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Incognito

L'Attrape-Rêve est maintenant à quelques miles d'une cité qui ne ressemble en rien à Alvel parce que d'une part, elle est visible, mais surtout parce qu'il est possible d'y naviguer sans zigzaguer entre les épaves parce qu'il n'y en a pas. Où sommes-nous ? Je veux dire, après tout le crottin qu'on s'est tapé pour pouvoir aller sur Alvel, il fallait bien qu'on arrive autre part parce que nous sommes des criminels et que Dieu ne nous aime pas et préfère les mouettes et se marre de la tronche de tout ce qui n'est pas volatile ?


Bien sûr, ç'aurait été trop facile d'avoir pris le bon chemin... NE JAMAIS LAISSER UNE FEMME AU VOLANT, BORDEL, NOUNOURS !

Que je dis, en me mettant sur le flanc gauche de Lilou. Le problème, c'est que à chaque fois que je veux dire des trucs méchants sur elle, je le fais à sa gauche. Depuis, elle a un peu compris. Alors je me prends quand même un coup de coude costaud.

Toi aussi tu t'es trompé... Vous êtes tous les deux dans le même sac. Et pas celui qui sent le plus l'intelligence !

Le problème avec Nounours, c'est qu'il pense des fois être un peu comme le grand frère de tout le monde, le sage, celui qui sait, celui qui donne les conseils. C'est vrai. Sauf qu'il se prend lui aussi un coup de coude costaud.

Bon, du coup, on fait quoi ?
C'est toi le capitaine, capitaine.
Hm... Me paraîtrait futé de savoir où on est avant de se faire courser par les autorités ? Je suis plus en état de me débarrasser du chaos de justesse.
La vraie question est : es-tu en état d'arrêter de le provoquer ?
Jamais. Encore moins avec Lilou. Lilou ?

...

IL FAUT UN DOCTEUR
Le seul que je connaisse est à Alvel.
ON EST PAS A ALVEL !
Et alors ? Jusqu'à preuve du contraire, tu peux nager !

Parti faire le tour entier de l'île en se tenant à bonne distance, Nounours a finalement facilement identifiée ce que j'ai déjà nommé Pas-Alvel (et que je répète encore dans l'oreille de Lilou sans réfléchir à la force qu'elle emploiera à me faire mal) comme étant en fait le Royaume de Nebelreich à cause de la brume et du château gigantesque qui se distingue au nord. Le plan est celui-ci : amarrer le bateau au pied de la cité royale serait stupide Kiril, tais-toi. Nounours dit qu'on ne peut qu'aller vers la vallée de la brume, au sud, pour éviter la marine, ensuite on improvise comme on a l'habitude.

Si j'ai bien compris, on doit aller dans un endroit puant et humide et visqueux et collant pour notre premier contact avec la terre ferme depuis un bail ? SUPER, je préfère encore me battre avec des mouettes !
Oui et c'est pour ça qu'on ne suivra pas tes ordres parce que tu es un capitaine sympachouette mais débile sympachouette.
Possible.
Il y a une ville dans la vallée, Kontalberg, où normalement on devrait bénéficier d'un peu de tranquillité... jusqu'à que quelqu'un nous balance aux bleus pour arrondir sa fin de mois.
Super ! Combien ça nous fait de temps, ça ? 2 jours ?
Peut-être même pas une nuit... Lilou est populaire. Pour ça qu'il faut qu'on cherche un médecin dès qu'on trouve la ville.
Comment ça, trouver la ville ?
Eh... C'est dans la vallée de la brume, Kiril, suis un peu. La vallée de la BRUME. N'empêche qu'il va falloir cacher votre visage alors, Kiril, ça ne va pas te plaire, mais...

***

Je renonce officiellement au capitanat de cet équipage d'ingrats qui me prennent pour un jouet, un objet dont on peut se foutre, arracher le cœur, la fierté et surtout l'habiller comme on veut : n'importe comment ! Quoi ? Qu'est-ce qui me ferait le plus de mal, cher équipage, depuis qu'à cause de vous je ne fais plus de trucs de pirates, depuis qu'à cause de vous je sauve la veuve et l'orphelin, les esclaves, les marines ? qu'est-ce qui pourrait me faire le plus mal après ça ? ...Qu'on ose me vêtir d'une PUTAIN DE CAPUCHE GRISE DE REVO !

C'est une blague.
Arrête de te plaindre ET MARCHE.

Les pieds dans la boue, accoutré comme un gris, c'est presque comme si je faisais des trucs de révos de l'umbra dans l'ombre, et si on venait m'arrêter, ça ne serait pas pour piraterie mais pour avoir eu la connerie de m'habiller comme ça ici.

Je vous déteste...
Au moins, tu fais un très beau cavalier de la révolution.
TOI SOIS SOURDE... ET MUETTE !
Et aveugle ?
...
    La question est sortie toute seule quand j'ai vu ce gros truc au loin plein de brumes. Un peu déçue, faut bien l'admettre, Kiril m'ayant vanté un truc plein de pirates qui avait de la gueule et de la personnalité, Nounours en ayant rajouté une couche derrière en me disant qu'on y serait tranquille pour un moment. Je m'attendais à un endroit avec du caché, pour me retrouver face à un machin qui ressemblait vraiment à rien, un peu comme Kiril donc. Mais la nouvelle tombe très vite : on s'est juste formidablement trompés de direction. Tout ça à cause du punk, forcément.

    Il croit qu'en ne parlant qu'à ma gauche, il échappera aux corrections qu'il mérite lorsqu'il se moque de moi. Je crois qu'il ne comprend pas l'étendu des choses, et moi non plus, c'est pour ça qu'on a vraiment besoin d'un médecin.

    Parce que si je ne l'entends, c'est comme je le faisais quand même. Je m'en suis rendue compte y'a quelques jours, enfermée dans ma cabine, a essayer de faire passer la douleur dans le fond de mon oreille. Une douleur diffuse, qui me ronge la moitié du crâne à chaque fois qu'elle me prend. C'est frustrant ; je m'en suis rendue compte en entendant comme si j'étais juste à côté les pas de Nounours dans le couloir, et les pensées hésitantes de Linus dans sa cabine. Une autre fois, en disputant le punk alors qu'il me soutenait ne rien avoir dit. Sans s'inquiéter pour autant, parce qu'il paraît selon lui que les femmes ont souvent leurs humeurs, et si c'est pas ça c'est au moins les hormones, avant de se reprendre une paire de gifles bien méritée.

    J'entends sans le faire, c'est ça le problème. Sloth m'a sans doute retourné le crâne avant son coup du fruit du démon dans ma gueule. Faut régler cette histoire avant que d'autres problèmes n'interviennent, et que je retrouve mon oreille gauche et mon ouïe avant un autre drame.

    Entre temps, Rei a pris le large, après m'en avoir vaguement parlé. Elle a des trucs à faire ailleurs, et une vie toute neuve à dompter. J'ai pas cherché à la retenir.

