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Comme un trèfle à cinq feuilles

Si mon corps tremble, ce n'est pas seulement à cause de l'eau froide en cette sombre nuit ni de la douleur qui parcourt ma main après avoir trop joué avec mon fusil pour faire reculer les hommes de Nielson... Non, j'ai été forcée d'abandonner des innocentes qui avaient besoin d'aide. À quoi bon vouloir protéger et servir si on ne peut même pas assurer la protection des nôtres, alors celle des civils ? Mais, les ordres ont les ordres. La Commodore à raison, j'ai déjà la chance de ne pas être devant une cour martiale ou de finir devant par la suite. Évidemment, je n'aurais jamais tiré sur des marins, ce n'était que de l'intimidation, mais de la même manière que rien ne prouvait qu'ils en étaient, rien ne peut assurer que je n'aurais jamais franchi la ligne de non-retour

Une opération sans nom, au couvert de l'astre lunaire pour aller débusquer un repaire de pirates. C'est un peu normal pour des marins, peut-être que c'est un peu moins habituel de devoir autant jouer la discrétion. Mais en même temps, je n'ai pas non plus envie de me faire bombarder par des canons dans une position surélevée ou de me retrouver encerclé dans un lieu inconnu. Mais j'ai surtout encore moins envie de me retrouver à devoir laisser les hommes de Nielson assurer nos arrières, alors qu'ils seraient plus prompts à nous les palper qu'à nous les sauver. Je ne suis pas la seule à penser cela, c'est certainement pour cela qu'il n'y a pas eu de problème à nous faire accepter cette mission qui est disons le, dans un cadre très particulier autant dans ce qui se déroule que dans la manière de mettre cela à exécution.

Je suis dans cette sorte de tenue de plongées aux couleurs criardes, alors que les filles me suivent en canots. J'essaye de faire le moins de bruit possible, mais forcément la nage d'une géante... C'est par chuchotement qu'on discute entre nous.

"On a de la chance qu'ils ne nous aient pas déjà repérée..."
"C'est difficile de nager silencieusement."


Alors que je lui dis ça, je croise les bras et... ... ... Je viens à peine de me rendre compte que j'ai pied, pas de beaucoup, et j'ai de l'eau jusqu'au menton, mais c'est le cas.

"Oui bon forcement comme ça, c'est plus simple..."

Du coup, je fais faire s'attacher les canots entre eux puis les tracte, mais à pas de loup, si je m'enfonce dans le sable en emportant les embarcations, j'aurais l'air fin tient. Au moins, ça me fera de l'exercice, ce n'est pas que, mais je l'ai déjà dit, mais il fait froid scrogneugneux ! J'espère que notre guide ne va pas nous faire poiroter sur la plage. D'ailleurs en parlant de ça, je me rends compte que j'ai le haut de la poitrine hors de l'eau, petit à petit je sors ainsi en approchant de la terre ferme. Finalement, c'est sans encombre que nous atteignons la plage, mais ce n'est pas la partie difficile de toute manière. Sur plus, je me rends compte qu'il y a un homme et ses effluves arrive à aller jusqu'à mon nez, c'est qu'il doit vraiment empester le bougre.

"M'enfin la grande. Z'avez s'qui faut ?"
"Pardon ?"
"bah les affaires et mon p'tit t'avance."
"..."
"Oui, tenez, c'est dans cette mallette !"

bien sûr, j'aurais était surprise qu'elle ne soit pas pleine de vigueur et remplie d'engouement pour si peu, la pauvre n'a pas la vie facile. Enfin ça me rassure, elle me semblait particulièrement fade dernièrement, à moins qu'elle ne fasse semblant pour nous rassurer ? Allez savoir. En tout cas, on lui donne son argent et il sort d'une poche, avec quelques déchets, quelques appeaux... À quoi peuvent bien servir des appeaux quand on essaye de passer discrètement dans une île qui d'après ce qu'on me la dit est plus qu'hostile ?!

"S'tu veux pas t'faire mouflet l'derière, faut avoir son sifflet."

Mouflet ? Il est ivre c'est ça ? En tout cas, je n'ai pas mon mot à dire, c'est Vasilieva qui est à la tête de notre expédition.
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Ça y est, elles sont parties. D'abord avec la géante nageant à leurs côtés, assez bruyamment, puis les tractant après s'être rendue compte qu'elle a pieds. Tss.

- Tu es prête ?

Probablement. Sûrement. Je me retourne de la drôle de scène des chaloupes se rendant au nord de l'île pour faire face à la jeune femme. Distinguant plus loin à l'ouest les silhouettes des cinq navires du Contre-Amiral, toujours à quai, toujours aussi immobiles.

- Ouais.

Je laisse tomber l'épais manteau blanc pour à la place dévoiler ma tenue noire, en dessous. Moulante et discrète, elle se marie bien dans le paysage nocturne. Malgré la présence de la pleine lune qui éclipse notre invisibilité relative. Mais c'est le prix à payer pour pouvoir réaliser l'opération sur les deux fronts.

Les navires sont à plusieurs bonnes centaines de mètres de distance. Un espace assez large pour ne pas avoir à subir la cacophonie des rustres et la vision de leurs gestes déplacés. Tout cela assez lointain et pourtant : c'est notre destination. Suis-je sûre de vouloir y mettre les pieds ? Pas vraiment, mais comme il fait nuit et que seuls quelques gardes veillent, ça ne peut pas être l'enfer. Surtout que vu d'ici, les bateaux semblent faiblement éclairés. Ce qui est à la fois mystérieux et rassurant.

Je suis donc la première à m'élancer. Effectuant une série de Geppous pour me propulser assez haut dans l'air, suivie de la CP4 sur mes talons. Lorsque notre altitude est alors suffisante pour ne pas être découvertes, j'enchaîne finalement avec le mélange de Soru et Geppou résultant donc en la technique appelée Kamisori. Le vent souffle légèrement, une faible brise nocturne, assez fraiche, qui accompagne notre traversée aérienne. Et sans peine, nous rejoignons assez rapidement l'un des mats du premier navire. Le plus à porté, le plus petit et le moins bien protégé, forcément. Une simple caravelle avec seulement deux types à bord, dont un qui roupille.

Passant donc sur les voiles et les cordages, nous rejoignons assez aisément le mat du Croiseur baignant à côté. Sauf que là, la situation se complique quelques peu.

- Trois gardes à onze heures, trois gardes à trois heures.

- J'ai vu.


De toute manière nous devons mettre pied à terre. Descendre des mâts. Car l'unique moyen d'accéder au cuirassé, où se trouvent les appartements du Contre-Amiral, est par l'arrière du navire sur lequel nous nous trouvons. Donc pas le choix, cette fois-ci il va nous falloir nous frotter aux sentinelles ou bien les esquiver. Sauf que lorsqu'un faisceau de lumière se braque involontairement sur le visage de ma comparse, je comprends que nous n'avons pas le choix.

Paf ! Paf ! Blom.

Avant d'avoir pu dire ouf, les hommes se mangent trois uppercuts contrôlés. Maîtrisés pour ne pas les envoyer dans l'autre monde, mais toutefois assez puissants pour les catapulter dans celui des songes. Brutalement endormis, les veilleurs patrouillant sur le gaillard avant chutent sur le sol. Dans un bruit sourd qui prévient les trois autres, ne tardant pas à subir le même sort par la main habile de ma consœur.

- Beau boulot.

- Ils le méritaient de toute manière.


Vrai. Dans le tas, je reconnais l'un des hommes qui m'a manqué de respect. Bien fait pour sa gueule. Toutefois nous ne sommes pas encore tirées d'affaire. Saisissant des cordages à proximité, j'entreprends donc de ligoter et bâillonner les gardes avant que d'autres ne tombent dessus. Et de les dissimuler dans des tonneaux vides. L'idée est rapidement reprise par l'agente, qui, à défaut de trouver d'autres tonneaux, choisit de jeter les bonhommes dans l'une des chaloupes collant au flanc du navire.

- J'avais dit qu'il s'appelait revient. Ils auraient mieux fait de le renvoyer.

- Allez, la voie est libre, cessons de perdre du temps !


Prestement, je rejoins la jeune femme à pas feutrés sur les planches grincantes de l'embarcation. Un escalier rapidement monté nous menant sur la dunette, nous découvrons finalement le pont principal du cuirassé. Et, là où il devrait normalement y avoir une vingtaine d'hommes postés pour monter la garde, le minimum vital pour garder le navire, il n'y a rien. Juste quatre pauvres gusses en train de jouer aux cartes au milieu du pont principal. Visiblement un strip poker.

Et si mon Haki m'a laissé entrevoir les ronflements et signes vitaux dans les précédents navires, pour le coup ce que j'ai devant moi c'est une carcasse quasiment vide, déserte.

Ce qui est très mauvais signe.
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"Il a de la chance qu'on l'ait trouvé avant les pirates."
"Pourquoi ils se seraient méfiés d'un autochtone ? S'il était dangereux pour eux ils lui auraient fait du mal avant non ?"

Je ne comprends pas pourquoi elle pense qu'il est en danger. Maintenant oui il l'est, si on le voit avec deux cent deux membres de la marine ils vont assurément se dire que ce n'est pas leur meilleur ami. Enfin soit, moi tant qu'il me conduit la où on doit se rendre sans encombre, je compte bien m'assurer qu'il restera entier et en bonne santé. Bon, le truc c'est que tant qu'on est dans la nature, c'est plutôt son rôle de nous garder en vie.

"Moins d'blabla, plus d'souffle !"

Ah oui, j'oubliais ses appeaux, on les a partagés entre nos éclaireuses qui du coup se sont mises autour de nous et soufflent dans ces choses en bois qui ne produisent aucun son, sans réellement comprendre pourquoi. Enfin, ça s'était jusqu'au moment ou il  yen a une qui a oublié de le faire et qui a bien failli se faire sauté littéralement à la gorge par un serpent... Difficile d'avoir le bon rythme quand on n'est pas habitué, si bien que petit à petit... Quelques incidents isolés sont  déplorer.

"heureusement que la bonne vieille pétoule, il a ses antidotes !"

Effectivement, même is je ne peux pas m'empêcher d'avoir de la peine pour celle qui subisse ses bons soins, c'est d'une puanteur abominable et je n'ose même pas imaginer le goût.

"J'ai l'impression d'avoir avalée de l'urine."
"Tu sais quel goût ça a ?"
"Hé bien non, enfin..."
"Bougez vos fesses, on n'est pas en colonie de vacances."

Faut dire, que je n'avais ni envie d'entendre la réponse, ni d'imaginer les circonstances et les raisons de son doute... On passe au milieu de pointe rocheuse plus grande que tout ce que je n’ai jamais vu, au milieu du'ne jungle aux températures plus que torride et en plus, il  ya pleins d'insectes et aussi... Non ce n'est pas une idée, un arbre, ça ne bouge pas comme ça.

"Monsieur ?"
"Jacky ma grande !"
"Vous avez un sifflet à ma taille ?"
"Qué que j'y foutrai avec un truc à ta taille ?! Héhé, Si ta peur du vieux Nessy, il bouff qu'dés arbres."

Le vieux Nessy hein ? C'est mignon comme nom, pour un serpent de... deux fois ma taille en longueur et qui est large comme mon bras, avec deux ou trois épaisseurs de manteaux par dessus... Je le trouve un peu moins mignon quand il vient fait le tour de ma jambe et amène sa gueule au niveau de mon visage et semble presque me rire au nez avec sa langue fourchue qui me caresse la joue. Puis au bout d'une minute qui m'a paru une heure, par comme si de rien n'était en emportant comme casse-croute un arbre certainement centenaire...

"Zavais d'la chance, moi le bougre m'ignore d'puis l’affaire du séquoia."
"Du séquoia ?"
"C'est un arbre bougre didiote, ta rien appris à l'école ?"

Faut dire que l'école, je n'ai pas vraiment pu entrer dedans... Mais ça n'en reste pas moins vexant de se prendre ce genre de vérité dans la figure, mais au moins ça m’a fait oublier Nessy... Enfin... La raison pour laquelle les humains sont méchants avec moi c'est peut-être la même que celle pour laquelle j'ai pensé de mauvaises choses du serpent géant alors qu'en réalité, il semble... Gentil ? Pacifique on va dire, la peur ? À méditer. Finalement, notre guide nous fait faire une halte, entre autres pour s'occuper des malheureuses qui ont eu moins de chance que le reste du groupe.

"On est a moins d'un tit quard'heure du crâne, zet prêtes ?"
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- Héhé, carré d'as. A moi le magot.

- Pitié, j'ai déjà tout donné. M'obligez pas à enlever mon slip.

- C'est bien maigre comme rançon mais j'accepte.

- Héhé.

- Bwéhéhé.

- Bande de cons !

- Déhaha... Hé, vous avez entendu ?

- Quoi ?

Pffoutt

- Espèce de dégueulasse !

