Dead Mood 2011-2018. On dirait la plaque d'un enfant emporté par la leucémie hein ? Tu me diras, il y a eu autant de joie chez l'un que chez l'autre. Pour l'enfant je parle, pas la leucémie. Enfin, si ça se trouve la leucémie est une maladie rigolote, j'en sais rien moi. C'est pour l'hôte que c'est chiant.
2018, c'est une autre époque. Et l'attente de la fin du topic aura été fatale pour pas mal de monde. Galabru, que j'associerai toujours Au Grand Bazar, que j'adore, avec les Charlots, alors que Le Juge et l'Assassin dépotaient à mort. Alan Rickman, qui a eu à peine une citation au journal à cause de la mort de Galabru, et aussi parce que les gens le résument à Rogue d'Harry Potter alors que bordel, il est Hans Grüber de Die Hard. Christopher Lee, dont le dernier rôle aura été dans mon rêve le plus génial deux mois avant sa mort. Gisèle Casadesus, la plus vieille actrice française. Claude Rich et Mireille Darc, Johhny et France Gall, Nelson Mandela et Charles Manson. Robert Vaughn, qui a joué dans plusieurs Colombo dont un où il commet un meurtre en croisière et te fait un putain de marathon pour rejoindre l'infirmerie où il jouait le convalescent en mode ninja. Il se déguise même façon Hitman à un moment! Non seulement c'était drôle de voir à quel point il suait pour maquiller son meurtre, mais en plus tu savais que ça ne servait à rien. Il allait se faire choper. Eli Wallach, eh ouais, la Brute quoi. Et Robin Williams. Suicidé en plus. Alors lui, ça fait vraiment chier. Tu pouvais attendre la fin de
Dead Mood Robin, on a dit qu'on allait le finir! Y en a plein d'autres, des Gandolfini, Bowie et Ali, sans parler du combo Charlie Hebdo. On nous a cassé les burnes à nous faire dire qu'on était Charlie, y a même une école où un élève qui a refusé de dire qu'il l'était a été puni par la direction. Mais voilà, autant on peut pisser sur le courrier de ceux qui forcent la bonne morale infecte, tout comme on peut absolument être opposé au fait qu'un caricaturiste peut se foutre de façon facile de la foi profonde des autres, autant toute mort est déplorable, par balle ou à fond de balle. Paul Walker approuve.
Mais nous, nous sommes là. Alors voyons ce que ça donne quand le dé a fait 5.
Le dé a fait 5 : This is the end
"Gloup gloup gloup gloup!" Qu'ils font les assaillants. 'vec Rik, on tient le centre de la salle, prêts à en découdre. Mais le piaf se tient bien tranquillement perché sur le chandelier en décrivant des mouvements de chef d'orchestre. Et ses notes, ce sont des gloupiers qui courent bien plus vite que leur tenue de glandeurs laisserait présager. Leur cible, c'est la Cour. Les enfarinés à perruque grotesque se prennent des rasades de noix de coco dans les frusques et coquetteries. Et ça fait "Gloup gloup gloup gloup empoissez empoissez ces nobles Uffoyés. "
Et nous, qued'. J'imagine que c'est parce qu'on est étrangers. Ou alors c'est parce que Rik imite super bien leur danse. On est dos-à-dos mais je sens bien que ça s'agite derrière moi. Il kiffe la salsa de la coco le zazou. Moi, je me focalise sur l'attaque en me demandant la suite. Parce qu'on est d'accord, à moins que le lait de coco soit un puissant explosif, c'est pas avec ça qu'ils vont nous arrêter. Au premier envoi d'un truc qui ne contient pas d'alcool, on passe en mode berserkers et là c'est sûr que ça va péter. On va mettre le feu à tout le domaine, démonter toute la baraque. Mais rien pour nous. Et le lait est visiblement suffisant pour vaincre nos alliés de toujours depuis quelques heures.
Messire! Messire! Je suis empoissaaaaaaaayyyy!!!Je regarde le Rat se tenir le bras souillé, celui qui tenait l'arme qu'il a forcément dû lâcher. Quelques spitures de plus sur ses fringues et le Rat quitte le navire. Les autres, c'est pas mieux. J'assiste comme un photographe de guerre à une débandade face à une arme imparable, implaccable et sans pitié. J'entends les nobles commenter, en fuite.
