-Red! Un message de Santiago.
-Un message ?
-Il a appelé par den den. J'ai tout retranscrit. Il voulait juste que tu sois au courant.
-Dis moi.
-C'est a propos de la Translinnéenne. Santiago dit que Marc trans s’apprête à armer ses bateaux en douce.
-Pas très étonnant je dirais.
-Il dit qu'il a payé des armes à des gars qui s'appelle Faypher, les industries Faypher.
-Des gars de la troisième voie. Je connais vaguement. Continue.
-Mais le plus intéressant c'est que Santiago a eu des infos sur le moment et l’endroit ou Faypher va livrer les armes.
-Comment il a eu ça ?
-Un marin de la Translinnéene qui a un peu trop parlé dans un bar de Myriapolis a propos d'un voyage spécial pour un des vapeurs. A vide et avec uniquement des gros durs triés sur le volet a bord. C'est tombé dans l'oreille d'un des gars de Santiago, et ils l'ont fait causer un peu.
-Ou ?
-Karantane.
-Karantane ? Pas bête. Juste un petit détour de la route réguliére, et un coin on ne peut plus calme et tranquille pour un transbordement peinard...
-C'est pas l'ile avec la peste bleue ?
-C'est ça.
-Si y'a bien un coin ou je mettrais jamais les pieds c'est la bas. La peste bleue ? Beah...
-On y va.
-Vraiment ?
-Bien sur. Une opportunité comme celle la ça ne se refuse pas.
-On prend les cuirassés ?
-On dit que les vapeurs de la Translinnénne sont sacrément rapide...
-On prend surtout le Kraken, va chercher Lobbo et ses gars.
-Super, on va tous aller choper la peste.
-T'auras qu'a te bourrer de fioles de chance, tu devrais t'en tirer.
-Sinon on pourrait juste les acheter ses armes non ?
-On est des pirates Baker. Et puis...
-Et puis ?
-Et puis d'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours aimé emmerder les gens.
A tue et à toi
-C'est quand même sacrément impressionnant.
-Ouais, décider de barrer Grand line dans la largeur, ça se pose la comme idée.
-Jamais venu avant ?
-Non.
A la longue vue j'observe l'énorme muraille qui barre l'horizon depuis peu et qui grossit a vue d’œil. Sacrément impressionnant ouais, et le mot est faible. Mme les ponts de Tequila Wolf paraissent ridicules a coté de ses arches qui s'étendent a perte de vue en travers de notre route. D'autant que contrairement aux ponts de Tequila, ses arches ci sont le support d'une véritable ville plutôt que d'une simple route. Ouais, impressionnant. Je me demande si je ne serais pas venu m'installer ici plutôt qu'a Tortuga si j'avais connu ce coin avant.
-On va plonger. Je veux une approche discrète et je suis sur qu'il y a plein de gens qui observent la mer de la haut. Quand on sera sous les piliers on pourra remonter la ligne jusqu'au point de rendez vous.
-Espérons qu'on ait le bon coté. Parait qu'il faut une semaine pour faire tout ça dans la largeur.
-C'est pour éviter cette semaine de trajet le long de Karantane qu'ils ont choisi ce bord la. Ils viennent de la troisième voie.
-Et puis je suis sur qu'a voguer le long de ce truc il y a moyen de se prendre un coup de canon ou un abordage. Tu as entendu tout ce qu'on dit sur les tarés qui habitent la haut ? Les bâtisseurs, les fils du serpent, les justiciers ? La peste bleue a plus l'air de les tuer mais a mon avis elle continue de leur attaquer sévèrement le cerveau.
-Aucune importance, on va ne faire qu'un débarquement discret pour monter un poste de guet efficace. Toi, moi, les hommes poissons de Lobbo. Les autres restent dans le Kraken jusqu’à nouvel ordre. Et si les locaux nous remarquent et s'avisent de jouer les curieux, on leur fait la peau.
-Moi ça me va.
