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À cause du fer, le cheval fut perdu (Part 2)


À cause du clou, le fer fut perdu.
À cause du fer, le cheval fut perdu. (Part 1 + Part 2)
À cause du cheval, le cavalier fut perdu.
À cause du cavalier, le message fut perdu.
À cause du message, la bataille fut perdue.
À cause de la bataille, la guerre fut perdue.
À cause de la guerre, la liberté fut perdue.

Tout cela pour un simple clou.

Benjamin Franklin.
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Bien que l'éclat qui était autrefois si brillant, se soit évanoui à jamais, bien que rien ne puisse ramener l'heure de cette splendeur dans l'herbe, de cette gloire dans la fleur, n'ayons point d'affliction mais cherchons la force dans ce qui reste après.
William Wordsworth.
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- Hmmm.
- Oh, tu te réveilles enfin.
- Combien de temps ?
- Trois petits jours.
- Faudrait vraiment que nous revoyions le script final, j'en ai marre de finir sur le billard à chaque fin d'aventure.

Encore une fois, j'ai échoué dans un lit d'hôpital. Le Centre Hospitalier Universitaire de Portgentil à en croire les blasons sur les draps. Trois jours de sommeil, je m'en suis plutôt bien tiré après que j'eus poussé mon corps outre ses limites. Enfin, ce n'était pas moi. C'était Shawn. Cette explication également commence à me fatiguer. Je me redresse, Émeline m'aide. Ça va, je peux bouger mes membres. Je constate que l'état de fatigue extrême qui demeure après l'apparition de Shawn perdure de moins à moins. A chaque fois qu'il refait surface, mon corps s'habitue à sa présence. J'ignore si c'est une bonne ou mauvaise nouvelle. Et comme si j'émergeais tout juste d'une monumentale gueule de bois, j'essaie de faire le point sur mes derniers enregistrements. Oui, le Havre, la bataille, Baba Giant, Fridluva, les Grantz.

Le Roi.

Je me souviens de ses dernières paroles avant que je ne sombre dans l'inconscience. « [...] Tu n'élagueras pas les branches de notre jeunesse ! [...] N'oubliez pas que Bliss est la racine de cet arbre qu'est le Gouvernement. Et puis, ce n'est pas tous les jours qu'on a la chance de faire le sacrifice suprême pour ses convictions. Aujourd'hui est un bon jour pour mourir ! » La question silencieuse que je pose à Eme' quand je la regarde reçois une réponse négative. Putain. Gaiden Grantz Ier mort cela signifie que mon ami Jay-jay sera désormais Roi de Bliss. Assurément, c'est un coup très lucratif pour moi vu qu'il détiendra le pouvoir suprême et ne sera plus obligé d'en référer à son père. Mais quelque part au fond de mon âme, un nœud s'est noué. J'aimais bien le vieux débris qu'était le roi vieillissant, il dégageait une aura vraiment magnifique.

- Il aurait pu nous apprendre encore énormément. Puiser dans son expérience du combat et de la gestion. C'est tragique.
- A l'instar de Cat', il est mort comme il a vécu, Loth. En se battant. La vague de tristesse a rapidement été remplacée par de la joie, les Blissois célèbrent la vie de leur roi défunt et sa dernière victoire sur la Révolution. C'est très sympa en ville, il y a des fêtes foraines, des cirques et des spectacles partout.
- Les Blissois sont étranges de toute façon.
- Oui, haha.
- Jay-jay et Davina ?
- Je ne les ai pas vu depuis.
- Nous irons leur présenter nos hommages après. Tu sais quand le roi sera inhumé ?
- Dans une semaine.
- Nous y assisterons alors. Mais en attendant, raconte-moi ce qui s'est passé.  

Le roi nous paralysa tous pour affronter seul à seul l'As de la Révolution métamorphosé en un griffon qui nous balaya tous de sa puissance. Ma dernière image demeure celle de Baba Giant filant sur le dortoir des pensionnaires et de Gaiden Grantz lui jetant un rayon ramollo issu de son pouvoir du démon. Les gestes du géant furent ralentis par un facteur trente. Une autre géante, Fridluva, garde-chasse du pensionnat était venue apporter son aide au roi avant que les limbes ne m’embrassassent.
A partir de là, Émeline me détaille la suite des événements. Le combat de trois titans qui se solda par la mort du roi et la fuite de l'As mutilé. Deux bras en moins, il s'envola vers le sud, chancelant si bien que des patrouilles Marines furent déployées dans le but de le retrouver, persuadées qu'il avait fini par sombrer en mer et couler comme une pierre. Elle me donne aussi le bilan du carnage : dix princesses, un professeur, cent-cinq dans les rangs combinés des Marines et Amazones et l'annihilation complète de la division révolutionnaire de Baba Giant soit trois cents cinquante membres.

