- « C’est super bon ! »
- « N’est-ce pas ? Je te l’avais dit, que c’est une viande de bonne qualité ! »
Koko se mit à sourire alors que je bouffais à vitesse grand V les morceaux de viande du lapin des mers que je venais de buter il n’y a pas longtemps. Un véritable régal ! A croire que certains rois des mers avaient bon gout et pas qu’un peu. Les chasser et en buter quelques-uns pourraient certainement être une activité très lucrative. Dangereuse mais assez rémunératrice puisque selon Koko, les plus grands cuistots de ce monde s’arrachaient les kilos de certaines bêtes à prix d’or. Bien entendu, elle s’égara par la suite en me parlant d’All Blue, mais je n’avais plus fait très attention à son discours, préférant me concentrer sur les nombreux steaks devant moi. Sauf qu’au moment où j’entamais le dernier morceau, quelqu’un tapa à la porte de la salle à manger dans laquelle nous étions. Je fis signe à Koko qui alla tout de suite ouvrir, et quelle ne fut pas ma surprise de voir rentrer la jeune Leslie, commandante des lieux :
- « Veuillez m’excusez de vous déranger en plein repas. Je reviendrais plus tard. » Dit-elle en s’inclinant respectueusement.
- « Mais non, viens t’asseoir. J’ai carrément fini. Tu veux une assiette ? »
- « Je vous remercie vice-amiral, mais j’ai déjà mangé. »
Malgré tout, j’eus un sourire et je pointai du doigt une place de libre qu’elle fit vite d’occuper. Pour ma part, je terminai mon assiette, vidai mon verre, avant que Koko ne débarrasse le tout pour moi et s’éloigne de nous direction la cuisine. Après avoir essuyé convenablement ma bouche, je finis par lui porter toute mon attention. Elle avait l’air moins intimidée par ma présence et plus décidée. J’aurai bien voulu utiliser le mantra pour voir un peu de quoi elle voulait me parler, mais elle n’allait pas tarder à le faire. Je pense bien que j’avais ma petite idée de la chose : « J’ai cru comprendre que vous avez envoyé un espion pour vérifier les dires du suspect. C’est exact ? » Oooh… Elle ne tournait plus autour du pot la petite. D’ailleurs, elle avait ce regard qui en disait long sur ses états d’âmes. A croire qu’elle était définitivement déterminée. Sauf que toute sa détermination et sa bonne foi ne suffirait pas à me faire changer d’avis.
- « Oui. Et alors ? »
- « Rappelez-le. »
- « Pourquoi ? »
- « Je suis sûre que vous perdez votre temps ! Et que ce type est un menteur de la pire espèce ! J’ai enquêté sur lui. Selon son ancien chef, il aurait détourné plusieurs fonds de la boite qui l’employait ! Son chef l’a logiquement viré ! »
- « Sans le dénoncer à la marine par la suite ? »
Ma question d’une spontanéité redoutable parut désarmer Leslie, qui, pendant un moment, ne sut quoi répondre.
- « O-Oui… Mais je suis sûr que le patron n’avait rien dit parce qu’il est un homme bon. Il a dû avoir pitié et considérer toutes les années de services de ce scélérat ! »
- « Hm. Ça peut effectivement se tenir. »
- « Vous voyez ! Alors rappel- »
- « Je ne vois pas pourquoi je le ferai. Ce scénario n’exclut pas qu’il ait pu se faire enrôler par la révolution. Ce sont tous des criminels non ? »
Cette fois-ci, Leslie et à mon grand étonnement se leva et tapa du poing sur la table sous l’effet d’une colère naissante. Mais tout de suite après, elle fut toute seule interloquée et parut regretter son geste. Elle serra les poings, les dents et baissa sa tête en tremblant légèrement. Cette vision d’elle m’arracha un sourire tendre. J’avais cette fois-ci fait usage du mantra pour voir ce qui la tracassait. Si au premier abord, n’importe qui pouvait penser qu’elle était louche à vouloir annuler ce projet d’infiltration et qu’elle devait sans doute être de mèche avec la revo, le problème était tout autre en réalité : « Une marine d’élite qui se conforme aux règles hein ? » J’eus un petit rire alors qu’elle redressa son visage vers moi. Elle était accablée. Très accablée. C’était limite si elle n’était pas larmoyante. Elle finit même par tomber sur son siège, avant de grogner d’impuissance. C’est après ce moment que j’en vis plus ou moins à comprendre l’affaire.