Dernière édition par Red le Ven 29 Juil 2016, 12:03, édité 1 fois
Assis sur le rebord en marbre d'une fenêtre monumentale, Red observe le soleil qui se lève à l'horizon. Le débarquement de nuit s'est passé sans soucis, et la bande d'hommes poissons a élu domicile dans un des innombrables monuments de Karantane laissés à l'abandon. Au vu de l'allure massive du batiment et du hall immense de celui ci, l'immeuble était probablement destiné a devenir une banque ou le siège d'une grosse société. Ce qui en fait un coin parfait pour qu'une troupe s'y retranche discrètement. Toutes les caractéristiques du fortin sont la. Murs solides, entrées faciles à surveiller, pas de point de vue de l'extérieur vers l'intérieur.
Reste maintenant à s'assurer qu'aucun autochtone ne tombe dessus a l'improviste.
-Réveille tes gars Lobbo y'a du mouvement.
-Du mouvement ?
-Deux groupes qui se rapprochent, deux types de ce coté la, dix la bas.
-On fait quoi ? On se planque et on voit s'ils sont la pour nous ?
-Peu probable, ils n'ont pas l'air de se diriger vers nous. Juste de se promener dans le coin. Mais on ne prend pas de risques, tant pis pour eux. Fais deux groupes et allez me les cueillir.
-Cueillir vivant ?
-Quelques uns si possible. Histoire de vérifier ce qui les amène.
-Je m'occupe de ça.
Efficace et diligent, Lobbo,traverse rapidement le camp de base en distribuant des ordres. Rassemblant rapidement deux équipes et prenant le commandement de la plus nombreuse avant de se glisser comme des ombres a l'extérieur. Ouvert au Mantra, je suis distraitement la progression des deux escouades, jusqu'au bref et prévisible déchainement de violence qui suit le contact entre les différents protagoniste. L'issue est sans surprise, et moins d'une heure après leur départ, les hommes reviennent aussi vite qu'ils sont partis, ramenant avec eux deux types ligotés et ballonnés comme des rôtis.
Enfin, deux types...
-C'est quoi ça ?
-Ben, on dirait un nain.
-Et un sacrément teigneux. L'autre est mort sans faire d'histoire mais on a du se mettre a trois pour ligoter celui la.
-Enlevez lui son bâillon.
-Faites gaffe il a mordu deux gars.
-SALES HUMAINS ! JE VAIS VOUS MASSACRER !
-Tais toi ou on te fume !
-VOUS ALLEZ CONNAITRE LA VENGEANCE D'YVON ! PEU DE MOTS, BEAUCOUP DE SANG !
-Il est complétement con. Aucun instinct de survie.
-JE VAIS VOUS ÉCORCHER AVEC LES DENTS !
-Remettez lui son bâillon. Et l'autre ?
-Pas mieux j'en ai peur. C'est surement un des ces types de la confrérie du serpent à plumes.
-Tu dis ça parce qu'il est couvert de plumes et de colliers d'ossement ?
-Ouais. Et puis ça aussi. Bâillon les gars...
-GLOIRE AU SERPENT A PLUMES ET A KETZAKOATI SON PROPHÈTE !
-Je vois le genre...
-PUISSE LE GRAND SERPENT VOUS MANGER LE FOIE ET LE CŒUR !
-Je sens que ça va être compliqué.
-Je l'avais dit que cette ile était pleine de tarée.
-IMPIES ! MÉCRÉANTS !
-Bon, inutile de l'interroger lui aussi. Remettez lui son bâillon.
-APOSTATS ! GMHGNM !
-C'est tout de suite mieux. Qu'est ce qu'on en fait ?
-Rien a en tirer. Colle leur un truc lourd aux pieds et balance les à la mer. De toute façon ils ont pas l'air d’être venu pour nous, ils prévoyaient surement de se battre entre eux. T'as qu'a les balancer attachés ensemble.
-Alors ?
-Il y a un navire.
-Quel genre ?
-Pas de signes distinctifs, lourdement armé, des canons et des protections partout, très tape à l’œil, genre pointes et trucs comme ça. Au moins deux cent types à bord je dirais.
-ça ressemble assez a la Faypher.
-Et ils sont au bon endroit, et au bon moment.
-Et pas de vapeur en vue ?
