Lizbeth Ellen Caldwell
• Pseudonyme : Aucun pseudonyme, mais on a l'habitude de l'appeler "Lizzie" lorsqu'on a, d'aventure, l'occasion de faire partie de ses proches intimes. Elle hait ce surnom.
• Age : Vingt huit ans, née le premier Février.
• Sexe : Femme.
• Race : Humaine.
• Métier : Détective privée.
• Groupe : Chasseuse de primes.
• But : Arrêter de s'ennuyer.
• Équipement : Un carnet, un stylo plume et un sac de voyage.
• Ce compte est-il un DC ou un "reroll" ? TC de Lilou
• Si oui, quel @ l'a autorisé ? Ma mère (ou juste Loth :HAN:).
Codes du règlement :
• Age : Vingt huit ans, née le premier Février.
• Sexe : Femme.
• Race : Humaine.
• Métier : Détective privée.
• Groupe : Chasseuse de primes.
• But : Arrêter de s'ennuyer.
• Équipement : Un carnet, un stylo plume et un sac de voyage.
• Ce compte est-il un DC ou un "reroll" ? TC de Lilou
• Si oui, quel @ l'a autorisé ? Ma mère (ou juste Loth :HAN:).
Codes du règlement :
Description physique
La démarche chaloupée, légère, un pas souple qui semblait la faire danser. Ses robes l'habillaient toujours avec distinction, et marquées le plus souvent sa silhouette élancée, l'affinant davantage. J'ai le souvenir de voir ses pas faire balancer ses jupons avec une grâce spontanée et innée. Ce fut de ce genre de détails insignifiant dont je me saisissais en la voyant. Il n'y avait bien que ça pour faire d'elle une personne que l'on garde dans sa vie. Et il n'y avait qu'en la regardant longtemps qu'on se donnait l'impression qu'elle existait vraiment. Ses passages fugaces dans l'existence des gens avaient pour habitude de discrètement vous bousculer, alors qu'elle tirait de ses doigts fins sur la seule ficelle qu'il ne fallait pas toucher. Celle qui tenait tout le château, fragile, de cartes. Et qui, sans un souffle d'air, chutait irrémédiablement.
Il y avait quelque chose chez elle qui dérangeait, et pourtant, Lizbeth était de ce genre de femme si agréable à regarder qu'un homme aurait pu y passer des heures sans les voir passer. La fixer une fois aurait été insuffisant pour en saisir tous les aspects. Elle était un reflet qui changeait constamment quand on le croisait. Un reflet impénétrable par ses iris d'un bleu froid, figeant tout sentiment d'une œillade glaçante semblant tout calculer. Elle était faite d'un relief indicible, ou peut-être se donnait-elle seulement des airs. Indescriptible, dans sa façon d'être. Lizbeth avait sa manière de voir le monde, avec un détachement qui vous mettez forcément à distance. Les traits de son visage portaient constamment un petit air mutin, presque hautain, qui avait pour objectif de provoquer souvent...
Oh, provocante, elle n'aurait jamais pu l'être. Tout du moins, elle le laissa entendre plus d'une fois après les questions qui dérangeaient. Son éducation bourgeoise le lui interdisait, et elle savait que chacun de ses actes et chacune de ses paroles avaient des répercussions sur le nom qu'elle portait. Elle y allait avec parcimonie, se parant de ses plus beaux sourires aimables et s'armant d'une douceur qui emplissait son regard. Mais chaque expression était calculée pour obtenir ce qu'elle désirait. C'était sans doute ça le plus tragique chez cette femme : qu'un minois si doux, si aimable, ne se voit pourvu que de très peu de sentiments. Elle n'était pas de celles qui craquaient en public, ou de celles se laissaient aller à la colère, la nervosité, ou le chagrin. Le seul masque qu'elle affiche était muni d'un sourire malicieux qui ridait doucement le coin de ses yeux en amandes.
