Missive au Primat de l'Orchidée : L'opération Dubois est un véritable échec, tout est de votre faute, vous avez négligente. Nous risquons d'avoir été découverts.
Réponse au Primat du Chrysanthème : Vous vous inquiétez beaucoup trop. Je contrôle parfaitement la situation.
~
- Vindiou d'vindiou d'vidiou ! Faut pas vous prendre l'chou comme ça M'sieur !
- Raaaah ! Ça se voit que c'est pas vous qui tournez en rond depuis une semaine sans rien trouver !
- Z'en avez d'belles, jamais entendu parler d'vos Nostalgiques moi...
Faisant les cents pas dans la maisonnette de Qassim , Myosotis serrait nerveusement sa canne entre ses mains en tournant et retournant tout autour de la pièce. Comme à son habitude, Scarlett restait silencieuse et flegmatique, assise sur un fauteuil près d'un âtre éteint. Elle sirotait une tasse de thé aux arômes de menthe, la spécialité du coin paraîtrait-il. Visiblement c'était bien le cas, presque tout les cafés du Vizirat de Rosetta en proposait. Les pétaliscains du coin en raffolaient et en buvait tellement qu'ils devaient certainement en descendre des citernes par jour... Ramsès, le petit poulpe qui les accompagnait dans toutes leurs aventures, était là lui aussi. Confortablement installé sur un des accoudoirs du fauteuil de Scarlett, l'invertébré jetait des regards curieux un peu partout, étonnamment intéressé par le mobilier de la maison de leur hôte.
Que faisaient-ils là déjà dans ce formidable Sultanat où les fleurs règnent en maître ? À vrai dire, ça faisait plusieurs semaines que Myosotis et sa sulfureuse équipière as de la gâchette enquêtaient sur un mystérieux groupuscule appelé « Les Nostalgiques » qui semblerait sévir dans l'ombre et tirer nombreuses ficelles loin de tout les regards. Le jeune homme avait trouvé une note dans le journal d'un cambrioleur local qu'il avait arrêté et qui travaillait manifestement pour ces manitous invisibles. Outre le fait qu'ils employaient des montes-en-l'air de bas-étage, ils semblaient préparer une révolution contre le Sultan Mym Pavois. Le Cipher Pol, en bon organisme mondial tentaculaire qui s'est dit que ça serait une bonne idée de se mêler d'absolument toutes les affaires des royaumes, avait mandaté le vil stratège maître des bulles et féru de manteaux de fourrures ainsi que sa fidèle acolyte toute de rouge vêtue d'enquêter sur ces fameux Nostalgiques. Qui sait ? Peut être que ces types seraient affiliés à ces infâmes altermondialistes qui veulent changer la justice d'un gouvernement déjà juste...
Mais tout le monde s'en fichait après tout de tout ça du moment qu'il remplissait sa mission ! Une semaine durant ils avaient réfléchi à un moyen d'approche pour tenter de trouver ces Nostalgiques mais rien n'avait été probant. Les deux agents étaient dans une impasse et ne savaient pas franchement comment s'en sortir. Ils avaient néanmoins décidé de s'adresser à Qassim. Natif de Pétales et habitant de Rosetta, Qassim était un fermier bon, altruiste et généreux, qui les avait déjà aidé par le passé. En effet, durant leur enquête pour arrêter Robin Dubois le cambrioleur, l'agriculteur les avait conduit gentiment jusqu'au Vizirat de Verminia où il partait vendre le produit de ses récoltes. Cet autochtone les aiderait à mieux comprendre la situation de l'île et du royaume, et peut être les aiguiller au sujet de possibles révolutionnaires au sein du pays. Malheureusement, tout ne se passait pas comme prévu...
La maison de Qassim n'était pas très grande, elle avait été construite à l'intérieur d'un champignon rabougri et de petite taille. Le pied du champignon n'avait pas permis d'aménager quoi que ce soit et servait simplement d'escalier pour rentrer dans le chapeau, lequel était divisé en trois pièces distinctes : la pièce à vivre, la chambre à coucher et une minuscule salle de bain composée d'un grand bac et d'un miroir. Les agents avaient été invités dans la pièce à vivre, une salle à manger garnie d'une cuisine avec quelques fauteuils posés en fond qui faisaient office de salon. L'épouse de Qassim, une femme maigrelette voilée d'un foulard de soie rose, leur avait préparé du thé avec des biscuits secs. Elle ne voyait que rarement du monde, trop occupé à aider son mari sur les récoltes, mais était relativement ravie de voir des visiteurs dans son salon.
- Oh bah vous savez, on est des paysans. Les affaires de la politique on s'en occupe pas hein ! Fit-elle en prenant du temps pour prononcer correctement chacun de ses mots.
