J’balance le mégot de ma cigarette dans la flotte alors qu’on approche enfin de notre destination. Plusieurs semaines en mer, sans rien d’autre à foutre que regarder le temps passer, pourrir mes hommes pour m’assurer qu’ils prennent pas la confiance, et attendre encore. Pas que j’aie pas l’habitude, le taf de Cipher Pol exige de bouger tout le temps, mais ça rend pas le truc forcément plus marrant.
J’ai vaguement sympathisé avec les soldats, aussi. Certains sont presque intéressants. J’ai pas vraiment eu le choix. Suite à mon dernier rapport, Krueger a été muté vers un ailleurs lointain, et si Scorpio est moitié aussi vicieux que j’le crois, le gros conduit un examen approfondi des chiottes du Baratie. Ou celles de la cantine du CP8, p’tet.
J’jette un œil au cuirassé du Commandant Thorn. Fini le beau croiseur que j’avais pour aller à Nebelreich et en revenir, j’ai maintenant une fière caravelle qui prend apparemment un peu la flotte. Ça a dû les vexer, à Mégavéga, quand on leur a ramené leurs bateaux tout cassés. Pas notre faute, quand même, si on se fait sauvagement agresser.
C’est le petit matin qu’on arrive à l’île Maléfique. Une destination touristique de rêve pour tous les amateurs de safari et de sensations fortes. Enfin, c’est c’que dirait le flyers d’il y a deux ans. Maintenant, c’est une ville quasi-totalement détruite par les autochtones quand les Saigneurs se sont mutinés et ont fait un gros doigt à Calhugan, le corsaire de la colère.
La mission est simple sur le papier, en tout cas pour le début. On accoste, on démonte les sauvages qui nous cherchent des crosses et on colonise les terres de la Compagnie Touristique. Et quelques temps après, des colons doivent justement arriver pour rebâtir et faire de l’île un coin de rêve où il fait bon vivre.
Le cuirassé ralentit tranquillement ses turbines, et les quatre caravelles des lieutenants manoeuvrent pour le doubler et s’approcher les premiers du port tandis que les tourelles à canons du plus gros navire se tournent vers la ville. Le tir de couverture est prêt. C’est, sans trop de surprise, Prudence qui mène le débarquement. Les ravages font que les docks sont impraticables, avec des épaves coulées pour empêcher leur utilisation.
Ça nous arrête pas. On met des chaloupes à la mer, chargées jusqu’à la gueule de soldats à la mine fermée. Si en face, y’a une batterie de canons, on va passer un sale quart d’heure.
Mais non, rien de tout ça. Sous les coups de rame vigoureux des Marines, toutes les chaloupes touchent la terre ferme sans anicroche, et un premier cordon de sécurité est déployé. On se déplace par petits groupes de cinq dans la ville fantôme, dont les ruines sont le seul reste du massacre. Ça, et les cadavres décomposés dans les rues.
Les indigènes ont tout laissé comme ça après leur massacre, faut croire. En même temps, ils allaient p’tet pas se gêner. La nature commence aussi à reprendre ses droits, avec l’exubérance des îles couvertes de jungles paradisiaques. Des herbes hautes parsèment les rues, la mousse couvre certains murs et des lianes rampantes déguisent tout en vert.
J’sens que cette île va pas me plaire. Il y fait chaud, il y fait humide, il y fait lourd. Et y’a des putains d’insectes partout. Les soldats se foutent des claques pour éloigner des saloperies qui piquent. ‘Sert à rien, faut endurer jusqu’à ne plus s’en rendre compte. J’espère qu’on va pas chopper une maladie bizarre. Mais j’ai pas souvenir que la Compagnie ait évoqué quoi que ce soit dans ce sens ?
J’demanderai au Doc à l’occaz.
J’me rapproche de Prudence, avec un sourire un peu raide.
« Les bâtiments ?
- Oui, cercles concentriques. Le cordon avance avec nous.
