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Mascarade



- Tutututu. ♫ Votre attention je vous prie. Le train en provenance de Marie-Joie à destination de Water Seven va entrer en gare.

- Bon sang Sweetsong, je préférais lorsque tu te trimbalais pas avec trois valises. Grouille-toi.

Peinant à me déplacer dans l'étroit corridor avec mes trois gros sacs de fringues et d'autres trucs chinés dans les boutiques de St Poplar, j'endure en silence les grondements de mon supérieur qui est déjà rendu à l'extérieur du train et semble m'attendre impatiemment.

- C'est bon, c'est bon. On a trois jours de pied à terre à Water Seven, c'est pas comme si on était pressés, non ?

Non, évidemment, la raison de l'empressement du chef d'équipe est toute autre. Pourtant cette fois-ci il ne s'agit pas de l'alcool, mais d'un rendez-vous personnel. Un truc qu'il m'avait caché pendant le reste du trajet et venait tout juste de me balancer à la face. Certes, je ne l'imaginais absolument pas avoir une vie sociale en dehors du boulot et de l'alcool qui occupaient au moins quatre-vingt-dix-neuf pourcents de son temps, ce qui avait eu l'effet de me surprendre et de me pétrifier sur place.

- Faut qu'on trouve un hôtel.

Chaque chose en son temps. D'abord nous sortons de l'immense hall de gare par l'une des épaisses portes bien renforcées pour lutter contre ce que les habitants du coin appelaient "l'Aqua Laguna". Une espèce de gros tsunami qui venait régulièrement frapper la cité. Pas de trace de Salem, bien qu'une grande partie des passagers soit amenée à retrouver de la famille, des amis ou bien même un ou une amante attendant sur les quais, parfois avec un panneau gravé d'un nom à l'effigie de la personne attendue dans les mains. Toujours est-il qu'une fois la grande porte passée, nous débouchons brusquement sur un large canal peuplé de barques pour la plupart trainées par de drôles d'animaux que je découvre pour la première fois. Des espèces de chevaux, mais en version poisson.

- C'est quoi ces trucs ?

- Des Yagara Bulls ma p'tite dame. saisit automatiquement un marchand à ma droite qui voit l'occasion de nous refiler l'une de ses montures.

Larson ne semble pas aussi dupe que moi. Avec sa mine renfrognée, il vient se placer devant le vendeur et darde un regard soupçonneux sur ce qu'il propose.

- Combien pour celui-ci avec une barque pour deux personnes ? Juste pour la semaine ? grogne-t-il déjà tout en sortant son porte-feuille.

- Dix mille berries, mon bon monsieur. répond l'homme d'affaire tout en se frottant mécaniquement les mains, réflexe qui trahit aussitôt sa supercherie à mes yeux et ne semble même pas étonner mon supérieur.

- Ne jouez pas à ce petit jeu avec moi, je suis né ici, je connais les prix. Deux mille berries, à prendre ou à laisser.

Brusquement embarrassé par le ton peu cordial de mon camarade et par sa connaissance de la ville, l'homme ne sait plus où se mettre. Balbutiant suite à son échec, ce-dernier parvient finalement à nous bégayer un :

- I-il est à v-vous.

***

- Alors tu as grandi ici, hein ? C'est plutôt pas mal comme ville. Plus propre que Logue Town, j'aime bien le système de canaux et ces drôles de chevaux. fais-je tout en caressant le col de la monture qui hennit en réaction.

Placide, l'homme ne me répond pas. Je commence progressivement à mettre le doigt sur ce qui l'empresse de nous trouver un hôtel. Tremblant légèrement et regardant de façon chronique sa montre toutes les cinq minutes, le gaillard ne cesse de montrer à quel point son rendez-vous le stresse et l'anime d'une peur maladive bien reconnaissable.

- C'est une femme, c'est ça ?

- Ce ne sont pas tes oignons, Sweetsong, bon sang ! s'anime brusquement mon partenaire, me foudroyant aussitôt d'un regard mauvais qui termine de me convaincre de ne plus se mêler de ses affaires.

Cinq bonnes minutes supplémentaires passent dans un silence inconfortable avant que le vieillard n'indique au Yagara la proximité de la bâtisse dans laquelle nous comptons réserver de quoi dormir. A l'instar des autres grandes villes, pour leur plus grande majorité, il existait ici aussi des hôtels spécifiquement attribués à la Marine et au Gouvernement Mondial. Les frais de résidence étaient directement pompés dans les caisses des instances responsables, sous condition de se présenter avec une carte figurant le nom de l'établissement. Abordant à la rame près de ce qui s'avère être un enclos à Yagara Bulls, nous descendons alors de notre embarcation pour pénétrer dans un immeuble avec de lourdes colonnades détaillées de sculptures en guise de façade. Grande ouverte, la porte d'entrée donne presque aussitôt sur un guichet occupé par un homme arborant un drôle de képi rouge et un uniforme adapté.

- Deux chambres s'il-vous-plaît. Au nom de James Larson.

L'endroit est luxueux, avec un style vénitien à peine dissimulé. Un sol marbré et recouvert d'un épais tapis rouge moelleux qui grimpe les degrés de pierre et semble se poursuivre à chaque étage dans les couloirs correspondants. Le hall est relativement carré avec des escaliers de chaque côté, permettant de se rendre aux paliers supérieurs accueillant chacun un large balconnet faisant le tour du périmètre de la salle sur tous les étages.

- Classe, un vrai palais.

- Et comment comptez-vous procéder au paiement ?

- Envoyez la note au SAFER je vous prie. Voici la carte. exprime mon collègue tout en retirant le carton blanc de l'une des encoches de son porte-feuille et en la présentant au réceptionniste.

Un acquiescement suffit pour que l'homme termine son enregistrement sur son épais carnet et nous tende à chacun les clés de nos deux chambres.

- J'espère que vous apprécierez votre séjour à l'hôtel du Palace. Passez une bonne journée.

Grimpant les marches deux par deux pour accéder au troisième étage accueillant nos deux chambres, je ne peux m'empêcher de faire le tour de la balustrade et apprécier la hauteur de l'édifice. Levant les yeux au ciel, j'estime que l'endroit faire encore deux ou trois étages de plus. Cessant mes enfantillages, je viens finalement récupérer mes affaires et déverrouiller la porte de ma chambre.

- Magnifique. laissé-je échappée.

Enfin le confort, je demeure subjuguée par ce changement drastique entre ce à quoi m'avait habitué le CP8 et la richesse dans laquelle se vautre littéralement le CP9. Des rideaux brodés à l'or fin, des draps de soie, des tapisseries finement peintes : l'endroit est digne d'une suite royale et me rappelle étonnamment l'appartement où Fenyang m'avait invitée à Nanohana. Dans ce même style princier. Sans réfléchir je pose les sacs de vêtements sur le lit et me précipite dans la salle de bain pour découvrir...

- UNE BAIGNOIRE !

A peine ai-je donc fermé la porte à clé que je me dénude sans plus attendre et fais couler l'eau du bain tout en y ajoutant diverses poudres huiles laissées à ma disposition. Puis une fois le récipient rempli à sa moitié, je viens enfin goûter à la chaleur de l'eau du bout des orteils non-prothétiques. Satisfaite, j'entre alors progressivement dans la mousse et finis par plonger mon corps tout entier, restant quelques secondes en apnée avant de resurgir à la surface.