La pauvre essayait de jouer aux mondaines en s'adressant à Myo' et Scarlett mais son accent et son manque de vocabulaire la trahissait. Myosotis continuait de fulminer en tournant et retournant dans la pièce.
- Donc vous êtes certains que vous ne savez rien ? Vous êtes forcément au courant de ce qui s'est passé ici ces dernières années non ?!
- Oh bah oui mais... Commença Qassim, timide.
- Alors expliquez nous ! C'est extrêmement important.
- Vous savez, ça a pas été facile pour nous les agriculteurs. Y a dix-sept ans, y eu des milliers de sauterelles qui sont venues détruire plein de récoltes, elles ont déboulé de nulle part. Une vraie malédiction ! Notre ancien roi a voulu aider le royaume avec une loi, mais ça a pas marché ! Des pov' gens qui avaient des terres sont sortis mécontents de chez eux vu qu'ils avaient été dépossédés et y a eu trois ans de guerre civile...
- Vous étiez dans quel camp ? Fit Scarlett, curieuse.
- Ooh moi vous savez...j'étais qu'un employé avec ma femme. On trimait pour un ancien propriétaire de terres. On a fuit les combats le temps qu'ils se terminent et on a fini par acheter un lopin de terre quand sa Majesté le Sultan est monté sur le trône. On vit bien comme on peut...
*Super...toujours rien... *
Myosotis ne s'attendait pas à ce que le fermier leur donne toutes les clés de l'énigme sur laquelle ils planchaient, mais de là à ne récolter qu'un bref cours d'histoire éludé...Au moins il comprenait mieux la situation du pays. Un groupe de révoltés contre la montée sur le trône du Sultan, sans doute des amoureux de l'ancien régime. C'était sûrement pour ça qu'ils se nommaient Nostalgiques...Qassim venait de lui fournir une potentielle piste qui était on ne pouvait plus crédible. L'ancien roi Racine Dujardin était quelqu'un de bon, d'altruiste, qui faisait ce qu'il pouvait pour rendre son peuple satisfait, mais l'arrivée soudaine de ces sauterelles détruisant les récoltes et causant la famine n'avait pas dû l'aider. Au contraire, elles avaient causé sa perte...La maison Pavois a dû en profiter pour monter sur le trône par le biais de magouilles et autres trahisons suite à cette guerre civile. Une partie d'échecs où le roi avait perdu, vaincu injustement par ses propres pièces...
Cependant, bien que la situation du Sultanat de Pétales soit plus claire à ses yeux, le jeune homme n'en était pas plus avancé quant à la marche à suivre pour trouver ces Nostalgiques. Des révoltés contre l'autorité du Sultan ne courraient certainement pas dans la rue en criant haut et fort qu'ils voulaient changer le régime. Ils risqueraient de se faire attraper par les miliciens de la Garde des Ronces puis se faire enfermer dans une geôle sordide après avoir été lynchés et passés à tabac, leur corps meurtri et lacéré. Leur enquête ne risquait pas d'avancer, Myo' s'affaissa à son tour sur un fauteuil à côté de Scarlett. Cette dernière se tourna vers lui en lui lançant un air compatissant :
- Ne sois pas déçu chéri, on aura appris quand même des choses intéressantes. Et le thé était très bon.
- Je perds clairement patience. Une semaine qu'on avance à rien à chercher quelque chose d'impossible à trouver !
- Sans doute devons-nous changer de Vizirat. Nous avons passé Rosetta au crible, sans doute retourner à Verminia...
- Oooh non...Pas cette immense boîte de conserve aux couloirs labyrinthiques, j'en ai déjà assez...
- Je peux vous emmener ! Fit Qassim d'un air triomphal en levant le doigt en l'air.
Meooooow... !!
Un cri inattendu alerta leur attention à tous. Dans l'encadrement de l'entrée menant à l'escalier se tenait, assis, un petit chat tigré et gris. La longue queue panachée se balançait de droite à gauche en frottant le sol. De ses pupilles vertes il scrutait chacune des personnes présentes avant de fixer son regard vers l'androgyne. En le voyant, il ramassa quelque chose qu'il avait posé sur le sol en l'attrapant dans sa bouche et l'amena nonchalamment au garçon en se dandinant élégamment.
- Vous avez un chat ?
- Non, nous ne l'avons jamais vu...
Le petit félidé sauta sur les genoux de l'éphèbe pour déposer dans sa main ce qu'il tenait dans sa gueule, une petite note de papier déchiré et grossièrement plié. Il déplia le billet avant de l'ouvrir pour découvrir avec stupeur ce qui avait été inscrit à l'intérieur :
- Au secours. Nostalgiques.