- Ça c'est juste pour le Havre. Étant donné que la flotte qui les a déposés devait forcément revenir les chercher, de possibles lieux de mouillages ont été calculés comme tenu de la vitesse et de la taille des galions. Ils ont été repérés mouillant dans les îles sauvages du Golfe de Maiden et totalement anéantis par la 19e.
- C'est parfait. Moins de rats en ce monde.
- Le Cromagnon a été remis au Cipher Pol Number 5 pour débriefing. Sinon à part ça, tout le monde est choqué évidemment, mais va plutôt bien. Mirabella, Henrietta, toutes.
- Et c'est à qui ce bouquet de fleurs sauvages que je vois depuis mon réveil ?
- Fridluva. Elle a même gribouillé une carte : "Pour petit d'homme courageux."
- Que devient-elle ?
- Elle a été décorée par Jay-jay le jour même et faite citoyenne honorifique de Bliss en récompense de son combat et de sa bravoure. Puis elle est partie, vu que l'école n'est pas prête de ré-ouvrir. Elle est repartie vers son pays. Elle t'a invité à venir un jour à Trèfle si tu te rends au Fondement du Monde.
- Gentil de sa part. Nous y retournerons, je n'en doute pas.
- Un continent sur Calm Belt peuplé de Longues-Jambes, Cornus et Géants ? Très peu pour moi.
- Tu as quelque chose contre la mixité sociale et raciale ?

Toc ! Toc ! Toc !

