Le gnon fait la force

Je l'avais dit. T'as qu'à me lire depuis le début, j'ai toujours affirmé que le ciel c'était une vraie saloperie. Ben mon cousin, voilà qu'il a avalé le Capitaine Champi. Lui puis d'autres zouaves, Grandline est à peine touchée du bout des orteils qu'on a déjà des disparus dans l'équipage. J'peux pas trop rancarder l'équipe sur ce qu'il s'est passé, des nuages qui mangent des gens, on a toujours évité avec mon ancienne flotte. Par acquis de conscience, je mire un peu la flotte autour du navire. J'pense pas que le Capitaine avait bouffé des fruits du démon, s'il barbotait dans la piscine je verrais un petit machin qui fait des bulles en remuant. Là, rien. Bon, l'est peut-être passé sous le navire aussi. Si c'est le cas, on perd un Capitaine, mais on gagne un carénage gratuit.

Bon, moi j'ai pas l'air si inquiet que ça, mais l'équipage flippe pas mal en fait. Z'ont pas confiance en leur chef ou quoi ? Il est assez grand pour se débrouiller tout seul, on ne va pas porter du noir sous prétexte qu'on l'a un peu perdu de vue. Personne a sa vivre-card je suppose. Ben non, les gars du coin, c'est le genre à se ronger les ongles et à les gaspiller en les crachant par dessus bord. Tiens, ça me fait penser à un truc. Ce sont de braves gars qu'on a. un peu couille molle sur les bords, mais j'ai vu les tripes qu'ils avaient sur le champ de bataille -certains au sens propre hé hé- et il y a moyen d'en faire quelque chose. J'ai un vieux relent de dresseur qui me vient là. Shinji est pas là, il ne va pas m'en vouloir de superviser personnellement le maintien en forme de son équipe en attendant son retour. C'est mieux ça que de les laisser bouffer des cookies toute la journée et jouer aux cartes en embaumant la pièce de leur haleine de ricard en pariant sur les résultats des prochaines rencontres sportives. Pas de ça ici, ces gueules tendres, faut en faire des paquets de viande sèche.

Bon, les gars, le Capitaine étant porté absent, il faut élire un remplaçant en attendant son retour. Alors, dis-je en bombant le torse, qui serait le mieux placé pour diriger le bahut comme il faut ?

Euh...c'est pas Kana la Seconde ?
Si, c'est elle. On est en sécurité avec elle à bord.
Moi je suis sûr que la Vice-Capitaine Suu pourra nous dire quand Shinji reviendra.
Moui...j'ai beau réfléchir, Kana Suu c'est l'évidence même.

Non mais c'est quoi ça ? Kana Suu ? Elle leur a filé du cannabis en perfusion pour les rendre si incohérents. J'avais rien contre cette petite alliance avec Shinji, mais là ça change cruellement la donne. T'y crois à ça, voilà que maintenant c'est moi qui ai le plus envie que le Capitaine revienne.

Graaaaaaaaaaaaah ! hors de question que je vive une seconde de plus dans son bâtiment. Vous l'aurez voulu bande d'ingrats, j'me casse.

Les mecs ne pigent pas trop ma réaction. Peu de gens savent qu'elle et moi, on s'évite le plus possible et que quand les regards se croisent, c'est pas sans animosité. Je regarde un coin pas trop crade où débarquer. Comme je ne suis pas tout seul, que j'ai encore mon équipe de bidouilleurs, je ne peux pas simplement plonger avec Nobunaga et rejoindre la terre ferme. Je repère un truc qui pourrait servir à arrêter le Mujinzoo le temps du débarquement.

Chouette, une grosse bitte.

Commence pas à fantasmer l'artiste, je parle de celle d'amarrage qui se dresse face à nous. Enfin, c'est pas vraiment une bitte. Ca serait plus un phare, mais faudra bien ça pour freiner le bâtiment. Je lance un lasso si large qu'un éléphant aurait pu faire du hula hoop avec et quand ça fait une jolie cravate de chanvre à la colonne de pierre, je tire d'un coup sec pour resserrer. Je tire d'une main bien sûr, l'autre a fait sa part en tenant la corde et rien que ça ça m'a coûté de la gencive. Une fois à terre, je vais voir le gardien du phare et je lui demanderai de me filer de quoi faciliter la guérison. Le Mujin déjà fortement ralenti depuis la disparition de Shinji s'arrête après un léger choc dû à la corde qui s'est tendue. En ordonnant à mon équipe de rassembler les affaires, je me demande si je ne vais quand même pas un peu loin. Se tirer parce que je n'aime pas la relève, c'est peut-être excessif. En fait, je ne quitte pas vraiment l'équipage, je manifeste mon désaccord de la passation de pouvoir en faisant grève du navire. Si je pensais que le Capitaine n'allait pas revenir, je n'agirais pas comme ça. Je pense même que je serais un peu sympa avec l'albinos. Enfin, la situation étant loin d'être désespérée pour les Nigawaraïs, je me permets un brin de fantaisie.

Une fois arrivé sur le pont supérieur, avec tous les gars qui me suivent, ça fait presque mutinerie. L'équipage s'est rassemblé en large cercle et je ne sais pas si c'est pour me laisser filer ou s'ils comptent employer la force pour m'empêcher de vider les cales en main d'oeuvre. Un truc est sûr, le premier qui dit "tu peux te barrer, mais tes hommes restent ici" je lui montre à quel point j'ai pas signé le code de la piraterie en lui bousillant la gueule avant d'avoir touché terre. Kana Suu aussi est là, devant les autres. Suis pas sûr qu'elle comprenne pourquoi je suis autant remonté contre elle. L'échange qu'on a eu, ma foi ça passe. C'est pas comme si j'avais jamais eu d'entretien viril avec un autre gus. Mais insulter mon rang et par lui mon peuple, c'est difficile à effacer. Je lui confirme que je me tire, je lui confirme pas ? Je la fixe, silencieux, en guettant le signe qui me dira si oui ou non cet exil momentané est ou non une bonne chose.

=

Je dois admettre un truc: face de Vierge a une paire de couilles. Je ne dis pas ça uniquement parce qu'elle ose me fixer avec une petite mimique qui lui donnerait presque l'air d'oublier que je dois facilement soulever l'équivalent de son poids quand je m'inspecte un orteil. Bon, d'accord ça joue, mais laisse-moi développer.

Il y a deux choses qui sont sûres dans la vie...et là je dis "deux choses" mais il y en a plus que ça en fait. C'est une façon de parler pour introduire mon discours dans la vaine intention de susciter la moindre intensité d'attention de ta part. C'est comme quand ton paternel te sortait "mon fils/ma fille/ducon, retiens bien une chose dans la vie: bla bla bla". T'as forcément retenu d'autres trucs. Ben là, c'est pareil. Je ferme ma parenthèse et on reprend si tu veux bien...puis même si tu veux pas d'ailleurs.