- « Je n’ai pas demandé à rester coincée sur cet archipel… »
- « Mais pour autant, tu n’as pas contesté cette affectation, non ? »
La jeune femme resta silencieuse.
- « Du coup, tu suis les ordres à la lettre et tu ne t’occupes jamais de la zone de non-droit. Comme un bon toutou quoi… »
Leslie m’adressa un regard haineux. N’importe quel individu lambda aurait eu la chair de poule. Sauf que moi, je m’en amusais.
- « Et ça ne le ferait pas du tout si un autre marine venait foutre la merde sur le territoire dont tu as la charge… »
- « C’est pour ça que vous dev- »
- « Oublie cette idée. J’vais pas me gêner pour ta gueule. T’es une marine d’élite pourtant et tu t’occupes jamais de cette zone parce qu’on t’a donné ces consignes ? Quelle connerie ! Je porte pas vraiment l’élite dans mon cœur, mais là, tu fous la honte à ta branche ! Là où tes pairs auraient… »
En seul instant, la jeune femme avait disparu pour se retrouver sur la table, devant moi, le bout de son meitou pointé sur mon cou. Son visage était froid et son regard brillait d’une lueur assassine. Cette petite était forte. Peut-être même plus forte que ce petit con de Yamamoto. Elle attira tout de suite mon attention au point que j’eus un sourire gras et presque pervers. Les épéistes avec du talent, quel que soit leur bord, me faisaient toujours ce petit effet. « Est-ce si bizarre pour une marine d'élite de se conformer aux règles ? » Malgré sa face dénuée de toute expression avenante, sa question paraissait sincère. Mais alors qu’elle attendait une réponse, elle baissa ses yeux et constata avec effarement que j’avais pointé ma propre lame en direction de sa poitrine. A quelques centimètres quoi. Elle eut alors un sourire pour la première fois et rangea son arme avant de quitter lentement la table. Pour ma part, je fixai mon arme.
- « Ce que tu viens de faire pourrait te couter cher. »
- « J’en suis consciente. Vous êtes techniquement mon supérieur après tout. » Me répondit-elle en me tournant le dos.
- « Eh bien… T’as un beau cul, toi. »
- « On me l’a très souvent dit. Merci. »
Je haussai un sourcil à sa réponse, avant de pouffer de rire. Elle était bizarre. Mais plutôt marrante.
- « Très bien. On va décider de tout ça en duel. Si tu me gagnes, j’annule tout et je pourrais même te rendre un service supplémentaire si c’est dans mes cordes. Tu n’auras qu’à demander ce que tu veux. »
La commandante se retourna lentement vers moi, surprise par ma proposition :
- « Et si je perds ? »
- « Je continuerai mon affaire. Et tu deviendras ma femme. »
Leslie eut un moment d’absence, puis elle prit le chemin de la sortie :
- « Je connais un endroit discret. Je vous contacterai via den den mushi. Cet après-midi même, ça vous va ? »
- « C’est presque romantique. »
- « Dans ce cas... » Dit-elle en s’inclinant une dernière fois avant de disparaitre.
Une poignée de secondes passa, puis…
- « Tu abuses, Salem… » Fit une voix derrière moi.
- « Koko… T’as tout entendu ? »
- « Tu vas y aller ? »
- « Tu me vois refuser l’invitation d’une belle femme ? »
Koko eut un soupir et haussa ses épaules. "Ça devait certainement arriver", se dit-elle intérieurement avant de retourner à sa cuisine.