- C'est ouvert ! Oh ! Arsène, bienvenue !
- "Arsène" ? Depuis quand vous avez sympathisé ? m'enquis-je.
- Jaloux ? demande-t-elle.
- Haha, je m'en voudrais de créer une dispute, fit La Truffe. Tu as en l'air en meilleure forme qu'il y a trois jours.
- L'effet d'un bon sommeil paradoxal.
- Je vais vous chercher des croissants, dit Émeline qui s'éclipse.
- Je t'ai vraiment fichu dans le cambouis cette fois-ci Loth, je m'en excuse.
- Oh ce n'est rien. J'ai l'habitude de finir mal à chaque fois, c'est le contraire qui m'aurait étonné. Du coup, tu as ta victoire, le Cromagnon est sous les verrous.
- Tout à fait, fit-il l'air de quelqu'un qui a été déchargé d'un immense poids. Je le traque depuis une décennie, je n'ai eu de cesse de chercher des points communs entre toutes les familles royales tuées par ses rébellions.  
- Ne t'en veux pas, les paramètres à recouper étaient légions et quand on cherche des failles sécuritaires, on est plus disposé à chercher des survivants, des taupes. Personne ne penserait que la princesse tuée dans la révolte avec sa famille était responsable de la fuite, ni même qu'elle l'a faite inconsciemment. Personne ne cherche à vérifier la scolarité des rejetons royaux. Le Cromagnon avait la multiplicité des variables à son avantage. Il fallut être un limier exceptionnel pour remonter jusqu'à lui et toi la Truffe, tu es l'un des meilleurs. Le seul à avoir trouvé sa niche. Mais pourquoi n'as-tu pas terminé le travail ? Randolph Lang était certes un Long-bras mais d'autres infiltrations étaient possibles.
- Crois-le, j'ai perdu un peu de peps, de cet éclat qui m'animait en tant que Marine. Je doutais réellement de pouvoir mener cette infiltration à bien. Quand j'étais encore Colonel de la 19e, j'ai été d'innombrables fois au Havre, je craignais de faire montre d'un quelconque signe qui puisse donner l'alerte au Cromagnon.
- Donc ton choix s'est porté sur quelqu'un de totalement extérieur.
- Et rompu aux missions de ce genre.
- Quand j'ai vu la flamme qui t'animait, même après trois ans passées à essayer de plomber le réseau Ashura et son système de blanchiment d'argent, je croyais tenir l'essence du mot obsession. Tu ne semblais vivre que pour ça. J'ai été oh combien surpris de voir une flamme infiniment plus forte briller dans tes prunelles quand tu évoquas le Cromagnon. Ce n'est pas n'importe quel criminel à tes yeux. Pourquoi ?
- Tu te souviens de la raison pour laquelle j'ai démissionné ?
- Parce que notre plan à Jay-jay et moi promettait de plonger Bliss dans une série de troubles, de manifestations et même d'émeutes de la faim à cause du chômage.
- En gros, vous projetiez d'installer provisoirement le chaos. La Marine m'a séduite parce qu'elle maintient l'ordre. J'ai grandi dans un pays en guerre civile Loth, j'en suis sorti traumatisé à vie par le chaos. Je ne peux le cautionner, je ne peux le sentir. Et le Cromagnon était le plus grand vecteur de chaos des Blues. Tous les autres Révolutionnaires procédaient par infiltration, montage, lui posait les bases de guerres durables. D'abord à travers ses putschs puis sur la réponse du Gouvernement juste après. Dès que le Cromagnon était impliqué, le seul victorieux était le chaos.
- Alors tu en as fait une affaire personnelle.
- Qui est derrière moi à présent.
- En tout cas, merci de m'avoir aiguillé sur cette affaire autrement, un carnage aurait eu lieu. Enfin, il a eu lieu mais moins important que ce qui était prévu.
- Le Cromagnon t'a-t-elle donné les noms de ses acolytes ?
- Oui. Le prince de Myranah Kurt Ashenbrenner que je connaissais déjà, Anatolievitch Darwin "le Diamantaire", Linéa Ke'ra et Carlson Zervis, Gouverneur du Protectorat de Rhamastan.  
- Un beau pot-pourri à ce que je vois. Zervis est déjà en fuite, il fut le premier que le Cromagnon balança à la Marine.
- Pourquoi ?
- Apparemment, elle ne l'avait pas trop en odeur de sainteté et il était relié à ses activités de ventes d'informations. Des preuves les reliant ont été trouvées dans son bureau, elle ne pouvait pas nier en fait. Ashenbrenner aussi est en fuite. Je crois savoir que la princesse Davina Grantz a entendu son nom dans une conversation entre le Cromagnon et la révolutionnaire Terra Hangleton. Mirabella et elle ont rapidement fait le lien.
- Super ! fis-je, irrité. J'aurais aimé ne pas alerter Ashenbrenner.
- Peu de chance. Après la chute du Cromagnon, il devait déjà préparer sa valise. Sinon, tu n'as aucun souci à te faire, la Marine ignore ce qu'est la Confrérie, tu vas pouvoir t'en occuper à ton gré.
- Anatolievitch Darwin est l'un des plus fameux marchands d'armes des Blues, surtout spécialisé dans la déstabilisation de pays regorgeant de diamants. Mais qui était Linéa Ke'ra ? Cooks m'a précisé qu'elle était morte.