-Pas la non. Mais plus loin c'est difficile a dire. Surtout s'ils sont aussi rapide qu'on le dit. En tout cas il n'est pas en vue, et leur rendez vous n'est que dans deux jours. Ils sont réputés pour leur exactitude non ?
-Vrai. alors on y va.
-On y va comment ?
-Par en dessous. Lobbo, je veux ce navire aussi intact que possible avec sa cargaison. 9a veut dire qu'on ne le coule pas, et qu'on ne le fait pas sauter. Et si en prime on peut l'utiliser pour tendre un piège au vapeur, ce serait parfait.
-Alors on se glisse a bord couteau entre les dents ?
-Exactement. On attend la nuit, vous liquidez le quart de garde pour que le kraken puisse remonter a immersion sans alerter personne. Et on lance l'assaut. Pas de quartier. Inutile de faire des prisonniers, et on a pas besoin de survivants non plus.
-Parfait, ce sera plus simple.
-Alors en avant.
Nuit noire sur Karantane.
De nuit on se rend moins compte de la longueur démesurée de la structure. Le coin a beau être encore habité la majeure partie est tout a fait déserte. Et les quelques lumières qu'on voit pointer par ci par la et qui indiquent l'emplacement des villages locaux les moins discrets sont suffisamment dispersés pour qu'on puisse croire contempler un atoll.
Et en face de nous, a quelques encablures des piliers, le navire de la Faypher est à l'ancre. Quasiment invisible lui aussi depuis que les gars du bord ont voilés les lanterne, on ne l'aperçoit que par instants, quand le vent et la flotte le font virer sur son erre. Sans savoir qu'il est la on passerait probablement a coté.
A coté de moi le cousto denden émet ce gargouillement de siphon caractéristique des communication venant des profondeurs.
-On est en place.
-Alors c'est parti. Action.
La bas sous le bateau, des formes sombres remontent des abysses, se glissant le long de la coque pour venir percer lentement la surface, collés au bois comme autant de berniques, elles se mettent à observer, attentives. Guettant les hommes de quart qui veillent sur le bateau. Qui marchent, discutent, patrouillent. Sans se douter de ce qui se joue sous leurs pieds. Et au dessus.
Car malgré les apparences ce n'est pas des hommes poissons que vient le signal de l'attaque.
Geppou.
Un bond de géant me propulse dans les airs au dessus de l'eau. Si vite que je ne fais qu'apparaitre brièvement a chaque appui que je prends sur un air aussi dur que le sol de Karantane sous mes pas. La maitrise totale du sixième sens me transforme en rapace fondant sur sa proie. En quelques secondes j'ai traversé l'espace qui me sépare du navire et le survole, déployant les sens exacerbés que m'offre le mantra avant de me laisse tomber droit sur l'ennemi.
Shigan bachi.
D'une série de pichenettes j'expédie vers mes cibles une pluie de balles d'air plus rapides et mortelles que n'importe quelles balles de pistolet. Et alors que les hommes poissons surgissent soudain de la mer pour se glisser par les sabords du navire ou sauter sur les hommes de garde, tous ceux qui se trouvent sur le pont se retrouvent soudain fauchés, percés de part en part comme par un peloton d’exécution.
Et quand je me laisse tomber sur le pont et que le premier cri d'alarme retentit depuis l'entrepont, le mal est déjà fait. Les hommes poisson de Lobbo égorgent déjà des marins endormis à tout va dans les soutes, et sur le pont, l'équipage de garde n'est plus qu'un tas de cadavres.
-Baker, immersion.
L'alarme donné, c'est la fin de la séquence discrétion au couteau. Dans l'entrepont se succèdent maintenant les détonations des mousquets et des flingues, et les hoquets de surprise des types dont on tranchait les gorges en silence deviennent des hurlements de guerre et des jurons. Aussi surpris soient'ils les gars de la Faypher sont des coriaces, et ils ne leur faut pas longtemps pour se ressaisir, prendre les armes, et commencer à lutter pied et pied pour le contrôle du navire.