J'aimais croire, parfois, et je me laissais par la même imaginer, qu'elle pouvait être plus comme tout le monde. Qu'elle se sente assez en confiance pour partager ses sentiments. L'ennui semblait être la seule chose qu'elle exprimait avec aisance, sans jamais s'en sentir coupable. J'aurais aimé voir ses sourcils fins se froncer de surprise, ou de colère, son nez en trompette se plisser en ressentant la jalousie, ses lèvres dévoiler ses belles dents parfaitement alignées en éclatant d'un rire clair et vrai. J'aurais aimé voir dans ses iris la tendresse qu'elle ressentait à mon égard, sans doute vraiment, lorsque je passais ma main dans ses très longs cheveux blonds. Trop long, qu'elle me disait parfois en feignant d'en avoir assez de les démêler tout le temps. Je savais pourtant que, pour rien au monde elle les aurait coupés. Mais Lizbeth n'était pas comme on pouvait s'attendre d'une femme de son âge et de son statut, qu'importait.
Avec le temps, je n'ai plus que des images lointaines de sa silhouette, des impressions qui me reviennent en fermant les yeux. Voilà bien dix ans que je ne l'ai pas vue, ni n'ai entendu parler d'elle. Mais dix ans ne suffiront jamais à oublier ce qu'elle était. Une vie non plus.
Description psychologique
Une moue, qui traduisait parfaitement son ennui. Des yeux, qui sondaient une pièce à la recherche d'un quelconque mystère digne d'intérêt, une quelconque réponse qui vaudrait la même d'être énoncée. Lizbeth chercha un moment en tournant la cuillère dans le fond de sa tasse, diluant le sucre qu'elle y avait glissé, avant de porter la tasse à ses lèvres. Une gorgée, une simple, qui lui brûla le bout de la langue. Puis un soupir. Elle s'ennuyait. C'était bien quelque chose dont elle avait l'habitude. La tête posée sur la main, elle fit encore une fois le tour du salon de thé, ses iris se posant sur la tenancière. Une femme d'un certain âge, à la coiffure et la silhouette entretenues, mais aux manières qui trahissaient son rang social. Une femme au mordant de celles qui veulent vaincre, et qui aiment l'argent. Mais le bel argent, celui qu'on aime recevoir. Lizbeth esquissa un sourire. Une femme seule, observa-t-elle sans avoir besoin de plus la regarder, son sens de l'observation terminant sa ronde. Il ne lui restait qu'à en tirer les conclusions qui se posaient, à partir d'une contemplation fine et d'un esprit d'analyse mis en marche.
Elle trempa ses lèvres à nouveau dans sa tasse, se tournant vers la terrasse du salon. Il n'y avait pas foule aujourd'hui, en cause la pluie battante donnant envie à quiconque de rester chez soi et de ne rien faire de particulier. Lizbeth n'était pas de ce genre de personne à se satisfaire de ne rien faire. Le vide l'angoisser, l'ennui, lui, la déprimait. Elle avait besoin de réfléchir, d'agir, de se confronter à des mystères. Sa soif de liberté, de curiosité, de découverte, n'avaient aucune limite. Ce qui la rendait parfois imprudente, il fallait bien l'admettre. Mais ses imprudences dépendaient en elles-même de son intelligence. Et ça, maline, elle l'était. Rusée comme une renarde, légèrement sournoise parfois. Heureusement, cette fourberie qui frôlait très souvent la manipulation, était contrebalancée par une certaine forme de franchise. Lizbeth disait ce qu'elle savait, souvent la vérité, et toujours au bon moment. Quand ça l'arrangeait. Elle ne tirait sur des cordes sensibles que lorsqu'elle pouvait en tirer quelque chose, se montrant blessante sans avoir pour autant de mauvaises intentions. En ça, on lui trouvait une œillade malicieuse qui allait bien avec son caractère et son sourire en coin.
