- « Un entrainement ? Avec moi ? »
- « C’est ça. »
- « Mmmmmh. J’aurai préféré une promenade romantique, en tête à tête, à Water Seven. Et puis après… »
Jeremiah accouda ses deux bras sur la table qui nous séparait, croisa ses mains graciles et longilignes de sorte à en faire un support pour y poser son menton. Bouche en cœur et regard amusé, elle m’observait comme si elle attendait de moi que je termine sa propre phrase et que j’aille dans son sens, d’autant plus que sa posture qui mettait en valeur son décolleté bien rempli et bien fourni en disait long. N’importe quel homme succomberait face à une telle déesse dont le corps appelait à une chose : La luxure. D’ailleurs, tous les marines autour de nous dans le restaurant où nous étions étaient béats d’admiration. Certains bavaient complètement, tandis que d’autres perdaient du sang des suites d’hémorragies nasales violentes. Peu de personnes résistaient sans trop de peine : Les quelques médecins de Jeremiah qui s’attelaient déjà à remettre sur pied toutes les victimes de la beauté ravageuse de Jeremiah, le barman, les quelques rares femmes sur place et… moi-même quoi. Un fait qui épatait toujours la vice-amirale qui comme tout le monde, savait que j’aimais les femmes belles et assez pulpeuses. Ce qu’elle était, bien entendu…
- « Plus tu refuses mes avances et plus tu me plais… »
- « Tu es comme une sœur pour moi. Tout comme Scar est mon frang… »
- « Pitié Salem, épargne-moi ces excuses à la con ! Dis-moi que je ne te plais pas et je comprendrai bien. Ce ne serait pas la première fois, de toute façon ! »
Une pointe d’agacement se discernait dans la voix de Jeremiah qui arrêta de sourire. Elle n’arrivait toujours pas à intégrer ce fait, à l’accepter sans aller chercher plus loin. J’étais bien conscient que je la blessais quelque part, mais c’était pourtant comme ça que je la voyais : Comme une petite sœur. Ni plus, ni moins. Nous étions après tout de la même promotion et nous avions fait quelques bancs ensemble avant de faire des choix de carrière. Notre relation datait donc de longtemps. C’était d’ailleurs pour ça que je m’étais permis de l’inviter à diner et à lui formuler cette demande : M’entrainer. Je n’avais pas d’idées particulières, si ce n’est que je m’ennuyais fermement depuis quelques jours et que ce serait un bon moyen d’estimer ma force, de me jauger. J’étais fort, certes, mais à quel point ? Etais-je un vice-amiral lambda ou un élément qui se rapprochait tout doucement du niveau des amiraux ? Une interrogation que j’avais de cesse de me poser. Je finis par reporter mon attention à Jeremiah qui s’était emparée de sa coupe de champagne et qui la dégustait avec grâce, comme si elle tentait de noyer cette réalité inacceptable.
- « Et puis ne me parle pas de Scar ! Il s’agit de toi et moi ! »
La Raiponce de la marine reposa sa coupe avec un peu trop de force, si bien que la table entre nous faillit céder carrément. Elle se vautra ensuite dans son fauteuil et croisa ses bras sous sa voluptueuse poitrine qu’elle fit remonter sans vraiment le vouloir, non sans croiser ses longues jambes ce qui eut pour effet d’occasionner encore des dégâts parmi la gente masculine dont les yeux étaient rivés sur notre table. Encore du boulot en perspective pour les pauvres toubibs. Si je jetai un coup d’œil inquiet à ces gens qui exagéraient un peu trop, Jeremiah, elle ne semblait pas s’en soucier le moins du monde. Il faut dire que la robe qu’elle portait, en plus d’être courte, moulait effroyablement ses formes et les mettait plus que jamais en valeur. Ne parlons même pas de la fente qui laissait entrevoir une partie de sa cuisse droite et vous aviez limite une hôtesse. On pourrait croire que c’était pour moi qu’elle s’était fringuée comme ça, mais non. C’était dans son style, dans ses gênes et personne ne pouvait lui en vouloir. Comment sermonner une vice-amirale sur son code vestimentaire alors que l’Etat-Major était assez permissif sur ce sujet ? Bonne question que voilà.