Il y a donc deux choses sûres dans la vie (pour toute question éventuelle, se référer au paragraphe précédent): Shinji est un bon Capitaine. On dirait pas, d'accord. Mais faut pas s'arrêter aux apparences. Ce n'est pas qu'un petit playmobil à la tronche de glandeur qui a le bon goût de diriger une équipe de fiers guerriers en peignoir-sandalettes, non, c'est aussi un type présent (quand il n'y a pas de nuage) et d'emblématique pour ses hommes. J'ai vu les gueules des types qui ressortaient de la masse; il y a de tout. Qu'un apparent touriste réunisse une telle brochette, dont je fais partie, pour aller tous ensemble à l'aventure dans l'endroit le plus dangereux du monde, ça atteste sans le moindre doute qu'il fait très bien son job et qu'il allie un bon mélange de force et de charisme. La seconde chose sûre - que tu as sans doute lu "chaussure" comme moi car, en plus de lire vite, tu as un humour vraiment pourri - c'est qu'il est très difficile de remplacer un leader.

Kana Suu parle bien et a les bons gestes, mais on sent qu'elle n'est pas à son aise. Il y a écrit "remplaçante" sur son front et si la classe ne la connaissait pas, il y a longtemps qu'elle l'aurait bouffée. J'écoute ce qu'elle déballe, toujours pas décidé à me tirer ou non. Au moins, elle n'a pas écorché mon nom; c'est déjà ça. Si il y a une chose sur cette damnée surface que je ne supporte pas, c'est un nom écorché. Je lève un sourcil quand elle décide de me confier la musculation de l'équipage. Et puis quoi encore, je dois mettre un cinglet moulant et avoir un cheveux sur la langue pour coacher tout ce petit monde ? Elle se fie trop à ses yeux la poulette. C'est sûr que je suis plus crédible qu'elle dans le rôle, mais si on veut faire dans la spécialisation qui saute aux yeux du premier coup d'oeil, je peux aussi conseiller à l'équipage de lui demander de nous apprendre comment on se fait un essuie-glace avec une mèche de cheveux et un élastique sans avoir l'air intelligent.

Je sens qu'elle a du mal pour les occupations quand même. "Je propose des tours". Proposer ? T'es leader cocotte, tu proposeras quand un mec te demandera quelle prothèse lui va le mieux au teint. Les hommes ne veulent pas que tu proposes, ils veulent que tu décides. Allez, puisque ton regard langoureux me dévisage et que je sais que tu adores le son de ma voix, je vais ouvrir ma gueule.

Vous fonctionnerez par quarts, quatre fois six heures. Premier quart pour bosser au navire, second quart pour vous entraîner, troisième pour vous occuper à ce que vous voulez et dernier pour dormir. Douze heures de boulot par jour mes louloutes, c'est physique. Je vous conseille de dormir un maximum dans les deux derniers quarts parce que si on est attaqués, ça sera pas le moment de chercher la ficelle de votre ours en peluche pour vous jouer votre berceuse préférée. Faudra défendre vos peaux fines et vos muscles flasques avant qu'un empaffé ne saisisse l'occasion de raconter plus tard au coin d'un feu la tronche d'abruti que vous tiriez quand sa grosse lame rouillée vous à sorti la merde que vous aviez dans le ventre.

Tant que Champi n'est pas revenu, Vice-Capitaine Suu est Capitaine Suu, tâchez de vous souvenir de son nouveau grade et du respect qui incombe à sa fonction. Vous êtes tous soumis au règlement des Nigawaraïs et celui qui profitera de la relève de poste ou profilera la moindre remarque pessimiste concernant le premier caprice de Grandline sera, par sa propagande mutine, sous le coup d'une justice que je me ferai un plaisir d'appliquer à ma manière, moi qui n'ai signé aucune convention pirate ni prêté serment devant le code. Pour les plus cons d'entre vous, ça veut dire que votre vie m'appartiendra et que ce que j'en ferai vous fera regretter, le peu de temps qu'il vous restera, d'avoir giclé de l'utérus de cet intarissable baque à foutre qui a eu le malheur de se rater avec l'aiguille à tricoter. Tas de cloportes, j'espère que c'est bien clair et que vous vous repasserez les instructions en boucle parce qu'à mes yeux vous les connaissez par coeur.

Capitaine Suu, avec votre permission, je vais partir en éclaireur sur la terre ferme le temps que les quarts se fassent.

Je ne la demande pas la permission, je la prends, mais elle ne pourra jamais maintenir la cohésion de l'équipage si on commence à remettre son pouvoir en cause devant tout le monde. J'ai beau ne pas l'aimer, je respecte ses responsabilités. Ma nature de franc garçon et mes proportions ont facilité le message, les mecs marchent presque au pas en attendant de leur nouvelle Capitaine, que j'espère provisoire, le soin de les commander comme elle doit le faire. Je la fixe un moment, sans vraiment savoir si je l'ai saluée ou pas, et je prends la passerelle avec mes gars.

On a pas fait quelques pas que je demande aux gars de rester là. Je siffle Nobunaga qui ne tarde pas à quitter le Mujinzoo pour me rejoindre et je le fais galoper tant bien que mal sur le sol rocheux très irrégulier du décor. Après quelques enjambées mon soupçon se confirme: c'est bien du sang séché. Je continue ma route en rythme de croisière et plus j'approche du phare, plus il y a des traces de bataille. Un carnage a eu lieu ici il y a un moment. Les corps ont été retirés. J'atteins enfin la colonne de pierre, qui nécessite un détour à pieds pour y accéder, et je vois qu'un cadavre n'a pas été enlevé. En même temps, il est bien éclaté contre la roche, on dirait qu'il a sauté du haut du phare. Je pose ma main sur la surface du bâtiment. Je ne capte pas de vibrations, il n'y a pas d'activité à l'intérieur. Je cherche à ouvrir la porte, mais elle est verrouillée. De ma main valide, je cogne le mur au-dessus de la porte et transperce le mur. Si un connard a piégé la porte ou si il comptait attendre qu'elle s'ouvre pour attaquer, il devra envisager la version lucarne deux mètres plus haut. Pourtant, c'est pas une embuscade que je révèle, c'est une mortuaire.

C'est quoi ce bordel ?

J'arrache d'autres pierres pour m'aménager une meilleure entrée en veillant cette fois à ne plus faire d'éboulement à l'intérieur du bâtiment. Le spectacle est dégueux. Sur les marches et le sol, des corps amorphes. Certains sont morts, d'autres attendent leur heure, mais tous sont de faméliques pantins qu'aucun espoir n'anime plus. Leurs yeux coincés dans les orbites creuses me regardent sans penser que je suis réel. J'ai déjà vu cette mort de l'âme à Tequila Wolf. Hors de question de les laisser crever dans une prison de pierre sans leur laisser une chance de ré-enfouir leurs os sous leur peau. Je père la porte pour la maintenir ouverte et hurle au Mujinzoo qui n'est qu'à une dizaine de mètres en bas du précipice.

