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Volte-face exquise

Pulu pulu pulu... ! Pulu pulu puluuuu... ! Katcha !

- Allô ?

- MYOOOOOOO D'AMOOOUR !!

- Doucement Made ! J'suis dans un tribunal, pas dans une criée pour vendre des poissons !

L'escargophone de Myosotis s'était mis à hurler en prenant la voix du pâtissier amoureux en plein milieu de la salle d'attente du tribunal d'Enies Lobby. Fort heureusement, il n'y avait pas grand monde, un huissier qui était trop affairé et qui partit bien vite derrière une porte avec une pile de classeurs entre les mains, un vigile qui venait d'entrer suivi de Scarlett, habillée d'un sublime tailleur rouge qui la mettait bien en valeur. Elle était accompagnée de Ramsès, un poulpe nonchalant et plutôt cynique qu'ils avaient rencontré à Alabasta et qui, depuis, avait rejoint l'équipe. La petite bestiole avançait tranquillement sur six tentacules et portait un dossier avec les deux restantes.

- Polop polop polop.

- Ooooow j'entends Ramsès ! Scarlett est avec tooooi mon Myo d'amour ?

- Je suis là Made, ne t'inquiète pas je veillerai sur ton choupicœur.

- Y a intérêt ! Hm, et Hélios ? Il est pas avec vous ?

- Non, on le retrouvera dans la salle d'audience, il sera escorté par plusieurs gardes. Pour l'instant il est en cellule. Mais, ne parle pas trop fort hein ? On sait jamais qui peut débouler ici pour nous entendre...

Hélios en cellule, Myosotis sur le point de plaider en tant qu'avocat de la défense assisté d'une sulfureuse femme fatale et d'un invertébré à huit bras. Le tableau était atypique mais la situation était bien plus tendue qu'elle n'y paraissait. Ni Myo' ni Scarlett n'étaient là pas hasard, Hélios non plus d'ailleurs. Tout les trois étaient en mission, on ne leur avait pas donné trop d'informations mais la seule chose qu'ils savaient, c'était qu'il était primordial qu'ils repartent avec une victoire de ce procès. Autrement, Hélios s'en verrait traité comme un criminel et enfermé, délaissé par le Cipher Pol et considéré comme victime collatérale résultant de l'échec de la mission. Seul le verdict « Non Coupable » était admissible. Il y avait un quatrième agent avec eux, Jean Smith, mais celui-ci fut tué au cours de la mission. Sa mort n'avait aucune importance, au contraire elle rendait plutôt service à Myosotis. Le jeune homme s'en était servi pour créer tout un stratagème, un sublime coup d'éclat qui lui vaudrait la victoire. Tout les pièces étaient de son côté sur ce grand échiquier, l'accusation ne verra rien venir.

Juste avant de se rendre à Enies Lobby, ils avaient été envoyés sur Shabondy. Hélios et Jean Smith avaient été grimés en révolutionnaires, de fausses primes et de faux profils leur avait été créés par le Cipher Pol. Myosotis comme Scarlett se rendaient compte de l'ampleur des conséquences que causeront la relaxe d'un révolutionnaire, ça n'avait pas eu lieu depuis des décennies. Ça risquait de chambouler énormément de choses. Mais les deux agents s'en fichaient, la vie de leur ami était sur la sellette. Peu importe les résultats, ils suivraient les ordres. Et si ça peut rendre service aux services secrets, ça leur rendrait service également.


Plutôt ironique comme situation quand on y pense. Myosotis avait passé des années et des années à refuser d'apprendre et pratiquer le Droit, avait renié les enseignements de son père, ce qui lui avait valu de souffrir et d'être torturé durant tout ce temps par son paternel, sa chère mère et son frère adoré. Du moins jusqu'à ce que Myo ne tue ce dernier et ne fuit du manoir familial. Et le voilà à présent, au beau milieu d'un tribunal, prêt à rentrer en salle d'audience et plaider en tant qu'avocat. Cette fois, il n'avait pas le choix, ne pouvait ni faire demi tour ni refuser cette mission. Il avait longuement réfléchi, une petite visite chez ses parents s'imposait lorsque le procès sera achevé. Leur faire comprendre qu'il n'avait plus peur d'eux, que c'était justement à eux de le craindre.

- Ça va mon sucre d'amour ?

- Je euh...Oui, ça va. Hm, on te rappellera plus tard on va bientôt devoir y aller.

- D'acc ! Bonne chance ! Bisooooous ! Tu vas gagner, je croise les doigts pour toi mamoooour !

Katcha... !

L'androgyne rangea son Den Den Mushi dans son sac en bandoulière, tenant fermement sa canne. Myo était perdu dans ses pensées, mais un nouvel arrivant haut en couleur vint le faire redescendre sur terre.

- Oooooooh, fit une voix stridente, alors c'est vooooous maître Von Stadt ? Voooous n'auriez jamaaaaais dû prendre cette affaaaaaire.

Maître Amaryllis Von Stadt, avocat, c'était la couverture de Myosotis aujourd'hui. Les deux agents et la pieuvre se retournèrent pour voir qui venait de les invectiver de la sorte mais finir par regretter ce qu'ils venaient de faire...En face d'eux se tenait, perché sur de vertigineux talons compensés, un homme maigrelet qui avait l'air d'avoir la cinquantaine. Le peu de cheveux qu'il avait étaient grisonnants, il portait une paire de lunettes carrées et avait noué un petit foulard vert autour de son cou osseux. Il arborait ensuite une longue robe de soie jaune jaune, très féminine, surmontée d'une broche en forme de trèfle ailé. Ce type était clairement un okama, en vue de sa façon de se vêtir mais aussi de s'exprimer.