*Ce...ces lettres rouges. Du sang... ! *
Réponse au Primat du Chrysanthème : Vous vous inquiétez beaucoup trop. Je contrôle parfaitement la situation.
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- Vindiou d'vindiou d'vidiou ! Faut pas vous prendre l'chou comme ça M'sieur !
- Raaaah ! Ça se voit que c'est pas vous qui tournez en rond depuis une semaine sans rien trouver !
- Z'en avez d'belles, jamais entendu parler d'vos Nostalgiques moi...
Faisant les cents pas dans la maisonnette de Qassim , Myosotis serrait nerveusement sa canne entre ses mains en tournant et retournant tout autour de la pièce. Comme à son habitude, Scarlett restait silencieuse et flegmatique, assise sur un fauteuil près d'un âtre éteint. Elle sirotait une tasse de thé aux arômes de menthe, la spécialité du coin paraîtrait-il. Visiblement c'était bien le cas, presque tout les cafés du Vizirat de Rosetta en proposait. Les pétaliscains du coin en raffolaient et en buvait tellement qu'ils devaient certainement en descendre des citernes par jour... Ramsès, le petit poulpe qui les accompagnait dans toutes leurs aventures, était là lui aussi. Confortablement installé sur un des accoudoirs du fauteuil de Scarlett, l'invertébré jetait des regards curieux un peu partout, étonnamment intéressé par le mobilier de la maison de leur hôte.
Que faisaient-ils là déjà dans ce formidable Sultanat où les fleurs règnent en maître ? À vrai dire, ça faisait plusieurs semaines que Myosotis et sa sulfureuse équipière as de la gâchette enquêtaient sur un mystérieux groupuscule appelé « Les Nostalgiques » qui semblerait sévir dans l'ombre et tirer nombreuses ficelles loin de tout les regards. Le jeune homme avait trouvé une note dans le journal d'un cambrioleur local qu'il avait arrêté et qui travaillait manifestement pour ces manitous invisibles. Outre le fait qu'ils employaient des montes-en-l'air de bas-étage, ils semblaient préparer une révolution contre le Sultan Mym Pavois. Le Cipher Pol, en bon organisme mondial tentaculaire qui s'est dit que ça serait une bonne idée de se mêler d'absolument toutes les affaires des royaumes, avait mandaté le vil stratège maître des bulles et féru de manteaux de fourrures ainsi que sa fidèle acolyte toute de rouge vêtue d'enquêter sur ces fameux Nostalgiques. Qui sait ? Peut être que ces types seraient affiliés à ces infâmes altermondialistes qui veulent changer la justice d'un gouvernement déjà juste...
Mais tout le monde s'en fichait après tout de tout ça du moment qu'il remplissait sa mission ! Une semaine durant ils avaient réfléchi à un moyen d'approche pour tenter de trouver ces Nostalgiques mais rien n'avait été probant. Les deux agents étaient dans une impasse et ne savaient pas franchement comment s'en sortir. Ils avaient néanmoins décidé de s'adresser à Qassim. Natif de Pétales et habitant de Rosetta, Qassim était un fermier bon, altruiste et généreux, qui les avait déjà aidé par le passé. En effet, durant leur enquête pour arrêter Robin Dubois le cambrioleur, l'agriculteur les avait conduit gentiment jusqu'au Vizirat de Verminia où il partait vendre le produit de ses récoltes. Cet autochtone les aiderait à mieux comprendre la situation de l'île et du royaume, et peut être les aiguiller au sujet de possibles révolutionnaires au sein du pays. Malheureusement, tout ne se passait pas comme prévu...
La maison de Qassim n'était pas très grande, elle avait été construite à l'intérieur d'un champignon rabougri et de petite taille. Le pied du champignon n'avait pas permis d'aménager quoi que ce soit et servait simplement d'escalier pour rentrer dans le chapeau, lequel était divisé en trois pièces distinctes : la pièce à vivre, la chambre à coucher et une minuscule salle de bain composée d'un grand bac et d'un miroir. Les agents avaient été invités dans la pièce à vivre, une salle à manger garnie d'une cuisine avec quelques fauteuils posés en fond qui faisaient office de salon. L'épouse de Qassim, une femme maigrelette voilée d'un foulard de soie rose, leur avait préparé du thé avec des biscuits secs. Elle ne voyait que rarement du monde, trop occupé à aider son mari sur les récoltes, mais était relativement ravie de voir des visiteurs dans son salon.
- Oh bah vous savez, on est des paysans. Les affaires de la politique on s'en occupe pas hein ! Fit-elle en prenant du temps pour prononcer correctement chacun de ses mots.
