La malédiction. L'offrande à la folie. Le jugement dernier pour l'homme à qui je devais la vie. En espérant qu'il trouve le repos après sa mort.
La matinée d'Enies Lobby, étrangement faite. Pas d'aube mais pas de crépuscule non plus, je restais admirative des spécificités météorologiques irrationnelles de Grand Line. Par quel miracle est-ce que cela pouvait se produire ? Peut-être qu'il ne s'agissait pas du soleil, mais de quelque chose d'autre. Un astre lumineux fixé sur la voute céleste ? C'était donc tout en me posant ce genre de questions et en philosophant sur l'idée que je m'étais préparée pour la journée. Et quelle préparation ! Aujourd'hui plus que jamais, la cité judiciaire était rutilante en vue de fêter l'anniversaire de la fondation de l'île. Les rues étaient donc noires de monde.
- Si tu as besoin de moi, tu sais où me trouver. m'avait signalé Larson la veille, tandis que nous nous étions quittés sur le palier de la porte de ma chambre.
Au cours des derniers jours, l'homme s'était fendu de quelques encouragements. Notamment lorsque les dernières nouvelles transmises par Lady Raven prêtaient à penser que les juges étaient en effet en faveur de Tyrell Sweetsong comme nouveau Juge Suprême, au détriment du pion du Cipher Pol pour lequel nous avions destitué le vieux Toucan.
- Vraiment, quel gâchis.
Pas d'émotions, juste un sentiment de perte immense. J'avais été témoin du discours prononcé par mon père lors des funérailles de ma mère et de ma sœur, je l'avais vu prononcer des mots poignants et énoncer des promesses avec les yeux embués de larmes. Et il avait tenu parole : il avait été plus efficace que jamais ces derniers mois, rendant des jugements à tour de bras pour mettre plus de criminels derrière les verrous. Et les gens l'avaient acclamé pour ça. Tout ça à cause de moi : j'étais le déclencheur de sa mort, autant que de celle de sa femme ou de sa fille. Tout cela n'était qu'un vaste Ouroboros satyrique, une bonne grosse blague et pourtant. Ça n'avait rien de drôle, de devoir tuer un homme qui faisait son boulot. Pourtant c'était bien là l'apanage du CP9. L'assassinat pur et simple de n'importe qui, pour n'importe quelle raison, avec la possibilité d'être protégé derrière si jamais on venait à être découvert. Car c'était aussi le travail de l'administrateur dont j'avais eu vent plusieurs fois dans les racontars au bureau ou bien à la cafétéria. Toujours de façon indirecte, j'avais progressivement fait la connaissance du fameux Sloan O'Murphy. Administrateur et homme d'affaire, homme de pouvoir immensément riche avec des contacts hauts placés, capable de vous sortir de n'importe quelle panade avec comme monnaie d'échange des missions. Et pas n'importe quelles missions évidemment : des Missions Noires, celles qui impliquent une bavure volontaire, la disparition d'un notable ou bien encore de baigner dans des affaires pas nettes avec des criminels de tous poils.
- Prions pour que je n'aie pas à en arriver là. intimè-je à moi-même tout en verrouillant la porte de l'appartement, désormais totalement affairée.
Descendant les marches en direction du hall, je remarque progressivement à quel point les couloirs de l'hôtel sont déserts, bien que d'habitude si remplis par des officiers restant généralement traîner à discuter devant leurs portes pour retarder l'heure du coucher. Non, cette fois-ci personne à l'intérieur, à tous les coups l’œuvre de la fête nationale une fois encore.
Pour le coup, on peut dire qu'on a de la chance que ça soit tombé pile au bon moment. Car en plus de remplir le coin de festivités menant chaque année à des disparitions résultant de l'excès d'alcool, la tour de justice est de surcroît accessible au grand public. Enfin, tout est relatif : le pont levis est baissé et seuls ceux avec un laisser-passer peuvent le traverser. Bien évidemment, ce n'est pas comme si j'avais besoin d'un pont, le Geppou faisant d'ores et déjà très bien l'affaire pour me mener d'un point A à un point B sans avoir besoin de surface. Néanmoins il est plus avantageux de ne pas trop me faire remarquer : passer par la porte d'entrée est plus raisonnable que de voler jusqu'à une fenêtre et pénétrer par infraction dans le bâtiment. Un coup à tout faire capoter.
- Allez, ça va bien se passer. me rassurè-je, le cerveau légèrement embrumé par le trac qui me secoue et m'emporte dans mes réflexions.
Traversant la foule à une vitesse intensément réduite à cause de son épaisse densité, j'ai l'impression de progresser aussi lentement qu'un bousier roulant sa crotte. La comparaison m'arrache d'ailleurs un sourire en me la figurant, notamment lorsque mon regard vient se perdre tout autour de moi, dénotant certains sacs à dos énormes hissés sur les épaules de certains soldats. De vraies mules. Et puis je pense au plan. Il est pas forcément très stable, il est même plutôt fragile, mais l'échec n'est bienheureusement pas en option. Par là je veux dire : qu'importe comment je me débrouille, Sweetsong finira par y perdre la vie. Le problème ne vient pas spécialement de là, mais plutôt de comment.
