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Colonisation

J’balance le mégot de ma cigarette dans la flotte alors qu’on approche enfin de notre destination. Plusieurs semaines en mer, sans rien d’autre à foutre que regarder le temps passer, pourrir mes hommes pour m’assurer qu’ils prennent pas la confiance, et attendre encore. Pas que j’aie pas l’habitude, le taf de Cipher Pol exige de bouger tout le temps, mais ça rend pas le truc forcément plus marrant.

J’ai vaguement sympathisé avec les soldats, aussi. Certains sont presque intéressants. J’ai pas vraiment eu le choix. Suite à mon dernier rapport, Krueger a été muté vers un ailleurs lointain, et si Scorpio est moitié aussi vicieux que j’le crois, le gros conduit un examen approfondi des chiottes du Baratie. Ou celles de la cantine du CP8, p’tet.

J’jette un œil au cuirassé du Commandant Thorn. Fini le beau croiseur que j’avais pour aller à Nebelreich et en revenir, j’ai maintenant une fière caravelle qui prend apparemment un peu la flotte. Ça a dû les vexer, à Mégavéga, quand on leur a ramené leurs bateaux tout cassés. Pas notre faute, quand même, si on se fait sauvagement agresser.

C’est le petit matin qu’on arrive à l’île Maléfique. Une destination touristique de rêve pour tous les amateurs de safari et de sensations fortes. Enfin, c’est c’que dirait le flyers d’il y a deux ans. Maintenant, c’est une ville quasi-totalement détruite par les autochtones quand les Saigneurs se sont mutinés et ont fait un gros doigt à Calhugan, le corsaire de la colère.

La mission est simple sur le papier, en tout cas pour le début. On accoste, on démonte les sauvages qui nous cherchent des crosses et on colonise les terres de la Compagnie Touristique. Et quelques temps après, des colons doivent justement arriver pour rebâtir et faire de l’île un coin de rêve où il fait bon vivre.

Le cuirassé ralentit tranquillement ses turbines, et les quatre caravelles des lieutenants manoeuvrent pour le doubler et s’approcher les premiers du port tandis que les tourelles à canons du plus gros navire se tournent vers la ville. Le tir de couverture est prêt. C’est, sans trop de surprise, Prudence qui mène le débarquement. Les ravages font que les docks sont impraticables, avec des épaves coulées pour empêcher leur utilisation.

Ça nous arrête pas. On met des chaloupes à la mer, chargées jusqu’à la gueule de soldats à la mine fermée. Si en face, y’a une batterie de canons, on va passer un sale quart d’heure.

Mais non, rien de tout ça. Sous les coups de rame vigoureux des Marines, toutes les chaloupes touchent la terre ferme sans anicroche, et un premier cordon de sécurité est déployé. On se déplace par petits groupes de cinq dans la ville fantôme, dont les ruines sont le seul reste du massacre. Ça, et les cadavres décomposés dans les rues.

Les indigènes ont tout laissé comme ça après leur massacre, faut croire. En même temps, ils allaient p’tet pas se gêner. La nature commence aussi à reprendre ses droits, avec l’exubérance des îles couvertes de jungles paradisiaques. Des herbes hautes parsèment les rues, la mousse couvre certains murs et des lianes rampantes déguisent tout en vert.

J’sens que cette île va pas me plaire. Il y fait chaud, il y fait humide, il y fait lourd. Et y’a des putains d’insectes partout. Les soldats se foutent des claques pour éloigner des saloperies qui piquent. ‘Sert à rien, faut endurer jusqu’à ne plus s’en rendre compte. J’espère qu’on va pas chopper une maladie bizarre. Mais j’ai pas souvenir que la Compagnie ait évoqué quoi que ce soit dans ce sens ?

J’demanderai au Doc à l’occaz.

J’me rapproche de Prudence, avec un sourire un peu raide.
« Les bâtiments ?
- Oui, cercles concentriques. Le cordon avance avec nous.
- Vendu. »

Les escouades de Marines rentrent dans les quelques batiments qui tiennent encore vaguement debout, aux aguets. J’fais partie d’un de ces groupes et j’fais gaffe à rien toucher. Juste dehors, Scorone surveille la rue parsemée de moellons et d’os. A l’intérieur, le soleil passe par les trous des murs et du toit. Le parquet a pourri à cause des intempéries et mon pied manque de passer au travers. Bah, le sol en terre battue est juste quelques centimètres en-dessous.

Ici aussi, rien à part un cadavre carbonisé et des traces de suie sur les murs. Vrai qu’il paraît qu’ils avaient foutu le feu au patelin, avec en prime l’aide de Grey. On ressort et on reprend notre avancée précautionneuse.

Il nous faut quelques heures pour passer la ville au peigne fin. Pas de survivants, on s’y attendait après deux ans. Pas de sauvages non plus, ni d’attaques. Faut croire qu’ils restent à l’autre bout de l’île, ou au centre, bref, peu importe. Si on pouvait ne jamais les croiser, ça serait pas si mal.

Thorn fait enfin son arrivée au sol, le cuirassé restant amarré au large avec nos caravelles. Il réunit les lieutenants.
« Bon, la ville semble vide, et d’ici quelques jours, les colons vont arriver. Je veux des éclaireurs pour en savoir plus sur cette jungle. Les patrouilleurs vont également patrouiller le pourtour de l’île. Un par l’est, l’autre par l’ouest, et les deux autres partiront à une demi-journée d’écart.
- A vos ordres, Commandant.
- En cas d’alerte, utilisez les denden. Sinon, utilisez les canons, ou celui d’appel au secours. »
Vrai qu’on a maintenant un genre de munition feu d’artifice, des fois que.
« Prudence et Funeste dirigeront les navires. Charme, Blondie, Angus, vous continuez à terre. Demain, donc, exploration. Ensuite, nous commencerons à enterrer les cadavres et à dégager des axes de circulation dans la ville. En attendant, repos, et double cordon de sentinelles. Les indigènes ne sont probablement pas contents de nous voir sur leur île. »

Surtout après leur expérience précédente, ouais.


Dernière édition par Alric Rinwald le Dim 11 Sep 2016 - 8:31, édité 1 fois
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Apporter l'évangile à ces aborigènes revêtait quelque chose d'étrangement grisant, le caractère sacré de notre mission abreuvant le dessein hautement "humanitaire" que celui d'apporter la civilisation moderne à une bande de dégénérés autiste parés à en découdre. C'était déjà sur le papier bien plus exotique que de se farcir de l'engeance révolutionnaire ou de la racaille des mers en mal d'exister d'autant plus qu'on avait assez mangé précédemment pour avoir envie, ce coup-ci, de faire déguster le tribal sauvageon du coin.

Toujours est t'il qu'on était loin d'être en odeur de sainteté dés qu'on a foulé la brousse du patelin et qu'on a déchargé le strict minimum pour faire un peu de reconnaissance et d'exploration.  Cette foutue ile sent la sciure à plein nez et si on était pas une ribambelle de têtes brûlées prêts à aller au charbon pour des peccadilles, on se serait déjà carapaté vite fait. Les sups veulent un dénouement rapide, le briefing avait été clair, le gratin voulait une frappe chirurgicale ou  du moins ce que la vingtième peut dispenser en la matière  avec ses cabochards et ses traine-savates pas toujours très zélés. Ils voulaient en faire un exemple soi-disant et c'est à demi-mot qu'ils nous ont laissé entendre qu'on pouvait dessouder sans vergogne n'importe quel tanné sans aucune forme de procès, c'est pas comme s'ils avaient un numéro de sécu et qu'ils avaient des chiards quelque part de toute façon.

Les apôtres du moment, Saint-Blondie, Saint-Angus et Sainte-Charme sont sur le pied de guerre et mènent l'opé avec leur amabilité naturelle hautement contagieuse.  A croire qu'il y a dans l'eau dans la gaz entre ces trois-là vu les œillades assassines que plante Angus vers la gueule facétieuse de Blondie et ca m'étonnerait pas qu'ils aient dérapés un de leurs innombrables soirs de poker où imbibés ils aient dérapé sec, façon histoire de fesse qui tourne au vinaigre.

Enfin ca, c'est les rumeurs fraiches que colporte en catimini le deuxième classe Lloyd Darell depuis les incidents de Nebelreich, ca m'a même étonné que l'affaire ne soit pas parvenue aux oreilles des intéressées et que Darell ne se soit pas fait remonter les bretelles vu le vivier de balances et de cafteurs de la vingtième.  Les baffes se perdent, l'assertion est d'autant plus vrai pour l'effectif bigarrée de cette division d'élite en particulier.  

On a passé la journée à quadriller la ville et à la boucler, chou blanc, pas l'ombre d'un péquin enfiévré dans le coin, à croire qu'ils ont tous levé le camp dans la lande touffue autour. Ca promet de belles parties de Colin-maillard et de grenades au prisonnier, je suis sûr qu'Angus doit pas avoir son pareil pour déloger du vandale camouflé.  Le crépuscule affleurant, Thorn annonce la couleur, le turbin du lendemain sera de creuser des percées dans la jungle et de commencer à damer le terrain pour circuler. Thorn a la folie des grandeurs et il mégote pas d'un poil de cul, les experts se content d'acquiescer et de pas moufter.  Le début de soirée a consisté à rapporter tout un tas de feuillages, de branchages pour se confectionner des camouflages assortis au coin, histoire d'avoir l'air sérieux pour étêter des tronches lorsqu'on va immortaliser ca sur polaroid.

Et comme souvent dans les tours de garde qui succèdent à la pitance infecte qu'on nous sert le soir venu, les langues se délient peu à peu, la nuit décidant ce soir-ci de porter conseil au cher Lloyd Darell de raconter une fois de plus son histoire aux âmes qui boivent ses paroles comme du petit lait.

"  Puisque je vous dis qu'il y a eu coucherie les gars ! L'Argus aurait tenté sa chance  ! "
" Sérieusement ? Avec Prudence? Mais il a de la merde dans les mirettes ou bien? L'a une tronche de virago pourtant, ca se voit à cent mètres. "
"Je sais pas, pt'et que les évènements ont fait qu'ils se sont rapprochés, pt'et que de voir la mort sur le fil du rasoir l'a fait cogiter, pt'et que..."
"Ouais..."
"Non je déconne. Il devait juste avoir la dalle, c'est tout. "
" ' culé "
" Non je crois surtout que l'hypothèse la plus probable c'est que lieut Angus avait des besoins et pt'et même que Prudence aussi."
" Du coup ca c'est soldé comment ? Partie de fesse sur lit de camp avec plantage de tente en bonne et due forme ? Angus est le nouveau roi de la colline ? "
" Même pas figure-toi, l'autre a refroidit ses ardeurs sans se faire prier. Un vrai iceberg. "
"Ah ca, je comprends mieux l'humeur du petit jeune..."
"Non t'y es pas, figure toi que Prudence a remis le couvert avec Blondie à la place. "
"Tu déconnes? Blondie ? bwahaha Pas certain qu'elle y gagne au change. "
" Angus l'aurait mal pris, question d'ego, parait qu'il est pas en veine là-dessus en ce moment. "
" Blondie est pt'et un chaud lapin après tout. Et l'autre a pt'et...Tu sais des problèmes de tuyauterie. "
" Belle marrade en tout cas. "

Un triangle amoureux dans la vingtième d'élite, bon dieu, encore un peu et on va apprendre qu'Angus a jeté son dévolu sur sa sergente d'élite préférée: Scorone. Advienne que pourra.