- Linéa Ke'ra... comment dire. Quand tu as tué Marie-Curie, tu pensais avoir vu ce qu'il y avait de pire comme génocidaire dans le monde ? Dis-toi alors que tu n'as rien vu du tout. Ce que je m'apprête à te dire est classé si confidentiel que seuls des grades équivalents ou supérieurs aux Vice-amiraux ont l'accréditation pour en prendre connaissance. Moi j'ai toujours été doué pour apprendre les choses cachées.
- Naturellement.
- On surnommait Linéa Ke'ra "la Tueuse de Monde" et c'est normal que tu n'aies jamais entendu parler d'elle, tous ses crimes ont été effacés par la Marine. C'était une Médecin en Chef du G-7 à la tête du département de recherche sur les organismes pathogènes.
- C'est l’appellation mignonne pour couvrir le département des armes biologiques ?
- Tout à fait. Sauf que Ke'ra était dérangée. Salement pas équilibrée mais si douée. Elle a commencé par s’acoquiner avec des marchands d'armes dont Darwin pour qui elle créait des souches virales qu'ils revendaient sur le marché. Avec le sérum bien sûr, ils se faisaient ainsi un maximum de fric.
- Ils allument le feu et viennent ensuite jouer aux pompiers.
- Au début, c'étaient des pandémies assez bénignes en somme, rhume, fièvre jusqu'à l'incident de Bavaria où le virus des Bôlats, une fièvre hémorragique fut déclenchée. C'était si contagieux que le Gouvernement dû autoriser l'euthanasie complète de ce peuple. Un million de mort, soit par le virus, soit par le Buster Call. Ke'ra s'enfuit du G-7 après ça mais la Marine garda le silence sur son identité, sa trahison. Elle était trop dangereuse, trop instable, la révéler au grand jour pourrait non seulement causer de la psychose -un comble quand on pense à tous ces pirates en vadrouille- mais aussi la pousser à agir contre le Gouvernement.
- Contrairement aux forbans, ses armes à elles sont invisibles. Je suis d'accord avec la réaction des autorités, elle était bien plus dangereuse.
- Sa cavale a duré une quinzaine d'années, sûrement pendant lesquelles elle a intégré la Confrérie. Elle a continué à vendre des armes biologiques, à déclencher des épidémies mais rien d'aussi virulents que le virus des Bôlats. Encore heureux. Elle fut tuée avec les pirates des Bâtards de la Mère lors de la bataille de l'Estuaire aux Vents sur West Blue en 1615.
- J'ai du mal à croire que la Confrérie existait déjà cette époque.
- Le Cromagnon n'a fait pas parler de lui qu'en 1617 en tant que révolutionnaire mais Cooks administrait Santa Maria depuis 1607 et y était professeur depuis bien longtemps encore. J'ignore ce qui l'a poussée à se créer une identité révolutionnaire mais ça lui a desservi qu'autre chose. Au lieu de passer sous les radars, elle a été fichée et primée.  
- Le désir de reconnaissance, peut-être.
- Sinon, j'ai cru comprendre aussi que tu avais longtemps soupçonné Jordi Espéranto, le vice-directeur ? C'était un ami et c'est en réalité lui mon lanceur d'alerte. Il m'a un jour parlé de l'influence qu'il soupçonnait que la directrice ait sur les élèves, surtout durant les cours privés de développement personnel hors de tout cadre académique. Si je t'avais dit que je soupçonnais la directrice, tu aurais concentré toute ton attention sur elle, ce qui aurait sûrement faussé tes déductions.
- Possible. Dommage pour Espéranto, c'était un homme bien. J'ai une autre question. Pourquoi tu m'as fait endosser l'identité de Randolph Lang ? Ce type est un pédophile, tu le savais non ? J'ai eu fort à faire avec Nolande Shearer, un autre professeur qui connaissait ses penchants. Me prenant pour lui, elle m'a rendu la tâche compliquée en me fliquant partout.
- Mes excuses mais tout s'est décidé à la dernière minute. Lang est sous les verrous, je l'ai confondu et apporté les preuves de sa perversion. Shearer est libre maintenant.
- Parfait, elle était hypnotisée par le Cromagnon quand elle a tenté de me tuer.
- Bon, sur ce, je te dis adieu.
- Attends, il y a d'autres questions qui me brulent les lèvres, Arsène.
- Qui sommes-nous ? Pourquoi nous te surveillons ? Tu sais que je ne peux y répondre. Je peux seulement te dire une chose, ne cesse jamais de progresser, continue à dénouer des intrigues plus compliquées, l'avenir s'annonce très passionnante.
- Je n'aime pas ce ton.
- Celui qui te fait penser que je joue à être ton vieux maître ? Haha, ce n'est pas fait exprès. M'enfin, cet endroit va grouiller de hauts dignitaires de tout poil d'ici un jour ou deux. Je ne veux pas en être.
- Encore merci pour le coup de main.
- Tu penses en avoir tiré un quelconque bénéfice ?
- Bah oui, un membre de la Confrérie est hors course et tous les autres en cavale.
- C'est tout ?
- Euh... Oui.
- Si tu n'as pas encore entrevu tous les avantages que tu en tireras, c'est que tu n'es pas encore prêt à nous rejoindre, répondit-il avec un sourire énigmatique.

