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Les musiciens de la crasse : Le chat


Tout juste le temps d’esquiver un coup ascendant. La canne d’ébène fendit l’air comme une lame de métal, cinglante elle n’aurait laissé aucune chance à sa mâchoire. D’un bond Raphaël se reprit, il était suffisamment souple pour éviter ce genre d’attaque tout en répliquant.
Sa jambe se balança vers l’arrière avant d’asséner un puissant coup de pied retourné, tout de suite contré par son opposant mais ce qu’il faut d’efficace pour lui faire perdre une seconde d’inattention et le viser.

Les pièces de métal s’échappèrent des mains du croupier à la vitesse d’une balle de pistolet. Elles étaient à peine perceptibles et pourtant l’autre n’eut aucun mal à les arrêter. Certaines terminèrent entre ses doigts, d’autres ricochèrent contre le pommeau de sa canne mais aucune ne réussit à l’atteindre.

Il restait impassible tandis que Raphaël s’impatientait.

"Hmpf. "

De nouveau le vert chargea, poing en avant, à la recherche du contact. Mais l’autre n’était pas volontaire pour répondre. Pas un mot, pas un geste superflu, il avait tout juste l’air de s’ennuyer dans un conflit dont il avait dès le début prévu l'issue.
Baladant son arme de la droite vers la gauche, il arrêta chaque attaque comme si elle n’était que des coups donnés par un gamin.
De nouvelles pièces volèrent et elles furent instantanément interceptées.

Les sens de l’autre étaient bien plus affûtés que les siens, ils s’insinuaient dans la moindre de ses actions, prenaient pleinement conscience de tout ce que le vert essayait d’entreprendre et le ruinait.

Enfin décidé à agir, l’homme prit appui sur le sol pour donner un ample coup de canne qui frappa Raphaël en pleine mâchoire et l’envoya au sol.
Cette fois, il n’avait pas vu le coup venir. Il mordit la poussière et sentit que sa tête ne l'avait pas très bien vécu. De quoi voir des étoiles.

Il était toutefois encore loin d’être au bout et comptait bien le montrer.

L’autre ricana, il était en position de force, prêt à faire remarquer que le combat n’avait plus aucune raison de se poursuivre, qu’il avait gagné.
Mais avant qu’il ne puisse se satisfaire, quelqu’un prit la peine de lui signifier sa présence en tapotant du doigt sur son épaule.  

Surpris, il n’eut que le temps de tourner la tête pour se prendre une mandale par une main bandée en pleine lévitation dans les airs.

Aussitôt le vert saisit l’occasion pour amener son adversaire à terre d’une balayette bien placée, l’autre voulut se rattraper mais se retrouva plaquer par une nouvelle main flottante. Malgré leur manque de substance, elles avaient une force spectaculaire, comparable à celle du croupier, qui leur permettait de maîtriser un homme quelques instants.

Suffisamment en tout cas pour que leur propriétaire ne se relève.

"Eh bien, je crois que je viens de gagn- AÏE ! "

Victorieux, le vert ne s’était pas soucié d’une de ses compagnes qui lentement s’était approché de son visage et venait de vicieusement lui tirer les poils de barbe. Toute concentration perdue, la seconde main en oublia aussitôt sa tâche et se fit éjecter d’un coup de canne qui faucha tout aussi rapidement les jambes mal ancrées du croupier.
Ce dernier chuta en arrière, avant de se retrouver une nouvelle fois bloqué contre le sol humide de la jungle, le pommeau de l’arme de prédilection de son maître appuyé sur son torse.

" Pratique ce pouvoir. Il faudrait cependant que tu ne comptes pas uniquement dessus pour le moment, tu ne le maîtrises pas. C’est mauvais d’avoir trop confiance en soi.
- Hmpf… J’ai encore un peu de travail, elles agissent par elles même dès que je ne me concentre pas suffisamment… "



Relâchant la pression, l’homme d’une quarantaine d’années tendit sa main vers Raphaël pour l’aider à se relever. Vêtu d’une chemise de coton étrangement bien entretenue qui lui donnait des airs de gentleman explorateur, il avait une haute stature et se tenait parfaitement droit.
Son air sympathique ne tenait qu’à son sourire et dès qu’il le perdait, un sérieux presque terrifiant lui donnait une toute autre apparence, celle d’un adversaire invincible.

"Mais vous pouvez tout de même remarquer que j’ai bien progressé depuis la dernière fois.
- Survivre à l’Amerzone se mérite effectivement. Mais tu as encore du chemin à parcourir."


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"Je suis contente qu’on vous ait trouvé aussi rapidement, le temps commençait à nous faire défaut. "

Au fin fond de la jungle amerzonienne, là où la végétation devient si dense que même les bêtes sauvages peinent à avancer, seuls les fous osent s’aventurer. Qu’en est-il alors de ceux qui, envers et contre toute raison, décident qu’il serait bon de s’y installer ?
Question légitime que pourrait se poser n’importe quel passant en voyant cette drôle de bicoque greffée à un milieu inhospitalier.
Construite sur pilotis pour se protéger des inondations et d’un certain nombre de prédateurs, l’habitation était tout juste assez grande pour accueillir deux personnes dans un confort relatif.

C’est ici, perdu entre ciel et terre que Raphaël et Nova venaient terminer leur quête.

"Je ne pensais voir personne avant encore un bon moment. J’ai comme qui dirait perdu toute notion du temps qui passe. Il me semble encore que je quittais les paysages urbains  de Logue Town hier au soir.
- Vu l’état de votre atelier là-bas je vous garantis que ça fait un moment. " ne put s’empêcher de rajouter Nova, gênée.
"Certainement. "

Les deux jeunes gens avaient quittés depuis déjà quelques jours Logue Town, guidés par un énigmatique message. Laissé à l’intention de quiconque chercherait  le peintre amateur, celui-ci les avait promené jusqu’en Amerzone. À force de rencontres et d’heureux hasards ils étaient parvenus à leur but : retrouver l’un des plus fameux croupiers du Gambling Blue, Monsieur Topaze.