Ces prolos brrrr nous ont sali la peau. Mais pourquoi ils nous ont sali la peau ? - On n'a pas le droit de faire ça à un noble....Après le carnage, il ne reste plus que Rik et moi, intacts mais seuls face à l'armada colorée. Le perroquet bleu descend enfin de son perchoir et pose une pate sur chaque épaule de deux touristes. Ces derniers s'éloignent peu à peu, nous montrant un vertigineux grand écart du perroquet qui est décidément très souple.
Ah oui, quand même- Je donne deux points à la Maison Griffon d'or. Et maintenant, si on se la finissait cette invasion ? Je connais un oiseau bleu qui va virer rouge-gorge. - Pièèèèce de huit, Pièèèèce de huit!- Il es assez cyan c't'oiseau. Kékevouvoulez ? - Pièèèèce de huit, Pièèèèce de huit !- Hmm, oui....c'est fâcheux. On n'a pas d'argent. De l'or, oui, plein. Mais de l'argent.- Si le bronze les intéressent on peut même leur en couler un beau ha ha ha ha ha! Mais ouais, pour le racket fallait venir des balles de tennis les gars, ou une pancarte "yé fin s'il vous plé" et des fringues comme dans the road. Vous connaissez the road ? C'est avec Aragorntenssen. Sont pas cinéphiles, ni lecturophiles. Sinon, y aurait forcément eu un cake pour lâcher son "c'est un livre à la base, ok ? Et le livre et mieux que le visio." Que j'aime pas ceux qui disent ça. Si l'écriture est si mieux que les images animées, branle-toi sur des bouquins au lieu de télécharger du porno si dégueulasse que tu te dégoûtes en relisant ton historique de recherche. Ah ces gens j'te jure, le besoin de la comparaison. Et c'est comme ça pour tout. Je pense qu'une façon assez claire pour déceler un con, c'est de voir qui a un besoin viscérale de se positionner sur une oeuvre par rapport à une autre. Comme s'il fallait choisir. Elite Dangerous et Star Citizen, Star Wars et Star Trek, Star Wars 7 et Rogue One, Mario et Sonic, Les Schtroumpfs et Astérix, sur les seins ou le visage, tu dirais que les cons ont toujours une impossibilité à apprécier un truc isolé. Faut forcément le comparer et sacrifier un des deux. Si bien que le mec qui dit "moi je m'en bats les couilles" devient le plus malin de tous. Moi je préfère ceux qui comparent pas à ceux comparent.
Mais là, rien, pour en revenir à l'histoire. Armés de leurs coco, je réalise qu'ils attendent tous quelque chose. C'est le perroquet qui brise le silence.
Tu perrrmets que je boive un peu de ce brrrreuvage pour rrrrincer tout ça ? - Ouais, je t'en prie, que je fais, urbain.
Il fait basculer la noix qu'il a dans le dos et commence a téter bien lentement en nous fixant de son oeil noir. Ca fait schlourrrrrrrrrrrrrrrrps quand l'air compartimente le reste de lait qu'il s'injecte dans le bec. Alors lui, il se prépare un bon perrototo.
Est-ce que le Douanier à l'air d'une pute ? qu'il me fait. - Hein ? Il lève une aile vers Rik qui disparait. Littéralement.
Est-ce que le Douanier à l'air d'une pute ? - Rik, nooooooon ! - Alors pourquoi t'as essayé de le baiser quand même ? Mais l'est con lui ?! L'est crazy in the coconut! Je cherche Rik du regard. En vain. Un Rik tout neuf, j'avais pas fini de le retrouver. Le sang s'agite. Je vire alcool mauvais en me creusant les rides de colère sur la gueule. L'armure se fait soudain étroite dans ce corps gonflé d'envie de tuer.
- J'ai Pas Essayé De Le Baiser. - Si, t'as voulu le baiser. Et i lse fait que le Douanier ne veut baiser qu'avec la Reine, Madame Gloup....Je le laisse pas finir, j'en ai rien à foutre de sa phrase. J'ai cassé la distance en un bond de Roi LouisXIV et lui fais virer la gueule au pourpre. Les gardes à fleurs ne peuvent pas faire grand chose, y avait qu'un truc qui volait dans la pièce et il est en train de se faire l'étranglement sanguin le plus définitif de sa vie. Ca panique et ça me plait. Fallait pas s'en prendre au pote. Même s'il ne serait pas d'accord avec les représailles. Même s'il n'est effectivement aps d'accord, là, à me parler pour me faire revenir à la raison.
