[Logue Town... Deux ans avant le départ des Sea Wolfs vers Grand Line.]
Tout est blanc... Pas pour autant aveuglant, juste d'un blanc immaculé... Putain mais où j'suis ?... Avec toute cette blancheur j'ai l'impression d'avoir la tête dans le coton, ce qui n'est pas forcement faux vu le chaos total qui trouble mon esprit. Les pensées et les questions se bousculent dans ma tête dans une anarchie la plus totale, me brouillant encore un peu plus que ce que je ne l'étais la seconde d'avant. J'aurais jamais cru la chose possible. Deux questions reviennent cependant de façon assez récurrentes... Où suis-je ? Et surtout, qui suis-je ?!
(...)
Comme si on augmentait brutalement le son d'un escargophone, une vague de son et de couleur me saute au visage dans un déchirement de douleur ! Mes tympans se vrillent lorsque mes oreilles se décident enfin à reprendre leur boulot, laissant alors une horde de détonations et de cris envahir ma tête. Aaarg mais c'est quoi cette putain de douleur ?! Non seulement j'ai l'impression que mon crâne est dans une saloperie d'étau, mais en plus une douleur terrible me transperce le ventre ! C'est d'ailleurs celle-ci qui -à bien y réfléchir- m'a sorti de mon état semi-comateux. Mes yeux endolories se décident alors à prendre le relais, faisant au mieux le tri dans toutes ces formes et ces couleurs qui danses devant moi. Une tout particulièrement semble capter mon attention...Un mec, visiblement de la marine si j'en crois ce qui est écrit sur son bel uniforme blanc, dont les mains sont fermement cramponnées au manche d'un long sabre, dont la lame est... Putain mais c'est dans mon ventre qu'elle est cette saloperie ?! Aaaarg mais ça vient de là cette douleur qui me déchire au sens propre les entrailles ! Salaud, je sais pas ce que jt'ai fais mais tu dois pas être mon ami ! Vu le regard déterminé que l'homme m'affiche il ne compte pas en rester là, les projets de ma mort ne semblant pas être un accident.
Bang ! Le temps que je bouge pour m'extirper de cette situation aussi pénible qu'obscure, une détonation retentit à mes côtés. L'homme s'effondre alors instantanément, foudroyé par une balle dans la nuque. Putain je pige kedal, tout s'enchaine trop vite et les questions déboulent bien plus vite que les réponses ! C'est alors que je vois un homme se précipiter vers moi un pistolet encore fumant dans la main, visiblement inquiet par mon sort. Le temps de comprendre ce que l'homme me hurle je fais un rapide examen de sa personne, à la recherche d'indices pouvant m'aider à comprendre ce bordel. Le gars à la gueule du vieux briscard qui en a vu des moches... Une tête patibulaire, un sacré lot de cicatrices et un regard de fouine sadique.. Ce mec n'doit pas être un enfant de cœur. Le bandana et la tenue d'aventurier des mers qu'il porte le classe tout de suite dans mon esprit dans la catégorie des hors-la-loi à l'âme noire. Ouaip, il a vraiment la tronche d'un pirate.
« Patron ! Patron ça va ?! Qu'est ce que vous foutiez debout immobile ?!
Putain vous avez du prendre un sacré coup sur la tête ! Venez vous mettre à couvert ! »
Le gars me tracte par le bras sans ménagement avant de me jeter précipitamment au sol ! J'entends à peine le son d'une porte qu'on claque et qu'on verrouille précipitamment. A l'abri contre un mur je prend alors quelques instant pour temporiser et essayer de jeter un œil à mon environnement. La douleur qui me vrille le ventre m'aide rapidement à sortir du coltard. Putain, du coup l'arrière de ma tête me lance d'autant plus ! Un simple passage de mes palmures me laisse y découvrir du sang dans les cheveux. Un sacré coup sur la tête qui a dû pas mal me sonner les cloches... Voilà déjà un mystère de réglé. Plus que 46 autres à élucider.
Pour ce qui est du « Où suis-je » je dirais au premier abord dans une baraque... Les barreaux aux fenêtres et le gigantesque coffre ouvert derrière des guichets me laisse facilement penser à une banque. Le cadavre encore frais d'un guichetier devant moi confirme mon hypothèse... Putain mais je fous quoi dans une banque moi ?! Au doux son d'un « Baissez vous patron ! » précipité une rafale de balles éclate la vitre qui me surplombe, nous arrosant tous deux d'éclats de verres. C'est maintenant que je remarque que la cacophonie qui reste en fond depuis le début n'est autre qu'une terrible fusillade dont le bâtiment où nous nous trouvons sert de cible. Le crépitement des balles qui s'encastrent sur la façade et les détonations emplissent l'atmosphère, laissant planer la terrible impression d'un champ de bataille. Une odeur de poudre, de sang et de peur emplie alors mes narines... Aaaarg et voilà que cette foutu douleur en profite pour refaire parler d'elle, la salope ! En même temps nous ne sommes pas que deux dans cette situation... A bien y regarder il y a pas moins de six autres guss barricadés à l'intérieur, faisant feu de toutes parts entre les volets entrouverts de la banque. Six autres gras aux allures de truands, certain affublés de costumes grotesques. Cette vieille dame et robe à poids n'a-t-elle pas de la barbe ? Ce jeune écolier doit faire pas moins de 75 kilos de muscles... En tout cas ils manient tous le fusil avec rapidité et détermination. Des gars aguerris à n'en pas douter... Dommage que je n'me souvienne plus de qui il s'agit.
Pour ma part, je suis visiblement affublé d'un grand manteau rouge brodé d'or, avec une superbe écharpe en lin blanc dentelée. Une vraie dégaine de grand pirate à n'en pas douter. Je suis presque surpris de ne pas trouver un cache œil sur mon front.
(...)
Lorsque retentit une énième explosion tous se jettent à couvert, le souffle balayant l'ensemble des vitres et faisant trembler toute la structure. C'est moi où les tirs sont de plus en plus proche et nombreux ?! Bien qu'encore à moitié vaseux, j'en fais la déduction simpliste que nos mystérieux assaillants nous encerclent et se rapproche de plus en plus. Un sacré merdier où j'me suis réveillé, y a pas à dire ! Juste après, le gars qui se trouve à mes côtés me jette dans les bras deux énormes sacs. Ils sont lourds, et ont un magnifique signe de Berry peint sur la toile. Plein d'autorité l'homme adresse une série d'ordre aux autres pirates avant de m'aider à me lever.
« Rolph ! Karl ! Aidez le patron à sortir par la porte de derrière ! Couvrez la sortie, nous devons faire une percée avant qu'ils n'aient fini de nous encercler et qu'on soit pris au piège ici. Bougez-vous ! Tous le monde se replis avec le patron, Go go go ! »
Tandis qu'on me pousse vers une petite porte de derrière, bien encadré par deux visages de tueurs surarmés, les pièces du puzzle se placent en un éclair dans mon esprit. Par tous les enfers, je crois comprendre le fin mot de ce bordel ! J'étais tout connement en train de faire un foutu braquage avec ma bande de pirates quand la marine a dû rappliquer. Un putain de capitaine pirate sur le point de se faire gauler, voilà qui je suis !