Le lendemain dés l'aube, on a prit la tangente dans la brousse pour s'enfoncer dans les fourrées humides de la rosée matinale. La faune autour pour seuls échos aux coups de machette qui s'abattent dans les taillis qui jonchent notre route.  C'est un enchevêtrement de jungle dense à la végétation suffisamment touffue qu'on pourrait s'y perdre si Frankie nous filait pas d'itinéraire avec sa boussole. De collines en bosquets, on s'enfonce peu à peu dans les entrailles des bois avoisinant le village de la veille. On y décèle quelques formations éparses de pierres rappelant celles d'un feu de camp ou assimilé. Le terrain est parfois jalonné de marécages sur de petites distances,  suffisamment profonds pour s'y enfoncer si on ne n'y prend pas gare. Scorone a sauvé la mise à un type qui manquait de se faire aspirer il y a de cà une heure et ce coup-ci Angus a pas pu lui servir ses mots doux traditionnels. Ca a pas manqué de la faire sourire.

Sept bonnes heures se sont succédées sans croiser âme qui vive et certains gars en ont ras les pompes de piétiner dans la bauge comme des ahuris.  Est-ce qu'on sait qu'ils nous observent ? Bien sûr. Est-ce qu'ils attendent bien gentiment qu'on tombe dans leur petit traquenard ? Évidemment. Est-ce que Lloyd Darell va une fois encore pouvoir déblatérer son histoire favorite ? Sûrem...pas du tout, l'ahuri qui vient de poser le pied dans une espèce de piège à loup qui s'est refermé aussitôt sur sa hanche vient de donner le feu vert tant attendu à toute une tribu d'autochtones, planqués derrière la colline surplombant notre position actuelle,  d'abattre leurs armes de jet - sagaies, flèches - en tous genres sur le contingent d'en dessous pour le mener à sa perte. Corne de brume ou presque pour sonner le branle bas de combat, pas de quartiers.  
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Pendant les semaines entre la bataille navale et notre arrivée sur l'île maléfique, je m'étais entrainée à utiliser mon nouveau pouvoir. Enfin pas vraiment nouveau mais comme je le connaissais pas avant il est quand même un peu nouveau. En tout cas, il est vachement génial. Je suis pas limitée à faire apparaître des copies de mes bras et de mes jambes en fait. Je peux copier tout n'importe quoi, tant que c'est un morceau de mon corps. Un œil, une oreille, deux orteils, ou toute ma tête. C'est comme je veux. C'est génial. Je me sens vraiment bête de pas l'avoir réalisé avant que j'étais pas limitée. Y a des moments où ça aurait été vachement utile.
Tiens, rien que pendant la bataille navale, quand les escargophones fonctionnaient plus, ben j'aurais pu les remplacer. .. Ce qui aurait signifié que les bateaux pouvaient encore communiquer .. et donc qu'on aurait reçu des ordres .. et donc peut-être que j'aurais reçu un ordre me disant de pas sauter sur le bateau pirate et ... euh .. j'aurais pas pu.
...
Oh et zut, ce qui est fait est fait, je vais pas réfléchir dessus trois heures. De toute façon c'est arrivé y a des jours et maintenant on est sur l'île maléfique.
Je veux pas dire, mais c'est pas terrible comme nom. Ils auraient pu trouver plus accueillant. Même si ils semblaient réussir à attirer des gens sur l'île, avant qu'ils se fassent tous massacrés par des sauvages bandits indigènes.
C'est pas génial, clairement. Les civils ... faut pas s'en prendre aux civils. Ils savent pas se battre, zut quoi. C'est de la lâcheté de s'en prendre aux civils. Alors nous on va s'en prendre aux lâches, mais ça va parce qu'ils sont armés. Donc c'est pas lâche de notre part de s'en prendre à des lâches. Ca l'aurait été s'ils étaient pas armés. Mais dans ce cas ils auraient eu du mal à tuer tous ces civils dont on a retrouvé les restes dans le port. Dans les rues du port je veux dire, pas dans le port lui-même. Quoique, il y en a peut-être aussi. On a pas fouillé dans l'eau.
C'est clair que ça tombera pas sur moi en tout cas. Pas avec mon fruit. C'est que je peux plus nager, moi. Généralement, c'est embêtant. Voire très embêtant. Mais pour une fois, ça me dérange pas de pas avoir à ..à .. à voir encore plus de cadavres de gens morts. .. Oui, me dérangera pas d'y échapper.

Mais bien sûr, on est la marine d’Élite, la Vingtième Division. Je me fais pas trop d'illusions, je sais que là où on ira, il y aura des morts.
Là par exemple on est allés dans la jungle et on est en train de se faire embusquer. Une volée de traits, d'armes de jets et de trucs qui piquent s'envolent de derrière la grosse butte à côté de nous et nous retombe dessus. Certains marines sont touchés, pas tant que ça par rapport à la quantité de projectiles envoyés. C'est qu'on réagit vite quand on se sait en territoire ennemi. Moi j'ai commencé à charger sur la butte, parce que je suis rapide. Je suis pas la seule non plus, un coup d’œil derrière m'assure que d'autres ont eu l'idée. Angus notamment qu'est vite devant moi. Charme que je dépasse lentement. Un autre sergent, Yann Conquechose, comme les deux de Charme. Des marines, à la traîne quand même. Les autres doivent s'être cachés .. mis aux abris en attendant que la pluie se calme. Une pluie dangereuse quand même.
L'essentiel, c'est surtout de pas rester immobile sur place.

Bon, et y a quand même le Lieutenant Blondie qui a l'air resté derrière, comme Jadieu et d'autres. C'est bien que Jadieu soit resté derrière. Il va pouvoir organiser nos deux sections pendant que moi je vole toute la bagarre. Comme ça Angus et moi on s'amuse et les gars de la biSection ils se reposent.

Du coup ce que je voulais dire, c'est que maintenant qu'un combat s'amorçe, je peux prendre le pari qu'il y aura des morts. Je risque rien à le prendre, c'est assuré. La seule question, c'est combien chez nous et combien chez eux ?
La réponse qu'on va essayer de donner, c'est "Un max chez eux, un rien chez nous".

J'entends des cris derrière moi. Apparemment le premier piège à loup était pas seul. Ils ont beaucoup de loups dans l'île ? Je pensais pas que ça vivait dans les jungles les loups. On en apprend tous les jours.

Ah oui, les locaux qui nous attaquent. En passant la butte, on les voit. Assez nombreux tout de même. Pas mal qui sont torse nus. Plus d'hommes que de femmes. Mais aucune arme moderne, sauf quelques sabres assez abîmés. Des archers qui s’apprêtaient à lancer une nouvelle volée redirigent leurs traits en nous voyant débouler. Pas assez vite pour éviter de recevoir Angus dans le lot. Pas assez vite pour que je puisse pas envoyer mes poings dans la face des autres.
Ils s'attendaient pas à ce genre de réaction, apparemment. Ils sont surpris, peut-être par mon pouvoir, peut-être par la rapidité du Lieutenant, peut-être autre chose je sais pas.
Les premiers, ceux qui ont pas besoin de lâcher leurs arcs et frondes pour attraper lances et masses, réagissent que trop tard. On est sur eux.

Ils sont en surnombre, c'est clair. Mais moi aussi, je suis un surnombre.
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Marrant, les femmes aussi sont torse nu. J’avais entendu dire que les sauvages étaient parfois comme ça. Pas que ça soit hyper appétissant, quand ça tombe jusqu’aux hanches, puis j’ai d’autres préoccupations pour le moment. Comme ce gamin aux traits déjà burinés qui tente de m’embrocher avec une lance à pointe durcie dans le feu. Ça ripe sur la lame de mon couteau, me dépasse. Il rétracte immédiatement son arme, mais pas assez vite.

J’suis son mouvement et j’lui plante le couteau en plein cœur. J’attrape la sagaie, la retourne, l’envoie dans un archer qui esquive de justesse en se jetant au sol. Les autres plus rapides nous ont rejoints, commencent à distribuer les mandales. Une première détonation se fait entendre, un autre indigène tombe au sol en se tenant le ventre. Moche, ça, les intestins. Surtout par ce climat, il va pas passer un bon quart d’heure d’ici à sa mort, dans quelques jours.

Ils sentent que le vent a tourné, et que ça pue la mort pour eux. Quelques cris incompréhensibles et ils commencent à fuir dans le désordre le plus complet. Bizarrement, ça nous facilite pas l’existence. On se marche dessus. On entre dans les lignes de visée des copains. J’commence à courir après un mec. J’veux faire un Soru mais j’manque de me vautrer lamentablement sur une racine.

Putain, je hais déjà cette jungle.

« Posez vos armes, ordonne Charme. »
Les fusils recommencent à pointer en l’air, on établit inconsciemment un périmètre. On n’est clairement pas chez nous.
« On fait quoi, Charme ?
- Nous avons assez exploré par là pour aujourd’hui. Nous devrions plutôt faire un arc-de-cercle pour revenir en ville.
- Thorn va pas être content, commente Blondie.
- Thorn sait qu’on ne peut pas trop avancer à l’aveuglette dans la jungle, surtout que nous venons de subir une embuscade.
- Je refuse de prendre la responsa…
- Oui, oui, Blondie, je prendrai la responsabilité s’il n’est pas content. Angus ?
- Ouais, ça m’semble pas mal de rentrer. On a quelques blessés sur les bras, faudrait pas que ça s’infecte ou une autre saloperie du genre.
- Voilà.
- Pfft. S’il gueule…
- Putain mais ça va, Blondie, on a compris que t’étais pas d’accord. Mais on a aussi des prisonniers à interroger. Tant qu’ils sont en état, tout du moins.
- C’est pas grâce à toi qu’on les a, Angus. »

Il est d’humeur querelleuse aujourd’hui, le Blondie, et il tape sur les nerfs de tout le monde. Quand j’lui tourne le dos pour l’ignorer, il renifle style désobligeant. Charme manque de lui foutre une taloche, mais on s’est assez donné en spectacle comme ça devant les soldats pour pas continuer notre petit numéro potache. J’lui en collerai p’tet une plus tard, si Charme s’abstient sur la soufflante.

Le Sergent Conway a un sourire moqueur en ayant l’air de pas y toucher. Jadieu surveille le périmètre. Scorone aussi, pour ce que ça vaut. J’écrase par réflexe un moustique qui fait la taille de l’ongle de mon pouce. V’là la taille du bestiau, déjà gorgé de sang en plus.