Nova, malgré son aisance naturelle, se montrait intimidée par cet homme dont elle avait tant entendu parler sans jamais pouvoir se le représenter. Plus accessible que dans ses pensées, il n’en restait pas moins impressionnant et elle avait beaucoup de mal à l’analyser.
Incapable de se projeter dans la tête de l’aventurier, elle se sentait démunie, vulnérable. Pour surpasser ce sentiment, elle n’avait trouvé qu’un moyen : poursuivre la conversation.

"C’est une chance que vous ayez choisi cet endroit pour vous recueillir, vous trouver aurait sans doute été plus difficile autrement.
- Difficile s’tu nous avais pas rencontré ouais ! C’pratique que Hund ait su où je l’avais emmené, hein !
- Katze, vas-tu  arrêter de gueuler un peu ? Je n’ai vraiment pas envie que toute l’Amerzone se pointe.
- Détends toi oh ! C’était juste pour rire.
- Si tu pouvais rire moins fort aussi, je n’ai pas fait exprès de prendre des chemins détournés pour venir ici pour qu’en un hurlement tu ne nous rameutes des bestioles.
- Faut vr’ment qu’tu décompresses hein… Les bêtes sauvages j’m’en occupe. Avec M’sieur Topaze si faut. Il gère le vieux. Comment tu crois qu’on a t’nu ces dernières semaines en pleine jungle ?! On est des guerriers !
- Hé Hé.
- Hmpf. « Décompresser ». C’est tout le contraire dès que tu es dans le coin, on ne peut pas parler avec toi.
- Allez arrête… Tu trouves pas que t’exagères un peu ?
- … Je vais voir à l’intérieur si Raphaël a besoin d’aide pour refaire ses bandages.
- Sérieux ?... " la voyant s’éloigner rapidement, il sauta de sa position accroupie pour partir précipitamment à suite "Elle est encore en train d’bouder… J’vous abandonne, j’vais essayer de lui parler. Merci de m’avoir ramené mon serre-tête au fait, ça me manquait ces vieilles histoires. "



Les regardant partir tout deux dans la direction de la cabane, Nova ne put retenir un petit rire amusé. Se tournant vers Monsieur Topaze, qui lui aussi souriait, elle se conforta dans l’idée qu’elle venait d’assister à une bien drôle de scène.
Assis sur les ruines de constructions avortées, ils avaient jusque-là pu bavarder en toute tranquillité.

La rousse avait fait la connaissance de tout ce beau monde de façon expéditive. Catapultée sur une île inconnue et menaçante, elle s’était, en partie à cause de Raphaël, retrouvée enrôler dans un groupe anarchique voué à ce que la tyrannie musicale du King de Freetown cesse : Les musiciens de la Crasse.
Et, faisant d’abord la connaissance de Hahn et Esel, elle avait en traversant la jungle à force de moult péripéties, croisé la route de Hund, infirmière et batteuse du groupe à ses temps perdus.
C’est elle qui les avait ensuite mis sur la piste de Monsieur Topaze et, en le trouvant lui qu’ils avaient rencontré Katze, dernier membre du groupe, celui qu’elle avait un temps remplacé avant de lui retourner son précieux serre-tête à oreilles de chat.

"Ils sont vraiment amusants, je suis contente qu’ils se retrouvent. À les entendre j’avais l’impression que leur groupe s’était séparé depuis une éternité… Et pourtant ! Hahn, Esel… et Hund avant qu’on arrive ici, ils avaient l’air tous si excités.
- Oh crois-moi, il en est de même pour leur quatrième compère. Il n’a jamais été aussi épanoui.
- C’est juste bête qu’ils se disputent autant.
- C’était déjà le cas quand je les ai rencontré chez les glaiseux.
- Ca a toujours été le cas, c’est normal entre eux. Disons que c’est leur façon de s’apprécier. "

Sans s’annoncer Hahn venait de les rejoindre. Gibier à la main, elle avait sa prestance habituelle. Son énergie et sa fraîcheur l’avait rendu tout de suite sympathique aux yeux de Nova et, à force de discussions, elle en était venue à la considérer comme une grande sœur.
Le fait qu’elles aient échappé ensemble à une meute de Wendigos les avait sans nul doute rapprochées.

"Ca me manquait. "

Elle leur offrit alors son sourire le plus sincère en s’installant auprès d’eux.

"Et puis c’est un peu la même chose entre toi et Raphaël, non ?
- *kof kof* D’ailleurs en parlant de Raphaël, il ne m’a encore jamais dit pourquoi vous aviez décidé de quitter le Gambling Blue Monsieur Topaze ! L’ambiance vous pesait ?
- Haha, j’ai connu changement de sujet plus discret.
- Tsss…
- Non, pas vraiment. Disons plutôt que le casino et moi avions une longue histoire et qu’il était temps pour moi de faire une pause. Le reste n’est que détail.
- Hm… D’accord. Je vous demande ça parce que j’ai justement l’impression que –
- Allez ! On arrête de ruminer le passé, je vous rappelle qu’on a des culs à botter demain et qu’on a toujours pas fait une répétition décente.
- Mais Esel…
- On va le récupérer ! Pas moyen qu’il joue avec ce clown, maintenant que les musiciens de la crasse sont de nouveau réunis, il va comprendre ce qu’est la vraie musique !
- J’ai cru comprendre que le maire de Freetown avait une sacrée réputation…
- Sa façon de chanter est juste HO-RRIBLE. Pour une fois, je suis bien contente que Raphaël ait fait de la merde.
- Mais pour s’occuper de ses gorilles, on va sans doute avoir besoin d’un peu d’aide. Ce serait bien qu’on aille sur place pour faire un peu de repérage. Mais il ne nous reste qu’une journée pour tout ça…
- Alors il faut qu’on fasse des équipes !
- E-XA-CTE-MENT.
- Vous les jeunes avez, décidément bien trop d’enthousiasme.
- On doit absolument être ensemble !
- C’est exactement ce que j’allais te demander !
- Et Raphaël doit être avec son mentor, ils ont des choses à se dire !
- Ah ? Première nouvelle.
- OH ! J’adore organiser des plans comme ça ! Je veux faire partie de la team infiltration !
- On va sauver Esel des griffes du King !
- Ouiiii ! Ah mais… du coup il faut séparer Katze et Hund pour que les équipes soient équilibrées. C’est dommage.
-
- Ils sont remettront va. Juste… Je NE veux PAS être AVEC KATZE.
- Bah… On prend Hund avec nous et le problème est réglé, non ?
- J’aime bien l’idée.
-
- Et Katze ira chercher des renforts avec Raph’ et Monsieur Topaze. Les mecs d’un côté et nous de l’autre.
- Ca me paraît bien. "

Désemparé par un échange aussi vif que ridicule le croupier le plus âgé ne put s’empêcher de se gratter la tempe d’un air peu convaincu. Il avait décidément raté quelques épisodes et manqué son occasion de se manifester.
Après tout on ne lui avait pas laissé le choix de participer ou non à cette drôle d’aventure.