Reposant son thé, la blonde réajusta son chignon, passant une mèche folle derrière son oreille. Ses yeux retournèrent vers la cuillère, et une pointe de nostalgie traversa ses poumons. D'ordinaire, elle aimait partager le thé avec son jeune frère. Et son ex-fiancé. Les deux lui manquaient. L'esprit vif de l'un, la compagnie de l'autre. Mais il n'y avait bien que ça qui lui manquait chez le second, notamment parce que dès l'instant où elle avait entendu parler de cette promesse d'union, elle avait su qu'elle n'était pas faite pour être avec cet homme.
Est-ce que ça l'avait empêché de l'aimer ? Non. Et Lizbeth lui avait donné le plus de tendresse qu'elle le pouvait. Elle était une amoureuse pudique, qui tombait amoureuse de détails chez des personnes qui savaient capter son attention. Cette tendresse, elle la cachait très souvent au fond, non pas par peur d'être blessée, mais par crainte d'embêter. Elle avait un cœur, enrobé de pierre, mais fait d’artichaut, qui s'entichait du premier l'intéressant plus que nécessaire.
Lizbeth termina sa tasse, et se releva. Attrapant son parapluie, elle salua poliment la tenancière avant de se diriger vers l'extérieur. Une marche lui ferait du bien. Même sous la pluie. Peu lui importait, car elle aimait la pluie. Il n'y avait pas que ça. Elle aimait les promenades relaxantes, les casses-têtes impossibles, et les thés bien infusés avec un sucre à l'intérieur.
Le reste n'était que d'un ennui mortifiant.
Biographie
Très cher Elliot,
Désolée du temps que j'ai mis à vous écrire cette lettre, mais les mots ont eu du mal à transcrire le sens de mon départ, et vous l'expliquer s'avère souvent plus compliqué lorsque je cherche à m'y atteler. Je sais que vous devez entretenir une certaine rancœur à mon égard, d'être partie sans vous prévenir avant de ce que ça impliquait pour vous. L'adage dit qu'il vaut mieux tard que jamais, c'est donc tard, sans doute trop, que je me décide à le faire.
Avant toute chose, sachez que cette lettre n'appelle aucune réponse, même s'il n'y a que vous qui trouvez grâce à mes yeux. Je comprendrais parfaitement que vous ne souhaitiez plus avoir de contact, surtout après tout ce temps sans pouvoir. Mais je reste aussi persuadée que si on ne choisit pas sa famille, on peut au moins apprendre à l'aimer, et c'est ce que j'ai fait avec vous.
Veuillez croire la sincérité des sentiments que j'ai à votre égard, ma tendresse est vraie pour la personne encore jeune et fraîche que vous êtes. J'aurais pu passer mon temps, ma vie, à vous apprendre ce qu'elle est vraiment, si d'autres sujets ne m'avaient pas pressé à partir. Mon frère, vous rencontrerez beaucoup de femmes de ma condition, d'une famille noble, à qui on interdit la liberté sous prétexte d'un nom et d'une réputation à tenir. Les cadets sont souvent des meubles qui pensent, voués à continuer le dessein des aînés. Nous avons grandi dans une famille qui se veut normale, mais qui ne l'a jamais été. En partant, j'ai appris à comprendre ce que le mot sentiment veut vraiment dire. Nous avons appris, vous comme moi, à prendre le recul sur tout ce qui intervient, à calculer les probabilités pour qu'un événement arrive, à l'influencer en conséquence pour obtenir ce que nous désirons. Mais jamais Père et Mère ne nous ont vraiment appris à prendre en compte ce qu'est l'émotion, et d'à quel point elle nous rend influençable et faible.
De cette éducation stricte et aseptisée, nous en avons tiré beaucoup, sachez-le. Sûrement que le fait de ne pas se laisser gagner par des sentiments nous aide à observer la réalité d'une manière bien différente que la plupart des gens. L'essentiel est de savoir s'en servir pour aller de l'avant et devenir quelqu'un.
Pas n'importe qui cependant...