Elle est belle, la Marine. Plus encore, ils sont beaux les gardes. Le fleuron de la 644ème, mystérieusement disparue. La bonne nouvelle, c'est que l'on devrait pas trop avoir de mal à fausser compagnie à ces gars-là. La mauvaise, c'est que...

- Le cuirassé est vide.

- Comment ça vide ?

- Bah vide, pas plein.

- Tant mieux non, si l'on veut passer inaperçues ? On touche au but.

- Sauf que s'il n'y a personne sauf ces quatre là, cela veut dire que toute la 644ème est ailleurs. Ailleurs, genre possiblement aux trousses de la 346ème.


Elle s'arrête dans son mouvement, prête à bondir de l'autre côté. Sauf que non, elle comprend mon air décomposé, elle l'adopte elle aussi, à son tour. Car si nous pouvons profiter de la situation, d'autres vont devoir se frotter à ce qui pourrait très bien leur tomber dessus. Ce ne sont évidemment que des suppositions, mais une division de la Marine ça ne se déplace pas comme ça. Pas sans raison. Et si l'on a bien affaire à celui à qui on pense avoir à faire et bien.

- On doit les prévenir ! Tu as ton escargophone ?

- Je l'ai. Mais je crois que Vasilieva a oublié le sien.

- Mince. Bon, qu'est-ce que l'on fait ?


Cruel dilemme. Pour la première fois, je suis partagée entre ma mission de CP, mon véritable travail, et les obligations de ma couverture de Marine. Ma responsabilité de devoir être aux côtés de mes subalternes et de leur fournir une protection. L'agente du CP4 attend d'ailleurs mes ordres, finalement subalterne comme une autre. C'est ça, être chef d'équipe. Je m'en rends compte semaine après semaine et par chance, toute cette histoire aura permis de me former à la tâche. Au commandement.

Dans tous les cas, le choix est cornélien, mais par chance on est deux.

- Vas y, rejoins les. Leurs traces doivent encore être fraiches et le cortège assez facile à retrouver. Enfin, heureusement comme malheureusement, si cela veut dire qu'ils ont une foule de pirates ripoux au cul. Essaye d'être plus rapide qu'eux, c'est tout ce que je peux te dire.

Pas besoin de le répéter deux fois. Je sais bien que l'agente tient à ses congénères, même plus que moi. Elle a fini par se rapprocher de la géante et celle-ci, on peut dire qu'elle constitue une cible difficile à manquer. C'est peut-être ça le problème. En voulant privilégier la discrétion avec une Marine de douze mètres, on s'est probablement fourvoyés. C'est pas impossible à faire, mais on n'y a pas été en douceur. Et pour ça, Konsho n'est pas non plus très douée. Dans tous les cas la jeune femme à mes côtés s'incline, puis disparaît furtivement dans la seconde. Une minute supplémentaire d'attente, durant laquelle j'observe la silhouette ténébreuse virevolter dans les voiles, puis rallier le navire en "volant".

Me voilà désormais seule face aux quatre guignols du coin. Et la situation d'urgence ne me rend pas plus pacifiste. C'est pourquoi je ne perds pas de temps. Bondissant dans les airs, j'attends d'être au-dessus d'eux pour finalement me projeter violemment sur leur table.

- Tu sens pas un drôle de courant d'air ?

- C'est vrai, c'est étr-

- Soru.

Distribuer des baffes à une vitesse supersonique. Prendre l'un pour taper sur l'autre. Les bonshommes finissent rapidement dans les pommes tous les quatre. Enfin presque. Le dernier, massé sous le tas d'hommes inconscients, essaye maladroitement de se dépêtrer pour en sortir. J'en profite pour le passer à tabac et l'interroger.

- Vous saviez pour les pirates ? Vous saviez que nous les attaquerions cette nuit. Parle !

- Je... Je ne vois pa-aïeuh !

- Parle où je t'arrache l'oreille et je te la fais bouffer !

Des méthodes purement Cipher Pol, c'est évident. Mais pour le pauvre Caporal, la peur est tout ce qui le symbolise. Peut-être sait-il déjà que, vu qu'il a reconnu mes traits, je devrai le supprimer à la fin. Pour ne pas laisser des traces. Je fais néanmoins miroiter la possibilité d'une sortie sans trop d'encombres. En une seule pièce. Et avec ce savant mélange de menaces et d'espoir, j'arrive finalement à lui faire entendre raison.

- C-c'est... l'une de nos femmes... errrgh.. A l'infirmerie... elle a laissé échapper les informations... concernant votre opération... aarrghh !

Konsho, bon sang. Il y en avait donc d'autres, des réfugiées susceptibles ? Mon cul, des espions et des espionnes. Un cafard est resté à bord et il a tout fait fuiter. Et à l'heure actuelle, il doit même être avec la division en train de progresser dans la forêt. Et de guider les poursuivants, peut-être.

Rouge de fureur, crispée, je contracte davantage mes doigts sur le maigre cou du traître, coupant sa respiration. Et finalement l'achever en lui brisant la nuque. Sitôt déchargé par dessus bord, je continue ma route en direction du pont inférieur où se trouvent les cabines et les quartiers d'équipage. Pénétrant par le biais d'une trappe permettant d'accéder à l'un des nombreux couloirs de l'habitacle, je m'enfonce ainsi dans les corridors sombres qui se croisent et se prolonger sur toute la longueur du navire. Pour enfin découvrir la cabine du Contre-Amiral, laissant échapper des rayons de lumière dans l'interstice du sas verrouillant la pièce.

Plus besoin de preuves désormais, le témoignage du soldat et le coup monté de la 644ème suffisent. J'ai assez de mobiles pour mettre le bonhomme hors d'état de nuire, en espérant que Betty soit assez rapide pour empêcher un éventuel massacre. Alors je m'approche de la porte et je l'ouvre, découvrant derrière une vaste pièce aménagée. Non pas de livres, comme dans ma propre cabine, mais ici de riches parures, des coffres en pagaille, des pièces d'or sur le sol et d'autres symboles d'abondance et de corruption. Des pots de vins, assurément. Mais de qui ? La réponse ne tarde pas à suivre.

Quand dans le lit je discerne une silhouette féminine qui se redresse et me rend mon regard interloqué.
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"Pourquoi j'ai la vague impression d'avoir fait une erreur plus regrettable que les autres ?"
"Laquelle ?"
"C'est pas faux."
"C'est quoi qu'ta pas comprise ?"

Une fois les antidotes remis à celles qui en avaient besoin, le matériel préparé, les corps reposés et nos esprits parés, il est temps de rejoindre notre lieu de destination.

"Une fois arrivé, ne vous montrer pas trop s'il vous plaît."
"Ch'sais, chui trop vieux pour ces conneries."

Ce n'est pas réellement un problème d'âge, plutôt de taux de survavibilité et de protection de civil... Ah oui et que s'il vient à casser sa pipe, on va avoir un peu trop de mal à rentrer sans toutes y passer en prime. Bref, que de bonne raison de le chouchouter et de s'assurer qu'il est en bonne santé, même si le fait que c'est un innocent civil suffit déjà tout à fait. En faisant le moins de bruit possible, à pas de loups en approchant du Crâne-qui-rit . Finalement, on approche de cet édifice qui porte bien son nom. Des ruines immenses et majestueuses par dessus une entrée de caverne en forme de crâne humain. Un spectacle à faire froid dans le dos, mais je suis trop occupée par un détail pour réellement y penser.

"C'est marrant, j'étais persuadé que le drapeau de Ravrak avait une balance et pas de rose... Ou d'ailles même."
"Parce que ce n'est pas le sien triples andouilles !"
"Effectivement... La déesse enfant ?"
" Oui !"
"Vasilieva, si je ne te connaissais pas un minimum, je serais affreusement vexée."

Enfin bref, on a mieux à faire, des armes en mains, on avance vers un combat inéluctable avec des pirates, même si finalement ils ne sont pas sous l'égide de l'empereur auquel on pensait, ça ne change pas grand-chose au final. On a deux choix, l'assaut frontal qui serait suicidaire... Mais le meilleur serait que je reste hors de vue que nos petites... Que nos combattantes les plus discrètes, surtout nos éclaireuses donc aille s'occuper des sentinelles. Cela me parait tout de même plus logique et bien meilleur pour nos chances de survie globales. Pourquoi, attaquer en force une place-forte alors qu'on ne sait pas comment elle est défendue, qu'elle est conçue comme une grande forteresse et alors qu'on a l'avantage de pouvoir les attaquer par surprise est tout de même n'est pas très judicieux. Inutile de préciser que la Loque opte pour cela sans même me consulter, c'est tellement évident qu'il n'y a pas de question à se poser.

Le plus gros des forces est derrière un pic un peu plus loin, hors de portée des armes conventionnelle, mais cela serait beaucoup moins vrai pour de l'artillerie et ils seraient totalement stupides de ne pas avoir fortifié leurs positions avec des canons. J'attends avec le plus gros des troupes, une petite douzaine de nos marines les plus subtiles serpentes dans le reste de territoire entre le Crâne-qui-rit et nous. C'est difficile, même pour elle d'être bien cachée, même à la faveur de la nuit qui approche doucement, bien évidemment le terrain entre la place-forte et l'extérieur à était aplani et rasé pour éviter justement de laisser des couverts à d'éventuels assaillants. C'est ce genre de petits détails qui prouve que contrairement à l'état des hommes de Nielson, ceux qui sont ici savent ce qu'ils font et sont en place pour rester longtemps.

L'attente est longue, j'examine le moindre mouvement tant qu'elles sont dans mon champ de vision, mais de la même manière, je ne peux pas réellement voir la fin de l'infiltration, car, cela serait être moi-même être visible. Je ne les vois plus, je croise les doigts et la division entière retient son souffle. Pas de bruit de coup de feu, pas de cris, c'est une bonne nouvelle pour le moment. Sauf que la bonne nouvelle tourne court quand on se rend compte, qu'elles ne font pas plus signe de leurs réussites au bout d'un quark d'heure, puis...

"C'est un piè[...]"

Elle ne finira pas sa phrase, son appel est immédiatement masqué, même coupé par une rafale de coup divers dans sa direction qui met fin à son existence de manière si brutale et inattendue que j'en ai le cœur qui fait un bond. Il est maintenant évident qu'ils nous attendent et que sans l'effet de surprise, on vient d'envoyer douze des nôtre à l'abattoirs au mieux, dans une captivité sordide, de la torture et toute autre exaction sordide certainement aussi. Je me risque à une œillade pour espérer voir où elles sont, mais je suis accueilli par deux coups de canon à la hauteur de ma tête. Non seulement ils savent qu'on est là, mais aussi pour ma présence donc ça ne laisse que peux d'explications.

"Ils ont étaient prévenu, des éclaireurs dans la jungle ?!"
"Peu importe, on a un problème autrement plus urgent..."

J'espérais qu'elle hurle, cela aurait voulu dire qu'on n’est pas dans une situation aussi désastreuse que je l'imaginais... Aller tout droit c'est aller droit au massacre et il n'y a pas d'autres chemins, le principe d'une place-forte c'est justement de défendre les points d'accès et d'en offrir le moins possible. Des cris viennent détruire ce semblant de silence, ils nous provoquent en torturant certaines des filles qu'ils viennent de capturer, enfin je préfère imaginer cela plutôt que d'autre type de service même si ça reste tout aussi monstrueux. J'ai du mal à me contenir, mais je suis bien forcé de rester calme. Si je fonce sans réfléchir, ils auront bientôt des dizaines de prisonnières avec lesquelles jouer en plus.

Je grince des dents, alors que j'entends une des nôtres supplier pour qu'ils arrêtent ce qu'ils font, bien en vu au-dessus du crâne certainement pour nous inciter à venir la sauver. Si je n'étais qu'une sorte de chevalier blanc débile, je foncerais dans le piège, mais je suis une officière avec elle près de deux cents victimes potentielles de tout acte d'incompétence de ma part, et j'ai déjà bien trop de sang sur les mains avec Astérion.

"Sans la surprise, il ne nous reste qu'une diversion ?"
"Pas faux, je m'en occupe..."
"Mais, je dois le faire, je risque moins d'être blessée !"
"Et qui s'occupera des canons ennemis ?"

Certes, je me calme immédiatement, elle ne me fusille pas du regard, mais j'aimerais presque qu'elle le fasse, je suis vraiment trop sur les nerfs, si je ne réfléchis pas c'est la fin et c'est ce qu'elle m'indique silencieusement. Elle se prépare à passer de la gauche à la droite, d'ici à un autre couvert le tout en passant en vue des pirates. C'est dangereux, mais si elle ne les occupe pas ainsi je ne pourrai pas aider à balayer ce qui est le plus dangereux pour le gros des troupes. J'inspire fort, serre fort mon fusil chargé dans mes mains et lui donne mon signal. Elle part avec un grand groupe en tirailleur pour éviter de trop grosses pertes, puis quand les tirs fusent, tir malheureusement précis pour nous, je sors de ma cachette pour cibler un des canons. J'ai à peine le temps de tirer et manquer l'un d'eux, avant de me prendre une volée, qui me rate tout autant. C'est un peu comme être caché derrière un arbre et en face d'un peloton d'exécution, j'ai à peu près les mêmes chances de survie si je ne me dissimule pas d'ailleurs.