Au moins  dans l’équipe qu’on lui avait assignée, il serait en terrain connu.

"ECHcuJez-moi dFous intRomBre. Chquoi le Blan ? "

Le visage déformé par un énorme bouton, Raphaël venait de sortir malaisé de sa case pour rejoindre le petit groupe. Ses bandages étaient refaits à neuf et il avait recousu avec un certain talent les fripes qui lui servaient de vêtements, malmenées par ses aventures dans la jungle amerzonienne.

Le ballon incandescent qui ornait à présent sa mâchoire était par contre de facture toute récente.
Sans doute causé par une allergie virulente à la piqûre d’une des nombreuses espèces de moustiques traînant dans les parages et à une sacrée dose d’inattention, elle lui donnait non seulement une apparence ridicule mais également un accent particulièrement semblable à celui des locaux.
De quoi  donner le sourire à l’assemblée.

"Raphaël ! C’est bon j’ai retrouvé mon onguent, je vais pouvoir soulager un peu tout ça. "

Et le fou rire général ne put être retenu plus longtemps.


Dernière édition par Raphaël Andersen le Mer 19 Juil 2017, 19:02, édité 1 fois
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À grand coup de machette le tigre roux déchirait des nuances de vert,  permettant à ses compagnons de parcourir le grand labyrinthe végétal dans lequel ils s’étaient aventurés. Enfoncés jusqu’aux genoux dans une eau boueuse, leur avancée  était plus pénible qu’espérée, mais l’étaient plus encore les innombrables existences qui gravitaient autour d’eux.

"Je crois que j’en entends un autre. "

La joue toujours bien enflée par sa piqûre, Raphaël avait au moins pu soulager la douleur et retrouver une élocution normale en utilisant une des pommades de Hund.
La jeune femme était à elle seule une véritable encyclopédie de médecine traditionnelle, et ses rares expéditions dans la jungle n’étaient vouées qu’à la récolte de diverses plantes aux propriétés pharmaceutiques.

En revanche, le vert avait développé en quelques heures une grande aversion à toutes espèces d’insectes volants pourvus de dards et, sur le qui-vive, il s’employait à surveiller la moindre apparition d’un de ces terrifiants prédateurs.
Et si jusque-là il s’était empressé de les faire écraser par ses mains baladeuses,  la taille de celui qu’il venait de repérer, approchant celle d’un melon, lui dit tout de suite qu’il ne s’en sortirait pas aussi facilement.

Katze réagit aussitôt. D’un bond il fondit sur le maringouin, d’une extension il le trancha en deux, laissant son cadavre mutilé retomber pauvrement sur le sol.
"Couvrez-vous d’avantage d’boue, ces merdes sont nombreuses dans la région. "

Raphaël, encore un peu crispé s’exécuta aussitôt, ne pouvant s’empêcher de jeter un œil à son mentor. Celui-ci n’avait pas bougé d’un cil, continuant de progresser sans se soucier du danger environnant. La confiance qu’il accordait à leur compagnon amerzonien était évidente, ils avaient de toute évidence faits plusieurs excursions ensemble à travers la jungle.

"Alors, de quoi vous avez discuté avec Nova ?
- De choses et d’autres, de mes voyages, de mes peintures, d’Amerzone et du Gambling. De sujets variés  mais qui finalement ont tous convergé vers un seul : toi. C’est à toi qu’on doit cette expédition si j’ai tout bien compris.
- Mouais… On s’est fait emmerder en arrivant sur l’île et ça a très vite dégénéré en moi sauvant un quartier de l’irritante prestation musicale du maire. J’ai fait des heureux et je me suis encore attiré des problèmes.
- Ravi de savoir qu’au moins certaines choses ne changent pas.
- Quel bordel… En plus me voilà devenu une enclume héhé. Je galère rien qu’à marcher dans la flotte. "

Toutes ses forces n’étaient cependant pas aspirées par le fluide, c’était certes plus fatiguant mais il n’avait pas non plus l’impression de fournir des  efforts surhumains pour avancer. De même son pouvoir était encore actif, ses mains flottantes se promenant librement autour d’eux et lui-même réussissant à établir un lien mental avec ses créations.
Il n’avait jamais particulièrement étudié les fruits du démon, à vrai dire il n’en avait que rarement croisé des utilisateurs, et de leurs fonctionnements et faiblesses il n’avait que la connaissance populaire : eau de mer, granit marin, pas plus d’un.  Dès qu’il le pourrait, il devrait s’intéresser à tout cela de plus près.

"Et vous ? Pourquoi Amerzone ?
- Les paysages de ma jeunesse, ce sont les premiers que j’ai peint, les premiers qui m’ont montré le monde dans sa grandeur. J’ai atterri ici il y a fort longtemps, et même si je ne peux pas vraiment dire que j’apprécie la rudesse de la faune locale, j’ai toujours été fasciné par cette île.
- La faune locale t’emmerde vieux coincé.
- Déplaisant à souhait n’est-ce pas Hé Hé. Mais c’est rafraîchissant vraiment. Un grand bol d’air frais après une éreintante vie urbaine, une envie de retrouver l’enfance et de reprendre mon voyage.
- Le Gambling Blue vous manquerait pas un peu, par hasard ?
- Peut être. Comment va ce bon Monsieur Moustache ?
- Fidèle à lui-même, toujours à traficoter avec tout et n’importe qui. C’est lui qui m’a demandé de vous retrouver, le personnel commence à manquer. Et je crois qu’il aurait bien besoin de vos conseils.
- Et c’est toi qu’il envoie ?
- Faut croire. Depuis votre départ, j’ai l’impression qu’il compte sur moi pour faire un peu près tout ce que vous faisiez avant et que… quelque part je l’ai déçu.
- J’ai cru voir qu’un certain Rafton Anderswag avait fait sensation cette année au tournoi de l’île du Karaté auquel j’avais l’habitude de participer. Harry Selfmidge m’en a dit beaucoup de bien dans la dernière lettre qu’il m’a envoyé, il l’appelait « mon digne successeur ».
- Merde quoi… C’est pas le sujet…
- Déçu, non.Tu fais du très bon travail, il t’a toujours beaucoup estimé et  quelle que soit la tâche qu’il te confie, il sait qu’il peut avoir toute confiance. Seulement, en tant qu’ancien marine, il sait reconnaître les changements de cap.
-Qu’est-ce que vous insinuez ?...
-  MAIS TU VAS ARRÊTER D’M’EMMERDER TOI !"