Vous étiez là, le jour où nos parents ont promis ma main au fils de la famille Clark. J'avais quinze ans, vous dix, et ais vécu cet engagement en un silence courtois mais pesant. Jamais un mot plus haut que l'autre, jamais une pensée qui ne s'échappe, juste l'ennui profond mais poli de devoir le faire parce que ma famille l'a décidé ainsi. Et avec cette bague au diamant superbe au doigt, le sourire ravi de Mère, ou l'enthousiasme encore jeune de Christian à ce moment-là de sa vie au sujet de ce mariage, la seule question qui me venait en tête était : s'il s'agit de ma vie, si c'est le nom que je dois porter jusqu'à ma mort, n'ai-je pas voix au chapitre ? Et toutes les autres fois où je me suis retrouvée à aimer Christian, non pas de l'amour d'une épouse, mais de celui d'une adolescente maladroite qui n'y connaissait rien, je me suis demandée si c'était ce que je voulais pour le reste de mon existence.
Chaque jour, jusqu'à mon départ, ces deux questions revenaient, et pas une fois je n'ai eu le courage de les poser de vive voix. Je crus à plusieurs occasions devenir folle en les ressassant, mais jamais je me suis permise d'exposer ces sentiments en public, parce que jamais je n'ai voulu vous importuner avec ceci.
L'auriez-vous compris ? Et aujourd'hui, le comprenez-vous ? Le départ était là ma seule issue, la seule que je voyais. Peu m'importait de devoir abandonner mes titres et ma noblesse, l'argent se gagnait, tant de gens y parvenaient, alors pourquoi pas moi ? Même si ça impliquait de ne jamais remettre les pieds à la demeure, j'en suis rendue à un point de ma vie où je sais que ce que beaucoup nomment maison n'est qu'un tas de briques. Et que l'on a besoin d'un toit seulement pour s'abriter de la pluie.
J'aime la pluie. Et vous le savez. Je ne crains pas de me mouiller.
Je ne dis pas que les premiers temps n'ont pas été durs. Que trouver un emploi, quand on a jamais rien fait des plus jeunes années de sa vie fut chose aisée. Mais notre éducation et notre enseignement m'ont permis de trouver un emploi qui me distrait encore aujourd'hui, et me permet de vivre confortablement. Après six mois de dur labeur, je mis assez de côté pour m'offrir une licence de chasseuse de primes. Vous connaissez mon goût pour le mystère, et les enquêtes m'ont toujours beaucoup amusé. J'ai la sensation d'avoir trouvé ma voie, de quoi me distraire lorsque je n'aurais rien à faire. En alliant l'utile à l'agréable.
Je pourrais vous parler pendant des heures de la satisfaction que l'on ressent en capturant son premier bandit. Mais dans une prochaine lettre, ceci serait plus judicieux je pense. Si vous en désirez d'autres. Ces dix années passées sans vous regorgent d'aventures que je tarde à vous conter, mais qui n'en restent pas moins passionnantes. Il y a évidemment des hauts, des bas, des silences et des joutes verbales à ne plus en avoir assez d'air dans les poumons mais...
N'est-ce pas là ce qui vaut la peine ? Je trompe l'ennui avec ce qui me va le plus.
Je mentirais, si je vous disais qu'il n'y a pas de mésaventure avec ça. Je vous mentirais aussi, si je manquais de vous dire à quel point je peux me sentir seule parfois. Tromper cette solitude est souvent plus difficile qu'on ne l'imagine, surtout lorsqu'on a rencontré une personne capable de vous combler réellement. De ne plus vous faire sentir ce vide oppressant en vous. Bien loin de ce qu'était Christian avec moi, un homme sans vergogne, un criminel qui a su m'arracher le cœur. Je l'ai aimé, Elliot. Assez fort pour oublier la nostalgie et les tourments qu'une vie vous inspire. Mais tout ça menait dans une impasse, et j'ai mis du temps à faire demi-tour. J'aurais fini par y laisser des plumes. L'enfermer fut bien plus judicieux.
Elliot.
Que diriez-vous d'en savoir plus dans une prochaine lettre ? J'espère avoir un peu de vos nouvelles. Et si vous n'y tenez pas, je le comprendrais parfaitement. J'ai laissé derrière moi beaucoup de choses, il serait trop tard, et trop égoïste aussi, pour le regretter aujourd'hui.