Cette fois-ci, j'ai quand même eu le temps de voir grossièrement comment sont réparties leurs forces et ce n'est pas très bon pour nous. Une partie des troupes sont allongées contre le crâne, ce ne sont pas les plus dangereux en apparence, mais leurs fusils a canon long et leur position allongée leur donne un fort rapport défense et attaque. Cinq mètres au-dessus, au niveau de la falaise il y a des créneaux, presque invisibles sans regarder plus attentivement, c'est de là qu'une partie des coups de canon partent. La seconde partie vient de plus loin, dans les sortes de ruines qui sont plus en arrière, c'est aussi les pièces les plus lourdes au vu de la différence d'impact entre la première et la seconde salve d'obus à être tombé même si ça se compte en une poignée de secondes à peine. Mais pires que ça, il doit y avoir un roulement entre les tirs pour toujours avoir des pièces prêtes à m'accueillir, ils doivent penser que je suis une des personnes les plus dangereuses en face d'eux pour agir ainsi.

Le fait qu'ils soient retranchés est déjà une purge, mais si en plus ils sont aussi organisés ça va signer notre perte si on ne réagit pas en conséquence et en étant rapide, sans être trop pressés. S'ils ont des tunnels ou des passages secrets, ils vont nous prendre à revers et là nous n'aurons plus aucune chance. De la même manière, nous ne pourrons jamais tenir un siège, ils doivent avoir des ressources qui nous font défaut. Peut-être qu'on devrait battre en retraite ? Mais ce n'est pas une bonne idée, s'ils nous attaquent pendant notre retraite ils font nous moissonner aussi simplement qu'un paysan avec une bonne faux. On est déjà en mauvaise posture, on ne va pas leur offrir leur victoire sur un plateau d'argent non plus.

Maintenant que j'écoute bien, au milieu des gémissements de douleur, il y a un roulement régulier entre les salves de leurs armes les plus puissantes, soient ils font attention à leurs munitions soient, ils sont trop coordonnés pour s'en rendre compte, peut-être les deux. Il faut que j'en ai le cœur net, je fais des signes à la Loque pour la prévenir, je ne suis pas sûre qu'elle ait pu les voir, elle est sous un feu nourri et à perdu une partie de ses suivantes, elle a mieux à faire. Je fais semblant de sortir... Première salve, canon léger, un, deux, trois, quatre... Cinq, six, les lourds... Si j'ai raison, j'ai vingt bonnes secondes avant de risque de me faire laminer par l'artillerie, je vais quand même me prendre une pluie de plomb, mais c'est moins violent, même si quand même dangereux. Je fonce un bras devant le visage et le visage bas pour aller vers le tout dernier abri possible avant de devoir être à découvert face aux remparts naturels ou non du crâne. J’ai à peine eu le temps de me jeter à couvert, j'ai quand même était salement amochée, entre autres par un boulet qui a emporté un gros morceau de chair au niveau de mon bide... Je bande ma blessure en me collant à la paroi, voyant et sentant les tirs ricochets affreusement près de moi. Certains cessent de tirer ? Malédictions ! S'ils se redéploient pour pouvoir me tirer dessus je suis fichu.

Notre section d'artillerie perd son sang-froid et malgré les ordres de rester a couvert, tente une sortie rapide pour pilonner ceux qui me viennent à la pointe est des défenses adverses avec un trio de canon. Même si elles arrivent à les faire changer d'avis, la punition en retour est rapide et expéditive... C'est encore un lourd tribut à payer pour la division Carter qui n'a pas besoin de ça. Je ne peux pas les laisser faire, on a déjà trop de morts, si je ne peux pas détruire leurs obusiers, je vais devoir caser la porte pour qu'on rentre. On aura forcément des pertes, mais si on ne bouge pas on va toute y passer de toute manière. Vasilieva n'a pas le loisir de m'interdire de le faire, elle a perdu un tiers des soldates qui l'on suivit et essuie encore un feu nourri sur sa position, c'est maintenant ou jamais, la salve des bombardes les plus lourdes passe et... Fusil en main, je fonce vers un destin peu favorable.

Une porte lourde en bois est apparue, fermant la gueule du squelette part deux lourds tas de bois massif et renforcé de métaux, il faudrait un gros bélier pour défoncer ça, ça tombe bien, un fusil de dix mètres de long peut faire officice d'engin de siège... Bon par contre il y a de fortes chances qu'il rende l'âme dans la manœuvre, j'espère surtout ne pas en faire autant. Une fois arrivé devant l'entrer du camp adverse, je prends mon arme à deux mains et tente d'enfoncer celle-ci à coup de crosse. Plus vite, plus vite ! Dix-sept, pourquoi elle ne lâche pas ! Allez ! Allez ! Un dernier coup, le bois craque, il cède dans un lourd fracas, mais cela fait vingt secondes, je vais moi aussi avoir le droit à ma punition pour avoir était trop longue... La salve tombe comme une tempête meurtrière, je suis littéralement jeté en arrière.

"Non... Non ! Pourquoi... Chargez... Bon sang chargez !!!"

Un torrent de point bleu et blanc qui sort des rochers, une vague d'insecte qui se jette contre un mur de poudre et d'acier... Les morts se comptent maintenant en dizaine, mais les premières de nos filles entrent finalement avec à leur tête une loque qui fait plus que jamais mentir son nom, surtout quand elle est passée sous quatre de nos avant-gardes empalés sur le dessus des remparts qui gesticulent encore... Des pals à bout ronds, les pourritures...


Dernière édition par Ai Konshō le Mer 31 Aoû 2016 - 13:01, édité 1 fois
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C'est une belle femme. Avec un charme certain, mais aussi une impression de dangerosité qui émane d'elle. Un sentiment qui la rapporte aux grands fauves, farouche, les canines déployées, les sens en alerte. Elle ne bouge pas, je fais de même, mais mon regard la dévisage et aussitôt je sais. Je sais car je me suis intéressée à elle. Je sais car elle a la réputation de posséder l'une des lames jumelles aux miennes parmi les trois restantes. Dent de requin, un sabre écarlate, comme s'il était imbibé de sang. Et quand vient la question de me demander où son sabre réside, j'ai à peine le temps de me pencher pour esquiver une puissante lame d'air. Qui vient découper le sommet de la pièce et percer le plafond.

- Aucun doute, c'est bien toi.

La preuve la plus tangible et la plus efficace de la corruption du Contre-Amiral. La présence d'une femme dans son lit. Sa partenaire, son amante, que sais-je. Mais dans tous les cas, une pointure de la piraterie, puisque celle-ci n'est ni plus ni moins que la Commandante de la Quatrième de Kiyori, l'impératrice pirate. Et visiblement, elle ne s'attendait pas à ce que je la réveille. Ni à ce que ce soit mon visage qui apparaisse dans l'encadrement de la porte.

Profitant donc de ma surprise, la jeune femme noue autour de son corps le draps dans lequel elle s'était enroulée. Silencieuse, elle se redresse pour me faire face avec sa lame rouge. Et la pointe vers moi.

- Si vous vous étiez mêlés de vos affaires, vos femmes seraient encore en vie.

- Désolée, j'ai pas pu résister. J'ai pas eu mon lot de pirates au petit-déjeuner ces temps-ci. Et c'est tombé sur vous.

Je ne sais pas si je dois être dégoutée ou horrifiée, de voir un mélange aussi infâme. Mais surtout de comprendre que l'homme s'est abaissé à un tel niveau. Défouraillant à mon tour, je viens toucher la lame de la pirate du bout du sabre pour l'inviter à combattre. Tandis que sur le pont supérieur, au niveau de la brèche réalisée par la Commandante, des voix viennent s'alarmer, naissant dans le silence nocturne. La 755ème division, celle qui n'est pas partie avec...

- Où est le Contre-Amiral ?

- Devine. Un indice : tes femmes doivent le savoir, elles.

Elle assène ce simple mot qui vient débuter le combat. Accompagné d'un coup d'estoc que je pare maladroitement, pliée sous la force brute de la jeune femme. Elle est forte et sa lame d'air n'était qu'une mise en bouche. Qui plus est, je suis handicapée par le combat naval. Utiliser mes pouvoirs c'est possiblement saborder mes chances d'en sortir en vie. Et le suicide est loin d'être une solution viable pour le moment.

Alors nous échangeons en coups et en parades. Chaque fois que les deux lames se rencontrent, celles-ci semblent propager des vibrations sans que ça soit de mon fait. Et modifier progressivement l'environnement avec les coups balancés par la jeune femme, découpant le vide pour en faire des courants d'air tranchants. Rapidement, les coups sur les différentes lames provoquant des tintements succins viennent susciter l'intérêt de mon adversaire pour Clair de Lune.

- Un Meitou ?

- Ça doit te dire quelque chose, non ?

- En effet. Et je le récupèrerai sur ton cadavre.

Les lames de ninja sont rares, puisque rarement résistantes. Elles ont facilement tendance à se briser et seules quelques lames d'exception existent. Pour ce type de sabres, seulement trois. Clair de Lune, Dent de Requin et Lohengrin. Alors si la pirate s'est penchée sur leurs origines, elle doit être assez familière avec mon épée comme moi je le suis avec la sienne. Ce qui la fait sourire.

Les multiples lames d'air ont rendu la pièce dans laquelle nous avons engagé le combat méconnaissable. Le plafond ayant disparu, de multiples trous dans le sol créant ainsi un parcours d'obstacle, les murs tombés à différents endroits, nous voilà à l'air libre dans une espèce de fausse. Une fausse aux lions où les spectateurs qui se massent, pour certains avec des yeux encore endormis, sont des Marines déguisés en pirates. Ou le contraire. Mais dans tous les cas pas des hommes de bien. Et comme dans toute arène de gladiateurs, il n'y a pas de règles.

- C'est la grosse salope de cet après-midi !

- Ouais, vas-y Mei, défonce-la !

- Garde m'en un bout, Commandante !

J'affiche un rictus, détournant volontairement l'un des coups aériens de la bonne femme en direction du public. Pas de chance, une dizaine d'homme est touchée, bientôt remplacée par un nouveau banc de spectateurs tout aussi virulent.

- Ils sont à ta botte on dirait.

- Ils m'obéissent au doigt et à l'oeil. Ce sont mes petits toutous de la Marine. La 346ème aurait pu l'être aussi, si elle avait demandé gentiment.

- Plutôt crever. Profite de tout cela, de ce dernier-combat et des clameurs pirates. Elles ne vont pas durer.

Les multiples lames d'air ne viennent plus endommager le mobilier sans but précis. Celles que je peux parer viennent directement cibler les chiens galeux à la surface. Tandis que j'esquive les autres. Et cela va bientôt faire une bonne vingtaine de minutes que notre duel se prolonge et que des hommes ne cessent de tomber. Pourtant ils se font toujours aussi nombreux. Par centaines ils se pressent. Et quand je suis sûre qu'ils se sont tous amassés sur le pont principal, je saute.

Les Geppous s'enchaînent sans commune mesure, me faisant grimper comme une étoile filante dans les cieux. Les cimes à partir desquelles j'observe le spectacle en contrebas. Les centaines d'âmes présentes sur les cinq navires et qui ne cessent d'affluer en direction du cuirassé. Et les deux perles rougeoyantes de l'escrimeuse qui ne tarde pas à sauter prestement dans la foule. Elle sait que je prépare un mauvais coup pour le navire. Elle donne des ordres, je peux l'entendre beugler, mais les hommes n'ont pas le temps de réagir. C'est trop tard. La lame empoignée, cerclée d'un halo bleuté, je plonge tête la première. Saut de l'ange ou presque, le sabre tenu fixement en direction de la surface du navire.

Et lorsque je suis assez proche de la coque, je peux remarquer les sourires qui se délient sur les visages des tournes-casaques. Et pour certains plus précoce, un air affolé. Mais pour ceux se trouvant à bord du cuirassé, il est déjà trop tard. J'atterris, la pointe du sabre enfoncée la première, puis mes jambes venant s'écrouler sur le pont. Rien ne se passe. Du moins jusqu'à ce que je redresse le visage pour observer les regards interloqués des pauvres figurants. Pointe toujours fichée dans le bois qui se fissure étrangement, parcouru par des veines bleuâtres. Qui viennent brutalement décharger les ondes catastrophiques séparant instantanément le navire en petits morceaux, comme s'il venait de se faire éventrer par un récif invisible sortie de l'océan.

- Sekaigiri !