Je déteste quand il se la joue grand maître.

[...]

La semaine qui suivit fut très chargée et j'eus pas le temps de m'ennuyer. Cela débuta par une multitude de gens souhaitant serrer ma main et me signifier de vive voix leur gratitude. Tous des parents des pensionnaires ayant survécu à la tragédie. Même les proches de celles qui y perdirent la vie tinrent à me remercier. De quoi, je ne le sus pas très bien. Il m'apparut juste qu'ils souhaitaient avoir une autre version de la fin de leurs gens, s'entendre dire qu'elles furent braves dans leurs derniers moments. Je fis de mon mieux pour édulcorer l'histoire, étant politiquement incorrect de leur dire que certaines avaient juste été pendues haut et court comme des pirates ou fauchées par balles perdues. Je reçus plus d'invitations que je n'en aurais jamais dans ma vie à me rendre dans tel pays ou tel royaume où je serai accueilli en héros. Je dus être ferme parfois, fuyard d'autres fois pour échapper à certains nobles ou souverains s'étant mis en tête que j'étais le gendre idéal.

- Hahaha ! C'est très drôle. Tu n'as pas de problèmes toi, se rit Jay-jay. En tout cas, ici dans les jardins royaux, tu seras en paix. C'est la chasse gardée des Grantz.
- Au moins j'ai réussi à te faire rire.
- Ouais, j'en avais besoin.
- Il y a plein de festivités dans le pays.
- C'est notre coutume. Nous célébrons la vie. Mais plus le jour J approche, plus je me rends compte de la tâche qui m'attend.
- Feu le roi a passé plus de dix années alité, tu régentais déjà ce royaume. Ça ne changera pas de d'habitude.
- Sauf qu'il ne sera plus là comme airbag.
- Tu as une famille unie, des sœurs pour te soutenir. Et si tu as besoin d'une main armée pour le sale boulot, tu sais que je suis toujours prêt à aider.
- Ravi de l'entendre. Il y aura le Gorosei au complet, cent soixante-dix monarques et des milliers de délégations venus du monde entier. La Brigade Scientifique a sorti un port et une ville de préfabriqués de nulle part à trente kilomètres d'ici pour accueillir les flottes et les gens. C'est un truc de fou.
- Dans cinq jours, tu seras roi et ils repartiront. Il n'y aura pas de Dragon Céleste ?
- Ma foi non, et tant mieux. Je ne les supporte pas.
- C'est la première fois que je t'entends mal parler d'une institution du Gouvernement, fis-je, taquin.
- Oh mais je suis reconnaissant à leurs ancêtres d'avoir su fonder le Gouvernement Mondial mais ils auraient dû faire comme les Néfertari d'Alabasta et ne pas s'arroger des droits divins. Le monde se porterait mieux sans ces déchets congénitaux à force consanguinité. Ils ne valent pas un millionième des visionnaires qu'étaient leurs ancêtres en fédérant le monde.
- Ça a le mérite d'être clair.
- Tu auras un discours à faire.
- QUOI ? Non, tu déconnes ?
- Pourquoi ça t'étonnes ?
- Parce que je n'ai rien à faire devant un parterre de monarques.
- Tu es directement impliqué, tu es le seul qui ait vu venir l'invasion et tu as tenté de l'arrêter bien avant les Marines. Ils veulent entendre ce que tu as à dire.
- Ils n'auront qu'à lire les journaux, j'ai dû accorder vingt interviews depuis. Et non, c'est Dickson qui a vu venir le truc.
- On s'en fout. Dickson n'est plus Marine et s'il t'a confié cette mission c'est qu'il n'en était pas capable et qu'il ne voulait pas être sous les feux des projecteurs. Et toi, tu aimes ça, les feux.
- Allez !
- Impossible de t'y déroger mec, tu es déjà dans le planning. Tu as cinq jours, si tu ne l’écris pas mes assistants le feront pour toi.
- J'emmerde le protocole, putain.
- Et moi donc. Re-bienvenue à Bliss.
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Il fait beau sur Portgentil. Le soleil est au rendez-vous, juste assez fort pour autoriser le port du couvre-chef pour les plus sensibles. A l'extrémité Ouest de la pelouse du terrain de cricket sont exposés les cent-six cercueils qui monopolisent toute l'attention. Quatre-vingt-cinq Marines, vingt amazones et un roi. Placés sur des catafalques parementés de gravures incrustées d'or, les cercueils fermés sont drapés aux couleurs du Gouvernement Mondial. Aucun cierge, juste diverses fleurs aux pétales blanches disposées par bouquets au pied des catafalques. Devant les estrades funéraires s'alignent des centaines de bancs disposés en longues rangées. Aux premières loges, d'abord la famille royale de Bliss. Je ne pensais pas que les Grantz étaient si nombreux, ils sont plus d'une trentaine facilement reconnaissable à leurs chevelures dorées pour les plus jeunes, blanchâtres pour le troisième âge. Les visages sont solennels mais pas tristes pour autant. A côté d'eux siègent les familles des Marines et Amazones tués. A contrario des Grantz, on ne s'empêche pas de pleurer ici.

