- Hey, Sweetsong !
Non, inutile. Va-t-en, laisse moi végéter en paix. Je sors tout juste d'un entraînement avec Raoul et de fait, la seule chose que j'arrive à prononcer est :
- Blrglreglegel...
- Moi aussi je suis content de te voir. répond néanmoins le coordinateur avec son sourire jovial, roulant dans la pièce sans se soucier des piles de papier qui recouvrent le sol.
Quoi encore ? Est-ce que ça a l'air d'être le bon moment pour discuter mission ? Pourtant le bonhomme est bien au courant de mon état, de cette espèce de courge inerte que je deviens après toute une journée passée en la compagnie du grand maître des arts martiaux du CP9. Et récemment grand maître du contrôle du Fruit des Séismes malgré lui, car oui, c'est à ça qu'il m'entraîne. A maîtriser cette foutue merde.
- J'ai des nouvelles sur un dossier qui pourrait t'intéresser ma belle.
Oui, non, plus tard. J'essaye de le lui faire comprendre en bougeant mon bras qui pendouille nonchalamment sur l'accoudoir de mon siège de haut en bas, mais visiblement l'agent n'en fait qu'à sa tête. C'est pas grave, de toute manière j'écoute pas. Non, je vais plutôt réfléchir à ce qui m'a amenée dans une telle situation.
C'était moins d'un mois plus tôt, le voyage en train au retour s'était révélé plus rapide mais pas moins pénible. Parcourue de tremblements et de spasmes, j'avais fini par tenir en grippe mes pouvoirs et éviter tout contact humain. Voire même tout contact tout court, enveloppée dans une épaisse robe de chambre qui m'avait suivie tout le trajet. Berk. Mais bon, au moins il n'y avait pas eu de bavure et nous avions pu faire la route sans incident. Ou sans incident majeur. Quelques petites vagues des fois qui venaient se percuter sur les côtés du train. Des petits trucs d'un mètre qui se soulevaient brusquement du niveau de la mer et venaient faucher les wagons quand je me brûlais avec mon café, par exemple.
- Merde, fait chier.
Si je n'avais pas appris à maîtriser les secousses que je générais, j'avais tout de même réussi à verrouiller l'utilisation de mes pouvoirs au possible pour ne pas couler l'embarcation par mégarde. A vrai dire, chaque station où le train était amené à s'arrêter était un véritable soulagement, bien que de courte durée systématiquement. Pendant ces courts moments de répit où l'on mettait donc pied à terre, je pouvais me laisser aller à respirer de l'air frais sans limites et retirer les barrières psychologiques m'enserrant l'esprit. Enfin pas trop quand même, mais juste assez pour ne pas me sentir étouffée.
- J'ai la réponse d'Alvaro : Raoul accepte de te prendre sous son aile. Mais à une seule condition ! m'avait informé mon chef d'équipe, le jour précédent notre arrivée à la base du G-0.
Quelle condition ? Je me rappelle, ça avait été ma question, mais genre vraiment appuyée, presque écriée. Quelle condition pour le vieux schnock et ses horribles marcels moulants, couverts de transpiration. Seulement le coordinateur n'avait pas éclairé la lanterne de mon partenaire à ce sujet et ce n'avait été qu'en arrivant que j'avais découvert cette très, très très mauvaise surprise.
- Que je lui masse les pieds ?
- Et tous les jours. s'était empressé d'ajouter le formateur tout en levant un index mettant en emphase son ajout.
Après quelques minutes de négociations ratées et de protestations vaines, j'avais finalement capitulé. Par chance, l'entraînement commençait le lendemain, mais comme une nouvelle n'arrive jamais seule et que les mauvaises attendent généralement au tournant, j'avais aussi appris que les massages étaient à réaliser à l'avance. Bon, au moins les pieds sentaient moins mauvais avant qu'après, c'était déjà ça. Toujours était-il que pendant près d'un mois, je m'étais appliquée à contrôler les afflux sismiques traversant mon corps, me révélant de plus en plus douée à me maîtriser.
- Te maîtriser, c'est bien, mais maîtriser ton pouvoir, c'est mieux. avait une fois conclu mon maître à penser tout en signalant la fin de la leçon.