Dernière édition par Annabelette Sweetsong le Mer 31 Aoû 2016 - 1:18, édité 2 fois
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Une fois les portes passées, une fois le mur franchi dans tous les sens du terme... Le combat commença à ne plus être totalement unilatéral. Ce n'était plus une boucherie, pas totalement, ça commence plutôt à être un assaut calculé ou presque qui a ses chances. le problème, parfois, n'est pas de savoir qui va gagner mais, de savoir si le prix à payer va permettre aux survivants de pouvoir tenir par la suite. Alors que je me relève en sang, les jambes tremblantes et la première chose que je vois, ce sont les femmes entre la porte et notre position d'avant qui agonisent pour celle qui sont encore en vie ou presque. Avant de remarquer les survivante et victime de la toute première vague, celles qui auraient peut-être préféré ne pas servir de leurre de la plus horrible manière.

"Je vais... Je vais... Vous sortir de ça."

Pourquoi je ne vais pas aux créneaux ? Dans mon état je n'y survivrai pas et pour ce que j'en vois, ma supérieure s'en sort bien maintenant. Enfin bien c'est un grand mot, mais sans les orgues de canons et des couverts beaucoup plus praticables elle peut au moins s'organiser et les prendre petit à petit, luxe dont elle n'avait pas le droit jusque-là. Elle garde la tête froide, malgré la situation, son défaut est la meilleure des qualités, elle pourrait ou devrait paniquer, être plus rapide, mais non la Loque n'est rien de mieux que l'esprit le plus clair qu'il y a sur le champ de bataille à ce moment-là. Je ne préfère pas penser aux détails, mais je réussis délicatement à sortir les quatre empaler loin de leurs monstrueuses conditions... Dans ma main, elles sont recroquevillées et fondent en larmes, dans un mélange de panique, de douleur et de peine des plus terrible. Je les garde contre moi, les laissant proches de mon cœur dont le battement les calmera peut-être un peu, l'obscurité au creux de ma main, une impression éphémère de sécurité qui ne leur évitera pas un traumatisme, mais qui leur permettra je l'espère de pouvoir un jour sortir du cycle de cauchemars qui accompagnera certainement cette expérience... En tout cas je suis certaine que moi je vais y avoir le droit.

Je ne comprends pas pourquoi, mais alors que nous avançons, enfin ont la 346ème, car je ne suis pas parmi elles... Bref, les pirates semblent se défendre comme de beaux diables, comme s'ils avaient encore des chances, mais surtout ils le font pour saboter leurs propres pièces d'artillerie ?! Avoir une pause, cela permet d'appréhender la situation sous un nouvel angle, mais pas forcément de la comprendre. La Lieutenante-colonelle continue de saper ce qui reste des troupes, ne voyant pas que ses adversaires préparé un coup d'un goût douteux, elle aurait certainement compris elle... Moi je l'ai fait, mais bien trop tard. Alors que les combats font encore rage, que je suis assise contre la muraille proche du crâne qui donne le nom à ce fort, on m'amène une femme pieds et poings liés.

"Je suis la Commandante de la 4ème Flotte de Kiyori, rendez-vous ou mourrez."

Elle est sérieuse ? Le problème c'est qu'elle l'est, son regard, ce petit sourire... Comme si à tous moment elle pouvait hausser les épaules, nous dire qu'on a fait le mauvais choix et se débarrasser de nous en un claquement de doigts. Si elle est réellement ce qu'elle prétend être, elle pourrait tout à fait le faire en plus. Ni moi, ni ma supérieure et encore moins nos troupes dans cet état ne pourrions éviter un carnage. Mais dans ce cas-là, pourquoi se laisser prendre ? Pourquoi ne pas imposer un cessé le feu par sa puissance brute ? Depuis le début de notre combat, même si au début cela avait tout sauf la forme d'une bataille pouvant être remporté, il y a dû avoir en tout et pour tout une demi-heure, une heure peut-être ? Moins certainement et son regard désinvolte qui me regarde de haut malgré la différence évidente de taille entre nous ne me plaît guère. Est-ce qu'elle joue avec mes nerfs ? Où est-ce qu'elle a un atout dans sa manche... La soi-disant commandante des forces ennemies n'est pas coopérative, elle observe sans arrêt l'horizon comme pour y chercher quelque chose.

Une des rares marines en arrière pour surveiller l'état du champ de bataille depuis la première muraille s'assurant que nous ne ratons rien de cruciales, annonces une chose des plus étranges. Les forces du Contre-Amiral arrivent... Personne ne les a appelés et je suis sûr que la Commodore nous aurait prévenus si elle avait changé d'avis à leur sujet... Ils sont en rang serré... La destruction des canons par les pirates... La commandante qui gagne du temps. Oh purée ! Je me mets à beugler.

"VASILIEVA ! ON EST PRISES A REVERS IL FAUT TENIR LE SIÈGE !!!"

On a encore des poches de résistance pirates dans notre dos et les traîtres les plus proches sont déjà en train d'achever les blessés ou les tirer sur le côté pour jouer avec de différentes manières, pour ceux qui ne chargent pas maintenant qu'ils sont sûrs qu'on ne sera pas coopératives... J'ai qu'un cour instant pour me décider, je n'ai pas le temps de réfléchir et encore moins d'aller sortir les mourantes de la mort qui approche sous la forme des faux marines aux apparats et maintenant au comportement de pirates qu'ils sont. Mes subordonnés ont assommé la "commandante" pour l'attacher à côté avant de rejoindre les fortifications. D'un geste rapide, j'ai déposé les quatre victimes que je gardé contre moi et qui sont encore perturbés et a raison du côté intérieur de la muraille externe. Je prends mon sabre et m'assois sur le seuil de la morte d'entrée, mes fesses et mon gras littéralement écrasé contre l'encadrement de celle-ci, une sorte de bouchon organique pour remplacer la porte. Je vais devoir tenir, et ce jusqu'à qu'ils passent littéralement sur mon corps pour passer... Le moindre instant sera crucial, même si dans l'état actuel des choses cela sera plus la mort que la gloire...
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Dès que j'en ai la possibilité, je retire vivement ma lame pour me fendre d'un bond dans les airs. Un Geppou qui me propulse loin du désastre pour me faire atterrir sur l'un des croiseurs tanguant sous la puissance de l'onde de choc. Accrochée au bastingage, j'observe les dégâts causés par mon attaque : le cuirassé était, le cuirassé n'est plus. Il subsiste encore par morceaux venant se poser sur les fonds marins. Nous sommes à quai, dans les bas fonds. Alors les bouts déchirés et tranchés du navire continuent à subsister, à la surface, pour les parties les plus grosses. Mais pour les hommes brutalement projetés dans l'eau, en contrebas, le combat est terminé. Certains ont survécu et s'agrippent à des planches en bois. D'autres ont connu un plus funeste destin, dans la destruction du navire ou bien dans sa chute.

Mais pas la Commandante. Il lui en faudrait bien plus pour la mettre à terre, je le devine. On ne devient pas l'une des secondes de Kiyori sans avoir un certain palmarès au combat. Et celle-ci, temporairement choqué par la puissance de l'attaque et bouleversée de ne pas en comprendre le sens, ne tarde pas à me rejoindre en bondissant de sommet en sommet des parties immergées. Fauchant l'air avec sa lame pour m'en envoyer des courants tranchants que je ne peine pas à dévier. Jusqu'à ce que mon sabre produise un petit son cristallin inédit. Un léger crissement et une fêlure dans sa lame. Interloquée, je n'ai d'yeux que pour la brisure, oubliant jusqu'à la dernière attaque de la pirate. Une lame d'air condensée et épaisse, qui m'aurait tranchée en deux si je n'avais pas réussi à utiliser mon Tekkai à la dernière seconde. Mais toutefois expulsée contre le mat qui se cambre sous le choc et se déchire, je reste sonnée quelques secondes. Un temps précieux durant lequel mon adversaire en profite pour se jeter à bord. Et me faire face.

- Cette puissance... Tu n'es pas digne.

- Ah... Paroles de pirates... énoncé-je tout en me redressant, goguenarde.

Le jour où une criminelle me dira que je ne suis pas digne de quelque chose n'est pas encore arrivé. Mais plutôt de m'énerver, je ris à l'absurdité de la réplique. Ce qui ne tarde pas à énerver la Commandante au plus haut point. Elle sait qu'elle ne peut rien y faire. Qu'elle me vainque ou non, elle n'aura ni mon épée, ni mon pouvoir. Et l'issue du combat ne sera pas en ma défaveur. Je m'en persuade, quand bien même je n'ai pas l'ascendant sur le moment.

A nouveau droite, je garde mon épée en position défensive, prête à parer les prochains coups. Consciente que la fissure horizontale dans la lame peut me mettre dans un sacré pétrin si mon ninjatou se brise.

- Allez, tiens encore un petit peu, ma jolie.

Elle m'a été fidèle jusqu'ici, ce n'est pas le moment de lâcher. De toute manière, l'assaut ennemi ne tarde pas à venir. Non pas de la Commandante, mais des quelque soldats massés autour de nous qui tentent de me surprendre par derrière. Paume tendue, je génère donc une onde de choc pour les repousser et les envoyer à la flotte pour certains. Les derniers se tiennent donc à carreau.

- Laissez moi m'en charger, bande de crétins. C'est ma proie.

Je dévoile mes quenottes, touchée par la convoitise de la jeune femme. Mais comme celle-ci semble décidée à ne pas faire le premier pas, c'est donc moi qui m'avance. Lame tirée au clair, à nouveau enveloppée de sa lueur bleutée. Je n'irai pas par quatre chemins pour l'affrontement, même si cela doit me coûter la perte de ma lame au final. Comme mon adversaire se fend systématiquement de puissantes lames d'air, je déploierai l'énergie sismique conséquente pour lui faire face.

Et c'est ainsi que j'entame ma première estoque.

Avec d'autant plus de férocité, de haine et de véhémence, les échanges se poursuivent et viennent petit à petit détruire le navire. Le mât déjà bien détruit part désormais à la dérive avec des hommes s'y accrochant tant bien que mal pour ne pas sombre dans les fonds marins. Puis vient le tour de la figure de proue, du bastingage et même de la dunette, tranchée et séparée du reste du navire qui n'en est plus vraiment un. Bientôt, l'une de mes ondes vient créer un trou immense au centre de la coque à partir duquel on peut voir l'eau influer à l'intérieur du navire. Et quand celui-ci commence à prendre l'eau, j'en profite pour bondir à bord de la caravelle suivante.

Depuis mon attaque portée sur le cuirassé, il ne reste plus beaucoup d'hommes qui ne sont pas morts ou tombés à la flotte. Une centaine tout au plus, sur les quatre cent ou cinq cent composant le régiment auparavant. Et ceux-ci font davantage office de décors que de support pour la Commandante, qui espère bien remporter ce combat seule. Pour son honneur personnel, sa dignité. Ils restent donc rivés sur leurs deux pieds tout autour, tentent parfois quelques combines facilement esquivées. Qui finissent par leur retomber dessus lorsqu'ils se prennent une lame d'air en pleine tronche.

- Restez en dehors de ça, bougre d'ânes !

- Mais Commandante, on doit vous protég-eerrghlgl...

Le coup est rapide, précis, fendant la carotide de celui dont la voix vient de s'étendre subitement. Les gargouillis sinistres résonnent alors durant plusieurs secondes, jusqu'à ce que l'homme rende l'âme, roulé en position fœtale. Baignant dans son sang qui ne cesse de se déverser.

- J'ai l'air d'avoir besoin de protection ?!

- On dirait bien. souris-je tout en saisissant l'opportunité qui s'offre à moi.

Ces dialogues qui parasitent le combat, le manque de concentration. Ça déstabilise la garde de la bonne femme qui ne peut ni esquiver ni parer le coup fulgurant que je lui porte sous les côtes. Faisant pour la première fois couler le sang de mon adversaire, quand moi j'ai déjà écopé de plusieurs coupures ou hématomes, je dois m'avouer fière de cette estoque. Et de ses conséquences. Une colère noire qui s'empare de la pirate pour l'obliger à devenir plus violente et m'asséner des coups encore plus monstrueux.

Mais elle ne peut pas se mentir à elle même, elle est blessée. Et ses déplacements ne se font pas sans un rictus de douleur sur son visage. Toutefois, après plusieurs échanges, il me prend de regretter son état qui ne fait que la rendre plus vigoureuse, plus acharnée. L'apanage des pirates lorsqu'ils sont poussés dans leurs derniers retranchements : ils virent berserk.

Les derniers retranchements, on n'y est pas encore. Mais je peine de plus en plus à contrôler mes mouvements qui sont balayés systématiquement par la fureur de la Commandante. Pissant du sang à cause de ses gestes brusques et impulsifs, cela ne semble pourtant qu'alimenter sa haine et son envie de me voir souffrir.

Ce qui finit irrémédiablement par arriver, lorsque la pointe de son sabre de ninja vient profondément m'entailler la chair, alors que la caravelle prend l'eau à son tour. Que je m'essaye dans un déplacement soudain visant à rallier le navire le plus proche. Ne pouvant que faire volte-face et lui montrer mon dos.

Comme un coup de fouet, je suis découpée un peu en-dessous de la nuque. Et la puissance du coup ne faillit pas à me projeter sur le gaillard avant du second croiseur, où des silhouettes menaçantes viennent m'entourer. Tandis que je gis à terre, temporairement paralysée.

