Ca fait maintenant quatre jours que les nuages se tordent au-dessus de la ville. Il aurait pu faire plein soleil, ça n'aurait pas changé grand chose à la tronche des locaux. Ici, tout le monde tire la gueule. Dead Mood était un endroit très prisé il y a une génération ou deux. La terre était riche en minerais précieux et les concessions poussaient comme des champignons. Je te passe le détail, l'Histoire s'écrit toute seule. Croissance démographique, guerres de territoires, pillages, plaque tournante du trafic de diamants. Quand le Gouvernement a mis dans une balance le coût des pertes matérielles pour annexer l'île et ce qu'elle pourrait rapporter, Dead Mood a vite fini par se faire cribler d'uniformes blancs. La guérilla a duré un petit moment, mais j'ai eu le temps de me rendre compte depuis mon arrivée ici qu'il ne restait aucune poche de résistance. Il ne reste plus de diamants non plus d'ailleurs, alors forcément on ne croise plus un Marine sous chaque perron.
On dirait une ville fantôme. Les gens qui restent se sont réunis en une sorte de coopérative qui n'extrait plus assez des sols pour nourrir tout le monde. La rentrée d'argent se fait par le tourisme. Autant dire que presque personne ne vient. Moi, je reste pour le fourrage et parce que le maréchal-ferrant m'a promis de nouveaux fers pour Nobunaga. Ca met du temps d'en faire à sa taille, alors je tue le temps dans une taverne qui devait sentir bon le bourbon et la catin lors de son ouverture. Aujourd'hui, tout le bois a pris la poussière, le vieux piano du coin ne joue plus rien et le barman tousse tellement que si l'alcool ne butait pas les microbes je ne boirais pas ce qu'il me sert.
L'endroit est grand et vide. Hier, il y avait deux joueurs de poker menteur qui jouaient du berry à l'unité. Aujourd'hui, personne. Juste la toux du tenancier ponctuant la pluie qui vient se suicider contre le toit, de moins en moins imperméable. Les seaux à crachat ne se remplissent plus que de ce qui fuit. Ca fait une petite musique aiguë contrastant avec les tambours graves du dehors. C'est agréable malgré tout. Je regarde les traits aqueux qui chargent de haut en bas devant la vitre aux coins sales, confortablement assis sur une table ronde ramenée au bar pour me servir de tabouret. Lloyd, le barman, y a mis quelques épaisseurs de nappes pour que je m'y sente bien. Il m'aime bien je pense, presqu'autant que les berries que je claque chez lui pour sa coopérative.
C'est le premier gars que j'ai rencontré à Dead Mood. Comme il est le dernier commerçant ouvert, c'est aussi lui qui se charge de fermer la porte blindée de l'entrée de la ville. Ouais, il n'y a plus rien à prendre, mais l'époque faste a offert au lieu une muraille de plus de deux mètres et une porte en acier. Avant, ça servait à protéger le dedans de la vue du dehors. Aujourd'hui, c'est plutôt la vue du dehors qu'il faut préserver de la misère du dedans. Quand je me suis pointé, il pleuvait déjà. Lloyd a vu une gros cheval noir surplombé d'une large silhouette enveloppée dans un drap sombre, un truc calme au visage masqué par l'ombre qui lui a dit:
La comté.....Sacquet.
Le type ne savait pas bien quoi me répondre, surtout qu'en fait j'avais dit "Hey, l'confé, c'est l'troquet ?" en pointant le Gem du doigt qui semblait fermé. Le mec a fait l'effort de reprendre du service et on a papoté. J'arrive à lui faire décocher un fin sourire de temps en temps, mais il a les yeux tellement luisant à cause de sa manie de tousser qu'on dirait plus une sorte de compassion qu'on te sert aux enterrements pour te remercier d'être venu. Enfin, il y a de la viande depuis hier et de la boisson pour toute la durée de l'escale. Demain, je proposerai à tous les ex-combattants des lieux de me rejoindre. Les autochtones sont sans doute attachés à ce lieu au passé riche, mais parfois mieux vaut choisir de vivre et laisser mourir.
On dirait une ville fantôme. Les gens qui restent se sont réunis en une sorte de coopérative qui n'extrait plus assez des sols pour nourrir tout le monde. La rentrée d'argent se fait par le tourisme. Autant dire que presque personne ne vient. Moi, je reste pour le fourrage et parce que le maréchal-ferrant m'a promis de nouveaux fers pour Nobunaga. Ca met du temps d'en faire à sa taille, alors je tue le temps dans une taverne qui devait sentir bon le bourbon et la catin lors de son ouverture. Aujourd'hui, tout le bois a pris la poussière, le vieux piano du coin ne joue plus rien et le barman tousse tellement que si l'alcool ne butait pas les microbes je ne boirais pas ce qu'il me sert.
L'endroit est grand et vide. Hier, il y avait deux joueurs de poker menteur qui jouaient du berry à l'unité. Aujourd'hui, personne. Juste la toux du tenancier ponctuant la pluie qui vient se suicider contre le toit, de moins en moins imperméable. Les seaux à crachat ne se remplissent plus que de ce qui fuit. Ca fait une petite musique aiguë contrastant avec les tambours graves du dehors. C'est agréable malgré tout. Je regarde les traits aqueux qui chargent de haut en bas devant la vitre aux coins sales, confortablement assis sur une table ronde ramenée au bar pour me servir de tabouret. Lloyd, le barman, y a mis quelques épaisseurs de nappes pour que je m'y sente bien. Il m'aime bien je pense, presqu'autant que les berries que je claque chez lui pour sa coopérative.
C'est le premier gars que j'ai rencontré à Dead Mood. Comme il est le dernier commerçant ouvert, c'est aussi lui qui se charge de fermer la porte blindée de l'entrée de la ville. Ouais, il n'y a plus rien à prendre, mais l'époque faste a offert au lieu une muraille de plus de deux mètres et une porte en acier. Avant, ça servait à protéger le dedans de la vue du dehors. Aujourd'hui, c'est plutôt la vue du dehors qu'il faut préserver de la misère du dedans. Quand je me suis pointé, il pleuvait déjà. Lloyd a vu une gros cheval noir surplombé d'une large silhouette enveloppée dans un drap sombre, un truc calme au visage masqué par l'ombre qui lui a dit:
La comté.....Sacquet.
Le type ne savait pas bien quoi me répondre, surtout qu'en fait j'avais dit "Hey, l'confé, c'est l'troquet ?" en pointant le Gem du doigt qui semblait fermé. Le mec a fait l'effort de reprendre du service et on a papoté. J'arrive à lui faire décocher un fin sourire de temps en temps, mais il a les yeux tellement luisant à cause de sa manie de tousser qu'on dirait plus une sorte de compassion qu'on te sert aux enterrements pour te remercier d'être venu. Enfin, il y a de la viande depuis hier et de la boisson pour toute la durée de l'escale. Demain, je proposerai à tous les ex-combattants des lieux de me rejoindre. Les autochtones sont sans doute attachés à ce lieu au passé riche, mais parfois mieux vaut choisir de vivre et laisser mourir.
Dernière édition par Minos le Jeu 11 Jan 2018 - 16:47, édité 5 fois