[FB] J'ai rencontré un canard géant en chemin

Fais pas la gueule Pingui! On va retrouver Red.
Piou. (Avec du retard.)
Ouais, certes. Mais on a aidé Lilou.

Comme si cette histoire pouvait excuser un mois de retard. D'ailleurs je ne savais même pas si Red était bien sur cet amas de bateaux qui déambulait sur l'océan ou si c'était pas lui, justement, qui était sur l'océan, quelque part, loin, très loin... Encore.

On a pas trop la chance de se croiser en ce moment, en fait.
Faut dire que si on était tout le temps ensemble, je n'aurais pas mené à mal une rébellion et je n'aurais pas non plus fait tué une bonne centaine de personne et je n'aurais pas non plus perdu un œil. Bref, j'aurais pas été traumatisée physiquement ET psychiquement.

Non parce que la cicatrice à vie voila quoi. Ca fait pirate, certes.
Il n'empêche que j'étais borgne.
Ca par contre c'était moins pratique, notamment pour viser.
Je le sais, j'ai essayé.
...Pingui jouait la cible.
Bref.

Nous étions sur la Place du Machin-écailleux-à-queue-pointue, une chance que l'équipage que nous avions trouver en aidant Lilou soit des potes de Red, non parce que sinon j'étais bonne pour revenir sur Citadelle, cette fois-là je ne donnais pas cher de ma peau, surtout depuis que j'étais devenue la chef de la rébellion. Ah la la, j'en avais des choses à raconter à mon capitaine...

Ne pas oublier de le trouver avant de raconter les histoires en question.
Il parait que parler toute seule dans la rue ça fait mauvais genre.
Après on vous prend pour des fous...

Piou. (Suis moi.)

Et c'est ce que je fis. Je suivis un pingouin ninja avec un bandana rouge à travers le dédale de gens, tous plus ou moins fiables, à la recherche de mon capitaine perdu. Bon la plus perdue du lot c'était moi. Mais bref.

Puingui avait l'air de savoir où il allait, et moi j'aimais bien ça, les gens qui étaient sur d'eux.
C'est pour ça que dix minutes plus tard je me mis à crier gaiement en agitant le bras devant un bar où trois personnes gisaient à terre, aux pieds de Red :

Youhouuuuuuuuuu! Red! C'est nouuus!


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Je suis toujours impressionné par la capacité qu'ont les gens a se persuader que même si un truc ne marche visiblement pas, avec eux, ce sera différent... Y'a de quoi faire une belle phrase... Hum... Il ne faut jamais sous estimer le caractère reconductible de la bêtise humaine ? ça sonne pas mal.

Ou alors... Les cons n'apprennent jamais rien ?


-Youhouuuuuuuuuu! Red! C'est nouuus!
-Skye ! Je commençais à me demander si t'avais pas aussi loupé le bateau de retour...
Piou... (Genre je loupe des bateaux)
-Fais pas la tête pingouin. Je suis content que vous soyez rentré. Et pas uniquement parce que Baker va enfin arrêter de toucher à la cuisine. Qu'est ce que...
-... Euh chef ?
-Ah oui. Un truc a terminer, l'affaire d'une seconde...

Au sol, les gars que je tabasse consciencieusement depuis quelques minutes relèvent péniblement la tête.

-Vous savez... Argh... Nous... On veut pas déranger hein...
-Oui aie... On peut attendre...
-Surtout si... Ouille... Si vous avez à faire...
-Oui oui... On peut aie... Voir la suite plus tard.
-Mouais, ça m’embête un peu de vous laisser en plan comme ça. Ce coup ci on est en ou déjà ?
-Ce coup ci c'est la phalange, une au choix chacun...
-Bon. Voila ce qu'on va faire. Comme je suis un peu pressé on laisse tomber la suite du passage a tabac pour cette fois.
-C'est aie... Vous le patron patron...
-On fait... Ouillle, comme vous voulez monsieur...
-Et pour les phalanges... Vous m'amenez ça dans la soirée hein ? Je compte sur vous.
-Mais euh...
-Oui oui... Aie... C'est d'accord !
-Parfait.

Alors Skye, on se trouve une table et tu me racontes tout ?


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Sans blague, y en a qui s'amuse sans moi! T'as fait quoi pendant que j'étais pas là? Demandais-je en entrant dans la bâtisse.

Mes jambes ne me menèrent pas à une table, mais derrière le bar où je concoctais, par habitude, un cocktail de mon cru pour Red qui s'en était passé pendant trop longtemps à mon goût... Baker dans mes cuisine, la bonne blague. J'imagine d'ici l'enfer qu'il a du vivre.

J'apportais donc le verre à mon cap'tain et une bouteille de rhum, avant de m'assoire pour tout déballer.
Je cherchais mes mots, un peu honteuse de ma candeur. Après ce qu'il s'était passé, je réalisais à quel point j'avais pu être crédule.. Et surtout à quel point j'avais eu de la chance d'être encore en vie après tout ce temps.

Mes yeux fuyants finirent par se fermer alors que je prenais une grande inspiration.

Avec Pingui on devait te rejoindre à Shabondy, un truc du genre, sauf que je me suis trompé de bateau. L'équipage m'avait affirmé qu'il allaient m'y conduire, sauf que j'ai passé tout le trajet dans la soute sans jamais voir le ciel ou l'océan. Du coup je savais pas trop quelle direction on prenait. Je sentais que y avait un truc qui allait pas, mais l'instinct et moi ca fait trois milles. Enfin à ce moment là du moins. Du coup j'ai continuer de me dire que tout allait bien dans un monde parfait...