Gesticulant comme un possédé, l’amerzonien tentait de chasser à grand cri la main flottante qui était venue le taquiner. Les morceaux de tissu possédé avaient une fâcheuse tendance à vivre leur propre vie et déjà Raphaël avait réussi à identifier et reconnaître certaines d’entre-elles qui revenaient régulièrement pour faire le même genre de conneries.
Un peu comme si elles avaient leur propre personnalité…

Et en l’occurrence Katze était tombé sur celle qui aimait bien tapoter la tête des gens. Quoi qu’ils en disent.

"MERDE ! "

D’un mouvement de sabre, il trancha le morceau de tissu blanc qui disparut instantanément dans un *POF* à peine perceptible.
Raphaël, qui d’une façon venait de perdre une main, le regarda d’un drôle d’air. La réaction de son compagnon n’était pas surprenante mais les créatures qu’il invoquait, consciemment ou pas, était une extension de lui-même et les voir détruite ne lui faisait pas plaisir.

Un moment de gêne s’installa, Raphaël oubliant sa discussion.

Une paire de mains gantés ressentant le malaise vint flotter jusqu’à ses épaules pour le masser.  Le lien qu’il entretenait avec ces drôles de présence avait tout d'une relation fusionnel. Elles répondaient à sa détresse aussi bien que lui réagissait à leur disparition.

Et à son plus grand déplaisir, une autre s’évanouit instantanément.

Un oiseau au bec démesurément long venait de plonger tête la première sur elle, l’empalant avant de se ficher dans le sol. Le feuillage se mit à vrombir, les branches les plus hautes à trépigner.
Une menace pesante s’installait.

" Un vol de lanciers... Il va falloir faire attention à ce qui tombe. "


Dernière édition par Raphaël Andersen le Dim 15 Jan 2017, 15:23, édité 1 fois
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Vêtements troués et son sac de voyage réduit en charpie par la mauvaise humeur des volatiles, Raphaël avait réussi à fourrer ses quelques effets personnels dans un baluchon de sa confection.  Rien d’important n’avait été perdu, et le voyant piteusement flotté dans la boue, il s’était même rendu compte que son séjour sur Amerzone l’avait bien éloigné de son paquet de clopes.  L’exploration et les périples qu’il était en train de vivre sur cette île lui procuraient sa dose d’adrénaline, et visiblement en quantité suffisante puisqu’il n’avait pas ressenti le manque.
Il avait regardé le papier industriel se gorger d’eau vaseuse, lentement, avec une certaine indifférence.

Pas facile de se débarrasser des lanciers une fois qu’on pénétrait sur leur territoire. Ces bestioles, vivant en groupe d’une vingtaine d’individus très attachés à leur domaine, étaient une des nombreuses curiosités de la faune amerzonienne. Courts sur pattes, le plumage verdâtre et très facile à confondre avec des feuilles d’arbre, ils passaient leur journée à apprécier les marécages attendant qu’une proie intéressante ne vienne se mettre à leur disposition. Et si les lanciers étaient des bêtes sélectives au point d’en être capricieuses, leur technique de chasse ne laissait à aucune proie désignée la chance de s’en sortir.

Sauf que bon… Quand la proie est une main flottante qui disparaît au premier coup qu’elle prend, ça rate. Et quand un volatile capricieux n’obtient pas ce qu’il veut… Ça dégénère.

Raphaël, Katze et Monsieur Topaze s’étaient donc retrouvés cernés par un essaim de créatures à long-becs décidés à leur faire payer cette mauvaise plaisanterie. Mais la dextérité des croupiers et de l’amerzonien avaient eu raison de leur attaque, au prix de quelques kilomètres de tissus arrachés.
Le vert était toutefois celui qui s’était le moins bien débrouillé  des trois –les vêtements de Monsieur Topaze étant encore en parfait état – ce qu’il essayait par tous les moyens de justifier.

"De toute façon, mes fringues étaient déjà dans un sale état. Je me suis dévalé des rapides au petit matin je vous rappelle !
-Après t’êt’fait rentrer d’dans par un Kangarou boiteux ouais ! Pas très crédible ton histoire haha !
- Enfoiré Héhé ! Tu payes rien pour attendre !
- D’moi ça la prochaine fois qu’j’empêche un d’ces piafs d’t’crever les bourses va ! "

Cela faisait déjà un petit moment que la troupe avait quitté les étendues marécageuses de la forêt mais les deux plus jeunes s’attardaient avec amusement sur leur dernière péripétie. Franche camaraderie au programme, Raphaël était le premier à s’étonner d’aussi bien s’entendre avec Katze.
Le roux n’était pas la bête renfrogné qu’il s’était imaginé et force était de constater qu’ils partageaient de bons atomes crochus.