    Mais sous ma capuche ridicule de révolutionnaire digne de Rafaelo, je me fais du soucis, il faut bien le dire. Même si le punk est pareil à lui même et que savoir qu'il ne changera pas me fait un bien fou, l'inquiétude ne disparaît pas. Kiril sera toujours une étrangeté stable dans ma vie. Mais autour de lui, un monde évolue et bouge, un monde que je dois réapprendre à connaître en mettant de côté ce que j'ai pu être à ses yeux.
    Il faut que j'arrête de réfléchir, je finirais par y laisser mes cheveux sinon.

    On est encore loin ?

    A nouveau, la voix d'un Kiril qui râle à ma gauche est perçue comme si je l'avais entendu pour de vrai. Aimé lui répond de rester calme, et silencieux, pour changer. Parce que non, on a déjà fait un bout de route, et que ça vaudrait pas la peine de se faire avoir tout de suite pour des bêtises. Aimé semble avoir parfois du mal à savoir où mettre les pieds, parce qu'avec toute cette brume, on ne voit pas à un mètre devant nous. Pourtant, chacun de mes pas est une sorte de certitude assumée.
    Il me faut vraiment un médecin.

    Y'a quoi par là ?
    On devrait suivre les panneaux, Capitaine.
    Enc-c-c-ore q-q-quelques kilomètres.
    Quels panneaux ?
    Non mais tu regardes où tu marches ou comment ça se passe dans ton crâne ?
    C'est la capuche qui me gêne, si je pouvais l'enlever je-
    Non, vous êtes trop connus tous les deux, même de dos, de loin et dans le brouillard, on saurait que c'est vous.
    Voilà, donc reste calme et tais-toi !
    Aie ! Pourquoi tu m'as tapé ?
    Hein quoi ? J'ai rien fait !
    Toujours, tu me violentes. C'est intenable, cette relation ne peut plus continuer. Je sais que je suis beau gosse, que tu ne contrôles pas ta jalousie, mais c'est une souffrance pour moi aussi...
    Attend, de quoi tu parles ?
    Me cogner ne changera rien ! Je serais toujours aussi sexy !
    Non sérieux tu veux pas te taire ?
    Je sais que c'est dur à entendre pour toi mais-
    Nounours, j't'en supplie, fais le taire !

    Kiril attend la réaction d'Aimé. Moi aussi. Mais avec cette brume, cette boue, tout ça. Nous n'entendons pas de réponse.

    Nounours ?

    A nouveau, le silence.

    On est perdu.
    Revenons sur nos pas, on les retrouvera.
    Et nos pas, ils sont où au juste ? On voit pas où on met les pieds et tu veux qu'on retrouve nos pas !
    Soit on cherche nos pas, soit on considère que c'est de ta faute si on s'est paumés. Alors ?
    ... Je crois que j'ai trouvé une empreinte ici, non ? T'en dis quoi ?
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    Je renifle du salé. L'odeur vient me caresser les trous du pif et les flaques d'eau boueuse me dégueulassent les bottines. On se retrouve toujours dans les coins les plus paumés des grandes îles, je remarque. Grandes îles qui pourtant sont globalement riches, possèdent des villes énormes qui elles proposent des divertissements qui je suis sûr me plairait, et non, je dois me taper la terre sur le pantalon et la pisse des mecs pivés qui finissent là. Je suppose que renoncer à cet aspect là de ma vie de canaille discriminée par tout le peuple, c'est renoncer à cette vie elle-même, et foutre la trouille à des gens que je n'ai jamais rencontré est bien trop bidonnant pour que je ne fasse pas quelques concessions. En plus, je traîne avec une nana plutôt pas mal quand elle se tait. Sauf que manque de chance, avec la brume qui surplombe le coin, c'est à peine si je peux voir sa nuque, alors pour ce qui intéresse les vrais mecs, y a rien à faire, c'est mort. Et pire, c'est que vu comment qu'on s'emmerde et comment qu'on est perdu, elle parle, elle râle, elle mord presque.

    Rah, j'en ai marre ! On voit rien ! On sait pas où on va, quelle direction prendre, c'est chiant, c'est long, c'est sale !
    La faute à qui...
    LA FAUTE A QUI ? SI TU ÉTAIS PAS UN GROS NEUNEU GROGNON, CHIANT ET...
    Et capricieux ?
    ET CAPRICIEUX ! ET DÉBILE ET, ET...
    Et méchant ?
    ET MÉCHANT ! ET QUI N'ARRÊTE PAS DE SE PLAINDRE ET DE...
    Et de râler ? Et de t'emmerder ?
    OUI, ET DE M'EMMERDER ! TU M'EMMERDES !
    C'est vrai. C'est vrai que j'ai tous ces défauts-là. Et tu sais quoi ? Si je suis capable de vivre avec sans essayer, même tenter, de m'en débarrasser, c'est tout simplement PARCE QUE TU ES EXACTEMENT PAREIL QUE MOI ! TU ES MOI EN PIRE ! EN PIRE ! TU ES LA PERSONNE QUI M'ENCOURAGE LE PLUS A ÊTRE UN GROS NEUNEU GROGNON MÉCHANT QUI N'ARRÊTE PAS DE T'EMMERDER ! JAMAIS J'ARRÊTERAI !
    ROUH. JE VAIS TE FAIRE AVALER TA LANGUE SI TU.

    Puis la belle tomba comme font les flots du Niagara.

    Lilou ?

    Il la rejoindra, ils seront béni par Héra.

    Un ravin. La chute est longue et douloureuse. Mon crâne rase la roche fine et granuleuse, et c'est presque avec beauté qu'elle l'habille de rouge en creusant des centaines de crevasse sur lui. Evidemment j'ai mal, la brume si épaisse soit-elle ne me porte pas, mais le plus important ce n'est pas la chute, c'est l'arrivée qui n'arrive pas qui se fait attendre comme la mort le fait. Et me prend brusquement.

    BOUM.

    De la mousse épaisse et dégueulasse. Dégueulasse parce que trop épaisse. Bien qu'elle m'ait sauvé la vie. Eh, je suis un homme, je trouve à me plaindre en toute circonstance. Des dizaines de milliards d'acariens ont du se retrouver sur moi, les pauvres, ils ne sont pas tombés sur l'être humain le plus mieux à tomber sur. Héhé. Je me relève pour tomber, trois fois, on devait être dans la zone la plus humide de l'Île, la mousse a formé un sol profond au dessus de ce qui a été anciennement le sol et j'ai du mal à trouver Lilou.

    Rousse ! T'es où ? Et on est où, là ?
    Toujours pas au bon endroit.

    Elle a l'air d'aller bien à l'entendre. Puis, elle tapote mon épaule avec sa main. Derrière. Je lui souris mais elle ne le voit pas. Elle doit me tirer la tronche mais je ne la vois pas. Alors j'imagine qu'elle me sourit aussi.

    C'est un coin étrange, ici. Et visqueux et dégueulasse, tiens.
    Comment on va faire pour retrouver Linus et Aimé...
    Ah tu comptais vraiment y arriver ? Moi dès qu'on les a perdu, j'ai perdu espoir. Toi et moi, on est naze niveau orientation, tu te souviens ? On est pas à Alvel.
    Commence pas.
    Allez, souris ! Sois contente ! Dis toi que ça fera une anecdote à leur raconter. A Linus et Aimé... ou au bourreau qui va nous couper la tête quand ils nous retrouveront ! Haha !
    Super ! J'avais oublié que tu étais si rassurant ! Comment ne pas être ravie d'être avec toi !?
    Allez, Lilou et Kiril partent en aventure ! Partie deux ! Sauf que là y aura ni corsaire, ni colonel d'élite, ni vice-amiral, ni un immense bateau qui coule, ni de "oh peut-être que TU es morte". Franchement, on a vu pire. On commence à devenir de vrais petits chenapans en y pensant. Des situations comme ça, là, c'est de la gnognotte.