- Ah ben peut-être pas quand même Minos. Rik ? Je le lâche. Le perroquet, pas Rik. Suis un peu. Rik est bien là, sérieux, un poil juge de mon attitude. Mais avec une pointe d'humanité et de compassion dans le regard. Je pige plus rien et toi non plus j'espère, parce que t'es dans ma tête et que ça me ferait chier de passer pour un demeuré devant toi. Relance de trouble, la Reine revient sur la scène. Elle se précipite sur le Perroquet qu'elle blottit là bien gesn rêveraient d'aller. Elle chiale, hystérique.
Pourquoi t'as fait ça ? Je la vois belle malgré tout avec les larmes sur son visage sombre, visage moins littéralement sombre chez les autres, mais tous me fixent comme si j'avais fait une connerie. Et Rik a toujours cette humanité dans le regard qui me dérange. J'ai besoin de calme, de réfléchir, puis de ne plus entendre mon ex future femme envahir la vaste salle de ses sanglots de désespérée. J'me barre. Au hasard, bien entendu. Y a plus le rat pour e guider et je suis pas chez moi. Que de couloirs, d'escaliers, de pièces inutiles. Dans un des couloirs, je croise la gamine surexcitée et et la même de la rue côte-à-côte, qui me fixent sans rien dire. Bordel, cette piaule est vraiment malsaine. Quand j'en ai marre de déambuler, je trouve une salle dans le noir total. Ca c'est cool. Je m'y engouffre, tâtonne et sens des tables. J'en tire une et m'installe sur ce que je perçois être un bar. Une petite murge, ça pourra pas régler les choses, mais ça fera plaisir. je tends le bras vers l'étagère à gnôle. Vide. Bien sûr. Au moins, y a le silence. Je me frotte les yeux, dérangé par le bruit de mes expirations. En retirant les doigts de mes mirettes, y a de la lumière, vive devant moi. Elle encadre le barman et toutes les bouteilles que j'avais pas pu sentir quelques seconde auparavant. Ne cherchant plus à comprendre, je me marre.
Salut Lloyd. C'est désert ce soir ici ha ha ha ha ha ! - C'est exact, Roi Minos. Qu'est-ce que ce sera ? - Eh bien, je suis vraiment content que tu me le demandes, Lloyd. Parce que j'en ai des choses à noyer ce soir. J'ai le bourdon, t'as le bourbon. On peut procéder à un échange, non, qu'est-ce que t'en dis ? Avec un grand verre et sans glace. Tu peux faire ça, Lloydy boy, t'es pas débordé ? - Non, Messire, je ne le suis pas du tout. Lloyd, ce bon Lloyd, me sert comme un Prince un verre que je dégomme de quelques gorgées. Ca me brûle la langue et me met un direct au cerveau. C'est si chaud que j'ai l'impression que ça me grille tout le tuyau à gourmandise quand ça rejoint l'estomac qui se marre déjà en pensant au boulot de con que va avoir le foie avec ce traitement de choc. A peine le verre posé, qu'il se remplit façon tonneau des Danaïdes. On n'a besoin de personne quand on a le meilleur de tous les barmen.
Voilà là péché des croyant, Lloyd. Le péché des croyants. Je t'aime bien Lloyd, et ça depuis toujours. Tu as toujours été le plus sympathique de tous les barmen, de Boréa à Amerzone. Amerzone, South Blue, pour être plus exact. Il me sourit. Je vide la moitié du second service et fais tournoyer le reste contre les parois. Je vois l'alcool prisonnier du verre et me demande, si je le libère en le buvant, qui me libérera moi ? La question absurde me décoche un rictus grotesque que je ne coupe qu'en libérant une partie des otages, en guise de bonne foie. Le silence reprend, sans que ma respiration ne me dérange plus. Après avoir pris le calme et contemplé le verre, les idées se mettent en place. A défaut des réponses, les questions. C'est un barman le Lloyd. Conseiller le déboires de ses clients, c'est un peu sa fonction secondaire. Quand les shots de 'sky sont moins chers et durent plus longtemps qu'une visite chez un spécialiste, les barmen deviennent les psys du monde moderne.
