Sur un banc, face à la mer, l'homme est nonchalamment assis, le dos vouté à consommer sa cigarette d'une bien molle manière. Le levé de soleil récent se met à timidement inonder de sa douce chaleur l'ile de Tequila Wolf. Les yeux plissés, cernés et fatigués, l'individu aux cheveux châtains, le teint plutôt jeune et frais et vêtu d'une belle veste noire abritant un costume tout aussi soigné tourne le dos à ce joli spectacle pour capter la venue d'un homme.
Vêtu de la même manière et la tête couverte d'un chapeau à la forme classique et à l'allure classieuse, la différence d'âge entre les deux messieurs étaient évidente. Le cheveu et la moustache grisaillante, le senior se dirige vers le banc d'un pas léger et tranquille, ses mains enfouies dans les poches de son manteau. Le craquement du verglas se fait régulier pour petit à petit diminuer, à mesure que celui au chapeau s'approche du banc, pour s'assoir tout en fixant l'horizon.
-C'est que tu t'es levé bien tôt. Dit-il en tournant doucement la tête vers le jeune homme, lui le regard plongé vers l'imposant pont en construction au loin, vers sa droite.
-Pas fermé l’œil. Déjà à cause de ce froid mordant et de l'envie d'foutre le camp.
-Héhé, je sais bien que tu as envie de partir. Tu n'es pas le seul, cela dit. Mais...
-Ouais, j'sais bien que l'enquête est pas finie, Antoine. Le problème c'est qu'on est que deux à traiter cette affaire. Bientôt trois semaines qu'on est là à faire la même chose sans aucun résultat. M'enfin, ça va faire quelques jours que je cuisine un type. J'dois l'voir aujourd'hui, ça nous permettra de savoir ou non si la révo est dans l'coup. Faites que non, bordel de merde.
-Oh...oui, j'espère aussi de tout cœur qu'ils n'ont rien à voir la dedans. Sinon, nous ne sommes pas prêts de repartir d'ici. Et, pour ta gouverne, nous sommes trois sur l'affaire désormais.
-Trois ? Un nouvel agent ?
-C'est ça, en infiltration, directement sur le terrain.
-Bah merde, c'est qu'il a du courage. Bon, allez, pas envie d'me transformer en bâton d'glace et la dalle me tiraille. On s'voit plus tard.
-A plus tard Matthew, fais attention à toi.
***
Devant une banale enseigne, Matthew attend, cigarette à la main. Les yeux presque fermés par la fatigue et la température négative, c'est avec réconfort qu'il s'emmitoufle dans son manteau. Un caban différent de ce matin lors de la rapide entrevue avec son supérieur et coéquipier. Son allure est bien différente, à cette heure-ci. C'est un style plus naturel et modeste qu'il a adopté, un style plus « pratique » à adopter au vu de la mission qui l'attend. Une fois la cibiche terminée, l'agent entre dans le bistrot sans même attirer l'attention des clients et habitués. Faut dire que chacun s'en fout de chacun à Tequila Wolf. Rien à faire là-bas, la plupart tirent la gueule et n'ont que faire d'éléments étrangers au quotidien. Du moins, c'est ce que lit Matt sur la plupart des tronches qu'il observe un peu en allant s'assoir à une place libre. Même s'il est encore tôt, l'ambiance est déjà sympathique « Chez Marco ».
Commandant comme d'habitude un thé nature et le plat du jour -dès le matin, oui- le jeunôt quelque peu fatigué jette un œil à sa montre à gousset, soigneusement rangée dans une poche intérieur au niveau des côtes. Vu l'heure, son contact ne devrait pas tarder. Celui-ci n'arrive jamais en retard. Peut-être une seule fois, et encore. De toute manière, si personne n'est là à l'heure, Matt se casse. Il est comme ça, ouais, il a pas l'temps.
Mais fort heureusement, alors qu'il était sur le point de terminer sa tasse de thé, quelqu'un passe la porte du bar et se dirige vers le comptoir. L'inconnu, tapant dans la trentaine et le visage rougeaud soulignant ses traits de plus belle commande une bière avant d'aller s'assoir comme si de rien n'était devant celui qui a failli l'attendre.
