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L'Enfer glacé

Sans argent, sans patron, le ventre vide, Moka avait été abandonné par ses précédents employeurs comme un malpropre, sur les côtes de l’une des nombreuses îles de givre que comptait le Royaume de Sanderr. Le jeune prince connaissait peu de choses sur ce petit pays mais une chose était certaine, il y faisait terriblement froid. Enfilant son manteau pourpre aux couleurs de la Maison Charlotte, Moka décida de suivre la côte en évitant le plus possible l’intérieur des terres, hostile et ténébreux, et dont les épaisses forêts de conifères voilaient mille dangers. Au loin, Moka ne pouvait rien discerner, tellement le blizzard soufflait de ses flocons glacés qui, au contact de la peau, fondaient en brûlant. A ce moment-là, Moka avait le sentiment que le froid était un ennemi autrement plus sournois que le feu : il s’insinuait en vous discrètement puis il vous mordait de l’intérieur et enflammait votre peau, avant de vous faire mourir dans un dernier soupir agréable. *Agressif et doux à la fois, quelle plaie.* Les forces de Moka déclinaient à mesure qu’il s’efforçait d’aller de l’avant en luttant toujours plus contre la lourdeur de ses pieds qui s’enfonçaient sans cesse dans la neige. Titubant sous l’effet de la fatigue et des vertiges que la faim provoquait, Moka s’assit à l’abri du vent, derrière un rocher, et ferma les yeux un moment.

Quand il les ouvrit, Moka était allongé sur un lit rembourré de paille, dans une pièce d’aspect rustique, chauffée en son centre par un petit brasero. Comme un reflex, Moka se tâta rapidement, on lui avait enlevé ses vêtements et son épée. Du regard, il chercha ses effets et vit son uniforme suspendu au mur avec son épée. *Quel soulagement, je ne suis pas tombé sur des enflures* Soudain, il entendit des voix, la porte de la chambre s’ouvrit et un petit homme voûté entra, déposa quelques charbons dans le brasero, puis croisa par inadvertance le regard de Moka. Tout haletant, l’homme partit en courant en s’esclaffant :

- Venez voir ! Notre malade s’est réveillé ! Vite !

Une autre voix, celle d’une femme, lui répondit aussitôt, et Moka y su reconnaître le timbre clair de la jeunesse :

- On arrive, c’est bon. Pas la peine d’alerter les voisins avec tout ce qui nous arrive en ce moment.

L’instant d’après vit une petite assemblée réunie autour du lit de Moka, personne n’osant prendre la parole. Le silence devenant géant, Moka s’éclaircit la voix et s’adressa à la jeune femme qui était assise à ses côtés, sur le bord lit.

- Et bien…Je pense que je vous dois la vie, merci.

- Enrik et Rickard vous ont trouvé recouvert de neige alors qu’ils allaient chercher du bois, vous avez eu beaucoup de chance, dit-elle tandis que deux hommes à forte carrure, sans doute ces Enrik et Rickard, branlaient du chef d’un air sérieux.

- Votre pays est vraiment…froid, ironisa Moka en jetant un regard circulaire sur l’assistance.

- Et pas qu’un peu eh ! Vous n’avez encore rien vu jeune homme, intervint le petit homme voûté en souriant matoisement.

Décidé à quitter cet endroit le plus vite possible, Moka tira la couverture de fourrure qui le recouvrait et, après s’être brièvement étiré, sauta hors du lit. La jeune femme offrit une main secourable à Moka afin qu’il puisse marcher correctement. Ses jambes engourdies le lancinaient terriblement et à chacun de ses pas, il manquait de tomber. Vaille que vaille, il arriva à se saisir de ses habits et se vêtit en vitesse, alors que tout le monde le regardait en silence. Moka n’aimait pas ce silence, il était lourd, comme si on voulait lui cacher quelques choses. Après avoir attaché le fourreau de son épée à sa ceinture, il se retourna vivement et, sans détour s’adressa à ses hôtes :

- Vous m’avez l’air bien silencieux, quelque chose ne va pas ?


La jeune fille baissa les yeux, tandis que l’un des hommes s’avança vers Moka, l’air maussade :

- On se méfie des étrangers ici, surtout depuis que ces bandits sont arrivés sur Voltus il y a un environ 2 mois. Ils viennent nous détrousser toutes les semaines, et ce qui refusent…

- Je comprends, acquiesça Moka en tapotant l’épaule de l’homme.

Tout d’un coup, il dégaina son épée et les flammes du brasero y firent miroiter mille éclats écarlates. Déterminé, il mit un genou à terre, et jura :

- J’ai une dette envers vous, et vous promets de ne pas trouver le repos tant que ces bandits arpenteront vos terres.

