Posté Lun 22 Aoû 2016 - 15:03 par Yamamoto Kogaku
Un dard meurtrier file à mes oreilles, sans avoir penché la tête sur le coté, j'aurai probablement mangé sa lame. Je ne prend pas la peine de jouer avec un effet de style en regardant dans le reflet de la lame et projette la mienne vers mon adversaire. A nouveau, nous sommes séparés par un saut. Nos passes d'armes sont courtes mais intense, deux bretteurs suffisamment doué pour sauver leur peau. Nous n'avons chacun que quelques écorchures et deux trois bleus à déplorer. Cela faisait bien quelques mois que je n'avais pas mené un combat technique ne reposant que sur l'escrime. Mes combats les plus récents avaient été, comment dire, plus spectaculaire. Dans le ciel, évitant l'une ou l'autre perfide attaque d'un fruit du démon et j'en passe. Ce genre d'affrontement, pied au plancher et sans artifices sont de ceux que je préfères. Pas d'artifices, pas de coup de pouce démoniaque ou de déchaînement de puissance, juste de l'escrime pure et simple.
Au fil de nos luttes, le sol est devenu traître, les lattes sont tordues voir carrément brisées. Rajoutons à cela excellentissime idée de mettre un bateau de rivière dans une crique et une voie d'eau résultat d'un coup d'estoc trop acéré. Il se projette dans ma direction et je pare le coup, déséquilibré, je fais un pas en arrière. Du moins, c'est ce que j'avais involontairement prévu, sans compter un défaut dans le plancher. Je tombe en arrière mais parvient néanmoins à me réceptionner d'une roulade. Toujours accroupi, il me domine souriant, sa lame tente de me faucher mais je roule sur le coté. Son sourire fane brutalement lorsque je lui plante le poignard qui avait apparu dans ma main « comme par magie » dans la cuise. Cela me laisse le temps de me relever, en répartie, il me lance mon arme. Désolé coco, quand on n'apprend pas à lancer correctement une arme, équilibrée pour le combat et non le lancer, on se foire. Je dévie nonchalamment d'un revers et lui souris. Enfin une blessure grave infligée. Il relance son ballet mortel avec d'autant plus d'acharnement. Ce gars n'est pas décidé à abandonner, tant pis, va falloir que j'écourte ce combat plaisant à force d'artifices. Je ne peux pas me permettre de « jouer » plus longtemps. Je recule d'un pas, écartant ma lame après une parade de quelques centimètres de trop. Un piège grossier, mais qui ne marche que lorsque l'on possède une certaine carte en main ou un adversaire médiocre. Bien entendu, il saisit l'occasion et sa lame fuse vers mon coté. S'il était moité moins fort, j'aurai chassé sa lame d'un revers de la mienne avant de le trancher, mais ici. Je n'ai pas d'autre choix, je durcis mon flanc du haki. Sa lame me percute de plein fouet, manquant de prêt à me faire perdre mon souffle. D'un moulinet de plus classique et d'une originalité qui aurait fait mon maître d'arme se retourner dans sa tombe si j'en avais un, je sectionne son bras au coude. Trancher le bras d'arme de mes adversaire va devenir un gimick à force... Un flot de sang se répand sur le pont accompagné du bruit mou d'un membre qui percute le pont et rebondit, accompagné du chant de l'épée d'un homme qui se rend. Il recule de quelque pas se tenant le moignon.
-Rend toi, c'est fini !
-Jamais !
Il se baisse, profitant de mon magnanime et récupère son arme de la main gauche.
-Je t'ai coupé le bras !
-Même pas vrai !
-C'est quoi ça, alors ! Un bout de gigot ?
-Juste une égratignure, personne ne peut me battre !
Il attaque d'une façon fort maladroite, d'une botte tout aussi éculée que la précédente, je lui fait dépasser le statut de manchot. Il tombe genoux à terre muet, je récupère sa lame d'huile trouvée sur place et l'embrase. Technique médicale barbare, mais j'ai pas tellement le choix, si je veux pas qu'il me claque entre le bras. Quelle connerie de les lui avoir coupé... je fais comment pour garder ma réputation de chevalier blanc s'il crève de l’hémorragie. Je boute le feu à l'arme et cautérise sans ménagement les plaies de mon adversaire défait. Le genre de type trop orgueilleux pour accepter la défaite. Malheureusement pour lui, son corps rappelle à son esprit le sens des réalités.
-Bon tu te rend la ?
-Jamais !
-C'est bon... T'as gagné...
-C'est Vrai ? Yeah !
-Bon maintenant, tu me suis en taule !
-Tu leur dira que j'ai pas perdu, hein !
-Ouai oaui...
-Tue moi !
-Non...
-Mais t'es un salop ! Que veux tu que je fasse sans bras !
-Bah... euh... tu prend des crochet et tu deviens porte-manteau ?
-Sans façon...
-Ou mieux... T'y accroches des sac de frappe et tu cours, tu deviendras le plus grand entraîneur de boxe de tout le temps !