Je n'éprouve pas les remords. J'ai la conviction qu'ils ne font que nous empêcher de vivre. La culpabilité est un bien grand mot que je n'oserais utiliser. Vous me manquez, mon frère. Vous me manquez au point où je prends le temps de vous adresser cette lettre, après ces dix ans passés sans vous, et j'y joins mes plus belles pensées.
A bientôt, j'espère.
Votre Lizzie.
Votre Lizzie.
Test RP
Cher Elliot,
Votre réponse m'a soulagé d'un poids, vous n'imaginez même pas. Je n'étais pas sûre que vous voudriez garder le contact avec moi, surtout après tout ce temps. Et vous me voyez sincèrement heureuse d'avoir enfin de vos nouvelles. Nous avons beaucoup à nous dire, mais allons y progressivement... Il faut-
Des grondements la tirèrent de ses pensées. Une voix forte qui tonnait dans le petit salon de l’hôtel où elle séjournait. La blonde redressa la tête, quand sa plume ripa sur le papier de sa lettre, lui tirant une moue agacée. Dans cette résidence où les allées et venues étaient fréquentes, elle avait choisi de tenir compagnie à Martha, jusqu'à ce qu'un des clients ne fasse irruption et ne demande à discuter à une responsable. La jeune femme avait pris ses distances à ce moment-là, se posant près d'une table, s'installant confortablement en réfléchissant à ce qu'elle voulait dire à son frère. Sa plume s'était posée sur le papier, résolue, déterminée... Elliot lui avait écrit. Une missive courte, mais engageante, qui lui avait mis un certain baume au cœur. Une fine risette sur les lèvres, Lizbeth avait entrepris de lui retourner un courrier, avant d'être perturbée par des éclats de voix lui perçant les tympans :
« Une voleuse ! Voilà ce qu'elle est ! Une vulgaire voleuse de bas étage qui ose s'en prendre à d'honnêtes gens ! Vous devriez rougir d'engager de la vermine pareille !
Monsieur, calmez-vous s'il vous plaît, nous allons faire ce qu'il faut pour-
La voix timide de Martha fut instantanément couverte par celle de l'homme.
Virez là ! Expédiez moi donc cette honte de la nature dehors et plus vite que ça ! Et je veux être dédommagé pour le dérangement ! Quinze ans de mariage ! QUINZE ANS ! Entendez-vous ?!
Oui, on vous entend, lança Lizbeth de sa place en poussant un long soupir agacé. Ses yeux froids se tournèrent vers le duo, qui en fit autant vers elle. Le gros homme, à la moustache fournie, la surplombant bien d'une tête et faisant deux fois son poids, la fixa avec des yeux porcins. Mais loin d'être intimidée, la blonde rajouta avec un flegme qui ne souffrait d'aucune contrariété : Et beaucoup trop fort. Vous me dérangez.
Plaît-il ? Est-ce qu'on vous a adressé la parole, petite sotte ?! Restez à votre place ! »
Lizbeth fronça les sourcils. En voilà un qui avait du culot. Une audace qu'elle n'appréciait que peu, et qui la fit pincer les lèvres. Très vite, elle ne fut plus le centre de son attention, tandis que les reproches pleuvaient comme une averse sur les épaules de la pauvre Martha. « Une fortune ! Cette affaire ira loin, ça, vous pouvez me croire ! Je ne me laisserai pas faire ! » Et au milieu de ces menaces trop virulentes pour être sincères, la petite brune tentait bien de se faire pardonner.