Car oui, pour le moment le Fruit des Séismes ne m'était pas vraiment d'une grande utilité. Même plutôt un handicap, définitivement aliénant pour les bains dans lesquels j'aimais tellement me prélasser auparavant et que je devais désormais ne remplir qu'à moitié d'eau. Pour pas me noyer... dans ma baignoire. Pitoyable, mais pas autant que ce que je pouvais faire avec mes nouvelles capacités. Comme par exemple, faire trembler le sol... pendant quelques secondes. Ou bien pulvériser instantanément... une feuille. Pour le moment, certes, mais c'était vachement pathétique tout de même.
- Déjà, tu ne risques plus de couler le prochain navire sur lequel tu vas embarquer, c'est pas si mal. Bon, c'est vrai que si tu pouvais créer deux ou trois crevasses et générer des ondes pouvant broyer les os de tes ennemis, ça serait mieux. Tout vient à point à qui sait attendre, en fait. s'était résigné mon entraîneur lors de notre dernier entraînement qui m'avait laissée KO.
Et à la suite duquel Alvaro était donc venu me déranger. Tout ça pour m'expliquer les détails d'un plan que je n'avais écouté qu'à moitié.
- Tu as compris ? Je ferme la porte en partant ?
- Oui.
Euh oui, non. Non. Non définitivement non je n'avais pas compris un traître mot de son discours, mais oui, il pouvait fermer la porte. "Laisse moi tranquille et remballe ta quête, tu vois bien que je suis pas réceptive." était le message que je voulais lui balancer à la figure, mais la flemme aidant, je ne l'avais pas fait. Et à la place, l'homme avait affiché un grand sourire en venant récupérer une enveloppe d'un casier situé sous sa chaise roulante. Bon sang.
- Très bien, si jamais tu as des questions, voici le dossier de la mission. termine l'handicapé tout en envoyant valser une pochette en carton sur mon plan de travail.
Pourquoi est-ce que j'avais soudainement eu l'impression de m'être faite avoir ?
Non, inutile. Va-t-en, laisse moi végéter en paix. Je sors tout juste d'un entraînement avec Raoul et de fait, la seule chose que j'arrive à prononcer est :
- Blrglreglegel...
- Moi aussi je suis content de te voir. répond néanmoins le coordinateur avec son sourire jovial, roulant dans la pièce sans se soucier des piles de papier qui recouvrent le sol.
Quoi encore ? Est-ce que ça a l'air d'être le bon moment pour discuter mission ? Pourtant le bonhomme est bien au courant de mon état, de cette espèce de courge inerte que je deviens après toute une journée passée en la compagnie du grand maître des arts martiaux du CP9. Et récemment grand maître du contrôle du Fruit des Séismes malgré lui, car oui, c'est à ça qu'il m'entraîne. A maîtriser cette foutue merde.
- J'ai des nouvelles sur un dossier qui pourrait t'intéresser ma belle.
Oui, non, plus tard. J'essaye de le lui faire comprendre en bougeant mon bras qui pendouille nonchalamment sur l'accoudoir de mon siège de haut en bas, mais visiblement l'agent n'en fait qu'à sa tête. C'est pas grave, de toute manière j'écoute pas. Non, je vais plutôt réfléchir à ce qui m'a amenée dans une telle situation.
C'était moins d'un mois plus tôt, le voyage en train au retour s'était révélé plus rapide mais pas moins pénible. Parcourue de tremblements et de spasmes, j'avais fini par tenir en grippe mes pouvoirs et éviter tout contact humain. Voire même tout contact tout court, enveloppée dans une épaisse robe de chambre qui m'avait suivie tout le trajet. Berk. Mais bon, au moins il n'y avait pas eu de bavure et nous avions pu faire la route sans incident. Ou sans incident majeur. Quelques petites vagues des fois qui venaient se percuter sur les côtés du train. Des petits trucs d'un mètre qui se soulevaient brusquement du niveau de la mer et venaient faucher les wagons quand je me brûlais avec mon café, par exemple.
- Merde, fait chier.