On reprend la position du soleil, pas facile avec la canopée qui bloque quasiment tous les rayons. Il faut qu’un des éclaireurs grimpe sur plusieurs mètres pour écarter les feuilles et nous diriger de façon optimale. Pas qu’on risque tant que ça de se perdre, mais ça peut nous faire gâcher de précieuses heures qu’on pourrait autrement passer à déblayer des gravats et enterrer des macchabs clamsés depuis deux ans.

Tout un programme qui s’annonce charmant, en somme, en plus des locaux qui vivent mal notre présence civilisée et sympathique.

J’note dans un coin de ma tête de proposer à Thorn que ce soit les colons qui se retapent la ville, que nous on sera bien trop occupé par la sécurité. J’y crois pas trop, mais ça vaut toujours le coup d’essayer. J’suis pas Cipher Pol pour faire la maçonnerie, après tout.

Le retour vers la ville est super calme. J’suis devant, Charme au milieu de notre cortège et Blondie à l’arrière. J’ai beau déployé mon haki de l’empathie autant que possible, y’a trop de vie dans cette jungle, même si vu le ramdam qu’on fait, on en voit pas grand-chose. Le signal est saturé par des étincelles dans tous les sens. Petites, toutes, mais déjà trop présentes.

Quand on abandonne les arbres et les fourrés, on est tous mouillé des pieds à la tête. Trop humide, la clope que j’essaie d’allumer prend pas. J’froisse le paquet dans mon poing avant de le ranger. Sur les dernières dizaines de mètres, des fusils nous maintiennent en joue avec le « Qui va là ? » de rigueur dans tous les coins surveillés par la Marine.

On s’identifie, puis on passe entre des amas de cailloux qui servent de barricades. Thorn et ses gars ont pas chômé, même si les ossements sont encore là. J’peux pas lui en vouloir, vaut mieux des murs pour pas les rejoindre au milieu des rues.

Après quelques heures où on se repose, ou alors on participe un peu aux réparations quand on n’est pas du premier guet, le soleil se couche enfin, laissant espérer un peu de fraîcheur.

J’sais pas pourquoi, mais j’sens que j’vais être déçu.

J’en viens presque à espérer que les indigènes nous attaquent en masse, qu’on les pile et qu’on se casse d’ici.
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Et Thorn s'est pas fait prier pour donner de la voix et refoutre les pendules à l'heure à toute la mauvaise troupe. Pour gueuler, ca il a pas lésiné, Blondie avait pas tort même s'il eut tôt fait de tenter de se dédouaner avant que le commandant ne lui fasse fermer son claque merde avec une réplique cinglante sorti de tout droit derrière les fagots. Thorn fulmine, il tonne, comme le marteau sur l'enclume, il coiffe au poteau tous les petits teigneux un à un les uns après les autres en les scrutant de haut en bas comme les vulgaires sacs à merde qui se prétendent être les fers de lance de la vingtième. Les orbites injectés, ses iris azurées se plantent dans un effectif  qui comprend soudainement pourquoi l'homme prétendument nonchalant et indolent qu'il veut bien laisser paraître n'a pas été parachuté commandant en chef de la vingtième d'élite par les sacro saintes huiles de Mariejoie.  Ses paroles alignent les manquements, pointent les fautes, les écarts, tancent les défaillances hélas trop récurrentes de nombre de ses hommes, chacun en prend pour son grade à commencer par ses subalternes directs qui ne peuvent qu'accuser le coup bien que certains tentent d'objecter vainement le speech courroucé du commandant qui a viré peu à peu à la catilinaire incendiaire. Les nerfs à vif, certains écument de rage et ravalent difficilement les rancœurs que Thorn soulève avec une apprêté qu'aucun de ne lui connaissait jusqu'alors.  

Recadrer est là un exercice dans lequel il n'aime pas verser car les erreurs de ses hommes sont d'abord les siennes. Et c'est son insouciance coutumière, sa délégation parfois trop grande, son commandement tantôt très lâche qui sont à l'origine des mésaventures rencontrées aujourd'hui. Il se sait tout aussi blâmable que chacun d'entre eux et tout son laïus trouve un écho tout aussi intense en son for intérieur que dans ceux des hommes qu'il sermonne.

Les remontrances passées, la blessure reste encore vive auprès de la vingtième si bien qu'une réunion est d'office diligenté par les offs qui n'ont guère apprécier de se faire ainsi souffler dans les bronches. Prudence & Funeste croisant toujours au large en soutien, c'est Charme qui est à la mène et qui esquisse les options pour renverser la vapeur pendant que Blondie & Angus font montre de leur silence habituel .

"  La défaveur du terrain nous oblige à devoir les rassembler dans un goulot naturel pour pouvoir leur faire bouffer les pissenlits par la racine.  Un coin dégagé si possible pour avoir un appui naval si nécessaire mais je doute que le lieu soit aussi clément avec nous.  La guérilla ne nous sera en rien bénéfique à l'aune de la zone à couvrir et cela nous ferait essuyer bien trop de pertes humaines et matérielles.  "
" Encore faut t'il trouver le coin idéal propice à une telle manœuvre. "
" Figurez-vous que j'ai déjà une petite idée sur la question."
" Daniels, vous m'entendez ? Qu'est ce que ca donne de votre côté ? " lance t'elle dans son escargophone.

Arnold Daniels, aide de camp du commandant d'élite en personne et cartographe émérite, est resté à bord d'un des deux bâtiments mouillant au large.  Un type longiligne, sans un pet de graisse, au galbe élancé et au binocle caractéristique le rangeant parmi les hommes de science avant d'être un marine accompli, le tempérament discret seyant bien à l'homme qu'on devinerait presque à la voix chétive qui tinte dans le combiné.

" All clear Charme. Eh bien, ma foi, cela se présente plutôt bien. "
"Qui c'est celui-là ? Qu'est-ce qu'il baragouine encore? "
" Ecrase, Blondie. "
" Vous n'êtes pas sans savoir que de nombreuses légendes et histoires ont contribué à faire la renommée de l'ile maléfique. Des attrapes-couillon pour le profane de passage aux mythes fabriqués de toutes pièces par la compagnie touristique locale si bien qu'on ne pouvait plus vraiment démêler le vrai du faux.  On a profité de vos deux journées de vadrouille pour creuser un peu plus et dresser une carte topologique approximative . "
"Qu'est ce qu'il en ressort ? "
" On a localisé ce qui semblerait être une grande clairière à ciel ouvert sur le versant ouest de l'île, on a recoupé nos observations avec les histoires du patelin pour en déduire que l'endroit en question serait la fameuse " plaine du dernier combat " dont la seule échappatoire est un pont de pierre en contrebas qu'il vous suffira d'occuper pour les prendre en tenaille.  "
"J'ai vu ce nom sur le foutu prospectus de la compagnie touristique. Semblerait que ca fasse partie de leur circuit "d'initiation" de l'ile.  "
" Le seul problème étant que la lande est trop loin dans les terres et qu'elle ne pourra pas être couverte par nos batteries navales. Faudra que vous vous les fumiez à l'ancienne.  "
" Va pour ca, une idée de comment on va ameuter tout ce beau monde tant qu'on y est? "
" Et puis je vais vous faire votre taff aussi pendant qu'on y est ? Estimez-vous déjà heureux que je vous rencarde. "  ajouta Daniels avant de couper court la communication.
" Bordel,  Malin mais pas urbain le Daniels, faut se le payer l'animal. "

Le kukri de Jadieu se plante consécutivement dans le sol fuligineux alors qu'un sourire illumine une gueule cassée portant plus de stigmates que de rides sur la trogne parcheminée de Charme . Le vétéran barbouze, fort de sa longue expérience des champs de bataille, vient mettre à profit sa science martiale infuse et ses stratégies issues des meilleurs manuels de manœuvre militaire datant de l'ère Sengoku.

Les histoires de Jadieu étaient bien souvent particulièrement capillotractées lorsqu'elles n'étaient pas difficilement plausibles. Jadieu était ce bon vieux barbouze légèrement guttural et qui ne pouvait s'empêcher de raconter "les histoires de sa vie " à la première oreille attentive venue. La meilleure étant celle de son combat contre Sentomarou pour une banale affaire d'ordre commun qui s'est soldé par " un match nul concerté " des deux protagonistes.  Jadieu était respecté bien que parfois raillé par les lieutenants d'élite incrédules au flot de ses aventures,  à commencer par Angus qui ne pouvait pas s'empêcher de lever les yeux au ciel dés que Jadieu lançait son tourne-disque et qu'il comprenait qu'on ne pouvait désormais d'aucune manière interrompre ses récits diffus.  

"  Il n'y a qu'une seule manière de traiter les nuisibles " vitupéra t'il
" Il nous faut copieusement les enfumer et pour ca rien de mieux que d'allumer des feux de brousse aux endroits stratégiques" renchérit t'il en mimant une blatte qu'il écraserait du talon de sa botte.
" La terre brûlée tu veux dire ? "
" Non, non, je l'ai appelé la méthode Jadieu. "

Le vétéran poursuivit pendant de longues minutes son speech, illustrant trait par trait la méthode Jadieu à partir des schémas Sengoku, pour annihiler totalement l'ennemi.  La plupart ont décroché dés la cinquième minute, s’efforçant de ne pas somnoler tandis que d'autres essayaient tant bien que mal d'écourter le presque cours magistral que donnait le sergent.

Le lendemain, un vent nord nord-est chargé d'embruns battait la fange de l'ile maléfique. Et conformément à la méthode Jadieu, quelques cordons furent dépêchées pour embraser la forêt à quatre points équidistants tandis que deux douzaines d'hommes placés sous mon autorité, remontaient le lit de la rivière vers le point de rendez-vous programmé : le pont de pierre repéré par Daniels & consorts.

Pas d'air-heure et toutes les conneries de la scientifique pour respirer sous l'eau, on s'est confectionné des tubas à partir de pousses de bambou et des couvre-chefs en feuilles de palme pour parfaire l'illusion avec les moyens du bord et on s'est jeté dedans à l'embouchure avec nos bites et nos couteaux ou tout comme.

S'il y avait du courant ?  Petite nature.  S'il y avait de l'invertébré bouffeur d'hommes ? Petite bite.
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C'est dur de diviser une cinquantaine de personnes en quatre, mais on y arrive. Ça aurait été plus simple à soixante, mais y en a qui sont partis tendre une embuscade dans une clairière plus loin. Je suis bien contente de pas les avoir accompagné. J'aurais pas supporté l'attente.
Du coup là on est treize, moi, un sergent de Charme je sais plus son nom, un de ses caporaux Volgus je crois, un des miens c'est Doombeast et le reste c'est des marines. D’Élite, mais rien que des marines quand même. Jadieu et sa section sont avec Angus et mon autre caporal est dans l'embuscade. Ils sont dans un autre coin de l'île alors on s'en fiche d'eux. Ils sont grands, ils peuvent se débrouiller.