« Toutes mes confuses, monsieur, je-
Je ne veux plus vous entendre ! Coupa-t-il. Faites quelque chose, et faites le vite ! Ou c'est un scandale que vous essuierez ! Un scandale, je vous le dis ! »
Ses gros pas firent grincer le parquet lorsqu'il se dirigea en tirant nerveusement sur son gilet vers sa chambre. Martha semblait avoir essuyé une véritable tornade. Elle avait l'air si fragile sur ses jambes toutes fines que Lizbeth esquissa une moue encore plus contrariée que tantôt. Les yeux de l'employée se posèrent finalement sur elle, qui lui adressa un regard qu'on aurait pu prendre pour compatissant. Elle s'approcha d'une démarche incertaine jusqu'à elle, et se pencha en avant pour s'excuser platement :
Mademoiselle, désolée de la gêne, nous tâcherons de-
Martha, dispensez-vous. La voix de Lizbeth était maîtrisée, d'une froideur qui allait avec ses yeux glaçants et son air hautain. Je suppose que Monsieur n'a pas retrouvé son alliance pour se montrer aussi odieux avec vous, n'est-ce pas ?
Non, mademoiselle. Mais... Son alliance ? Comment-
Il parlait de mariage et d'un vol. Il n'y a que ça qui aurait assez d'importance pour faire un scandale pareil... La « voleuse » ne veut pas la lui rendre, conclut-t-elle avec une certaine fermeté.
Elle assure ne pas être rentrée dans la salle d'eau où monsieur dit avoir posé sa bague... Nous devrons rembourser notre client, et congédier la voleuse... En espérant ne pas avoir à prévenir la Marine pour régler les faits.
Vous n'aurez pas besoin de ça... un silence tomba, subtilement rompu par le bruit d'une feuille qu'elle plia avec soin. Comment dit-il que cela s'est passé ?
Martha secoua la tête, tandis que Lizbeth se remit sur ses jambes. Surplombant la servante d'une bonne tête, elle la vit sensiblement se recroqueviller. Elle était timide, impressionnable, trop douce pour oser lever la voix ou imposer sa pensée à qui que ce soit, et ses traits tirés trahissaient une certaine fatigue, un travail éprouvant. Une personnalité que beaucoup prenait plaisir à piétiner. « Eh bien... qu'une personne était rentrée dans sa chambre et avait dérobé son alliance sans qu'il ne le sache. Nous savons que Tamara, notre employée, était de service pour faire le ménage aujourd'hui, elle reconnaît y être rentrée, mais assure ne pas avoir pris l'alliance... » Évidemment. Elle nota le nom. Tamara, une anguille, au physique que beaucoup décrivait comme disgracieux, sans rien enlever à son caractère facile et à sa bonne humeur naturelle. Et a bien y regarder, elle n'avait aucune raison de douter de ce témoignage. Surtout parce que son instinct la menait ailleurs. Sourire malicieux, œillade complice. Les deux femmes comprirent, même si l'une semblait restreindre son engouement. Pour Lizbeth, pas question : quelque chose était sur le point de tromper son ennui. Il ne s'agissait que d'une distraction, mais suffisante pour lui permettre de perdre quelques heures et d'en tirer avantage :
Laissez moi jusqu'à l'heure du thé, Martha, et je réglerais cette affaire. Disons que pour le service rendu, vous pourriez probablement m'offrir le séjour.
Elle se retourna, puis se stoppa :
A-t-il reçu de la visite durant son séjour ?
Seulement de la famille, une cousine, répondit Martha.
Et un autre genre de visite ? Rétorqua-t-elle de but en blanc.
Nous évitons ce genre de réputation, mademoiselle...
Elle s'en doutait.
*
« Encore vous ! Que voulez-vous encore ?! »
L'homme avait de grands yeux ronds en la regardant, l'air énervé, la moustache frétillant devant ce comportement qui ne lui plaisait guère. Lizbeth resta indifférente, impassible, alors qu'elle se pencha respectueusement vers l'avant en saluant l'homme d'un « Monsieur. » aussi courtois que troublant.
« Lizbeth Caldwell, détective privée, je travaille pour l'hôtel et le représente dans ce désaccord.