Confrontation
- « On s’est pas mal éloignés. C’est pas la zone franche, par ici ? »
- « Si. J’aimerais juste éviter que nos hommes nous voient combattre l’un contre l’autre. »
Nous étions au groove 29. Au nord-est de l’île quoi. Complètement à l’opposé de la zone contrôlée par notre faction. Amusant. Ce qui voulait dire qu’elle allait se donner à fond. Dire qu’elle était prête à aller aussi loin juste pour conserver les apparences et garder ses chances d’être affectée ailleurs. Logique conne que je ne comprenais pas. M’enfin, ce n’était pas forcément de sa faute. La politique du Gouvernement concernant le rôle de la marine ici me dépassait. Elle était tordue. Les raisons économiques qui poussaient à une telle folie n’étaient pas suffisantes à mes yeux. Mais là n’était pas le plus important. Pour ma part, je n’allais pas du tout me gêner pour tout chambouler si nécessaire. La petite se fatiguait d’avance. Mes espions n’avaient pas de den-den-mushi sur eux. Il était donc impossible pour moi de les rappeler et de mettre fin à leur infiltration. Par contre, son toupet de tout à l’heure m’avait plus que séduit. Elle avait l’élite dans le sang en dépit de tout ce qu’elle pouvait raconter et faire pour se donner bonne figure. J’étais d’accord pour dire qu’elle avait été bien élevée, mais elle avait finalement la nature d’une marine d’élite. Et puis, je voulais voir à quel point elle était fortiche cette gamine. A quel point elle frôlait la flèche…
- « Quelles sont les règles ? »
- « J’en sais rien… Eviter la mort de l’autre, ça me parait déjà bien ? Si on essuie de graves blessures, on dire que c’est un pirate. Ça te va ? »
La jeune fille ne fit qu’acquiescer, puis elle dégaina lentement son arme. Maintenant que je la regardais avec attention, je pus identifier le sabre qu’elle avait en main : Le Yubashiri. Jolie prise. Dire que moi, je n’avais pas eu de meitou depuis perpet’… Faudrait peut-être que j’en cherche un. En attendant, je me mis à fouiller ma poche et j’en ressortis un paquet de clopes ainsi qu’un briquet. Tout d’abord interloquée, Leslie grogna par la suite alors que j’allumais une cigarette comme si de rien était. Je savourais la première taffe en regardant les bulles assez bizarres de l’île qui gagnaient doucement le ciel, puis je portai un regard à la gamine qui attendait apparemment de moi que je dégaine ma lame à mon tour. Elle avait déjà adopté une position de combat assez éloquente : Tout miser sur l’attaque hein… « Te gêne pas gamine. Attaque-moi. » Son visage fut défiguré par la colère pendant un instant puis elle disparut de mon champ de vision, comme par magie. Soru hein ? Je m’en doutais. Son mouvement trop rapide dans la salle à manger se comprenait maintenant. Malheureusement pour elle, j’avais usé au maximum de mon mantra et je vis d’avance sa réapparition au niveau de mon flanc droit et son mouvement de coupe à ce niveau-là. Elle rigolait pas…
- « Je devrais te prendre un peu plus au sérieux on dirait… »
Alors que la commandante était effectivement sur le point de me trancher, je fis moi aussi usage du soru et me retrouvai soudainement derrière elle, sourire aux lèvres et sabre déjà dégainée. Je l’agitai vers l’une de ses épaules, sauf qu’elle enchaina d’un autre soru pour se retrouver à quelques mètres de moi. J’eus alors un petit sourire là où elle avait le visage fermé, quoique légèrement déformé par la peur. Elle avait eu chaud sur ce coup et se rendit compte que j’avais moi aussi cette technique prisée au Cipher Pol. Mais très vite, elle reprit contenance alors que j’adoptai moi aussi une posture de combat. Nous nous jaugeâmes du regard pendant quelques secondes, puis nous bougeâmes au même moment. En moins d’une seconde, nous croisâmes nos lames pour la toute première fois. Cette grosse collision provoqua un gigantesque souffle autour de nous, mais sans conséquence puisqu’il n’y avait rien ni personne sur ce groove. En gros, nous pouvions nous donner à fond sans se soucier de dégâts humains et matériels. Encore qu’il s’agissait d’une zone où pullulaient les hors-la-loi. Des pertes en vies humaines ne seraient certainement pas regrettables ici. Mais là n’était pas le plus important. Ce qui urgeait, c’est que nous multipliâmes aussitôt les coups d’estocs.
