Poker et jeux d'argent

Poker et jeux d'argent

Staz D. Hiraki

Quatre de carreau et As de trèfle. Voilà la main qu'avait Staz au début de cette partie de poker. Quatre personnes étaient assises aux différents coins de la table. Une pile de jetons devant tous les participants. Ce n'étaient cependant pas l'argent qui avait attiré le jeune lieutenant à cette partie. En effet, devant l'homme le plus agé des joueurs, se trouvait un fruit, ressemblant à une grosse framboise, mais portant des spirales caractéristiques des fruits du démon. A n'en pas douter, c'en était un, d'autant plus que l'homme en question, affublé d'un capuchon cachant un début de calvicie, n'hésitait pas à s'en vanter, disant ça et là qu'il serait prêt à le parier si l'occasion se présentait.

Quatre et As, de deux couleurs différentes... Staz revérifia sa main, comme s'il espérait qu'une des cartes avait changé, avant de déclarer :
- Je suis

Et il poussa deux jetons blancs devant lui avant d'attraper le chocolat chaud placé à sa droite, et d'en boire une petite gorgée.

- Moi aussi
- La même

Puis, le joueur servant de croupier durant ce tour enleva la première carte du paquet, avant de placer les trois suivantes face visible sur le tapis de jeu.

C'étaient un deux de pique, un trois de trèfle et un huit de coeur. Rien de bien avantageux pour Staz donc. Il décida alors de se coucher, abandonnant ses jetons, se disant que deux jetons blancs n'auraient servi à rien et n'étaient pas une grande perte.

Le tour se termina sur une victoire du vieux, qui obtint un full de deux par les trois. Il empocha donc la mise, qui était devenu au cours du jeu un bon petit paquet d'argent.

Le tour suivant se solda également par une victoire du vieux, qui détenait un full aux as par les rois. Autant dire qu'avec cela, il lui était quasiment impossible de perdre... Il se trouvait désormais avec le plus gros pactole de la table, tandis que Staz avait déjà perdu une bonne moitié de son argent, ayant suivi jusqu'à la fin, pensant gagner avec un brelan de rois. Les deux autres joueurs s'étaient couchés dès le premier tour, laissant la partie se continuer sans eux.

- Je vais arrêter là, merci bien !
- Déjà ? C'est dommage, je commençais à peine à m'amuser. Enfin c'est vrai que je te plains... T'as pas gagné une seule fois...
- Mais nan, reste, c'est cool !
- Mais de toute manière l'autre vieux mettra jamais en jeu son fruit du démon...
- Comme tu veux. Par contre si tu pars, ne viens pas pleurer pour revenir...
- Ouais c'est ça... Allez, salut !

Puis, le vieux, fixant Staz du regard, lâcha, comme s'il était certain de gagner :
- On continue ?

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Staz D. Hiraki

Les parties s'enchaînèrent aboutissant à chaque fois au même résultat, le vieux gagnait, encore et toujours, dépouillant de plus en plus ses deux adversaires. Puis, après plusieurs longues minutes de jeu, l'ultime partie débuta.

Une paire de cinq. Un bon début pour Staz, qui suivit sans broncher. Ses deux concurents firent bien sûr de même, avant que les cartes suivantes ne soient retournées. Il s'agissait d'un quatre, d'une dame et d'un valet. Staz continua tranquillement à parier quand le vieux déclara, toujours aussi sûr de lui :
- Tapis !

Incrédules, ses deux concurents se regardèrent, déclarant à tour de rôle :
- Je continue
- Pas moi, je me barre... Allez, salut ! Et il rejoignit son ami au comptoir.

Les deux dernières cartes furent retournées. il s'agissait d'un as et d'un cinq. A ce moment là, Staz eut un grand sourire. Il fut en effet presque certain de gagner, ayant en main un brelan de cinq. Il plaça alors ses cartes sur la table en annonçant son résultat, et approcha sa main de la pile de jetons, s'arrêtant brusquement lorsque le vieux anonça :
- Quinte flush royale

Il déposa alors ses cartes sur le tapis, s'appropriant la mise avec sa canne. Il avait en effet en main un roi de pique ainsi qu'un dix de pique. Ces deux cartes, formant avec le valet, la dame et l'as de même couleur, la combinaison la plus puissante du poker.
- Bon bah merci d'avoir per...