Kana, viens me rejoindre avec de l'eau et ton infirmerie. Il y a une quarantaine de personnes sur le point de crever ici.

Tu veux que je te raconte une blague ? C'est l'histoire d'un mec qui essaye d'être sympa et à qui la vie montre qu'il devrait rester un type pas cool. Fin. Hey, les plus courtes sont les meilleures. Je t'ai fendu d'une morale en un récit de deux lignes, à savoir que quand le monde t'a donné un tempérament, faut pas lutter contre sa nature.

La flaque de guano qui sert actuellement de Capitaines aux Nigaz, j'ai été une vraie crème avec. J'ai pris la parole pour l'aider à organiser son groupe, je lui ai donné du poids en soutenant sa promo et là je lui donne une occase de montrer aux autres qu'elle ne sert pas qu'à faire des bandages quand on s'entre une petite écharde dans le doigt. Ben non seulement je n'ai aucun merci, mais en plus à peine arrivée au lieu où je l'ai sifflée, elle me congédie de façon à peine polie. Je vais finir par croire que la timidité l'empêche vraiment d'être aimable, parce que si ce n'est pas de l'ingratitude de ne pas me remercier chaleureusement de lui filer des dizaines de corps à tripoter, je ne sais pas comment appeler ça.

T'aurais dû la voir quand elle s'est pointée, je l'aurais pas faite venir plus vite en hurlant que j'avais trouvé une boîte de Royal Kana. Au début, tu te dis que c'est l'urgence médical qui lui fait agiter ses petites pattes de cobaye, mais en fait c'est l'envie de jouer à docteur maboul en live sur des mecs qui sont en fin de batterie. Je sais quoi lui offrir pour son anniv, une grande banderole "Do not cross" pour emballer ses scènes de crimes. Le petit machin timide quand il s'agit de prendre des décisions de Capitaine a laissé place à une actionnaire de l'injonction, ça se voit qu'elle prend son pied la petite; à me faire regretter de lui donner l'occase de se faire un plaisir solitaire.

Ok, je vais continuer mon petit tour. Quand tu seras en-bas, rappelle-bien aux gars que le sac d'os blanchi est le médecin, quand j'ai ouvert la porte j'ai cru avoir trouvé ton arbre généalogique tellement ils étaient maigres et ils tiraient la gueule.

Ha ha ha ha, tu peux garder la monnaie poupée, paye-toi du fond de teint mate avec le surplus de compliments, c'est moi qui régale. Sur un bon rire franc comme j'aime en déployer, d'autant quand je sais qu'il peut irriter les petits mammifères sensibles et accélérer le vieillissement de leur peau, je repars à la recherche d'une explication à tout ce merdier. Les civils étaient enfermés à l'intérieur depuis un moment, s'agit de trouver par qui si c'est encore possible. Je reprends Nobunaga et on file vers la descente de Revers Mountain. D'habitude, c'est Shinji qui plante le décor, mais comme il n'est pas là et qu'avec son mètre trente, Kana ne voit pas bien loin, je vais te causer un peu d'un détail qui est courant quand tu traverses Revers.

Tu dois te rappeler le courant, le Mujinzoo balloté, l'étroit sillon pour éviter de se fracasser sur la jetée. Ben bien souvent, en passant la ligne d'arrivée, tu remarques que t'as eu plus de chance/talent que certains. En aval, il y a plusieurs carcasses de navires. Je me suis dit au début que les mecs ont engagé des manches pour assurer le convoi, mais les bâtiments ne sont pas du même type. Plus curieux encore, leurs flancs sont en plutôt bon état pour des embarcations qui sont sensée s'être rétamé la tronche sur les rochers. Et enfin, petit point étonnant commun à tous: leurs mâts sont décapités. En bon Minox Mulder, j'inspecte les épaves en reconstituant mentalement une boîte noire pendant que Kana Skully* fait son boulot de légiste un peu plus loin. Ma conclusion d'agent du FBI (Foutrement Bon Inspecteur) est que ces vaisseaux sont victimes d'une attaque de petits hommes rouges, des intra-terrestres.

Des pirates quoi! C'était pas évident à conclure, parce que quand j'ai vu de l'autre côté de la rive le cadavre d'un géant si gras que je l'ai confondu avec Jabba le Hutt**. Le mec qui lui a pété les rotules a bien dû s'amuser, un sac de frappe de cette dimension ça développe l'imagination. Le phare à côté du géant est défoncé, un mec à eu l'idée de frapper ces machins avant moi. Je traverse la rive et rejoins le Géant et le phare. Il y a une grosse chaîne, vraiment très grosse. Peut-être un outil du géant. je vois mal un simple humain manipuler des maillons de cette taille facilement. Ma tête se braque vite vers la tour de pierre. Un mec qui s'appuie sur le mur pour ne pas tomber lève un pistolet à silex à bout de bras dans ma direction. Il a une bonne gueule d'intra-terrestre lui, on dirait que j'ai trouvé un client pour répondre à mes nombreuses questions sur le sens de la vie, de l'univers et du reste. Autant dire tout de suite que "42" ne suffira pas, moi il me faudra le détail.

Hey, ducon, range ce flingue si tu ne veux pas que je te montre tout ce qu'on peut faire avec une crosse.

Le mec m'entend à peine, je le vois éberlué et incrédule. il me prendrait pas pour un mirage des fois ? Attention, s'il veut vérifier une théorie comme quoi les balles traverses les illusions, je vais lui montrer qu'il n'y a pas que le soleil qui tape dur.

De l'eau....donne-moi de l'eau.

Euh ouais....sinon, bonjour! Tain, on les a sorti aujourd'hui, après la gourdasse en ivoire, c'est le premier venu qui me cause comme à un pote de chambrée. Il faut porter un smoking pour bien se faire parler ici ? Comme l'inconnu me conforte de plus en plus dans l'idée que je vais devoir insister pour le rendre attentif, j'avance sans empressement ni prudence, normal quoi. Plus je marche et plus le type ne se sent pas bien. Peut-être que le géant l'a un peu trop bichonné dans son hamac de son vivant, parce qu'on dirait bien qu'il a la trouille des grands types. C'est pas plus con que les grands espaces. Arrivée à portée de bras, je donne un coup de paluche dans son bras tendu et le coup part bien trop tard pour m'atteindre. Trop trouillard pour flinguer un danger devant soi, il y a de la visite chez le psy qui se présage. Avant, on va le requinquer un peu. Ah tu veux de l'eau, tu vas en avoir.

S'il vous plaît...de l'eau.

Ouais, ouais, à ton service Monseigneur.