Les derniers jours, nous les avions passés à épier le quotidien de l'homme, vérifier où il logeait et même noter ses contacts récurrents et ses petites habitudes. Le bon côté des choses, c'était que le juge résidait dans l'un des plus hauts étages de la tour, donc la chute ne pouvait être que mortelle. Cependant, après vérification, il s'agissait aussi des étages les plus contrôlés et les moins accessibles, placés sous la surveillance de plusieurs gardes selon les dires de Lady Raven. Donc pénétrer dans la chambre de l'homme et l'y attendre n'était pas impossible, mais plutôt difficile tout de même s'il en convenait de ne pas se faire voir. L'infiltration, encore une fois. J'avais analysé les différentes options : je pouvais toujours attendre qu'il y ait un creux dans les rondes des gardes pour crocheter la porte en moins de trente secondes et pénétrer dans l'appartement. Ou bien je pouvais encore passer par le côté de l'immeuble et espérer qu'une fenêtre soit ouverte pour me faufiler discrètement à l'intérieur. Toujours était-il que les différents plans évoquaient beaucoup trop la chance pour qu'ils puissent tenir debout, ce qui m'avait finalement amenée à reconsidérer les choses sous un nouvel angle.
- La ventilation. Encore.
Et systématique. Le seul moyen de traverser un bâtiment de cette taille sans se faire repérer et repartir ni vu ni connu. Selon la juge, il existait donc un réseau de conduits d'aération déversant chaque appartement à travers des bouches assez grandes pour pouvoir y entrer ou en sortir. C'était l'unique solution pour me retrouver à l'intérieur de la chambre sans me faire repérer ainsi que pour prendre la fuite et cela nécessitait simplement de monter sur le toit pour me glisser dans l'une des cheminées et descendre soigneusement jusqu'à l'avant-dernier étage. C'était le plus dur à faire.
- D'où ce fichu sac qui pèse une tonne finalement. chuchotè-je dans ma barbe tout en donnant malencontreusement un coup dudit sac dans la tête d'un passant.
J'avais réuni tout le matériel nécessaire, il ne me restait plus qu'à grimper en haut de la bâtisse avec. Pour ça : des gants ventouses, une combinaison uniforme noire moulante et quelques outils accrochés à une ceinture pour pouvoir dévisser quelques boulons et quelques vis. Tout était fin prêt.
Il ne me restait donc plus qu'à pister les déplacements de ma cible jusque là.
La matinée d'Enies Lobby, étrangement faite. Pas d'aube mais pas de crépuscule non plus, je restais admirative des spécificités météorologiques irrationnelles de Grand Line. Par quel miracle est-ce que cela pouvait se produire ? Peut-être qu'il ne s'agissait pas du soleil, mais de quelque chose d'autre. Un astre lumineux fixé sur la voute céleste ? C'était donc tout en me posant ce genre de questions et en philosophant sur l'idée que je m'étais préparée pour la journée. Et quelle préparation ! Aujourd'hui plus que jamais, la cité judiciaire était rutilante en vue de fêter l'anniversaire de la fondation de l'île. Les rues étaient donc noires de monde.
- Si tu as besoin de moi, tu sais où me trouver. m'avait signalé Larson la veille, tandis que nous nous étions quittés sur le palier de la porte de ma chambre.
Au cours des derniers jours, l'homme s'était fendu de quelques encouragements. Notamment lorsque les dernières nouvelles transmises par Lady Raven prêtaient à penser que les juges étaient en effet en faveur de Tyrell Sweetsong comme nouveau Juge Suprême, au détriment du pion du Cipher Pol pour lequel nous avions destitué le vieux Toucan.
- Vraiment, quel gâchis.
Pas d'émotions, juste un sentiment de perte immense. J'avais été témoin du discours prononcé par mon père lors des funérailles de ma mère et de ma sœur, je l'avais vu prononcer des mots poignants et énoncer des promesses avec les yeux embués de larmes. Et il avait tenu parole : il avait été plus efficace que jamais ces derniers mois, rendant des jugements à tour de bras pour mettre plus de criminels derrière les verrous. Et les gens l'avaient acclamé pour ça. Tout ça à cause de moi : j'étais le déclencheur de sa mort, autant que de celle de sa femme ou de sa fille. Tout cela n'était qu'un vaste Ouroboros satyrique, une bonne grosse blague et pourtant. Ça n'avait rien de drôle, de devoir tuer un homme qui faisait son boulot. Pourtant c'était bien là l'apanage du CP9. L'assassinat pur et simple de n'importe qui, pour n'importe quelle raison, avec la possibilité d'être protégé derrière si jamais on venait à être découvert. Car c'était aussi le travail de l'administrateur dont j'avais eu vent plusieurs fois dans les racontars au bureau ou bien à la cafétéria. Toujours de façon indirecte, j'avais progressivement fait la connaissance du fameux Sloan O'Murphy. Administrateur et homme d'affaire, homme de pouvoir immensément riche avec des contacts hauts placés, capable de vous sortir de n'importe quelle panade avec comme monnaie d'échange des missions. Et pas n'importe quelles missions évidemment : des Missions Noires, celles qui impliquent une bavure volontaire, la disparition d'un notable ou bien encore de baigner dans des affaires pas nettes avec des criminels de tous poils.