- On va t'faire payer pour c'que t'as fait à nos potes, salope.
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La masse grouillante charge, la seule chose qui va me permettre de gagner quelques précieuses secondes, c'est que dans leurs habitudes au confort et au manque de discipline ils en ont oublié une chose importante : la coordination. C'est plus une bande de sauvages, qu'un tas uniforme et structuré. Cela ne veut pas dire qu'ils sont moins dangereux, justes que je vais gagner de précieuses secondes avant qu'ils se décident à s'y mettre sérieusement, secondes que mes sœurs pourront mettre à profit pour se préparer au pire. Cela, c'est sans parler de la partie des troupes qui sont trop occupées à ramasser ou achever les blessées pour s'amuser avec d'une manière où d'une autre, non seulement ils ne sont pas coordonnés pour l'instant, mais en plus ils ne sont ni réellement concentrés, ni totalement attentifs. En même temps, ils sont surtout sûrs de leurs victoires et dans un sens ils ont raison de penser celle-ci assurée. Ils ont l'avantage du nombre, ils sont en bonne santé, on n'a pas de pièces lourdes et eux connaissent le terrain...

Mais surtout, il y a une force implacable qui s'avance, comme une tornade sous la forme d'un seul homme, il avance à pas lent et avec un visage fermé. S'il yen a un que j'aurais presque espéré jouer avec nos nerfs, c'est lui, mais non, je sais qu'au moment précis où il arrivera sur moi, si je suis encore vivante alors ça ne sera plus le cas. Je suis comme une chienne assise sur un quai qui regarde une vague géante approcher pour l'engloutir, subjuguée par cette image funeste et cette prédiction de mort assurée.

"STOP !"

Sa voix gronde comme le tonnerre, les pirates se sont tous arrêtés malgré les tirs de nos filles qui commencent à leur arriver dessus. Même s'ils ne sont plus de vrais marins, ils savent qui est leur maître et respecte sa puissance.

"Reculez bande d'imbéciles !"

J'ai vu la vague s'arrêter et repartir en arrière, j'ai à peine eu le temps de donner un coup de sabre dans le vent... Comme la vague qui se rétracte pour annoncer une bien plus terrible et meurtrière. Ils reculent, certains avec leurs butins sous forme de chaire à blesser ou meurtrir mentalement... Mais je n'ai pas le loisir de penser à elle, de souffrir mentalement pour elle en espérant que leurs agonies ou leurs souffrances ne seront pas trop longues. Non, car la faucheuse sous forme humaine continue d'avancer, chacun de ses pas marquant le décompte final d'un ultimatum dont le prix n'est rien de plus ou de moins que ma propre existence. Alors qu'il est si proche de moi, j'ai le corps qui tremble, je ne peux pas me permettre de rester assise, pas par manque de respect, bien que ce soit aussi le cas... Mais aussi, car ça serait stupide, qui à mourir, je dois le faire l'arme à la main et en position de protéger les miens. Que ce soit par révérence ou moquerie, sans un mot il me laisse le temps, les quelques secondes nécessaires pour sortir mon gras de l'encadrement qui me dessinerait une marque sur le dos et les hanches si je n'avais pas ma tenue, bien qu'en partie en lambeau.

"Adieu mademoiselle Konshō."

Comment un homme avec des principes, qui démontre inconsciemment qu'il a du respect pour un adversaire peu importe qui il est et qui est aussi digne peut être tombé aussi bas ? À ce moment précis, je reconnais en lui l'homme droit que mes parents on servit fus un temps, malheureusement, il est tombé dans un gouffre duquel il ne sortira pas et je serais la prochaine victime. Je suis prête, il le lit dans mon regard et son bras devient noir. L'un comme l'autre n'avons pas le moindre doute sur le fait que ce n'est pas un duel qui s'annonce, mais une mise à mort, une exécution. Les membres de la 346ème ont eu le temps de finir les derniers pirates, les plus proches sont en position et certains tirs tombe autour de lui ou ricoche sur cet homme parfaitement immobile... Comme si à ce moment précis son corps était en acier.

Je suis en garde, il marmonne quelques mots à voix basse que j'aurais certainement entendus si j'étais de taille conventionnelle. Puis l'instant d'après est plus que rapide, comme je l'avais vu avec Betty ou plutôt que je ne le vois pas... Il a disparu du sol et en un éclair, il est au niveau de mon cou, un simple coup qui me frappe et émet un grondement violent au niveau du plexus solaire. Au moment précis où j'ai était touchée, je suis tombée inconsciente, j'aurais très bien pu mourir... Est-ce que c'était calculé ? Peut-être, par pitié ou par envie de me capturer par la suite et m'utiliser comme du bon matériel allez savoir. En tout cas, je suis littéralement propulsé jusqu'au python lui-même, l'encadrement de porte rajouté a la formation en forme de crâne à volé en éclats, mais le crâne lui-même n'a pas été endommagé, en tout cas pas visiblement...

Comme une poupée de chiffon, la tempête mon envoyée valser et je gis au sol au moins une vingtaine de mettre plus loin que mon point d'origine. Il ne reste maintenant plus rien entre Nielson, ses hommes et le fort. À l'intérieur de celui-ci les femmes se préparent au pire, Vasilieva est droite et calme dans ce qui semble être la cour intérieur pas plus aménagé que cela du Crâne-qui-rit. Une chose est sûre, un combat féroce va se lancer et il durera plus que la parodie d'affrontement qui a eu lieu entre nous.
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- Ça n'est pas... une bonne idée...

Inexorablement, les hommes viennent se pencher au-dessus de moi avec un regard menaçant. Pour certains, des sabres tirés au clair, d'autres des pinces tenailles ou des clés à molette. Une chose est sûre, ces types là n'ont rien à faire dans la Marine, ils salissent le nom du Gouvernement Mondial. Et en voyant des déchets comme ceux-là se prosterner devant la vermine pirate, je n'ai qu'un seul goût en bouche. L'amertume. Cette acidité qui me ronge l'estomac. Désarmée, la lame fichée dans une planche en bois plus loin, je gis à terre et ils s'imaginent peut-être que je suis sans défense. Mais ils ne savent pas à qui ils ont affaire. Et quand un premier fait l'erreur de s'approcher trop près de mon visage, j'empoigne sa tête. Tout en m'en servant comme un levier pour me relever, je lui laisse un petit cadeau. Un cadeau que je ne tarde pas à offrir à ses congénères, à coups de coups de poings sismiques. Au moins jusqu'à pouvoir me frayer un chemin jusqu'à Clair de Lune.

- Kabutowari.

Violemment secoués par le Brise-Casque, les hommes laissent échapper des petits bouts de cervelle liquéfiée hors de leur boite crânienne. D'autres perdent leur sang à travers des plaies ouvertes, des violentes trépanations résultant des tremblements et des chocs. La sensation que le séisme ne se déroule pas autour de soi, mais à l'intérieur de son propre corps. Ce qui, dans le cas précis, est vrai. Alors, les uns après les autres, ils tombent, agonisant dans leur bave, leur vomi et leur sang. Se compissant les chausses, se chiant dessus de douleur et de terreur, pour s'éteindre de la façon la plus merdique qu'il soit.

La punition des traîtres.

Spectatrice de la scène qui se déroule sous ses yeux, la Commandante ne fait pas un geste pour m'empêcher de récupérer mon sabre. Et pour ponctuer ma dernière action, elle dit seulement :

- Je les avais prévenus.

Alors, bien que de plus en plus fatiguée, je parviens à réaliser une charge pour percuter l'ennemie. Utilisant pour la première fois le Soru, ce qui me donne l'avantage de la surprise. Et celui de me trouver instantanément face à elle avec la main posée sur sa poitrine, uniquement voilée des draps qui l'entourent. Pour décharger une violente onde qui traverse son corps et lui fait cracher une gerbe de sang, tandis qu'elle voltige à plusieurs mètres. Chaque impulsion du Brise-Casque est dense et destructrice, mais me demande une quantité d'énergie phénoménale.

Évidemment, c'est loin d'être assez pour envoyer la Commandante au tapis, cependant cela suffit bien à équilibrer le combat. Constamment déstabilisée par la griffure qui me barre le dos et me provoque des douleurs nerveuses à chaque pas, persuadée d'avoir un morceau de la colonne vertébrale à vif, je ne suis pas dans un état fameux non plus. De là à préférer avoir les entrailles liquéfiées...

- Sale garce ! Je vais te broyer le crâne !

- Ça sonne plus comme l'une de mes répliques, ça...

Assez difficilement, j'arrive à son niveau, mais j'arrive. Par malchance, la pirate s'est déjà redressée et tient fortement sa lame pour ne pas commettre l'impaire de la perdre dans la mêlée. Sauf que maintenant, il ne s'agit plus uniquement d'un jeu de lames. Les choses sérieuses peuvent commencer. Notamment quand je remarque que la pointe rouge de Dent de Requin a viré au noir. Et que l'acier semble avoir une texture différente, plus lisse et moins matte. Le Haki.

Le prochain coup s'abat en projetant une lame d'air infiniment plus puissante que celles ayant ponctué les combats jusqu'à présent. Esquivée de justesse, celle-ci finit sa course dans l'une des caravelles qu'elle tranche simplement en deux, d'un seul et même coup. Une nouvelle fois je me confronte à l'Armement, mais jamais jusque là un adversaire n'avait propagé cette capacité à une arme. Et je comprends désormais le danger qui se profile.

La suite du combat n'est plus qu'un enchaînement de parades et d'esquives. Sauf qu'à chaque coup porté sur ma lame, celle-ci se fend un peu plus, produisant des petits bruits de craquements sinistres. Cette fragilisation qui fait rugir de plaisir mon adversaire, lorsqu'elle porte des coups aussi rapides que brutaux. Bientôt, je me retrouve acculée, la lame portée en bouclier au-dessus de ma tête pour bloquer les moulinets de la jeune femme. Et quand enfin Clair de Lune se brise définitivement, je ne peux que compter sur la surprise de Yang pour l'affliger d'un coup de pied dans le ventre et ainsi l'obliger à reculer.

J'observe alors les vestiges de mon Meitou, détruit, fracassé en deux parties. L'une des extrémités toujours rattachée au pommeau tenu dans ma main, l'autre gisant sur le pont du croiseur. En revanche, Dent de Requin, elle, est toujours belle et bien en un seul morceau. Et les ricanements ne tardent pas à suivre, me faisant encore plus ployer sous mon désavantage. Je pare tant bien que mal, avec mon poignard brisé, mais les lames d'air peuvent venir m'égratigner le visage désormais. Seul le Kami-E me permet de ne pas disparaître, tranchée en deux comme une vulgaire feuille de papier. Néanmoins celui-ci ne peut définitivement pas rivaliser avec un poing vif comme l'éclair balancé dans mes côtes. Un poing durci au Haki. Précédant la séparation de ma main cybernétique avec le reste de mon bras, vivement tranchée par une coupe horizontale du Meitou assénée adroitement dans ma chute. Et la perte de la lame brisée avec elle.

Poussée contre le bastingage du gaillard arrière, je subis quasiment le supplice de la planche. La pointe de la bonne femme ne tarde pas à venir se coller sous mon menton, quand un œil inquisiteur de celle-ci vient vérifier avec satisfaction la perte de mon membre. Et la plaie factice qui en résulte. Belle erreur de débutante.

- Tu es à m- qu'est-ce que... ?!

- Dis bonjour à ma vraie main, pétasse !

La lame vivement écartée d'un revers du moignon mécanique, je boucle l'échange par un violent crochet du gauche, un Jugon mêlant à la fois le Jishin Kenpo et le Tekkai Kenpou pour lui aplatir le visage. Avec ce que l'on pourrait vraisemblablement comparer à un coup de boulet de canon en acier trempé muni d'une charge sismique. La propulsion de la jeune femme jusqu'à l'autre bout du bateau, entraînant avec elles tout le sillon tracé dans le bois du navire ainsi que le mât, est d'ailleurs immédiate. Me permettant de récupérer ma main perdue, ma pauvre lame et celle de mon opposante, plantée dans le gouvernail.

Car c'est bien de cela qu'il s'agit non ? D'un combat d'épées.

Du côté de Betty.

Pas bien difficile de les suivre. La 346ème comme ceux qui la poursuivent. Les empreintes de pas de la géante font office de marqueurs, mais le sillon des roues de l'artillerie de la 644ème viennent même créer un chemin dans le sous-bois nappant la surface de l'île.

La forêt est immense et humide. Des bestioles, il y en a plein partout. Et la seule solution que j'ai trouvé pour ne pas me faire mordre par l'un de ces satanés serpents tapis dans l'ombre, c'est de foncer. Enchaîner Soru sur Soru, quitte à être crevée à l'arrivée. De toute manière ils ont une bonne longueur d'avance que je dois rattraper. Et même si cela fait déjà vingt bonnes minutes que je cours, je n'ai toujours pas l'impression d'être arrivée à terme.