Je soulève cet abruti de pirate et l'entraîne au bord de l'eau. Il est assez lucide pour comprendre que je ne veux pas qu'il mette sa vilaine salive sur ma gourde, alors il se débat inutilement. T'as pas assez de force pour me résister mon con, bois la bonne eau de Revers, c'est moi qui rince. Le type s'agite sous la flotte. Je peux presque avoir mal pour lui en sentant qu'il en aspire aussi par le nez. Le but n'étant tout de même pas de le tuer, je le laisse éponger quelques tasses avec les poumons avant de l'extraire. Ca crache, ça tousse, ça se vide les tripes. Je le laisse récupérer deux trois grosses bouffées d'air bien savoureuses avant de l'y remettre. Comme il a à peine eu le temps de réagir et qu'il a gaspillé sa fraction de seconde pour prononcer le début d'un "non", il refait le plein direct. Je l'arrache au courant quand il ne se débat quasi plus et lui colle un bon gros poing dans la bidoche. J'aurais quand même fait un sacré exorciste, toute cette gerbe extraire en quelques secondes c'est pas du boulot d'amateur. Je l'aide de deux trois tapes amicales dans le dos, qui en fait ne l'aident pas du tout, et lui parle comme si j'étais le bon samaritain qui venait de lui sauver la vie. C'est un peu vrai dans un sens.

Allez, évacue mon gars. Ca fait mal hein l'eau qui brûle les fosses nasales. Quand j'étais petit, enfin plus petit que maintenant, on devait explorer des galeries en mode sous-marin. Ce moment d'angoisse où t'as plus assez d'air pour faire demi-tour et que tu espères que le boyau inondé débouche bien sur quelque chose, c'est quelque chose à vivre.

Bon, allez, dis-moi ce qu'il s'est passé ici et n'essaye pas de me faire croire que les prisonniers ont été emmurés vivants parce que t'as égaré la clé du phare d'en face.


HRP:
**Je sais que t'es pas très télé, alors Jabba the hut c'est ça:http://www.aeriesguard.com/var/crypte/storage/images/media/images/img-celeb-book-cover-3_200637538690/113432-1-fre-FR/img-celeb-book-cover-3_200637538690.jpg le truc trop sexy à l'arrière

*Et Kana Skully est, en plus d'un jeu de mot avec skull, une parodie de Dana Scully de la série X-files:http://www.divxeo.com/wp-content/uploads/x-files-aux-frontieres-du-reel-saison-1-a-9.jpg Elle est médecin, très pâle et, comme tu le vois, ultra souriante. Kana Skully quoi

Ben mon cochon, la soirée murge avec le Pape à Dead Mood a porté ses fruits. Tu m'as vu exorciste il y a quelques minutes, là je suis en habit de confiseur. Le type me confie toute son histoire en gros. Il m'a parlé de la petite combine pour péter les mâts et vivre sur le compte du tout venant. Un jour, sa petite troupe a eu comme qui dirait le lourd bras de la loi en travers de la gueule. Des Marines se sont pointés, ont dégommé ses amourettes en un temps record et l'ont juste maintenu en vie pour qu'il puisse raconter à tonton Minos que la Marine est assez fortiche pour corriger à la dure un équipage de traine savates. Comme je suis un garçon sensible, tu te doutes bien que le récit va me faire frissonner toute la nuit. "Et les prisonniers ?" que je lui fais sans rajouter un "mon fils" de situation.

Là, le récit devient intéressant. Figure-toi que face de Polochon n'a pas trouvé de médaille du secourisme sur sa batterie de cuisine, alors il a laissé tout le petit monde en plan. Enfin, pas tout à fait, z'ont eu droit à quelques biscuits secs les ingrats. Je l'interroge un peu peu pour savoir s'il a une idée de qui a fait ça. Une pareille ordure, ça ferait un bon candidat pour la Légion. Mais le mec ne sait pas et là il me coupe le feuilleton avant le dénouement final. Je lui en veux, alors je lui coince la gorge entre le pouce et l'index et je serre. Je serre et j'interroge. "Je suis sûr qu'un survivaliste comme toi a noté un détail important chez ce type". Bingo Minos, t'as la psychologie dans le sang. Le mec m' expire dit qu'ils avaient un drapeau de loup de profil et que c'était zarb pour des Marines d'avoir leur logo façon pirates.

Le reste, c'est de la nature humaine en plein. Ha ha, de la nature tout court oui. Les civils ont trouvé le guignol ficelé et prêt à la consommation. Ils ont décidé de le maintenir dans cet état en attendant le prochain navire qui n'est jamais arrivé. Le petit pirate, pas con, s'est remis de de sa rencontre et a travaillé la crédulité de la masse pour leur assurer, parole d'honneur en gage, qu'il pourrait contacter des amis pour venir tous les chercher si on le laissait récupérer son escargophone dans son navire. Escorté par deux civils armés, il a eu droit de tenter sa chance. T'as déjà filé un fusil à un mec qui n'a jamais tué personne ? Il a encore la loi en tête, s'il ne tire pas pour sa survie, il ne tirera jamais. Le pirate ne leur a pas laissé le temps d'enclencher leurs instincts, ils se sont fait refroidir en chaîne. A son retour, il a braqué les civils, leur a fait lâcher les quelques pistolets qu'ils avaient et les a enfermé dans le phare. Un loup reste plus dangereux que dix moutons.

Fin de l'histoire on dirait. Le coup de l'escargophone était du bluff, personne ne pouvait venir le chercher. Il comptait sur le prochain navire pour négocier son embarquement et nous voilà.

Tain, t'es une vraie chiure toi. Mais tu sais quoi ? T'as des couilles. Enfler deux fois les mêmes civils c'était de l'art et t'as bien mis à profit tes talents pour tirer ton épingle du jeu. T'as le choix ma cocotte, où je te fracasse la gueule contre un rocher, ou tu rejoins la Légion. Tu vas commencer en Disciple du Sang comme tout le monde. Ou tu calanches durant l'entraînement, ou tu deviens un bête de la guerre, mais dans les deux cas t'auras un avenir plus utile qu'ici. T'en dis quoi l'ordure, on a un deal ?

Le type est d'accord.

Ah, et n'engage pas ta parole, quand je vois ce que ça vaut Ha! Ha! Ha! Mais essaye de me décevoir et on revient au plan A, avec la mâchoire qui se déboîte contre le rocher et les os du crâne qui se fracturent les uns après les autres.

Je crois que lui et moi, on se comprend. Je siffle Nobunaga et pose le rescapé sur ma selle. On traverse la rivière et hop, un petit galop jusqu'au navire où l'autre service en porcelaine à dû prodiguer ses soins. C'est un mirage où quoi ? Je la vois au milieu de la caillasse. J'accélère le rythme et constate que le mirage bouge et a l'air bien réel. Ben merde alors, pendant que ses patients crèvent, elle part à la pêche aux crabes. Je m'arrête juste à côté. Nobunaga mesure huit mètres et moi six, t'imagines comme elle fait polypocket à côté de la découpe.

Oh, la mouette, je te dépose où je fais les paris avec l'équipage du nombre de fois que tu glisseras sur la pierraille avant de nous rejoindre ?

Ouais, c'est pas très prince charmant comme entrée, mais elle ne fait pas très princesse non plus de toute façon.