Je n'ai jamais butté quiconque gratos bordel. Je ne tuerai jamais quelqu'un qui n'a rien fait pour le mériter. Rik, c'est une raison de mériter de mourir. Je foutrai des gens au feu pour lui. Mais cette pétasse, aussi longtemps que je l'aurai pour promise, me fera chier dès que je voudrai rendre justice autrement qu'en lui boulotant les orifices à plaisir. T'es Roi, c'est ton job de faire régner la justice. L'ordre, oui, mais la justice surtout. C'est ce qui est bien quand un seul mec commande, t'as pas à craindre de révolte. C'est toi le taulier et c'est marre, personne ne pourra prétendre à ta place. Mais elle....
Quand le désordre vient de gens qui devraient te soutenir peu importe les conditions, la puissance royale s'étiole. J'ai voulu tenir la couronne d'un royaume qui n'est pas le mien, mais pas au prix de ce que je respecte. Ici, Rik. Et si un de ces emplumés de potes vient lui faire des déclarations d'amour par procuration, en lui montrant sa puissance conquérante, ben très bien. j'ai rien contre ça. Mais pas en buttant Rik.
Ok, Rik n'était pas mort en fait. J'ai surréagi en étranglant le piaf. Mais c'était un accident. Ca aurait pu arrive rà n'importe qui. Une perte momentanée de coordination musculaire, tu vois ? Quelques petits kilos d'excédent de dorikis par seconde, par seconde ! Silence. Lloyd reprend, apaisant.
C'est étrange, Messire. Je regrette de vous contredire. Mais c'est vous qui êtes le Roi d'Uffoy. Vous avez toujours été le Roi. Je le sais car moi j'ai toujours été ici. Cette fois, j'ai même plus envie de boire. Bravo Lloyd, t'es pas si doué que ça pour faire tourner la boutique. Ca expliquerait
Dead Mood c't'histoire. Non content de me faire me poser encore plus de questions, au risque de s'en prendre une pour marquer un poing final, v'là qu'il rajoute, aussi sec.
Savez-vous, Roi Minos, que Rik s'évertue à faire rentrer quelqu'un d'extérieur à cette situation ? Vous saviez cela ? Je savais pas.
C'est ainsi Messire. - Qui ? - Un Rousseau - Un Rousseau ? Jean-Jacques ? - Un douanier Rousseau. Rik a un énorme talent. Je ne pense pas que vous soyez au courant. Mais il tente d'employer son talent pour vous mettre échec et mat. - Hmm, que je fais, noir. C'est qu'il est têtu comme un poné. - C'est exact, Roi Minos. Un véritable poné. Je dirais même un galopin, si je puis me permettre. Peut-être lui faudrait-il un reroll, si vous me permettez ce conseil. Peut-être...même une couleur autre que civile. - Mais attends, attends, pour quel motif ? Je l'ai fait pape, on va changer l'eau en alcool. Quel est le mobile ? - Avez-vous vérifié que le véritable Pape était bien mort ? - Non. - Alors, il n'est pape de rien du tout, Messire. Mais, si je puis suggérer un théorie, je ne serais aps surpris que ce soit la Reine qui l'intéresse. - La Reine ? Non, la Reine et lui ne se connaissent pas. - C'est étrange, Messire. Parce que plusieurs fois il fit référence au fait qu'il l'avait, lui aussi, cubutée. Si vous me permettez l'expression. J'ajouterais, avec votre permission, que quoi de mieux qu'un Pape pour cacher le serpent ? La séduction est son arme, Messire. J'en tiens pour preuve le désordre qui envahit votre palais depus son retour. Il faudrait le corriger. Je vérifie. Il a raison.
Si Rik avait été un serpent, je me serais fait mordre. Nom de Dieu de putain de bordel de merde de saloperie de connard d'enculé de ta mère....Le fils de pute! Je me lève, furax, et virevolte vers la sortie.
Messire.Je me retourne. Lloyd, imperturbable, pose un pistolet incrusté sur le comptoir.