"Il n’empêche que c’est moi qui les ai fait déguerpir !
-Oh bon sang oui, ‘n’a rien compris à c’qui lui arrivait quand tu as fait disparaître et réapparaître ct’énorme fruit juste au-dessus d’sa tronche ! Et les autres se sont tous tirés la queue entre les jambes HAHAHAHA
- Les pouvoirs de ce fruit du démon sont vraiment fascinants, on dirait d’incroyables tours de passe-passe.
- J’ai l’impression d’avoir tout mon environnement à portée de main, c’est comme avoir ses sens démultipliés, ses membres étirés à l’infini et une vision partagée. C’est encore très difficile à contrôler, je subis pas mal.
- Oh mais on s’en fout ! T’imagines le nombre de conneries que tu vas pouvoir faire hihihi
- J’y vois déjà de grandes applications.
- Moi aussi putain, c’est génial Hahaha !
- Je crois que j’ai aussi quelques idées, mais… " le vert s’interrompit jetant un œil aux airs rêveurs et pervertis de ses compagnons "… elles sont certainement différentes des vôtres. Héhé. "

Et comme pour joindre le geste à la parole, une petite pierre ronde apparut dans sa main. Parfaitement polie, elle vivait jusque-là, parmi tant d’autres, dans un univers paradoxalement aride. Qui se serait douté en abordant les côtes luxuriantes de la sauvage Amerzone qu’en marchant longuement vers l’intérieur des terres, il tomberait sur un désert accompli.
Désolation et sable à perte de vue. Rocailles et chaleur au rendez-vous. Un microclimat régnait dans la partie centrale de l’île et la terre, pauvre en nutriment, ne laissait pas place à la végétation de se développer.

Sans pour autant être claustrophobe, Raphaël ne boudait pas son plaisir d’avoir retrouvé de grands espaces. Au moins ici, il n’avait pas le sentiment d’être en train de se perdre un peu plus à chaque pas dans un univers qu’il ne maîtrisait pas.
L’air avait beau être plus sec, il respirait plus sereinement.

Gaiement, il se concentra pour "passer" la petite pierre ronde à une de ses compagnes qui la reçut pour tout de suite la téléporter vers une autre. Le petit jeu continua entre eux, offrant à Raphaël de quoi se distraire et ne manquant pas de donner le tournis à Katze, complètement fasciné par les mouvements du minéral.

"En tout cas ça amuse bien la galerie.
- Ça détend. Ce n’est pas un sentiment de contrôle, au contraire j’ai l’impression d’être complètement surpassé, et c’est agréable. Comme sentir qu’on a plus aucune attache, que le monde entier nous ouvre les bras et qu’on a pas la moindre idée de ce qu’on va pouvoir faire demain, mais qu’on a qu’une hâte : y être.
- Je vois.
- La passe est instantanée, physiquement incompréhensible, c’est grisant.
- Tout comme cette aventure.
- C’est vrai que je ne suis pas mécontent de m’être un peu éloigné du Gambling Blue. Pas que la monotonie ait le temps de s’installer vu toutes les îles sur lesquels on débarque, mais il y a petit charme à se retrouver complètement autonome.
- Un charme qui ne saurait longtemps tenir un homme prisonnier.
- … Vous recommencez à insinuer des choses, je le sens.
- Peut-être bien, j’ai également cru lire que les magasins Selfmidge t’avaient fait une proposition.
- … C’est donc de ça qu’il s’agit ? Vous voulez savoir si je compte me casser hein ?
- OUTCH  ! J’ai la tête qui… tourne... stop. "

Les trois hommes s’arrêtèrent le temps que le roux retrouve ses esprits. Une bonne gorgée d’eau pour se rafraîchir et un examen rapide réalisé par le plus âgé et ils étaient en état de repartir.
Les mains de Raphaël beaucoup plus calmes à présent, s’occupaient en parcourant le paysage, valsant dans les airs et à même le sable de cette plage intérieure.

Une d’entre-elle, sans doute un peu plus curieuse que les autres, s’en alla se promener au plus loin que son lien avec Raphaël ne le lui permettait. À quoi bon attendre que ces escargots ne se décident à repartir, autant les devancer.
De pierre, en pierre, de pousses séchées en tas de poussière, elle se laissait aller paisiblement jusqu’à ce qu’elle ne ressente une première vibration.

Surprise, elle retourna aussitôt en lévitation.
Les pierres commencèrent à vibrer à leur tour. De plus en fort. La poussière se mit à tressauter, les pousses à s’arracher. Et le vacarme devint bientôt si sonore qu’il ne put qu’alerter les trois hommes.

"J’crois qu’vous avez quand même sérieusement la poisse les gars… "

Un instant plus tard une mare de sable se déchirait en deux. Une créature de cauchemar, longue de plusieurs mètres et puissamment musclée venait d’apparaître dans une explosion de grains de sable.
Gueule énorme, monstrueusement hérissée de dents, le ver démesurée était prêt à les dévorer.


Dernière édition par Raphaël Andersen le Mer 28 Déc 2016, 12:14, édité 1 fois
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Comme à mon habitude j’estime la hauteur de la bâtisse, je repère la meilleure prise et, après de rapides calculs mentaux, j’arrive à déterminer avec quelle force et quel angle je vais devoir lancer mes cordes pour pouvoir me hisser sur un des toits intermédiaires. Ni une ni deux, mes muscles se détendent comme des ressorts et expulsent  mes serpents de chanvre avec la puissance d’un boulet de canon.  Le coup n’est pas voué à blessé, mais si un homme de constitution normale avait été touché, il serait probablement tombé à la renverse.

Suivant la trajectoire que mon poignet leur a enseignée, les cordes s’enroulent au-dessus d’une corniche dans laquelle est venue se nicher une bonne prise.
Je tire pour m’assurer de sa fiabilité et ça semble tenir. Alors c’est parti !

"Je monte la première, faites le guet. "

Pas que je veuille faire ma froussarde, mais j’avais tendance à être plus à l’aise en environnement urbain. On pouvait interagir avec tout ce qui passait à portée de mains sans risquer de réveiller une dangereuse créature, on avait le temps de réfléchir et de calculer la meilleure solution. Si Amerzone m’avait appris une chose c’est qu’il fallait parfois faire confiance à son instinct, quitte à en devenir déraisonnable.
En cela, j’admire Raphaël qui s’est très vite acclimaté. Moi en revanche, j’étais encore sur la retenue.

Heureusement, il y a Hahn.

Véritable force de la nature, et ce jusque dans son caractère, l’avoir à mes côtés durant ces deux traversées de la jungle amerzonienne n’a fait que renforcer le sentiment que j’ai eu en la rencontrant : « Whaoh ! ». J’ai pas mal à apprendre de sa part, mais j’ai déjà le sentiment d’avoir gagné en confiance grâce à elle.