Quelle abrutie je faisais.


Ce que j'ignorais c'était que dans les compartiments à côté du mien, il y avait d'autres prisonniers. En arrivant sur l'île, Citadelle, on nous a tous passé les chaines et je les ais vus, l'équipage qui m'avait emmené là, récupérer un sac de pièce avant de déguerpir encore plus vite qu'ils étaient arrivés. On m'a enlever ma faux et mes fringues et on m'a passé une guenille comme tunique. Elle était sale, elle sentait la mort, je suis sûre qu'elle avait déjà servie avant, et pas qu'une fois. Mais comme je me suis débattue, on m'a assommée. Y avait une gamine qui partageait ma cellule. On nous donnait à peine à manger, alors elle avait la peau sur les os... Elle s'appelait Malé. Elle avait même pas dix ans...

Malé. Une petite fille fabuleuse au regard vide qui ne connaissait pas d'autre endroit que cette cage et la terre dans laquelle on la faisait travailler. Je lui avais promis un paradis avec du sable, un soleil, une mer et de la nourriture à foison.. Ma gorge se serrait alors que ses souvenirs remontaient en même temps que les larmes.
Je me versais un verre de rhum et le bu cul-sec.

La chaleur liquide qui dévala ma trachée fit redescendre mes émotions.
Du moins pour l'instant.

On nous forçait à travailler par groupe qui se relayaient. Un le jour et un autre la nuit. Quand les gens tombaient de fatigue ils les renvoyaient à leur cellule en les privant de nourriture, parfois il les laissaient mourir sur le côté et demandaient aux gens de balancer le corps de la falaise. Enfin... "les gens". Les esclaves plutôt. Ouais voila, des esclaves, c'était ce qu'on était.

Et ce qu'ils sont encore...

Les esclaves travaillant de nuit étaient à la surface, et ceux travaillant de jour, comme nous, étions collés en sous sol. Nous devions creuser, alerter des gardes si on trouvaient une pierre ou tout autre objet. D'autres se chargeaient d'analyser ces objets... On me dit qu'il y avait bien d'autres sections que celles-ci. Mais que ceux qui y vont sont transférer dans une autre partie de l'île.


Ma main glisse sur mon dos et effleure les cicatrices. Durant un court instant elles se réchauffent au souvenir douloureux qui les a vu naître.

Quand j'ai voulu sauver Malé, j'ai foncé sur le garde la tête la première. Il a pas aimé et il m'a fouetté. En fait on me l'a fait plusieurs fois et pour diverses raison. Bref, j'avais le dos en charpie en un mois. Mais.. La première fois qu'on m'a infligé ça, je me suis dis que j'étais une Pirate, et que c'était moi qu'il devait craindre, et non l'inverse. Alors j'ai commencé à monter une rebellion. J'ai dis aux autres prisonnier qu'il y avait que mon Capitaine qui avait le droit de me donner des ordres. Il était hors de question que je reste là-bas à faire ce qu'on me demandait de faire. Soit je m'en allais... Soit je mourrais en essayant.

Une pause.
Je bu un autre verre. J'avais déjà envie de pleurer avant même de commencer la suite..

Ils ont crus en moi, ces prisonniers qui m'avaient suivis corps et âmes. Mais y en a un qui a du prendre peur ou je ne sais quoi et qui a parlé. Bref, je me suis fait à nouveau fouetter et pour faire bonne mesure on m'a donné un coup sur le visage. C'est comme ça que j'ai perdu mon oeil. J'en ai profité pour me faire passer pour morte et lancer la rebellion. J'ai trouvé le moyen de récupérer mes affaires, dont mon arme, et j'ai attaqué... Mais...

Les souvenirs les plus douloureux, les cris, le sang, l'odeur de la poudre.

Bref. Ca n'a pas marché et ils sont morts en pensant que j'allais les mener vers un monde meilleur. C'est là que Pingui est arrivé, un ange avec un bec et des pieds plats sur un champs de bataille. Il m'a sorti de là, je t'ai appelé et après ça on a croisé Bee, le canard géant de Lilou.

Des souvenirs plus joyeux me reviennent et me font sourire.

Du coup j'ai appelé Lilou pour lui dire qu'on avait son canard et qu'on allait lui apporter.
Piou. (Skye devrait monter une agence pour animaux perdus...)
C'est pour ça qu'on est en retard! On a aidé Lilou. Dis-je d'un ton plus enjoué.
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Skye en leader révolutionnaire montant une révolte pour s'évader de prison. Sacré voyage initiatique. Je me demande ce qu'en dirait les moines du Boru Bodur qui voulaient se mettre aux cheveux bleus en mémoire de son rôle de pacificatrice sur Second Peace... Encore plus fan probablement. Et a raison.

Attends, quoi ?!

Lilou ? Et Bee ? Le monde est définitivement tout petit. C'était ou ? C'est vrai ce qu'on dit sur Vegapunk ?

J'ai connu des révolutionnaires à Citadel. Une bande de gars qui se faisaient appeler la Tortue. T'en aurais pas croisé la bas ?


Citadel... Un coin ou je suis passé oui, et que je n'ai pas aimé. C'était quoi déja le slogan ? Ah oui. "Votez malin, votez Franklin" . Mais une ile a fort potentiel clairement.

Est ce que Skye pourrait jouer le rôle du levier la bas ?
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