-Tu te fous de ma gueule ?
-Non ! Tu finiras ta peine et tu entraîneras le prochain Rocky !
-Si je dis oui... ça pourra me débarrasser de toi plus vite ?
-oui.
-J'accepte ton offre.
-Tant mieux, je te ramène à terre voir un toubib puis direction la taule.
-J'ai le choix ?
-non... Merde... on a plus chaloupe et ce sabot va couler... je te ramène par la voie des airs.
-Mec, fais pas le con... j'ai le vertige. Assomme moi au moins, profite en pour me briser le crâne tant qu'à faire.
Je ramasse le sac en papier qui traîne dans un coin, j'ai pas la moindre idée de l'effet de ces pilules, mais le « zzz » m'indique qu'il s'agit probablement de somnifère. Chose assez logique, plus simple de surveiller un mec drogué et groggy qu'un gamin revanchard qui pète le feu. Je lui enfonce une pilule dans le bec. En moins d'une minute, il dort déjà, probablement qu'il n'a plus tant de sang que ça pour diluer le produit. Je le prend en mode princesse pour l'humilier un peu plus et retourne à terre tant bien que mal, c'est qu'il pèse lourd le bougre, le combat m'a sans doute plus éprouvé que je le pensais. Mais je n'ai pas le temps de me reposer, je dois trouver l'autre zouave, il ne semble pas m'attendre sur la berge. Fort heureusement, je met vite le nez sur son odeur, la pisse, le sang et le vomi aident pas mal faut l'avouer. S'il me pose la question, je lui répondrai qu'il possède un fumet distingué... qui le distingue du commun des adultes. Ça devrait lui plaire, lui aussi tient une belle couche faut l'avouer. A l'odeur, je devine qu'il a suivi mon clébard. J'ignore la réaction des passants, mon fardeau et ma veste de marin tachée de sang vaut tout les discours.
Une détonation finit par m'orienter vers ma destination, je botte le cul d'un badaud trop curieux à l'entrée d'une ruelle avant de lui filer mon paquet dans les bras, je n'aime pas ce que je vois. Deux corps étendus dans une flaque de sang commune dont l'odeur ferreuse ne gêne plus mon nez qui trempe dedans depuis quelque temps déjà. Va falloir que je pense à m'occuper cette plaie à la tempe, je pense pas que ça me rende présentable, mais j'ai pas le temps de me soucier des multiples plaintes de mon corps. Je n'ai pas envie de m'approcher, pas que la vue du sang ou des blessures me répugne, plutôt que je répugne à vérifier si j'ai bien failli à mes devoirs en laissant un de mes subordonnés se faire tuer. Je décide donc de privilégier l’ouïe à mes autre sens. Une respiration tenue et des battements de cœur encore assez vigoureux. Le premier coup d’œil au corps me rassure quelque peu, je n'ai jamais entendu quelqu'un à la cervelle éclatée respirer. Je ne regarde pas longtemps la beautés, fanée, Anna m'en voudrait. Pourquoi je pense à ça maintenant, putain, pas le moment. Je m'accroupis aux cotés d'Ethan, couvert de plaies autrement plus sérieuses que les miennes, arme à feu dans la pogne. Je tente de reproduire la scène dans mon esprit alors que presque inconsciemment je défais la défunte de ses atours pour panser le gamin, elle n'en aura plus besoin. L'arme n'appartient pas à Ethan, touché à la tempe ou affaibli par la perte de son sang, il a probablement abattu la donzelle dans ses derniers moments de conscience. Regrettable, mais notre vie passe avant un code de l'honneur que je suis le seul à reconnaître, ou presque.
Mon nouvel ami, appelons le Roméro, soutient Donovan, il semblait prêt à se plaindre avant de voir mon expression. Il m'explique qu'il avait vu la scène, c'était comparable à ce que je pensais. Je rengaine les lames et botte à nouveau le cul de Roméro qui profitait un peu trop du spectacle à mon goût, je suis vraiment à cran on dirait. D'une claque je réveille Donovan. Il l'ouvre à peine qu'il atterrit à l'autre bout de la ruelle, je pensais lui faire une fleur en lui montrant ce qui est arrivé à ce que je prenais pour sa complice. Le « catin » était de trop. Après mon examen d'impie médical, je juge que ses blessures ne sont pas assez grave pour le rendre intransportable. En plus du sang bien coagulé à ses chevilles, preuve d'une blessure relativement ancienne, sa détention devait l'avoir affaibli. Après avoir couvert la dépouille de la demoiselle des vêtements de Donovan et avoir appelé les filles de mon équipage pour qu'elle la déplace, je tire ce dernier par le pied à travers les rue exposant sa médiocre virilité. Avec Ethan sur l'épaule et une expression macabre, personne n'osait se plaindre du traitement de la sous-merde qui bouffait la poussière. J'ai bien fait de pas crever ce déchet, une vie en infirme sera sa punition pour avoir exploité une femme.