M’élançant, je me trouve rapidement mais silencieusement perchée sur un des toits de la bâtisse. La plus grande de la ville, elle est d’une  construction complètement démesurée par rapport à tout ce qui fait dans le coin. La richesse grotesque accumulée par le maire se ressent jusque dans les poutres, mieux sculptées que n’importe quelle baraque du bidonville qui l’entoure.
C’est dégueulasse.

Envoyant une autre de mes amies torsadées s’enrouler autour du poignet d’Hahn, je l’aide à monter à son tour en faisant contrepoids. Agile, elle remonte avec grâce la hauteur qui nous sépare de quelques pas verticaux.

"Tu es géniale ! "

Je la gratifie d’un sourire et nous regardons Hund quitter tranquillement notre ancienne position en contre-bas. Elle nous adresse son air le plus confiant et remonte ses lunettes sur son nez.
Sans se presser, elle contourne l’angle du mur derrière lequel nous nous tapissions et se dirige vers l’entrée de l’immonde bâtisse.

Son but est de faire diversion. Elle y excelle, comme à tout autre jeu de rôle. Bientôt elle sera à la porte et embobinera tout ce qui sera à portée de son regard.

"Cela va bientôt être à nous.
- Oui, je vois un peu près où ils doivent retenir Esel. Si on se fie aux idiots qu’on a tabassés, on devrait pouvoir se frayer un chemin jusqu’à lui sans trop être emmerdé. Prépare toi quand même. "

J’acquiesce. Une boule chaude grandit en moi, ces derniers jours ont été les plus excitants de ma vie. Chacune de mes cellules frémit à l'idée que nous sommes en train de vivre quelque chose de grand, l’adrénaline monte en moi. L’illégalité a quelque chose de grisant.
Encore plus quand on agit pour son propre compte.

Nous sommes en face d’une fenêtre. Un cadre de bois bien mieux travaillé que les standards du coin, mais il n’est pas comparable à ce qu’on pourrait trouver sur une île plus civilisé. Le verre est simple à briser, le bois se laisserait déloger d’un coup de machette bien placé, cela doit être juste suffisamment fonctionnel pour empêcher les bêtes sauvages de venir semer la pagaille.
J’ai une envie irrépressible d’enfoncer mon poing à travers cette barrière transparente, je suis une boule de nerfs, la furie qu’on ne peut contenir, je me sens porté par Amerzone.

J’ai dit tout à l’heure que je préférais l’environnement urbain, mais je crois que je suis devenu une bête sauvage.

"Elle a bien fait son boulot, je ne vois plus personne. "

Aucune idée de la nature de la diversion, Hund nous a dit qu’elle assurerait et c’est ce qu’elle a fait. Plus un seul gêneur en vue. Notre vision de l’intérieur n’est pas complète, mais une fois perché sur la mezzanine, nous serons virtuellement capables d’accéder à toutes les ailes de cette parodie d’hôtel de ville.

Les mains expertes de Hahn s’affairent à nous ouvrir un passage, ses plumes sont un outil, une arme, un accessoire qu’elle utilise comme personne. En un instant la fenêtre pivote silencieusement sur son axe, désolidarisé du cadre dans lequel elle reposait.

Il ne nous reste plus qu’à nous glisser à l’intérieur.  


Dernière édition par Raphaël Andersen le Sam 04 Fév 2017, 15:00, édité 2 fois
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L’horreur est proportionnelle aux dimensions de la bête, gouffre musculeux propulsé dans une dimension inattendu, elle semblait capable de tout avaler en un instant. Et pas seulement avaler, sa raison d’être était de faire disparaître, d’engloutir, d’anéantir, rien ne réchapperait du grand trou noir dans lequel elle enverrait ce qui passait à portée de ses crocs.

D’abord tétanisé, Raphaël avait tout relâché dans un cri.

Peur, angoisse, frustration, douleur, mal être, incertitude. Tout devait disparaître, son esprit avait fait le vide, il ne devait y avoir de place pour qu’une seule chose : la survie.

Tête la première, il s’enroula sur lui-même et roula dans le sable pour éviter un coup de patte mortel, parfaitement aiguisées, les griffes de la bestiole étaient plus redoutables de que des lances, multiples et réparties sur tout son corps, elles empêchaient toute approche et déchiraient la terre à chaque passage. Un énorme rocher explosa en tout sens quand la terreur retomba avec violence au sol.

"C’est bien la première fois que je me retrouve face à un diable des sables, ils sont supposés être extrêmement rares.
- Ouais, ben je me serai encore une fois bien passé de ce genre de coup de chance !
- Raphaël ‘tention ! "

Cambrée et prête à se retourner, la créature de cauchemar avait balancé sa queue  à la rencontre de Raphaël qui, se la prenant de plein fouet en eu le souffle coupé. Par réflexe le croupier s’accrocha à l’appendice, espérant probablement pouvoir déceler un quelconque point faible dans la carapace de la créature, mais cela ne lui valut que d’être transporté violemment sur quelques mètres de plus et d’atterrir sans plus de ménagement sur le dos, les mains écorchées par ses dures écailles.

Loin d’être rassasié, le diable s’apprêta à fondre sur sa nouvelle proie. À terre, sonné, le vert n’avait aucune chance de pouvoir en réchapper. Gueule grande ouverte, il n’en ferait qu’une bouchée.

Mais c’était  sans compter sur les incroyables capacités du croupier.

"Crève ! "

De nulle part apparurent des mains flottantes, au nombre de dix, lévitant, enrobées de bandages, elles entourèrent le « cou » de la créature comme un collier beaucoup trop grand pour son porteur. Indépendamment, elles ne pouvaient  pas prétendre se charger d’un pareil adversaire, leur petite paume semblant ridicule par rapport à ce qu’il restait à saisir. Mais toutes unies, coordonnées par l’esprit alerte de leur propriétaire, elles se resserrèrent violemment   autour de leur proie, piège inévitable qui arrêta instantanément le mouvement du monstrueux ver.

Suffocation d’un instant qui permit au croupier de se remettre sur ses pieds, la bête ne se laisserait pas si facilement faire, mais il avait tout intérêt à profiter de chaque moment de répit qu’il s’accordait.

"J’prends le relais ! "

Aussitôt sur le diable des sables, Katze basse passée en dessous du bras et sa machette insérée dans une fente à l’avant de l’instrument, engagea les hostilités. En appui sur une de ces jambes il fit décrire à sa baïonnette musicale un grand mouvement circulaire dans lequel  il installa toute sa force.  
Le coup, tranchant, se termina en une magnifique pose de rocker, un genou à terre et le fluide vital de la bête éclaboussant tout le paysage.