- « Hééé… T’es forte toi ! Et dire que je ne te connaissais même pas ! »
Mon adversaire ne répondit pas à ma flatterie, trop occupée à tenir la cadence contre moi. C’était des esquives ou même des parades à tout bout de champ. Et l’échange dura plus d’une minute, avant que je ne réussisse à lui entailler une cuisse et qu’elle, pour sa part, ne frôle ma joue gauche. D’un bond arrière chacun, nous creusâmes un écart qui fut temporaire, puisqu’elle fut la première à faire usage du soru pour se retrouver soudain dans les airs, derrière moi. Elle me chargea comme un bœuf, mais j’eus le réflexe de placer mon arme diagonalement derrière moi pour encaisser le coup et ne pas me faire toucher. La puissance de son attaque faillit me faire voler au loin, mais bien stabilisé sur mes fortes jambes, je ne bougeai seulement que de quelques mètres. De quoi déboussoler la gamine pendant une poignée de secondes. Secondes qui me suffirent à me retourner pour lui porter un violent coup d’estoc qu’elle bloqua du plat de son meitou alors qu’elle était encore en plein air. Par contre, l’impact de l’attaque la propulsa très loin de moi, preuve même que j’avais bien plus de force qu’elle. Mais plutôt que de m’arrêter, je profitai de son vol plané forcé pour lui balancer une gigantesque lame de vent de mon crû…
- « C’est cadeau ! » Qu’avais-je dis en rigolant, attendant de voir ce qu’elle allait faire.
Sauf qu’après mon murmure, il eut une grosse explosion, puis un gigantesque écran de fumée envahit les lieux. Petite futée ! Plutôt que d’attendre que la lame de vent vienne à elle pour la contrer, elle avait réussi malgré sa position précaire dans les airs à générer une onde tranchante contondante qui rencontra la mienne de sorte à provoquer cette explosion de condensés d’air. Elle était vraiment forte ! Je comprenais à présent pourquoi elle était frustrée. Avec son jeune âge, sa puissance assez impressionnante qui relevait presque du génie et sa bonne dynamique, elle aurait pu être une colonelle d’élite. Si son idée était de faire un travail propre dans le coin avant de demander une mutation et viser plus haut, je concevais mieux pourquoi elle ne voulait pas que j’intervienne en dépit de mon envie d’en découdre contre les révos potentiellement sur place. Seulement j’avais l’impression qu’elle ne m’avait pas tout dit… Qu’elle me cachait donc quelque chose de gros. De quoi me motiver à la battre pour lui tirer les vers du nez. Mais même pas fini d’y penser que la gamine émergea de la fumée et se rua vers moi d’un air déterminé. Elle fut tellement rapide que je n’eus pas le temps d’amorcer une esquive. Du coup, je contrai son attaque avec fracas, avant que nous ne recommençâmes à échanger de nombreux coups où elle finit enfin par me couper au niveau du bras gauche. De quoi lui arracher un sourire un peu moqueur, mais qui s’effaça bien vite…
- « 2 à 1 non, gamine ? »
La commandante grogna de plus belle. Elle venait de se rendre compte qu’elle avait une deuxième coupure à la cuisse droite. Sur le point d’exploser de colère, elle prit néanmoins une grande inspiration et redevint aussi froide et lisse que d’habitude avec son regard meurtrier qui était presque aguichant. Puis elle ferma les yeux en se concentrant. Haussant un sourcil, je finis par l’attaquer franchement pour lui apprendre qu’on ne fermait pas les yeux une seule seconde devant un adversaire redoutable ou plus fort que soit. Sauf qu’en lui portant un coup au niveau de l’épaule gauche, ma lame « glissa » sur sa peau le long de son épaule et de son bras gauche. J’écarquillai les yeux en comprenant ce qu’elle venait de faire, mais au moment même où je voulus me replier, Leslie me porta à son tour un coup à l’épaule, sourire sadique aux lèvres. Elle faillit me bousiller la clavicule, mais je réussis à me replier in-extrémis. C’est alors de loin et l’épaule en sang que je pus distinguer cette teinte mâte que je ne connaissais que trop bien sur sa lame : La couleur de l’armement. Et dire qu’elle le maitrisait alors que je n’étais encore qu’en apprentissage. Cette foutaise ! C’était bien la preuve que la petite était très balèze. Je venais de saisir pourquoi mon attaque ne l’avait pas entamé. Elle s’était complètement enduite de haki. Elle avait fait un pari risqué. Dans un duel comme celui-ci, une seconde suffisait largement à condamner une personne. Mais sa mise avait payé.