- « Je suis désolée… Je m’emporte pour peu. C’est juste que… Aaaaah ! Tu es définitivement agaçant Salem ! »
Malgré sa moue quelque peu boudeuse, Jeremiah s’était mise à rougir. Quelque part, elle était flattée et je le concevais bien : Je ne la considérais pas comme un morceau de viande à l'inverse à tous ceux qui fantasmaient sur elle ; ou encore comme une simple catin à bourrer sans remords et sans aucun scrupules. C’était également ce ressenti qui provoquait en elle cette irrémédiable attirance pour ma gueule. Oh, elle n’était pas amoureuse, loin de là, mais en tant qu’homme, j’étais son type sans aucun doute possible. Je finis par attaquer moi aussi mon verre, en silence, toujours en l’observant. Elle ne put soutenir mon regard cette fois-ci et pivota la tête sur le côté pour se rendre compte -Avec un amalgame paradoxal d’amusement et de dépit- que plus de dix gars la reluquaient sans vraiment se gêner. Ces derniers virèrent aussitôt leurs mirettes ailleurs, provoquant ainsi un sourire furtif à Jeremiah qui finit par soupirer. A la longue, ça devait être usant, même pour elle, quoique j’étais clairement certain que quelque part, elle s’en amusait toujours. Le tout devenait un imbroglio que seule Jeremiah elle-même pouvait expliquer.
Les femmes étaient incompréhensibles…
- « C’est d’accord. J’accepte de m’entrainer avec toi. De toute façon, ce n’est pas comme si je pouvais vraiment te refuser quelque chose… Mais je veux que tu m’emmènes faire du shopping un de ces quatre à Water Seven ! »
J’eus un sourire aux lèvres. C’était exactement les mots que je voulais entendre. Sauf pour la fin, mais bon, disons-lui ce qu’elle voulait entendre :
- « C’est promis. Et à mes frais. »
L’intéressée eut un large sourire et ses yeux s’illuminèrent d’un seul coup.
Aaah, ces femmes…
Enième entrainement [Solo]
- « Putain… »
- « Quoi ? Je te plais comme ça, hein ? »
Nous étions le lendemain matin et j’étais… Sidéré ? Ouais. Disons même bluffé. Ou plus exactement charmé. Je veux bien qu’on soit tous d’accord sur la beauté de la meuf, mais la voir en débardeur et en mini short de sport, ça en jette ! Plus sexy qu’elle sur l’instant, tu meurs. Bon par contre, j’ai pas trop compris pourquoi elle a foutu des talons, mais ce n’était qu’un détail. Et dire qu’elle a traversé des ruelles pour me rejoindre ici, sur ce vaste terrain d’entrainement isolé… Putaing… Je n’osais pas imaginer l’hécatombe dans la ville. Même les dragons célestes devaient sans doute vouloir la choper comme épouse. Sublime. Définitivement sublime. Mais pas au point de me faire perdre mon objectif de vue : Me frotter à une combattante aguerrie et m’améliorer. Aussi avais-je repris mon air habituel avant de continuer à m’échauffer. Jeremiah se débarrassa de son immense manteau de vice-amirale qu’elle fit choir au sol, avant de commencer à s’étirer comme une danseuse ballerine. Souple et agile malgré ses formes et son immense chevelure. Un choix que je ne m’expliquais pas jusqu’à présent, vu que je savais pertinemment qu’elle avait elle aussi la capacité du retour à la vie et qu’elle pouvait se faire pousser les cheveux à tout moment. Sauf si le pouvoir était déjà effectif, ce qui était un autre cas. M’enfin bref. Place à la baston, à la vraie. Entre vice-amiraux.