- Prions pour que je n'aie pas à en arriver là. intimè-je à moi-même tout en verrouillant la porte de l'appartement, désormais totalement affairée.
Descendant les marches en direction du hall, je remarque progressivement à quel point les couloirs de l'hôtel sont déserts, bien que d'habitude si remplis par des officiers restant généralement traîner à discuter devant leurs portes pour retarder l'heure du coucher. Non, cette fois-ci personne à l'intérieur, à tous les coups l’œuvre de la fête nationale une fois encore.
Pour le coup, on peut dire qu'on a de la chance que ça soit tombé pile au bon moment. Car en plus de remplir le coin de festivités menant chaque année à des disparitions résultant de l'excès d'alcool, la tour de justice est de surcroît accessible au grand public. Enfin, tout est relatif : le pont levis est baissé et seuls ceux avec un laisser-passer peuvent le traverser. Bien évidemment, ce n'est pas comme si j'avais besoin d'un pont, le Geppou faisant d'ores et déjà très bien l'affaire pour me mener d'un point A à un point B sans avoir besoin de surface. Néanmoins il est plus avantageux de ne pas trop me faire remarquer : passer par la porte d'entrée est plus raisonnable que de voler jusqu'à une fenêtre et pénétrer par infraction dans le bâtiment. Un coup à tout faire capoter.
- Allez, ça va bien se passer. me rassurè-je, le cerveau légèrement embrumé par le trac qui me secoue et m'emporte dans mes réflexions.
Traversant la foule à une vitesse intensément réduite à cause de son épaisse densité, j'ai l'impression de progresser aussi lentement qu'un bousier roulant sa crotte. La comparaison m'arrache d'ailleurs un sourire en me la figurant, notamment lorsque mon regard vient se perdre tout autour de moi, dénotant certains sacs à dos énormes hissés sur les épaules de certains soldats. De vraies mules. Et puis je pense au plan. Il est pas forcément très stable, il est même plutôt fragile, mais l'échec n'est bienheureusement pas en option. Par là je veux dire : qu'importe comment je me débrouille, Sweetsong finira par y perdre la vie. Le problème ne vient pas spécialement de là, mais plutôt de comment.
Les derniers jours, nous les avions passés à épier le quotidien de l'homme, vérifier où il logeait et même noter ses contacts récurrents et ses petites habitudes. Le bon côté des choses, c'était que le juge résidait dans l'un des plus hauts étages de la tour, donc la chute ne pouvait être que mortelle. Cependant, après vérification, il s'agissait aussi des étages les plus contrôlés et les moins accessibles, placés sous la surveillance de plusieurs gardes selon les dires de Lady Raven. Donc pénétrer dans la chambre de l'homme et l'y attendre n'était pas impossible, mais plutôt difficile tout de même s'il en convenait de ne pas se faire voir. L'infiltration, encore une fois. J'avais analysé les différentes options : je pouvais toujours attendre qu'il y ait un creux dans les rondes des gardes pour crocheter la porte en moins de trente secondes et pénétrer dans l'appartement. Ou bien je pouvais encore passer par le côté de l'immeuble et espérer qu'une fenêtre soit ouverte pour me faufiler discrètement à l'intérieur. Toujours était-il que les différents plans évoquaient beaucoup trop la chance pour qu'ils puissent tenir debout, ce qui m'avait finalement amenée à reconsidérer les choses sous un nouvel angle.
- La ventilation. Encore.
Et systématique. Le seul moyen de traverser un bâtiment de cette taille sans se faire repérer et repartir ni vu ni connu. Selon la juge, il existait donc un réseau de conduits d'aération déversant chaque appartement à travers des bouches assez grandes pour pouvoir y entrer ou en sortir. C'était l'unique solution pour me retrouver à l'intérieur de la chambre sans me faire repérer ainsi que pour prendre la fuite et cela nécessitait simplement de monter sur le toit pour me glisser dans l'une des cheminées et descendre soigneusement jusqu'à l'avant-dernier étage. C'était le plus dur à faire.
- D'où ce fichu sac qui pèse une tonne finalement. chuchotè-je dans ma barbe tout en donnant malencontreusement un coup dudit sac dans la tête d'un passant.
J'avais réuni tout le matériel nécessaire, il ne me restait plus qu'à grimper en haut de la bâtisse avec. Pour ça : des gants ventouses, une combinaison uniforme noire moulante et quelques outils accrochés à une ceinture pour pouvoir dévisser quelques boulons et quelques vis. Tout était fin prêt.
Il ne me restait donc plus qu'à pister les déplacements de ma cible jusque là.