Un revolver venait de se poser sur sa tempe. Le directeur de l'établissement le tenait fermement, comme s'il s'apprêtait à tirer. C'était un petit homme rabougri, assez jeune cependant. Il avait, chose étrange, des cheveux rouges et un bouc d'une même couleur.
- Excuse-moi, je peux jeter un oeil à ta manche s'il te plaît, j'ai eu plusieurs plaintes te concernant...
Le ton qu'il avait employé, dur et autoritaire, contrastait énormément avec les mots prononcés, polis et amicaux. Cela contribua à amener une ambiance pesante à la scène.

Le vieil homme se porta alors ses mains à sa tête et se leva. Staz ne l'avait pas remarqué mais il était étrangement petit. Plus encore que le gérant. Et, alors qu'il commença à relever ses manches, l'ancien adversaire de jeu de Staz arriva par derière et le retint, tout en lui chuchottant :
- Ne te fatigue pas, je vais les relever pour toi...

Soudain, une carte tomba, suivie d'une autre, et d'encore une autre. C'étaient respectivement deux As et un roi, tous de pique. Alors qu'elles frappaient le sol, le tricheur se baissa et enchaîna d'une balayette à destination de l'homme derrière lui. Elle le frappa de plein fouet, et, tandis qu'il sortit un couteau, une balle l'atteint à l'omoplate. Il s'écroula alors en gémissant, toujours en vie néanmoins.

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Staz D. Hiraki

Le tricheur était désormais menotté à un brancard, emmené par deux marines en dehors de l'établissement, probablement en direction de la base.

Cinq autres marines, accompagnés du sergent Monet avaient fait irruption dans le bâtiment, interrogeant les personnes présentes au moment des faits et interdisant à tout le monde de quitter le bar. Après plusieurs minutes d'interrogatoire minutieux, le sergent s'approcha du lieutenant, qui sirotait encore et toujours un chocolat chaud.
- Salut ! Désolé du retard, on a eu quelques soucis... Encore merci de nous avoir prévenu...
- Ouoh, c'est rien tu sais... C'est normal...
- Sinon, askip' on a le droit de réquisitionner ce qui lui appartenait et qu'il avait joué... Je le fais ou tu t'en charges ?
- Sérieux ? Cool ! Je m'en occupe t'inquiète !

Puis, Staz ajouta, presque en criant :
- Sur ordre de la marine, les biens ayant appartenu à euh... A l'agresseur qui vient d'être arrêtés sont désormais propriétés de la 154e division.

A ces mots, un marine apportant un énorme sac de toile fit glisser l'intégralité des jetons à l'intérieur, et attrapa le fruit d'une main, le lançant au lieutenant, comme s'il lui revenait de droit. Ce dernier l'attrapa et le glissa dans sa poche, avant de relancer la discussion qu'il venait d'avoir avec son subordonné.
- Et donc ? Vous savez qui est ce type ?
- Ouais... Il est pas vraiment connu dans le coin. C'est un arnaqueur tout ce qu'il y a de plus classique. Il a fait le tour de plusieurs îles à proximité avant de venir...
- Rien de bien folichon donc...
- Bah si ! Justement ! Il a tellement douillé plein de gens qu'il a une prime sur sa tête ! Bon... 100 000 berries ça casse pas trois pattes à un canard, mais c'est toujours ça...
- Euuuuhhh. Oui mais non... Je vais pas les prendre... Déjà que j'en aurai qu'un tiers, si en plus je dois remplir toutes les formalités... Ca vaut pas le coup... Si tu la veux, prends la !
- Sérieux ??? Trop cool ! Merci ! Coeur sur toi ! Je t'aime !
- Par contre t'es gentil tu te calmes hein ? C'est pas trop mon kiffe les choses comme ça ! Hahaha !
- T'es sûr ? C'est pas ce qu'on m'a raconté...

Le visage de Staz se crispa soudain, comprenant qu'on l'avait vu lorsqu'il était avec Ewan...

- D'ailleurs, pour le moment, à part moi, personne est au courant. Ca te dit que ça reste secret ? J'aurais un petit service à te demander...