- « Ne te retiens pas. »
- « J’allais te dire la même chose, mon chou ! »
Sans attendre, je m’élançai vers elle pour initier des attaques. Je n’avais pas encore dégainé mon épée, mais ça ne me semblait pas vraiment nécessaire avec elle. Aujourd’hui, j’allais me la jouer pugiliste dans la mesure du possible. Alors que je fonçais sur elle, Jeremiah ne prit même pas de position martiale. Elle était simplement arrêtée et me souriait tranquillement. Légèrement interloqué par cette absence de réaction, je finis très vite par chasser tout doute de mon esprit, avant de l’attaquer par une droite à moins d’un mètre d’elle. Mais sans qu’elle ne bougeât le petit doigt, Jeremiah réussit à bloquer mon poing à l’aide d’une bonne partie de sa chevelure qui s’était transformée en une troisième main, comme un bouclier. Souriant, je me mis alors à faire pleuvoir des coups de poings dans tous les sens, sans succès. Ses cheveux bloquaient mes assauts, en plus d’en réduire l’impact. C’était plutôt sidérant. Mais motivé par un tel combat, je finis par mettre dans l’un de mes coups une bonne partie de ma puissance. Le poing traversa son bouclier capillaire qui réussit malgré tout à réduire la vitesse de l’impact, ce qui permit à Jeremiah de le parer à l’aide de son avant-bras gauche. Je haussai les sourcils, surpris, avant de sentir ses cheveux m’étreindre de tous parts. Un soru bien effectué me sauva la mise sur le coup et je me retrouvai à plusieurs mètres d’elle…
- « C’est pas comme ça que tu vas m’atteindre, chérie. »
J’eus un sourire avant de reprendre une posture de combat normale. Puisque j’avais utilisé la force pure, on allait maintenant miser sur la vitesse. Sur cette réflexion, je m’élançai rapidement vers elle. Et brusquement, je disparus de son champ de vision. Deux secondes plus tard, j’étais derrière elle, à trois mètres du sol, en train d’enchainer un kick vers sa nuque. Mais en une fraction de seconde, ses deux longues couettes prirent la forme de deux pics et foncèrent sur mon pied de sorte à l’embrocher. Je dus suspendre mon geste et disparaitre une nouvelle fois à l’aide du soru pour réapparaitre devant elle histoire d’enchainer un coup de poing dans son bide. C’était sans compter la réaction de la vice amirale, qui, comme si elle m’attendait, m’accueillit sèchement avec un coup de genou en direction de mon pif que je réussis in-extrémis à bloquer des mains et dont la force d’impact réussit à me faire reculer deux mètres en arrière. Forte. Son poste n’était pas usurpé, mais elle était puissante, assurément. C’est qu’elle pourrait finir par me faire craquer, cette bonne femme. Surtout avec cet air enjoué qu’elle avait en se battant contre moi. Elle posa son pied à terre, mains sur les hanches façon pin-up, avant que ses couettes ne se mettent à virevolter autour d’elle. Vitesse. Force pure. C’était comme si les pugilistes n’avaient aucune chance contre elle…
- « Surpris ? »
Je ne répondis pas cette fois-ci, trop occupé à réfléchir. J’avais aussi le retour à la vie comme capacité, mais je n’avais clairement pas son niveau de maitrise. Elle, c’était une folle furieuse dans le domaine. Nous étions assez incomparables. Mais pour le coup, ça valait tout de même la peine d’essayer. Du coup, je la chargeai une fois de plus, de façon frontale, sans me débiner. Exit le soru pour le moment. En un éclair, mes cheveux poussèrent à une vitesse vertigineuse et ce spectacle ne fut pas sans surprendre mon adversaire du jour qui écarquilla les yeux devant une telle scène. Elle n’aurait jamais pu deviner que j’avais développé cette capacité. Je l’utilisais pas très souvent d’ailleurs, mais ça me sauvait pas mal, parfois. A quelques mètres de la vice-amirale qui avait du mal à réagir, mes mèches partirent à la rencontre des siens, mais elle effectua soudain un bond qui coupa mon élan et libéra ses cheveux en quelques gestes. Plus d’attaches. Plus de couettes. Juste une chevelure très longue. Et tellement massive que celle que j’avais fait pousser, c’était rien à côté. En l’air, la jeune femme eut un sourire presque moqueur avant que sa chevelure ne se sépare en plusieurs mèches qui formèrent aussitôt des pics pour ne pas dire des lances. Et tandis que je m’apprêtais à amorcer un repli, lesdites lances capillaires s’abattirent impitoyablement à l’endroit où j’étais arrêté.