Une flèche fend l'air, suivie d'autres. On voit pas les archers, alors on se met rapidement aux abris, là où on peut. Deux marines tombent à terre avant de pouvoir se planquer derrière un arbre. Je les tire en vitesse pour les protéger aussi. Les fusils, les pistolets levés, on attend. Ils ont arrêté de tirer. Ils vont sans doute bouger. On surveille les buissons. Et les arbres. Et rien ne vient. On les voit pas venir. On les entend pas partir. Rien.
Au bout d'un moment, on tente un leurre. Pendant que des marines agitent un bâton avec un chapeau planté dessus, je fais "bondir" mes yeux d'arbre en arbre, j'explore rapidement le coin. Personne. Mes vrais yeux sont fermés, c'est pas agréable de cumuler les deux visions.
Je finis par trouver des traces, là où quelqu'un a dû se tenir longtemps. Ou cinq minutes, j'en sais rien je suis pas pisteur. En tout cas, plus personne. Je remonte les traces en déplaçant mon regard, mais rapidement, je les perds dans les feuillages. Pas moyen de trouver la suite.
Bon.
On reprend la route. On a rien de mieux à faire.

Nos deux blessés ... il s'en sortira. Elle est morte. On peut pas ... on est pas assez nombreux pour ... là on va incendier la forêt, mais c'est qu'un bout de l'île. Faudrait vraiment de la chance pour tout faire brûler. Elle est humide, il n'y a pas beaucoup de vent. On essaye de se placer à quatre points à distance égale du pont avant de mettre le feu, mais ... c'est qu'une partie de la forêt. Pas tout. Pas assez. Morceau par morceau, on la brûlerait, on délogerait les habitants. Mais on ne peut pas multiplier cette stratégie si on a trop de pertes. Parce qu'il ne restera plus personne pour la mener, voilà pourquoi.
J'étais pas convaincue par le plan avant, je le suis encore moins là. Mais c'est ce qui a été décidé pour aujourd'hui, alors on va faire de notre mieux pour accomplir notre mission. Et puis Jadieu sait habituellement quoi faire, il est compétent pour mener.
Si au moins les bateaux s'étaient tous rangés et leurs équipages débarqués. Mais non, ils font un nouveau tour de l'île, à "surveiller les villages côtiers". C'est un bon plan, comme ça quand la flotte ennemie arrivera on le saura tout de suite. Oh ! J'y pense. Ils ont pas de flotte. A peine des barques. Attention ! Les barques attaquent ! Hahahaha. Ça risque pas d'arriver ça.
Les veinards.

On continue.

- Embuscade !!
Merci, j'avais remarqué. Les pierres qui volent, les flèches qui sortent des buissons et ce genre d'indice, c'est assez parlant je trouve. Cette fois je fonce dans la direction des tirs. Enfin une des directions, y en a plusieurs. Mais j'en choisis une, tends des bras pour attraper une branche en hauteur et m'en sert pour me propulser. Je me sers de mes jambes pour éviter de percuter un arbre qui s'approche à grande vitesse et j’atterris juste à côté d'un type.
Il fait mine de se lever pour fuir. Je fais mine de faire apparaître des bras à côté de sa tête et de l'assommer. Si il y a un doute sur lequel de nous deux emporte la mise, le fait qu'il s'effondre par terre permet de trancher. Je suis pas certaine hein, je peux me tromper, mais je pense pas.

Je l'emporte tout en partant sur la droite pour voir si je peux pas choper quelqu'un d'autre. Mais non. Ils ont l'air d'avoir fui. Évidemment. Encore.
Ma prise transportée et ligotée par mes pouvoirs, je rejoins le reste de la "section". Des blessés, certains salement. Pas bien. Le sergent de Charme vient pendant que je remplace mes bras par une corde, pour le prisonnier. Il a pas l'air content, le sergent. Le prisonnier non plus d'ailleurs. Je fais passer la corde dans sa bouche pour qu'il fasse pas trop de bruits. Le prisonnier, pas le sergent.

- Où tu t'étais barrée Scorone ? Ça va d'abandonner tes hommes sous la menace ?
- Je faisais un prisonnier. Lui là. Pourquoi ?
- Pourquoi ?! Tu te barres en pleine attaque et tu te balades tranquille et tu demandes pourquoi ?
- Ben oui.
- .. Mais t'es débile ma fille !
- Si vous êtes trop bête pour pas insulter, vous pouvez vous taire, Sergent Modori.
- Fais pas ta maline gamine.
- Je fais pas ma maline. En fait je sais même pas ce que ça veut dire.
- Ah. Ah. Tu te crois forte à cause de ton fruit hein ?
- Je suis forte oui. Mais pas à cause du fruit.
- Ah oui ?
- Oui.
- Donc sans ton fruit, t'auras aussi abandonné tes hommes pendant l'attaque? Tu t'excuses même pas en te surestimant, pour justifier tes conneries.
- Je ne me surestime pas, me planquer derrière un arbre aurait servi à rien de plus que la première fois, là j'ai fait un prisonnier.
- Il va nous encombrer. On devrait le buter, ça fera toujours un sauvage en moins à combattre.
- Vous faites ça, sergent, et vous manquerez vachement à vos soldats pendant que vous ferez un petit vol au-dessus de l'île.
- Tu me menaces, avec tes tifs roses ?!
- Si vous voulez. Allez, on a assez perdu de temps, on y va.
- Eh, te crois pas autorisée à décider pour ma section !
- Non bien sûr. Alors j'y vais avec les miens et ceux qui veulent remplir la mission sans trop de retard. Si vous êtes toujours en vie ce soir, je vous laisserais expliquer au Lieutenant Charme que vous êtes arrivés en retard là où on doit bientôt être, parce que vous étiez occupé à vous cacher dans les arbres. Je suis sûre qu'elle se montrera compréhensible. Je veux dire, sûrement plus que le Lieutenant Prudence, étant donné que vous vous comportez comme un gros lâche. Il paraît qu'elle aime pas trop ça Prudence.
- Gros lâche hein ? C'est supposé être une insulte, morveuse ?
- Peut-être. Ou une description, je vous laisse décider. Allez, on repart !
- Tu ferais pas ta maline face à du granite marin ou un logia.
- Peut-être ou pas. On verra quand on y sera.

En fait c'est quoi ces choses-là ? Le granite me dit vaguement quelque chose mais le logia je vois vraiment pas. Bah, pas important, je me renseignerais plus tard. Juste au cas où Modori ait raison et que ça puisse me poser des problèmes.

J'attrape notre escargophone. Autant prévenir le Lieutenant Angus de la situation. On va avoir un peu de retard pour allumer notre part de l'incendie.

Soudain, un bruit. Une douleur soudaine dans le dos. Un tir de fusil, je crois. Des cris, de la surprise. Ils ont des fusils les locaux ? Pourquoi ils ont utilisé que des trucs tous pourris avant alors ?

- Vous avez tous vu comme moi les gars. C'est les sauvages qui l'ont eu.

Des grognements, des espèces de oui. Je roule sur le dos, c'est confus. Mais y a un fusil qui a tiré et c'est celui de Modori. Le sale ... Il se marre, le .. vilain. Personne d'autre fait la même gueule d'andouille. Même dans sa section.

- Même pas besoin d'un logia en fait, pour te buter. T'es juste trop conne et tu respectes pas tes aînés. Mais je suis un chic type, pas question de te laisser souffrir.

Il relève son fusil pour mieux viser.

- J't'envoie rejoindre ceux que t'as abandonné. Doit y en avoir des tonnes, hein ? Connasse.

Il va tirer.
Et il tire pas. Il tombe à terre.

- Connasse !

Entre les deux insultes, je lui ai envoyé un coup de pied dans l'intérieur du genou, des bras sont apparus qui lui chopent les mains pour l'empêcher de tirer. D'autres pour restreindre ses mouvements, avant de le planquer au sol et le désarmer.
D'autres bras me soutiennent, m'aident à me relever. Les miens. Deux yeux derrière la tête, pas question d'avoir de mauvaise surprise avec ses hommes. Une fois que j'ai pu me déplacer de façon à tous les avoir en face de moi, je fais disparaitre les arrières. C'est trop désagréable.
Tire PUIS parle, laisse pas quelqu'un comme MOI le temps de faire quelque chose.Bien sûr, je ne vais pas me plaindre de son échec. Il avait aucune chance face à moi, je suis trop géniale. C'est normal qu'il se soit loupé. Mais même quand on .... on .. fait comme lui, il aurait pu le faire bien. Essayer de bien faire, son meurtre. Il avait aucune chance de réussir, bien sûr.

- Caporal Boombeast, j'aurais ..pf.. besoin d'une trousse de soin. Et de corde pour un prisonnier de plus. ..Pf... Caporaux Volegius, désolée ..pf.. pour votre Sergent mais je vais vous demander de prendre ..pf.. la tête ..pf.. de la colonne avec vos hommes.

Je dois tirer une sale gueule. J'ai perdu du sang, même avec un pansement. J'ai des tremblements. Manquerait plus qu'on se fasse attaquer. Mais ils doivent nous attendre plus loin sur le chemin. Comme ça ils sont déjà en place.

- On va faire un détour. Tant pis pour le retard, ..pf.. on évitera peut-être la prochaine embuscade.

Je reprend l'escargophone en donnant l'ordre du départ, une nouvelle fois. Modori risque pas de le donner, ligoté comme il est. Il pensait quoi à me tirer dessus, ce gars ? Il est complètement fou. Les gars comme ça, ça mérite pas la marine, ça mérite la prison.
Si je tombe malade à cause de lui ....

- Moshi Lieutenant ? .. On va avoir un peu de retard. Le Sergent Modori est ..pff... incapable d'assurer ses fonctions. On a déjà été attaqué deux fois, on va tenter un détour pour pas marcher encore dans une embuscade de plus. ..Pff... Et vous ?
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On assemble des bouts de bois mort aux pieds de quelques arbres qu’ont l’air vaguement moins humides que les autres. Les bouts de bois eux-mêmes sont pas vraiment secs, mais on s’contente de ce qu’on a, et c’est pas fameux. Quand Jadieu nous a expliqué son plan, sur le papier, tout semblait au poil. J’sais pas comment on a fait pour zapper en à peine quelques heures que l’île maléfique était une putain de jungle humide.

Scorone a des embuscades, des petites. Ca veut dire qu’ils nous surveillent. C’est plutôt moche, parce qu’ils doivent se douter, du coup, qu’on essaie de les pousser vers la plaine du dernier combat avec nos feux, au demeurant assez pourris. S’ils se doutent de tout, y’a des chances qu’ils nous filent entre les doigts. Ou pire, qu’ils répliquent avec un piège à leur façon : bouts de bois pointus, silex taillés, et autres joyeusetés primitives mais toujours efficaces.

Reste notre os limé à nous, les gars qui remontent la rivière. Quasiment une coulée de boue, d’ailleurs, le genre à regorger de sangsues et de serpents. J’suis content de pas avoir tiré ce gros lot là.