D'un geste j'indique aux gars qui m'entourent les trous d'hommes autour de nous. le pont supérieur est entre nos mains, et c'est donc en dessous que se jouera le combat. Autour des postes clés habituels, l'armurerie, la sainte barbe, les cabines des officiers.
Un homme ouvre la porte du château arrière, y lance une grenade, referme. Explosion. A l'intérieur, un couloir et les pièces qu'il dessert viennent d’êtres nappés de clous avec les pauvres types qui s'y trouvaient surement. On rouvre la porte, et c'est l'assaut. Les gars s'engouffrent dans les coursives, tirant a tout crin pour se couvrir. L'odeur de poudre et de sang sature les narines, la fumée pique les yeux. Une porte s'ouvre, une rafale de balles fauche les hommes devant moi et viennent ricocher sur mon Tekkai. Riposte, je frappe, ils meurent.
Hurlement au niveau inférieur. Bruits sourd d'une lame qui tranche des corps, chocs mous des corps qui tombent au sol. En dessous les gars tombent sur un os. A moi de jouer.
D'un coup de pied je démolis le plancher, me laissant tomber au travers pour me retrouver sur le pont principal. Ici aussi le combat fait rage, mais il y a plus de place. Plus de corps aussi, ceux des occupants qui ont étés égorgés dans leurs hamacs tendus en travers des poteaux ou plus tard les armes à la main, ceux des assaillants, tués sur les futs des canons en passant les sabords, ou un peu partout quand les gars de la Faypher se sont réveillés et se sont défendus. Le sol est maintenant si gorgé de sang qu'il est en poisseux et glissant. Visiblement personne n'a eu le temps de balancer de la sciure...
Et au milieu de la pièce il y a ce type, son casque délirant et sa gigantesque épée, qui tourne comme un derviche, muscles saillants, couvert de sang, en envoyant voler les membres et les corps de tous ceux qui s'approchent de lui.
-Écartez vous. Celui la est à moi.
Et alors que le derviche m'aperçoit et s'avance, d'un Soru j'attaque. J'apparais devant le gros dur juste à temps pour encaisser le mouvement rotatif de sa lame. Parade. Acier contre acier, mon bras contre sa lame. Et je la bloque. Dommage que le casque qu'il porte empêche de lire la surprise sur son visage. Ses muscles se tendent pendant qu'il force pour ramener la lame que la puissance de son coup a profondément enfoncé dans mon bras, et je frappe. Mon poing résonne sur son casque qui se fend en deux sous le coup, il trébuche, le poids de la lame l'entraine en arrière, et je frappe encore. Mon poing s'écrase contre son torse, le secouant d'une onde de choc dévastatrice. C'est comme encaisser un choc frontal avec le Puffing Tom. Le guerrier est projeté contre une cloison, perdant son casque brisé sous le choc. Révélant soudain une barbe longue, drue, sale et mal taillée. Barbe qui se couvre immédiatement de sang quand il vomit la pulpe qui lui sert maintenant d'entrailles.
Sa main se raffermit sur sa lame, et s'appuyant sur le mur il attaque à nouveau. Choisissant de mourir en continuant a se battre, chacun son truc. Son épée vient voler en éclats contre mon haki et ma main lui transperce la poitrine, l’arrêtant net dans sa course.
Une porte s'ouvre, une silhouette rattrape le guerrier au moment ou il s'effondre. Sur le pont la tache de sang s'agrandit, un sang rouge et vif qui s'échappe du corps a toute allure en emmenant sa vie avec lui. Mourant, mais pas encore passé.
-Alors papa... Elle me va comment finalement cette barbe ?
-Elle te va mieux que ton casque fils...
-Alors c'est parfait... Oui... Vraiment parfait... ça m'aurait déçu de mourir avec ce truc... A bientôt pére.
-A tout à l'heure fils...
Le pirate meurt et le vieux ne pleure pas. Il se contente de fermer les yeux de son môme de la main avant de se tourner vers moi. Fier. Fier et résigné malgré la haine brulante de son regard.
-Tout le monde meurt, et ton tour viendra aussi Red.
-Voila une certitude rassurante hein ? Tout le monde meurt...