Au second rang vient le Gorosei, preuve de l'importance de Bliss dans les rouages du Gouvernement. Ils sont tous là, Kateshi Kitano, Kyozu Vagner, Mint Figura, Charles Bakudan et Ike Basara. Je me demande s'ils sont réellement peinés par la mort du roi ou font juste de la figuration eu égard au rang du disparu. Les monarques provenant du monde entier sont assis juste derrière eux. Beaucoup sont là depuis la fin des événements du Havre pour récupérer leurs filles et d'autres à l'instar de la délégation Néfertari ont fait du chemin depuis Grand Line. Émeline et moi sommes dans le troisième cercle, celui qui comprend les invités de marque. J'aperçois au loin l'ex-Vice-Amiral Swiffer Jones que j'avais déjà croisé ici durant l'enquête sur Ashura. A deux rangées à ma droite, un profil emmitouflé dans un costume trois pièces d'un blanc étincelant attire mon attention. Henry Stemper ou devrais-je dire Nicolaïev Kirkin, l'officieux directeur du CP2. A ses côtés, sa fille Henrietta. Nos regards se croisent, elle me fait un signe affectueux de la main auquel je réponds.

A la fois militarisée et répondant aux coutumes des Blissois, la cérémonie commence par cent-six coups de canons en hommage à chacune des victimes entreposées là. Les canonniers laissent ensuite place à l'orchestre philharmonique du conservatoire de Portgentil qui interprète, pendant une heure, différentes mélodies à l'honneur des défunts. Les notes sont lourdes en émotions et la magnifique interprétation des marches funèbres par le ténor Gianluigi Castellamare est l'occasion pour les plus sereins de se laisser aller à quelques larmes. On applaudit à tout rompre quand la prestation du chœur symphonique arrive à terme. S'ensuit la partie traditionnelle de la cérémonie chère à l'habitant Blissois. Ils sont plus de quarante milles à avoir fait le déplacement et à s'être parqués dans les gradins du stade. Et encore, dehors, ils sont dix fois plus nombreux. Les humeurs s'éclairent ensuite, on assiste à une série de petits spectacles, du cracheur de feu à l'artiste qui fait "danser l'eau" grâce à des vibrations soniques, de l'acrobatie équestre à la lutte traditionnelle. Un théâtre de marionnettes très hilarant sur la bataille de Marine Ford où les pirates de Barbe Blanche et Monkey D. Luffy ne sont guère plus entreprenants que des débiles profonds clôture les représentations du terroir.  

Trois heures après le début de la cérémonie vient la partie qui promet d'être barbante. Les discours des officiels. Tout d'abord celui de Dieudonné Mcbride, le major d'homme et meilleur ami du défunt roi avec qui il a grandi. Il est vieux, en fauteuil roulant, incapable d’enchaîner deux phrases sans trembler mais a tenu à rendre témoignage de la vie de Gaiden Grantz. Puis c'est au tour de Godric Orbea "Le Bouclier Écarlate", Colonel commandant de la 54e Division des Marines de Bliss. En tant qu'ancien garde royal devenu Marine, il parle au nom des deux entités. Quelques autres discours d'officiels ténébreux, de gratte-papiers plus tard, la maire de Portgentil Cassandra Woods prend la parole et vante les mérites du feu roi. Je rigole intérieurement quand elle insiste sur la clarté visionnaire de Jay-jay Ier, surtout dans la décentralisation du pouvoir. Elle sait que le fils Jay-jay est contre la déconcentration, elle sait que ses jours sont comptés et que la mairie va disparaître, aussi elle espère que sa plaidoirie devant le monde fera changer d'avis celui qui sera roi dans moins d'une heure. Dommage que je sois trop loin de lui pour voir son expression, je sais qu'il doit être amusé. Après elle, c'est à moi d'entrer en scène. Des applaudissements d'abord timides puis nourris depuis les gradins m'accompagnent jusqu'à l'estrade où se trouve le mégaphone. Décidément, je préfère mes cours magistraux que de m'adonner à cette comédie. Plus de popularité pour moi, certes. Tous les autres y furent avec leurs papiers et notes. La mémoire eidétique m'en dispense.

- Vénérables Gorosei, reines et souverains, amiraux et gouverneurs, mesdames, messieurs, tous à vos grades et honneurs respectifs, bonjour. Le poète Wystan Hugh Auden a écrit un jour : "Le mal n’est jamais spectaculaire. Il a toujours forme humaine, il partage notre lit et mange à notre table." Aussi, j'aimerais commencer cette allocution en rendant hommage à trois personnes sans qui je ne serais pas là aujourd'hui pour témoigner, trois personnes qui ont combattu ce mal venimeux qu'est la révolution. Mlle Henrietta Stemper, la princesse Mirabella Greengrass et la princesse Davina Grantz. ces jeunes femmes représentent fidèlement l'horreur, le courage et l'abnégation.