Il plongea son regard dans celui de la jeune femme qui fut comme captivée par son attitude chevaleresque. Tout allait changer désormais, il en avait l'intime conviction.
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Même s’il était amnésique, Nolan possédait dans son corps une mémoire qui agissait instinctivement selon ce qu’il avait vécu avant d’être kidnappé, la mémoire du corps. C’est ainsi qu’il avait compris qu’il était marin. Oui parce que sans savoir comment, il avait les bons gestes pour naviguer et aider l’équipage à manœuvrer sur les eaux. C’était d’ailleurs grisant pour lui, il avait l’impression de posséder une sorte de sagesse inconsciente et d’être ainsi plus doué qu’il ne le pensait. Mais cela n’était vrai que pour voguer sur les mers. A part cela, il sentait juste de la colère, une énorme colère qu’il n’expliquait pas et qui le rendait très impulsif. Se battre l’aidait beaucoup à évacuer.

Voila donc l’« héritage » lié à son amnésie. Après, même s’il sentait que naviguer faisait partie de sa vie, là il en avait vraiment marre de n’être entouré que de flottes. Cela faisait des jours, voire des semaines qu’il était sur l’eau, il ne savait plus où il était et tout ce qu’il désirait c’était toucher la terre ferme… Manger de la bonne nourriture aussi. Comme un bon gros morceau de viande ! Il bavait tellement en imaginant le plat que malgré sa petite taille il était prêt à égorger lui-même un mouton s’il le pouvait.

Reprenant ses esprits, il ne se laissa pas divertir par ses fantasmes et continua d’aider à nettoyer le pont. Même si le navire était petit, il y avait de quoi faire. Surtout pour quelqu’un de son gabarit, la tache semblait impressionnante. Heureusement, il avait été habitué aux taches ingrates à la Marine alors c’était presque de la rigolade à coté. Le souci actuellement, c’était surtout les membres à bord. S’il avait bien compris, il s’agissait de marchands. Mais ils avaient un look un peu trop suspect pour des vendeurs d’épice. Du coup, il faisait attention à ne pas les mettre en colère. Prudence est mère de sureté comme on dit.

Finalement, la délivrance. Une île était en vue. Pas qu’une, plusieurs. Un archipel. Mais à la grande déception du lutin, il s’agissait d’iles hivernales… Lui qui se voyait déjà savourer les rayons du soleil sur une plage, à faire l’étoile de mer, là il n’allait rien savourer du tout. Bah, au moins il allait quitter ce rafiot insupportable et toucher terre, enfin !

Seulement, lorsqu’il arriva à bon port, quelle ne fut pas sa surprise de voir que celui-ci était à l’écart. Il n’y avait pas maisons derrière, ni même de village un peu plus loin, c’était clairement un endroit dérobé. Et quand il se pencha un peu sur le coté pour voir les gens qui les attendaient… ils étaient encore plus suspects que l’équipage !! C’était clairement des bandits. Comment en était-il arrivé là ? Il se trouvait assurément sur un navire qui faisait du trafic illégal. Il avait beau vouloir savourer sa liberté comme un vrai pirate, il était tout seul. Il n’allait pas pouvoir se rebeller face à tout ce monde. Et ça le dégoutait de l’admettre mais il était trop naïf pour se faire passer pour un badboy. A la moindre occasion, il allait plonger dedans la tête la première et dévoiler sa nature d’innocent. C’était plus fort que lui, il ne pouvait pas mentir pendant longtemps.

Il fallait qu’il trouve une solution… Ils commençaient à s’amarrer à un bloc de glace, et la cargaison était déjà en train d’être transféré. S’il paraissait trop suspect, surement qu’ils allaient l’égorger vif. Un si petit homme comme lui… toutes les tortures qu'il imaginait, ça n’allait pas être bon pour sa santé.
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Face à cette menace grandissante que représentaient les groupes de bandits arpentant les Blues, il fallait agir, avec ou sans l’aide de la Marine. Dans le cas présent, les habitants de ce village avaient été abandonnés de tous, et Moka comptait bien payer la dette qu’il leur devait. Peu avant de quitter la maison de ses hôtes, il leur avait enjoint de rassembler tous les villageois en bordure des dernières habitations, près de la forêt sombres d’où sortaient quelques cris lointains de telle meute de loupes ou tel troupeau d’aurochs. Moka était assis sur la branche la plus basse d’un arbre d’une taille impressionnante, dont le tronc et les racines noueuses trahissaient l’effet des siècles. Progressivement, il voyait les lieux se remplir, les hommes arriver avec leurs fourches, leurs fusils, leurs pelles, les femmes se tenir à distance, leurs bambins dans les bras.