« Grouillez-vous, là !
- Ouais, Lieutenant. »
Les Marines font déjà ce qu’ils peuvent mais j’suis pas du genre à les laisser se reposer sur leurs lauriers. La jungle offre trop de couvertures, on maîtrise pas assez le terrain, on n’a pas assez de visibilité. Les indigènes pourraient être à cinq mètres de nous qu’on verrait que dalle.

Le feu démarre enfin après qu’on ait généreusement arrosé les fagots d’huile de baleine ou de phoque, vu l’odeur. Comme on le craignait tous, il dégage plus de fumée que de chaleur, mais il prend p’tit à p’tit et commence à ronger les arbres. Une fois qu’il semble plus être sur le point de s’éteindre à tout moment, on s’met en route fissa vers le prochain point.

J’espère que les autres s’en sortent aussi bien que nous, ha.

L’encerclement est complété tant bien que mal, et on pousse le feu devant nous pour les attirer vers le point de rencontre. Les avertissements ont retenti dans les denden : j’suis pas le seul à avoir flairé l’embrouille, mais l’élite est pas du genre à rechigner ou à effectuer une retraite stratégique, comme Thorn a pas manqué de nous le rappeler le soir d’avant.

Putain, il était pas forcé d’intégrer les défauts de la Marine, celui-là.

Charme a aussi mal pris la soufflante, elle qui prenait pour acquis le fait qu’elle soit sur la même longueur d’onde que le Commandant. Suffisait de voir son air raide pour s’en rendre compte. Bah, trêve de souvenirs, les sauvages attendent plus que nous.

A mesure que le cordon de terre brûlée se ressert, on entraperçoit d’autres soldats, vachement visibles dans leurs beaux uniformes blancs et bleus. Ca aussi, faudra qu’on y fasse quelque chose, si ça doit continuer par ici. Les sauvages se laissent aussi voir, gentiment. Enfin, surtout leurs pointes de flèches, qui occasionnent quelques blessés dans mes rangs. Ils finissent par boîter derrière nous, fusil au poing, pour nous couvrir plus tard si ça s’avère nécessaire.

La clairière se dessine enfin quand la verdure se fait moins oppressive, un grand coin où même les herbes poussent pas. Plutôt surprenant sur une île pareille. On est trop loin pour voir, mais ça doit venir du sol. En tout cas, c’est sûr que ça fait bicher les locaux sur leur plaine magico-prophétique de grande bataille antique.

On va leur rejouer la bataille, j’espère qu’ils seront reconnaissants.

Il faut pas plus de quelques instants pour qu’on voit la rivière après l’avoir entendue par-dessus le son des oiseaux, des singes, et autres bestioles non-identifiées. Le p’tit pont en pierre fait aussi coucou un peu plus bas, avec un paquet de roseaux autour. J’espère que les hommes de Conway ont eu le temps d’arriver, et qu’ils ont pas rencontré de souci en chemin.

Des formes peu vêtues courent armées de lances et d’arcs. On se met en bon ordre à l’orée du sous-bois, dégoulinant de sueur à force côtoyer le feu de trop près. J’ai l’impression d’être tellement humide que j’pourrais être dans la flotte que ça serait la même. P’tet que les malins, finalement, c’est Conway et compagnie qui profitent de la baignade avec les crocodiles.

On s’met en ordre de marche, les gradés donnant un peu d’ordre dans la ligne, puis les fusils commencent à tirer. La plupart touche pas, mais certains font mouche. Ils reculent en bon ordre, en lançant des javelots. Ca tombe court, globalement. J’ai les mirettes ouvertes pour un piège, mais l’étendue est relativement calme pour une scène de bataille.

Le pont les lorgne, et les gars juste à côté aussi.

On avance au pas, fusils armés. On reste méthodique, pas question de laisser ça dégénérer dans un affrontement de corps à corps dans lequel ils pourront tirer leur épingle du jeu ou s’enfuir.
« Ils ont l’air peu nombreux, quand même ? »
Quelques dizaines maximum en face nous, ouais.
« C’est vrai, mais les rapports disent que leurs chiffres sont évalués assez bas, donc en terme de combattants, ça ne semble pas incohérent, rétorque Charme.
- J’le sens pas.
- Moi non plus, mais pour le moment, on suit le plan. Ils se dirigent tous vers le pont, en prime. »

Des coups de feu retentissent. J’laisse filer mon regard sur ma ligne. J’ai pas donné l’ordre de tirer, pourtant. Pareil chez les autres gradés, lieutenants ou sergent.
« Qui a tiré ? S’exclame Charme dans l’escargophone.
- Rien ici.
- Pareil.
- Idem.
- Bis.
- Ter. »

Une nouvelle volée. J’regarde frénétiquement du côté des sauvages, toujours avec leurs lances et leurs arcs. Puis sur les côtés. A la troisième salve, quelques Marines tombent dans nos rangs, face contre terre. Le sang coule dans leur dos, et j’capte enfin qu’on est pris à revers. Dans un certain désordre, les soldats plongent vers la couverture la plus proche, et c’est les indigènes de la clairière qui commencent à nous charger.

Chiasserie.
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La bataille a à peine commencé qu'elle tourne déjà à la déroute. Et c'est à ce moment-là qu'on arrive avec mon groupe, en retard, à cause des détours, en miettes, à cause des embuscades constantes, morts de fatigue, à cause de la tension. Du coup pour ceux qui rêvaient des renforts providentiels, qui arrivent et sauvent le jour, qui sauvent la bataille, qui sauvent la troupe, c'est loupé.
Je vais pas passer ma journée à me plaindre, les autres l'ont pas eu facile non plus. Et nous au moins on est pas pris entre deux feux. Pas encore.

- Trois hommes gardent un œil sur l'arrière. Pfui .. pfui. Les autres, on va prendre de flanc le groupe du pont. Vous quatre surveillez la droite, là où les copains sont en train de se faire canarder. Uuhhpfff. J'emporte Modori.
Il pourra toujours servir de massue.

Non, on était pas providentiels. Juste bien placés et "seulement" en très mauvais état. Position excellente, moral à plat. Pas le temps de rejoindre le reste de la troupe, de toute façon eux sont attaqués. On ouvre le feu sur leurs attaquants visibles, ceux dans la clairière. De loin, on fait plus de fumée que de dégâts. On va devoir se rapprocher sans traîner.
J'ai mal au dos.

Alors c'est ce qu'on fait. Pas de réflexion, pas le temps pour. On doit recharger, on le fait. En courant, pas de problème. Enfin, tant qu'on coure pas trop vite. Je l'ai dit qu'on était épuisés. Je tremble trop pour pouvoir viser. Alors je fais apparaître davantage de bras pour pouvoir utiliser mes pistolets en même temps que mon fusil. Augmenter la cadence de tir, espérer toucher quelqu'un. L'adrénaline monte mais la fatigue part pas. Si on engage le corps-à-corps, on va se faire manger tout cru.
Je sais pas quoi faire. Trop épuisée pour courir vite. Clouée au sol, pas en état de bondir. Me faut de l'air. Mais faut aussi qu'on en donne au reste de l'armée. Pas le même genre d'air. Mais aussi vital.
De l'espace pour eux.

Pour les autres, c'est un gros bazar. Attaqués par devant et une mêlée qui commence, ceux à l'arrière se font tirer dessus. D'après l'escargophone d'Angus tout à l'heure en tout cas.
Pas mon problème. On les rejoint, on enveloppe le groupe du milieu.
Sauf que non, ils prennent la fuite quand on est presque arrivés. Tant mieux. On aurait pas fait le poids .. je pense.

Suis crevée. Une pause dans le combat de ligne la clairière, mais les tireurs embusqués dansl a jungle ne s'arrêtent pas.
Les Lieutenants reforment les lignes. Les hommes de Conway sortent de l'eau juste à temps pour coincer les fuyards. En fait, c'était une fuite ou une retraite ?
En tout cas nos adversaires s'attendaient pas à des marines trempés et puants qui sortent de l'eau. La question se pose plus. Ça devient une vraie fuite. Ceux qui n'y arrivent pas se font massacrer.
On commence à retourner le feu sur la jungle, gaspillant nos munitions sans savoir où on tire.
Pourquoi j'ai laissé mon bazooka sur les bateaux ? Il aurait pu être tellement utile. On aurait pu brûler la forêt et tout et ... de toute façon ça marche pas.

On s'abrite derrière ce qu'on peut, rochers, souches .. même les cadavres. Ça pue. Ça pue tellement. C'est la m.... Pour la situation comme pour l'odeur.

J'ai envie de vomir.

Les tirs se calment, des deux côtés.
En fait non, que du nôtre.
Ils sont déjà partis, les tireurs dans la forêt.

On a l'air bête.

Le groupe de Conway a fini de son côté et vient vers nous.
Ils ont perdu personne, mais alourdis par leurs habits plein d'eau, certains ont pris de sales mauvais coups.
Ils ont tué plusieurs indigènes. Pas assez. Mais c'est pas leur faute. Sûrement.

Et maintenant, on fait quoi Lieutenant ?
Et maintenant, on fait quoi Jadieu ?

Moi, je sais pas.
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Les tirs se font plus épars en face nous, jusqu’à ce que le son des fusils disparaisse totalement, remplacé par les grognements et les cris des blessés, aussi bien chez nous que chez eux. La joyeuse troupe de Conway, complétée par Scorone, nous rejoint. On établit rapidement un cordon de sécurité pendant que les premiers soins sont administrés.

« Bon, on fait quoi ? Le plan Jadieu a pas marché du tonnerre, sans vouloir blâmer.
- T’façon, c’est Thorn qu’a dit de le faire, alors ce coup-ci…
- Ils nous l’ont collé à l’envers bien comme il faut.
- On les poursuit ?
- Avec autant de retard et dans leur propre jungle, avec des blessés et des morts sur les bras ? Nan.
- Angus a raison. Nous devrions limiter les pertes et rentrer au camp.
- On passe par où ? Demande un sergent.
- La rivière ? Ils auront pas pu préparer de plan ou d’embuscade, et c’est pas question qu’on s’tape tout le trajet sous les tirs de flèches. »

Un cri soudain vient interrompre la conversation, et tous les gradés tournent la tête. Un Marine à qui on vient d’extraire une balle, profondément enfoncée dans ses côtes.
« Les tirs de flèches, hein ?
- Ils avaient des putains de fusils, lâche Conway.
- Parce que sans les fusils, on s’en serait mieux sorti, mais ça n’aurait probablement pas suffi.
- Des survivants parmi leurs blessés ?
- Oui, on est en train de les récupérer.
- Si on obtient la position de leurs villages, il y aura peut-être moyen de…
- A Thorn de se démerder avec ce sac d’épine, moi j’dis. »
Grognements d’assentiment.

On se met en route jusqu’au pont, avec précaution. Puis on profite d’une végétation un peu moins abondante pour avancer vite le long de l’eau, en faisant attention aux crocodiles et autres bestioles qui trainent dans ce genre d’endroits. Le seul gros défaut de ce chemin, c’est les insectes, encore plus présents qu’ailleurs. La cacophonie qu’ils produisent, mêlée à celle des oiseaux et des crapauds, fait que les sauvages pourraient se promener parmi nous qu’on en saurait rien.