L'okama :

Il reprit de sa voix de fausset :

- Uuuuuuuuh mais je manque à toooooout mes égaaaaards. Je suis Camille Honnête, c'est contre moi que vooooous aurez l'insiiigne honneur de plaider.

- Polop polop ! Fit Ramsès en agitant agacé une tentacule face au travesti.

- Alors c'est vous le procureur. Je me demandais si on allais vous croiser ici ou dans la salle d'audience.

- Votre curiositéééé est donc satisfaaaaite, assistante. Répondit l'autre de façon arrogante.

- Vous êtes venu pour nous saluer ou pour persifler ?

L'autre éclata d'un rire stridulant et remonta ses lunettes avec son index avant de les dévisager hautainement.

- Tss tss tss...Petit insolent. Je venais simplement m'excuser ! Vous donner cette affaire à voooous, un petiiit néophyte. Je suis navréééé que ça tombe sur vous !

- Pour qui est-ce que vous vous prenez exactement ?

- Vous ne connaissez pas ma répuuuutation ? Hm, pas étonnaaaant de la part d'un petit juriste comme vous. Par ici les nouveaux me craignent comme la peeeeste, je les ruine sans arrêt ! Huhuhu ! Aller, on se voit dans la salle d'audieeeence ! Ciao ciaaaaao !

Il repartit d'un geste théâtral en les laissant là dans le hall. S'il savait qui ils étaient réellement, il arrêterait de les toiser avec ce ton on ne pouvait plus péremptoire.

- Qu'il se marre, à la fin du procès il aura plus que les yeux pour pleurer.

- J'ai déjà hâte de le voir en pleurs darling. Allons-y !

La salle d'audience était gigantesque, massive et imposante. Rien qu'en la voyant on percevait déjà l'excellence et l'amplitude de la puissance du gouvernement et de sa justice implacable. Des murs entièrement blancs agrémentés de bas-reliefs, des bancs entourant les bureaux de la Défense, à gauche, et de l'Accusation à droite. Au centre, la barre des témoins qui faisait face à l'immense siège du Juge, plus haut que tout les autres. Le Juge Couac était déjà installé, Camille l'était également et farfouillait dans plusieurs fiches sur son bureau en sifflotant. Les greffiers et les huissiers s'affairaient ça et là, prêts à fournir au juge tout les documents qu'il demanderait.

Salle d'audience:

TAC ! TAC ! TAC !

Le Juge Suprême frappa trois fois à l'aide de son maillet, demandant ainsi le silence. Maître Honnête se redressa comme un I en couinant et faisant tomber un paquet de feuillets d'un calepin. Les greffiers prirent place tandis qu'un groupe de gardes fit entrer Hélios pour l'asseoir dans le box réservé aux accusés. Il jeta un coup d’œil à Myo et Scarlett tandis que Ramsès lui fit signe avec une de ses tentacules pour lui dire bonjour.

- Le procès du dénommé Colin Maillard va pouvoir commencer. Clama le juge.

- L'Accusation est prête votre Hooooonneur !

- La Défense est prête également votre Honneur.

- Je n'ai pas eu l'occasion de vous voir plaider auparavant maître Von Stadt, est-ce votre premier procès au sein de notre Cour ?

- Oui votre Honneur, je ferai de mon mieux soyez-en sûr.

- Très bien. Alors je me permet de vous souhaiter bon courage pour votre première plaidoirie en notre sein. Notre procès peut enfin débuter, maître Honnête, veuillez procéder à l'exposé préliminaire je vous pris.

- Tout de suiiiite votre Hoooonneur.

Le juriste okama se dodelina et attrapa une de ses fiches sur son bureau avant de s'en retourner vers le juge Couac.

- Il y a une semaaaine, l'accusé ici présent a braqué un entrepôt d'esclaves sur Shabondy en compagnie d'un certain J.S, son complice dont le nom et l'identité nous est totaaalement inconnue. Ils ont embaaarqué un enfant homme-poisson destiné à être envoyé à l'un de nos seeeigneurs Dragons sur Mariejoooie. Ils seront surpris par le lieutenant-colonel Debbo Nère qui les poursuivra. Les fugitifs prendront en otaaage une contremaîtresse du nom de Julie Minois, travaillant dans ce même entrepôt et se reposant dans le parc voisin. La course-poursuite prendra fin dans un immeuble désaffecté situé non loin de là dans lequel, suite à une altercation, le lieutenant-colonel abattra J.S mais sera malheureusement abattu ensuite par l'accusé ici présent, qui aura été intercepté plus tard. En vue des circonstances, votre Hooonneur, l'Accusation va plaaaider coupable !

En face, Myosotis regardait le procureur plaider. Il le trouvait plutôt amusant, ridicule mais amusant. Cette affaire était déjà jouée d'avance, il était confiant. Il avait méticuleusement étudié toutes les pièces et tout avait été mis en scène afin de s'assurer une victoire totale et parfaite. Hélios était dans le coup, le braquage avait été bien préparé, de même que la présence de la contremaîtresse dans le parc. Tout se déroulait comme sur des roulettes, pour le moment du moins.

- La Défense plaide non coupable.

- Pfff...Evideeeeemment. Siffla Honnête en grinçant des dents.

- Faites entrer votre premier témoin je vous pris.

- Tout de suiiiite votre Honneeeeeur ! J'appelle donc à la barre l'inspecteur Terry Hic en charge de cette affaire !