Le mec qui trouve qu'une femme est élégante naturellement n'a jamais vu la souris blanche tenter d'escalader une monture. Vu son gabart, je m'attendais à ce qu'elle souffle vers le bas pour se propulser dans les airs façon rat volant (en plus moche s'entend) mais même pas, elle y va façon gamine de maternelle qui apprend à grimper sur un tabouret. Je regarde la larve qui coule de plus en plus haut sur Nobunaga, un peu dépité. Mais tu sais quoi ? Je me marre pas. Je lui balance même pas une réplique cinglante genre "Dur dur la grimpette, visiblement t'es plus habituée à te faire monter". Même ça je le dis pas, et pourtant c'est bigrement tentant. Seulement, elle a accepté l'invitation sans me péter les noix et ça ça mérite un peu de tolérance de ma part. Rien à foutre qu'elle me pense plus con qu'elle, son boulot va être difficile ces temps-ci et si je ne l'aide pas un peu, je ne voix pas quelle paire sera assez gorgée de sens des responsabilité pour le faire. Quand elle dépasse enfin le niveau des pattes de Nobu, je place mon talon sous les papattes à la souris et la pousse vers le haut pour qu'elle puisse saisir la selle. Aucun merci, mais aucune raillerie non plus. C'est pas le moment faut dire, déjà que je regrette chaque fois que je suis sympa avec quelqu'un, si en plus l'ingratitude s'invite sur le destrier il y aura une personne à virer et je sais que ça sera pas moi.

Comme elle carapate vers la queue de cheval - celle qu'ont aussi les juments - je capte qu'elle ne veut pas profiter du trajet pour m'écrire un poème ou me demander mon signe astrologique. Je réponds toujours Taureau à ça, je connais pas les autres de toute façon. Puis comme je sais pas quand je suis né dans le calendar surfacien, je ne vois pas trop ce que ça pourrait me foutre d'apprendre le panthéon complet des animaux que des types beurrés comme de la sauce de viande ont un jour trouvé que les petits points brillants dans le ciel ça ressemblait vachement à des bébêtes. Et dire que c'est devenu universel ce machin, parfois la connerie c'est pas qu'héréditaire, ça devient aussi contagieux.

Nobunaga file comme une licorne (( *_* )) mais en viril parce que quand même faut pas pousser (( é_è )). J'imagine que Kana s'accroche bien, parce que j'ai pas entendu un cri de moustique m'agresser les oreilles. Sa présence est agréable quand on ne la remarque pas. Le copain pirate, lui, il s'accroche au cheval comme il s'accroche à la vie. L'a du rude dans l'avenir, ça ve le changer de glander près d'un phare qu'un bon gars l'interroge sur ce qu'il a vu récemment. Le peu de temps qui nous sépare encore du Mujinzoo, je repense au Marine qui a des manières qui me plaisent. Souffle les voiles vers son navire Eole, il me tarde de rencontrer ce type.

Nous voilà arrivés. Capitaine Suu se tire sans me demander combien elle me doit. Je gare Nobunaga et je rejoins l'équipage. Suu ordonne une petite fête. Un petite fête....tu permets que je te résume la journée ? On a traversé Revers et perdu Shinji plus deux-trois autres gueules, on est au bord de Grandline, on a zieuté de la caillasse et envoyé une brochette de squelettes se faire soigner par les femmes en blanc. Il manque un truc non ? Par les burnes moisies d'Edward Newgate, tu vois où qu'on s'est entraînés ? A quel moment on est devenus plus forts qu'hier ? On vient d'arriver au bord des lèvres de l'endroit le plus dangereux du monde et miss albinos distribue des jours de congé. A ce rythme-là, les mecs seront encore plus nuls qu'avant de passer Revers Mountain.

Je ne dis pas grand chose tout de suite, je me joins à la fête. Sans aller jusqu'à dire que je souris, on ne peut pas m'accuser de péter l'ambiance. Je bouffe un bout avec les autres qui profitent bien des talents culinaires des cuistots encore à bord et je me lève pour porter un toast, comme on dit en surface.

Je lève mon verre à notre nouvelle Capitaine. Puisses-tu veiller au bien être de cet équipage aussi bien que le ferait Shinji.

Je lève la chopine et bois un peu, pour marquer le coup, mais je ne me rassieds pas. Encore un truc à dire le Minos.

Vous vous rappelez tous ce que j'ai dit tout à l'heure ? Quatre quarts, un de boulot, un d'entraînement pour deux d'entre eux. Je sais que vous avez bossé comme il fallait, les survivants du phare pourront en témoigner concernant le brillant travail de nos docs que je me dois de saluer au passage.

Deux trois signes de joie, de la satisfaction de recevoir ou d'assister à des congratulations. Mais dès la phrase suivante, la arrête de se réjouir.

Mais je n'ai vu personne employer son quart d'entraînement. Vous pensez que vos ennemis prennent un congé en même temps que vous tous ? Sur la route de tous les périls, on ne se repose jamais. Tous les gens sur cette ceinture folle seront plus forts demain, tous sauf vous. Si vous vous pensez assez doués pour triompher, alors restez le cul vissé sur vos chaises et profitez de la soirée. Si par contre vous avez compris qu'ici on ne joue plus et que la moindre faille se solde inévitablement par la mort, vous videz vos verres en vitesse et m'offrez les six heures d'entraînement que je vous ai réclamées.

Je vide le mien et le tape bruyamment sur la table. En me barrant de la table, je jette pour ceux qui hésitent encore:

Double quart d'entraînement pour ceux qui prennent congé aujourd'hui.

Je rejoins la caillasse en roulant des épaules. Il y en a des gueules alignées prêtes à s'acquitter de leur dette du jour, on va pouvoir travailler efficace.

Il y a une dicton qui dit: avant d'apprendre à voler, faut d'abord apprendre à marchander. Ben c'est un peu la leçon du jour. J'enseigne aux mecs comment on échauffe correctement le corps et les bons gestes pour préparer les muscles au travail. Les gars me voient un peu comme un prof de gym, alors tous ne s'appliquent pas. Après avoir forcé la bonne position en modelant les corps avec mes gros doigts pas délicats, les mecs font un effort et comprennent que je tiens à ce que la préparation soit prise au sérieux. Je leur montre aussi quelques assouplissements. Quand j'estime qu'on a assez profité du moment feng chui de la journée, je leur donne le premier travail du jour. Va falloir qu'ils aillent démonter le phrase abîmé de l'autre rive et emmener les blocs de pierre ici. Mon cousin, ça fait pas les fiers sur les trognes. Trimballer de la rocaille et lutter contre le courant dans une rivière où on n'a pas pieds quand on fait moins de trois mètres, c'est pas donné au premier forban venu. 'fin z'ont du temps pour cogiter au problème, d'autant que parmi les élèves il y a mes disciples bâtisseurs. Ils sont plus faibles physiquement que les autres, mais ils ont une meilleure coordination et leur savoir sera important pour accomplir ce job. L'un d'eux, vif d'esprit, me demande même si ils peuvent se servir de matériel du Mujinzoo. je lui réponds que oui tant que le navire este au mouillage et qu'aucun autre être vivant qu'eux n'est employé. Après leur avoir dit qu'ils ne dormiraient pas tant que le boulot ne serait pas terminé, je les laisse cogiter le défi et retourne à la salle à mangeaille.