On essuie malgré tout quelques assauts sur le chemin du retour, mais monté à la va-vite, malgré l’avantage du terrain, on a celui du nombre. Les fusils tonnent à nouveau, rapidement renforcés par celui des tambours de guerre, qui couvrent toute l’île de leur rythme martial. Ils semblent davantage essayer de récupérer leurs blessés qu’autre chose, mais on les a calés bien au milieu de la formation, là où rien ne risque de leur arriver.

La nuit tombe quand on arrive enfin en ville, tous exténués par les combats, la nécessité de concentration permanente, le fait d’avoir été à côté du feu ou dans l’eau toute la journée… Evidemment, pas de repos pour les braves, pendant que les soldats du rang filent dans leurs tentes, se décrasser, manger un bout et se plaindre à leurs collègues en roulant des mécaniques, les lieutenants sont gentiment conviés auprès de Thorn.

Modori est également introduit pour l’occasion. Il a les menottes au poignet, et après un rapide détour à l’infirmerie, Scorone nous rejoint, avec un gros bandage. Puis Doombeast et Volegius. J’tire clairement la gueule. C’est Thorn qui commence, et lui non plus a pas l’air jouasse. Entre l’opération qui a échoué et les sergents qui jouent les francs-tireurs, c’est une sale journée pour le Commandant.

« Sergent d’élite Modori.
- C’moi. »
Il prend un taquet dans la gueule, tombe au sol. Il se relève, le regard plein de défi.
« Vous êtes accusé d’avoir agressé le sergent d’élite Scorone pendant la mission. Est-ce vrai ?
- Je n’ai fait que mon devoir.
- Développez. »
C’est là que ça va devenir chiant. Il va se défendre, va falloir juger ou le renvoyer à Marie-Joie…
« Le sergent Scorone a abandonné son unité pour aller poursuivre des sauvages dans la jungle, les laissant désordonnés et non à même de faire face à une menace potentielle.
- Je suis allée capturer des…
- Vous parlerez à votre tour, Scorone.
- … Oui, Commandant. »

« Vous avez donc tiré sur le sergent Scorone pour son incapacité à assurer la cohésion de ses escouades ?
- Pas tout à fait, Commandant. »
Thorn soupire.
« Je vous écoute.
- Devant le danger que Scorone représente pour ses hommes, j’ai préféré prendre les devants et assurer leur sécurité au détriment de celle de Scorone. »

Tout le monde se tait, regarde Thorn. Il hésite, fait balancer son regard entre les deux protagonistes de cette anecdote malheureuse.
« Des éléments à ajouter ? »
Personne trouve quoi que ce soit. Faut dire, le mec a tenté le coup et s’est foiré lamentablement, et maintenant on s’retrouve à devoir le garder au chaud jusqu’à pouvoir le basarder en cour martiale, tu m’étonnes que Thorn l’a mauvaise.
« Bon, en vertu des Mesures de Guerre telles que validées par le Conseil des Cinq Etoiles, d’après les pouvoirs qui me sont conférés en temps que Commandant d’élite de la Vingtième Division, actuellement en mission sur l’île maléfique… »
Il se suspend quelques instants, laisse le temps à son aide de camp de griffonner tout ça sur une feuille de papier.

« Le Sergent d’élite Modori est condamné au peloton d’exécution. Sanction immédiate. »
Un silence stupéfait suit ses paroles, y compris de Modori lui-même qui pensait juste écoper d’une punition bateau avant d’être muté dans un coin pourri style Fort Plud en Amerzone. La déclaration semble mettre un coup à Thorn, dont la main s’appuie légèrement sur la table centrale de sa tente.
« Allez. »
On sort à la file, Modori au milieu, avec un hématome qui commence à poindre sur sa pommette. Sur un signe du Commandant, Charme s’avance, fait rameuter toute la division. Les mines sont fermées, les Marines se lancent de sales regards entre eux. D’un côté ceux qui avaient davantage d’affinité avec Modori, d’autres les miens, au milieu ceux qu’ont pas d’avis, pas encore ou jamais.

Le Commandant nous fait le coup du discours sur la solidarité, l’amitié, le soutien mutuel, et ce qui nous attend si on peut plus compter les uns sur les autres. Puis il explique la faute commise par le trublion, ainsi que la sanction décidée, au vu de la situation, des conséquences. Dans l’entre-temps, Charme a rassemblé les tireurs.

Modori avait l’air perdu, il s’est repris. Il garde le regard fixé devant lui, le dos bien droit. Il adresse quelques signes de tête aux gens qu’il connaît le mieux en se dirigeant vers le mur de la punition. Comme de tradition, tous les fusils sauf un sont chargés de balles à blanc, pour que personne ne sache qui a véritablement appliqué les ordres.

Le fracas des fusils couvre une nouvelle fois celui des tambours, et le corps tombe dans la poussière avec un bruit sourd.
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Mauvaise journée. Repos. Dodo. Avant ça, j'ai rapidement organisé une garde. Contre l'extérieur, mais aussi l'intérieur. Ça me plaît pas mais après ce qui s'est passé aujourd'hui ... mieux vaut pas prendre de risque.
J'essaye de dormir sur le côté, après avoir essayé sur le dos. Trop douloureux. Pas bien. C'est une mauvaise nuit qui s'annonce. Je me suis calée avec un sac pour éviter de trop bouger en dormant. Et j'ai mis mon coffre derrière pour être sûre que le sac reste en place.
C'est pas confortable. Encore moins que d'habitude. Je vais avoir mal aux côtes je parie. Il était vraiment obligé de faire ça le Commandant ?
Vu que je suis la victime aussi je devrais être contente, mais .. c'était quand même pas nécessaire de le tuer.
J'ai jamais tué personne moi. Volontairement en tout cas. Involontairement .. je suis pas certaine. Un doute existe. Mais il est sûrement infondé.

Je fais pas exprès, mais je mets longtemps à m'endormir.
Trop passé de temps à réfléchir au lieu de dormir. Le lendemain, je suis vraiment fatiguée.


Nuit calme. Tant mieux. Je mange un peu, puis encore un peu plus, puis je finis par un vrai repas. je sais pas si c'est d'avoir perdu plein d'énergie pendant tout ce temps passé à penser, mais j'ai faim. Ma blessure joue peut-être un peu dans mon appétit. aussi.

Je prends le temps d'entretenir mes armes. Je l'ai fait hier soir, mais pas assez bien. J'étais trop fatiguée, trop malade. Maintenant je prends le temps de le faire bien.
Les couteaux, ça va. Je m'en suis pas servie. Un petit coup de chiffon par acquis de conscience, ça suffit.
Les pistolets, le fusil, eux doivent être nettoyés. Intérieur, extérieur. Correctement cette fois. Le canon d'un de mes pistolets est abîmé, tiens. Pas grand chose, pas assez pour poser problème. Mais j'avais pas remarqué ça hier soir.
Mes gants, ça va. Je m'en suis occupée hier soir. C'est la partie la plus importante de mon arsenal, alors même épuisée, je pouvais pas les négliger. N'empêche, je vérifie attentivement pour être sûre que je n'ai rien oublié. Rien manqué. Qu'il ne reste pas un peu de sang, qu'ils ne risquent pas de rouiller et avoir des problèmes d'articulation.

Je suis pas la seule à avoir un trou dans le dos. Mes vêtements aussi. Et avec tout ce sang ... c'est lavé mais pas encore réparé. Et le temps que ça sèche, de toute façon ... j'ai récupéré les affaires de quelqu'un qui n'en n'aura plus besoin. Aujourd'hui n'est pas une bonne journée. Hier, je veux dire. Je sais pas encore comment aujourd'hui va se passer. Mais je suis pas très optimiste.

Pendant la matinée, il se passe pas grand chose. Les troupes réparent ce qu'on peut, on doit s'interrompre parfois à cause d'attaques sur un point isolé. C'est très court, en général ils s'enfuient sans avoir fait de dégâts. Et sans qu'on leur en fasse non plus.
J'échappe au plus gros du boulot, mais ma blessure n'est pas considérée assez sérieuse pour me laisser me reposer toute la journée. Surtout avec mon pouvoir. Perchée en hauteur, je soutiens les transports de matériaux quand on est au calme. Et je fais apparaître oreilles et bouches lorsqu'il faut prévenir d'une attaque. En fait j'ai pas vraiment besoin d'être en hauteur, mais c'est quand même plus pratique de voir où je fais apparaître mes morceaux. Comme ça je sais bien ce que c'est.

Y en a qui m'insultent quand je m'adresse à eux. Ils ont vraiment pas le sens de la priorité. Tant pis. Pas important. Je fais mon travail. Perchée sur mon toit, je me repose tout en travaillant. Avec quelqu'un d'autre que moi, cette phrase n'aurait aucun sens.
Vraiment, je suis unique.


Dans l'après-midi, je suis appelée au quartier général. Enfin ce qui nous sert de quartier général. Y a les officiers. Lieutenants. Commandant. Ils sont tous là. Comme ce matin. Ils ont trouvé un nouveau plan. Génial. Je déborde d'enthousiasme, l'idée de repartir au combat ... au moins on s'ennuiera pas. Moins. On s'ennuiera moins.

- Vous allez embarquer avec six sections et contourner l'île. Ça devrait prendre les sauvages par surprise. Vous débarquez au niveau de cette crique, ici, sur le plan, et vous irez dans cette direction. Le commandant fait glisser un doigt sur sa carte. D'après nos informations, il se trouve un village ici. Thorn tapote son doigt sur un point précis pour insister. Vous allez le nettoyer de toute présence ennemie. N'ayez aucune hésitation et frappez comme la foudre. Vous devriez avoir terminé et vous être repliés avant que l'ennemi n'ait compris ce qui lui arrive. Vous allez être un peu serré, mais pour la réussite de l'opération vous allez devoir vous contenter de deux caravelles. Une contournera l'île par l'Est, l'autre par l'Ouest. Cela afin d'éviter les collisions dans le noir.
- Euh, dans le noir ? questionne un des Lieutenants, je sais plus lequel.
- Vous partez au milieu de la nuit et débarquerez au petit matin. La surprise est primordiale, je vous le répète.
- Qui partira ?
- Angus, Prudence et Funeste. Charme et Blondie resteront à garder le camp pendant la nuit et mèneront une diversion au matin.
- Et vous Commandant ?

Il reste au camp. Avec les personnels moins combattants. Et les plus grands blessés de ces derniers jours.
Pourquoi c'est sur nous que ça tombe, de former les deux dernières sections quand on part aux combats compliqués ?
En plus dans notre état ... on est pas au complet comme les sections de Prudence et Funeste. Loin de ça.

Je crois que le Commandant nous en veut pour quelque chose que je sais pas ce que ça peut être. C'est toujours nous qui nous tapons les pires trucs. Il ne nous fait pas fusiller donc ça doit pas être trop grave non plus. Ou alors je suis paranoïaque et on est juste vraiment pas chanceux.
Ou alors il veut laisser les habitants de l'île s'en charger pour lui.
..