Dernière édition par Myosotis De Ville le Mer 27 Juil 2016 - 21:03, édité 2 fois
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Terry Hic, cet inspecteur de trente-cinq ans avait rapidement grimpé les échelons en résolvant un bon nombre d'enquêtes et en arrêtant une multitude de délinquants. Depuis qu'il était enfant, il avait grandi avec les histoires héroïques de son grand-père qui prenait un malin plaisir à romancer ces anecdotes pour le faire paraître plus vaillant et brave qu'il ne l'avait été en réalité. Terry s'engagea comme inspecteur pour le compte de la Marine et aida à la résolution de bien des affaires. C'était un homme musclé, aux épaules carrées et au visage tout aussi carré. Toujours habillé d'un trench brun et d'une cravate mal attaché, il se coiffait habituellement d'une houppette et portait également bouc approximativement taillé...mais aussi un pansement en raison des coupures de rasage.

Terry Hic:

- Témoin, veuillez décliner votre nom et votre profession.

- Oui votre Honneur, Terry Hic. Je suis avocat pour le compte de la Marine et j'ai travaillé sur cette affaire.

- Jurez vous de nous révéler la vérité et uniquement la vérité ?

- Oui votre Honneur.

Scarlett se pencha discrètement vers Myosotis, Ramsès releva doucement sa tête vers ses amis en faisant mine de les écouter.

- Tu crois que son témoignage peut nous porter préjudice ?

- Non, je ne pense pas. J'ai consulté les registres pour étudier les précédents témoignages des inspecteurs. Ils présentent globalement comment se sont déroulées les enquêtes. Rien de grandement dérangeant dans notre cas.

- Espérons le...

Le juge les coupa en frappant une nouvelle fois avec son maillet, Terry avait prêté serment de vérité devant la Cour, son témoignage allait désormais commencer.

- Témoin, veuillez soumettre à la Cour les résultats de votre enquête concernant cette affaire.

- Bien votre Honneur. Nous avons inspecté de fond en comble l'immeuble dans lequel a eu lieu l'altercation entre feu le lieutenant-colonel Debbo Nère et l'accusé. Hormis un tas de sel et des impacts de balles sur les sacs entreposés ici.

- Un tas de sel ?

- Oui votre Honneur, c'était la seule chose de singulière retrouvée sur les lieux du crime. Elle prouve que des coups de feux ont été bel et bien tirés. D'abord dans les sacs présents dans la pièce qui ont déversé un peu de leur contenu sur le sol pour former ce petit tas.

- Hmm...Bien, cette donnée sera ajoutée au dossier de l'affaire comme preuve supplémentaire.

Le dossier de l'affaire, c'était là qu'étaient répertoriées toutes les preuves à conviction concernant l'affaire. Myosotis était parfaitement au courant de l'existence de ce tas, Hélios lui avait déjà transmis bien avant que l'enquête ne commence. Le Procureur Honnête possédait le même dossier, avec les mêmes preuves, mais l'agent du Cipher Pol avait bien plus d'atouts dans sa manche que lui. Dans ce dossier figurait déjà les rapports d'autopsie de Debbo Nère et de Jean Smith, mais aussi l'examen balistique qui disait que quatre coups de feu avaient été tirés, une bouteille brisée retrouvée à l'entrée du bâtiment sur laquelle des traces de rouge à lèvres appartenant à la contremaîtresse otage avait été retrouvées. En plus de tout cela, l'inventaire des sacs trouvés sur les lieux : trois sacs de sel mais aussi trois sacs de sucres empilés les uns sur les autres. L'inspecteur allait sûrement devoir vite enchaîner avec de nouvelles données.

- Témoin, vous avez précisé que le tas de sel avait été le seul élément retrouvé sur les lieux du crime. Quid de l'enfant volé à l’entrepôt ?

- L'enfant volé n'a malheureusement pas encore été retrouvé votre Honneur.

- Nos équipes travaillent aaaactivement à le retrouver mais, pour l'instant, rieeen a été concluaaant. Intervint rapidement Camille.

*J'ai déjà hâte de leur montrer qu'on l'a sous la main. *

- Huhu ! Scarlett s'était encore penchée vers Myosotis. Quand on sortira cette carte, leurs têtes n'auront pas de prix.

- Aaaah, ça tu peux le dire !

Le juge Couac avait ouvert le dossier de l'affaire pour pouvoir y jeter de rapides coups d’œil, il reprit tout en fixant l'inspecteur :

- Très bien, veuillez à présent nous soumettre les conclusions de l'enquête quant au déroulement des lieux au sein du bâtiment.

- C'est très simple, il suffit de se baser sur l'examen balistique. Quatre coups de feu ont été tirés. Tout d'abord, l'accusé et son complice arrivent dans l'immeuble en emportant mademoiselle Minois comme otage avec eux. Ils sont poursuivis rapidement par la victime. En arrivant, le lieutenant-colonel abattit presque immédiatement le complice, premier coup de feu. Dans la panique, l'otage s'échappe et se dirige vers Debbo Nère. Craignant le doute de voir l'otage s'enfuir, l'accusé tire vers cette dernière mais la rate et la balle se logera dans le sac de sel, faisant se déverser les grains pour former le tas retrouvé : deuxième coup de feu. Le troisième coup de feu sera tiré lorsque l'accusé tentera une première fois de tuer le lieutenant-colonel mais le ratera et touchera son flanc, le blessant. Et enfin, le quatrième et dernier coup, l'accusé qui tuera Debbo Nère en l'abattant d'une balle en pleine tête.

- Voilà un réciiiit tout à fait convainquaaaant. Les faits n'auraient pas puuu se passer autrement, votre Hooonneur !

- Hm. La Défense a-t-elle une objection à formuler quant au témoignage de l'inspecteur ?

- Pas pour le moment votre Honneur, la Défense se réserve mais souhaiterait en apprendre un peu plus sur le profil de la victime.

- Je rejoins la Défense, fit le Juge en triturant son maillet entre ses doigts. Témoin, veuillez nous décrire en détails qui était la victime.