Il eut un grondement sourd qui s’entendit à des kilomètres à la ronde. Puis plus rien. Juste un silence de mort. Jeremiah se réceptionna avec grâce à quelques mètres du point d’impact. Pour éviter la poussière qui se dégageait de la zone qu’elle avait ravagé. Ravagée au point qu’il n’en restait plus qu’un trou béant de plusieurs mètres de profondeur. Nous n’étions pas loin du cratère. Heureusement que le terrain était désert, vaste et à l’écart de la ville sans quoi elle aurait causé d’énormes dégâts. Que j’avais fini par me dire sans grimacer de douleurs. « Halala. J’ai fait fort. Hein mon beau Salem ? » Jeremiah pivota vers moi. Son sourire railleur était toujours scotché à ses lèvres. Un peu comme si elle se foutait de ma gueule. Elle finit d’ailleurs par rire non sans rajouter : « Tout le monde sait que tu es un épéiste renommée, hé. Tu as peur de me faire bobo ? » Elle m’observa en détails : L’arcade sourcilière ouverte comme d’hab, le bras gauche légèrement haché comme il faut et quelques blessures çà et là sur tout le côté gauche. Elle m’avait pas trop raté. Si je n’avais pas exécuté un soru une seconde plus tôt, elle m’aurait certainement empalé comme un pauvre chien avec sa putain de chevelure. Ça avait limite été un coup mortel. Mais n’était-ce pas moi qui lui avais dit de ne pas se retenir ? Pas le temps de se plaindre donc. Aussi avais-je dégainé mon sabre…
- « T’en fais pas… J’vais y aller à fond maintenant. »
- « C’est tout ce que j’attends de toi ! » Répliqua-t-elle en adoptant cette fois-ci une vraie posture de combat.
Pendant une bonne minute, nous étions restés immobiles, un peu comme si nous étions figés dans le temps. Durant cet intervalle, j’avais réfléchi à comment briser efficacement sa défense pour mieux l’atteindre. Sans doute avait-elle fait de même. Il faut dire que mon arme changeait complètement la donne, d’autant plus que je m’étais résolu à lui foutre une fessée dont elle se souviendrait encore longtemps. Cette idée m’arracha un rire, et donc par conséquent quelques secondes de déconcentration, ce qui la poussa à attaquer. La même chose que la fois précédente. Ses cheveux, effilés, fonçaient vers moi comme des projectiles tranchants. Une attaque tellement rapide malgré la distance que chercher à l’éviter était inutile. La seule option qui s’imposait à moi était le contre. Rien que ça ! Et c’est ce que je fis. Avec une rapidité et une agilité déconcertantes, je me mis à dévier ses mèches à l’aide de ma lame. Elles étaient nombreuses, puissantes, mais elles n’arrivaient pas à m’atteindre. J’étais pour ainsi dire transformé, sabre en main. Sans doute l’un des meilleurs bretteurs de la planète. Mais si je réussissais à déjouer ses plans, elle gardait toujours l’avantage de l’offensive. Il me fallait donc faire autre chose que contrer, d’autant plus que si on continuait ainsi, Jeremiah allait sans doute m’avoir à l’usure. De ce fait…
- « C’est parti ! »
D’un coup sec, je tranchai les bouts saillants de ses nombreuses mèches. Sans crier gare. La réplique me couta bien évidemment quelques éraflures, puisqu’en passant de la défense à l’attaque, j’avais perdu quelques millièmes de secondes, mais j’avais réussi à me débarrasser du plus gros de l’affaire. Décontenancée par une initiative aussi soudaine, Jeremiah voulut reformer ses piques, mais bien avant qu’elle puisse terminer son chef d’œuvre, j’avais déjà balancé une gigantesque bourrasque vers elle et sa chevelure vivante. Le vent que j’avais déclenché éparpilla alors ses cheveux et la força presque à planter ses talons dans le sol pour ne pas se faire balayer