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Justice #01 – Capitaine du bateau de mes efforts

Chapitre I : Le plaisir avant la mort pas vrai ?


La nuit règne sans partage sur un ciel sans lune. Sa parure d’étoiles peine à éclairer le monde du dessous. Un monde où fripouilles et cœur vaillant luttent pour un lendemain plus clément, pour un avenir sur l’océan…

Le soleil est mort, tué par ce ciel noir. La sombre robe de la nuit tisse un manteau d’impunité sur les épaules de ces hommes. Des bandits pour la plupart, des crapules, des pirates qui sévissent sur les mers en perpétrant leurs méfaits sans se soucier d’une quelconque conséquence. Sans peur de la loi, sans cœur et sans foi, je les vois rire et trinquer à la santé de leur prise du jour matérialisée par ces caisses en bois. Assurément elles devaient renfermer des biens de valeurs, des marchandises faciles à refourguer à la sauvette. Si j’avais eu à trancher, j’aurais parié sur un lot de bouteille de rhum ou plutôt sur une liqueur plus précieuse comme du vin. Combien de temps s’est-il écoulé depuis que je les observe du haut de ce toit ? Peut-être une dizaine de minutes tout au plus et pourtant le hangar dans lequel ils entreposent la cargaison est presque plein à présent. Régit par une discipline de fer et un métier ô combien répété au fil des années, ces pirates connaissent la musique pour l’avoir écouté et reproduite à de trop nombreuses occasions. Ce soir sonnera la fin, le rideau tombera et je serai là accompagné du silence. Ce même silence qui sillonnera leurs cellules pour un fragment d’éternité.

Et si la nuit masque leurs agissements, elle cache aussi ma présence. Immobile je me tiens pareil à une statue de pierre, une gargouille vigilante dont le regard jauge au moins autant qu’il juge. Alors qu’un vent violent s’annonce par de brusques bourrasques, je rentre mon menton dans mon col pour tenter d’avoir un peu plus chaud. Sur mes épaules repose une cape rapiécée, un mince tissu de fortune troué ici et là par le temps et l’usure. Mes mains sont, elles, recouvertes par des mitaines crades. Ma tignasse sous un bonnet ou trône une ancre à l’envers, une crinière factice mange une partie de mon visage tandis que le restant est entaché par de la suie. Du tabac à mâcher et quelques effluves de bière plus tard, me voici habillé pour mon entrée. Je descends par les escaliers que j’avale deux par deux. Bien vite, me voici sur la terre ferme ou plutôt aux abords d’un quai. Un quai qui n’a pas d’existence à proprement parlé au vu du cadastre de cet ilot perdu. Fabriqué de toutes pièces, l’ingéniosité et l’audace d’une telle réalisation avait su susciter mon intérêt parmi les innombrables plaintes que pouvait recevoir le bureau.

Le rapport mentionnait également la possible présence d’objets de recel ou de contrebande. Ainsi, après en avoir fait part à ma hiérarchie et suite à son aval me voici. Découvrir le contenu de cette cargaison, telle est ma mission. Un ponton de mauvaise qualité conduit au hangar. Délimité par des cordelettes de sécurité plus que précaire, il fallait savoir où mettre les pieds pour éviter les innombrables trous qui criblaient la structure. A chacun de mes pas je peux entendre le bois craquelé et gémir. J’avance toujours et ce, avec précaution. Personne ne m’a repéré, car ils sont tous bien trop occupé à gagner illégalement leurs vies. Seul la sentinelle aurait pu contrecarrer mon avancée, mais l’appel de la boisson l’avait délogé de son poste de guet pour quelques précieuses minutes. A mon approche tout est plus noir encore. Zéphyr a poussé les nuages au-dessus de ce lieu oublié. Ils font à présent rempart à la fragile lumière des étoiles qui n’est plus. Le sort me sourit, comme à l’image d’une des cloches perdues qui me salut alors que je viens d’entreprendre une démarche chaloupé et peu sûr. Je baisse la tête, mais lève les yeux pour retrouver la sentinelle, un verre plus tard et le fusil à l’épaule. Je me baisse pour rafistoler ma sandale tout en imprimant le moindre aspect de cette scène dans mes rétines. Les portes du hangar sont juste là devant moi. Plus sombre encore que cette nuit, c’est comme si la noirceur des âmes présentes avait imbibé le bois mort pour l’emprisonné jusqu’aux nervures. A l’intérieur se trouve la réponse que je recherche, mais avant il faut prétendre et faire semblant.

Toi là !

Je me redresse tout doucement. Je sors mon flacon d’ivresse et prend un air ahuri et circonspect. Un pirate s’approche. Un sabre au clair dans une main, une frimousse peu affriolante se terre derrière un nez trop grand qui fonce sur moi. Il me toise d’une tête au moins, sa main libre empoigne ma cape au niveau du col et le voici qui me secoue tout en m’humiliant de quelques claques fugaces. Son sourire s’efface lorsqu’il pose le regard sur ma bouteille d’alcool.

Tu flânes et en plus tu te rinces le gosier ? Tu crois qu’on te paye à te la couler douce crevure ?!

Son crochet du droit me met knock-out pour le compte. Ma bouteille se brise et je m’apprête à lécher le sol recouvert du précieux liquide. Une attitude qui met le pirate hors de lui. Des coups de pieds au buste me font tousser et je me roule ensuite par terre pour tenter de trouver un rien de répit.

Dégage ! Va porter la marchandise où tu vas finir à l’eau petite merde !

Oui… m’sieur, me frappez plus j’y vais.

Je me redresse non sans mal pour me diriger dans la direction indiquée par son bras vengeur. Les épaules basses, ma mine sombre est l’objet l’espace d’un instant de toutes les intentions de la part des quelques clodos et autres parias qui vagabondaient sur le quai cette nuit-là et qui constituaient une main d’œuvre bon marché sous la tutelle des rats des mers. Après un rappel à retourner chacun à son poste, j’arrive finalement à l’espace où sont entreposer les caisses. Je porte l’une d’entre elle bien calé sur mes épaules, je tâte le bois et tente de faire rouler le contenu. Étrangement je n’entends rien alors que mon esprit lui a déjà anticipé le tintement de bouteilles de verre que je pensais trouver là. Je n’ai pas le temps de m’en étonner que la main d’un força me pousse dans le dos pour me signaler d’avancer. Je continue, j’entre dans le hangar tant convoité qui fera sans doute la lumière sur ce sombre endroit.
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