Qu'est-ce que ces histoires ?! »
Il en tomba des nues, ne suspectant pas que Martha pourrait en venir à ces extrémités. Dans les faits, Martha n'avait pas vraiment demandé son aide, et il ne s'agissait que d'un accord tacite qui n'impliquait pas qu'elle intervienne officiellement auprès d'un client mécontent. Mais Lizbeth ne se présentait à lui que parce qu'elle avait les réponses aux quelques questions qu'elle s'était posées, et seulement parce qu'elle avait résolu cette affaire sans avoir besoin de toucher trop de cordes sensibles. Elle se permit de rentrer sans attendre l'autorisation de l'homme et l'invita à refermer derrière lui en commençant son explication d'une voix qui trahissait son professionnalisme :
« Permettez que je vous explique clairement les choses, elle se racla la gorge, semblant chercher ses mots : Il n'y a pas grand chose que je supporte dans la vie, et les menteurs qui parlent fort pour détourner l'attention de leurs bêtises n'en font, malheureusement pour vous, pas partie. Je devrais néanmoins vous remercier pour m'avoir permis de me faire offrir un séjour gratuit dans cet hôtel, tout frais payés. L'affaire était facile, loin d'un mystère insoluble, et j'en savais déjà les tenants et les aboutissants avant même d'avoir commencé à vraiment m'y pencher : Vous êtes, ce qu'on appelle communément, un goujat, monsieur. Un menteur, un tricheur, un trompeur. Mais votre principal problème est que vous le faites mal. »
Il voulut objecter, elle l'en empêcha : « Non, ne m'interrompez pas. » Alors, il vint s'asseoir sur son couvre-lit, fixant la détective avec des yeux aussi ronds que des billes, tandis que son déroulé était encore loin de la fin :
« Vous trompez votre femme, avec une autre, plus jeune, que vous faites passer pour une personne de votre famille, qui ne sait pas que vous êtes mariés. Ou tout du moins qui ne le savait pas jusqu'ici. Allez comprendre par quel miracle deux femmes ont pu un jour s'intéresser à vous, mais le cœur a ses raisons que la raison ignore, comme dit l'adage. Et ceci n'est pas le sujet. Quoiqu'il en soit, en résumant la chose, vous trompez deux femmes qui vous aime, et vous continuerez aussi longtemps qu'il vous suffira de retirer une alliance de votre doigt. Elle désigna son annulaire, ou la marque blanche du bronzage résidait toujours et ne partirait pas avant longtemps. C'est là ce qui vous a porté préjudice. A quelle occasion un homme marié depuis quinze ans retirerait-il cette bague, surtout pour une « cousine » ? Vous n'aviez de cesse de le répéter au guichet, tout à l'heure, en vous offusquant qu'un bien d'une telle valeur sentimentale ait pu vous être dérobé. Si vous y teniez tant que ça, pourquoi vous en défaire ? Il n'y a que deux raisons à ça : soit pour la faire nettoyer, soit pour la cacher aux yeux d'une personne. Je penche pour la deuxième option, tout comme je vais partir du supposé que c'est elle qui a cette bague. L'autre femme. Je partirais d'un autre supposé, monsieur : c'est que vous êtes un être petit, à l'intérieur, et raciste, qui n'a pas hésité à jeter votre colère à la figure d'une personne qui n'a eu pour seul tort, à vos yeux, de ne pas être comme vous. Elle se stoppa, fixant l'homme avec un sourire en coin : Les hommes-poissons vous débectent n'est-ce pas ? »
Il n'eut aucune peine à se donner pour répondre, la moue qu'il afficha, frôlant le dégoût, donna le change. Lizbeth n'en fit pas plus cas. Elle ne le mènerait pas en procès pour être une raclure. Aussi annonça-t-elle clairement : « Je peux récupérer cette bague. Si vous me le demandez, et si vous allez vous excuser auprès de Martha et de Tamara pour votre comportement. Je le ferais, sans peine, en m'assurant que jamais votre maîtresse ne contacte votre femme. » Ses sourcils se froncèrent. L'homme releva les yeux vers elle, semblant supplier sur l'instant qu'elle fasse un miracle. La réponse était claire, comme de l'eau de roche.