D'un air hautain, Matthew ne lui accorde pas même pas un regard, au départ. Les yeux rivés vers la fenêtre à observer les maigres flocons tombants, il se décide à entamer le dialogue. Son interlocuteur, lui, à moitié allongé sur sa chaise à regarder l'agent, tirant un petit sourire provocateur.
-Alors ? Commença Matt en regardant l'homme dans les yeux.
-Ouais, non, elle y est pour rien là dedans.
-Sûr et certain ? Je vais pas me barrer pour me rendre compte ensuite qu'on me l'a mise à l'envers ?
-J'suis catégorique. Ca fait un petit moment qu'il se passe rien.
Matt soupire et jette un regard sur le côté. --Fais chier... cette histoire avance pas.
-Pourquoi ne pas aller y jeter un œil toi même ? De ce que j'ai compris tu as des contacts. Ils pourraient très bien venir te chercher dès que tu as trouvé tes réponses ?
-On m'a déjà proposé. Et c'est hors de question que j'aille foutre mon nez là-dedans. Surtout que j'ai appris ce matin que quelqu'un avait été envoyé pour fourrer son nez. J'ai eu d'la chance, héhé.
-Tant mieux pour vous, alors. Sur ce, tu voulais savoir autre chose ?
-Non, tant que j'ai ta parole sur votre « implication », ca me va. Tu pourras dire à ta « Mamie » qu'elle peut dormir sur ses deux oreilles. Après, c'est une fleur que je vous fais, hein. Personne ne veut se mêler davantage à ça, mais si j'apprends que tu m'as menti là ce sera tout d'suite moins drôle pour vous. Mais, dans le cas contraire, ça me retire une épine du pied.
-Nous n'avons rien à nous reprocher. Conclua la source de Matt avant de se lever sans même avoir touché à sa bière.
Sortant quelques minutes après son contact mystère tout en laissant un généreux pourboire sur la table, le bureaucrate s'empresse d'allumer une nouvelle clope pour en expirer la première bouffée qu'on l'alpague déjà.
-Alors ? Lui lance son partenaire Antoine, le dos contre un mur à observer les gens passer.
-C'est pas eux, ça vient de l'intérieur. Lui répondit Matthew du tac-o-tac avant d'entamer la marche. Les deux hommes marchent maintenant côte à côte. Ensemble, la prestance qu'ils dégage leur ouvre droit le passage dans la foule.
-Qu'est ce qui te fait dire ça ?
-Parce qu'on les tient par les couilles depuis le début, pardi. Si ils nous ont mentis, je reviens avec la cavalerie et on les crève tous.
-Ta décision reste tout de même bancale, et s'ils avaient grillés ta couverture ?
-C'est un risque à prendre, en effet. Lança Matt tout en haussant les épaules. Mais la n'est pas notre mission, on doit toujours s'occuper du bagne et pas chasser de l'avorton. Ils ont eu de la chance d'être tombés sur nous, putain.
-Exact, mais ne sois pas aussi bon à l'avenir, Matt. Car, eux, ne te rendront jamais la pareille.
-Peut-être.
-Enfin, que vas-tu faire, dorénavant ? Tu as une idée ?
-Ouais, ça fait un moment qu'on s'est pas foulé et j'ai pas envie qu'on s'en prenne plein la gueule. J'vais prendre les devants et attaquer le problème à la source.
-Développe ?
-Ils ont envoyés quelqu'un sur le terrain mais, seul, ça va être compliqué de couvrir autant de terrain, tu me suis ?
-Hum.
-J'ai appris qu'avant-hier un chasseur s'est battu dans une taverne et est en garde à vue, un colosse selon les dires. Théoriquement ça a envie de s'faire de la thune ces gens-là, non ?
-Va droit au but, ce genre de devinette me lasse.
-Si le problème vient vraiment de l'intérieur et que des bagnards sont enlevés puis revendus ou je n'sais quoi, le profil serait adéquat, non ? Au moins, personne ne se salit les mains et si il crève...dommage collatéral.