    Qui est là ? Identifiez-vous.

    Elle me pince pour me dire de me la fermer et on s'engouffre dans la mousse. De la lumière passe au dessus de nos têtes. Une lampe torche et un "Identifiez-vous"... ça sent la mouette en vadrouille. Ou la mouette qui protège quelque chose. Mon instinct pirate se réveille comme pour envoyer paître la capuche que je dirais avoir perdu dans la chute du ravin, que j'ai en fait immédiatement retiré dès que je me suis relevé tout à l'heure... On est tombé sur quelque chose.

    Lilou, pssst... On l'assomme et il nous emmène à Köntalmachin
    Tais-toi ! (Elle me repince)

    Identifiez-vous immédiatement ou je me retrouverais dans l'obligation d'appeler des renforts. Vous êtes sur un site interdit.

    Pwahaha, ça me rappelle Boréa !
    Tu vas te taire, oui ! (Elle me frappe là où ça fait vraiment très mal.)
    Ouh.

    Intrus, seriez-vous en train de me prendre pour un imbécile par hasard ? Vous êtes tout sauf discrets. L'un comme l'autre...

    Ah tu vois !
      En fait, depuis que je connais Kiril et que je reste avec lui, je suis sûre d'une chose. Il est ma loi de Murphy sur pattes. Tout ce qui peut mal tourner, tournera mal par sa faute. Sans mentir, ce type me porte la poisse, c'est incroyable. Je ne pensais pas que ça pourrait être pire qu'être perdu dans un brouillard dense et sans visibilité, mais en fait, si. Il faut qu'il en rajoute forcément une couche en étant parfaitement chiant, puis ensuite qu'à force de l'engueuler à en perdre la voix, faut que j'en vois pas le ravin sous mes pieds, ou que trop tard.

      Voilà. Kiril me porte malchance, c'est mon chat noir. C'est mon miroir brisé qui passe sous une échelle. Tout ça à la fois. Et le pire dans tout ça, c'est que j'arrive pas à m'en débarrasser. J'sais pas si c'est une question de karma, ou quoi, ou qu'est-ce, mais j'ai du faire quelque chose de terrible dans une autre vie pour mériter ça. Puis finalement, pas besoin de regarder dans une autre vie pour ça, suffit de voir y'a quelques mois ce que je faisais comme conneries déjà. Si 1626 a été une année plutôt rude, j'imagine que 1627 sera pire encore. J'ai beau espérer le contraire, y'a qu'à voir ce que je me trimballe comme casserole (oui je parle de Kiril) pour comprendre que ça ne va pas être simple ou clément.

      Enfin bon, on a au moins la « chance » d'atterrir sur un truc visqueux, mou et très odorant pour amortir notre chute. J'y aurais pas cru. Je sais même pas ce que c'est mais par principe, c'est forcément dégueulasse, et la suite s'enchaîne. Engueulade, comme d'hab. Arrivée d'un type impromptu qui nous parle de zone interdite, comme d'hab. Tentative de discrétion, comme d'hab complètement ratée, et tout le reste. Et quelques coups distribués pour l'occasion.

      Qu'est-ce qu'on fait ? On va pas rester là à attendre qu'il s'en aille !
      Je vous entends toujours je vous signale !
      Et s'il n'est pas seul...
      Il est forcément pas seul, on met jamais un garde tout nul tout paumé comme ça au milieu de nul part !
      Hey ! C'est vexant ce que vous dites !
      Bon bah du coup, on le défonce ?
      C'est pas très sympa...
      Est-ce qu'on est là pour être sympa ? Je veux dire, toi t'es un pirate et moi une révolutionnaire, on a pas la réputation d'être des agneaux je te rappelle...

      Kiril hoche la tête. Je ne le vois pas, mais je sais qu'il le fait.

      Puis de toute façon, pour être dans le trou du cul du monde qui en a même l'odeur, il doit forcément cacher un truc bizarre...
      Un trésor ?
      Je vais chercher du renfort !

      Plus le temps de réfléchir donc. Le punk réagit plus vite que moi, mais ne voit pas à un mètre devant lui. Pourtant, moi, je sais. J'aurais pu m'en défaire tout de suite, l'empêcher de suivre. Y'a comme une omniscience dérangeante qui me tient les tripes depuis quelques temps. Mais les autres peuvent pas comprendre. Alors je sais pas pourquoi je le sais, mais par réflexe je lui souffle qu'il est à sa droite, à trois mètres précisément. Il m'écoute, et lui décoche un coup de poing dans lequel il y met son cœur. Le punk se redresse, retrouve le corps à tâtons et s'interroge :

      Comment tu sais ?
      Je sais pas, mais je sais. On reste pas là !

      Il retire un truc de la tronche de notre « adversaire » abattu.

      Il a ça sur lui

      Il me montre un truc, je sais pas du tout de quoi il parle, mais qu'il le prenne, ça me fera pas de la peine de pas l'avoir. J'ai passé l'école maternelle depuis un moment. Sauf que maintenant qu'il hurle que c'est bien trop cool, il voit tout, après les avoir enfilé sur son nez parce qu'il s'agit de lunettes hightech qui lui donnent un air con, je me dis que finalement l'école maternelle, ça avait du bon pour avoir les jouets des copains.

      Tu guides alors.
      Accroche-toi !

      Et en disant ça, je grimpe sur son dos pour pas avoir à lui faire perdre de temps à me paumer. On est sûrs de pas se séparer comme ça.

      Cette île est une plaie.
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      J'y vois mieux avec les binoclantes, beaucoup mieux, même. On est tombé dans une sorte de cratère éloigné de la populace, un endroit avec d'immenses bâtiments qui ressemblent plutôt à des usines où je capte qu'il se passe des choses étranges avec la brume pas net de l'île. Je sais pas si je m'en tape ou si je suis curieux, en tout cas il faut qu'on trouve un moyen de sortir d'ici avant que Nounours et Linus n'aient l'idée de venir nous chercher et se perdent aussi. Deux dans la mouise, c'est assez. Surtout si c'est nous.

      Il y a en tout cinq bâtiments portant chacun une lettre. B.R.U.M.E. Subtile.

      S'ils sont cachés comme ça, c'est qu'ils doivent protéger quelque chose d'important, à tous les coups. Et les machins importants, j'aime ça, leur existence est la cause de la diminution de la mienne. Nounours avait l'air d'en connaître un bout sur le Royaume, et pas un mot à propos du rassemblement de blouseux en son sein. En parlant de blouseux, il y a en a un devant.