J'adore cette ville.
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- « Eh bien… Cette Hedda t’a pas mal amoché… »

- « Oooh, ta gueule ! »


Ketsuno se mit à rire et me tendit la main pour m’aider à sortir du train, mais je l’ignorai royalement avant de sauter sur la terre ferme. Malgré ma béquille, je me débrouillais très bien tout seul. Et même, je pouvais me battre. Pas avec toutes mes forces, certes, mais balancer des lames de vent ne nécessitait pas vraiment de très grands mouvements. La jeune femme finit par se lover contre moi en enroulant mon bras de libre, non sans me montrer toutes ses dents blanches. Sourire moqueur, encore. J’eus un soupir et voulut la dégager, mais ce ne fut clairement pas possible. Elle était solide et comptait ne pas me lâcher de sitôt. Je me résignai alors avant qu’elle ne me tire à sa suite. Pour l’autre monstre que je devais entrainer ? Pas de soucis à se faire que je me disais. Elle devait toujours avoir le den-den mushi que je lui avais passé bien avant qu’on ne se jette dans les différentes batailles autour du train. Suffisait juste qu’elle m’appelle et qu’elle choisisse un endroit pour que je m’occupe d’elle comme il se le devait. Une façon à moi de la remercier pour tout ce qu’elle avait fait à Alabasta l’an passé. Dès que son entrainement serait complet, nos chemins allaient alors se séparer et je l’espérais, pour toujours. Faut dire qu’elle m’avait clairement refroidi.

- « Où est ce p’tit con de Yamamoto ? »

- « Ah ? Tu parles du second ? J’en sais rien. Toujours est-il qu'il a foutu tous nos navires en chantier. »

- « De sa propre initiative ? »

- « Tu doutais de ses compétences ? »


Je ne répondis pas, mais j’eus un sourire. Bon réflexe de la part du jeune. Faut dire que j’avais été tellement absorbé par tout ce qui s’était passé dernièrement avec le train et tout que j’avais complètement oublié que Water Seven était réputé pour ses charpentiers. De plus, je n’avais pas réellement vu de près les navires que le haut commandement avait daigné me confier. C’était donc l’occasion de les admirer et de les contrôler de plus près. Ketsuno voulut m’en dissuader en m’emmenant direct à un hôtel, mais je refusai catégoriquement. Voir mon matos, c’était tout ce qui m’importait. Mes hommes aussi par la même occasion, mais j’étais quasiment certain qu’ils étaient éparpillés dans la ville. Qu’ils profitent de toute façon. Cette « pause » ici allait être leur dernière avant un bon moment que je me disais. Le moment était venu pour que je me mette sérieusement au travail. L’idée était même de taper sur des révolutionnaires, mais encore fallait-il que j’ai des informations sur ces bâtards. Surtout Ombre. J’étais maintenant certain que j’avais un niveau suffisamment bon pour lui botter le cul. Je n’oubliais pas la défaite cuisante qu’il m’avait infligé ; et même que je faisais parfois des cauchemars sur ce moment où j’avais vraiment failli mourir.  

- « Nous voilà arrivés ! »

Le dock one. Sans aucun doute le meilleur de la Galley-La. Quelques minutes après avoir traversé une bonne partie de la ville à dos de ces bestioles bizarres, nous y étions enfin. Et c’est bien sur place que je pus admirer les cuirassés qui m’appartenaient. D’ailleurs, nous fûmes plutôt bien accueillis. Pas seulement à cause de mon rang et de ma force. Les charpentiers du coin avaient dû avoir écho de mon intervention en pleine mer. Une bonne chose que de bénéficier d’un capital sympathie auprès de ces gens. Juste parfait !  Après une inspection rapide et un échange de civilités avec les patrons du coin, je pris congé de ces braves travailleurs. Ce n’est qu’une fois à l’extérieur qu’une question me vint à l’esprit : « Je suppose que les frais sont à mon nom, non ? » Ketsuno pouffa de rire et secoua sa tête pour me répondre que non. Elle m’expliqua ensuite que Yama s’était arrangé pour que les frais soient au compte de la marine et du gouvernement. J’eus une mine pantoise devant ses explications. Ce gamin tête en l’air qui faisait tout le temps son p’tit con était capable de gérer ce genre de tâches administratives ? Impressionnant. Ma gueule surprise fit rire ma cousine qui finit par me foutre une tape dans le dos, non sans réagir avec amusement :

- « Sympa la confiance ! On se demande pourquoi tu l’as pris comme second alors ! »

Je n’osais pas imaginer Yama devant d’la paperasse. Il était pas de l’élite pour rien, ce p’tit fou. Mais s’il avait réussi à faire ces petites choses, tant mieux. Il m’ôtait une épine du pied et sauvait mes propres finances, bien que j’étais assez nanti pour m’occuper moi-même de la révision de mes bateaux. Suite à cette visite, Ketsuno me conduisit à un hôtel pour un repos bien mérité. La coïncidence voulut que ce soit le même hôtel que celui de la jeune Cipher Pol, bien que je ne le sus pas encore. Je pris rapidement une douche, avant que ma cousine ne s’occuper de soigner mes blessures. Après quoi, nous descendîmes au restaurant de cet hôtel plus que somptueux. M’enfin, le luxe, moi, j’y étais habitué depuis mon enfance, bien que la rupture fut rude lorsque je dus récurer les chiottes et dormir dans des endroits miteux pour ma formation de marine. Un parcours sans pistons malgré la position de mon vieux, hein ? Je pouvais être fier de moi. Une carrière déjà bien remplie et assez exemplaire à seulement 40 balais. Pas un rien. Pour me féliciter, je commandai de la bouffe à volonté. Ketsuno eut un soupir, mais me faussa compagnie. Elle avait affaire, qu’elle disait. Du coup, je me retrouvai tout seul à ma table, verre de vin en main et l’air plus que rêveur…

L’avenir promettait.
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Le Marine m'avait promis un entraînement, ce qui tombait relativement bien puisque Larson m'avait brusquement abandonnée pour aller vaquer à ses occupations secrètes pendant que j'étais occupée à me laver. Il n'était même pas venu toquer à ma porte pour me dire qu'il me laissait quartiers libres ni même laissé une note pour me le faire figurer, non. J'avais du deviner cela toute seule, attendant pendant cinq bonnes minutes devant sa chambre vide avant de prendre les devants et me documenter directement à l'accueil pour découvrir que ledit homme était parti il y a près d'un quart d'heure. J'avais alors instantanément saisi mon escargophone pour joindre le vice-amiral et lui donner rendez-vous plus tard dans la journée, sur l'un des rares terrains vagues en bordure de la ville que j'avais déjà pu remarquer à l'aller.

***

Le soleil est au beau-fixe, il doit être aux alentours de seize heures. Loin d'être tropical, le climat est quand même plutôt sec et les rayons tapent fort, me garantissant des plaques rouges sur les joues et les bras, frappant dru sur mon teint laiteux. Cela changeait drastiquement des îles hivernales et je n'étais pas vraiment habituée à ce genre de climat, ce qui me laissait un peu sur la touche et me faisait suer à grosses gouttes au moindre petit effort.

- J'ai l'impression de faire quatre-vingt-dix kilos tellement je transpire. expirè-je tout en m'essuyant le front d'un revers de la manche.