- « Alors vice-amiral ? Surpris par la gamine ? »
Et voilà qu’elle faisait sa moqueuse. Décidément, j’étais pas chanceux. Mais pour autant, je ne me décourageais pas. J’avais vu pire. Notamment avec mon propre père qui maitrisait parfaitement l’affaire et qui m’avait pas mal tapé avec. Tout de même… La blessure qu’elle m’avait infligée à l’épaule faisait un mal de chien. Ça allait certainement prendre un temps fou pour cicatriser. Et puis, vu le sang que je perdais, il valait mieux que je ne fasse pas durer le duel, d’autant plus que les marines de sa base et de ma flotte s’inquièteraient. Ça risquait pas de toute façon, vu ce qu’elle venait de manifester. Haki hein ? Pas le choix donc. Ma force pure allait parler pour moi. Là-dessus, je fonçai brusquement sur elle tout en lui balançant des lames d’air à la gueule. Elle les dégagea très facilement et anticipa naturellement mon apparition derrière elle en contrant mon attaque qui visait son dos. « C’est une feinte pitoyable, vice-ami- » Sauf qu’un high kick sorti de nulle part lui enflamma alors le flanc gauche, ce qui eut pour effet de faire ployer la commandante pendant quelques secondes, tant elle ne s’y attendait pas. J’utilisai justement ce moment pour lui foutre en complément un violent coup de boule qui la fit aussitôt saigner avant qu’elle ne titube et qu’elle ne me balance une lame de vent pour ne pas que j’enchaine. Mais j’avais usé d’un geppou au tout dernier moment pour éviter sa lame de vent et je lui fis manger une, bien lourde comme il faut !
- « GWAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!! »
Leslie avait évité mon projectile de vent à un millième de secondes près, mais lorsque ledit projectile écrasa le sol, le souffle généré la balaya très loin et elle se retrouva à terre à quelques mètres de l’impact. Elle finit tout de même par se relever rapidement et grimaça légèrement tout en essuyant rageusement le côté de son visage où coulait abondamment du sang. J’avais fini par comprendre que mon épée ne pourrait pas m’aider à gagner le duel comme je le voulais. Non pas parce que j’étais un piètre épéiste, mais justement parce que j’étais bien trop fort. Si on continuait sur cette lancée, je risquais de lui couper un membre ou de lui perforer un organe. Nul besoin d’aller jusqu’à ces extrêmes pour gagner un simple jeu. Du moins, à mes yeux. Je risquais de foutre en l’air sa carrière. Les attaques pugilistes me paraissaient être un bon complément pour le coup, d’autant plus qu’elle ne s’y était pas du tout attendu. Mais à peine avais-je remis les pieds au sol qu’elle se rua vers moi sous un cri de rage. Elle était légèrement déstabilisée, mais elle n’en démordait pas. Fierté d’épéiste hein ? Et puis, vu ce qu’il y avait en jeu… C’était compréhensible. Une énième fois, nous échangeâmes coups sur coups. Ils furent si violents qu’on devait entendre distinctement nos lames s’entrechoquer sur tout l’archipel. Mais cette fois-ci, il n’eut pas de tours de passe-passe. Pas de soru, pas d’esquive, rien. De l’escrime pur et dur. Son haki lui permettait de me tenir tête, mais j’avais quand même l’ascendant.