      Choisis, méthode subtile ou...
      Est-ce que tu es débile ?
      Quoi ?
      La subtilité est notre seule option si t'as pas envie que ces mecs de la brigade scientifique signalent que Lilou B. Jacob et Kiril Jeliev se promènent tranquillement à Nebel-

      BEIGNE

      J'ai choisi l'option qui la fait taire. Le bienheureux tombe. Bienheureux parce qu'il a eu de la chance que je l'assomme. Simplement. Lilou parle trop et me pompe toute ma force. Elle me tire les oreilles aussi, rouspétant, rouspétant, blabla, je trouve ça presque alarmant que je m'y sois habitué. Lilou B. Jacob aussi haute sa prime soit-elle reste une nana, et comme toutes les nanas, il y a cette semaine où elle est mille fois plus chiante que d'habitude mais eh, franchement eh, je cherche, et elle supporte. Mais elle tire mes oreilles, encore. Fort.

      Je vais pour fouiller notre ami de la brigade scientifique, à la recherche d'une carte d'accès mais rien, c'est bien d'avoir la carte pour y rentrer, vrai, même si je préfère me débrouiller de la manière qui nécessite de tout casser. Dans tous les cas il y a des blouseux en lampe torche qui veillent à ce qu'aucun inconnu et indésiré et indésirable n'entre dans leur repère secret.

      Je réfléchis une seconde à l'approche à adopter. Et puis je me souviens qu'une utilisatrice du haki des rois se trouve juste sur mon dos.

      C'est ça, fais ça ! Assomme les tous avec ton haki ! Ensuite on rentre, et tu fais encore un p'tit coup de haki, ensuite on prend ce qui nous intéresse, pis si y a rien on rase le bâtiment parce qu'on est pas des gens sympas ! Et on va chercher dans un autre.
      Hm...

      Je la sens réflexioner quelques secondes.

      Ça se tient. On fait ça !

      Il ne faut jamais laisser Lilou et Kiril seuls toute une journée. Même quelques heures. (Extrait des notes d'Aimé Porteflamme, co-écrit avec Linus.


      Dernière édition par Kiril Jeliev le Lun 25 Juil 2016, 16:21, édité 1 fois
        En vrai, ça me fait mal au cœur de suivre un plan de Kiril. Parce que même si pour une fois ça a l'air parfaitement cohérent et logique, et que ça peut marcher (tu assommes, on rentre, tu assommes et on regarde, jusque là rien de compliqué), c'est un plan de Kiril. Et comme le punk est imprégné de la loi de Murphy, a croire qu'elle a été écrite et assurée pour lui, ce qui peut tourner mal tournera forcément mal, donc je sais pertinemment que y'aura des conséquences terribles si je le suis dans son délire.

        Mais ai-je vraiment le choix, ou à défaut d'un choix, un meilleur plan ? Je suis peut-être l'une des plus intelligentes dans mon domaine, je n'ai jamais été fondamentalement stratège, juste consciencieuse et appliquée. La logique prévaut sur tout le reste. Et de meilleur plan, j'ai pas. Parce qu'en plus d'être consciencieuse, appliquée et logique, je suis aussi un peu expéditive dans l'âme, et l'idée d'y aller au plus simple me convient parfaitement finalement. Est-ce qu'on a besoin de toujours se prendre la tête, comme on a pu le faire sur Jaya, et Drum avant ça ? Non. Paré au plus pressé. Et je suis pressée, là.

        Donc toujours sur le dos de Kiril, le punk s'approche de l'entrée de ce qui doit être un bâtiment. J'sais pas trop à quoi ça ressemble, notamment parce que je ne vois strictement rien. Je demande même au punk un rapide check up :

        Une porte, en acier, un truc solide.
        Elle s'ouvre comment ?
        En coulissant vers le haut de ce que j'ai compris. Y'a quelques moustiques dehors, j'peux pas tous les compter donc vise large ok ?
        Oui enfin, on sait pas ce qui attend à l'intérieur.
        Tout c'que je sais, c'est que c'est pas un bateau, ça. Enfin, si, mais ça veut dire que le bateau il est rentré dans la roche et ça, ça serait bizarre. On fabrique pas des navires comme ça.
        C'est toi l'expert en la matière, j'te crois.

        Ses grandes lignes de description, j'arrive à les voir sans les yeux. Dans mes têtes, un plan se dessine, un plan large de la scène. C'est bizarre, dans les faits. J'suis à moitié sourde, mais je l'entends. Complètement aveugle, mais je vois. Des découpages, des ombres, des trucs comme ça. J'en saurais plus quand mes prunelles imprimeront le décor sans ce brouillard épais. Si j'enfilais les lunettes de Kiril, pour tester si...
        Non. Plus tard.

        Le punk s'est mis en mouvement, et je fais comme il a dit. J'active le haki des rois qui s'écrase tout autour de nous. Comme un torrent d'eau qui fait ployer les plus faibles. J'entends juste, ci et là, des corps qui chutent, des questions qui se posent, sur le qu'est-ce qui se passe ici, et comment ça se fait ? Aucun n'a la force de donner l'alerte, notamment parce que comparé à ma volonté, il en faut plus pour me résister. Y'en a bien un qui tourne pas de l'oeil. Il transpire à grosses goûtes, il nous voit. Je le désigne à Kiril, qui lui assène une énorme droite. Puis un silence pesant.

        On rentre comment là-dedans du coup ?
        Y'a p't'être un bouton... Ou une commande, j'sais pas.

        Kiril tente de la soulever à la force de ses bras. Ça sert à rien, qu'il va me dire.

        Non, ça sert à rien.
        Ouais, je m'en doutais.

        Un autre silence, devant un problème pour le moins épineux. Aveugles, sourds, dans un brouillard aussi épais que mon poing, devant une porte qui ne s'ouvre pas.

        Sinon, on frappe ?

        Silence. Puis... Kiril se fout de ma gueule. Il éclate de rire en me prenant pour une idiote... Sauf il a pas le temps de rire trop longtemps en fait.

        toc toc toc

        Qu'est-ce que tu fous ?! Non mais, dis-cré-tion, c'toi qui me tannes avec ça depuis le début et tu frappes à la porte ?!
        Pour ma défense, ça a déjà marché.
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        Quand il y a un problème, certes, je n'ai peut-être pas la réponse que Lilou attend, peut-être pas celle qui lui semble le plus logique mais je fais ce qui me semble être le mieux pour elle. J'essaie. Elle par contre, elle fait n'importe quoi. Elle toque.

        Et on entend les grognements d'un groupe de marines à travers la porte, nous gueulant qu'il faudrait qu'on arrête nos conneries avant qu'ils viennent nous donner une leçon. Je me marre silencieusement : nous verrons bien. C'est ça que je n'ai jamais pu supporter avec les mouettes, même quand j'en étais une, la hiérarchie, toujours la hiérarchie. On n'est, de par notre rang, incapable d'être amical avec un groom dont le seul rôle est de protéger la porte. Je jette un œil à leurs camarades, à mes pieds, qui n'ont pas su tenir leur position et je me dis quelle vie de merde ils mènent, encore plus que la nôtre, et pourtant c'est nous qu'on est recherché partout où on pose une patte.

        Bon. Je peux défoncer cette porte mais... y a de grandes chances pour qu'ils préviennent leurs potes et qu'on soit encerclé par une montagne de blouseux. Tu te sens prête ?