L'endroit se situait un peu en périphérie de la ville, non-loin des gigantesques canaux à proximité des chantiers par le biais desquels les navires étaient remorqués jusqu'au premier palier de la ville, situé au-dessus du niveau de la mer. Apparemment ce que j'avais d'abord pris pour un terrain vague était en réalité les restes fracassés d'anciennes habitations qui n'avaient pas été reconstruites depuis le dernier Aqua Laguna. C'était un autochtone qui m'avait longuement aidée à me repérer en ville : voyant mon air perdu à travers mes grands iris violets, l'homme semblait n'avoir pas pu résister à mon charme et m'avait accompagnée tout au long du chemin jusqu'à ce que j'arrive à bon port. Ce après quoi je l'avais gentiment congédié, attendant l'arrivée de mon formateur.

Passant donc le temps en regardant les gigantesques grues élever d'énormes parties de navires dans les airs, je profite du paysage formé par le travail des charpentiers qui s'exécutent non loin. Ou plutôt des charpentières, puisque même si celles-ci revêtent des vêtements d'hommes et ont des démarches purement masculines, leurs courbes sveltes et musclées échouent malgré tout à les faire passer pour des hommes. Intriguée, je me surprends donc à quitter mon avant-poste pour aller directement sur le terrain et identifier ces travailleuses, réalisant un travail qui est usuellement réservé au beau sexe. A l'aide d'un gigantesque escalier se situant à quelques mètres de là, j'arrive donc finalement à atteindre la plateforme en hauteur accueillant le chantier naval et observe plus attentivement le surréalisme du tableau. Les bras levés, donnant des ordres à tout va, une femme portant ce qui ressemble à un kimono rouge coordonne les gestes de ses employées, s'activant de tous les côtés dans une synergie évidente pour déplacer la coque immense d'un navire de fret de marchandises.

- Plus à droite, encore. Encore. Encore. Trois mètres, deux. Stop !

Pilotant la grue, une jeune femme en combinaison bleue intégrale s'arrête pile au moment où la contremaître lève le doigt. Les manœuvres continuent et se répètent alors, parfaitement chronométrées et incroyablement bien gérées. Définitivement un travail de professionnel. Vrillant périodiquement un œil vers mon terrain d’entrainement improvisé en contrebas, je vérifie occasionnellement que Fenyang n'est toujours pas arrivé pour continuer à observer pendant une dizaine de minutes supplémentaires les gestes habiles des charpentiers. Enfin, remarquant soudainement la progression d'une silhouette reconnaissable entre mille au milieu du terrain vague, je cesse brusquement de baîller aux corneilles pour rejoindre le terre-plein en contrebas.

- Si tu n'étais pas venu, je pense que je n'aurais pas pu détacher mon regard de la précision avec laquelle ces femmes travaillent. Apparemment il s'agit des meilleures charpentières de la ville. "Les femmes du Dock 1" qu'on les nomme par ici. lancè-je tout en accueillant d'un air goguenard mon éducateur.
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- « T’es en train de réfléchir à une reconversion, c’est ça ? C’est pas un mauvais plan… »

Qu’avais-je répondu aussitôt, sourire railleur aux lèvres. Mais quand bien même impossible, l’idée était plutôt amusante. Une tueuse qui se repentait en devant charpentière… Digne d’un livre de Béatrice, ça. Après, même si je savais qu’elle avait une force suffisante pour ça, elle n’en avait clairement pas la carrure. Elle ressemblait plus aux maitresses de ces gros bœufs de richards qui se pavanaient d’îles en îles sans trop savoir quoi faire de leur pognon, qu’à une ouvrière qui bossait honnêtement et à la sueur de leur front. Ouais… Elle avait la gueule d’une call-girl… Bon moins qu’auparavant, cependant. Pas étonnant que pas mal de gars (moi inclus) soient tombés sous son charme. J’étais d’ailleurs certain que le sultan de Rawhamachin devait encore être amoureux de cette tarée. Pauvre homme… S’il savait qu’elle était un monstre, il déchanterait sans aucun doute. La vie est plutôt cruelle hein ?

- « Le deal est simple. On se bastonne carrément. »

Sur cette phrase, je dégainai un sabre en bois sans crier gare, avant de foncer sur elle avant qu’elle ne puisse réagir convenablement. Tenant l’arme comme s’il s’agissait carrément d’une batte de base-ball, j’enflammai le ventre de la pauvre gamine qui fut balayée sur plusieurs mètres comme si de rien était. Puisque nous étions sur un large terrain et qu’il n’y avait pas de chance qu’elle heurte un mur ou autre, je multipliai alors les geppo pour être à une bonne hauteur ; et là-dessus, je déclenchai à l’aide de mon arme de fortune plusieurs lames de vent contondantes qui explosèrent dans la zone où je l’avais envoyé bouler. J’eus toutefois un gémissement de douleur avant de revenir fissa au sol. Bien que j’avais abandonné ma béquille et que je marchais plus ou moins normalement, ma cuisse blessée me faisait quand même un mal de chien ! J’avais trop forcé dessus tout à l’heure. J’avais donc intérêt à faire gaffe.

- « Le meilleur moyen d’aiguiser un haki reste un combat plus ou moins violent. J’ai choisi une épée en bois pour ne pas te buter par inadvertance, mais j’vais clairement pas te faire de cadeau. »

Alors qu’un écran de poussière s’accumulait là où Annabella se trouvait, j’avais parlé normalement comme si elle avait été tout juste devant moi. Ceci étant, j’étais certain qu’elle m’avait entendu avec son haki qu’elle avait sans doute activé depuis perpète. Si j’en croyais ce qu’elle disait, la meuf était à deux doigts de peaufiner son fluide. Si tel était le cas, alors la méthode était la bonne. Un entrainement de dur où la gamine allait devoir mettre son pouvoir à contribution pour ne pas finir amochée, ou borgne etc… J’eus alors un sourire mauvais. Une tueuse n’avait pas besoin de pitié. Si ça se trouvait même, je pourrais à un moment donné utiliser mon sabre, mon vrai. Mais en attendant, j’étais impatient de la voir répliquer. Pour la narguer un peu, j’avais même pris le temps de m’allumer une clope et d’en profiter quelques secondes. Et pis, si elle ne se montrait pas à la hauteur, je la tabasserai et m’en irai tranquille.

- « J’ai pas que ça à faire, gamine. Ramène ton p’tit cul fissa. »

Ou sinon, je viendrai moi-même te chercher avec bon cœur.
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Immobile, dos au sol, je me relève avec une grimace de douleur sur le visage et sors progressivement du nuage de poussière formé par l'onde de choc.

- Même pas mal. mens-je au vice-amiral tout en frottant fébrilement mon dos endolori par réflexe.

Me déplaçant légèrement sur ma gauche, je reste à l'affût du moindre mouvement de l'ennemi le temps de récupérer mes affaires posées non-loin, de saisir le fourreau de Clair de Lune et de tirer ma lame au clair.

- Alors je suppose que tu ne verras aucun inconvénient à ce que j'utilise un vrai sabre. finis-je tout en tenant l'arme horizontalement parallèle au sol, saisissant immanquablement la réflexion du soleil et...

...Éblouissant spontanément mon adversaire pour un dixième de seconde.