Pour corriger Rik, je vous suggère ce pistolet. Il tire des balles en argent. - Gné ? Rik n'est pas un loup-garou, Lloydy Boy, pourquoi j'aurais besoin de ça ? - A votre convenance, Messire. Toutefois, rappelez-vous que Rik disait ne pas avoir d'argent sur lui. Il y avait une raison à cela, si vous me permettez cette observation. Je chipe l'arme, la range sous le falzar et prends le chemin de la salle du trône. Enfin, on m'y conduit. A force de déambuler, je retrouve des gens que je connais, des nobles de la Cour. Ils m'indiquent mon chemin. Quand j'arrive à destination, le Perroquet est toujours là, posé sur l'épaule d'un de ses gars. Les autres me font une haie d'honneur. Enfin, un muret, vu ma taille. Mon hystérique aussi est là, visiblement plus calme. Assise à sa place, elle m'invite à siéger en majesté. Ce que je fais. Il fait anormalement calme. Je ne vois pas Rik. Le erroquet me fixe toujours, mais s'anime pour prendre un den den et causer à je sais pas qui.
Oui il est ici. Demandez au Docteur d'examiner nos hôtes. - Nos hôtes ? Quoi, genre Lloyd ? Lloyd n'a eu aucun mauvais traitement, je ne m'en suis pris qu'à toi. Tu peux l'examiner tant que tu veux, tu ne trouveras aucune blessure. - Ca ne fait aucun doute. Etant donné que Lloyd est irréel. Vos hallucinations sont plus graves que je ne le supposais. L'envie d'alcool, de drogue, ça se passe comment ? Huh ? Je me replace sur mon siège, sans savoir si je dois le butter ou jouer son jeu. Mais le fait que la Reine aussi attende ma réponse, comme tous les autres, m'invite à la patience.
- Toujours plus ou moins présente. - C'est la façon qu'a votre corps de gérer les anomalies dues aux effets secondaires de votre traitement. Mais en réalité, il n'y a pas une goutte d'alcool à des lieues à la ronde. Pas plus qu'il n'y a de Lloyd. - Ha ha, foutaises! Je viens de me prendre deux bons shots de bourbon, j'ai encore l'oesophage cramé. - Vous avez cru boire de l'alcool. Il n'y a que de l'eau ici, Messire. C'est tout ce que vous permet votre traitement que nous vous administrons depuis 84 mois. - Ah, ok. Donc, si je vous suis, vous me suivez depuis VII ans pour droguer mes binouzes du Nouveau Mond aux Blues. C'est ça la pilule que t'essayes de me faire avaler ? - Pas au Nouveau Monde, ici. Vous êtes ici depuis sept ans, comme patient de cette institution. Je le regarde au cas où il essayerait de confiner un fou-rire, mais j'arrive pas trop à décrypter les mimiques des zazous.
Je vois. Avec tout ce que j'ai vu en plusieurs années, t'espères me faire croire que j'ai pas bougé d'ici depuis des lustres. J'en ai vu des mecs ambitieux, mais là tu pipeautes un Roi, ma gueule. Je suis le Roi Minos. - Etiez! Vous étiez le Roi. C'est bien votre cha^teau, mais vous n'en n'êtes plus le souverain techniquement. Votre Cour administre vos affaires courantes en attendant votre rétablissement. Ils ont pour instruction de ne pas brusquer vos délires hallucinatoires. Voilà pourquoi aucun n'a osé vous contredire quand vous avez affirmer porter une tenue là où vous étiez nu en vérité. Tout comme personne n'a contesté le fait que vous preniez Lloyd pour témoin d'un duel qui ne vous a opposé à rien du tout. - Connerie, j'ai vaincu l'autre nobliaux à la loyale. Il m'a tiré dans la jambe. - Où est la blessure ? Vous vous plaignez d'avoir l'alcool qui vous brûle la gorge, mais pas d'avoir une balle logée dans la cuisse depuis plus d'une heure. - Contrairement à ta famille pendant la guerre, je suis résistant. - Et votre sol ? Vous vous êtes servi d'un projectile arraché au sol, où est-il ? Je me retourne. Sol lisse, aucun trou, rien.