L’issue du duel commençait à se dessiner…
Sauf que tout le boucan qu’on faisait attira pas mal de personnes après plus d’une demi-heure.
Des pirates. Beaucoup de pirates. Qui encerclèrent le groove. Et qui nous forcèrent à nous arrêter.
- « Pas mal de gêneurs hein… »
- « Ce ne sont que des pirates de bas étage ! Je ne vois aucune tête bien connue. »
Par la force des choses, Leslie et moi étions dos à dos. Une foule immense nous entourait. Une foule composée uniquement de forbans et de bandits en tout genre. Un joyeux comité rien que pour nos gueules. Le plus bizarre, c’est qu’ils semblaient ne pas nous craindre. Ne pas me craindre. Bah, à ce niveau de Grand Line, avoir peur d’un simple vice-amiral serait certainement ridicule pour ces hors-la-loi. J’eus alors un sourire. Ce petit incident marquait une trêve pour nous deux et la commandante l’avait bien compris. Priorité aux nuisibles. J’eus un soupir et je me stoppai pour prendre une autre cigarette. Sauf qu’en ouvrant le paquet, je constatai qu’il n’en restait plus qu’une seule. Je haussai les épaules et j’allumai la dernière avant de la savourer en levant les yeux au ciel. L’héritière des Sakamoto se retourna vers moi et décrivit une moue boudeuse : « C’est mauvais pour la santé ces trucs, amiral ! » Surpris par sa déclaration, je lui portai un regard tout troublé, avant d’avoir un gros sourire. Elle était vraiment marrante. J’aimerais bien avoir un élément comme ça dans mon effectif. Plutôt respectueuse, forte, indépendante, courageuse avec cette dose d’impertinence qui lui allait à ravir. Elle m’avait presque séduit en me défiant dans la cuisine. Si j’aimais bien les vilaines filles en général, je n’étais pas indifférent au charme de ce genre de femmes.
- « Bon ben, réglons ça rapidement. Dix minutes chrono. »
- « Bien reçu ! »
La confrontation contre les pirates n’en fut pas vraiment une. On aurait pu s’attendre à une bataille féroce, mais il n’en fut rien. C’était comme un entrainement pour nous deux. Malgré le nombre incalculable de pirates, nous fîmes un carnage. Leslie comme moi n’avions pas de temps à perdre à « neutraliser » ces forbans. On les tuait sans hésitations. Sans remords. Jeunes comme vieux. Hommes comme okamas. Il n’y eut aucun survivant à ce carnage sans précédents. Une boucherie gratuite. Et pourtant il y avait eu de tout : Des pugilistes en tout genre (Boxer, lutteurs etc…) des sabreurs bien évidemment et même des snipers et archers, mais aucun d’entre eux ne réussit à nous infliger ne serait-ce qu’une égratignure. En moins de temps qu’il n’en fallut, nous tuâmes un millier de pirates. Les têtes volaient sans comprendre pourquoi ni comment. Puis, lorsque les dix minutes sonnèrent, le massacre s’acheva enfin. Plusieurs corps jonchaient le sol des environs et nous étions couverts du sang de nos adversaires. Pas bien glamour. Mais alors que Leslie se tourna vers moi, elle écarquilla ses yeux. Non pas parce que je l’attaquais par surprise, mais parce qu’elle vit le nombre de bandits frappés par ma lame. Le double des victimes qu’elle fit elle-même. Lorsque je vis sa mine, j’eus un sourire malgré le fait que le moment ne s’y prêtait pas vraiment.