- Soru. me fends-je soudainement tout en me déplaçant dos à dos au Marine et en essayant de le transpercer puissamment avec mon Meitou d'un geste brusque porté sous mon épaule, en direction de sa colonne vertébrale.

Persuadée d'avoir temporairement l'avantage sur mon adversaire, je devine instantanément son esquive signalée par un bref déplacement d'air et fais brutalement volte-face pour asséner le pommeau de mon épée sur la trajectoire logique de son flanc. Rien, du vide. Emportée par mon geste, j'effectue rapidement une vrille à l'endroit où se tenait il y a une seconde encore mon adversaire, déroulant un regard panoramique pour saisir sa présence. Trompée par mes yeux, ce sont mes oreilles qui ne me préviennent que trop tard du coup aérien vertical que l'homme vient furtivement me porter à la tête. Une fois de plus sonnée par l'épée en bois, victime de ma sous-estimation à l'égard de mon entraîneur, je m'appuie sur mes poings pour me redresser aussitôt, cependant une violente bourrasque plus rapide encore vient m'emporter au loin et me propulser dans un empilage de caisses vides. Visiblement désappointé par ma faiblesse, le Marine ne peut s'empêcher de me railler, tandis que je parviens à m'extraire, non sans mal, des débris de bois sur lesquels j'ai atterri.

- Un coup de chance.

Baignant dans ma mauvaise foi, je suis néanmoins beaucoup plus sur mes gardes désormais, plus stratégique dans mes attaques et cherche non plus à trancher brutalement mon adversaire, mais l'attaquer là où il est encore faible. Sa jambe. Effectuant une nouvelle flexion, me voilà à nouveau volatilisée pour venir assaillir de toutes parts mon adversaire, cette fois-ci de façon plus violente mais plus maîtrisée. Un coup d'épée, un balayage de la jambe, une lame d'air, un coup d'épée, un balayage de la jambe... Soigneusement contrés ou esquivés, les coups échouent tous à atteindre mon ennemi, néanmoins mon Haki me permet de saisir plus facilement ses mouvements et postures. Ce qui enfin me laisse entrevoir l'ouverture que j'attendais. Parant donc une nouvelle fois la lame en bois de Fenyang du revers de Clair de Lune, je viens violemment marteler sa cuisse d'un puissant coup du talon de ma botte, une sorte de Jugon mais effectué avec la jambe. Réagissant cependant assez rapidement pour retirer son membre de la trajectoire de mon pied, j'ai finalement tout le loisir de contre-attaquer en ciblant son visage.

- Jugon. laissè-je échapper tout en balançant une bonne prune des familles dans le faciès du vice-amiral.

Et cette fois-ci c'est à son tour de voler. Ainsi propulsé, l'homme finit donc sa route après plusieurs tonneaux dans la terre sablonneuse du terrain vague. A mon tour, j'adopte une expression de mépris tout en reprenant de bons appuis pour ne pas me faire avoir par une nouvelle charge du Marine.

- Et maintenant tu veux toujours utiliser une vulgaire épée en bois, ou tu préfères te battre comme un homme ?
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- « J’utilise généralement mon sabre pour tuer, tu sais. Le dégainer reviendrait à signer ton arrêt de mort… Ou tout du moins à renoncer à l’un de tes membres. »

Tout s’était passé rapidement. Très rapidement. C’était comme de la magie, même si ça n’avait été qu’un soru en réalité : Je m’étais retrouvé derrière elle et j’avais même eu le temps de passer mes mains sur ses bras pour l’immobiliser. Oh, certes. Elle pouvait tenter de me foutre un coup de talons aux couilles, mais mon mantra était bien trop effectif pour que je me laisse avoir à bout portant comme ça. Pour ce qui était d’un coup de nuque, j’étais malheureusement trop grand. Elle ne heurterait que mon torse avec, ce qui n’allait pas être très utile même pour elle. Bref, je l’avais prise au piège. D’ailleurs, mes doigts broyaient presque ses poignets. Un peu de pression encore et je les réduisais en bouillie…

- « Et puis, venant d’une gamine qui cite haut et fort le nom de ses techniques avant de les effectuer, je trouve ça malvenu. Apprends donc à rester à ta place, Sweetsong. »

A l’aide de son fameux « jugon », elle m’avait presque brisé le pif. Ne parlons même pas de la partie gauche de mon visage, du côté de mon arcade sourcilière. Je saignais à mort. Faut dire qu’elle tapait fort la petite salope. Pas étonnant venant d’une meurtrière qui devait mouiller sa culotte à chaque fois qu’elle butait un ennemi. J’en venais même à me demander pourquoi elle n’avait pas buté son dernier adversaire en date : Le fameux roi Edwald. Un rigolo que j’aurai bien aimé liquider pour ma part. M’enfin. Nul besoin de comprendre une tueuse. Nous n’étions clairement pas du même monde. Par contre, une chose finit par retenir mon attention. L’arme qu’elle avait en main. Tant et si bien que j’eus un sifflet d’admiration.

- « C’est un meitou, ça non ? Laisse-moi voir… »

Sans même attendre qu’elle répondre, je lui avais arraché violemment l’arme, avant de lui foutre un violent coup de pied dans le dos qui l’envoya valser je ne sais où. Juste que j’avais entendu un bruit sourd, preuve qu’elle avait heurté quelque chose. Enfin, Annabella ne mourrait pas pour si peu. Je n’y étais pas allé de toutes mes forces. Juste assez pour qu’elle vole assez loin de moi. Par la suite, je me mis à observer son bien d’un air très intéressé. Et là, mon cerveau se mit en marche. En moins de dix secondes, je reconnus l’épée dans ma main. Quel bretteur de mon calibre ne l’identifierait pas ? J’eus finalement un rire, avant de secouer ma tête de gauche à droite. Cette gosse ne cesserait pas de me surprendre…

- « Clair de lune hein ? C’est une arme qui te sied à merveille, gamine. Reprends-là ! »

Sans attendre un seul instant, je pris mon élan comme un lanceur de javelot, avant de lui balancer son arme à la gueule, et ce avec toute la force de mon bras. Si la Cipher Pol ne faisait pas gaffe et le réceptionnait mal, elle risquait de se faire planter par son propre sabre. Une épée que la plupart des épéistes ne kiffaient pas du fait de son histoire. J’étais par contre une exception parmi les bretteurs. Si je croyais en l’histoire de cette lame, il n’en demeurait pas moins que je ne la détestais pas. Je m’en foutais en fait. Un meitou restait un meitou, peu importe son vécu. Il n’en tenait qu’au possesseur de l’honorer et de s’en servir avec dextérité. Une pensée qui me fit sourire avant que je ne mette en position de combat, de charge même.