- Pas mal. Mais t'as eu le temps d'en changer pendant que j'étais au bar, ou à la recherche de Rik en ville. Tu attires mon attention sur ce que tu maîtrises, comme un magicien. T'es doué, le Perroquet, mais tu manques de répétitions encore pour avoir Minos. - Très bien. Alors comment ai-je pu faire disparaître Rik ? - Comment ? Et comment je fais pour broyer un caillou sans forcer ? Chacun ses compétences mec, le fait que je ne connaisse pas tes tours ne font pas de ta magie un truc réel. Ce que je me demande, c'est comment t'as pas pu te faire disparaître toi quand je te faisais suffoquer. Ca t'a échappé ça ? Faut croire que t'as du mal à expliquer les trucs de tes tours quand ton cobaye fait un machin que t'avais pas prévu. - J'ai bien une réponse à cette question. Mais vous devrez me promettre de bien réfléchir à vos actes quand vous la découvrirez. Je vous demande de réfréner votre violence pour faire montre de beaucoup, beaucoup de réflexion. Notre expérience en dépend. Sir qu'on s'paie, j'acquiesce néanmoins.
Bien. Regardez, Minos, Rik est juste là. Il point un endroit ou je fixe. Et làn zoup, Rik apparait.
Ainsi que là. Rik apparait aussi là où il pointe l'autre aile. Alors là, je suis bluffé.
Comment tu fais ça ? - Je ne fais rien, Messire. C'est vous qui générez Rik. C'est aussi vous qui le faites disparaître. Allez-y, essayez. Et j'essaye. Un Rik, ça va, deux Rik, bonjour les tracas. J'en fais poper plein, dans des tenues et expressions différentes. Suffit d'y penser et ça apparaît. C'est fendard, puis flippant. Le jeu perd bien vite son charme et je me contente d'un seul collègue de beuverie, dans son éterner blazer, avec son sourire de brave bonhomme qui laisse sortir les gens dans les trains avant de s'y engouffrer. Je ris, tristement. Le Roi est un Fou.
Je vois. Il n'y a jamais eu de Rik. - Il n'y a jamais eu de Minos. Je pensais que vous aviez compris, mais reprenons depuis le début.
Vous êtes un Roi atteint d'une forme de démence. Vous vous inventez des personnages pour changer la réalité qui vous entoure. Il y a sept ans, avec la complicité d'un dénommé Rik, vous mettez le feu au village de vos sujets, brûlant des tables que vous prenez pour des dissidents. Nous vous faisons alors prendre un puissant somnifère et vous médicamentons. Je ne suis pas fan de pharmacologie, mais j'avoue que, dans votre cas...
Nous avons, au fil des années, compris que Rik et Minos agissaient en symbiose. L'un représentant le bien et l'autre le mal. Nous sommes certains que Minos était la face perverse de votre identité, mais impossible de le supprimer. Tout comme il nous était impossible de récupérer Rik. Nous avons alors étudié une nouvelle formule pour placer vos créations en synergie. Rik et vous étiez à nouveau réuni dans un seul et même délire hallucinatoire. D'un point de vue scientifique, le fait que vos personnalités se répondent est une prouesse et une opportunité. Je suis désolé d'avoir à vous le dire, Minos, mais vous êtes un virus dans l'esprit du Roi que vous êtes. Rik doit récupérer sa place. - Rik et moi, une seule personne ? Je veux bien croire qu'il n'existe pas, mais moi, je ne me suis jamais quitté.
- En êtes vous si certain ? Comment se fait-il que vous sachiez ce qu'a fait Rik depuis que vous l'avez revu ? Pourquoi parlait-il comme quelqu'un qui s'était envoyé la Reine ? Et ce partage naturel de la drogue de la haine de l'autre, des messages que seuls vous deux comprenez alors que vous ne vous êtes quasi pas fréquentés, comment expliquez-vous tout cela ? - On est...en phase ? Ca arrive parfois, croiser un type tellement cool que tu te sens hyper buddy avec. Et comment expliquez-vous ceci ? Il me tend un papier, que j'arrive curieusement à lire.