        Je ne lui laisse malheureusement (pour elle) pas le temps de répondre, charge mon poing droit de scotch avant de le balancer sur la porte en acier qui ne fait pas le poids, large, face à mes phalanges. Je suis fort. Et mon poing éclaterait la tronchiole d'un Vice-Amiral. Boum. Les rouages éclatent et la porte tombe, entière, à l'intérieur du bâtiment. L'alarme retentit la seconde d'après... ça, j'ai pas prévu.

        QU'EST-CE QUI SE PASSE ?

        Qu'ils crient à peu près tous en chœur. Une chiée de mecs en casquettes et uniformes blancs, des blouses, et des mecs un peu plus armés. La rousse est toujours sur mon dos et je lui conseille d'y rester alors qu'ils pointent tous leur riffle sur moi, la gueule ouverte, stupéfaite.

        Je vous conseille pas...

        Et elle conseille bien. Le Scotch recouvre mon corps entièrement, une seconde avant que les balles ne le touchent. Si certaines rebondissent, d'autres se brisent tout simplement, ne laissant qu'une fine poussière disparaître sur mes bottes. Je dépose Lilou, lui demande si elle a fait bon voyage, elle me répond une grimace, je lui réponds un sourire puis je m'en vais détruire du coude le nez des marioles qui pensent encore que le nombre peut l'emporter face à moi. Mais, je n'ai pas le temps de tous les assommer qu'ils tombent à terre. Je sens moi-même un léger picotement provoqué par le Haki des Rois de Rousse.

        C'est vraiment de la triche ton truc.
        C'était le plan !
        CERTES !?
        Redonne ton dos.
        On voit clair là-dedans !
        REDONNE OU JE T'EMBROCHE LES YEUX. ET D'AUTRES CHOSES.

        Il ne m'en faut pas plus.

        Bon, suite du plan. On trouve le truc. Ensuite, on trouve un mec pour nous amener à Köntalberg.
        Ah et on le laisse appeler des renforts qui connaîtront notre position ?
        Hm... Tu marques un point. On a qu'à le garder avec nous ! On garde bien Linus, non ? Un de plus, un de...
        BAM
        Linus est pas marine !
        Linus est pas marine !? Mais pourtant il a la gueule d'une
        BAM
        Arrête de me taper, démon ! T'as une meilleure idée ?
        Non.
        Ben alors ?
        Ben alors TU TROUVES.

        C'est à peu près comme ça que ça se passe à chaque fois.
          Depuis ses différends avec la secte des emmerdeurs, Julius était plutôt bien reçu par la marine de l’île. Un peu comme un type débarrassé d’un furoncle, ils étaient soulagés sans ces branques. Il avait été logé et soigné dans leurs locaux. Quand il s’était rétabli, ils l’avaient même invité à becqueter. Évidemment, il n’était pas dupe, ils voulaient le fidéliser, genre ambiance camaraderie. C’était pas désagréable de se faire astiquer l’égo outre l’arrière-goût de gerbe hypocrite au fond de la gorge.

          Il était aux premières loges quand l’alerte fut donnée. Tout le monde s’agita subitement de la caserne. Distribution de flingues, ceinturage d’épées, ajustement d’uniformes. La cuillère du chasseur de prime resta suspendue en l’air pendant un moment. Il sentait autour de lui une franche inquiétude, mais il n’arrivait pas exactement à comprendre ce qui se produisait.

          Une attaque sur le labo, aucune information sur l’identité des assaillants. Sans être un génie, Julius savait que c’était une mauvaise idée. Ils étaient nombreux et équipés. Ils avaient un tas d’armes étranges. Et puis, le vieux chasseur de prime faisait partie de leurs armes tant qu’il séjournait ici. Il n’avait pas grand-chose à branler de toute façon. Il sortit après s’être brossé les dents et courut vers l’endroit. Pour la peine, on lui avait prêté des lunettes pour voir dans la brume. C’était bien sympa de leur part de l’aider à les aider.

          Julius avança avec les hommes. Contrairement à eux, il avait toujours ses épées sur lui. Vieille habitude de rodeur solitaire. Il faisait partie de cette rare engeance qui avait conscience de ne jamais être à l’abri. Même après sa maîtrise du mantra, il n’avait pas voulu laisser tomber sa routine. Il cheminait calmement avec la troupe jusqu’au moment où il perçut une présence familière. Il n’arrivait pas à y croire, la Rousse. C’était l’une des premières personnes qu’il avait senties sur Drum, quand tout avait commencé.

          Il abandonna ses camarades et se précipita sur les « ennemis ». Il se découvrit le visage et se planta dans leur ligne de vision.

          « - J’ai pas tout suivi, mais je ne suis au courant de tes nouvelles habitudes. Genre attaquer des bases de la marine scientifique, ça reste particulier comme passion.
          - Hein ? »

          Lilou marqua un temps de réflexion. Sans être d’un naturel médisant, Julius pensait qu’elle n’avait pas l’air en forme.

          « - Julius ?! Qu’est-ce que tu fous là ?
          - Bon, je suis censé vous cassez la gueule toi et le punk à crête, mais tu m’as sauvé la vie. Je vais pas le faire. Surtout pas pour cette bande de branleurs. Allez, on dit que je vous sors d’ici ?
          - Tu connais pas le chemin pour retourner en ville ?
          - Toi le punk, tu fermes ta gueule, c’est à elle que je cause. Tu fouettes mec, mais sévère. C’est dingue que tu en sois arrivée là, Lilou.
          - Je prends ce qu’il y a moi, je n’y peux rien.
          - Toi, tu vas pas nous casser la gueule, mais moi je vais t'arranger la tienne.
          - C'est pas vraiment le bon moment, Kiril. Le concours de qui a la plus grosse devra attendre.
          - Par contre, là, ils sont juste derrière moi. Sans être impoli, ce ne serait pas mon genre, il faudrait penser à se magner le cul. »

          Le vieux gars cacha le type qui maugréait des menaces ainsi que la rousse. Au passage de la troupe, il leur dit qu’il n’y avait rien de ce côté. Ayant le mantra, Julius pouvait voir venir la marine aisément et il louvoya autour d’une autre patrouille. Ils arrivèrent devant un des labos et là, le punk posa Lilou au sol sans aucune forme de ménagement et se mit à tout péter dans la baraque. Le chasseur de prime fit mine de soulever la rousse ayant la ferme idée d’abandonner l’inconnu dans sa merde. Cependant, elle insista pour voir l’intérieur du bazar.

          « D’un autre côté, c’est beaucoup plus compliqué d’être discret quand il fait autant de bruit. Fais vite, je surveille la porte. »

          Il était clairement interloqué. Qu’est-ce qu’elle foutait exactement dans ce trou paumé ? À l’abri, il n’hésiterait pas à la harceler de questions.
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          Julius. Ça faisait une vie que je l'avais pas vu, celui-là. J'en étais à me dire qu'il m'avait oublié. J'ai eu du mal à reconnaître sa voix. A remettre ce spécimen d'un autre monde, d'une autre existence. La dernière fois, j'étais encore la Lilou qui obéissait aux ordres. Dans un enfer de glace, avec comme équipiers des bras cassés en puissance, et ce chasseur de primes un peu paumé au milieu de ce que la terre faisait de pire. Avec le recul, je me demande encore comment on a pu s'en sortir. Je me demande encore comment on a réussi à s'en tirer si bien. On partait pas vainqueur pourtant. Loin de là...