- « J’arrive. »

Après un soru pour récupérer mon fameux sabre en bois là où je l’avais abandonné, je me mis à charger l’endroit où la jeune fille se trouvait, l’air plutôt souriant et calme, sans aucune pression et ce malgré le sang qui s’écoulait inlassablement sur ma gueule, obstruant ma vue de moitié. Ce n’était plus qu’au soru que je l’entrainais. Elle avait un entrainement complet, carrément. J’espérais cependant ne pas trop l’amocher. En réalité, si elle me dégoutait, je n’avais rien contre elle. De toute évidence, tous les membres du Cipher Pol devait être comme ça et je ne finirais jamais de haïr si je devais les détester, elle ainsi que tous ses collègues. J’avais clairement mieux à faire dans ma vie. Et le prochain coup qui menaçait de la toucher était…

Une violente estocade au niveau du bide.
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Carrément pliée en deux suite au dernier coup porté, je parviens néanmoins à ne pas m'écrouler lamentablement sur le sol et à redresser la tête en direction de mon adversaire. L'heure n'est ni à la souffrance, ni aux lamentations, car si l'homme remporte nombre de batailles, il n'a cependant pas gagné la guerre. Mes ripostes se font donc plus virevoltantes, plus violentes tandis que ma haine et ma hargne ne cessent de croître pour finalement me donner plus de vitesse et d'esquive. Alliant cela au Haki que je manie habilement et qui me permet de prévoir aisément certains coups pouvant s'avérer fatals, je parviens ainsi à résister pendant plus d'une heure aux enchaînements du vice-amiral, qui ne laissent au final pour tout sol de notre arène qu'un cratère encore fumant.

- C'est marrant que ça soit un pervers comme toi qui doive me faire la leçon... Mais bon, on récolte ce que l'on sème. soufflè-je temporairement, écartée de quelques mètres de mon adversaire.

La lumière du jour commence à disparaître, nimbant les flots d'un halo orangé et la scène d'une étrange atmosphère. A l'image du soleil, mes forces sont au plus bas tandis que l'homme devant moi pourrait visiblement continuer comme ça plusieurs jours d'affilée sans sourciller. Je comprends soudainement la distance qui nous sépare, en termes de force, sachant qu'en plus le gusse ne se bat qu'avec une épée en bois et n'utilise même pas ses capacités surnaturelles. Je suis ici la seule qui est armée jusqu'aux dents et effectue toutes ses panoplies offensives pour mettre l'ennemi à terre. En vain. Mes attaques sont aisément évitées ou bien font très peu de dégâts, arrachant parfois un rictus et une pique au vice-amiral qui ne se prive pas de me rabaisser. Il aime ça car il me déteste, il croit que je ne l'ai pas remarqué, mais sa rancune à l'égard des gens comme moi, à l'égard des agents du Cipher Pol, de ceux qui font le sale boulot est réelle. C'est juste un autre de ces officiers flambants qui se prennent pour le centre du monde et s'imaginent pouvoir toiser ceux qui sont plus faibles. Malheureusement, c'est la dure vérité et je dois m'y faire, car le vice-amiral est tout de même mon supérieur. En quelques sortes.

- Je suis... exténuée... haletè-je après une demi-heure supplémentaire d'entraînement.

Spirituellement, le Haki a pompé toutes mes ressources et physiquement, c'est le Rokushiki qui m'a totalement vidée. Je n'ai plus que l'impression d'être une coquille vide qui arrive encore à peine à tenir sur ses jambes, mais me révèle tout de même satisfaite de ces moments passés à me faire prendre des roustes par le Marine. Un vrai entraînement par combat, c'était ce qu'il me fallait, un moyen de mettre en pratique ma pseudo-maîtrise, de l'aiguiser stratégiquement en plein combat et de connaître les temps forts pour l'utiliser. Des temps forts que mon opposant a su remarquer et gratifier de légers sourires bien souvent dissimulés. Positivement à bout de forces, je plante mon sabre dans la terre fraichement remuée avant de me pencher vers l'avant, les mains sur les cuisses endolories, en signe d'abandon.

- Que dirais-tu de s'arrêter là pour aujourd'hui ? On pourra reprendre demain, j'ai encore des progrès à faire. Puis tes expressions faciales de putain de pervers me donnent encore envie de te frapper, même si je n'en ai plus la force.

Venant m'appuyer sur une motte de terre qui me sert de siège artisanal, je saisis une bouteille d'eau et la descends prestement jusqu'à sa moitié avant de vider le reste sur ma caboche trempée de sueur. Rafraichie, j'ai déjà l'impression de pouvoir à nouveau tenir debout, malgré mes... enfin ma jambe douloureuse. Jetant un coup d’œil vers la ville qui s'étend au-dessus de nous et à ses chantiers navals déserts, je remarque la myriade de petites lumières qui illuminent le sommet de l'île. De toutes les couleurs. Qui scintillent et clignotent, festives, rafraichissant soudainement ma mémoire sur un fait marquant se passant en ville, un événement auquel j'ai envie de participer malgré mon état laborieux. Alors je me redresse et prépare mes affaires pour rentrer presto à l'hôtel, garnissant mon entraîneur d'une rapide explication à propos de mon zèle instantané.

- Il y a un carnaval ce soir en ville et je compte bien y participer. J'ai toujours adoré ce genre d'événements.

Car les gens sont masqués et que personne ne se préoccupe du physique. Car les gens sont heureux et dansent ensemble, peu importent les classes sociales et les métiers. Car les couleurs des robes et des tenues sont chatoyantes et les masques pétillent de nuances riches et chaleureuses. Enfin un endroit où je peux être moi-même, à l'image des participants.

N'être qu'un masque comme tous les autres.

***

Cette fois-ci pas de bain dans ma chambre d'hôtel pendant des heures, mais une rapide douche pour me préparer en vitesse. Les festivités ont déjà commencé et me voilà déjà à arpenter la pièce de gauche à droite en tenant sur ma poitrine des vêtements à la fois luxurieux et sobres, à mon effigie. Traversant le gris et le noir, des couleurs subsistent cependant dans mes différentes gardes-robes, me permettant d'intégrer la foule et de danser comme n'importe qui. Comme n'importe quel monstre de carnaval. Mon choix se fait assez rapidement et se porte sur une robe brune nappée de nuances de vert émeraude et de mauve très sombre sur les gigantesques plis tombant de mes hanches et recouvrant mes chevilles. En complément avec des escarpins noirs et un masque rouge et or que je conserve dans ma main jusqu'à être rendue dans la rue. La nuit est définitivement tombée et les bruits sont plus élevés que jamais dans les grandes rues qui découpent la cité en sept parties égales. De nombreuses embarcations passent sous les ponts et dans les canaux, transportant à leur bord des hommes et femmes en déguisements multicolores. Me stoppant donc près de l'un des points d'embarquement, je fais signe à l'une des barques venant dans ma direction et monte aussitôt à bord. Par chance, celle-ci est quasiment vide et le conducteur, qui semble être un homme souriant à la voix chantante, m’interpelle gentiment d'un premier compliment.

- Si je peux me permettre, ma jeune demoiselle, vous êtes très en beauté. Est-ce ainsi qu'au carnaval vous vous rendez ?

Amusée par la situation, décompressant au moins une fois dans ma vie, je me permets un sourire et réponds au batelier dans la même veine :

- Tout à fait, c'est mon premier. Et je ne sais pas réellement où je dois aller.