A moins que...

Progressivement je les perçois. Les bruits des combats, les tirs d'artillerie, les hurlements des hommes, des femmes. Des pirates ou de la Marine ? Je le sais assez tôt, lorsque je remarque les premières tuniques blanches et bleues qui constituent l'arrière-garde de la 644ème. Habilement planquée derrière un tronc d'arbre, je peux les voir se déplacer. Mais c'est trop tard, car juste devant eux se dresse un imposant python rocheux, surmonté d'une sorte de forteresse en ruines. La formation en pierre a une curieuse forme de crâne, je suppose donc qu'il doit s'agir du Crâne-qui-rit. Même si je ne vois pas trop ce qu'il y a de drôle dans le tableau. Au contraire, j'ai échoué.

Les femmes de la 346ème sont déjà aux mains avec les traitres, qui leur tirent dessus sans sommation. Bon sang, Anna et moi avions raison, ce sont vraiment des ripoux ! Mais avant de m'élancer et tailler dans le tas comme une attardée, je dois plutôt réfléchir à un moyen d'aider mes congénères. Ai, tiens... Elle garde la porte du Crâne. Elles se sont toutes retranchées dans les fortifications, visiblement. Mais pourquoi ne tirent-elles pas au canon dans le tas ? Pas de pièce d'artillerie disponible, visiblement. Ha, tout était prévu. Satanés pirates.

- Bwéhéhéhé, j'veux bien garder la géante pour après l'combat moi.

- J'me demande bien comment qu'ça doit faire. Paraît qu'mon oncle y s'est marié avec une géante. L'a eu un fils mesurant la moitié d'la mère, s'appelle Hubeus Ragrid, qu'c'est. La gueule du nom, mais la gueule du bestiau aussi faut dire.

- P'tain arrête, haha. Allez j'retourne voir si y'a des prisonnières héhéhé.

- Ouais, à tal'heure.

Des quelques conversations que j'arrive à saisir, il ne fait pas bon être une femme dans le coin. Et puis je les vois bien, lesdites prisonnières. Blessées ou non, sur le point de mourir pour certaines, elles sont ramenées par la peau du cou et entassées dans une cage. Pour les corps traînant à côté, on peut déjà dénombrer pas moins d'une centaine de pertes. La moitié de la division y est passée, bon sang.

- Vasilieva, j'espère que tu sais ce que tu fais...

Pour ma part, je ne peux pas faire grand chose. A moins que... La désorganisation des troupes peut bien me profiter. Les deux types de l'arrière-garde n'ont l'air d'avoir des yeux que pour les pauvres captives, délaissant les canons, la poudre et les caisses d'explosives amenées.

Le reste des hommes attend les ordres du Contre-Amiral qui marche calmement vers le Crâne, esquivant aisément les balles grâce au Kami-E. Il faut agir et vite ! J'ai déjà le plan en tête. Et Soru aidant, j'arrive à me glisser auprès des obus et autres saloperies explosives. Il y a bien des barils de poudre et de la dynamite. Trois tonneaux, une pente et au fond de la doline, le régiment de la 644ème, posté autour du fort, le regard dirigé vers les créneaux où l'on peut voir des têtes et des canons dépasser.

Je m'active rapidement, tandis que tous les yeux sont rivés vers la géante qui affronte mon oncle. Ou pas vraiment un affrontement, plus la menace d'un coup unilatéral. J'ai à peine moins d'une minute pour que les troupes se massent vers l'entrée, prestement débouchée par le coup du Contre-Amiral asséné à la Commandante. Salement amochée, celle-ci est brusquement balayée à l'écart, pour ma plus grande peine. Néanmoins je ne peux m'interrompre pour aller vérifier son état, maintenant que mon plan est parfaitement bouclé. Il ne reste plus qu'à allumer les mèches, mettre le feu au poudre et tout balancer dans la fosse.

Alors quand les soldats commencent à bouger, je peux apercevoir les quelques visages étonnés devinant la présence d'étincelles crépitantes à leurs pieds. Sur un fil imbibé d'huile qui ne cesse de se rétrécir. Et qui est relié à un petit tonneau rempli de poudre à canon ou bien de bâtons de dynamite. Une dizaine comme ça, roulant dans le régiment à plusieurs endroits stratégiques et densément peuplés. Et quand les soldats s'en rendent compte il est déjà trop tard. Trop tard pour empêcher les explosion en chaîne de se produire et d'emporter avec elles plusieurs centaines de vie parmi les quatre cent soldats.

Il ne reste alors plus qu'un dernier élément à boucler pour que nous puissions enfin lutter à armes égales. Les pauvres geôlières se débattant pour ne pas subir la pression des crapules cherchant à les toucher. Qui, en même temps que les détonations se produisent, perdent eux aussi la vie suite à un mal invisible qui vient leur briser la nuque. Plus rien ne peut alors m'empêcher de libérer la vingtaine de mes consœurs emprisonnée. De les armer pour celles pouvant encore se battre. Et de partir à l'assaut en direction de la fosse, carbonisée par les déflagrations. Où des hommes pleurent et hurlent en se cambrant sous l'effet des brûlures, en se tenant leurs moignons de membres arrachés.

Parallèlement à cela, le moment est propice pour que Vasillieva sonne la charge, comprenant automatiquement ce qu'il vient de se passer. En remarquant ma présence et mon attaque lancée depuis la lisière de la forêt. Je l'entends prononcer distinctement :

- A l'assaut !
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"A l'assaut !"

Je ne suis pas morte, mais je suis à peine consciente. Le temps que je retrouve au moins la capacité de geindre et de bouger un peu l'assaut est déjà en cour. Vasilieva et Frances foncent vers le contre-amiral pour ne pas lui donner l'occasion d'aller massacrer la 346ème, mais ce n'est pas le seul élément dangereux loin sans faux. Au milieu de le l'attaque des traîtres, de leur troupe dénote un autre énergumène. Le crâne à moitié rasé, une clope au bec, il détruit sauvagement les vies de celle qui ose essayer de l'attaquer sans la moindre pitié. Sans aucune interruption, jusqu'au moment ou la plus mauvaise cuisinière de la marine devient son vis à vis... Cooper, moins cuistot que donneuse de torgnole, avec sa fidèle poêle à frire en main prête à faire quelques gueules au carré.

Les coups s'échangent, d'un côté, de l'autre ou au milieu de l'assaut central entre des dizaines de soldats de la marine d'un camp ou d'un autre. Frances comme celle qui se bat au coude-à-coude avec elle aurait pu avoir une chance face au contre-amiral, mais pas dans cet état, l'attaque du Crâne-qui-rit à sapé autant les troupes que notre matériel, notre santé et notre vigueur. Cette traîtrise arrive au pire moment et elle est bien évidemment là au bon moment pour ceux qui l'ont commise. En d'autres termes, un piège bien organisé et qui aurait fonctionné sans soucis si nous n'avions pas des surprises dans nos rangs, des personnes dont on ne connaissait même pas l'existence pour la plupart, ou plutôt leur réelle identité.

Je me relève en grognant, j'ouvre les yeux à temps pour voir ce spectacle décadent et horrible. Des corps, toujours plus de corps qui fleurissent au sol et ne font que gorger la terre de sang frais. À l'image de Cassandre qui après une série de coups n'a pas vu venir la contre-attaque du contre-amiral. Ce fut fulgurant, plus encore que ce qu'il m’a infligé, mais sans la moindre réelle retenue cette fois-ci. La pauvre a également appris à voler, sauf que son état ne sera certainement pas aussi peu bénin. Car, si j'ai mal à peu près partout où j'ai encore des nerfs, petit à petit j'arrive à me relever.

De son côté, notre Cook semble mieux s'en sortir. Elle combat son adversaire en le tenant à mi-distance, usant d'une sorte de... Fouet jaune, un peu comme des pâtes. C'est réellement ce genre de chose qu'elles nous faisaient avalé, tu m'étonnes que le goût n'était pas au rendez-vous. La cuistot s'adapte, passant d'une arme dans sa substance étrange à une autre quand c'est nécessaire. Le fouet devient une masse informe, puis une sorte de pointe qui sans réellement être acéré est tenue et fonctionne comme un pseudo-bâton. La diversité et la surprise lui permet de garder un rythme, de forcer l'homme aux allures à la fois d'officier et de pirate à jouer à son rythme ce qui l'empêche de réellement d'imposer le sien.

Alors qu'il pense pouvoir retourner la situation, la dame a la poêle à frire lui réserve encore une surprise, alors qu'il lui fonce dessus pour la calmer et qu'elle ingurgite en apparence le contenu d'une flasque et lui répond donc, d'un jet de flamme dans la figure. Il a eu le temps de l'éviter, mais pas totalement. Si bien qu'une partie de ses vêtements et de sa chevelure a pris feu un petit instant... Ainsi que son visage qui a une belle marque de brûle. Nul doute que les belles années dans la marine de la femme aux cheveux de feu lui on apprit plus d'un tour qu'elle peut sortir comme autant de vilaines surprises pour déstabiliser et gagner contre un adversaire ne la prenant que maintenant réellement au sérieux.

Elle enchaîne les coups francs et les petits coups subtils en usant de sa spécialité, usant de divers type d'aliment pour littéralement alimenter son arsenal. Cela n'a jamais rendu ses créations bonnes à manger, mais ça la rend rudement polyvalente au combat. Défense, attaque au corps à corps ou à distance... Elle se montre à toutes celles qui on railler sa cuisine sous un tout autre jour, si seulement cela avait suffi à éviter autant de perte plus aucune membre de la 346ème n'aurait plus jamais osé se plaindre de ses plats... Mais certains sont trop occupés à survivre ou à agoniser pour apprécier ce rare et merveilleux spectacle.

Alors que le combat qui est de plus en plus à l'avantage du contre-amiral se poursuit, maintenant que je suis enfin levée, Cooper elle joue le tout pour le tout, usant une nouvelle fois de son lance-flamme comme d'une diversion cette fois-ci pour essayer d'assommer son opposant d'un coup de son gros ustensile de cuisine. Il a eu à peine le temps de voir le coup venir, l'accueillant après un soru... Même si je ne sais pas ce que c'est... Directement dans la face, mais ne l'empêchant pas en retour de la transpercer au niveau du gras avec deux doigts... Rien qui ne la tuera, mais tout de même quelque chose qui l'empêchera d'être opérationnel dans les instants cruciaux à venir. Car, un tout autre combat est sur le point de virer cour, mais cela ne sera malheureusement pas à notre avantage. Notre loque préférée, Elga est au bout du rouleau... Elle est déjà recouverte de blessure et peine rien que d'esquiver les assauts impitoyables de son puissant et terrible adversaire. Tellement qu'à bout de souffle, sa dernière parade la conduit au sol, allongé face à un homme prêt à l'achever de toute évidence...

Non... Non ? Non ! Je ne vais pas encore laisser les miennes mourir, pas encore, pourquoi je suis si faible, pourquoi la géante ne peut rien faire pour éviter tous ces morts ! Je... Mon fusil, il est à porter, mais est-ce que ? Je tends le bras vers lui, zigzaguant en me tenant le côté, j'ai mal partout, mais souffrir prouve qu'on est encore en vie. Le contre-amiral arme son coup, son point est noir et son visage ne montre aucune satisfaction à donner la mort, il la regarde elle aussi dans le blanc des yeux et finalement ce qui doit arriver arrive... Il esquive de peu une arme d'épaule de dix mètres de long lancé contre lui comme un javelot improvisé.

"Ah non... Pas cette fois !"

Je marche maladroitement jusqu'à ma supérieur au sol, en trois pas je suis devant elle et sans laisser le temps à son opposant de réagir la prend et la tiens délicatement entre mes deux mains. Il m'avait pourtant laissé en vie, mais si je me montre être une gêne trop grande alors il va devoir mettre un terme à mon existence, c'est le message que l'on peut voir apparaître dans le regard calme qu'il me lance. D'un autre côté, il a mieux à faire que d'achever les blessés, il y a encore de la résistance et justement, l'une d'elles vient de le frapper. Le choc du coup et de la défense de l'homme créer un nouveau grondement sourd... Betty vient d'entrer en scène.
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Désarmée, désemparée, déboussolée. La jeune femme se tient debout, encore sous le choc après le coup qu'elle vient de subir. Derrière elle, la trace d'impact dans le bois du navire, maculée de sang et bardée de copeaux disséminés. Brutalement secouée, elle peine à soutenir mon regard, mais une chose est sûre : son désir d'en finir est encore plus brûlant qu'avant. Vides, ses poings n'ont rien à agripper, mais sa rage s'enflamme de plus belle lorsque ses yeux remarquent la présence de Dent de Requin dans mon unique main.

- Tu vas me rendre mon sabre...

- Sinon ?