- Mon Lieutenant, si on part tôt cette nuit, je peux aller dormir maintenant ? Pour être en forme demain.
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Et nous voilà repartis pour un tour. On n’a pas le temps de voir les effets de l’exécution de Modori qu’on embarque sur les bateaux qu’on a, au plus noir de la nuit, et qu’on part discrétos vers le large. On va faire le tour, suffisamment loin des côtes pour pas être vus, toutes lumières éteintes, puis revenir et attaquer les villages dont on connaît la position.

Funeste est fort, pour extorquer des informations. Les sauvages avaient opposé une bonne résistance, mais à la fin, ils n’étaient pas beaux à voir. Mais on savait ce qu’on avait à savoir.

Pendant la poignée d’heure de trajet qu’on se coltine, j’mesure froidement les hommes. Ça les a sûrement refroidis, le peloton, mais on sait jamais, des fois que certains se chauffent pour faire les malins, surtout attisés par des éléments révolutionnaires qui semblent aussi présents que brume au soleil.

Une fois à la position la plus proche du village, on s’arrête doucement, et l’ancre est baissée délicatement dans l’eau. La nuit est claire, heureusement, donc on distingue un banc de sable à la longue vue, qui brille un peu d’une lumière blanche. Les chaloupes suivent, descendues par des cordes tenues par les Marines.

On les suit et on grimpe, puis on avance en glissant les rames dans l’eau plutôt qu’en les y enfonçant. Dix longues minutes où on avance à une allure d’escargot, pour finalement être assez proche de la terre pour sauter à la mer, qui nous monte jusqu’aux cuisses. Quatre Marines restent à bord, retournent au navire.

On établit un premier cordon juste au-dessus de la ligne de la marée, et on s’applatit dans le sable. C’est pas le moment de se faire repérer, sans compter que la diversion devrait pas tarder à commencer. Pour l’occasion, les fusils sont rangés et doivent être utilisés qu’en dernier recours. Prudence et Funeste sont à d’autres points de la côte, parés à mener leur propre offensive contre d’autres villages.

On accoste finalement tous, et les chaloupes sont tirées sur le sable, dans des trous qu’on a creusé en attendant pour les cacher. J’fais un signe et on s’enfonce dans la forêt, moi en pointe, Scorone au milieu et Jadieu en queue.

Immédiatement, il fait plus sombre. La lune et les étoiles suffisent pas du tout à éclairer sous la canopée touffue de la jungle, et on y voit quasiment comme dans un four. En première ligne, j’me ramasse toutes les branches, les racines, et les épineux. Les suivants quasiment autant, même en plaçant leurs pas dans les miens. J’ai l’impression qu’on fait un boucan du tonnerre, mais c’est toujours comme ça quand on se déplace en catimini. J’fais abstraction.

A intervalles réguliers, j’observe la boussole que j’ai prise avant de venir, que j’éclaire d’une allumette que j’cache de la main et que j’éteins aussitôt. Le ciel commence à peine à s’éclaircir, devenant grisâtre au lieu de noir, qu’on arrive à proximité de notre première cible. J’ordonne une halte, par signes, et on se cache dans les fourrés et derrière les troncs creux. Encore un peu tôt pour se lever, normalement, et l’attaque de diversion devrait commencer incessamment sous peu.

Dans tous les cas, puisqu’ils nous observent en permanence, la plupart de leurs guerriers devraient être de l’autre côté de l’île…

Par chuchotements, j’rappelle les ordres à chaque sous-groupe de Marines. Si possible, on capture, s’ils résistent, on tue. Thorn a fini de jouer la guerre réglo et rigolote, semblerait. Et s’ils s’enfuient, on les en empêche. Y’a que dans ce cas-là qu’on a le droit aux fusils, et encore. J’ai plus silencieux, mais ça m’emmerderait de devoir utiliser des Shigan Bachi.

Y’a une trouée dans la jungle, occupée par un village. Davantage un hameau, en fait, comme y’en a pleins sur cette portion de l’île. Des cahutes au sol en terre battue, et aux murs en argile séché, avec des toits en feuilles de palmier. Le coin à bouseux que le sauvage nous a décrit, bon gré mal gré, quoi.

On fait irruption sur la place centrale, et une bonne femme sort d’une maison avec un vase. Elle ouvre la bouche pour pousser un cri aussitôt interrompu par un couteau de lancer, et tombe au sol dans un gargouillis de sang. J’jette un coup d’œil au Marine qui a encore le bras tendu. Surin, le bien-nommé. Le vase tombe et se brise, mais dans le vacarme de la jungle qui s’éveille, j’pense pas que personne y prête grande attention.

Les soldats s’engouffrent par groupes de quatre dans les cabanes, tirent les habitants de leurs paillasses. En une dizaine de minutes à peine, on se retrouve avec un tas d’indigènes au milieu du village. Des femmes, des enfants, et des vieux. Tous clignent des yeux d’un air apeuré dans la lumière naissante.

« Vous êtes maintenant prisonniers. Si tout se passe bien, vous pourrez bientôt rentrer chez vous. Mais en attendant, va falloir venir avec nous. Et le premier qui moufte un peu trop… J’vous fais pas de dessin. Attachez-les. »

Et ce fut fait.

Avec notre poignée d’otages, on reprend notre route vers le navire. Ca devrait bien les pousser à négocier, ça… On rembarque et on repart, sans croiser personne. Et, pour la première fois depuis un bail, les tambours sont silencieux.
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On est venus par petits groupes, on est repartis avec de nombreux prisonniers. Ils se croyaient aux abris, ils ne l'étaient pas. Parce qu'on les a trouvés. J'ai pas envie de savoir comment les officiers ont fait. De toute façon c'est pas mon travail de me demander ces choses-là. Non, pas mon travail.

On reprend la mer, on s'interrompt pour reprendre les autres débarqués plus tôt et on repart. Retour en ville, où on s'installe avec nos prisonniers. On les enferme dans trois maisons, une par village capturé. Les tambours de guerre résonnent différemment maintenant, de longues pauses entrecoupées de séries rapides de battements. Un peu comme une conversation. Je sais pas trop quoi en penser.
En même temps, j'ai pas besoin d'y penser. On saura bien assez vite ce que ça dit. Pour l'instant ça peut être tout et n'importe quoi. Eh, en fait on a peut-être quelqu'un qui sait traduire parmi les prisonniers ?
Bof, quelqu'un d'autre y aura pensé. C'est pas mon problème à moi.
Et même si ça l'était, je m'en fiche. Ils disent que le camp a été attaqué plusieurs fois au matin, une fois la diversion terminée, après que Charme et Blondie se soient repliés sur le camp. Les locaux n'ont pas attaqué trop fort non plus, ils ignoraient que le camp n'était pas à moitié vidé.
Ils s'en sont rendus compte trop tard, le premier groupe était revenu. Puis le nôtre. Ils ont pas attaqué suffisamment fort, suffisamment vite pour passer les défenses sans nous. Maintenant qu'on est là, ça leur coûterait trop cher.
Sans compter les vies des prisonniers. Pas besoin de le répéter, mais autant être claire, j'aime pas ça. C'est pas des méthodes, pour moi. On s'en prend pas aux civils, aux non-combattants. Même si en face ils ont massacré une ville. Même si en face ils ne respectent pas ces choses. C'est pas des raisons. On doit viser le meilleur.
Pfff.

La 20éme me déprime. Bulgemore à la rigueur ça aillait, on tapait rien d'humain ou alors c'était des révolutionnaires. C'était plutôt marrant, à la limite, avec les robots géants et tout. Sauf pour le coup où j'ai failli me noyer. Mais quand on a dû revenir et débarquer dans un champ de bataille, c'était pas drôle. Du sang et des morts partout. Certains pirates, on devrait les enfermer jusqu'à ce qu'ils soient morts.
Sauf que pour la plupart sur Bulgemore, ils sont morts sur place. Comme les marines qu'ils affrontaient et qu'on est revenus sauver.
Nebelreich, sauvetage et destruction. On s'est débarrassé des assassins en puissance, qui avaient probablement déjà tué et qui n'allaient pas s'arrêter sans aide. Bon débarras.
La bataille navale, ça a pas été facile, mais on l'a remporté. La seule question que je me pose, c'est si c'était des pirates ou des révolutionnaires. De toute évidence c'était des pirates, mais j'ai entendu certains marines dire que c'était des révovilains. Je vois pas ce qui peut leur faire penser ça, mais peut-être. Vu qu'on les a mis en fuite, c'est plus trop mon problème. Cette histoire-là est finie. En tout cas pour moi.
Ici par contre, c'est nul comme île. On a des pertes monstrueuses, sauf que c'est pas des monstres, c'est des marines. Ils ont signé pour ça et tout, mais quand même ... On capture des femmes, des vieux et des gosses pour faire pression sur leurs époux, leurs enfants et leurs parents. On cherche le massacre, pas la résolution du conflit. Pour moi, ça peut pas marcher tout ça.
En fait c'est pas la 20éme. C'est l'île. Et le Commandant. Et ce vil .. le méch ... oh et puis zut ! Cet imbécile de Modori. Crétin jusqu'à la fin !
Ils m’agacent, tous. Sale île qui pue.

Pfff.

Du bruit. De l'agitation. J'étais tranquille dans mon coin à l'ombre. Ils sont obligés de faire tout ce bazar ? Je réalise que les tambours ont repris comme hier, continus, omniprésents. Quelque chose se prépare, quelque chose de gros. Je me demande bien quoi.

Quand ça devient vraiment trop agité pour se reposer en paix, je sors de mon abri. Beaucoup de marines sur nos remparts improvisés. De l'autre côté, au port, des marines se tiennent prêt des canons. Si ça tourne mal, on pourra toujours se replier en profitant de leur appui. C'est quand même un peu limité les canons, tout le temps sur les bateaux comme ils sont. Il faudrait en amener à terre, des fois. Avec des grosses roues, pour mieux les transporter. Mais on peut pas les amener trop près du champ de bataille sinon ceux qui s'en servent risquent de se faire tirer dessus. Mais doit y avoir une solution, comme faire des tourelles à roues. Suffirait de reprendre celles d'un croiseur, comme le vaisseau de Thorn et on pourrait y mettre des roues et ça devrait marcher. Je me demande pourquoi on se contente toujours de canons fixes. C'est assez bête. Je suis sûre que quelqu'un a déjà eu l'idée de les rendre mobile. Je me demande pourquoi on n'en voit pas plus souvent du coup. Le monde est plein d'eau alors pour les transporter d'une île à l'eau ça peut être un problème, mais y a quand même des îles qui sont très vachement grandes. Faudra que je creuse la question.