"OH PU-TAIN ! J’ai toujours rêvé de pouvoir faire ça !
- Très beaux accords.
- Oh bordel, on l’a fait… oh bordel ! Cette île est flippante. "

Le corps mutilé était retombé pauvrement sur le sable qui lui servait de tanière, ses muscles encore vigoureux palpitant de leurs derniers instants de vie. Raphaël, complètement épuisé était tombé à genoux. Si sa vie n’était pas calme, il n’avait pas pour autant l’habitude de tomber ainsi de Charybde en Scylla.
Que ses compagnons le lui accordent ou pas, il avait définitivement besoin de reprendre son souffle.

De ce qu’il avait compris de la géographie de l’île, ils n’étaient plus très loin du campement de Poussiéreux qu’ils comptaient atteindre avant de regagner Freetown le lendemain.

Pas donc de raison de se presser.

Ni même de se relever tout de suite. Autant se poser un peu, passivement, sans même se rendre compte que derrière  lui quelque chose bougeait encore.
Inspirer. Expirer. Se remettre de ces cabrioles, sans même percevoir le sable s’affaisser sous le poids d’un muscle au travail.

"Je… Hum, j’ai besoin de souffler... "

Dernière requête avant de se faire empaler par une des terribles griffes du diable des sables. Le monstre annulé ne s’avouait pas vaincu et ne comptait de toute façon pas partir seul.
Sa monstrueuse patte fondit sur Raphaël, prête à l’embrocher.

"…et d’eau s’il-vous p-
- Impressionante également ta technique Raphaël."

Courant plus vite que la bestiole, Monsieur Topaze s’était interposé de justesse en la frappant d’un coup de canne titanesque. Une explosion de sable accueillit l’impact à peine amorti par le corps de la bête. Le crâne enfoncé, la patte meurtrière décrochée du corps principal, le ver des sables était cette fois bel et bien mort. Plus une once de vie n’émanait de la bête meurtrie.

"Mais ça a l’air bien fatiguant de contrôler tous ces êtres, il va falloir faire attention à ne pas en abuser. Voilà pour l’eau.
- Putain le vioque t’m’avais pas encore montré ça ! "

Sonné, encore fatigué, mais jurant d’avoir vu une drôle de coloration noire s’estomper de la canne de son mentor une fois le coup asséné, Raphaël ne trouva rien à rajouter et se contenta d’étancher sa soif.

"On va le prendre avec nous, ça pourrait être utile. "
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"Franchement, je vois pas pourquoi on s’emmerderait.
- Je ne vois même pas pourquoi vous pensiez que ça ne nous emmerderait pas. "

Être bien accueilli. Selon une étude, c’est ce dont rêve le plus un aventurier la nuit. Perdue quelque part entre deux abysses, cachée au détour d’une île mystérieuse et bordant les désirs de richesses infinis, l’hospitalité est une vertu si rare et si précieuse que les plus grands chasseurs de trésors espèrent la trouver plus que n’importe quelle relique. À quoi bon se mettre en quête du parchemin perdu quand on a le ventre vide ? À quoi bon chercher le diadème mystique si l’on a mal dormi ? Pourquoi s’échiner à remuer la terre et l’histoire si on ne sait même pas où on s’abritera ce soir ?

Clairement, on ne découvrait jamais mieux le monde qu’après avoir été bien accueilli.

Et force était de constater qu’Amerzone ne volait pas sa piètre réputation touristique. Autant aller pisser dans un violon, on perdrait toujours moins de temps à travailler le bois qu’à faire un tour dans ce trou à gueux.

"On ne vous demande pas la lune non plus, tout ce qu’on vous propose c’est une occasion de faire un pied de nez au King, vous ne l’appréciez pas plus que nous si j’ai bien compris ? "

Raphaël était à bout de nerfs. Non content d’avoir quitté les marécages les plus infestés de nuisibles au monde pour se taper la traversée de l’île en plein cagnard, il se retrouvait à présent à négocier avec une bande d’abrutis qui ne l’écoutaient que d’une oreille. Et forcément quand un des interlocuteurs ne comprenait qu’un mot sur deux, cela finissait vite en discussion de merde.

"Bouais c’est vrai que cet enfoiré est un bon fils de chien.
- J’dirais même que de père en fils on déteste de plus en plus cet enfoiré.
-Du coup qu’est-ce qu’on fait ?
- Je sais pas trop et toi qu’est-ce que tu penses faire ? "

Et cela depuis bientôt une demi-heure.

"… Vous me gonflez les mecs.
- Héhé, t’l’as cherché aussi. Quelle idée d’vouloir « mener les négociations ». Sacré citadin va fwahahaha ! Laisse faire les pros ! "

C’était avec joie, mais non sans grogner que Raphaël passa le relais à son compagnon amerzonien. Se mettre en retrait, assis sur le cadavre du diable vaincu, lui ferait le plus grand bien. Il ne savait pas quelle mouche l’avait piqué de vouloir prendre les devants avec les indigènes mais clairement, si elle avait été urticante, son visage déjà bien enflé aurait explosé.

"Magnifique argumentaire, toute personne rationnellement civilisée se serait probablement laissée convaincre. Cela manquait tout de même un peu d’énergie et de convictions sur la fin, peut-être pour ça qu’ils n’ont pas mordu à l’hameçon.
- Tsss… C’est ça continuez à vous payer ma gueule, c’est gratuit
- Toujours aussi susceptible hein.
- Oui. Et crevé aussi. Clairement, s’ils ne nous proposent pas un lit ce soir, je serais capable de les foutre hors de chez eux et de me faire ma place.
- Sacré projet.
-
-
- Pffffeuh... Qu’est-ce que je peux être con, pardon. Ça vous dérange si on reprend où on en était tout à l’heure, ça me tracasse et je crois que j’ai envie d’en parler.
- Je suis là pour ça. "

Prenant la peine d’une grande inspiration, le croupier laissa ses pensées se remettre en ordre dans son esprit. Katze de son côté avait entamé des négociations musclés, et par là on pouvait entendre qu’il était littéralement en train de mettre sur la gueule des terreux avec qui il discutait. Pas de quoi s’affoler, une coutume du coin apparemment.