Instable, elle essaye de faire quelques pas. Ce qui va suivre est plus un jeu sadique qu'autre chose. Dent de Requin stratégiquement fixée dans l'une des planches en bois, juste devant moi, j'attends que la pirate me charge pour tâcher de le récupérer. De défendre son bien bec et ongle. Et comme celle-ci recouvre des forces à une vitesse exceptionnelle, c'est sans surprise que je témoigne de la vitesse avec laquelle elle se propulse dans ma direction. Le bras tendu. La paume ouverte d'un côté. Et derrière, le poing recouvert de Haki, prêt à me faucher abruptement. Mais si les forces physiques de la bonne femme sont bien revenues, il semblerait qu'elle reste encore faible psychologiquement. Fonçant tête baissée vers mon piège, j'anticipe son mouvement pour agripper son poignet au moment où ses doigts se referment sur la poignée du ninjatou. Et d'un simple compression, le retourne habilement, l'obligeant à se cambrer et à rater son attaque.

Le second coup ne se fait pas attendre. Un revers du talon qui vient la plaquer contre le sol et lui faire traverser le plancher. A ce moment là, elle ne peut que pleurer sa future perte, voyant déjà le mouvement de ma lame brisée, tenue entre mes canines et mes incisives, fondant en direction de son bras droit. L'enchaînement, trop rapide, ne lui permet pas d'appliquer le Haki sur la zone prestement sectionnée. L'os du coude instantanément à vif, baignant dans sa chair finement tranchée, laissant échapper des flots d'hémoglobine continus. C'est en hurlant à la mort comme une forcenée qu'elle s'effondre alors sur le pont inférieur. Passant à travers le trou au-dessus duquel je la suspendais. Et au-dessus duquel je la suspens alors. Son bras, uniquement.

- Espèce de... salope !!

Elle peut se confondre autant qu'elle le souhaite en injures, ça ne m'empêche pas de descendre la rejoindre et l'agripper par les cheveux. Comme le déchet qu'elle est. Et je l'observe longuement, longuement... Avant de la plaquer contre un mur. Et la frapper au visage avec mon moignon cyborg. Une fois. Deux fois. Trois fois. Jusqu'à ce qu'elle pisse le sang par le nez, jadis en trompette, désormais cabossé. Que ses yeux ressemblent à deux grosses boules violettes. Et que les seuls sons qui sortent de sa bouche soient des gargouillis incompréhensibles. Pourtant, malgré tout cela, malgré la douleur incommensurable : elle sourit naïvement.

Persuadée d'être arrivée au bout du combat, j'en oublie presque sa main restante, tremblotante, qui est venue fouiller fébrilement dans la ceinture de son pantalon pendant que je la passais à tabac. Un poignard. Et si la prémonition où je peux la voir en train de m'embrocher parvient à me prévenir à temps, mon geste pour l'esquiver est quant à lui bien trop lent. Et sa contre-attaque, qui ne rate donc pas, vient me ficher la lame dans le flanc, pile sous la côte. Pile dans l'un de mes reins.

Ainsi embrochée, tiraillée par la douleur, je m'écroule. Tenant toujours la crinière brune de la jeune femme à bout de bras pour l'entraîner dans ma chute. Barbouillées de sang, barbotant dans le liquide vermeille s'écoulant de nos plaies, nous poursuivons toutefois le combat. Jusqu'au bout. Sévèrement blessée, une prothèse manquante, je suis finalement dans le même état que mon ennemie, qui possède toujours un atout dans sa manche. Son poing enveloppé de Haki qui me meule la tronche à son tour.

- On ff'fait mm'moins la mm'maligne mm'maintenant. Ff'falopp'pe ! viennent cracher ses chicots brisés, tandis qu'un nouveau coup m'assomme.

Mais que le prochain se voit interrompu par un réflexe de ma main, qui se plie sous l'impulsion et l'élan de mon adversaire. Celle-ci force pour se soustraire à mon étreinte, cependant je n'ai pas dit mon dernier mot. Nos bras est peut-être occupé, mais ma tête, elle, est encore fonctionnelle. Ou presque. En tout cas, bien assez pour asséner un puissant coup de boule dans le nez déjà bien endolori de la Commandante. Et me sortir de cette mauvaise passe.

C'est le moment ou jamais. Renversée en arrière, la main en protection sur son visage, la jeune femme est temporairement immobilisée. La fatigue et la douleur suffisant à me laisser une ouverture assez grande pour darder un regard panoramique autour de moi. Dans l'espèce de soute où nous avons atterri, il n'y a pas grand chose pour m'aider. Si ce n'est un bout de métal brillant, à quelques mètres. Du métal rouge que je reconnaîtrais entre mille : Dent de Requin ! Les talons plaqués sur le sol, je m'élance en direction du sabre, que je saisis prestement avec mon opposante sur les talons. Et quand je me retourne, celle-ci commet l'erreur de trop se rapprocher. Et de se retrouver transpercée de part en part, la lame sortant de l'autre côté de son draps taché de rouge.

Cette fois-ci, inutile de continuer à gesticuler. D'essayer de saisir la lame pour la retirer de son ventre : le combat est terminé. Essayant malgré tout de se débattre pendant quelques secondes, la pirate finit par comprendre que c'est vain. Et ne cherche plus à se débattre, s'avouant finalement vaincue.

- C'était tout de même... un beau combat... conclut-elle en roulant sur le côté, avant de tomber inconsciente.

Et je l'envierais presque, de pouvoir dormir. Si je n'avais pas des femmes à rejoindre. Une division de la Marine à sauver.

Alors, saisissant le corps endormi de la Commandante, je refais surface. Et si les Marines corrompus encore vivants n'ont pas pris la fuite ou déposé leurs armes, ils le font désormais. Voyant bien que même la Commandante de Kiyori n'a pas réussi à remporter la bataille. Toutefois bien blessée, je peine à faire le chemin jusqu'aux quais, pour descendre à terre. Avec ma captive sur l'épaule et mon flanc transpercé. J'avance toutefois, sans m'inquiéter de la douleur, de mes pertes de sang.

Après tout, il y a bien plus important.

Du côté de Betty.

Le combat s'est engagé. Et assez rapidement, mon adversaire s'est profilé comme étant le Contre-Amiral, évidemment. Je suis celle qui a mis ses plans en péril, celle qui a fait exploser ses hommes et ouvert la brèche à la 346ème. Mais pourtant, sa défaite n'est pas de mon ressort : c'est bien le désordre et le flou de son commandement qui ont permis une telle situation. Le pire dans tout cela, c'est que mon oncle ne me reconnaît même pas. Bien qu'enveloppée de mes atours de Marine, de mon uniforme, de mon étrange béret militaire. Et que cela va faire plus d'une dizaine d'années qu'il ne m'a plus vue.

Alors c'est sans aucun scrupule qu'il combat, me frappe, me fracasse avec ses poings et tente d'avoir l'ascendant avec sa maîtrise imparfaite du Rokushiki. Pourtant, j'ai tout aussi régulièrement que lui le dessus, ce qui donne lieu à des échanges équivalents. Nous nous bloquons, nous parons et nous esquivons avec la même dextérité, la même facilité. Et cela va faire une bonne dizaine de minutes que la situation ne se débloque pas. Mais lorsque je regarde Konsho qui veille sur le corps endormi de la Lieutenante-Colonelle avec un regard bienveillant. Ou la vigueur de Cooper face au Lieutenant de la flotte. Alors je comprends. Je comprends que je dois gagner.

Le combat se poursuit donc, jusqu'à ce que la sueur forme des fleuves sur nos peaux respectives. Que la transpiration dégouline de nos cuirs chevelus et bloque notre vision. Jusqu'à ce que nos membres soient endoloris à cause de l'usage intensif du Rokushiki. Avec des hématomes gros comme nos poings. Avec des coupures et des estafilades qui nous glacent les sangs. Des gestes brusques qui nous envoient au tapis l'un l'autre. Mais que notre désir de nous battre pousse à nous relever. Et à continuer.

Si cet homme était mon oncle auparavant, il ne l'est plus aujourd'hui. Seulement un parasite, un ennemi à rayer de la carte. Un criminel comme un autre qui a trahi le Gouvernement. Et même si ses raisons sont valables, Anna a raison : je ne peux pas lui pardonner. Pourtant, au milieu de tout cela, il s'interrompt soudain, interloqué. Comme saisi par une peur incompréhensible. Il me questionne :

- Ton regard me dit vaguement quelque chose...

Je reste coi. Pas question de lui donner ma véritable identité. Est-ce que cela changerait quelque chose ? Je ne pense pas. Il n'est plus un parent, lointain ou proche. Il n'est plus cet homme qui jouait avec moi lorsque j'étais enfant. Seulement un obstacle qui me barre la route. Alors il reprend ses esprits, voyant que je resterai silencieuse quoi qu'il advienne. Et semble même enrager de ne pas avoir de réponse. Pour finalement briser ma garde. Et m'envoyer au sol une fois de plus.

Une fois de trop.

Car ce coup-ci son pied vient me garder à terre, posé sur ma cage thoracique. Il appuie, compresse mon plexus solaire. Et je ne peux rien faire, sinon regarder ce qu'il se passe autour de moi. Bouger les bras, frapper, essayer de lui trouer la jambe avec des Shigan. Mais celle-ci est renforcée par le Haki. Alors il me pose une nouvelle fois la question et je ne lui réponds pas. Non, tout ce que je fais, c'est observer.

Observer le champ de bataille. Voir les visages des femmes bravant leurs peurs. Fracassant des crânes, trouant par balles les rustres. Ils perdent, ils meurent. Et le Contre-Amiral fait partie des derniers résistants. Je peine de plus en plus à respirer, alors les spasmes sont de moins en moins contrôlés. Quand bien même, je mourrai en sachant que j'ai au moins réussi à sauver la moitié d'entre elles. Et je disparaîtrai en me disant que j'ai rempli ma mission.

Je suis juste désolée. Désolée de ne pas avoir été à la hauteur, de m'être laissée vaincre. Désolée d'avoir perdu.

Ma vision se trouble alors. Les bruits parvenant jusqu'à mes oreilles deviennent incompréhensibles, ponctués par une forme d'écho gênant. Un goût amer en bouche, je peux simplement toucher une lueur blanche du bout des doigts. Et les pas de géants qui se rapprochent n'y changeront rien. Personne ne peut rien y faire. Déjà mon souffle s'envole. Et je baigne dans la lumière. Dignement je m'efface, sous le joug de l'homme qui est renversé par une ombre.

Mais bien trop tard.
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Un autre combat de puissant, encore le temps qui passe et les coups qui s'échangent. Encore une fois, mon impuissance m'est écrasée contre la figure, pour me rappeler que je suis d'un tout autre monde, de celui de ceux qui sont rapidement hors combat et laisse ceux qui ont de l'importance agir. Peut-être qu'au fond de moi j'espérais qu'ils s'arrêtent avant l'inévitable comme il l'a fait pour moi, mais ça aurait été naïf, le genre de pensée qui tue les autres. J'ai repensé à celle qui gît inconsciente dans ma main, est-ce que je ne devrai pas refaire la même chose, Betty n'est pas seulement puissante, elle n'en reste pas moins humaine. Alors que les coups s'échangent, avec un rythme et des techniques dont je ne comprends pas la moitié, je vois que peu à peu Betty finira comme Vasilieva, mais j'ai déjà rassemblé mes forces pour sauver celle-ci, je ne peux pas éternellement jouer avec mon corps ainsi et espérer que quelqu'un me sauverait après et pourtant...

Je serre mon poing libre, si je ne fais rien, alors je ne mérite ni ma place dans la marine, ni d'être en droit de dire que je protège et sers... Mon poing et fermée, je respire profondément, gonflé mon torse ne me remplie pas de fierté, mais d'une certaine peine que j'essaye d'ignorer plus ou moins en vain. Un pas, je n'ai pas le droit de tomber maintenant, comme je n'avais pas plus le droit de le faire pendant l'assaut. Encore un, je sais que je peux et dois le faire, pas seulement pour une collègue, pour une membre de la 346ème, mais pour mon amie. Encore un et alors qu'il semble lui demander à voix haute une chose, tout ce qui arrive à mes oreilles est un concert informe de son divers et insupportable, je serre les dents et le repousse d'un coup du dos de ma main comme un humain écarte un vulgaire moustique... Mais pourtant, je suis presque plus surprise de l'avoir touché plutôt que de réussir à être encore debout après tout cela.

Je la prends aussi dans une main, essayant de la réveiller, l'observant, mais je suis certaine qu'il n'y a plus un souffle, plus un mouvement de respiration...

"Betty ? Réponds-moi... Betty ? BETTY !!!"

Je respire rapidement, comme une personne prise d'une crise et c'est exactement ce qui m'arrive. Je sens mes muscles se contracter et avant de faire une erreur que je regretterai le reste de ma vie, je dépose les deux femmes qui me sont son importante au sol... La respiration rapide, haletante, incontrôlable, je me tourne vers le contre-amiral qui lui-même a particulièrement souffert de sa rixe, ses deux duels coups sur coup. Les yeux injectés de sang, les bras tremblants et un filet de bave qui commencent à couler le long de mes lèvres... Ce n'est pas juste de la colère, c'est un sentiment que je n'ai jamais ressenti, puissante, comme un torrent qui se déchaîne et qui me fait oublier un instant tout mon corps qui me hurle d'arrêter avant de m'auto-détruire. Je ne tiens plus à l'énergie ou la volonté, je ne tiens qu'à la haine et la cible de celle-ci est toute désignée.