- Tout de suite, votre Honneur !

*Excellent ! *

Tout se déroulait conformément au plan établi par Myosotis et Scarlett, les dépositions de l'inspecteur avaient uniquement pour but de poser les bases de leur plaidoirie. Leur raisonnement serait implacable, et les preuves qu'ils avaient à leur disposition ne feraient que l'appuyer. Et même si tout cela n'était qu'un manège, il fonctionnerait. L'Accusation ne pourra absolument rien faire ! Et quand on voyait la figure méprisante de l'okama on n'avait qu'une envie : le voir crouler et geindre.

- Debbo Nère, lieutenant-colonel au service de la Marine. Il avait trente ans, n'était pas marié et n'avait pas d'enfants. Il ne semblait pas non plus fréquenter qui que ce soit mis à part ses collègues militaires ainsi que ses amis. C'était un homme relativement altruiste qui pensait à son prochain et épaulait les nouvelles recrues pour les propulser vers le haut et éviter qu'ils ne soient considérés comme des poids morts. Mais, il semblerait qu'il soit très réticent à utiliser son pistolet depuis six mois. Il a tué malencontreusement un suspect lors d'une intervention, laissant les enfants de ce suspect orphelins. Il ne se l'est jamais pardonné et, depuis, il va parfois jusqu'à refuser d'utiliser son arme.

Le profil de la victime avait été établi, savoir que son service avait été exemplaire n'était d'aucune utilité pour la défense d'Hélios. Tout ce qui intéressait Myo, c'était la dernière information : il va parfois jusqu'à refuser d'utiliser son arme. Un élément très important qu'il réutiliserait plus tard.

- Vous voyeeez votre Honneeeur, intervint le procureur, la victime était un exemple pour toute la Marine. Son assassinat est une véritable honte, la culpabilité de l'accusé ici présent est inéluctable !

- OBJECTION ! Pour l'instant la culpabilité de mon client n'est que conjecture. Vous n'avez présenté aucune preuve concrète de sa culpabilité !

- OBJECTIOOON ! Beugla Camille en retour. Il est claaaair que l'accusé est impliqué jusqu'au cou dans cette affaire ! Un otaaage a été pris, et la seule persooonne qui peut avoir fait ça, c'est votre client ! Ça ne fait aucun doute !

- OBJECTION ! Mon client est certes impliqué mais, jusqu'à preuve du contraire, il reste simplement accusé et non coupable ! Et je maintiens mes positions, un simple témoignage dénué de preuves ne constitue pas une culpabilité légitime !

- Gr...Grrr !!

- Huhu ! Tu es en forme aujourd'hui...chuchota Scarlett.

TAP TAP TAP !

- Un peu de calme ! Je retiens l'objection de la Défense. Pour l'instant, il n'y a pas de preuves concrètes quant à la culpabilité de l'accusé. Aussi, j'aimerais entendre plus de témoignages pour avoir plus de certitudes quant aux événements. Maître Von Stadt, désirez vous appeler un témoin à la barre ?

- Oui votre Honneur. Pour avoir plus d'informations sur les événements, j'aimerais que madame Julie Minois comparaisse devant la Cour.

- L'Accusation a-t-elle une objection à cela ?

- Aucunemeeent votre Honneeeeur ! C'est d'ailleurs le second témoin que je comptais appelleeer. Fufufuuu !

- Très bien. J'appelle donc à la barre la contremaîtresse Julie Minois !

*C'est parti ! Le vrai jeu commence. *


Dernière édition par Myosotis De Ville le Mer 27 Juil 2016 - 20:51, édité 1 fois
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- Témoin, veuillez décliner votre nom et votre profession.

- Je...je m'appelle Julie Minois et je suis...enfin, j'étais contremaîtresse à l'entrepôt d'esclaves Slaves-market.

- Jurez vous de nous révéler la vérité et uniquement la vérité ?

- O..oui votre Honneur.

*Et la voilà donc... *

La cible de Myosotis venait enfin de rentrer en scène. Julie Minois, une demoiselle tremblotante et visiblement traumatisée par les événements qui s'étaient déroulés. Elle était habillée d'une chemise blanche et d'un pull à carreaux ainsi que d'une petite jupe brune. C'était une femme au visage quelconque, avec de grosses lèvres et des cheveux coupés courts. Attifée comme ça, elle ressemblait à une petite fille qui allait encore à l'école ! Qui sait ce qui avait bien pu se passer dans sa vie pour qu'elle décide un jour de devenir contremaîtresse et de mener la vie dure à des esclaves...D'après ce que Myo et Scarlett avaient réussi à glaner durant leur enquête, c'était une fille tout à fait ordinaire, n'ayant jamais rien vécu de fondamentalement notable. La pauvre ne verrait rien venir, elle était dans la ligne de mire du jeune agent. Et malheureusement pour elle, il ne la lâcherait pas. Il préférait lui pourrir l'existence plutôt que de perdre Hélios.

Julie Minois:

- Elle a pas du tout l'allure d'une femme qui a passé ses journées à s'occuper d'esclaves...

- Polop. Fit Ramsès pour appuyer les dires de Scarlett.

- C'est vrai. Hélios m'en avait parlé...Hm, je doute que ça ait une incidence quelconque sur notre plaidoirie de toute façon.

Elle était en train tortiller son pull entre ses doigts, anxieuse et morose à la fois. Le juge reprit presque aussitôt, gardant son attitude stoïque et ses yeux rivés sur le témoin.

- Témoin, si vous avez été appelée pour comparaître à la barre c'est pour nous parler de la mort du lieutenant-colonel Debbo Nère. Nous aimerions avoir votre témoignage à ce sujet.