- Vendu. »
Les escouades de Marines rentrent dans les quelques batiments qui tiennent encore vaguement debout, aux aguets. J’fais partie d’un de ces groupes et j’fais gaffe à rien toucher. Juste dehors, Scorone surveille la rue parsemée de moellons et d’os. A l’intérieur, le soleil passe par les trous des murs et du toit. Le parquet a pourri à cause des intempéries et mon pied manque de passer au travers. Bah, le sol en terre battue est juste quelques centimètres en-dessous.
Ici aussi, rien à part un cadavre carbonisé et des traces de suie sur les murs. Vrai qu’il paraît qu’ils avaient foutu le feu au patelin, avec en prime l’aide de Grey. On ressort et on reprend notre avancée précautionneuse.
Il nous faut quelques heures pour passer la ville au peigne fin. Pas de survivants, on s’y attendait après deux ans. Pas de sauvages non plus, ni d’attaques. Faut croire qu’ils restent à l’autre bout de l’île, ou au centre, bref, peu importe. Si on pouvait ne jamais les croiser, ça serait pas si mal.
Thorn fait enfin son arrivée au sol, le cuirassé restant amarré au large avec nos caravelles. Il réunit les lieutenants.
« Bon, la ville semble vide, et d’ici quelques jours, les colons vont arriver. Je veux des éclaireurs pour en savoir plus sur cette jungle. Les patrouilleurs vont également patrouiller le pourtour de l’île. Un par l’est, l’autre par l’ouest, et les deux autres partiront à une demi-journée d’écart.
- A vos ordres, Commandant.
- En cas d’alerte, utilisez les denden. Sinon, utilisez les canons, ou celui d’appel au secours. »
Vrai qu’on a maintenant un genre de munition feu d’artifice, des fois que.
« Prudence et Funeste dirigeront les navires. Charme, Blondie, Angus, vous continuez à terre. Demain, donc, exploration. Ensuite, nous commencerons à enterrer les cadavres et à dégager des axes de circulation dans la ville. En attendant, repos, et double cordon de sentinelles. Les indigènes ne sont probablement pas contents de nous voir sur leur île. »
Surtout après leur expérience précédente, ouais.
J’ai vaguement sympathisé avec les soldats, aussi. Certains sont presque intéressants. J’ai pas vraiment eu le choix. Suite à mon dernier rapport, Krueger a été muté vers un ailleurs lointain, et si Scorpio est moitié aussi vicieux que j’le crois, le gros conduit un examen approfondi des chiottes du Baratie. Ou celles de la cantine du CP8, p’tet.
J’jette un œil au cuirassé du Commandant Thorn. Fini le beau croiseur que j’avais pour aller à Nebelreich et en revenir, j’ai maintenant une fière caravelle qui prend apparemment un peu la flotte. Ça a dû les vexer, à Mégavéga, quand on leur a ramené leurs bateaux tout cassés. Pas notre faute, quand même, si on se fait sauvagement agresser.
C’est le petit matin qu’on arrive à l’île Maléfique. Une destination touristique de rêve pour tous les amateurs de safari et de sensations fortes. Enfin, c’est c’que dirait le flyers d’il y a deux ans. Maintenant, c’est une ville quasi-totalement détruite par les autochtones quand les Saigneurs se sont mutinés et ont fait un gros doigt à Calhugan, le corsaire de la colère.
La mission est simple sur le papier, en tout cas pour le début. On accoste, on démonte les sauvages qui nous cherchent des crosses et on colonise les terres de la Compagnie Touristique. Et quelques temps après, des colons doivent justement arriver pour rebâtir et faire de l’île un coin de rêve où il fait bon vivre.
Le cuirassé ralentit tranquillement ses turbines, et les quatre caravelles des lieutenants manoeuvrent pour le doubler et s’approcher les premiers du port tandis que les tourelles à canons du plus gros navire se tournent vers la ville. Le tir de couverture est prêt. C’est, sans trop de surprise, Prudence qui mène le débarquement. Les ravages font que les docks sont impraticables, avec des épaves coulées pour empêcher leur utilisation.