comme un vulgaire fétu de paille. Une voie royale s’était alors ouverte à moi ! Un moment dont je profitai pour foncer sur elle à coup de soru bien exécutés. Puis, le plat de ma lame smatcha violemment son ventre pour l’envoyer valser plus loin. Un coup digne d’un batteur de base-ball. Après plusieurs roulades sur le sol, elle réussit néanmoins à se redresser au bord du gouffre qu’elle avait elle-même occasionné. Mais à peine avait-elle relevé la tête que j’étais au-dessus d’elle, prêt à fendre mon épée sur l’une de ses épaules. Dans un mouvement réflexe, elle réussit néanmoins à éviter mon attaque grâce à jeu de jambes rapides et s’éloigna très rapidement de ma position, les sens alertes…
J’eus un sourire en me retournant vers Jeremiah. Cette dernière s’était redressée et se tenait le ventre qui devait être plus que douloureux. J’y étais pas allé de main morte en tout cas. Ses tentacules capillaires avaient repris leurs dangereuses formes et ondulaient plus que jamais autour de leur maitresse. On aurait presque dit Médusa. Je m’éloignai de quelques pas du trou derrière moi, tandis que Jeremiah reculait pour conserver la distance qu’il y avait entre nous. Ce fait confirma alors ce que je pensais : Le combat à distance, c’était son truc. Ceci étant dit, je m’interrogeais tout de même : Si elle n’était pas réputée pour être une artiste martiale de haut niveau, elle restait plutôt forte dans son genre. Et puis, ce n’était clairement pas sa maitrise capillaire qui l’avait propulsé au rang de vice-amiral, si ? Elle devait sans doute me cacher un atout. Fort possible qu’elle ne veuille pas l’utiliser en plein entrainement dans ce cas. Mais toujours est-il qu’elle me rendait curieux. Je finis donc par m’arrêter, avant de disparaitre de son champ de vision pour réapparaitre tout d’un coup dans les airs. En quelques fractions de secondes, j’avais combiné geppo et soru. Cette fois, j’allais lui rendre la pareille que m’étais-je dis, avant de lui balancer de multiples lames de vent un peu partout dans la zone où elle était. Certains directement sur elle, d’autres autour pour qu’elle ne s’échappe pas.
Mes attaques ne furent pas véritablement dévastatrices, mais assez nombreuses pour provoquer quelques dégâts considérables. Comme pour mon cas, la zone fut plus ou moins ravagée et recouverte momentanément d’une épaisse couche de poussière. Cette dernière finit par se dissiper et laissa place à une Jeremiah presque lessivée et dont le débardeur était presque en lambeaux, bien qu’il cachait toujours l’essentiel heureusement. Elle s’était aussi débarrassée de ses chaussures et sa peau présentait quelques estafilades çà et là. Rien de trop méchant somme toute, même si elle faisait presque peine à voir en haletant de la sorte. Soit elle manquait un peu d’exercices/d’entrainements/de combats (Rayez les mentions inutiles), soit j’étais devenu fort. Bien trop fort, même pour elle. Et puis, il ne fallait pas oublier l’environnement du coin. Nous étions à 10000 mètres d’altitude et l’air était particulièrement rare ici, à l’extérieur de la ville. J’eus un soupir tout en me demandant s’il ne fallait pas mieux arrêter là, mais le regard décidé de mon adversaire du jour eut pour effet de me faire sourire et me dissuada ainsi d’interrompre l’entrainement. Je retirai ma chemise déchirée (mais en meilleure état que son débardeur) avant de la lui jeter. Elle réceptionna le bien grâce à sa chevelure, se débarrassa de son propre vêtement, avant d’enrouler le mien autour de sa poitrine, tranquillement.
- « Et si on recommençait, chérie ? » Me lança-t-elle avec un sourire.