- Ou..oui, alors...euh...votre Honneur...tout s'est passé très vite une fois montés dans l'immeuble. Je ne me souviens pas exactement de tout étant donné que ce fut assez confus...Mais je suis sûre d'une chose : l'homme qui a essayé de me sauver a été tué par l'accusé après la mort de son complice.

- Un instant ! Intervint Myosotis, bras croisés. J'aimerais vous interroger sur un tout autre sujet mademoiselle, à savoir la bouteille qui a été retrouvée à l'entrée. Pouvez-vous nous renseigner à ce sujet ?

- OBJEEECTION ! Votre Hooonneur, je pense qu'il est inuuutile d'ennuyer le témoin avec des détails aussi fuuutiles ! La bouteille n'a rien d'importaaant pour notre affaire !

- OBJECTION ! Cette bouteille figure dans le dossier de l'affaire, et comme preuve à conviction. Elle a tout à voir avec notre affaire et a donc son importance !

- Objection retenue. Fit le Juge. Répondez à la question de la Défense, témoin.

- Hm, et bien...Je l'avais acheté plus tôt dans la soirée. Je me suis assise sur un banc quand l'accusé et son complice ont surgi et m'ont forcé à venir avec eux. Et ils m'ont emporté en me menaçant !

- Un instant ! L'entrepôt a été cambriolé après 22h, que faisiez vous dehors à une heure pareille dans le parc ?

- Je...j'ai été renvoyée le jour même. On m'a licencié. C'est pour ça que j'ai dit que « j'étais » contremaîtresse tout à l'heure. Je broyais du noir...alors j'ai acheté à boire et je me suis assise pour réfléchir jusqu'à la venue des criminels !

- OBJECTION ! Je suis vraiment désolé mademoiselle Minois, mais je trouve plutôt étrange votre attitude.

- Mon...mon attitude ?

- Oui. Vous avez gardé la bouteille tout ce temps pour la lâcher devant l'immeuble ? Avouez que c'est quand même plutôt singulier.

- OOOBJECTION ! Maître Von Stadt, tout celaaa n'a aucun rappooort avec le crime ! Le témoooin a simplement gardé cette booouteille pour se rassurer, rien de pluuus !

- Ou...oui !! J'avais tellement peur, je ne réfléchissais plus vraiment...

La pauvre rougissait, innocente dans toute cette affaire mais malheureusement le défouloir de Myosotis. Et encore...Tout cela n'était que le début, le reste s'avérerait encore pire. Ce procès n'était pas une petite affaire, un révolutionnaire accusé d'avoir volé le bien destiné à un Dragon Céleste. Voilà qui promettait de faire grand bruit ! Mais Myosotis savait ce qui se tramait en coulisse, sa victoire ferait vaciller beaucoup de choses. Tout avait été méticuleusement orchestré, il n'avait que suivre les rails...

TAP TAP !

- Nous divergeons du sujet initial de votre témoignage, témoin. Parlez nous en détails de ce qui s'est passé dans l'immeuble.

- Bien votre Honneur. Oh...hm...Et bien...C'était très rapide ! Le Marine a fait tout son possible afin de convaincre mes ravisseurs de se rendre. Mais ils ne voulaient rien entendre, ils ont continué à nous emporter, moi et l'enfant. J'ai entendu un coup de feu et j'ai vu le complice tomber raide mort sur le sol ! J'ai eu tellement peur !! J'ai cru que l'accusé allait me tuer ! Je...j'ai tenté de m'échapper en m'enfuyant en direction du Marine. Derrière moi, j'ai entendu le braqueur crier. Il a tiré juste derrière ma tête mais il m'a raté...J'étais tellement tétanisé, je me suis accroupi. Le révolutionnaire a tiré encore et a tué celui qui essayait de me sauver...Il s'est enfuit ensuite en emportant l'enfant et en me laissant avec les cadavres !

Elle était sur le point de pleurer, elle ne faisait que se remémorer les événements déroulés le soir du crime mais elle était tout de même touché. Décidément, cette fille soit-disant contremaîtresse était assez déconcertante.

- Vous n'avez rien à ajouter là dessus ?

- Non...Non, du tout ! Je ne sais rien d'autre, je le jure !

- Un instant ! S'écria Myo en faisant sursauter Julie. Je vais me permettre de rappeler ce que l'inspecteur Hic nous a rapporté tout à l'heure dans son témoignage : l'enfant esclave n'a pas été retrouvé par le service d'instruction. Vous ne nous avez pratiquement rien dit à son sujet, est-ce que vous pouvez développer ? Savez-vous quelque chose à son sujet ?

- OBJECTIOOON ! Comment voulez-vous qu'elle saaache quoi que ce soooit ?! Il a été emporté par l'accuuusé et...euuuh...je n'ai rieeen à ajouter. Le témoooin ne peut pas avoir de données sur l'enfaaant !

- Je...je...Elle commençait à pleurer. Comment pouvez-vous penser que je puisse savoir quoi que ce soit ? J'avais un pistolet pointé droit sur moi, et...et il s'est enfui avec l'enfant, l'accusé ! Vous ne seriez pas en train de me suspecter et...et...

L'ex contremaîtresse éclata en sanglots, de grosses larmes perlant et ruisselant sur ses joues rosées. Elle s'effondra sur la barre des témoins en continuant à pleurer, forçant le juge à intervenir.

TAP TAP TAP !

- Il suffit ! La Défense n'a formulé aucune accusation, témoin.

*Pff...pour l'instant... *

- Je vais vous demander de vous ménager. Je vais accorder une pause d'une dizaine de minutes pour permettre au témoin de reprendre ses esprits. Nous reprendrons après cela. La séance est suspendue.