- Spoiler:
[23:29:36 11/01/2018] Alexandre Kosma : Bon, mes amis, sur cette note de bon gout, je vais aller me coucher, la bonne nuit o/
[23:31:08 11/01/2018] Minos : Ah bonne nuit en retard
[23:31:10 11/01/2018] Rik Achilia : et bonne nuit en retard
[23:31:14 11/01/2018] Rik Achilia : hm, intéressant
[23:31:14 11/01/2018] Minos : ha ha ha
C'est absurde. Je me rappelle ce moment, alors qu'il n'a pas pu arriver. - Et donc ? - Et donc...j'invente tout ça ? Je suis Le Roi Rousseau. Et j'ai créé Rik et Minos pour justifier mes actes de barbarie qui ont conduit à la destruction de mon peuple. Ma femme pose sa main sur celle de Minos, abattu, sans énergie. Le Perroquet me laisse poliment digérer la nouvelle. Long silence. Même Rik ne sourit plus. Merde, pour une fois que j'avais un ami. Faut qu'il soit une part de moi. Et même moi, je ne suis qu'une face d'un machin plus complet et qui m'échappe. Le suis le démon du Roi démon, le responsable du carnage et de la folie. Je suis une maladie. Et je ne me soigne qu'en périssant.
Bon. On fait quoi alors ? - Les touristes que vous voyez sont le traitement à votre maladie. Je ne suis pas un perroquet, cela va de soi. Je ne suis que la matérialisation de ce que vous entendez depuis votre sommeil. Nous ne pouvons traiter Minos sans votre consentement. Vous seul pouvez mettre un terme à votre maladie, messire. Alors, je vous en prie, laissez les vous soigner. Rik se réveilelra alors et Rousseau pourra à nouveau officier en tant que Roi. Uffoy sera sauvé. Je le regarde, impassible.
Votre proposition demande considération. Il attend, paré à envoyer les chemises à fleurs pour me traiter. Moi, je sors le pistolet, à son grand étonnement, et le braque vers le perroquet.
Comment vous êtes-vous procuré ça ? - Mais vos conditions sont irrecevables. - Attendez! Ce n'est pas une arme factice, ni un produit devotre imagination. Il s'agit d'un vrai pistolet. Je souris au perroquet bleu et tourne le canon vers Rik, impassible.
- Salut Rik. Au revoir Rik. Bang!
Rik se prend la dragée qui lui sort par la nuque. Lui qui voulait une clope, il expire sa dernière fumée et s'effondre. J'essaye aussitôt de le faire réapparaître, mais ça ne marche pas, plus cette fois. Pour mon esprit, il est mort.
Ca...ça ne se passe pas comme prévu! - La ferme, le piaf. - Qu'est-ce qu'il se passe ? panique ma femme.
- Vous me voyez toujours comme un perroquet ? Les hallucinations n'ont pas disparues ? - Hin hin, t'es toujours un volatile. Mais il y a écrit factice sur les armes de tous tes sbires. Et Silver Hawk.50 sur la mienne.- Ca ne peut signifier qu'une seule chose. Il reste une identité forte qui maintient votre esprit en désynchronisation avec la réalité. Etes-vous sûr que Rik est mort ? - Comme toi bientôt. Tu sais, le perroquet, je commence à me demander si toi aussi t'es pas une de mes personnalités.- Non Rousseau. Vous pouvez vérifier qui est réel ou non en essayant des les faire disparaître par la pensée. Ceux qui restent sont réels. J'essaye. Il ne disparaît pas.
Effectivement. - Il n'est pas trop tard Rousseau, nous pouvons encore vous soigner. Je le plaque au sol et lui cale mon canon dans le bec.
Mon nom est Minos. Bang!
Giclée de sang. Je parlais d'un rouge-gorge, mais c'est plutôt un oiseau sans tête. Nouveau cri de ma femme, qui cette fois n'ose pas venir me péter les noix. Je me tourne vers elle et la braque. Du coup, elle aussi, et en silence. J'ignore si elle est réelle ou non. je pourrais le vérifier, puis traiter le problème. Mais j'aime laisse une part de mystère, après tout j'ai passé un bon moment avec elle. Puis, ce qui est vrai ou non, qu'est-ce qu'on s'en fout ?
Quitte Uffoy à jamais. La prochaine fois que je te revois, sois sûre que je t'accueillerai avec de vraies balles. Je range le pistolet, quitte la salle du trône.