-Et si ton idée ne fonctionne pas ?
-J'convoque les gars. Mon père disait toujours « quand ça fonctionne pas, il reste toujours une solution : tout casser. »
Vêtu de la même manière et la tête couverte d'un chapeau à la forme classique et à l'allure classieuse, la différence d'âge entre les deux messieurs étaient évidente. Le cheveu et la moustache grisaillante, le senior se dirige vers le banc d'un pas léger et tranquille, ses mains enfouies dans les poches de son manteau. Le craquement du verglas se fait régulier pour petit à petit diminuer, à mesure que celui au chapeau s'approche du banc, pour s'assoir tout en fixant l'horizon.
-C'est que tu t'es levé bien tôt. Dit-il en tournant doucement la tête vers le jeune homme, lui le regard plongé vers l'imposant pont en construction au loin, vers sa droite.
-Pas fermé l’œil. Déjà à cause de ce froid mordant et de l'envie d'foutre le camp.
-Héhé, je sais bien que tu as envie de partir. Tu n'es pas le seul, cela dit. Mais...
-Ouais, j'sais bien que l'enquête est pas finie, Antoine. Le problème c'est qu'on est que deux à traiter cette affaire. Bientôt trois semaines qu'on est là à faire la même chose sans aucun résultat. M'enfin, ça va faire quelques jours que je cuisine un type. J'dois l'voir aujourd'hui, ça nous permettra de savoir ou non si la révo est dans l'coup. Faites que non, bordel de merde.
-Oh...oui, j'espère aussi de tout cœur qu'ils n'ont rien à voir la dedans. Sinon, nous ne sommes pas prêts de repartir d'ici. Et, pour ta gouverne, nous sommes trois sur l'affaire désormais.
-Trois ? Un nouvel agent ?
-C'est ça, en infiltration, directement sur le terrain.
-Bah merde, c'est qu'il a du courage. Bon, allez, pas envie d'me transformer en bâton d'glace et la dalle me tiraille. On s'voit plus tard.
-A plus tard Matthew, fais attention à toi.
***
Devant une banale enseigne, Matthew attend, cigarette à la main. Les yeux presque fermés par la fatigue et la température négative, c'est avec réconfort qu'il s'emmitoufle dans son manteau. Un caban différent de ce matin lors de la rapide entrevue avec son supérieur et coéquipier. Son allure est bien différente, à cette heure-ci. C'est un style plus naturel et modeste qu'il a adopté, un style plus « pratique » à adopter au vu de la mission qui l'attend. Une fois la cibiche terminée, l'agent entre dans le bistrot sans même attirer l'attention des clients et habitués. Faut dire que chacun s'en fout de chacun à Tequila Wolf. Rien à faire là-bas, la plupart tirent la gueule et n'ont que faire d'éléments étrangers au quotidien. Du moins, c'est ce que lit Matt sur la plupart des tronches qu'il observe un peu en allant s'assoir à une place libre. Même s'il est encore tôt, l'ambiance est déjà sympathique « Chez Marco ».
Commandant comme d'habitude un thé nature et le plat du jour -dès le matin, oui- le jeunôt quelque peu fatigué jette un œil à sa montre à gousset, soigneusement rangée dans une poche intérieur au niveau des côtes. Vu l'heure, son contact ne devrait pas tarder. Celui-ci n'arrive jamais en retard. Peut-être une seule fois, et encore. De toute manière, si personne n'est là à l'heure, Matt se casse. Il est comme ça, ouais, il a pas l'temps.
Mais fort heureusement, alors qu'il était sur le point de terminer sa tasse de thé, quelqu'un passe la porte du bar et se dirige vers le comptoir. L'inconnu, tapant dans la trentaine et le visage rougeaud soulignant ses traits de plus belle commande une bière avant d'aller s'assoir comme si de rien n'était devant celui qui a failli l'attendre.