Je dois m'entretenir avec la Cap'taine, tirez-vous deux secondes.

Je cause aux quelques mectons qui vont en chier deux fois plus demain parce qu'ils n'ont pas radiné leurs miches à l'entraînement. Connais pas tous les noms, mais faudra qu'ils embrassent une mine pour que je ne les reconnaisse pas. Les types obéissent sans broncher. Suis que le charpentier dans l'équipage, mais je bénéficie d'une autorité officieuse due à mes manières. Les bonnes histoires sur Grandline dans les soirées ivresse, un bras gros comme un Tenryuubito et la victoire incontestée du plus gros mangeur de hot dogs de l'équipage, ça crée une hiérarchie qu'aucune titre n'offre. Tout ça pour expliquer que quand je dis "dégage" à quelqu'un, il le fait parce que je suis un mec ultra sympa.

Kana est toujours là. Elle trempe ses lèvres anxieuses dans un verre de rhum. Je décapite une nouvelle bouteille et lui remplis son graal avant de m'installer sans un mot un peu plus loin. Au passage, je me prends une tranche de rôti maintenant froid et me le moule sur la langue avec avant de le chiquer en prenant quelques autres tranches sur un plateau que moi j'appelle assiette. Quand j'ai assez de barbaque pour m'occuper les mâchoires un moment, je me pose sur un gros coussin adapté pour moi (t'imagines pas le pied que ça a été de plumer des saletés de piafs pour me confectionner mon pose-fesses perso) et écrase les talons sur un coin de table. Un petit rototot que ne manque pas de me reprocher la pensée de Suu et quelques grandes gorgées de bon rhum à même la goulot plus tard, v'là que je me sers de ma gueule pour autre chose que la pitance.

Alors Capitaine Suu, c'est quoi le vrai programme ?

Je m'enfile encore une tranche de rôti au passage, mais cette fois, je la fixe (Kana, pas la tranche de rôti). Ma question n'est pas une question, je lui signale juste que je sais qu'elle patauge sévère dans son tricorne de patronne. Mais je fais pas ça pour lui jeter le premier rocher, fait suis même là pour le contraire; si ça ne veut pas dire me prendre un rocher bien sûr. Avant de laisser le silence transformer ma question en pointe de provocation, je déglutis plus vite que mon ombre et j'extrapole un brin la raison de pourquoi que je ne me contente pas de bouffer en l'ignorant.

Organiser une fête, c'est pas une mauvaise idée. C'est important de veiller au moral de l'équipage et t'as l'air de pouvoir gérer cette partie du job. Mais t'es incapable de mener les Nigawaraïs à la victoire durable, encore plus sur Grandline.

Comprends-moi bien, je ne dis pas ça pour te saborder. Je m'en cogne du grade de Capitaine, je suis dirigeant absolu de mon Royaume et Seigneur d'une armée entière. Commander ici ne m'intéresse pas, mais je connais la difficulté constante de maintenir la cohésion d'un groupe. C'est vraiment pas de bol que ce truc te soit tombé sur la poire sans préliminaires, mais maintenant c'est toi la cheffe et va falloir assurer.

Je me reprends une tranchette que je trempe un peu dans le gras de bidoche pour m'huiler le conduit à syllabes, puis je poursuis.

On peut pas dire que je t'apprécie beaucoup. T'as beau avoir les cheveux blancs qui me rappellent mon peuple, t'es une peste niveau tournoi je capte pas bien ce que tu fous parmi des pirates, mais bon, passons. Je veux t'aider Suu. Je me suis engagé à être utile en montant sur le pont du Mujinzoo et cette offre concerne chacun de ses membres, y compris toi donc.

Je te dis pas combien c'est inhabituel que je cause posé comme un conseiller juridique pour couples en difficulté. Je me détends au max, mais suis pas à l'aise dans ce rôle. Ca merde souvent quand j'y vais avec des pincettes, alors là que Kana écoute et accepte ce que je dis sans détourner le propos, ça serait plutôt étonnant. J'essaye quand même, au pire on se réinstalle le mur du silence et j'essaye dans mon coin d'éviter que les Nigas se fassent tous éventrer avant la première île. La dalle est dans son gant, comme on dit.

T'en dis quoi ? On marche ensemble le temps que Shinji se repointe ou pas ? Y aura des efforts à faire si t'acceptes, puis faudra me faire confiance aussi.

Y a du progrès camarade. Kana et moi logeons dans la même pièce et la vaisselle ne vole même pas en l'air. Mieux, on cause entre adultes. J'obtiens le feu vert (ou la carte blanche, au choix) pour un entraînement veillant à faire sortir le meilleur de l'équipage. Je suis bien content que la petite sorte de bonnes décisions de temps en temps, avec toute la sueur que je vais leur tirer chaque jour, ils progresseront vite et sans garder l'énergie du complot avant le dodo. On les connait les humains, surtout les surfaciens. Quand le chef n'est plus là, chacun commence à se voir à sa place et faut maintenir tout ce petit monde à sa place sinon le chaos s'installe. Kana sert de figure autoritaire, même si elle ne l'est pas. De mon côté, je veille à l'ouvrir assez fort pour donner l'illusion qu'elle est comme un oeuf à la coq en plat à cette fonction.

Mouaip, ça roule Kana. Je m'occupe de former les mecs et je veille à ce qu'aucun d'eux ne remette ton statut de Capitaine en cause. De ton côté, sois un minimum convaincante dans ce job que t'aimes pas et on évitera une mutinerie.

Et là, je me fige un moment. Je repasse la bande de la Capitaine qui offre banquet et jour de congé. Elle n'a pas commenté cette petite critique de ma part, j'ignore si elle me suit dans ce terrain ou si les poilus à bord vont avoir droit au côté vacances en sa présence quand je roupierai. J'ai beau être moi, je ne peux pas assurer la discipline tout seul, pas sans titre pour le faire. Faut que la petite m'aide sur le coup, parce que si on donne deux courants opposés, l'équipage celui qui sera le plus peinard pour lui, autrement dit pas le mien.

Mais je ne lui en cause pas. Je lui ai demandé de me faire confiance, je dois apprendre à faire de même. Il sera toujours temps de la traiter de pauvre gourdasse si elle me bousille mon travail de toute façon. J'ai envie d'y aller plus calme avec elle. Peut-être que causer lui ferait du bien. Tout le monde travaille, je suis l'outsider de l'équipage. Une oreille externe pourrait l'aider à moins tirer la gueule. En tout cas c'est toujours mieux de ne pas se sentir seul(e), à part me faire rembarrer, je ne risque rien à essayer de la soulager un peu.

