J'avançais, c'était certain. De là à savoir comment, c'était peut-être me considérer un poil présomptueux. Mais bon, au moins j'étais pas perdu dans le désert. Ou si, mais en tout cas pas perdu seul.
- Toi j'vais bien t'ram'ner et prendre la tune.
- Mmh.
J'avais le soleil dans les yeux. Pas facile de voir le vissage de mon ravisseur, donc, mais je pouvais toujours reluquer son canasson. Gris à pois blancs, un peu rachitique, mais il avançait. C'était déjà ça. Dans tout cela, je me permis quand même une rapide intervention.
- On va où ?
- Ta gueule.
Dommage, ça aurait pu être rudement utile. De savoir dans quel coin paumé de Hat j'allais encore bien pouvoir mettre les pieds. Du reste, je ne me faisais pas vraiment de mouron. Je savais l'issue de cette chevauchée, moins naïf que mon comparse. Qui m'avait ligoté avec la dextérité d'un âne. Lui, un chasseur de primes ? Non, un vaurien de bandit, comme on en trouve plein dans le coin. Ici, on faisait tout pour sauver sa peau. On pouvait bien vendre des pauvres hères pour une poignée de berries au premier chasseur passant par là. Être vendu pour être vendu, la charogne atteignait un tout nouveau degré d'inventivité ici.
- Pas que ta compagnie m'ennuie mon ami, mais je crois que l'on va devoir faire route à part.
- Qu'est-ce c'est qu'y raconte encore çui-là, p'tain.
Clic.
- Non, pas la peine de chercher. C'est bien ton flingue que j'ai dans ma main.
Evidemment, je m'étais délié. A vrai dire, une opportunité pareille, ça se laisse pas derrière. Surtout lorsque l'on est trimbalé comme un sac à patates à l'arrière d'une selle. Un voyage pas confortable, une issue des moins sympathiques. J'avais pas attendu plus longtemps pour glisser ma main droite libre dans l'étui du cavalier pour lui soustraire son revolver. Bête de n'en avoir qu'un seul.
- Mais je...
- Allez stoppe-toi. Je prends le relais.
- Hein ? Non c'mon ch'v-
Je forçai légèrement la pression sur l'arrière de son crâne. Quiconque me connaissant savait que je n'aurais jamais tiré, pas sur un simple type voulant vendre me vendre, vivant, à un type désirant simplement ma tête. C'était pas comme ça qu'on s'y prenait pour faire justice soi-même. Enfin, le terme de base étant plutôt pompeux et arrogant.
- Me fais pas me répéter, Johny. grondai-je, d'une voix empruntée à celle d'un mauvais acteur.
Je n'étais pas un bon acteur. Mais j'avais un flingue. Et ça finit par faire la différence, quand le gros balourd se mit à pleurnicher presque. Et tira sur la bride pour faire freiner la brave bête. En descendant sur ordre du canon, il rajouta tout de même, avec une voix penaude :
- Moi c'pas Johny... c't'André.
- Eh bien je te souhaite bon courage André. Un conseil : trouve toi une grotte ou quelque chose comme ça. M'est avis qu'une tempête se prépare.
Un sourire Colgate pour ponctuer ma phrase, alors que je repassais maître à bord. M'écartant légèrement du bonhomme transi et lourdaud, laissé à lui-même en plein far-west, au cas où il voudrait me bondir dessus avant que je reprenne la course. Il n'y fit rien, bien heureusement.
J'avançais toujours, perdu dans le désert. Sauf que cette fois-ci j'étais seul.
- Toi j'vais bien t'ram'ner et prendre la tune.
- Mmh.
J'avais le soleil dans les yeux. Pas facile de voir le vissage de mon ravisseur, donc, mais je pouvais toujours reluquer son canasson. Gris à pois blancs, un peu rachitique, mais il avançait. C'était déjà ça. Dans tout cela, je me permis quand même une rapide intervention.
- On va où ?
- Ta gueule.
Dommage, ça aurait pu être rudement utile. De savoir dans quel coin paumé de Hat j'allais encore bien pouvoir mettre les pieds. Du reste, je ne me faisais pas vraiment de mouron. Je savais l'issue de cette chevauchée, moins naïf que mon comparse. Qui m'avait ligoté avec la dextérité d'un âne. Lui, un chasseur de primes ? Non, un vaurien de bandit, comme on en trouve plein dans le coin. Ici, on faisait tout pour sauver sa peau. On pouvait bien vendre des pauvres hères pour une poignée de berries au premier chasseur passant par là. Être vendu pour être vendu, la charogne atteignait un tout nouveau degré d'inventivité ici.
- Pas que ta compagnie m'ennuie mon ami, mais je crois que l'on va devoir faire route à part.
- Qu'est-ce c'est qu'y raconte encore çui-là, p'tain.
Clic.
- Non, pas la peine de chercher. C'est bien ton flingue que j'ai dans ma main.
Evidemment, je m'étais délié. A vrai dire, une opportunité pareille, ça se laisse pas derrière. Surtout lorsque l'on est trimbalé comme un sac à patates à l'arrière d'une selle. Un voyage pas confortable, une issue des moins sympathiques. J'avais pas attendu plus longtemps pour glisser ma main droite libre dans l'étui du cavalier pour lui soustraire son revolver. Bête de n'en avoir qu'un seul.
- Mais je...
- Allez stoppe-toi. Je prends le relais.
- Hein ? Non c'mon ch'v-
Je forçai légèrement la pression sur l'arrière de son crâne. Quiconque me connaissant savait que je n'aurais jamais tiré, pas sur un simple type voulant vendre me vendre, vivant, à un type désirant simplement ma tête. C'était pas comme ça qu'on s'y prenait pour faire justice soi-même. Enfin, le terme de base étant plutôt pompeux et arrogant.
- Me fais pas me répéter, Johny. grondai-je, d'une voix empruntée à celle d'un mauvais acteur.
Je n'étais pas un bon acteur. Mais j'avais un flingue. Et ça finit par faire la différence, quand le gros balourd se mit à pleurnicher presque. Et tira sur la bride pour faire freiner la brave bête. En descendant sur ordre du canon, il rajouta tout de même, avec une voix penaude :
- Moi c'pas Johny... c't'André.
- Eh bien je te souhaite bon courage André. Un conseil : trouve toi une grotte ou quelque chose comme ça. M'est avis qu'une tempête se prépare.
Un sourire Colgate pour ponctuer ma phrase, alors que je repassais maître à bord. M'écartant légèrement du bonhomme transi et lourdaud, laissé à lui-même en plein far-west, au cas où il voudrait me bondir dessus avant que je reprenne la course. Il n'y fit rien, bien heureusement.
J'avançais toujours, perdu dans le désert. Sauf que cette fois-ci j'étais seul.