- « Heureusement qu’il n’y a eu aucun supernova dans le lot. J’ai dû reconnaitre une ou deux têtes à plus de 50 millions, mais rien de vraiment impressionnant. Des rookies de bas étage comme tu le disais tout à l’heure. »
Leslie ne sut quoi répondre. C’est à cet instant précis qu’elle se rendit compte qu’il y avait tout un monde qui nous séparait. "J’ai été un peu trop présomptueuse", qu’elle s’était dite. Sans user de mon haki, je pouvais lire ses pensées sur son visage. Après m’être débarrassé de mon dernier mégot, je me mis en garde comme pour l’inciter à en faire autant. La jeune commandante hésita un instant avant de faire comme moi. Pis d’un seul bond, nous reprîmes notre combat. Mais il fut moins intense. A mesure que j’échangeai des coups avec elle, je me rendis compte que sa puissance déclinait. Deux raisons à cela : Notre précédente confrontation l’avait quelque peu éprouvé et le fait que je fis plus de victimes l’avait plus ou moins découragé. Son mental flanchait. C’était typique d’une personne talentueuse mais qui n’avait pas encore engrangé assez d’expériences. Faut dire qu’elle était très jeune aussi. A peine 21 ans si je me fiais à son visage. Elle gardait tout de même un soupçon de combativité, tenace comme était, d’autant plus que son haki l’aidait à tenir le coup. N’eut été mon propre haki encore incomplet que j’utilisai pour durcir mon bras gauche, la gamine durant une passe d’arme me l’aurait haché menu comme si de rien était. Elle s’étonna d’ailleurs de me voir utiliser un court instant mon fluide ce qui la fragilisa encore plus qu’auparavant.
- « Stoppons ce combat. Tu n’as plus la même flamme qu’au tout début… »
Qu’avais-je fini par dire une heure après que nous ayons vaincu les nombreux pirates. Sauf que cette phrase eut pour effet d’enrager encore plus la petite qui ne ressemblait plus à rien. Si elle m’avait infligé une grosse blessure au niveau de l’épaule, je ne l’avais pas non plus épargné avec son arcade sourcilière ouverte et les nombreuses estafilades un peu partout sur ses membres. De plus, Leslie n’avait quasiment plus de souffle. Le duel n’avait pas été très long. A peine deux ou trois heures en tout et pour tout. Il fut néanmoins très intense. Elle avait même eu le mérite de briser ma lame, mais j’avais récupéré celle de l’un des nombreux cadavres qui nous entourait pour continuer à combattre. Faut dire qu’avec un meitou en sa possession et un haki des plus aiguisés, la commandante avait eu des avantages non négligeables. C’est d’ailleurs sur eux qu’elle se reposait d’ailleurs pour continuer de me tenir tête, mais à un moment donné, j’avais fini par la désarmer en faisant voler son Yubashiri, occasionnant par la même occasion une grosse entaille sur sa main droite. Je l’avais ensuite fauché à la manière d’un judoka puis j’avais grossièrement pris place sur son ventre avant de pointer ma lame contre sa gorge, tout bêtement. Une minute ou deux passèrent ainsi, silencieusement, avant que la petite n’abandonne définitivement la partie.
Et qu’elle ne fonde complètement en larmes.
Une gamine, véritablement.
Après un quart d’heure à chialer, Leslie se calma enfin et se mit à parler au bout d’un petit moment :
- « En vérité, il y a effectivement une cellule révolutionnaire ici. Et le chef n’est autre qu’un as du nom de Noah Voltury. »
Noah Voltury ? J’avais déjà entendu parler de lui. Mais le plus gros de l’affaire, c’est qu’elle venait de m’avouer qu’il y avait effectivement des révolutionnaires dans le coin. La situation se dessinait doucement dans ma tête et je commençais un peu à comprendre le cas de cette fille :
- « J’ai un soupirant sur cette île qui m’a filé cette info. Je ne sais pas comment ça a fuité, mais il a réussi à le savoir et à venir me le dire. Au début, j’ai été sceptique, mais l’idée qu’il y ait un réseau révolutionnaire sur cet archipel me travailla pendant une bonne période. Jusqu’à ce que je décide de mener une enquête au bout de laquelle j’eus la confirmation de la présence du réseau ici, ainsi que l’identité de la tête pensante dudit réseau. Le Noah en question a une prime de 150 millions de berrys sur la tête. »
- « Tu as fait infiltrer des hommes ? »
- « Oui, j’ai demandé au haut commandement qu’on me fournisse plusieurs éléments et j’ai mis quelques-uns d’entre eux sur l’affaire dès leur arrivée. Ils me semblaient aptes à remplir cette mission sans problèmes, d’autant plus que personne ne les connaissait. Et l’infiltration a payé.