Esquissant un rire, l'homme répond alors :

- Toutes les rues de la ville sont ce soir animées. Partout où vous irez, vous pourrez danser, rire et chanter. Oh, n'ayez crainte du lieu où ça va commencer. Ma responsabilité est ce soir de vous y emmener.
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- « Un carnaval ? »

- « Oui, oui. Tu n’es pas intéressé ? »


- « Pas le moins du monde… »


J’eus un soupir las en me détendant dans ma baignoire plutôt agréable. J’avais fait semblant de ne pas savoir qu’il y avait ce fameux carnaval pour ne pas que ma cousine me casse le cul avec, mais ce fut tout le contraire. Si elle voulait participer, grand bien lui fasse. Ce n’était pas moi qui allait l’en empêcher. Pour ma part, j’en ressentais pas vraiment l’envie. Se masquer pour chanter, danser et célébrer je ne sais quoi… Quelle perte de temps. Ennuyant même. Foutre une pute dans mon lit serait même un bien meilleur passe-temps. Non, je resterai cloitré dans ma chambre pour me reposer. Et puis, ça m’éviterait de croiser l’autre folle là. Si ça se trouvait, il y avait des chances qu’Annabella profite de tout cet entrain local et des costumes de ce carnaval pour commettre un meurtre. D’où son envie de peaufiner son mantra avec moi ? Cela se tenait, vu que les festivités sur l’île pouvaient s’étaler sur plusieurs jours. J’eus un deuxième soupir. Plus vite les vérifications sur les navires seraient faites et plus vite je me casserais d’ici avec tout l’équipage. Enfin… Encore fallait-il que je trouve Yamamoto et tous ses hommes…

- « Tu n’es pas marrant… »

- « Pardon d’avoir raté ma vocation de clown ! »
Maugréai-je.

- « C’est rare ça ! Monsieur a l’air de mauvais poil, on dirait. D’ailleurs, qui est-ce qui a bien pu te malmener aujourd’hui, hein ? »

Amusée, Ketsuno vint poser ses fesses rebondies sur le rebord de ma baignoire. Seule une petite serviette préservait encore les secrets de son corps tout en courbes. Des prétendants, elle devait en avoir à la pelle. Pas étonnant venant d’une Fenyang. Mais tout de même, j’eus un énième soupir. La gosse faisait allusion aux nouvelles blessures que j’avais récolté avec cet entrainement, notamment ma blessure à l’arcade sourcilière. Un truc qui avait bien saigné, d’ailleurs. Mon silence éloquent lui arracha un petit rire cristallin, avant qu’elle ne passe le bout de ses doigts sur l’une de mes joues, comme pour m’asticoter. J’avais l’air fin, maintenant. Je finis par avaler rageusement le contenu de ma coupe. Du champagne qui n’améliorait pas forcément mon état déjà exécrable, bien que j’avais une très bonne descente. « Tu devrais justement t’amuser non ? Pour oublier cette journée apparemment mauvaise… » La colonelle finit par se pencher vers moi pour passer ses mains sur mes épaules et entreprendre un massage avec savoir-faire. Dire que c’était pas bon serait certainement un gros mensonge de ma part. De la mauvaise foi aussi.

- « Enfin, c’est toi qui voit ! Moi, j’ai un rendez-vous, hihihi ! » Finit-elle par dire au bout de moment, concluant ainsi la séance de massage improvisée.

- « Ah ? Bonne soirée, alors. »

Ketsuno se redressa et s’en alla, non sans me faire un clin d’œil malicieux. Elle se foutait clairement de moi, la gamine. J’eus la sensation qu’elle voulut pousser le vice jusqu’à se claquer une fesse, mais elle se ravisa sans doute au dernier moment. Bien. Elle avait bien fait en tout cas. Lorsqu’elle s’en alla, je regardai le fond de ma coupe d’un air vide. Ces derniers temps, j’avais l’impression de m’ennuyer. Seules les sensations de la bataille navale précédente m’avait rendu un tant soit peu vivant, mais je me serai très franchement passé d’une telle frayeur. Pour le reste, c’était presque le train-train quotidien. A croire que je m’épanouissais mieux à Alabasta, loin des feux des projecteurs. J’eus une pensée pour ma mère et l’orphelinat que j’avais mis sur pieds avant de prendre le large. Ces errements de mon esprit eurent le mérite de m’arracher mon tout premier sourire depuis plusieurs heures maintenant. C’était ces gens-là mon foyer. Et c’est ce même foyer qui me poussait à bosser dur, à travailler d’arrache-pied pour rendre ce monde meilleur. Le rendre meilleur, hein ? A bien y réfléchir, ça ressemblait plus à une mauvaise blague qu’autre chose.

A défaut de le rendre meilleur, je protégeais la veuve et l’orphelin.

Et vu sous cet angle, ma mission avait un sens et pas qu’un peu. Cette logique que je devais à mon père me poussait toujours à aller de l’avant en cas de doute. J’ai longtemps pensé à démissionner fut un temps. Je crois même que j’aurai pu finir dans la révolution, si les hommes de cette faction de merde n’avait pas tué ma femme sept ans auparavant. Sauf qu’ils l’avaient buté et que je vouais à ces bâtards, une haine farouche. Un côté très sombre de mon histoire. Un cauchemar qui avait bien failli me rendre fou, littéralement. Je finis cependant par secouer ma tête dans tous les sens, comme pour balayer ces réflexions et souvenirs négatifs  de mon esprit, avant de sortir du bain. Après m’être recouvert d’un peignoir et regagné mon immense chambre, mon premier réflexe fut d’allumer une clope que je portai à mes lèvres. Mais j’eus une gueule surprise lorsque je me tournai  enfin vers mon lit : Dessus, il y avait un costume de carnaval pour homme et à côté, un petit mot. Je fronçai alors les sourcils. Ce n’était clairement pas l’œuvre de Ketsuno. Je ne suis pas pourquoi, mais j’eus la très forte intuition que cette soirée n’allait pas être de tout repos…

Rien à voir avec le mantra d’ailleurs.

Appelons ça l’intuition masculine.
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Après plusieurs heures de festivités dans les rues de la ville, de danses sous le clair de lune avec des inconnus et d'épanouissement dans cette quintessence de joie et de délicatesse, j'avais finalement atterri au milieu d'une soirée privée dans un manoir où, semblait-il, seules les personnes vêtues de manières élégantes et riches pouvaient participer. C'était principalement par pure curiosité que je m'étais avancée vers l'entrée du palais et visiblement les gardes n'avaient pas fait cas de ma bassesse d'extraction, puisque j'avais davantage eu le sentiment d'être acceptée pour mes beaux yeux et mes atours noirs soyeux. Le "Grand Bal" auquel je participais offrait donc un festival de couleurs encore plus riche que dans le centre-ville de Water Seven : mis à part quelques exceptions, les tons chatoyants étaient de mise et rugissaient dans la foule qui ne cessait de se former et de se déformer selon les aléas des danseurs. Me laissant aller à cet anonymat, j'avais moi-même fini par me retrouver au milieu de tous ces gens, ivre de liberté et d'un bonheur purement hédoniste qui, je le savais, ne durerait pas éternellement. Aussi folle avait-elle été, la nuit semblait avoir passé très rapidement et les douze coups de minuit avaient eu tôt fait de retentir, et avec eux une étrange atmosphère telle un écran de fumée qui s'était glissée dans la salle.

Dong ! Dong ! Dong !