La pauvre essayait de jouer aux mondaines en s'adressant à Myo' et Scarlett mais son accent et son manque de vocabulaire la trahissait. Myosotis continuait de fulminer en tournant et retournant dans la pièce.
- Donc vous êtes certains que vous ne savez rien ? Vous êtes forcément au courant de ce qui s'est passé ici ces dernières années non ?!
- Oh bah oui mais... Commença Qassim, timide.
- Alors expliquez nous ! C'est extrêmement important.
- Vous savez, ça a pas été facile pour nous les agriculteurs. Y a dix-sept ans, y eu des milliers de sauterelles qui sont venues détruire plein de récoltes, elles ont déboulé de nulle part. Une vraie malédiction ! Notre ancien roi a voulu aider le royaume avec une loi, mais ça a pas marché ! Des pov' gens qui avaient des terres sont sortis mécontents de chez eux vu qu'ils avaient été dépossédés et y a eu trois ans de guerre civile...
- Vous étiez dans quel camp ? Fit Scarlett, curieuse.
- Ooh moi vous savez...j'étais qu'un employé avec ma femme. On trimait pour un ancien propriétaire de terres. On a fuit les combats le temps qu'ils se terminent et on a fini par acheter un lopin de terre quand sa Majesté le Sultan est monté sur le trône. On vit bien comme on peut...
*Super...toujours rien... *
Myosotis ne s'attendait pas à ce que le fermier leur donne toutes les clés de l'énigme sur laquelle ils planchaient, mais de là à ne récolter qu'un bref cours d'histoire éludé...Au moins il comprenait mieux la situation du pays. Un groupe de révoltés contre la montée sur le trône du Sultan, sans doute des amoureux de l'ancien régime. C'était sûrement pour ça qu'ils se nommaient Nostalgiques...Qassim venait de lui fournir une potentielle piste qui était on ne pouvait plus crédible. L'ancien roi Racine Dujardin était quelqu'un de bon, d'altruiste, qui faisait ce qu'il pouvait pour rendre son peuple satisfait, mais l'arrivée soudaine de ces sauterelles détruisant les récoltes et causant la famine n'avait pas dû l'aider. Au contraire, elles avaient causé sa perte...La maison Pavois a dû en profiter pour monter sur le trône par le biais de magouilles et autres trahisons suite à cette guerre civile. Une partie d'échecs où le roi avait perdu, vaincu injustement par ses propres pièces...
Cependant, bien que la situation du Sultanat de Pétales soit plus claire à ses yeux, le jeune homme n'en était pas plus avancé quant à la marche à suivre pour trouver ces Nostalgiques. Des révoltés contre l'autorité du Sultan ne courraient certainement pas dans la rue en criant haut et fort qu'ils voulaient changer le régime. Ils risqueraient de se faire attraper par les miliciens de la Garde des Ronces puis se faire enfermer dans une geôle sordide après avoir été lynchés et passés à tabac, leur corps meurtri et lacéré. Leur enquête ne risquait pas d'avancer, Myo' s'affaissa à son tour sur un fauteuil à côté de Scarlett. Cette dernière se tourna vers lui en lui lançant un air compatissant :
- Ne sois pas déçu chéri, on aura appris quand même des choses intéressantes. Et le thé était très bon.
- Je perds clairement patience. Une semaine qu'on avance à rien à chercher quelque chose d'impossible à trouver !
- Sans doute devons-nous changer de Vizirat. Nous avons passé Rosetta au crible, sans doute retourner à Verminia...
- Oooh non...Pas cette immense boîte de conserve aux couloirs labyrinthiques, j'en ai déjà assez...
- Je peux vous emmener ! Fit Qassim d'un air triomphal en levant le doigt en l'air.
Meooooow... !!
Un cri inattendu alerta leur attention à tous. Dans l'encadrement de l'entrée menant à l'escalier se tenait, assis, un petit chat tigré et gris. La longue queue panachée se balançait de droite à gauche en frottant le sol. De ses pupilles vertes il scrutait chacune des personnes présentes avant de fixer son regard vers l'androgyne. En le voyant, il ramassa quelque chose qu'il avait posé sur le sol en l'attrapant dans sa bouche et l'amena nonchalamment au garçon en se dandinant élégamment.
- Vous avez un chat ?
- Non, nous ne l'avons jamais vu...
Le petit félidé sauta sur les genoux de l'éphèbe pour déposer dans sa main ce qu'il tenait dans sa gueule, une petite note de papier déchiré et grossièrement plié. Il déplia le billet avant de l'ouvrir pour découvrir avec stupeur ce qui avait été inscrit à l'intérieur :
- Au secours. Nostalgiques.
*Ce...ces lettres rouges. Du sang... ! *