          Je devrais peut-être retourner à mes moutons, non ? Ouais. On a beaucoup à faire. On voit sensiblement mieux dans cette base, mais c'est toujours pas fou. J'ai le temps de regarder ce que je touche avant de demander à Kiril de tout casser, comme il sait si bien le faire.

          A quoi elle sert, cette base, au juste ?

          Je n'entends pas la réponse, le punk fracasse un truc en grognant comme il sait si bien le faire. Je suis à peu près sûr qu'il fait comme tous les enfants de cette terre, c'est à dire qu'il boude en faisant beaucoup de bruit pour qu'on sache qu'il est là. Sauf qu'il en fait beaucoup en très peu de temps, ce qui le rend encore plus bruyant. On verra le pourquoi du comment de ce que a à dire Julius plus tard, faut que je m'occupe de grand enfant que je me promène depuis des mois :

          Oh ça va, fais pas la tête.

          ça marche pas fort. Il a le même air courroucé que moi lorsque je suis pas d'humeur. On se fréquente trop.

          Il a juste dit ça pour casser la glace. L'excuse est presque convaincante, fais un effort Punk. Puis toute façon, t'es un grand pirate, qu'est-ce que ça peut te faire ce qu'il dit ?
          Gngngn.
          Puis, il a pas tort. Si j'étais pas la seule à avoir une salle de bain, tu sentirais bien meilleur. T'offusques pas.

          Kiril me lance un regard de travers. Puis dans ses yeux, y'a un truc qui passe. Genre, une idée. Une mauvaise idée, à en croire par l'éclat de ses pupilles. Hors de question. Je sais pas précisément ce que c'est, hein, mais j'en ai pas envie. Et il vaut mieux que je l'avise très vite de la réponse qu'il va obtenir dans les dents, avec un coup de poing s'il y pense trop fort :

          T'avise même pas d'y penser et construis toi ta salle de bain.

          Eh non, Punk. Tu squatteras pas la mienne. Fallait pas me filer la cabine si tu voulais en profiter. On a fini de casser des trucs ici, comme de voir ce qu'il y avait, et je peux dire que c'est quand même assez curieusant comme endroit. Nebelreich est peut-être pas le trou paumé et brumeux que j'imaginais. Qu'on s'entende, c'est paumé ET très brumeux, mais y'a du matos scientifique qui vaut le détour visiblement, et ça, c'est pas anodin.

          BON, c'est pas tout hein. Mais elle a quoi cette île ? Un coup on y voit comme dans une pelle, puis j'ai cru comprendre que c'était un endroit sans bleusaille alors qu'en fait y'a que ça !

          C'est Aimé qui a dit ça, tout à l'heure. Il a dit que Kiril et moi, on était très connus, donc qu'il fallait qu'on se planque. Mais que l'autorité du coin, c'était pas aussi pire qu'on pouvait l'imaginer. Alors à partir de là, je m'attendais pas à croiser des anciens collègues en pleine expérience dans la brume. Y'a un autre truc m'interpelle aussi :

          Oy, tu vas pas perdre ta licence si tu m'aides de trop, Julius ? Je sais pas à quel point tu y tiens, mais je suis pas du genre fréquentable en ce moment, il paraît.

          Puis je tue les sales types à tour de bras, alors forcément... On a connu plus aimable.
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          Gngngn. Ce type me dit rien, il a la sale gueule des mecs que mon vieux fréquentait à Lynbrook, ils étaient moches et empestaient la mauvaise gnôle. Lui, au pif, ça va. Mais il est moche et... irrespectueux. Je lui aurais cassé la bobine si c'était pas une connaissance de Lilou, et ça me file les chaleurs, j'ai changé. J'ai pas envie de devenir un tendre à cause d'une gonzesse. Je suis un pirate, un de ceux qui font pisser les grandes gueules des rades dans leur froc. Saleté de rousse révo. Je dois m'affirmer ! Je vais lui faire sa fê... Hm. Plus tard ? Le regard de Lilou est trop flippant.

          Bon, on s'en tape. Ils me cassent les baloches, ceux-là. Alors on se dirige vers là où ils sont le plus nombreux, on les assomme, et on prend ce qu'ils protègent. Parce qu'on est des PIRATES.

          Que je dis, en fixant Lilou. La Rousse essaie depuis peu de me prendre un abonnement à la revue des bonnes actions et ça me gonfle la veine du front.

          Et parce que je m'ennuie un peu.

          Aussi.

          Je range mes poings dans mes poches, ils en ont assez fait, puis, je dirige mes châsses vers le vieux qui me les casse fort depuis qu'il s'est pointé.

          T'es qui, toi ? T'es pas un peu vieux pour porter des sabres ? Hn. Un chasseur de prime, hein.

          Nounours aussi est un chasseur de primes. Ces enfoirés sont tous les deux supposés être les ennemis des pirates, mais je trouve encore que c'est une façon noble de gagner sa vie alors je ne l'ai pas pris en compte quand j'ai énuméré dans ma tête toutes les raisons du pourquoi il me fait chier. On a pas deux fois l'occasion de faire une première bonne impression. Je le sais bien, eh, je suis Kiril Jeliev. Moi je m'en tape de faire aux autres ce que je veux pas qu'ils me fassent, parce que je peux me le permettre, j'ai le haki. Alors désolé maman.

          Lilou, c'est qui lui ? Il est pas un vieux pour porter des sabres ?
          Kiril...
          Tu le connais d'où ? Il est de ta famille ? Merde! s'il est de ta famille, désolé.
          Non...
          Non il l'est pas ? Très bien, tant mieux : tu peux aller te faire encloquer alors, le vieux.
          Bon, c'est fini maintenant ? Et avant de répondre, souviens toi de ma menace de tout à l'heure. Et souviens toi comme je peux être très sérieuse.
          ... Enchanté, monsieur.
          Mieux.

          Elle est le démon.
            La météo c’est Impel Down. Brume dans ta gueule, rajoute une pincée de neige, qu’on se gèle les couilles comme il faut. Autour, un tas de bras cassés, moitié puceaux, moitié castrés par leurs propres gueules tellement ça pue la baise congénitale sur plusieurs générations. Ça taffe sans pression, responsable de queud. Cerveau à consistance de mollard. Pété en deux par la gnôle avec un putain de pur passé génétique lourd. Julius se demande comment ça peut marcher droit, porter des pétoires sans se faire enculer avec.

            La rousse fait son marché, sans honte. Elle remplit une caisse avec des saloperies qu’il capte pas. Il est né trop con pour percuter ce qui se passe. Il vit à crédit, en attendant de clamser dans le caniveau là où il est né. Retour à l’origine, vie rembobinée, tache ramassée, nettoyée. Puis, de toute façon, il se visualise pas refaire la gueule de la meuf qui lui a sauvé les burnes. Faut dire qu’elle est salement dans la merde d’en arriver-là. Le punk, il le calcule pas. Il a beau faire son fier, le chasseur de prime a un tableau chasse rempli de ces enculés. De belles gueules d’abrutis. Autant finir marine à lécher la merde au sol pendant qu’un sergent crache sa bile. Bon qu’à ça, bon à rien.