Saisissant malgré moi cet étrange malaise, cette intention malveillante qui se profile et que je devine probablement grâce à ma perception exacerbée après cette dure journée d'entraînement, je m'interromps soudain au milieu d'une valse pour laisser mon compagnon continuer sa route seul. Minuit continue de sonner, les coups des marteaux à être portés sur les cloches alors que mon regard s'attache instinctivement sur un point gris qui gagne déjà la sortie, loin des feux des projecteurs. Puis c'est une bousculade qui vient brusquement me ramener à la réalité, provoquée par une femme venant de basculer vers l'arrière et de renverser ses voisins, y compris moi. Avachie sur le sol, elle ne cesse de crier et je la vois, je l'entends, mais les bruits des cloches sont bien plus forts qu'elle et produisent un vacarme ambiant qui camoufle temporairement la détresse de la danseuse... jusqu'à ce qu'elles arrêtent enfin de sonner pour dévoiler la terreur sur les masques des bourgeois.

- Qu'est-ce que... commencè-je automatiquement avant de m'interrompre en voyant les belles couleurs lilas et jasmin de la robe de la demoiselle se faner sous une tâche rouge grandissante.

Du sang. Mais tandis que les autres danseurs s'écartent vivement en poussant à leur tour des hurlements d'effroi, je demeure stoïque, le regard porté sur la jeune femme en pleurs aux mains couvertes de rouge vermeil. Et ce n'est qu'à la seconde suivante que je remarque derrière l'aristocrate la silhouette de son cavalier, allongée sur le sol dans une marre de sang frais et luisant sous la lumière des lustres gigantesques garnis de bougies qui se balancent au plafond. Détournant instantanément mon attention de la criarde que je comprends physiquement saine et sauve mais en état de choc, je me précipite soudain à la poursuite de celui ou celle qui a commis cet acte odieux. Celui ou celle qui a gâché ce moment magique. Mon moment.

Jaillissant dans la rue à travers les grandes doubles-portes que des gardes s'évertuent à protéger des nobles inquiets qui profitaient de l'air frais au moment du drame, je me vois rapidement contrainte de me débarrasser de mes souliers pour réduire la distance qui me sépare de l'intention meurtrière que j'ai ressenti et ressens encore. Le fameux point gris qui s'avère en réalité être la couleur du loup de la personne qui a commis ce crime, enfin je suppose. Car même si le Haki me permet de deviner la présence de l'assassin à quelques dizaines de mètres de là, celui-ci semble perdre progressivement en efficacité au fur et à mesure que le fugueur gagne du terrain. Obligée de soulever mes atours pour ne pas m’emmêler les pinceaux en débutant ma course, je parviens malgré tout à transpercer la foule encore dense à cette heure de la nuit et à suivre la trace du meurtrier jusque dans la basse-ville, au niveau des chantiers navals. Filant sur les pavés couverts de serpentins et autres fioritures, la circulation se fait néanmoins de plus en plus facile tandis que les rues deviennent plus sombres et les quartiers plus malfamés, plus populaires. Le contrechamp de la fête nationale : les pauvres qui n'ont pas les moyens de s'acheter de beaux vêtements et doivent travailler quand les autres s'amusent.

- Halte-là ! fais-je subitement, arrivant à proximité de l'ennemi, immobile à quelques mètres, cherchant visiblement une issue au dédale de rues toutes plus sombres les unes que les autres.

Pas de chance, ma vue n'est pas troublée par la noirceur, nyctalope au possible grâce à ma prothèse oculaire et au Haki qui me garantissent une vision parfaite dans la plus pure obscurité. Et au pire, je peux toujours discerner psychologiquement le "halo" spécifique du fuyard qui l'enveloppe et le signale aussi efficacement qu'une lampe dans la nuit. S'échappant vers une ruelle censée le ramener invariablement vers ce que je reconnais de mémoire comme le Dock N°1, je coupe donc directement à ma droite en prenant l'intersection la plus proche pour pouvoir saisir ma proie par surprise.

Mais alors que mon chemin s'abrège et débouche ultimement sur le chantier désert, la présence du fugitif disparaît soudainement, me laissant brutalement prises au dépourvu. Seul un masque gris jonchant le sol à quelques pas atteste encore de l'existence de l'assassin qui a brusquement disparu de la surface même de la terre. Puis je comprends subitement la raison de cette absence : malmenée par une migraine sourde qui me martèle les tympans, mon cerveau n'est apparemment plus en capacité de fournir l'énergie nécessaire à l'utilisation du Haki, me laissant soudainement "aveugle" et incapable de prédire vers où le criminel a bien pu s'enfuir. Dépitée et lessivée, j'abandonne donc mes recherches pour rebrousser chemin en direction de l'hôtel et prendre un repos bien mérité. Et tandis que mes jambes peinent à me porter à cause de la fatigue et que mes yeux demeurent rivés sur le sol, me voilà amenée à faire une bien curieuse et inattendue rencontre. Je ne le reconnais pas directement à cause de ses atours, mais son physique et les traits burinés de son visage masqué par un loup rouge ne sauraient camoufler plus longtemps son identité.

Visiblement peu satisfait de son allure, le bonhomme semble autant au bout de sa soirée que moi. C'est donc naturellement que je lui fais une proposition qui, à première vue, semble sonner correctement dans mon esprit détraqué.

- Ah, Fenyang, toi aussi tu es sorti pour le carnaval ? Malheureusement je ne pense plus être en état de danser, par contre je dirais pas non à un verre...
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Comment être satisfait de la soirée ? Celle qui m’avait invité en m’envoyant le costume n’était autre qu’une de mes nombreuses fans. Une fan de la haute. Presque BCBG. Sauf que voilà, madame était mariée. Mais comme elle était de nature frivole, elle avait voulu faire de moi son amant. Carrément. A croire que ma réputation de pervers me précédait vraiment. Complètement abusé. Mon moi d’avant aurais certainement profité d’elle sans vergognes, mais j’avais passé toute la soirée à lui faire comprendre que le sexe n’était clairement plus mon passe-temps. Celle-ci ne m’ayant pas cru, s’était évertuée à m’aguicher tout le temps, non sans s’accrocher à mon bras pour m’empêcher de fuir, tout en faisant sa maniérée. Elle m’avait trainé un peu partout, m’avait invité à manger, à boire, mais surtout à danser. Des minutes d’enfer durant lesquelles elle s’était amusée à me faire du rentre-dedans en se frottant contre moi de toutes les manières possibles. On aurait presque pas dit qu’il s’agissait d’une noble. Une soirée qui n’avait clairement pas été de tout repos, comme je l’avais imaginé. Du coup, tomber sur cette foutue CP9 qui prétextait je ne sais quoi, fut une aubaine ! Celle aussi était un cas, mais bien mieux que cette noble.

- « Mes excuses, Ivanna, mais je me dois de porter assistance à cette demoiselle. Il s’agit d’une gouvernementale très importante… Mais vu l’état dans lequel elle se trouve… »

- « Ah ? Moi j’ai plutôt l’impression qu’elle vous ve- »


Mais trop tard. Je m’étais défait de l’emprise de la noble, avant de choper Anna pour la foutre au dos. J’eus un sourire désolé pour la noble qui fut prise de court, avant de disparaitre de son champ de vision à la suite d’un soru bien exécuté. Ceci étant dit, j’étais certain qu’Ivanna ne resterait pas sur cette « défaite ». Elle se dirigerait probablement vers mon hôtel pour conclure son affaire. Voilà donc qui était embêtant. Le tout était de foutre celle-là je ne sais où, de prendre mes affaires et de me barrer quelque part d’autre. Je pouvais squatter aussi la chambre de ma cousine où même de cette folle sur mon dos, mais je chassai vite cette dernière idée de mon esprit avant de me diriger silencieusement vers l’hôtel où nous logions tous les deux. Durant le parcours, je n’avais pas ouvert une seule fois ma bouche. Je n’avais rien à lui dire en particulier. Le simple fait d’avoir été intéressé par ce monstre me donnait la nausée. A croire que j’étais pas du tout chanceux en amour : Entre ma défunte épouse, l’archéologue liseuse de phonéglyphes, la CP disparue de la circulation avec qui je pensais faire toute ma vie et cette autre CP qui n’était finalement qu’une vulgaire tueuse qui prenait plaisir à faire son job, on pouvait dire que j’étais poisseux en matière de cœur.