J'ai entendu dire que vous avez roulé votre bosse à Tequila Wolf. Ca fait combien de temps que tu roules avec Champi ? Qu'est-ce qui t'a donné envie de te joindre à lui ?

Chouette petit bout de femme cette gamine. J'ai pas bouffé le FDD de la girouette, ça reste une personne soigneusement rangée dans la cale des gens qui craignent. Seulement faut pas être manicuré non plus.

Le monde n'est qu'un gris aux degrés fluctuants au gré des gens et époques, un nuage aux pieds sombres et lourds peinant à retenir le poids de l'eau qui lévite et gravite autour d'une boule bleue et avide de ce que les rondeurs célestes peuvent les nourrir à la moindre averse. Et la pluie tombera. Et par la maigreur des nuages, le monde comprendra que le bien et le mal n'ont aucune importance dans un avenir qui n'en n'a pas. L'extinction att.....

Minos: Hop hop hop, tu me fais quoi là ? J'entrave que dalle à c'que tu nous baves.
Loris*: J'explique en quoi classer Kana Suu dans les bonnes ou mauvaises personnes est risible.
Minos: Est quoi ? Si tu commences par des insultes on va pas s'entendre. Puis c'est quoi cette façon d'écrire en langage théâtre? On n'est pas sur un post de Gharr là.
Loris: Je suis venu parce qu'avec ta manie de hacher les mots compliqués, l'explication allait battre de l'aile.
Minos: Causant battre de l'aile, tu vas pas tarder à voler très loin si tu te casses pas de mon topic.
Loris: Minos, je suis ton créateur.
Minos: Ha ha ha, t'y crois en plus! J'sais pas si t'es "le créateur", mais moi j'vais devenir ton destructeur si tu continues à me pourrir. Et arrête ton truc de théâtre ou je vais venir taper Hadoc, ce qui créera un sparadrax qui généralera une paille dans le consortium espace-détente.

D'accord, je te laisse écrire...enfin, non ça tu ne sais pas le faire. Disons que je te laisse penser. C'est déjà pas si mal dans ton cas.

Ouais ma gueule, et corrige mes fautes avant de poster.

Bon, j'en étais où ? Ah ouais, le magret de Kana. Suu n'a pas que des mauvais côtés. Là, par exemple, elle tape la conversation en mode décontractée des ovaires et je sais pas si c'est le sirop de murge qu'elle biberonne ou la lune qu'influe sa caboche de Tequilawolfienne, mais la version inédite du personnage m'est presque camaradesque. Si elle vient de ce coin paumé au Nord d'East Blue, y a des ronds à mettre sur la table qu'elle était boulotteuse de briques sur un des ponts en construction. Et si c'était il y a trois ou quatre ans, je te dis pas le casier judiciaire qu'elle doit traîner pour avoir fini là-bas.

'Fin, j'dis ça, mais j'imagine pas c'te gosse voler une orange pour se nourrir. Et elle aurait raison, les oranges c'est dégueulasse. Tu perds des dorikis quand t'en picores il paraît**. Cinq viandes et champis par jour les enfants! Bref, l'a pas trop la dégaine d'une morveuse qui prend son pied à gonfler son avis de recherche. Je suis curieux, alors j'interroge un peu.

T'es née à Tequila ? T'es quoi, une fille d'esclave ? Pour le truc que Champi a en plus, je sais de quoi tu parles. Là où tout le monde se contente de ce qu'il peut avoir, lui va un peu plus loin que les autres pour créer cette particularité qui lui cercle le visage. Ouais, c'est sans aucun doute ça qui le rend si attirant pour les autres, Shinji a un très mauvais coiffeur.

Ha ha, t'y avais pas pensé à ça le lecteur ? L'est pas con le Minos quand il se met à employer la manière grise. Pour le coup, je me resserre un peu de désinfectant. Pas du rouquin de sodomite cette picole au passage, si c'était ça que le Christ avait dans les veines, je comprends qu'on ait essayé de le tirebouchonner sur une croix. Pendant que je fais la distribution pour les XII apôtres et que je joue leur rôle à chacun au moment de la trinquette, la Capitaine mire le tas de merde trempé dehors que je suis en train de sculpter en vrais bonshommes du turbin, en artisans de la cogne et de la pugnacité. Quand ils auront fini la formation façon Légionnaire, seront tous aussi bons que Moïse pour séparer les os.

Blanchette se réinstalle et là bim, un compliment dans le coin de la gueule. L'ai pas vu venir celui-là, c'est qu'elle va finir par m'entourer d'un coeur dans son journal intime la petite. Bon, ça fait quand même plaisir comme phrase faut dire, ça me change des "ouah, t'es fort comme mec". Allez, je biffe son nom de ma stèle des gens que je veux voir crever dans une lente agonie bien dégueulasse. L'a peut-être fustigé mon titre royal, mais elle me reconnait mes qualités de chef, c'est mieux d'un côté. S'agit d'éviter de pourrir l'ambiance limite fraternelle qui s'installe.


Je viens de bien plus loin Kana, à l'opposé de Grandline. Le Royaume Enseveli ne te cause sûrement pas, mais c'est mon Royaume. J'ai toujours été intrigué par les albinos, vous avez des cheveux blancs sans réelle raison, ça vient comme ça. Dans mon peuple, on a tous la peau tirant sur le gris, les cheveux et les yeux blancs. Ca nous donne des gueules de statues tu ne trouves pas ? Le globe oculaire sans aucune couleur, ça fait peur aux surfaciens.

Hum, les surfaciens, ce sont les gens comme toi, 'fin comme tous les autres. On vient du sous-sol nous, un endroit sans lumière ni soleil. Beaucoup des nôtres sont aveugles ou ont la trouille du ciel. Je dois dire que tout cet espace est vraiment flippant, c'est comme si on te balançait dans le vide. Je suis le premier enseveli à avoir regagné la surface depuis un paquet de temps, puis mon peuple a suivi. On a quitté l'ombre pour mettre sur la tronche de ceux qui nous y ont enfoncé, autrement dit le Gouvernement. Toi qui viens de Tequila, tu connais les condition de vie pourries de ce lieu. Imagine-toi forcée de vivre dans un lieu complètement noir où tout bouge sans cesse autour de toi. Où un prédateur peut à tout moment détruire la galerie dans laquelle tu es réfugiée pour te bouffer, où allumer un feu risque de faire péter des poches de gaz inodores qui te détruiront toi ainsi que tous tes proches et où les enfants chétifs ou difformes sont supprimés à la naissance pour ne jamais affaiblir une communauté constamment menacée. C'est ça le Royaume Enseveli et c'est en Prince que je suis né pour un jour être responsable de sa survie.

Blurp!