            Faut croire que quand ton premier souvenir remonte à ta vente. Des parents qui n’existent que pour baiser et chier un morveux. Puis, plus rien. Lui non plus n’a pas été un père modèle. Un bon vieux trou du cul de la plus belle école. Trop défoncé pour réaliser comment la vie fonctionne. Un boulot honnête, ça l’a fait marrer. Même là, il ne se voit pas se faire enculer pour une poignée de berries, le sourire aux lèvres. On l’a façonné pour crever celui d’en face. Et il y arrive depuis des années. Julius a conscience de ce qu’il est, un mal nécessaire, un chien de combat. Il se tient parce qu’il s’est foutu à lui-même une laisse. Parce qu’avoir une gosse, ça calme. Parce qu’il n’est plus seul.

            Enfin, ça fait un putain de bail qu’il vit seul dans son coin. Se cogner une fendue de temps à autre ne compte pas. Elles viennent et elles repartent. Aucune d’elle n’espère que c’est pour durer. On ne bâtit rien avec une loque. C’est un fantasme qu’on essaye pour voir, pour raconter aux copines qu’on s’est tronché le vieux beau gosse balafré. Lui ne s’y trompe pas. Tant qu’on veut rien d’autre de sa part, il reste. Il ne prévient même pas. Ça se lit à sa gueule à son âge. Que foutrait un type plus proche de la soixantaine à courir les rues, célibataire, la bite en bandoulière ? Pas moyen que ce soit un pari envisagé dans la durée. Il sait qu’il est une attraction.

            Julius chasse ces pensées de sa tête. Il est trop vieux pour se repenser. Il peut pas se mâcher et se digérer pour se recracher. Passé sa date de péremption. Il n’a d’autre choix que d’accepter ce qu’il est. Sa vie est un désastre à peine contrôlé, il s’étonne de pas s’être ouvert les veines quelque part dans son parcours de crevard. Il vit à la rue, dans sa passion de l’alcool et des putes. S’il ne se drogue pas, c’est juste qu’il a du mal à commencer dans des trucs nouveaux. Il est trop rance, trop rouillé pour être flexible. Sa défonce, il la pratique allongé avec une petite pas farouche. Elles veulent toutes qu’il parte direct après. Il ne reste jamais assez longtemps pour que ça devienne gênant.

            Le vieux se débrouille merdiquement pour réguler ses pensées. Il ne se donne même pas la peine de répondre au punk. À un moment, ça devient chaud dans le coin. Il sent l’approche d’une foultitude d’emmerdeurs mouettés. Ça signe l’arrêt de cette expédition débile.

            « Bon, on a bien rigolé, mais c’est pas un marché ici. Tu vas ramasser ce que tu as chopé et ton morpion avec et on va se tirer avant de se faire allumer. »

            Pas que le corps-à-corps le débecte, mais il tient à son confort. Trop rassis pour tourner des pages et repartir de zéro. D’un autre côté, il est déjà à zéro depuis longtemps. Il veut pas bouger. Zéro, ça lui convient parfaitement. Ça lui correspond et ça ne l’inquiète plus. Il pourrait aller retrouver sa famille et tenter d’arranger les choses, mais il n’y croit pas. Il n’est pas encore assez con pour que cette idée l’effleure. Faudra faire le point avec encore plus d’alcool et dans une bonne dizaine d’années.

            Avec le mantra, il se débrouille pour plus ou moins les guider vers l’enceinte de machin. Les gardiens ont la confiance. Assurés que ce grand gars va être de leur côté. Lui les regarde en cachant le mépris. Il n’est pas fier de se coltiner ces deux abrutis. Lilou a clairement l’air mal au point. Elle s’est faite défoncer le crâne par un mauvais gars. D’un autre côté, elle n’avait pas l’air particulièrement gênée de se retrouver là. Julius ne lui a pas suggéré de revenir peut-être de juste pas cambrioler une base de la marine alors qu’elle est pétée en deux accompagnée par un clodo. Niveau stratégie, elle n’a pas géré. Serena l’attend probablement inquiète, il lui a promis de revenir plutôt que ça. Il se sent con de pas juste à ses côtés et de traîner dans une ambiance pareille. Devant l’enceinte du bazar, il s’entend vaguement avec le punk pour lui jeter Lilou ainsi que la caisse. Elle a plus ou moins son sens de l’équilibre éclaté. Il grimpe comme un grand, il balance la rousse presque avec tendresse, mais pas tout à fait. C’est pas son domaine d’expertise. Il sort devant les gardes, pas moyen de trouver ces intrus ouais, et putain que c’est moche. Bah, contactez-moi dès que vous avez du nouveau, je reste dispo.

            Il rejoint les deux voleurs et les mène à son taudis. Y a assez de murs pour faire un semblant de maison. Y a même un toit. Julius est pété de thunes, mais le luxe le débecte. Il dormirait à la rade sans moufter si ce n’était Serena. C’est elle qui lui ouvre la porte et elle tire une tronche super étonnée en voyant Lilou. Julius calcule nib. Il entre, ouvre une bouteille de sky et en descend le tiers aussi sec au goulot. Ça arrache, mais c’est de la bonne, il balance le machin et punk et laisse les deux rousses faire le point, il posera des questions plus tard.
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            Punk.

            Mes yeux d'ambres se posent sur K. Il me rend mon regard, curieux de savoir ce que j'ai à dire. Rien qui ne lui plaise. Surtout quand je sens une douleur me dévorer l'oreille jusqu'à s'étendre dans mon cou, sur mon crâne et sur ma joue...

            Ça ne va pas.

            Non, ça ne va pas ; il réagit sur l'instant, me remettant sur son dos, comme tout à l'heure, quand ça allait et qu'il était mes yeux et mes jambes. Mais cette fois, c'est différent. C'est à l'intérieur de ma tête que ça ne va pas du tout. C'est dans mon crâne que les choses se passent. J'ai l'impression qu'on tape avec un marteau sur les briques que j'ai posé pour me protéger. Et on démonte ce mur, pierre par pierre, assez lentement, néanmoins douloureusement.

            Et mon oreille. Elle sonne creux désormais. Elle n'entend plus rien du tout, et ce qui la remplaçait jusqu'ici fait tout de travers. Il amplifie tout et me fait tourner le cerveau comme s'il était posé sur une toupie. J'en ai la nausée, mon sens de l'équilibre me joue des tours à nouveau. Si je n'étais pas sur les épaules de Kiril, je serais simplement par terre, à vomir ma bille.

            J'ai l'impression d'être enfermé dans un caisson vide, sur lequel on tape comme des fous pour faire du bruit. Tous les échos se répercutent sur mon corps, dans ma tête, et recréent une autre dizaine d'échos encore plus vif que les précédents. C'est cette base, je crois. Alors quand Julius propose qu'on s'en casse, même si je ne l'entends pas du tout, je suis plutôt contente. Je sais qu'on bouge parce que je sens Kiril a qui je suis cramponnée qui se met en mouvement.