L'horreur, parce que dans son immonde perfidie, la révolution n'a de cesse de nous diviser, de monter le fils contre le père, la fille contre la mère et dans ce cas-ci, les meilleures amies à devenir ennemies. Henrietta Stemper, douce et fragile fleur fut hypnotisée, dominée, contrainte et programmée pour tuer sa meilleure amie. Si nous devons retenir l'image de la bassesse de ce mouvement insurrectionnel, ce serait celui-là. Il s'insinue dans nos vies et ronge nos liens. Seul le courage et l'unité sauraient contrer cette menace. Henrietta fut très courageuse en combattant l’assujettissement ennemi.

Cette valeur qu'est le courage est aussi personnifiée par la princesse Greengrass. Non entraînée mais plus forte que les meilleurs d'entre nous. Il en faut du courage pour faire face à ses ennemis mais il en faut encore plus pour affronter ses amis et les sauver. Je ne vous le cacherais pas, je n'ai jamais été un fan de la Justice Absolue qui blasonne le dos des Marines. Si elle avait été absolue au Havre, nous aurions perdu Henrietta Stemper. Qui ici saurait nous éclairer sur les bienfaits que cette femme pourrait apporter au monde dans le futur ? Si ce n'est pas assez imagé alors imaginez notre montre sans son père, sans Henry Stemper et la National Geographic Explorer Society. Je peux compter vingt monarques ici présents qui ne seraient surement pas membres de cette grande famille sans son talent. Pour moi, la Justice se doit d'être lucide avant tout.

Pour en revenir à ce fléau qu'est la révolution qui s'infiltre dans relations et nous dévore, je vais citer la princesse Davina Grantz : "La Révolution nous empoisonne depuis des siècles. Depuis la mort de Monkey D. Dragon et la venue de Freeman, nous avons purgé grand nombre de ses partisans, mais le reste demeure d'autant plus insidieux. Ils sont tel l'acide, un mal qui ronge nos royaumes." Digne fille de feu son père si besoin est de le préciser, la princesse Davina incarne ce don de soi, cette abnégation dont chacun d'entre nous doit être capable face à l'horreur et l'adversité. Elle a combattu à mes côtés, aux côtés de chaque Marine survivant du Havre, au côté de ceux qui malheureusement sont tombés sur le champ d'honneur. Et pour tout ça les filles, je veux vous dire merci. J'invite chacun d'entre nous à suivre leur exemple et à tirer un enseignement de leur parcours.

Je ne saurais terminer ce discours sans rendre hommage aux victimes et en particulier au roi Grantz. Je l'ai rencontrée ici même l'année passée et sans vous mentir, le courant n'est pas passé du tout. Parce que je suis jeune, insouciant, fougueux et si inexpérimenté dans la gestion des personnes et des ressources ! J'avais des idées et dans mon insolence je pensais qu'il n'y avait pas mieux. Il m'a montré qu'on peut toujours faire mieux et que je n'étais qu'un blanc bec suffisant pour zéro penny. Je le remercie de sa prévoyance, de la sagesse et de l'expérience qu'il a su m'inculquer durant nos échanges. Puisse la terre leur être légère à tous.

Je clôture ainsi les hommages qui laissent place à l'intronisation du nouveau roi. Encore du cérémoniel, entre lecture de la constitution de Bliss, les prérogatives du roi, la chronologie du royaume et son parcours au sein du Gouvernement Mondial. Le trône royal est porté par des hommes bodybuildés qui scintillent de l'huile qui ruisselle sur leurs pectoraux. L'instant est solennel, tout le monde se lève et à l'autre bout du stade un colossal cor vrombit. Jay-jay dans ses royales parures rutilant d'or se lève, escorté par six gardes. Le fauteuil posé au pied du catafalque de son père attend son nouveau locataire. Gaiden Grantz Junior comme l'appelle le maître de cérémonie s'assied, impassible, le visage fixé sur un point de l'horizon. Conformément aux us de Bliss, on lui remet la Racine et la Graine. La première représentant ce que se targue d'être Bliss pour le Gouvernement. Le cor sonne encore un certain nombre de fois pendant lesquels le maître de cérémonie encense le nouveau roi en devenir et retrace son arbre généalogique dans une chanson improvisée. On lui donne le spectre, on le couvre du royal manteau puis de la couronne, ce qui déclenche un tonnerre d'ovation si brutal que l'espace d'un moment, on aurait pensé qu'une bombe a explosé quelque part.