Myosotis, Ramsès et Scarlett s’empressèrent de sortir de la salle d'audience, laissant à Camille Honnête le soin de remotiver le témoin. Les trois partirent s'asseoir sur un banc dans la salle d'attente, le poule se contorsionnant sur l'un des pieds pour se hisser à côté de ses amis. Le jeune De Ville aurait bien apprécié pouvoir parler un peu avec Hélios, mais ce dernier avait été emporté presque immédiatement par les gardes. Fichues règles, fichu protocole...qu'il le voit ou non, ça ne changerait en rien son raisonnement mais il aurait bien aimé pouvoir converser avec son ami.

- Bien. La dernière ligne droite après cette pause.

- En effet, c'est là que tout se jouera. Tu connais la marche à suivre, darling !

- Par cœur. J'y vole chéri. Prend soin de lui Ramsès !

- Polooooop ! Fit la pieuvre en regardant la belle agente s'éloigner.

Les deux restaient à présent seuls. Le petit animal ne pouvait plaidoyer mais faisait néanmoins un très bon assistant pour passer les preuves à Myosotis quand il les demandait. Le plan se déroulait encore au poil, Scarlett allait chercher leur carte maîtresse, l'enfant homme-poisson que tout le monde cherchait et qui ferait chanceler le procès en un tour de main. Hélios leur avait remis l'esclave et ils l'avaient conservé caché pendant tout ce temps. La lady serait partie le chercher de toute façon, pause ou pas. Le travail de Myosotis, quant à lui, ça serait d'acculer les dépositions de Julie le plus possible et de la réduire au silence une fois Scarlett revenue. Le verdict serait en sa faveur ! L'enfant ne leur porterait pas préjudice de toute façon, il savait à peine articuler trois mots...

- Bon. Aller. Un café et on y retourne ?

- Blblbl ! Polop !


Dernière édition par Myosotis De Ville le Mer 27 Juil 2016 - 21:18, édité 2 fois
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TAP TAP !

- Le procès du criminel révolutionnaire Colin Maillard peut reprendre.

Le Juge avait repris sa place et avait réclamé le silence et l'attention des deux parties afin de reprendre la séance. Tout le monde était parfaitement retourné à sa place. Le procureur okama s'était dandiné jusque derrière son bureau, un peu plus et on risquait de le voir tomber en arrière à force de s'agiter sur ses immenses talons compensés. Myosotis et Ramsès avaient également repris leur place, c'était le dernier round qui s'amorçait !

- Nous pouvons reprendre le témoignage du témoin Julie Minois. Tâchez toutefois de ne plus la faire fondre en larmes comme tout à l'heure maître Von Stadt.

- Oui, votre Honneur.

- Quant au témoin, je vous demanderai de vous ménager un peu pour que ce procès puisse se dérouler dans les meilleures conditions.

- O..Oui votre Honneur.

- La parole est à la Défense.

- Je vous remercie votre Honneur. Témoin, je vais revenir une fois encore à la bouteille dont nous parlions tout à l'heure. Vous nous aviez dit avoir été traumatisée et paralysée par la peur. Vous confirmez ?

- Oui, bien évidemment, c'était le cas d'ailleurs !

- Alors comment pouvez-vous expliquer que la bouteille retrouvée était vide ? Vous n'avez tout de même pas bu pendant la route, toute tremblotante ?

- OBJEEECTIOOON ! Enfin, je ne sais paaas à quoi joue la Défeeense votre Honneeeur. Mais ça n'a aucuuun intérêt comme questiooon ! Le témoin a siiimplement terminé sa bouteille avant de rencontreeer l'accusé.

- Objection retenue, je rejoins l'Accusation. Maître Von Stadt, je vais vous demander d'interroger le témoin sur des éléments pertinents par rapport à notre affaire.

- Un instant votre Honneur ! J'aimerais néanmoins que le témoin réponde à la question par elle même.

- Je...j'avais un pistolet pointé sur moi ! J'ai agis différemment sous la pression de la peur et...

- OBJECTION. Votre Honneur, je ne crois pas un traître mot de ce que dit le témoin depuis le début de sa venue à la barre. Il est inconcevable qu'une personne, même sous l'effet de la peur, conserve ses effets personnels aussi savamment que l'a fait le témoin ! Jamais cette bouteille n'aurait dû se trouver là, je ne crois pas votre excuse.

- UN INSTAAANT ! Qu'est ce que vous essayeeer de nous dire ?! Fit Camille en déglutissant.

- Oui, soyez plus clair maître Von Stadt, allez droit au but.

- Mais bien sûr. Votre Honneur, Procureur Honnête si mademoiselle Minois ici présente a conservé la bouteille ça n'était non pas parce qu'elle était otage. Mais en réalité l'auteur du crime lui-même !

- Qu...QUOOOOOOI ?!

- NON !

La dernière déclaration de Myo' avait eu l'effet d'une bombe au milieu de la salle d'audience. L'okama en face de lui s'était mis à crier comme une jeune fille effrayée par une mouche tandis que le témoin avait la figure déformé par la stupeur, à la fois choquée et scandalisée par l'accusation formulé par le bel éphèbe. Le juge Couac semblait on ne pouvait plus surpris également.

TAP TAP TAP !

- Un peu de calme ! Maître Von Stadt, mesurez vous la gravité de votre accusation ? Je me permettrais de vous rappeler que l'accusé avait un complice.

- Et qu'avons nous pour prouver cela ? Le témoignage de mademoiselle Minois. Rien d'autre. C'est l'unique donnée que nous avons. L'inspecteur n'a rien précisé sur le profil du complice, et le dossier ne nous apprend strictement rien, si ce n'est son rapport d'autopsie.