Halala… J’ai du pain sur la planche…
Les esquives diminuaient à mesure que les coups pleuvaient. Les corps étaient presque nus, couverts de blessures en tout genre et parcourus par du sang et de la sueur. Le manque d’air rendait la respiration assez laborieuse et l’effort soutenu depuis un bon moment rendaient les muscles de plus en plus douloureux. Si nous avions commencé depuis le matin, aux premières heures, il était maintenant dix-huit heures, carrément. A l’ouest, le soleil allait bientôt se coucher. C’est au fur et à mesure que le temps s’écoulait que je me rendis compte que je l’avais légèrement sous-estimé. Jeremiah était forte. N’était pas vice-amiral qui voulait, après tout. Un sourire orna mon visage couvert de sang à chaque fois que je pensais de la sorte. Bien longtemps qu’on ne m’avait pas tenu en échec comme ça. Jeremiah avait elle aussi le sourire. Elle avait l’air de s’éclater. Un côté que je n’aurai jamais soupçonné d’elle. Faut avouer qu’avec sa plastique et ses manières, difficile de l’imaginer kiffer un combat. Et pourtant ! Je finis par me redresser en me tenant une côte et non sans grimacer. Comme elle me l’avait déjà prouvé, la p’tite salope savait y faire au corps-à-corps. Elle était même plutôt forte dans ce domaine, surtout avec ses jambes/pieds.
- « J’arriiiiiive ! »
Et d’un seul coup, elle se mit à me charger en courant vers moi comme une furie. Je lui balançai une lame de vent, mais elle l’esquiva en bondissant dans les airs, avant de repiquer vers ma gueule, pied droit tendue en l’avant pour un kick en bonne et due forme. J’étais tellement lourd que l’esquive n’était plus une option. Alors sans attendre, je brandis avec force mon arme vers sa trajectoire pour qu’elle s’empale dessus, mais la meuf, telle une grande ballerine, réussit à se réceptionner sur la pointe de ma lame grâce à son gros orteil, avant d’enchainer avec son pied de libre, un kick bien senti qui s’écrasa sur la face gauche de mon visage et qui m’envoya valser plus loin. Très loin même. Je roulai sur le sol deux ou trois fois, avant d’effectuer un relevé carpé, ce qui me permit de voir que la meuf fonçait encore sur moi. C’est à se demander où elle puisait toute son énergie, cette bonasse ! J’attendis qu’elle soit à moins de deux mètres pour lui balancer une onde tranchante surprise, mais ses cheveux s’occupèrent de dévier l’attaque comme si ce n’était pas grand-chose, avant qu’elle ne réitère avec un coup de pied. Je bloquai l’attaque et répliquai de la même manière sur l’un de ses flancs, de sorte à l’envoyer bouler à mon tour !
Après un tour au sol à bouffer de la poussière, la vice-amirale se releva comme une féline et revint encore une fois à la charge. Intenable ! Ses cheveux recommencèrent leur manège avec leur tranchant digne d’une lame et leur dureté semblable à de l’acier. C’était presqu’irréel : Face à Jeremiah, j’avais pourtant l’impression de me battre contre une vingtaine de bretteurs qui m’assaillaient simultanément. Cette situation m’avait obligé à puiser dans mes ressources pour tenir sur mes jambes mais aussi pour continuer à la contrer voire même répliquer quand il y avait une fine ouverture. Sur l’un de mes contre d’ailleurs, la jeune femme anticipa mon coup et allongea tout d’un coup l’un de ses ongles qui se planta dans ma chair, au niveau de l’abdomen. Limite un shigan ce truc. Immobile sur ce coup de pute auquel je ne m’attendais pas et ce malgré le haut niveau de mon mantra, j’eus un hoquet, puis je vomis légèrement du sang. Jeremiah profita de cet élan de faiblesse pour glisser ses cheveux sur mes membres et en moins de cinq secondes seulement, elle se mit à m’étreindre avec toute sa force. Câlin strangulant comme certains l’appelaient. Ses cheveux, ses muscles, sa chaleur… Tout était bon pour en finir avec moi et gagner ce « match »…