Si je n'avais pas appris à maîtriser les secousses que je générais, j'avais tout de même réussi à verrouiller l'utilisation de mes pouvoirs au possible pour ne pas couler l'embarcation par mégarde. A vrai dire, chaque station où le train était amené à s'arrêter était un véritable soulagement, bien que de courte durée systématiquement. Pendant ces courts moments de répit où l'on mettait donc pied à terre, je pouvais me laisser aller à respirer de l'air frais sans limites et retirer les barrières psychologiques m'enserrant l'esprit. Enfin pas trop quand même, mais juste assez pour ne pas me sentir étouffée.
- J'ai la réponse d'Alvaro : Raoul accepte de te prendre sous son aile. Mais à une seule condition ! m'avait informé mon chef d'équipe, le jour précédent notre arrivée à la base du G-0.
Quelle condition ? Je me rappelle, ça avait été ma question, mais genre vraiment appuyée, presque écriée. Quelle condition pour le vieux schnock et ses horribles marcels moulants, couverts de transpiration. Seulement le coordinateur n'avait pas éclairé la lanterne de mon partenaire à ce sujet et ce n'avait été qu'en arrivant que j'avais découvert cette très, très très mauvaise surprise.
- Que je lui masse les pieds ?
- Et tous les jours. s'était empressé d'ajouter le formateur tout en levant un index mettant en emphase son ajout.
Après quelques minutes de négociations ratées et de protestations vaines, j'avais finalement capitulé. Par chance, l'entraînement commençait le lendemain, mais comme une nouvelle n'arrive jamais seule et que les mauvaises attendent généralement au tournant, j'avais aussi appris que les massages étaient à réaliser à l'avance. Bon, au moins les pieds sentaient moins mauvais avant qu'après, c'était déjà ça. Toujours était-il que pendant près d'un mois, je m'étais appliquée à contrôler les afflux sismiques traversant mon corps, me révélant de plus en plus douée à me maîtriser.
- Te maîtriser, c'est bien, mais maîtriser ton pouvoir, c'est mieux. avait une fois conclu mon maître à penser tout en signalant la fin de la leçon.
Car oui, pour le moment le Fruit des Séismes ne m'était pas vraiment d'une grande utilité. Même plutôt un handicap, définitivement aliénant pour les bains dans lesquels j'aimais tellement me prélasser auparavant et que je devais désormais ne remplir qu'à moitié d'eau. Pour pas me noyer... dans ma baignoire. Pitoyable, mais pas autant que ce que je pouvais faire avec mes nouvelles capacités. Comme par exemple, faire trembler le sol... pendant quelques secondes. Ou bien pulvériser instantanément... une feuille. Pour le moment, certes, mais c'était vachement pathétique tout de même.
- Déjà, tu ne risques plus de couler le prochain navire sur lequel tu vas embarquer, c'est pas si mal. Bon, c'est vrai que si tu pouvais créer deux ou trois crevasses et générer des ondes pouvant broyer les os de tes ennemis, ça serait mieux. Tout vient à point à qui sait attendre, en fait. s'était résigné mon entraîneur lors de notre dernier entraînement qui m'avait laissée KO.
Et à la suite duquel Alvaro était donc venu me déranger. Tout ça pour m'expliquer les détails d'un plan que je n'avais écouté qu'à moitié.
- Tu as compris ? Je ferme la porte en partant ?
- Oui.
Euh oui, non. Non. Non définitivement non je n'avais pas compris un traître mot de son discours, mais oui, il pouvait fermer la porte. "Laisse moi tranquille et remballe ta quête, tu vois bien que je suis pas réceptive." était le message que je voulais lui balancer à la figure, mais la flemme aidant, je ne l'avais pas fait. Et à la place, l'homme avait affiché un grand sourire en venant récupérer une enveloppe d'un casier situé sous sa chaise roulante. Bon sang.
- Très bien, si jamais tu as des questions, voici le dossier de la mission. termine l'handicapé tout en envoyant valser une pochette en carton sur mon plan de travail.
Pourquoi est-ce que j'avais soudainement eu l'impression de m'être faite avoir ?