Ah, il vient enfin le rototo. J'ai causé façon caverneuse pour faciliter son extraction, on se sent mieux quand l'oesophage est décompressé y a pas à dire. Kana ne dort pas ?Courageuse la fille, j'ai bien causé pourtant. Faut croire que ça me fait du bien de taper la convers', c'est pas comme si j'avais un caractère qui pousse à la confidence. Allez, à son tour de filer du détail. C'est pas parce que je n'écrirai pas sa biographie qu'elle doit garder du scoop pour le mec qui s'en chargera.

Tu as l'air d'une fille pas très solide, sauf ton respect, mais tu viens de Tequila Wolf. T'as l'attitude d'une première de classe et sans doute le mental pour devenir médecin réputé sur n'importe quel Blue, mais t'es pirate. T'as pas du tout le caractère autoritaire d'une criminelle narcissique et mégalomane, mais t'es Seconde sur l'un des plus dangereux navires.

Ca en fait des trucs étranges chez toi, qui t'es vraiment ?


-----------------------------------------------------------------------------

Hors roleplay:

Spoiler:

* Il s'agit du nom de l'auteur. Quand Loris parle, c'est l'auteur. Quand Minos parle, c'est l'auteur. Quand Minos fait une réflexion sexuelle alors que c'est interdit, c'est Minos.

** L'auteur, qui bien que désormais désanonymisé*** tient à continuer à porter ce surnom, signale que cette haine de l'orange est juste une campagne visant à combattre la promotion pour les oranges qu'Unwin et Rei ont faits dans un autre topic. Unwin a mangé une moitié d'orange et gagné 11 dorikis, Rei davantage. L'auteur souligne donc le fait que manger des fruits n'a aucun rapport avec le gain de dorikis. Il vous remercie.

*** L'auteur, entre deux reniflements car il subit des allergies, tient à signaler que maintenant qu'on n'a plus besoin de tuer des arbres pour créer des dictionnaires, on peut inventer tous les mots qu'on veut. Pour le puriste qui se contente des quelques milliers de noms communs du dictionnaire, désanonymiser veut plus ou moins dire la même chose que nommer.

Hein ? Tu me trouves menu et petit ?

Pas capté tout de suite la réplique, ça arrive à tout le monde, même au meilleur (et je ne dis pas ça pour toi). Suis en train de m'inspecter les poches à fibres quand je me rends compte qu'en fait elle fait plutôt allusion à la débrouille. Je me sens con un instant, mais je suis à l'aise avec elle alors je lâche un gros rire bien sonore à faire se retourner tous les mecs en quart couchette.

HA! HA! HA! HA! J'avais mal compris. Hem, ouais forcément que je me débrouille, mais moi peu de gens se sont permis de douter que je pouvais les aplatir au sol d'une bafounette, ta force doit être bien plus cachée parce que t'as l'air de quelqu'un de paisible vue comme ça.

Elle l'est un peu d'ailleurs, cette soirée m'aura permis de comprendre pourquoi elle est appréciée de l'équipage et pourquoi Shinji l'a voulue à ses côtés. Filer le grade de Second, c'était sans doute pas un truc que j'aurais fait, mais elle a quand même de la présence la petite, à sa façon. On dirait bien que tu l'apprécies maintenant Minos, le devoir de l'aider a comme une odeur d'envie de le faire. Y a comme de la considération là, et t'as dans l'oeil l'image de ton peuple qui te frappe la rétine. Peuple sans passé, Kana sans parents, l'enfance sans autre choix que d'être fort et un destin qu'on ne choisit pas vraiment. Et je parle pas de cette tignasse blanche, elle ressemble à une Ensevelie la petite Suu quand on y regarde de plus près. Ou alors, c'est la gnôle qui parle. T'es éméché, t'as sommeil et la première personne qui se confie à toi depuis des lustres réveille le manque de fraternité qui t'a fait défaut depuis que t'as été arraché des tiens. C'est une putain de soirée, Grandline est tutoyée et maintenant t'as une ligne droite à parcourir pour récupérer ton passé. Normal d'être un peu chamboulé par tout ça, c'est pas comme si t'allais enfin revoir ta famille.

Kana,elle , n'a pas de famille à revoir. J'ai sans doute dû en chier plus sous terre au niveau conditions de vie, mais moi j'avais des proches et des personnes de mon sang pour me positionner. Comment on peut démunir davantage quelqu'un qui ne possède rien ? Te plains pas de ce que t'as enduré ma gueule, devant toi il y a une personne sans aucun passé, le Gouvernement le lui a volé.

T'es pas pitoyable. Tes souvenirs les plus anciens te renvoient à un lieu craignos, mais comment trouver ça injuste quand on ne connait rien d'autre ? Et à quoi bon revenir sur le passé quand les jours avenirs seront de toute façon meilleurs ? C'est un bon mécanisme de défense de ne pas s'emprisonner dans les mauvais passages de son existence, t'as raison de te poser des questions seulement maintenant.

Suis pas un psychologiste, alors sais pas si ce que je vais dire est à classer dans le tonnelet à conneries, mais comme t'as pas vraiment de famille offerte de naissance, prends la liberté de te fabriquer la tienne. Il y a forcément des gens qui sont prêts à te considérer comme une soeur ou une fille de sang. L'intention des actes compte parfois plus que les actes eux-mêmes.

J'sais pas vraiment ce que veut dire la dernière phrase, mais un mec un jour m'a balancé ça dans une conversation à peu près similaire et je sens que ça peut coller pour le cas présent. Au pire, on met ça sur le compte de l'ébruitée, on peut pas toujours dire des trucs logiques quand on a bu.

Merde, déjà l'aube. Ce putain de soleil va encore se bidonner en m'envoyant un concentré de rayons dans la gueule.

J'ai encore du boulot avant de fermer les yeux, essaye de te reposer un peu. Puis merci pour la conversation, c'était sympa.

Je me lève et je salue Blanchette aux joues roses avant d'évacuer. Moi qui ne comptais rester que deux minutes, le temps sprinte quand on n'a pas le temps de penser à s'ennuyer. Je remonte sur le pont, et là j'ai un large sourire qui s'affiche. Il leur reste encore moins d'une heure aux asticots et les dernières briques sont acheminées sur la rive gauche, la nôtre quoi. Les mecs savaient qu'ils n'auraient pas pied dans la flotte et que leur force est bien trop négligeable pour tirer les pierres du courant, alors ils ont employé leur matière grise. Le géant obèse offre une bonne bouée, ils l'ont balancé à la flotte et l'ont noué de cordes reliées aux deux rives. Après avoir chargé sa bidoche de poids, ils l'ont remorqué comme une balise navale jusqu'à l'autre rive.

Le but de l'exercice était de mêler Disciples et pirates ensemble pour un objectif commun qui exploite les compétences de chacun. L'objectif est rempli, les gars ont gagné leurs heures de repos.

Vous êtes doués, les gars.

HRP: Comme on a fait toute la journée (et une partie de la nuit) je te propose une ellipse pour avancer un peu. Comme on Sait que Shinji ne reviendra pas, on peut résumer les 3 semaines d'entraînement au prochain sujet.