- « Tu n’as jamais vraiment été sérieux dans ce combat Salem… Tu penses que je n’en suis pas consciente ? »
Plutôt que de l’écouter, j’étais plus occupé à essayer de me défaire de son emprise. Sa chevelure exerçait une pression terrible sur mon cou, à un tel point que je ne respirais plus du tout déjà que l’air était extrêmement rare ici. La force de ses liens capillaires autour de mes poignets ne m’aidait pas non plus à utiliser mes mains pour essayer de me sortir de ce guêpier. A bien des égards, cette femme était plus que dangereuse ! « Tu ne voulais pas sérieusement combattre hein… ? Au risque de briser mes os ou me couper un membre, c’est ça ? Alors, tu t’es involontairement bridé pour combattre à mon niveau… » Ses mots ne me parvenaient plus. J’étais à deux doigts de tourner de l’œil, de tomber carrément dans les pommes. Sa technique était terrible, efficace, si bien que je ne donnais pas cher de ma peau si dans la minute qui suivait, elle ne me lâchait pas. « Tu m’as offensé, Salem… » Deux choix s’offraient à moi : Soit je donnais tout au risque de la buter dans ma tentative, soit je faisais le mort. Le premier choix me parut très risqué, aussi optais-je finalement pour la seconde, ce qui n’était pas bien difficile vu que j’étais au bord de l’évanouissement. Alors, je détendis mes muscles, fermai les yeux et me laissai aller en allant même jusqu’à lâcher mon arme. En me sentant faiblir aussi dangereusement, Jeremiah paniqua et défit aussitôt ses liens.
- « SALEM ! TU M’ENT- »
Sauf qu’en me lâchant et me permettant d’inspirer un gros bol d’air, Jeremiah me fit revivre et occasionna tout simplement un retournement de situation qui s’était joué en quelques secondes : Comme si j’avais été un catcheur ou un judoka, je l’avais prise par les cheveux, avant de la faire passer par-dessus mon épaule. Elle retomba lourdement sur son dos, au sol, cracha du sang, avant que je ne me pose comme un bœuf sur son ventre et que je ne pointe ma lame (Que j’avais prestement récupéré) vers son cou, sourire machiavélique aux lèvres. Elle prit une bonne poignée de secondes à se remettre de sa lourde chute, avant de sourire, défaitiste. « Les hommes sont vraiment des idiots… » J’eus un rire, avant de me relever et de ranger mon arme. Autour de nous, il faisait presque nuit noire. « J’ai perdu… Lamentablement. » Jeremiah redressa son torse et se massa doucement le bide. Nous étions tous les deux dans un sale état. « Et j’ai même pas réussi à te rendre sérieux… T’es vraiment un enfoiré, Salem ! » Sur cette phrase, elle se mit à rire. Contrairement à ce qu’elle croyait, j’avais été plus ou moins sérieux. Sauf que je n’avais pour objectif de la rendre handicapée ou de la tuer. C’était tout ce qui avait fait la différence dans cette confrontation.
- « Rentrons maintenant… »
Alors, que je comptais me retourner vers les lumières lointaines de la ville sainte, la vice-amirale me retint par le bras droit.
- « Tu me portes, dis ? »
Après un lourd soupir, j’eus un sourire puis je la récupérai dans mes bras.
- « Tu passeras la nuit avec moi, chérie ? »
- « Dans tes rêves, Jeremiah. Et arrête de m'appeler chérie. »
- « Alleeeeeeez ! »
- « Nan. »
Quelques jours plus tard...