- OBJECTION ! Mais...mais...Enfin ! Maître Von Stadt ?! Votre Honneeeeur...La Défeeense a perdu l'esprit ! C'est impossiiible ! Le complice est...euh...un compliiice ! C'est un fait !

- OBJECTION ! Rien n'est avéré ni prouvé quand à cela ! Et l'enquête que j'ai personnellement effectué a fait ressortir que cet homme n'était en réalité qu'un mendiant qui vivait dans l'immeuble désaffecté !

- Non ! Fit Julie, ce...c'est faux !

Pauvre Jean Smith...En plus de voir son nom réduit à de simples initiales, maintenant voilà qu'il était devenu mendiant. Au moins sa mort n'avait pas été inutile et elle lui servait bien...Il était débarrassé de l'élément du « complice », maintenant il ne suffisait que d'enfoncer encore plus l'infortunée qui se tenait à la barre des témoins sous les yeux déboussolés du procureur.

- O..OBJECTIOOON ! C'est bien mademoiselle Minooois qui a été amenée de fooorce jusqu'à l'immeuble ! C'est elle qui aurait pu en mourir à caaause du criminel qui s'en est priiis à elle, et c'est ce même criminel qui s'est enfui en manquaaant de la tuer !

- OBJECTION ! Vous ne faîtes que conjecturer depuis le début de ce procès, maître Honnête. Tout ce qu'a raconté le témoin n'est qu'un tissu de mensonges pour couvrir son crime ! Mademoiselle Minois est arrivée avec mon client en otage dans l'immeuble, suivie par le lieutenant-colonel. Elle tue le mendiant J.S d'une balle en plein front et pousse mon client près de la fenêtre au fond de la pièce. Debbo Nère arrive et le témoin se concentre sur son poursuivant pour l'abattre tandis que mon client en profite pour s'enfuir sans se faire voir. Et, enfin, le clou du spectacle : pour simuler une attaque elle va tirer dans un des sacs et elle s'agenouille près du cadavre du lieutenant-colonel.

- Ce...c'est...C'est...c'est...c'est inconcevable !!

TAP TAP TAP !

Le juge réclama une fois l'ordre dans la salle d'audience, le témoin commençait à trembler face à la barre et le procureur se trémoussait sur place.

- Votre Honneeeur, le récit de la Défeeense n'est qu'affabulatiooon !

- OBJECTION ! Il est tout à fait possible que ma théorie soit exacte. Je vous rappelle une fois encore la déposition de l'inspecteur qui nous disait que le lieutenant-colonel refusait catégoriquement d'utiliser son arme. Partant de ce postulat, il n'a pas pu tuer le « complice » dont vous parlez depuis le début !

- Mais...mais...Il a très bien pu briseeer ce sermeeent pour sauver mademoiselle Minois !

- OBJECTION ! Je me permet de vous présenter le cliché de la victime en provenance du rapport d'autopsie. Cliché que vous avez également, maître Honnête. La main de la victime est couverte de sang en raison de sa blessure. Hors l'étui de l'arme est complètement propre. Le lieutenant-colonel a été immédiatement abattu après qu'il ait porté la main sur son flanc blessé. Ce qui signifie qu'il n'a jamais utilisé son arme, et que par conséquent une seule personne a pu commettre ce crime : Julie Minois !

- N...NOOON !!


Dernière édition par Myosotis De Ville le Mer 27 Juil 2016 - 21:37, édité 1 fois
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TAP TAP TAP !!

- Du calme ! Je réclame le silence dans la salle !

Le Juge martelait comme un forcené avec son maillet, chaque coup résonnant dans tout les coins de la salle. Sur la barre des témoins, Julie Minois était complètement tétanisée par ce qui était en train de se passer. Myosotis refermait autour d'elle des serres desquelles elle ne pouvait plus s'échapper. Elle pouvait bien se débattre, geindre ou pleurer en braillant qu'elle était innocente, rien y ferait. Elle n'était qu'un dommage collatéral dans toute cette affaire après tout, le dindon de la farce, le bouc émissaire. Ramsès était également tout excité par ce remue-ménage et tournait sur lui même à la manière d'une toupie. L'invertébré s'était néanmoins arrêté net lorsque le Juge avait haussé le ton. L'okama, face à à cette situation on ne pouvait plus impromptue, serrait et pressait inlassablement son foulard nerveusement.

- V...Votre Honneeeeur ! La Défeeense a complètemeeent l'air déboussoléééée !

- La Défense me paraît plutôt sérieuse malgré l'ampleur de ses propos...

- Mais, votre Honneeeur, quand bien même le lieutenaaant-colonel n'aurait pas dégaaainé son arme, le témoooin aurait pu le faire par réflexe de surviiie lorsqu'elle s'est précipitée vers la victime et a instinctiveeement appuyé sur la détente pour tuer le cooomplice !

- OBJECTION ! J'ai déjà expliqué que le « complice » n'en était pas un. Et vous maître Honnête ? Quand est-ce que vous allez vous décidez à nous montrer des preuves ? Votre théorie est impossible, et ceci grâce aux sacs de sel et de sucre trouvés dans l'immeuble. Deux impacts ont été trouvés sur ces sacs, le premier en haut des sacs lorsque le témoin s'est soit disant enfui vers la victime. Et le second en bas lorsque la victime a été touchée au flanc.

- Où voulez-vous en venir Maître Von Stadt ?

- C'est très simple. Selon cette séquence que je viens de décrire, le sel aurait dû s'écouler en premier puis être recouvert par le sucre ensuite. Hors, sur place, il  a été constaté que le sel était au dessus du sucre. Ça a été confirmé par l'inspecteur plus tôt.

- J'ai du mal à voir où vous voulez en venir, mais continuez.