En bas de l’arbre, la femme qui avait sauvé les jours de Moka, une certaine Lola, patientait, un sabre lui battant la jambe. Têtue, elle avait insisté pour être en première ligne dans la défense du village. Et si Moka aimait son opiniâtreté, il aimait infiniment moins l’inconscience de cette jeune fille. Pour rien au monde le jeune noble aurait pu consentir à se cacher derrière une femme. Il avait accepté Lola, tout en assurant à son père qu’il la protégerait au péril de sa vie. Discrètement, Moka posa les yeux sur elle et esquissa l’ombre d’un sourire : elle paraissait si forte, mais si fragile à la fois, une beauté de l’hiver. Lola dû se sentir observée puisqu’elle leva les yeux et son regard croisa celui de Moka, l’espace d’un instant, puis elle se détourna vivement.

Les gens, en ces contrées, étaient d’un calme étrange, comme si la bise glacée avait formé un nœud coulant au fond de leur gorge. Partout, tout n’était que murmures, et Moka, dans le but d’attirer l’attention de tous, se mit vaille que vaille debout en s’aidant de sa lame puis, tonna :

- Hey ! Merci à vous d’avoir répondu à mon appel. Aujourd’hui, avec mon aide, vos tourments ne seront plus qu’un lointain cauchemar. Je me présente, je suis le Prince Moka Charlotte, désormais lame-lige de votre village. Ensemble, nous allons bouter ces bandits hors de vos terres. Êtes-vous avec moi ?

Un long silence tomba pesamment sur l’assemblée, et tout le monde fixait Moka, certains étaient méfiants, d’autres interrogateurs ou pleins d’appréhension. Soudain, un homme s’avança au-devant de ses pairs, une hache de bûcheron à la main.

- Moi, je vais t’aider mon gars, dit-il, froid mais déterminé.

Sans doute encouragé par ce premier gaillard, un autre homme s’approcha. Emmitouflé dans des fourrures, seul ses yeux étaient visibles, mais Moka y lu une farouche envie de combat. Il planta sa pique dans la neige et le pointa du doigt :

- Si on ne le rejoint pas maintenant, on mourra tous en esclaves. Je suis avec toi.

Peu à peu, les volontaires se firent toujours plus nombreux et, au final, la grande majorité des villageois l’avaient rejoint. Moka ordonné à une première équipe d’abattre des arbres afin de planter des épieux dans le sol, tout autour du village, et ainsi se prémunir des charges de cavaliers. Une autre équipe, dirigée par Lola et composée de femmes, d’enfants, et de vieillards, devaient mettre en place des pièges dans la forêt en creusant des trous camouflés par d’épais feuillages : les chevaux s’y briseraient les pattes, emportant dans leur chute leurs maîtres. Les chasseurs du village, quant à eux, étaient postés dans les bois, armés d’arcs et de fusils, au niveau de la cime des arbres. Enfin, le reste des villageois se préparaient sommairement en petites équipes réparties dans les différents secteurs des lieux. D’après le chef du village, les bandits n’allaient pas tarder : comme à leur habitude, ils viendraient peu après le déjeuner.

Moka était posté près de la porte principale, une espèce construction branlante en bois, soutenue par un petit mur de terre sèche renforcée, par endroits, par des briques d’argile. Comme il l’en avait prié, Lola se trouvait à côté de lui, scrutant l’horizon et guettant le moindre mouvement suspect. Les yeux larmoyant, elle tremblait, et Moka s’enquit de son humeur, d’un ton se voulant le plus bienveillant possible :

- Tu sais Lola, tu n’as pas besoin d’être devant…

- Tu veux que je reste derrière comme une lâche ? Jamais, dit-elle sèchement, en insistant sur jamais.

- Ton père se fait du souci pour toi, et il n’y a pas de honte à être à l’arrière. Dans une bataille, chaque rôle est essentiel, si l’une des parties tombe, tout le monde souffre, répliqua Moka.


- Ma place est ici, les femmes peuvent aussi être de bonnes combattantes.

Décidément, Moka ne pourrait lui faire changer d’avis, il enrageait intérieurement et serrait les dents. Cependant, il comprenait Lola et son désir de vengeance sur les truands qui, depuis des mois, tourmentaient son village. Mis dans la confidence par son père, Moka savait que la mère de Lola avait été enlevée quelques semaines plus tôt. C’est le cœur attendri que Moka alla chercher un manteau pour Lola.
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