- « C’est beeaaaaau ! »
Nous étions, Jeremiah et moi sur une magnifique terrasse, en tête à tête. Le ciel nocturne de Marie-Joie était illuminé par des feux d’artifices en tout genre. L’an 1627, enfin. Cette année-là promettait monts et merveilles. Je pouvais le sentir. Maintenant vice-amiral et possédant tout ce qu’il faut pour aller sur n’importe quel coin de ce monde, j’étais appelé à réaliser de grandes choses. Plus qu’une marche et j’étais enfin amiral. Un candidat sérieux si l’un des trois amiraux venait à rendre l’âme ou abandonner son poste. Bien entendu, ce n’était pas ce que je souhaitais, mais rien n’était impossible dans cette vie-là. Alors que Jeremiah s’émerveillait devant le spectacle qui nous était offert, j’observais pour ma part mon verre de vin d’un air sérieux et réfléchi. Dans les prochains jours, j’allais enfin quitter cet endroit. Yamamoto, Ethan et tout l’équipage allaient me devancer, mais j’allais très bientôt les rejoindre. Il était temps pour nous de marquer cette ère de notre empreinte. Après ces réflexions et ces vœux, je finis par reporter mon regard vers les feux. C’était vraiment beau. Et puis, ça changeait de mes années passées à Alabasta, même si l’ambiance là-bas était plus chaleureuse, plus festive, quoique moins cosy, on s’entend.
- « Alors… Tu pars quand ? »
L’air de rien, Jeremiah finit par tourner son beau minois vers moi, avant de s’emparer elle aussi de son verre. Il lui restait deux ou trois bandages, mais globalement, elle était bien guérie. Tout comme moi d’ailleurs. Il n’y avait que le bras gauche qui était encore en piteux état, mais globalement, tout allait bien. Je l’observai durant quelques secondes, avant de porter mon verre à mes lèvres pour le vider cul sec. Puis j’eus un soupir de bien-être. Si Marie-Joie était une ville remplie de connards en tout genre avec en tête les dragons célestes, force est de constater qu’elle avait néanmoins tout ce qui se faisait de bien dans le monde : Le luxe, de la bonne bouffe, des bonasses comme vous n’en voyez pas même dans les lupanars les plus huppés et ce bon breuvage qui me faisait particulièrement plaisir. Là encore, ça changeait clairement des distillations locales d’Alabasta auxquelles je m’étais habitué. Un pur délice, tout simplement : « Dans moins d’une semaine, très certainement. » La jeune femme ne parut pas très étonnée. Elle eut même un sourire fin et se mit à me fixer d’un air rêveur. Un peu comme une soupirante quoi. Sauf que je n’avais aucune envie de la foutre dans mon lit. Pas elle. Elle n’était pas une vilaine fille comme celles que j’avais l’habitude de foutre dans mon pieu.
- « Halala… A peine un mois et déjà que tu repars. T'es pas drôle… »
- « C’est surtout que je déteste cette ville… »
Jeremiah afficha une mine désolée. Elle devait comprendre. Mais bien vite, je revins à un autre sujet pour ne pas gâcher cette première soirée de ce nouvel an. Soirée qui se passa relativement bien. A l’aube, la pauvre femme était complètement saoule, incapable de marcher toute seule. Je dus donc la raccompagner jusqu’à ses quartiers où j’ai eu fort à faire pour la débarrasser de sa robe assez sophistiquée, qui comme d’habitude, mettait en relief ses formes. Je la laissai en sous-vêtements avant de la foutre dans son lit, sauf qu’elle me tira contre elle et activa même ses cheveux pour qu’ils me retiennent. Je réussis à me tirer de là grâce à un soru bien exécuté, avant de quitter rapidement la pièce et de fermer la porte derrière moi. J’eus par la suite un gros soupir avant de m’éloigner du coin. Ces derniers jours et malgré son rentre-dedans, Jeremiah avait été d’une compagnie très agréable. Et puis, ça avait presque été une première pour moi de résister au charme d’une meuf bien foutue et bien gaulée comme on le disait dans les tavernes. J’avais dû susciter pas mal de jaloux au sein de la gente masculine de Marie-Joie. Il était d’ailleurs étonnant que les dragons célestes n’aient jamais posé leurs yeux sur elle. Faut dire qu’elle était magnifique.
Par la suite, je gagnai tranquillement mes quartiers pour jouir d’un bon somme.
Plus que quelques détails à régler et je me casserai d’ici pour un bon moment.
L’avenir promettait.