            Et en un rien de temps, tout du moins pour moi, nous nous retrouvons dans un endroit qui ressemble à une maison. J'émerge péniblement dans une pièce chauffée, où il ne fait plus aussi moite que dehors. Quand j'ouvre un œil péniblement et que j'arrive à percevoir ce qu'il se passe autour comme si j'étais dans du coton, c'est pour reconnaître une personne que j'ai laissé derrière moi. Mes pupilles la cherchent dans la pièce, cette impression de déjà-vu, avant qu'elles ne se posent directement sur elle.

            Serena est là.

            Avec la douleur, je ne réalise que plus tard ce qu'il se passe vraiment. Kiril n'a pas l'air de tout saisir, il regarde l'autre rouquine puis moi, et bloque sur ma mine surprise.

            Qu'est-ce qu'il y a ?

            Y'a elle.

            Porteflamme.

            Il n'y a qu'elle pour accepter de finir dans ce trou paumé. Mais Nebelreich est comme un point où toutes les lignes se retrouvent. Il faut croire que je suis vouée à croiser régulièrement celle de cette jeune femme. Elle trouverait à dire qu'il y a sans doute un but derrière tous ces hasards, je ne suis pas persuadée de ce fait. Je me contente de lui adresser un sourire simple, bien loin des formalités auxquelles je l'ai habitué à force de la cotoyer. Elle est loin, aussi, la Lilou qu'elle connaissait dans son manteau de gradé.

            Ce manteau, je l'ai perdu. J'en suis désolée. Il m'allait encore bien. Et me faisait penser a une autre personne qui s'en traînait toujours un.
            Sauf que moi, je ne me sens pas digne de lui aujourd'hui, même si je ne suis pas malheureuse pour autant. Le punk a mes côtés, qui a l'air d'en avoir rien à foutre, comme si tout ça lui en touchait une sans faire bouger l'autre, rend les choses plus facile. Il m'apprend à vivre dans son monde à lui, bien loin de celui que je connaissais...

            Je devrais pas m'étonner de te voir avec lui, que je souffle à la rouquine. On se racontera tout une autre fois, terminant ainsi, je me relève et Kiril le refuse. Il me remet sur mon siège en me sommant d'y rester. Le regard que je lui lance en dit long. Reconnaissante, peut-être, mais frustrée de ne pas pouvoir faire comme je le veux.

            Ma tête est une caisse vide sur laquelle on tape, moins fort. Il n'y a plus tous ces échos. Il n'y en a plus que... Trois. Comme le nombre de personnes dans cette pièce.

            Il faut qu'on retrouve Nounours et Linus.
            On a qu'à faire ça avec le vieux, et on te ramène un toubib avec eux.
            Ouais...

            Il me parle à l'oreille qui marche encore. Il a pris l'habitude, depuis que Sloth a flingué l'autre... Mais quelque chose, au fond, né, et compense. Je commence à le comprendre. Mes yeux se lèvent à nouveau vers Serena. Aimé est là, que j'ai envie de lui dire. Et que je sais, aussi. Il m'a parlé d'elle. Je ne le ferais pas. Je n'ai pas envie de lancer quelque chose qui pourrait ne pas aboutir. Le destin, le hasard, ou qu'importe, s'est montré trop facétieux ces derniers temps pour entretenir de faux espoirs. Elle verra quand il sera là.
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            Nounours s'est certes inquiété pour nos tronches, et vu dans l'état qu'on était quand on l'a quitté, il avait de quoi. Mais les véritables personnes qui étaient dans la mouise s'est-il dit, ce sont ceux qui auront, auraient, eu le malheur de croiser notre route. Lilou et moi, c'était le feuillage de l'arbre et la foudre, tandis que lui et Linus eux étaient la petite semelle en caoutchouc qui évitait le sinistre. Alors, il s'est campé dans un bar avec Linus, Linus qui trouvait l'idée absurde mais le bougre avait eu le temps de me connaître pendant le dernier mois qu'on a passé ensemble, j'étais, je suis et je demeurerais un être absurde.

            Les mains dans mes poches trouées, maintenant je gambade dans la ville qu'on avait eu tant de mal à rejoindre. Je me dis que Julius est un mec bizarre, mais s'il connaît Lilou et la soeur de Nounours dont j'avais tant entendu parler, c'est qu'elles ne sont pas entre de mauvaises mains. Yarost me suit au pas, renifle l'odeur du bon nectar (je lui ai appris) et m'indique le chemin.

            La ville est éclairée des fenêtres abîmées des mauvais lotissements aux alentours, je me promène comme un chien à la recherche d'un os mais j'ai moins de mal à le trouver, on a déjà creusé des trous partout. Les trous ? Des rades salaces, des pivés aux yeux hagards et forcément, des pétasses de bas étage qu'on entourloupe d'un seul berry tellement leur macadams sont de mauvais payeurs. Brouh. J'ai froid et je suis fatigué. Et j'ai mal un peu partout. Qu'est-ce qui ferait bien passer ça, dis, Yarost ? Il répond "Hic !"

            En effet.

            Je passe la porte du bar où les yeux se déposent presque en chœur sur moi. Je suis presque sûr de n'avoir rien sur le nez, mais Lilou a eu la bonne idée de me coiffer l'iroquoise alors je suppose que j'ai re la gueule du mec à abattre, celui à qui on ne cherche pas des noises à moins qu'on ait envie d'embrasser la camarde bien avant l'heure. Le patron glousse quand je vais pour m'asseoir devant lui, au comptoir, et avant de me demander ce que sera ma peine, il me dit que j'étais attendu de deux loupiots et me désigne le fond de la case d'un doigt. C'est Aimé et Linus. Je leur dis, eh, bien les mecs ? Ils ne répondent pas, Nounours me tape l'arrière d'une crâne et tous les deux on s'enfile une binouz bien mérité. Linus aussi, mais moins. Moins, ça ne compte pas, alors j'ai jugé que ce n'était pas la peine de préciser.

            Entre deux verres, je balance quand même :
            Oh fait, Nounours, on a retrouvé ta sœur. Porteflamme ?

            Son visage se raidit comme si j'avais fait renaître un cadavre. Cadavre, peut-être, mais alors très bien conservé.
            Il se lève d'un coup et me prend par le col.

            J'espère que ce n'est pas une de tes blagues à la con, Jeliev. Sinon je te jure que...
            Jure pas si t'iras pas au bout, copain. Je l'ai déjà fait, et au final, regarde où je suis.
            Kiril !
            OUI, oui ! Lilou m'a dit de venir te chercher. Je sais bien comme ça compte pour toi, j'frai pas de blagues stupides dessus, eh, figure toi que je suis pas si con !

            Sa main se desserre, pis, il souffle de soulagement, comme si son gâteau préféré périmé l'était plus. Et ouais je m'améliore pas en métaphore. Je lui dis qu'il est moche comme ça, il me demande pourquoi, alors je lui réponds que c'est parce qu'il a l'air plus vivant. Les vivants sont moches. Encore plus quand ce sont des Hommes.

            Bon, on va la voir ?
            ...Oui. Oui, bien sûr qu'on va la voir !

            Héhé, parfois y a des exceptions. Il avait l'air d'être beau. Pendant une seconde.