"Nielson sale traitre, tu VAS CREUVER !!!"

Je le frape, je le rate, un instant plus tard ça recommence, plus il esquive, plus il évite et plus j'entre dans une rage et le cycle continu un long instant ainsi. Mes plaît se rouvrent une à une ou s'agrandissent, mes vêtements son en lambeaux et pourtant rien ne semble pouvoir m'arrêter, pas plus mon opposant qui essaye désespérément de conserver son énergie et de ne pas subir un autre combat. Où est celui qui m’a vaincu d'un simple coup tout à l'heure ? Il semble presque... Effrayée ? En même temps, la géante baissant les yeux face à la fatalité est maintenant une furie qui beugler, hurle et n'émet que divers bruits sourds, bestiaux et primaires sans le moindre sens comme un animal. Un animal qui ne fait même plus attention à son environnement ou sa propre santé. Heureusement, ça a commencé un peu à l'écart du plus gros des combats et bien avant que je ne sois réellement incontrôlable, tous ceux qui étaient proches on préférés peu importe leur camp aller plus loin tirant avec eux ceux qu'ils pouvaient... Mais ils n'ont pas tous cette chance...

Je le rate de moins en moins loin, ce n'est pas que je vise mieux, mais qu'il fatigue plus vite que je ne me dévaste moi-même en me forçant à agir dans mon état. Même après qu'une série de craquements sinistres et après qu'il y ait des marques de poing géant dans les alentours proches, n'annonce que je viens de me briser des os, continuant avec mon autre poing et mes pieds. Ceux, jusqu'au moment où l'Homme sait qu'il ne pourra pas l'éviter et qu'il ne devient encore dur comme de l'acier. Un esprit rationnel comprendrait que le frappé est à peu près aussi utile que de taper un mur... Mais je n'en ai pas à l'instant présent. J'additionne alors les coups malgré le fait que ma seconde main soit maculée de mon propre sang et en fondant en larme en même temps. Le cratère au niveau de mes coups devient de plus en plus profond et large, et ce jusqu'aux craquements suivants.

Quand j'arrête, crachant de la bile rougeâtre en m'étant mordu les lèvres dans mon courroux à destruction mutuel, respirant à moitié et sifflant le reste du temps geignant de la douleur qui revient à la fois à cause de mon état et de mon cœur brisé. Je suis à bout autant mentalement que physiquement, la chair de ma main laminée... Je ne me rends compte que je ne suis pas la seule à avoir subi de grands dommages de cet échange stupide et primaire... Je me contente de tomber à genoux puis inconsciente... Cette fois, il faudra des mois avant que je ne m'en remette, je vais devoir m'habituer aux plâtres et aux cauchemars.
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Un pas après l'autre. Une longue traînée rouge maculant ma tunique noire, trouée de toutes parts. Ce n'est quasiment plus un vêtement, mais ma pudeur peut attendre. J'avance, je marche longtemps. J'utilise mon Haki pour me prévenir des menaces potentielles, des serpents sur mon chemin que j'esquive maladroitement. Et j'essaye de presser le pas. J'essaye.

Il suffit de suivre les traces de bottes et de roues, ça n'est pas bien difficile. Juste long à cause de la vitesse à laquelle je vais. Et le Soru est une mauvaise idée. Tout ce que je peux faire, c'est plier les jambes. Faire de grands pas. Je ne sais pas si j'en aurai pour vingt minutes ou pour une heure, mais je continue. Dix minutes de marche, puis vingt, puis trente et quarante. Je dois ressembler à un zombie. Mes gestes sont patauds, brusques. Une migraine intense m'assaille, de plus en plus forte, de plus en plus virulente. Mes muscles sont douloureux mais je n'abandonne pas pour autant.

J'ai connu pire.

Finalement, au bout d'une heure, je le vois. Le champ de bataille et ses morts. Son odeur de sang, de chair brûlée, de charogne. Je déplore beaucoup de mes femmes à terre, plus de la moitié. Mais les combats ne font plus rage. Elles ont gagné... ou presque.

Les derniers hommes sont faits prisonniers, lorsque je pénètre devant le Crâne qui ne ressemble plus à un Crâne, mais juste à un rocher comme un autre. Tout a été détruit, je suppose. Et quand je m'avance au milieu du no-man's-land, que ce soient alors les pirates ou les Marines corrompus, tous vrillent des yeux écarquillés en voyant mon paquetage.

- La... La Commandante elle...

- Son bras !! Elle est morte... ?

- C-c'est elle qui lui a fait ça ?

Je peux d'ailleurs maintenant m'en décharger, le confier aux bons soins de ma Lieutenante, qui est restée en retrait durant la bataille, mais reprend les choses en main maintenant qu'il faut gérer et ordonner tout ça. Secondée par Cooper que je n'ai jamais vue aussi malmenée et blessée, mais qui a remporté la victoire sur un duel avec le Lieutenant du Contre-Amiral, le fameux "La Guigne". Et Vasilieva sur l'une des nombreuses civières, endormie.

Alors je me dirige vers un étrange cratère où gisent deux corps étendus. Les deux respirent, mais quand l'un semble être tombé dans les pommes, l'autre est encore éveillé. Et sa paralysie tient plus d'un choix que d'autre chose. Et de la fatigue qui le maintient au sol, comme les plus efficaces des chaînes. Sa tête se redresse pourtant, lorsqu'il me voit arriver et confier Mei Yang à mes subordonnées. Lorsqu'il voit l'état dans lequel est son amante, ce qui le fait sombrer dans une intense dépression. A bout de nerf, il ne peut s'empêcher de pleurer. Mais je n'en ai pas fini avec lui.

Car moi aussi je peux pleurer la perte de femmes vaillantes qui ont donné leur vie pour la cause du Gouvernement Mondial. Je peux pleurer celles des Marines comme celle de Betty. Comme tous les autres cadavres, le sien est recouvert d'un drap, mais en le soulevant, je peux voir le visage troublé de la jeune femme. Et ses yeux ouverts, si dénués de vie. Je me charge donc de les fermer, pour qu'elle puisse trouver le repos, en quelques sortes. Là, on dirait presque qu'elle dort. Si ce n'est qu'elle ne respire plus, évidemment. Puis je prends son corps entre mes bras, chose difficile à faire à cause de ma main, et me redirige en direction du Contre-Amiral. Un deuil qu'il doit faire et il ne va pas y échapper. Comme je vois les larves qui sont tombés ou bien les officiers qui n'étaient pas à la hauteur, j'imagine qu'il est l'unique responsable de la perte de... sa nièce.

C'est bien elle, même s'il peine à y croire. Il a pourtant posé la question, mais elle n'y a pas répondu. Et je la comprends. Je n'aurais jamais accepté pareille traîtrise de la part de mon oncle. La mort ou la prison à vie, tout ce qu'il mérite. Mais aucune réponse. Maintenant qu'il est trop tard, je peux juste lester sa conscience et tout lui avouer. Lui dire tout ce que je sais, vider mon esprit. Rendre la justice de la mort de sa nièce. Oh je sais bien ce que ça fait de tuer un membre de sa famille. Ça ravage salement, là-dedans. Ça ne laisse plus place à autre chose. Mais ça doit être encore pire lorsque ce parent, on l'appréciait. Et qu'on l'a vu grandir, uniquement pour le tuer au final.

- Mensonges ! Mensonges ! Je refuse d'y croire, c'est encore l'un de vos sales coups, Commodore.

Alors comme cela il lui reste assez d'énergie pour se redresser et m'injurier ? Pour s'énerver en chialant. Car au fond de lui-même, il sait que c'est vrai. Il nie, nie et nie encore, jusqu'à ce qu'il n'ait plus de mots pour nier. Alors cette mauvaise foi laisse place au vide, au véritable néant qui le consume. Et quand il vient récupérer un sabre perdu au combat par l'un de ses hommes, je ne fais rien pour l'en empêcher. Je sais que je ne risque rien et que le seul à qui il peut faire du mal.

C'est lui.

Tendant son sabre en direction de son ventre, il se pourfend lui-même. Peut-être pense-t-il que ça sera suffisant pour expier ses pêchés, de se faire souffrir autant en se donnant la mort. La lame s'enfonce sans rencontrer d'opposition, puis taillade la chair jusqu'à son flanc, sous ses côtes.

- Gnnnh... Je préfère mourir... en souffrant... que de vivre avec... une telle douleur. expire-t-il.

D'un mouvement sec, le Contre-Amiral conclue son rituel. Relevant légèrement la lame pour ravager un peu plus les organes internes; Et tomber suite à cela, raide mort, avec les entrailles se répandant sur le sol.

Témoin de cette scène, je reste longuement coi. Avant de confier le cadavre de Betty à l'une de mes subalternes. Ainsi que celui du Contre-Amiral.

- Faites en sorte qu'il ait un enterrement digne pour ce qu'il a fait dans la Marine avant tout cela. Et de même pour cette jeune femme qui l'a vaillamment combattu.

- Ça serait fait, Commodore. Mais dites, je ne l'avais jamais vue avant. Comment s'appelait-elle, sans vouloir paraître indiscrète ?

Quand le Cipher Pol va jusqu'à supprimer l'identité qui doit apparaître au-dessus de ton épitaphe. Tu sais alors que tu es un véritable agent secret.

- Son nom était Betty, je crois. Mais elle préférait qu'on l'appelle "le Soldat Inconnu".

Alors elle part. Et emmène avec elle les deux cadavres. Nous allons devoir creuser beaucoup de tombes aujourd'hui. Malheureusement, je ne pourrai pas aider mes femmes. Je ne suis pas en l'état. Fébrile, je menace de tomber à tout moment. Pourtant il me faut être sur le pied de guerre, encore. Pour faire le constat, pour épauler ma Lieutenante. C'est ça aussi, être chef d'équipe. Qu'importe le mal, je dois tenir, sans repos ni répit jusqu'à ce que tout soit bouclé.

Une bonne heure supplémentaire, je reste debout, à conforter mes femmes, à faire panser mes blessures tout en reniant le sommeil. A vérifier le contenu du Crâne. Les nombreux trésors qui s'y trouvent, mais aussi pas mal de contrebande. L’apanage des pirates et ce à quoi leur servait le repère. Donnant directement sur la côte, de l'autre côté, avec une plage facilement accessible pour les navires. Et facilement défendable depuis les espèces de remparts. J'y retrouve d'ailleurs des vestiges de canons, sabordés durant le combat. Ils savaient ce qu'ils faisaient. J'espère juste que la traître qui nous a dénoncées est morte et enterrée. Ou bien qu'elle souffre, oui. Qu'elle souffre pour tout le mal qu'elle a causé. Enfin bref, tout revient de droit au Gouvernement Mondial. Et une bonne partie pour les familles des victimes.

Certaines sont parties jusqu'au port, chercher des moyens de locomotion. Avec leurs appeaux pour écarter les reptiles, elles font au plus vite, c'est leur mission. Malgré la fatigue générale, il ne faut pas se laisser aller. Il faut encore lutter, le repos n'en sera que meilleur ensuite. Même si les rêves laisseront place aux cauchemars pour beaucoup d'entre elles.

Lorsque le Crâne-qui-rit a enfin été inspecté de fond en comble, je m'allonge contre le flanc de la géante endormie. Celle-ci s'est bien battue, elle a mis le Contre-Amiral au tapis. Mais pas sans mal, pas sans effort. La voilà partie pour roupiller un bon moment et je l'envie. Je ne peux que vérifier que son état est stable et c'est le cas. Puis je repars ailleurs. Je bouge, ne fais que ça. Je vérifie que tout se passe bien, jusqu'à ce que la délégation partie chercher des charrettes revienne. Et que Vasilieva se réveille, étourdie et à moitié consciente. Mais présente pour prendre le relai.

- Konsho... Konsho a...

- Je sais...

Les mots sont durs à prononcer, à ce niveau. Tout ce que l'on peut faire, c'est rester debout, marcher et beugler des ordres incompréhensibles. Finalement les renforts arrivent, mais par la côte. Nos trois navires, pilotés par les femmes censées trouver des moyens de locomotion. J'imagine bien que les habitants ont dit non, sinon ils ne vivraient pas sur les Pythons Rocheux pour rien. Après tout, cette forêt est censée être dangereuse. Et elle l'est. Les bestioles ne tardent pas à nous rendre visible, se repaissant des cadavres qui n'ont pas encore été enterrés. Alors plutôt que de rester là à attendre, j'emmène mes femmes vers la côte. Un dernier effort.

Et nous pourrons toutes dormir du sommeil du juste.
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