Ça nous arrête pas. On met des chaloupes à la mer, chargées jusqu’à la gueule de soldats à la mine fermée. Si en face, y’a une batterie de canons, on va passer un sale quart d’heure.
Mais non, rien de tout ça. Sous les coups de rame vigoureux des Marines, toutes les chaloupes touchent la terre ferme sans anicroche, et un premier cordon de sécurité est déployé. On se déplace par petits groupes de cinq dans la ville fantôme, dont les ruines sont le seul reste du massacre. Ça, et les cadavres décomposés dans les rues.
Les indigènes ont tout laissé comme ça après leur massacre, faut croire. En même temps, ils allaient p’tet pas se gêner. La nature commence aussi à reprendre ses droits, avec l’exubérance des îles couvertes de jungles paradisiaques. Des herbes hautes parsèment les rues, la mousse couvre certains murs et des lianes rampantes déguisent tout en vert.
J’sens que cette île va pas me plaire. Il y fait chaud, il y fait humide, il y fait lourd. Et y’a des putains d’insectes partout. Les soldats se foutent des claques pour éloigner des saloperies qui piquent. ‘Sert à rien, faut endurer jusqu’à ne plus s’en rendre compte. J’espère qu’on va pas chopper une maladie bizarre. Mais j’ai pas souvenir que la Compagnie ait évoqué quoi que ce soit dans ce sens ?
J’demanderai au Doc à l’occaz.
J’me rapproche de Prudence, avec un sourire un peu raide.
« Les bâtiments ?
- Oui, cercles concentriques. Le cordon avance avec nous.
- Vendu. »
Les escouades de Marines rentrent dans les quelques batiments qui tiennent encore vaguement debout, aux aguets. J’fais partie d’un de ces groupes et j’fais gaffe à rien toucher. Juste dehors, Scorone surveille la rue parsemée de moellons et d’os. A l’intérieur, le soleil passe par les trous des murs et du toit. Le parquet a pourri à cause des intempéries et mon pied manque de passer au travers. Bah, le sol en terre battue est juste quelques centimètres en-dessous.
Ici aussi, rien à part un cadavre carbonisé et des traces de suie sur les murs. Vrai qu’il paraît qu’ils avaient foutu le feu au patelin, avec en prime l’aide de Grey. On ressort et on reprend notre avancée précautionneuse.
Il nous faut quelques heures pour passer la ville au peigne fin. Pas de survivants, on s’y attendait après deux ans. Pas de sauvages non plus, ni d’attaques. Faut croire qu’ils restent à l’autre bout de l’île, ou au centre, bref, peu importe. Si on pouvait ne jamais les croiser, ça serait pas si mal.
Thorn fait enfin son arrivée au sol, le cuirassé restant amarré au large avec nos caravelles. Il réunit les lieutenants.
« Bon, la ville semble vide, et d’ici quelques jours, les colons vont arriver. Je veux des éclaireurs pour en savoir plus sur cette jungle. Les patrouilleurs vont également patrouiller le pourtour de l’île. Un par l’est, l’autre par l’ouest, et les deux autres partiront à une demi-journée d’écart.
- A vos ordres, Commandant.
- En cas d’alerte, utilisez les denden. Sinon, utilisez les canons, ou celui d’appel au secours. »
Vrai qu’on a maintenant un genre de munition feu d’artifice, des fois que.
« Prudence et Funeste dirigeront les navires. Charme, Blondie, Angus, vous continuez à terre. Demain, donc, exploration. Ensuite, nous commencerons à enterrer les cadavres et à dégager des axes de circulation dans la ville. En attendant, repos, et double cordon de sentinelles. Les indigènes ne sont probablement pas contents de nous voir sur leur île. »
Surtout après leur expérience précédente, ouais.
Dernière édition par Alric Rinwald le Dim 11 Sep 2016 - 8:31, édité 1 fois