Seulement… »
- « Seulement ? »
- « J’étais tiraillée. Lancer un assaut ? Et s’il échouait ? Et si je perdais tous mes hommes ? Se conformer aux ordres et ne pas intervenir dans cette zone ? A vrai dire… Je ne savais pas quoi faire. Demander de l’aide me semblait impensable et assez déshonorant, alors je n’ai rien dit. Je voulais juste attendre d’avoir une bonne idée, une bonne opportunité… Pour pouvoir frapper fort et ne laisser aucun de ces misérables m’échapper. »
Elle renifla bruyamment, sécha une ou deux larmes et continua à parler…
- « C’est pour ça que j’ai paniqué quand vous vous êtes intéressés à cet homme. Le timing était trop parfait pour vous. Injuste pour moi. Je suis pitoyable hein… A ne penser qu’à moi… A ma carrière… A mes hommes… A ne même pas trouver de solution po- »
J’avais fini par la prendre dans mes bras et à la serrer très fort. Devant cette soudaine chaleur, elle se remit à chialer sur moi pendant un bon moment. Pour ma part, j’avais l’air rêveur. Je la voyais sous un autre jour. Je comprenais mieux pourquoi elle s’était mise en colère et m’avait menacé de sa lame dans la salle à manger de mon navire. Dire qu’elle se démenait déjà pour trouver une solution. Solution qu’elle ne trouvait pas hein ? Ce n’était qu’une jeune adulte, somme toute. Une gamine qui fixait la barre un peu trop haut. Comme si demander de l’aide pour se débarrasser de la vermine était pitoyable. Problème d’égo, d’orgueil, tout ça. J’avais l’impression d’ailleurs qu’elle avait mal foutu son plan d’infiltration. Ou alors…
- « Depuis quand tes hommes se sont infiltrés dans ce réseau ? »
- « Hein… ? Ah… Depuis le début de l’année seulement. Je n’ai eu l’information qu’en Novembre, l’an passé. »
Je comprenais maintenant son impuissance. Si elle avait eu des informations capitales comme l’existence des cellules révolutionnaires sur place ainsi que le nom de leur chef, il devait lui manquer encore plusieurs gros paramètres pour entrer en action.
- « Combien de personnes savent pour la révolution ? J’veux dire, dans ta division… »
- « Seulement mon bras droit et les différents infiltrés. »
- « Tu sais où se trouve leur QG ? »
- « Malheureusement non. Selon les rapports que je reçois via des pigeons voyageurs, les révolutionnaires changent constamment leur QG et les réunions sont très rares et tenues secrètes. Mes hommes sont encore de nouvelles recrues dans ces cellules et ils n’ont pas accès à toutes les informations. »
Voilà qui expliquait son désarroi. Mais quelque chose me disait que la situation allait se décanter plus vite qu’elle ne le pense. Je me fiais toujours à mon intuition.
- « Je suis désolée vice-amiral. Je suis profondément désolée. »
- « Ce n’est rien. Pis il faut bien que je pardonne à ma future femme, non ? »
- « HEIN ?! »
La jeune fille se dégagea brusquement, se mit à rougir violemment et commença à balbutier. Mais je la calmai vite fait.
- « Je rigole ! Ne t’inquiète pas. Et puis il me semble que tu as un amoureux, non ? »
Leslie détourna le regard, sans répondre.
- « Rentrons. Nos hommes vont s’inquiéter. Et puis, on continuera cette discussion autour d’un repas. Tu pourras me faire part de toutes les informations que tu as et les messages que t’envoient tes espions. S’il y a lieu de faire une descente sur eux, on le fera ensemble. Je ne te volerai pas ta gloire, ne t’en fais pas. »
La commandante après avoir ramassé son meitou me regarda avec un air rêveur.
Elle semblait heureuse du dénouement.
Pour ma part je l’étais aussi.
Plan ou pas, j’allais buter tous ces cafards.
Foi de Fenyang…