- Si le sucre s'est écoulé avant le sel, ça veut dire que le coup de feu tiré en premier sur le mendiant est passé à travers le sac de sucre. Le témoin a donc pris le pistolet de la victime une fois morte pour tirer ensuite dans le sac de sel. Et tout ça dans l'unique but de feindre une attaque.

- Non ! Non ! Arrêtez c'est complètement faux !

La pauvre contremaîtresse s'était remise à pleurer, mais cette fois-ci le juge ne vint pas à son secours. Myosotis avait clairement piqué son attention avec ses assauts répétés et tout ses arguments savamment travaillés afin de lui faire porter le chapeau. Scarlett n'allait pas tarder à revenir, elle devait déjà être derrière la porte en attendant le bon moment pour faire une belle entrée. Elle faisait décidément très attention aux détails cette beauté. En attendant, maître Honnête n'avait pas dit son dernier mot...

- OBJECTIOOON ! Vous dites que je ne m'aaappuie sur aucune preuve mais je pooourrais vous retourner le complimeeent ! Où est votre preuve matérieeelle ? Comment pouvez-vous prouver tout ce que vous avaaancer ?

- Hm, c'est très simple. Répondit Myosotis avec un sourire narquois. L'enfant esclave disparu est la preuve que Julie Minois est coupable !

- De...Heeeeeein ? S'écria l'okama en se tirant les cheveux. Votre Honneur, la Défeeense raconte n'impooorte quoi !!

- Qu'est ce que vous racontez ?! Je...aucun esclave n'a été retrouvé ! Et il n'était pas là lorsqu'on m'a conduit à l'hôpital !

TAP TAP !

- Je suis aussi circonspect que l'Accusation, l'inspecteur nous a précisé tout à l'heure que cette enfant n'a pas été retrouvé ! Votre théorie ne peut donc tenir et...

- OBJECTION !

*Enfin ! *

Tous se tournèrent vers la porte pour qui venait de s'entrouvrir. Scarlett était enfin de retour, et elle avait son lot de surprise avec elle. Une nouvelle silhouette fit son apparition, une silhouette qui provoqua la stupeur du procureur, du témoin mais aussi du juge. C'était un enfant, un jeune enfant haut comme trois pommes, au corps couvert d'écailles irisées et aux yeux globuleux. Sur ses avant-bras s'allongeaient deux nageoires ainsi qu'un petit aileron translucide dans son dos. En le voyant entrer dans la pièce, Camille Honnête ne peut s'empêcher de pousser un hurlement de stupéfaction et de faire tomber l'intégralité de ses feuillets sur le sol. Julie, toujours à la barre, était sur le point de tituber, ses jambes se mettant à trembler comme le reste de son corps. Elle avait compris ce qui était en train de se passer, elle savait déjà ce que Scarlett allait dire...

- L...L'enfaaaaaant !! Hurla Honnête.

- Ce...C'est impossible !! Comment avez vous fait ça ?! Fit le juge en regardant alternativement Myo et Scarlett.

- Nous avons retrouvé cet enfant au domicile du témoin durant notre enquête, votre Honneur.

- Mais...Mais...C'est impossible !! L'instruction n'a rien retrouvé !

- Et pourtant nous l'avons fait votre Honneur. Le témoin sait cacher son recel aussi bien que son crime. Vous vouliez une preuve maître Honnête ? La voici ! L'enfant esclave volé, et à présent retrouvé ! Julie Minois ici présente a simplement voulu se venger contre son ancien employeur, propriétaire de l'entrepôt, qui l'avait renvoyé le jour même. Mon client est innocent !

- HIIIII !!

Les cris mêlés de Camille et Julie déchirèrent la salle d'audience. Pour rappeler l'ordre, le Juge n'eut d'autre choix que d'appeler les gardes pour qu'ils emportent le témoin et la sortent hors de la salle, lui passant les menottes au passage. Le procureur n'osait piper mot et se contentait de regarder Myosotis qui, lui, jubilait intérieurement et lui lançait le plus caustique des sourires.

- Alors maître Honnête ? Battu par un débutant ?

- Po-po-lo-po-po-poooolop !

TAP TAP TAP !

- Ce procès a pris une tournure absolument inattendue. Et jamais je n'aurais pensé que nous puissions arriver à cette conclusion. Mais, en raison de la preuve décisive rapportée par la Défense et des incohérences soulevées par cette dernière, je n'ai pas d'autre choix que de relaxer l'accusé Colin Maillard. Je vais charger les huissiers d'emporter mademoiselle Minois en cellule. Je déclare donc l'accusé : NON COUPABLE. La séance est levée.

TAP !

Le coup de maillet final, ils l'avaient fait ! Ils avaient enfin gagné ! Leur plan avait fonctionné avec brio, l'Accusation n'avait rien vu venir et n'avait rien pu faire. C'était tellement jouissif de pouvoir voir cet okama hurler comme un possédé. Scarlett avait remis l'enfant aux gardes et avait continué de le suivre hors de la salle d'audience, Ramsès et Hélios sur les talons. Ce dernier avait été relâché et autorisé à suivre son avocat. Toutefois, bien que les trois aient très envie d'échanger, il fallait ne prendre aucun risque et ne pas parler. Pas pour l'instant en tout cas. Ils auraient tout le loisir de se rappeler plus tard via escargophone pour se donner des nouvelles. Le petit groupe sortit sur le perron du tribunal, laissant Hélios partir au loin.

- On a réussi ! Ce travail était plutôt appréciable, j'ai trouvé ça amusant.

- Moi de même darling ! Bon, j'ai pas fini de trimer pour autant...Faut encore que je rappelle Made...

- Bonne chance, moi je vais boire un café !

- Hé me laisse pas !

- Poloooop !

- Toi non plus Ramsès, reste !

*Pfff...enfoirés. *
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