- « C’est certainement notre dernière rencontre, Sweetsong. Notre entrainement du jour m’a fait comprendre que tu n’as pas besoin de moi pour peaufiner ton haki. Pour ma part, je quitte l’île demain matin. C’est donc ici que nos chemins se séparent définitivement. Adieu. »

Je l’avais finalement posé à une table du bar de l’hôtel, avant de lui balancer ces phrases. Et par la suite, je m’éloignai d’elle sans attendre sa réponse. Il n’y avait plus rien à dire. J’étais reconnaissait pour tout ce qu’elle avait fait, mais ça s’arrêtait là. Je ne voulais pas aller plus loin avec cette meuf qui risquait de faire chambouler mon cœur. C’était plutôt risible quand on y pensait, vu qu’elle n’incarnait même pas mon idéal féminin. Ses formes discrètes mais parfaites pour bon nombre d’hommes n’étaient pas vraiment mes favorites. Et pourtant cette fille avait presque réussi à faire chavirer mon cœur et sans vraiment essayer de me charmer. Le tout était donc de partir loin d’elle avant de tomber bêtement amoureux comme un pauvre puceau. Ma propension à tomber amoureux des sales filles me jouait encore des tours. Encore que le mot « sale » ne convenait pas à cette tarée. Au final, j’aurai peut-être voulu qu’elle ne me raconte rien à son sujet tout en restant cantonné à mes suspicions. Une fois dans ma chambre, je fis mes affaires à la hâte et me débarrassai de ce costume de merde, avant d’utiliser le retour à la vie pour me faire pousser une grosse barbe et une chevelure plus conséquente, histoire de passer inaperçu.

Une tactique qui marcha brillamment puisque lorsque je quittai l’hôtel avec mes valises, Ivanna passa à mes côtés sans me reconnaitre.
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L'homme m'avait raccompagnée avant de mystérieusement disparaître après une phrase d'adieu. Aussi étrange qu'impromptu, ce qui m'aurait auparavant réjouie m'avait laissée avec un goût amer dans la bouche et une expression neutre sur le visage. Je n'étais pas spécialement heureuse de ces adieux étranges, mais je n'en étais pas non plus déçue car à vrai dire je m'y attendais. J'espérais secrètement faire ami-ami avec l'homme en étant honnête avec lui, car son soutien pourrait m'être d'une grande aide dans le futur. Et malgré ce qu'il venait de sortir promptement, j'étais certaine que nous nous reverrions.

Le bar de l'hôtel était quasiment vide, seul un homme dialoguait au comptoir avec un barman au visage visiblement renfrogné. Pour ces deux gaillards, la journée semblait avoir été dure : ça se lisait sur leur visage. Alors lorsque je m'étais accoudée à la surface en bois et avais demandé un verre de whisky pour me changer les idées après l'étrange déroulé de ma soirée, je n'avais pas été surprise de voir mon voisin commander la même chose.

- Dure soirée.

- A qui le dites-vous ? fais-je tout en avalant d'un coup sec le verre en entier, déglutissant difficilement tout en me brûlant maladroitement la gorge.

Allez, l'occasion est parfaite pour ne pas s'arrêter là et en recommander un nouveau. Alors tranquillement je fais connaissance avec l'autre poivrot qui se présente comme l'un de ces gars chargés de conduire les gondoles et mener les fêtards à bon port. Il me parle de son job, je lui parle pas du mien. Mais j'évoque cependant cette curieuse rencontre avec la personne au masque gris et le meurtre du bal.

- Un masque gris ? C'était une femme ?

- Oui... non... peut-être, je ne l'ai pas vue en détail. J'ai juste remarqué sa silhouette glisser vers la porte au moment du drame.

- Alors c'était une femme.

L'homme venait de commander un double scotch et je l'avais suivi. Ma tête commençait à être un peu embrumée et la sienne tenait difficilement debout, mais je pouvais voir dans ses yeux une lueur de désir. Je n'étais pas intéressée, mais je voulais en apprendre plus sur cette assassine que j'avais échoué à rattraper, alors je continuais à lui tenir compagnie jusqu'à ce qu'il crache le morceau.

- On l'appelle le "Masque Gris", c'est l'une de ces tueuses... Les... Amantes je crois ? Elles profitent des fêtes et des carnavals pour accomplir leurs basses œuvres. Des meurtrières. Mais je peux pas dire que je leur en veux, hein. La plupart de leurs victimes sont des hommes pétés de tunes, des bourgeois qui en ont rien à faire des autres et se préoccupent que de leur propre cul... En tout cas elles s'en prennent jamais aux femmes.

Alors c'était donc ça. Une sorte d'organisation secrète féministe ? On aura vraiment tout vu dans ce monde étrange. Quand bien même, la seule piste que j'avais pour enquêter là-dessus m'avait échappée et j'étais actuellement trop préoccupée par la mission d'Enies Lobby pour me fiche dans un autre merdier. J'avoue que j'aurais bien voulu connaître le fin mot de cette histoire, mais je n'ai ni le temps, ni l'envie de chercher à en savoir plus et faire la peau aux matonnes de la ville aquatique. Non, là, tout ce que je veux c'est dormir, alors sous prétexte d'une envie soudaine d'aller aux toilettes, je m'éclipse de la compagnie de l'homme saoul et reviens péniblement jusque dans ma chambre avant de m'effondrer sur le lit.

- Des... Amantes... Haha...

***

Ça y est, retour au train. Encore, mais pas le même cette fois-ci : une espèce de chenille grise ferrailleuse qui semble peiner à rester à flots, à la grande différence du train des mers emprunté précédemment. Une rapide oeillade à travers les fenêtres des wagons m'informe même de l'inconfortabilité des sièges avant même que j'aie posé mon derrière dessus. Pour cela, tandis que nous patientons sur les quais en faisant la queue, je fais la remarque à mon supérieur qui secoue négativement la tête.

- Arrête de te plaindre, on est pas en voyage bon sang.

Certes, je cesse donc mes simagrées. Temporairement, car une fois à bord j'apprends que le chef d'équipe a le droit à la voiture des officiers, tandis que je dois supporter la compagnie de la bleusaille Marine. Mais bon, pas le droit de dire un seul mot, je file sur mon siège fissa et fais la connaissance avec mon voisin tandis que le train se met en marche. Pas très sûr de lui, le bonhomme au visage livide se présente avec un sourire aussi niais que révélateur de son malaise.

- Bonjour, moi c'est Billy.

- M'en bran-

- BWEEURRRRGG...

Allons bon, ça promet d'être super, ce petit trajet.
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