n’y avait rien à bord qui aurait pu sembler un minimum intéressant à ces gens avides de richesses matérielles. Ses sous-fifres avaient rapidement fouillé le bateau et n’avaient pu que confirmer cela. Très impulsif, le chef du groupe fut envahi par la colère et prit la femme du jongleur dans ses bras, son arme pointée sur sa tempe. Il menaça de la tuer si son mari ne trouvait pas de quoi le satisfaire.

Désespéré, ce dernier n’avait clairement aucun bien pouvant intéresser le voyou. Malgré tout, effrayé par ce qui allait arriver à son épouse, il sortit les quelques Berrys qu’il n’avait pas utilisé pour payer la traversée en bateau. Un silence sourd s’imposa quelques secondes.

PAN

Une fumée légère sortait de l’arme à feu auparavant pointée sur la tête de la mère de famille. Au sol se trouvait son corps, gisant dans une mare de son propre sang. Des cris de peine retentirent de par ses filles, tandis que le jongleur était trop choqué pour émettre le moindre son. Ce ne fut vraiment qu’à ce moment que la naine réalisa la gravité de la situation. Elle restait tout de même embrouillée quant aux motivations des pirates. Qu’est-ce qui pouvait pousser ces gens à commettre un tel crime ? L’avait-elle mérité ? Tant d’hypothèses qui représentaient son moyen de voir le meilleur chez les autres, même des pillards. Le capitaine, impatient, se mit à donner son ordre suivant.

- On a plus rien à foutre ici. On s’barre. J’suis de bonne humeur, j’vous laisse tous en vie.

Un peu surpris par ce rebondissement, le père reprit ses esprits et remercia l’homme pour laisser le reste de sa famille vivre. Il n’avait plus de dignité, il aurait été prêt à faire n’importe quoi pour assurer la sécurité de ses enfants. Lily était soulagée de voir que tout se finissait « bien ». Mais, alors que le veuf serrait ses enfants dans ses bras, le boss se retourna juste avant d’embarquer sur son propre navire.

- Meh, j’ai changé d’avis. Tuez-les tous. Mais épargnez le jongleur, ça le fera réfléchir, lâcha-t-il froidement avec un rictus diabolique sur son visage.

Ses sous-fifres se jetèrent sur les enfants, les égorgeant devant leur père se faisant tabasser. Sous la surprise et la rapidité des évènements, la Tontatta ne parvint pas à intervenir à temps. Elle avait tellement confiance en l’humanité qu’elle avait cru de bon cœur que tout était fini, et elle s’était relâchée. Le père étant le seul survivant, elle préféra rester où elle était, ne sachant pas si elle était de taille ou non contre tous ces gens. Elle avait beau détester les meurtriers, elle ne comptait pas jouer aux héros juste pour mourir. Le travail effectué, les brigands repartirent tous en riant en direction de leur bateau, laissant pour seul survivant l’homme sans famille, du moins le seul à leur connaissance.

Le bateau pirate s’éloigna, et avec lui les rires qui s’estompèrent petit à petit. Scandalisée par ce spectacle auquel elle venait d’assister, Lily ne bougeait plus d’un pouce. Les responsables de tout ce fracas s’étant éloignés, Kiki revint à bord du bateau, et plus précisément où se trouvait son amie, pas sans s’être pris un des tonneaux en pleine face. En temps normal, la naine aurait bien rigolé, mais ce n’étaient pas des conditions normales. A ce moment-là, elle n’avait envie de rien faire, si ce n’était penser. Une question en particulier revenait dans son esprit. Pourquoi ? Pourquoi avaient-ils tué cette famille ? Pour de l’argent ? Si tel était le cas, qu’est-ce qui rendait ce bien matériel superficiel si important à leurs yeux qu’ils étaient prêts à commettre un tel massacre ? De même, ils n'auraient pas rigolé autant s'il avait seulement été question d'argent. Et pourquoi avoir laissé l’homme en vie ? Tant de questions auxquelles la demoiselle ne trouvait pas de réponse. Elle était tout simplement déroutée.

*Est-ce que tous les humains sont aussi cruels ? Tout le monde semblait pourtant si zentil à Dressrosa…*

Tandis que la naine effectuait son analyse des évènements, l’homme à peine vivant gémissait et pleurait toutes les larmes de son corps. Il avait tout perdu. Incapable de bouger, il était condamné à observer les cadavres de sa famille. Ne pouvant plus supporter les lamentations du pauvre veuf mourant au risque de devenir dépressive elle-même, Lily fit une demande à Kiki, les yeux larmoyants.

- Ze… ze t’en prie, emmène-moi loin d’ici…

Dans un premier temps, il n’en fit rien. Non pas qu’il ne le souhaitait pas, simplement qu’il voyait rarement son amie dans cet état. Elle était tellement affectée par ce qu’elle avait vu qu’elle n’avait même pas la force de se lever. Attendri, l’oiseau finit par la prendre par le bec et la poser sur son dos. Puis, rapidement, ils s’envolèrent tandis que les larmoiements s’effacèrent au fur et à mesure qu’ils s’élevaient dans le ciel. Lorsque le vent devint le seul son pouvant se faire entendre aux alentours, la Tontatta se confia à son ami, comme pour extérioriser tous ses sentiments.

- Tu sais quoi ? Ze me demande si on ne ferait pas mieux de rentrer à Green Bit… Ce n’est pas ça le monde que ze veux découvrir. On vient à peine de partir et voilà que l'on vient d'assister au massacre d'une famille... Qui pouvait penser que les humains pouvaient être aussi… inhumains ? Même si ze compte seulement vissiter des lieux, ze vais sûrement rencontrer d'autres personnes. A quoi bon explorer si ze dois être sur mes gardes en permanence avec tous ceux que ze rencontre ? Non… non ! Ze ne peux pas croire cela. Z’ai bien vu comment cette famille était heureuse avant que cette bande de messants arrivent. Ze dois avoir foi en l’humanité. Ze suis persuadée qu’il y a d’autres personnes avec un bon fond. A partir de maintenant, on fera zuste plus attention à qui l’on fera confiance, d’accord, Kiki ?

L’oiseau hocha la tête et accéléra pour montrer qu’il approuvait entièrement cela. Un sourire s’afficha sur le visage de la naine. Néanmoins, ce n’était pas celui plein d’espoir qu’elle avait alors qu’elle observait son île natale alors que le bateau s’en éloignait. Non, c’était un sourire forcé plein d’amertume, avec un rôle psychologique. Elle se disait qu’à force de sourire, elle allait sans doute être de nouveau heureuse. Si seulement les choses pouvaient être aussi simples. Lily était peut-être parvenue à s'en sortir indemne physiquement, son mental en avait pris un coup. Elle avait beau essayer de paraître peu affectée par ce qu'elle venait de vivre, elle tentait juste de sauver les apparences pour ne pas inquiéter Kiki. Et, même si le bateau était déjà loin derrière eux, cette mésaventure risquait de rester dans l'esprit de la demoiselle pour un bon bout de temps.