Regard noir, dur. J'ai lu une fois un mec qui disait que la vie n'avait de but que le moment de ta mort. Monceau de conneries. Les seuls moments qu'on choisit c'est ceux ou on s'en tire, pas les derniers.
-Garde moi une place assise en enfer.
Un homme me tend un flingue, un homme meurt.
Puis d'autres aussi...
-C'est bon chef. Tous morts. Et maintenant ?
-Maintenant ? Maintenant on est de braves vendeurs d'armes de la Faypher, et on attend notre client.
-Pourquoi on s’embête a faire ça ?
-C'est une question d'optimisation tu vois.
-D'optimisation ?
-Ouais. L'optimisation c'est de pousser des gens à faire le boulot à ta place. Si on coule ses deux navires, la trans perd un bateau, et sait que c'est nous. La Faypher perd une cargaison, et sait aussi que c'est nous. Du coup qu'est ce qu'il se passe ? Mettons que la Faypher livre quand une nouvelle cargaison d'armes et décide de s'allier contre le tout nouvel ennemi commun. Tout ce qu'on aura gagné a ce coup la ce sera de s’être rendu la tache encore plus difficile qu'avant...
Alors que si on se retire de l'équation, qu'est ce qu'on a ? On a la Translinnéenne qui paye une cargaison d'armes a des escrocs notoires. Et juste après on a le navire de ses escrocs notoire qui envoie par le fond le bateau du client.
-Je vois le souci...
-Et au lieu d'une sainte alliance on a un début de bisbille qui ne devrait que s'envenimer quand les gars qu'on a liquidés ne reviendront pas, et que la Faypher refusera de rembourser les thunes.
-Bon, je vais coller des gars aux canons et à la vigie alors...
-Vapeur en vue !
L'inconvénient des navires à vapeur, c'est qu'on les voit quand même venir de plus loin. Bon, l'avantage c'est qu'ils sont capables de rattraper même des navires qui les ont vu venir. L'un dans l'autre, ça colle assez.
En tout cas, ceux de la Translinenne sont absolument superbes. Depuis les mats gonflés de voiles jusqu'aux fines courbures de la coque, tout a été pensé pour la vitesse. Et pendant que je l'observe arriver droit sur nous à la longue vue, penser que cette merveille va finir au fond de l'eau me fait presque de la peine.
-Ils l'ont pas armé pour la croisière celui la.
Bonne remarque oui. Délaissant les mats je ramène la longue vue vers le pont. Effectivement. Les chaloupes destinés aux passagers ont disparus du pont principal, remplacés par des canons. Et dans les mats ou à la manœuvre, les braves marins de la Translinéenne sont équipés pour la guerre.
-Les gars sont prêts aux canons ?
-Prêts.
-Fais remonter l'ancre et laisse le navire pivoter. Qu'ils approchent par le travers.
-Chef ! Drapeaux !
-Ils disent quoi ?
-ils demandent une identification.
-Montez le pavillon de la Faypher. Et saluez...
-Ils nous rendent le salut. Ils signalent qu'ils prennent en charge la manœuvre d'approche.
-Dis leur qu'on est à l'ancre, et qu'on ne bouge pas.
-C'est transmis chef !
Le vapeur ralentit lentement tout en continuant d'avancer vers nous en amorçant un virage léger. Il parait que les roues des vapeurs de la Transliéenne sont indépendantes, ce qui leur permet de tourner dans deux sens différents et au navire de pivoter sur place. Parfait pour la manœuvre au port. Ou pour ne pas avoir a faire un large virage d'approche pour accoster un autre navire.
-On tire quand ?
-Dés qu'ils sont a distance de porte voix.
Sur le pont d'en face je distingue maintenant clairement la silhouette du capitaine qui fait comme moi, et observe à la longue vue le navire dont il s'approche.
-Il nous hèle !
-Feu !
-OUVREZ LES SABORDS !
Le raclement d'une vingtaine de volets soudains tirés en arrière est immédiatement suivi de celui d'autant de canon qu'on avance d'un cran. Et en face, le capitaine se retrouve a contempler la gueule menaçante d'une bordée de canons prêts à tirer.