D'un air hautain, Matthew ne lui accorde pas même pas un regard, au départ. Les yeux rivés vers la fenêtre à observer les maigres flocons tombants, il se décide à entamer le dialogue. Son interlocuteur, lui, à moitié allongé sur sa chaise à regarder l'agent, tirant un petit sourire provocateur.
-Alors ? Commença Matt en regardant l'homme dans les yeux.
-Ouais, non, elle y est pour rien là dedans.
-Sûr et certain ? Je vais pas me barrer pour me rendre compte ensuite qu'on me l'a mise à l'envers ?
-J'suis catégorique. Ca fait un petit moment qu'il se passe rien.
Matt soupire et jette un regard sur le côté. --Fais chier... cette histoire avance pas.
-Pourquoi ne pas aller y jeter un œil toi même ? De ce que j'ai compris tu as des contacts. Ils pourraient très bien venir te chercher dès que tu as trouvé tes réponses ?
-On m'a déjà proposé. Et c'est hors de question que j'aille foutre mon nez là-dedans. Surtout que j'ai appris ce matin que quelqu'un avait été envoyé pour fourrer son nez. J'ai eu d'la chance, héhé.
-Tant mieux pour vous, alors. Sur ce, tu voulais savoir autre chose ?
-Non, tant que j'ai ta parole sur votre « implication », ca me va. Tu pourras dire à ta « Mamie » qu'elle peut dormir sur ses deux oreilles. Après, c'est une fleur que je vous fais, hein. Personne ne veut se mêler davantage à ça, mais si j'apprends que tu m'as menti là ce sera tout d'suite moins drôle pour vous. Mais, dans le cas contraire, ça me retire une épine du pied.
-Nous n'avons rien à nous reprocher. Conclua la source de Matt avant de se lever sans même avoir touché à sa bière.
Sortant quelques minutes après son contact mystère tout en laissant un généreux pourboire sur la table, le bureaucrate s'empresse d'allumer une nouvelle clope pour en expirer la première bouffée qu'on l'alpague déjà.
-Alors ? Lui lance son partenaire Antoine, le dos contre un mur à observer les gens passer.
-C'est pas eux, ça vient de l'intérieur. Lui répondit Matthew du tac-o-tac avant d'entamer la marche. Les deux hommes marchent maintenant côte à côte. Ensemble, la prestance qu'ils dégage leur ouvre droit le passage dans la foule.
-Qu'est ce qui te fait dire ça ?
-Parce qu'on les tient par les couilles depuis le début, pardi. Si ils nous ont mentis, je reviens avec la cavalerie et on les crève tous.
-Ta décision reste tout de même bancale, et s'ils avaient grillés ta couverture ?
-C'est un risque à prendre, en effet. Lança Matt tout en haussant les épaules. Mais la n'est pas notre mission, on doit toujours s'occuper du bagne et pas chasser de l'avorton. Ils ont eu de la chance d'être tombés sur nous, putain.
-Exact, mais ne sois pas aussi bon à l'avenir, Matt. Car, eux, ne te rendront jamais la pareille.
-Peut-être.
-Enfin, que vas-tu faire, dorénavant ? Tu as une idée ?
-Ouais, ça fait un moment qu'on s'est pas foulé et j'ai pas envie qu'on s'en prenne plein la gueule. J'vais prendre les devants et attaquer le problème à la source.
-Développe ?
-Ils ont envoyés quelqu'un sur le terrain mais, seul, ça va être compliqué de couvrir autant de terrain, tu me suis ?
-Hum.
-J'ai appris qu'avant-hier un chasseur s'est battu dans une taverne et est en garde à vue, un colosse selon les dires. Théoriquement ça a envie de s'faire de la thune ces gens-là, non ?
-Va droit au but, ce genre de devinette me lasse.
-Si le problème vient vraiment de l'intérieur et que des bagnards sont enlevés puis revendus ou je n'sais quoi, le profil serait adéquat, non ? Au moins, personne ne se salit les mains et si il crève...dommage collatéral.
-Et si ton idée ne fonctionne pas ?
-J'convoque les gars. Mon père disait toujours « quand ça fonctionne pas, il reste toujours une solution : tout casser. »