***
Ca fait maintenant trois jours que les nuages se tordent au-dessus de la ville. Il aurait pu faire plein soleil, ça n'aurait pas changé grand chose à la tronche des locaux. Ici, tout le monde tire la gueule.
Dead Mood était un endroit très prisé il y a une génération ou deux. La terre était riche en minerais précieux et les concessions poussaient comme des champignons. Je te passe le détail, tout a finalement cramé . Sauf un endroit, un bar appelé le Gem.
On dirait une ville fantôme. Les gens qui restent se sont réunis en une sorte de coopérative qui n'extrait plus assez des sols pour nourrir tout le monde. La rentrée d'argent se fait par le tourisme. Autant dire que presque personne ne vient. Moi, je reste pour le calme, alors je tue le temps dans une taverne qui devait sentir bon le bourbon et la catin lors de son ouverture. Aujourd'hui, tout le bois a pris la poussière, le vieux piano du coin joue les dernières cordes qu'il lui reste et le barman tousse tellement que si l'alcool ne butait pas les microbes je ne boirais pas ce qu'il me sert.
L'endroit est grand et animé. Deux joueurs de poker menteur qui jouent du berry à l'unité. Je les fais disparaître, comme le joueur de piano, pour ne rien entendre. Juste la toux du tenancier ponctuant la pluie qui vient se suicider contre le toit, de moins en moins imperméable. Les seaux à crachat ne se remplissent plus que de ce qui fuit. Ca fait une petite musique aiguë contrastant avec les tambours graves du dehors. C'est agréable. Je regarde les traits aqueux qui chargent de haut en bas devant la vitre aux coins sales, confortablement assis sur une table ronde ramenée au bar pour me servir de tabouret. Lloyd, le barman, y a mis quelques épaisseurs de nappes pour que je m'y sente bien. Il m'aime bien je pense, presqu'autant que les berries que je claque chez lui pour sa coopérative.C'est le premier gars que j'ai rencontré à
Dead Mood.
Comme d'hab, Lloyd. Le bourbon se remplit et me savate les lèvres dès la première lampée. Jamais decevant. Je prends des nouvelles auprès de mon vieux complice. Parait que le château a pété. Parait que le Roi a pu s'en tirer. Parait que ça pourrait décider le Gouvernement à enfin se rappeler la misère des pauvres gens ici. Perso, je m'en tape comme d'un truc qui ne me concerne pas, mais ça me ferait plaisir que Lloyd se trouve un meilleur endroit que ce trou paumé pour officier. parce que ce que je t'ai pas encore dit sur Lloyd, c'est qu'il est le plus sympathique de tous les barmen.
Bruit de porte qui s'ouvre. Un client. J'avais pas commandé de client. Je le fais disparaître. Il reste. Bon, faisons comme ça. Le type, grand et mince, s'installe en silence à côté de moi.
Il passe sa commande en faisant chanter les berries sur le comptoir. Un whisky, double. Moi, je me marre.
Je suis le Roi Minos, mais tu peux m'appeler Minos. Et toi, t'es quoi ? Le Pape ? Aucune réponse. J'insiste, plus dérangé par les étrangers que ne le sera jamais Lloyd. Quand tu vois un mec débarouler dans ton bistrot pour se tremper les lèvres avec du désinfectant, t'attends pas qu'il passe commande, tu le fixes avec un air suspicieux, genre le mec est coupable rien que d'exister, et tu lui sors avec une pointe de sarcasme dans la voix "qu'est-ce que tu bois, étranger ?". C'est encore à moi de tout faire.
T'es qui, au juste ? Qui t'envoie ? T'es un nouveau traitement ? D'où tu viens ? Ou-est-ce que tu comptes aller ? Rien, ni oui ni merde. Je soupire en tapotant du doigt pour qu'on le serve.
Ca n'a aucun intérêt, c'est ça ? Je pose pas des questions qui t'intéressent. Tu vas rester là, ne rien dire et remettre des piécettes pour tes consos ? Hmm. C'est quand même pas bien compliqué de dire son nom, bordel. Je le sens usé. Lloyd finit de lui servir son double, qu'il saisit, à mon petit étonnement. Avant de le boire, il me décoche enfin un mot, celui de la fin.
- Spoiler:
Trinita.