Et pendant que je réfléchissais, les choses ont continué de bouger. Je rejoins ma section, ils sont déjà tous sagement installés contre le mur. Tous ceux qui sont en vie et en état de combattre, je veux dire. Pas les morts. Eux ils peuvent plus se battre. Ni les blessés graves. Eux ils doivent se reposer avant de retourner se battre. D'ailleurs moi aussi je suis blessée. Mais on me laisse pas reposer. Je veux bien que je récupère vite et qu'on est pas assez nombreux pour ne pas utiliser tous ceux qui peuvent encore participer, mais quand même ... j'ai l'impression de me faire exploiter moi.
Je n'ai pas peur de ce qui peut se produire.
J'ai pas de canon mobile, mais j'ai la version réduite. Un bazooka en bon état, après avoir passé pas mal de temps à le réparer. Mais maintenant je l'ai, prêt à tirer.

Je m'installe tranquillement sur le rempart, prend mon temps pour observer le terrain. Je me demande si nos adversaires aussi ont des bazookas. Non, ils ont pas de raison d'en avoir. Ils vivent dans la jungle. Mais ils avaient des fusils quand même. Mais ils doivent les avoir récupéré sur les gens qui habitaient en ville ici. Probablement. Je me suis pas trop renseignée. Parce que je m'en fiche.
En y repensant, c'était peut-être une erreur. Mais c'est trop tard pour la corriger. Une autre fois peut-être.


Finalement les tambours ralentissent, un rythme lent, limite lourd. Enfin, c'est l'air qui parait lourd. Y a de la tension dans l'air, comme on dit.
Des hommes sortent des bois et entrent dans la clairière qui entoure la ville. D'abord quelques-uns. Puis d'autres. Et encore d'autres. Et toujours d'autres. Ils apparaissent et attendent à la limite. Hors de portée pour nous, prêts à se tirer si on chargeait. Mais on attend. Le Commandant nous rejoint, lui aussi.
Quelques femmes parmi leur troupe. Ils sont bien quatre ou cinq fois plus nombreux que nous. Vu leur nombre lors de la bataille de l'autre jour, j'aurais pas cru. Soit ils ont pas osé tous y aller, soit ils s'étaient éparpillés pour surveiller les côtes en même temps que pour nous harceler ou quelque chose comme ça. Je sais pas exactement, il faudrait leur demander.

Après un moment, l'un d'eux s'avance. Torse nu et pantalon noir et blanc, il est habillé bizarrement. Enfin, ils le sont tous, habillés bizarrement. Il a les cheveux vachement rouges, d'ailleurs. Ça aussi c'est marrant, parce qu'ils sont pas si nombreux à les avoir comme ça, dans tous les habitants de l'île qu'on a croisé et qu'on a parfois tué. Pas que ça soit important. Il y a un deuxième gars qui l'accompagne, blond celui-là. Il doit passer moins de temps au soleil. Sauf que le soleil fait pas foncer les cheveux, il les fait blondir. Mais pourquoi il a la peau plus claire alors ? Et puis mes cheveux à moi ils blondissent pas même quand je bronze. Donc c'est n'importe quoi ce que je raconte. Et puis c'est pas important pour le moment.

Ils s'arrêtent à bonne distance du rempart, mais pas assez loin pour qu'on puisse pas leur tirer dessus. Mais personne le fait. On veut savoir pourquoi ils viennent, exactement. Et puis le Commandant a ordonné de ne pas tirer.

- Je suis Bouba Ho Tep, dit le rouge. J'accepte de discuter avec vous.

De discuter ? Mais personne lui a demandé. Ou alors c'est la capture des civils qui lui fait dire ça ? C'était une demande de discute ça ? On discute en tuant des gens. C'est beau. En même temps il pouvait le dire comment sinon ? Je veux parlementer ? Parlons ? Vous avez capturé des gens de notre famille et on est pas contents mais comme on peut rien faire d'efficace on va essayer de négocier ? Hum ... vu comme ça, j'accepte de discuter, c'est pas une si mauvaise formule.

- Je suis le Commandant Thorn. Je vous attendais.
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Sur un geste du Commandant, les Marines arrêtent de mettre les sauvages en joue et se mettent tous au garde-à-vous. Quatre d’entre eux écartent l’assemblage de bois qui nous sert de portail et les deux représentants des indigènes marchent vers nous, le visage fier, le dos droit, et la démarche altière. Y’a pas à dire, ils font une belle image pour leur peuple.

Nous les lieutenants, on est à côté de Thorn, et on les regarde approcher dans un froufroutement de fétiches en bois, en jade, en os. On échange pas plus d’un regard avant que le chef nous amène dans le bâtiment le plus solide de la ville. Heureusement qu’il a été retapé un peu depuis notre arrivée. En l’état, quand je ferme la porte derrière les sauvages, on se retrouve effectivement isolé du monde extérieur, et dans la quasi-obscurité.

Funeste allume quelques lanternes placées sur le mobilier ou accrochées aux murs avant d’en poser une sur la table centrale, celle de la tente et du bureau de Thorn, déplacée ici pour l’occasion. Il devait pas vouloir leur mettre trop la pression en leur demandant d’embarquer sur le cuirassé. D’ailleurs, on est vachement plus nombreux qu’eux, dans le genre mettre la…
« Blondie, Funeste, Prudence, vous sortez. Charme et Angus, vous restez.
- ‘Vos ordres. »
Les trois autres lieutenants encaissent sans mot dire, sauf Blondie qui grogne un peu, mais une bourrade de Funeste l’incite à pas trop la ramener alors qu’il ressort. Bien la peine de les faire entrer avec nous, ça… A moins que ça soit pour montrer qu’on les considère, tout ça.

Mine de rien, on reste un de plus.

Thorn et Charme s’asseoient face aux deux sauvages, pendant que je reste debout, sur le côté, adossé à un mur. Il manque une chaise.
« Comme je le disais, je suis le Commandant d’élite Thorn. Avec moi se trouvent le Lieutenant d’élite Charme et le Lieutenant d’élite Angus, entame-t-il en nous pointant tour à tour.
- Je suis Bouba Ho Tep, chef des guerriers de notre île.
- Xatreis Leixob, dit Zaza.
- Vous savez pourquoi nous sommes là ?
- Relâchez les prisonniers, ordonne Zaza »

Y’a un léger flottement. Je sens qu’on va s’éclater, à négocier avec lui. Thorn lève un sourcil interrogateur vers Bouba, qui secoue sa toison rousse en faisant cliqueter les fétiches.
« Négocier la libération des prisonniers, en échange de ?
- Dans l’idée, vous auriez votre partie de l’île et nous la nôtre.
- Alors que vous venez sur nos terres ancestrales, faites comme chez vous puis que vous nous exécutez pour votre plaisir ?
- A quoi faites-vous référence ? Demande Thorn.
- Aux autres qui sont venus avant vous, rétorque-t-il avec un rictus. »

Le Commandant prend une mine désolée.
« Ces gens n’étaient pas membres du Gouvernement Mondial, et cette île ne l’était donc pas.
- Ce sont des balivernes ! Ils étaient comme vous !
- Vous faites erreur. Je vais vous expliquer, si vous le permettez.
- Vos paroles d’envahisseur ne nous trompent pas, lâche Zaza.
- Vous voulez négocier ou vous battre ?
- Nous allons vous écouter, puis nous aviserons, fait prudemment Bouba.
- Nous sommes la police du Gouvernement Mondial, un immense système qui regroupe énormément d’îles comme celle-ci. Nous nous assurons de protéger la paix et l’ordre afin que chacun puisse prospérer comme il le souhaite. Il existe de nombreuses îles qui ont gardé leurs spécificités locales. »

Thorn continue son exposé sur le système du Gouvernement Mondial et comment ça va rien changer à la vie des indigènes de le rejoindre. Et même plutôt l’améliorer en leur permettant d’avoir la santé, la sécurité contre les vilains pirates, la justice… Bref, un vrai flyers publicitaire. Ils écoutent avec des visages de marbre, jusqu’au moment où Zaza explose.

« Et les femmes et les enfants que vous avez tués ?
- Ce sont les dommages collatéraux des affrontements. Vous noterez que vous nous avez attaqués les premiers à notre arrivée sur l’île.
- Vous avez envahi nos terres !
- Nous avons simplement accosté. »
Le débat dégénère un peu, jusqu’à ce que Charme donne un coup de coude léger à Thorn, qui se reprend.
« De toute façon, vous vous inquiétez davantage pour les prisonniers, non ?
- S’il leur est arrivé quoi que ce soit…
- Ils sont en parfaite santé.
- P’tet même plus que quand ils sont arrivés, que j’lâche. D’après les toubibs, ils souffraient de pleins de carences alimentaires diverses.
- On exige de les voir, martèle Zaza qui me court bien sur le haricot.
- Dans quelques instants. Je veux poser des termes clairs. On divise l’île en deux. Sur une partie, nous reprendrons la prise de la ville, peut-être des cultures. Sur l’autre, vous serez comme chez vous.
- Vous nous dépossédez de nos terres.
- Et les prisonniers ? Vous nous les rendrez ? »

Le commandant prend une mine contrite.
« Au vu de votre attitude vis-à-vis de nous, il nous semble impératif de garder quelques otages. Ils ne seront bien sûr pas enfermés, mais devront rester en ville, ou à tout le moins sur nos terres. Ils pourront participer à la vie de la cité, apprendre à nous connaître. Nous espérons que nos peuples pourront mieux s’entendre grâce à cela.
- Et vous fournirez des otages également ?
- Non. C’est vous qui êtes les agresseurs, nous avons simplement accosté. »
Zaza tape violemment du point sur la table, porte la main à son épée. J’cache déjà un couteau de lancer dans ma paume, et au moindre mouvement de travers, il filera droit vers son côté.
« Zaza, coupe Bouba d’une voix glaciale. Va t’assurer du bien-être des prisonniers.
- Angus. Charme. Avec lui. Assurez-vous qu’il ne lui arrive rien. »

On hoche la tête. Zaza jette un regard incrédule à son chef, qui le fixe jusqu’à ce que son second baisse la tête, et repousse son épée dans son fourreau. Il nous adresse un rictus qu’il croit menaçant avant de prendre la porte. On l’encadre alors qu’on le guide, sans le moindre mot, vers les otages. Il échange des phrases à voix basse, prend des nouvelles de tout le monde pendant qu’on l’observe.

Comme nous, il a compris le message. Les chefs veulent pouvoir discuter tranquillement, entre patrons, pour définir les modalités de l’accord. Evidemment, les sauvages ont été bien traités. C’était le point de levier principal de Thorn, et il comptait pas le gaspiller bêtement. Une extermination, bien que radicale, aurait été bien trop coûteuse en temps, en hommes, en ressources.

Quand on revient, une heure plus tard, les deux hommes ont une attitude beaucoup plus ouverte, et se regardent même avec un peu d’admiration.
« Bien, l’accord a été ratifié par les deux parties en présence. La tristement célèbre île maléfique portera désormais la ville de Benefacto. »
On souffle doucement tandis que Zaza a une lueur incrédule au fond des yeux. Puis il se remet de son émotion et salue son chef.

Bouba et Thorn échangent une poignée de main vigoureuse dehors, devant les portes de la ville. Devant les yeux des Marines et des sauvages, qui applaudissent.
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