« Il me faut son nom. »
*
Lyanna lui remit la bague entre deux sanglots outrés. Elle était une femme d'un âge avancée, maigre, aux traits tirés, qui s'était épris de ce marchand pour des raisons qui lui échappaient aujourd'hui. La colère parlait à sa place, tout comme cette sensation dévorante de s'être faite trahir par un être cher. Des sentiments que Lizbeth n'était pas la mieux placée pour comprendre, mais qu'elle écoutait avec une attention toute particulière. Ni compassion, ni bonne parole, ni remarque moralisante. La blonde se contentait d'écouter sa comparse sans l'interrompre, alors que toutes deux étaient toujours assises à ce comptoir. Elle regarda cette alliance comme s'il s'agissait d'une grande découverte pour elle. Et dire que pendant des années, elle avait porté une bague de fiançailles à sa main gauche. Une bague qu'elle avait trouvé belle, sans s'en extasier plus que ça. Désormais, ce bijou était accroché à son cou, comme le vestige d'un temps révolu qu'elle n'espérait plus connaître. Christian était loin, très loin. Gardant son masque d'impassibilité, ses iris témoignèrent d'un peu de douceur à l'égard de Lyanna, quand elle essuya ses larmes. Un peu de courage traversait son visage ruiné par le chagrin et l'âge. La vérité était que la tristesse lui donnait bien dix ans de plus. Elle s'abstint de le dire cependant, alors que les mots coulaient toujours.
Un menteur. Un salaud. Lyanna avait cru que son monde s'effondrait en découvrant l'alliance de son homme. Mais ce que Lizbeth appréciait chez elle, c'était que, pas une fois au cours de sa plainte, Lyanna n'avait esquissé de reproche envers la femme de cet homme. Pas une fois elle ne s'était sentie victime de l'épouse. Non, elle avait le bon sens de se dire qu'elles étaient dans le même sac, et que si elle n'en avait pas pitié, elle lui souhaitait de lui mener la vie dure pour le reste de ses jours. Lizbeth esquissa un sourire. Elle comprit sur l'instant comme il avait pu tomber amoureux d'elle, mais il comprit aussi pourquoi cette histoire n'était qu'une impasse. Les relations avaient ceci de compliqué qu'elles étaient imprévisibles, surtout parce qu'elles étaient écrites par des Hommes. Jamais on ne voyait venir la fin, et quand celle-ci venait, c'était toujours trop vite aux yeux de ceux qui aimaient. Lizbeth se targuait souvent de ne pas être de ce genre, influençable, s'abrutissant devant un amour qui faisait battre son cœur sensiblement plus vite qu'à l'accoutumé. Elle se targuait de savoir se contrôler, d'avoir une maîtrise d'elle même si poussée qu'elle lui faisait manquer bien des occasions. Cent fois, elle s'était motivée à lâcher prise, mais son esprit en était incapable, et les souffrances que Lyanna éprouvait aujourd'hui la dissuadait d'un jour se laisser aller.
Alors qu'elle regagna l'hôtel, où elle croisa l'homme dans le petit salon à l'attendre, son chapeau melon posé devant lui, triturant nerveusement son doigt démuni de son bijou, elle s'approcha et lui remit son bien. Avec le message suivant : « Vous ne devrez jamais plus l'appeler, et jamais plus mentir. Sinon quoi, elle contactera votre femme. » L'homme hocha la tête, comprenant parfaitement ce que cela impliquait pour lui. Et il lui posa la question : « Comment... ? » Comment avait-elle fait ? Lizbeth papillonna des cils quelques secondes, devant l'étroitesse d'esprit de son vis-à-vis. Comment pouvait-il croire qu'une concubine se complaisait dans le mensonge ? Il n'avait fallu que cinq minutes de son temps à l'enquêtrice pour comprendre qui était Lyanna, et comment elle voulait vivre son existence. Pas dans un monde doux, pas dans un monde faux. Il n'y avait pourtant rien de plus simple, ni de plus évident.
« En lui accordant ce que vous lui avez toujours refusé : La vérité. »
Et sur ses mots, elle laissa l'homme pour regagner sa chambre.