-Il vire !
-VISEZ BAS !
Le temps de réaction de l'équipage du vapeur est pour le moins impressionnant. Manœuvré avec habileté il réussit à virer de bord avant que la bordée ne déferle sur lui. Offrant judicieusement son flanc aux tirs plutôt que sa proue, et nous interdisant d'envoyer des boulets le ravager dans toute sa longueur.
-FEU !
La bordée nous enveloppe d'un nuage de fumée à l'odeur de poudre, hâtif, le premier tir frappe de façon dispersée le vapeur et les eaux qui l'entourent. Touchant la coque a plusieurs reprises mais sur des points situés bien trop haut au dessus de la ligne de flottaison pour le gêner dans sa manœuvre, et loupant la roue a aube qui nous aurait permis de le stopper.
-Tout le monde à la manœuvre ! On met les voiles ! Préparez les canons de chasse !
Le temps de recharger nous manque pour une seconde bordée. Pas avec la vitesse du navire en face. Heureusement le navire de la Faypher est aussi prévu pour ce genre d'affrontement. Et alors que le vapeur ne nous montre plus que sa poupe et commence a nous tirer dessus ave son armement de poursuite, notre navire sort en poupe deux énormes canons de chasse. Si massifs que le premier tir ébranle sa structure jusqu'au gaillard d’arrière.
Voiles larguées au maximum, nous prenons rapidement de la vitesse. Ce qui équivaut surtout a diminuer un peu la vitesse avec lequel le vapeur creuse l'écart avec nous.
-Il sera hors de portée en moins d'une heure.
-Ouais. Sacré navire. Dans un monde sans surprise, il s'en tirerait presque sans dommages.
-Un monde sans surprises et sans fils de putes comme nous.
-Ouais, ça aussi.
Tournant le dos à Karantane, les deux navires filent l'un derrière l'autre vers la pleine mer. Les canons légers du vapeur répondant au bruits de tonnerre des pièces lourdes de la Faypher. Chacun plaçant tour a tour quelques coups au but. Ceux de l'ennemi ne faisant guère que ricocher sur notre coque pendant que nos coups aux but réduisent en pièces son gaillard arrière, mais sans réussir a démolir son gouvernail ou son pilote.
-On commence à être court. Bientôt il sera hors de portée.
-Ouais, ils ne tirent déjà plus.
-Alors c'est le moment ?
-Ouais. Fais signe au Kraken. On est assez loin de Karantane pour que les types dessus ne voient pas exactement ce qui s'est passé. Avec le spectacle qu'on a donné, la seule version crédible qu'ils pourront sortir c'est qu'un coup chanceux nous a surement fait toucher un point important. La chaudière par exemple...
Wilson passe un coup de den den, et la dernière étape du plan se met en place. Et alors que sur le pont du vapeur on doit déjà se réjouir de s’être tiré de ce piège, le mécakraken passe à l'attaque. Sauvagement, brutalement. Surgissant sur le coté du vapeur comme une torpille, il vient l'éperonner a toute vitesse juste sous la ligne de flottaison et le traverse de part en part avant de disparaitre a nouveau sous les eaux.
Quasiment coupé en deux, sa structure maitre détruite et une brèche béante dans la coque, le vapeur continue un instant sur sa lancée avant de se briser soudain en deux parties qui s'empressent de s'enfoncer dans l'eau.
-Chargez aux explosifs et feu !
Maintenant immobile, la partie arrière du navire est cette fois touché de plein fouet par des obus explosifs qui la transforment immédiatement en copeaux et en débris enflammé. Et quelques minutes plus tard, c'est au tour de la partie avant de subir le même sort.
-Pas de survivants ?
-Toujours pas. Des scrupules ?
-Pas plus que ça.
-T'as qu'a te dire que ces gars la ont de la chance. Les gens meurent tout le temps pour rien un peu partout. Eux au moins, ils sont morts pour quelque chose...
-Héhé, ça c'est du cynisme putain. C'est bien vu. Cap sur Citadel ensuite ?
-C'est ça. Cap sur Citadel.