- Peuple de Bliss, nous vous présentons votre nouveau roi. Gaiden Grantz Deuxième du Nom, fils de Gaiden Grantz Premier du Nom. Nous lui souhaitons bonne santé, une descendance nombreuse et un royaume prospère. Que son règne soit long !

- Qu'il règne longtemps ! reprend le public en chœur.

Puis son discours.

- Je ne vais pas m'attarder longtemps, je n'ai jamais été un bon orateur, dit-il en provoquant des rires dans les rangs de sa famille. "Vous ne couperez pas les branches de notre jeunesse", voilà ce qu'a dit Père en faisant face à la discorde. Cette jeunesse, ces pousses que représente cette Graine qui m'a été remise. Ils ont tous donné leur vie, non pour protéger le présent mais l'avenir. Ce futur qu'essaie d'assombrir l'ennemi. Nous connaissons son visage, nous savons qui sont ces criminels et l'obscurantisme qu'ils prônent, le chaos qu'ils répandent. Nous devons dans ces moments faire preuve de compassion et de solidarité. Et comme l'a rappelé mon bon ami Reich, nous devons surtout faire preuve d'unité et de fermeté. Face à la terreur, le Gouvernement Mondial doit être fort, il doit être grand et ses autorités fermes. Ce que la Révolution veut, c'est nous faire peur, nous saisir d'effroi. Il y a effectivement de quoi avoir peur, il y a l'effroi mais il y a face à l'effroi une fédération absolue qui sait se défendre, qui sait mobiliser ses forces. Papa avait l'habitude de dire : "S'il doit y avoir la guerre, qu'elle ait lieu de mon temps, afin que mes enfants puissent connaitre la paix." Je jure de consacrer toute ma vie à la solidification du Gouvernement Mondial et à l'extermination de ce mouvement jusqu'au-boutiste qu'est la Révolution. Et si d'aventure une vie ne saurait suffire à cette tâche, je promets de transmettre ce royaume plus prospère et plus agrandi à nos enfants pour qu'un jour, ils prennent la relève et toujours, combattent les forces qui dans les ténèbres, nous guettent. Je suppose que beaucoup d'entre vous ont été étonnés par la joie qui suintait de nos murs alors qu'un deuil national était décrété. Comme j'ai eu à l'expliquer, à Bliss, nous célébrons le vécu du défunt mais surtout, nous regardons vers l'avenir. Nous avons un adage qui dit : Bien que...

- Bien que l'éclat qui était autrefois si brillant, se soit évanoui à jamais, bien que rien ne puisse ramener l'heure de cette splendeur dans l'herbe, de cette gloire dans la fleur, n'ayons point d'affliction mais cherchons la force dans ce qui reste après, reprennent à l'unisson quarante mille Blissois dans les gradins, l'index pointé vers le ciel.

- Je vous remercie.

Et aux Blissois partout dans les gradins ou l'extérieur du stade de se prosterner devant leur nouveau roi.
Après les poignées de mains, les cercueils des Marines et Amazones originaires d'ailleurs sont transférés sur des navires et envoyés à leurs terres natales. Quant aux natifs de Bliss, ils sont inhumés dans le cimetière des héros. Gaiden Grantz Ier rejoint ses ancêtres dans la crypte familiale sous la colline rouge. J'y assiste le temps de présenter mes respects au nouveau roi, de me faire taquiner par Davina. Émeline et moi nous nous éclipsons et trouvons refuge dans un bar flottant au large de la capitale. La fête est omniprésente et les histoires tournent autour du couronnement et de la vie du défunt roi. Dans la salle VIP, je prends connaissance de l'avancement de mes affaires. Shakran, Aella et Abigail ont fait choux blanc dans la recherche des ruines de Thétis. Le premier royaume homme-poisson des Blues demeure toujours insaisissable et par extension, l'Œil de Tiamat aussi. je n'ai plus aucune piste. Les guildes éparses d'hommes-poissons représentaient mon dernier espoir. Alors que je m'écroule dans le sofa, dégoûté, Émeline annonce des visiteurs. Je suis surpris de voir Henry Stemper rentrer dans la loge accompagné de sa fille et de Mirabella.

Et tout à coup, je comprends ce que voulait dire Dickson. La solution à Thétis est juste devant moi, sous la forme de ce soixantenaire à la barbe blanche. Comment n'y ai-je pas pensé plus tôt !
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