"Vous m’avez bien remué les idées et je crois qu’il est temps pour moi de quitter le Gambling Blue…. et que j’y songe depuis bien plus longtemps que je ne voulais l’admettre.
- Comme c’est curieux.
- Je n’ai jamais aspiré qu’à prendre la mer. Si j’ai embarqué à la base, c’était pour mettre de l’argent de côté et avoir les moyens de me lancer dans de plus grandes expéditions. Je vous en ai déjà sans doute parlé, mais je viens de la Nouvelle Ohara, je suis archéologue de vocation.
- Oui, entre deux ou trois autres versions.
-Hmpf… Héhé. Archéologue, Explorateur, Découvreur, Biologiste, peu importe le titre…. J’ai juste besoin d’en voir plus. Et c’est pour ça que je me faisais bien à ma situation à bord du Casino, de port en port j’ai pu faire le tour de presque toutes les îles des Blues. L’attrait de la nouveauté, le confort, ça change vite les idées. Mais au fond j’étais toujours frustré de repartir...
- … et de ne pas être libre.
- Oui, je le réalise maintenant que je n’ai plus à rentrer à la nuit tombée… Je veux prendre la mer. M’enfuir. Vivre selon mes propres lois. "

Il ne put contenir un rire de joie. Au même moment le cri de victoire de Katze retentissait alors qu’il aidait les adversaires qu’il venait de vaincre à se relever.

"On est arrivé à un accord ! On leur donne le cuir et la viande du diable d’sables et l’plaisir de casser la gueule du King et il se joigne à nous pour les festivités !
-Fantastique !
- … C’est exactement ce que je leur proposais.
- Et on est invité à partager leur table ! "

Si la logique amerzonienne lui échappait, le vert était toutefois bien content d’apprendre cette nouvelle. Il aurait tout leur temps pour se reposer avant le lendemain, tout son temps également pour réfléchir à ce qu’il ferait ensuite.

" Je me disais aussi qu’il ne faisait pas très amerzoniens. Sauf de visage peut-être.
- Le visage oui, aussi difformes que les nôtres. Mais le reste… Trop propre. Trop bourgeois. Trop vert. Pas assez d’Amerzone.
-Normal qu’on sait pas réussi à se comprendre.
- J’comprends maintenant pourquoi je ne lui faisais pas confiance.
- "

Et encore plus de temps pour se convaincre qu’il ne reviendrait plus jamais sur cette île.
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Je crois que je n’ai jamais autant détesté un menuisier. Comment peut-on penser ne serait-ce qu’une minute que choisir le parquet le plus grinçant au monde pour habiller des escaliers serait judicieux. Piétinant pour ne pas risquer de me faire repérer, je suis difficilement les pas de mon accompagnatrice dans le couloir où nous pensons trouver notre ami.

La porte au bout du couloir, entrouverte, est la seule que nous n’avons pas encore essayée… Une lumière tressaute à intervalle régulier, rien n’est très fiable à Amerzone pas même la plus moderne des bâtisses. C’est assez dingue, maintenant que j’y pense que l’électricité soit arrivée jusqu’ici, le maire ne se prive vraiment de rien. Des toiles d’araignée, équitablement réparties sur le plafond m’indique que le lieu n’est pas très entretenu. Le silence m’angoisse mais je suis persuadé que nous sommes au bon endroit.

La porte s’ouvre, les gonds gémissent, mes oreilles également. Pour la discrétion on repassera.

"Bingo. "

Tressés dans le fer et l’obscurité, les barreaux caractéristiques d’une geôle se dessinent derrière la porte. Recroquevillée sur son pauvre lit de camp, la silhouette violine de Esel nous confirme que nous avons fait mouche. Il sursaute, il ne s’attendait probablement pas à nous voir de sitôt, ça me donne envie de rire de lui. Une petite pique bien placée et notre entrée n’en sera que plus triomphante, vite…

"Les poules sont arrivées. "

Le sang se glace dans mes veines, nous ne  sommes pas seules. Attablé dans un coin de la pièce, je vois un homme quelconque, brun et mal rasé, souriant alors que d’une main il nous pointe de son fusil tandis que l’autre raccroche le combiné de l’escargophone dans lequel il vient de donner l’alerte. Surprises, nous sommes comme paralysées.

"Bougez-plus, pensiez sérieusement qu’on s’attendait pas à vot’ venue ? Pfff, d’bonnes gourdes naïves comme il faut.
- J’imagine qu’il est trop tard pour prévenir que c’était un piège.
- Merci d’énoncer les évidences.
- En même temps, c’était pas très compliqué à anticiper.
- Dites, on pourrait se concentrer sur le problème du moment ?...
- Et mon poing dans ta gueule tu l’anticipes mauviette?
- Fermez-la, vous aurez tout le temps de vous engueuler une fois en cage.
- Grognasse.
- Ah ouais je grogne ? Moi au moins je ne suis pas la tafiole qui  s’est retrouvée enfermée.
- Répète un peu pour voir…
- Tafiole, qu’est-ce que tu vas me faire ?
- Hahn, je t’ai déjà dit que je n’aimais pas tes insultes, tu es une vraie boule de frustration. Toujours dans la provocation, incapable de s’arrêter quand il faut…
- Tafiole. Mauviette. Peureux.
- Barre-toi, j’étais bien mieux avant que tu n’arrives avec ton héroïsme de pacotille.
- Bien super, crève ici alors.
- "
*BAM*
"Fermez-la putain !"

Passive, je laisse cette mauvaise scène se dérouler en me laissant glisser contre le mur, m’éloignant  du centre d’attention qu’est la dispute entre Hahn et Esel. Le coup de feu est mon déclencheur. Visant le plafond et s’énervant après eux, le garde me perd de vue pendant un instant, il ne m’en faut pas plus pour envoyer -sans la moindre pitié- mes serpents de chanvre le mordre jusqu’au sang.

Une corde s’enroule autour de son arme et lui fait perdre l’équilibre, l’autre -nouée en son extrémité- le cogne plus violemment qu’il ne l’a jamais été. Sa mâchoire se disloque, ses muscles se relâchent, il est prêt pour son rendez-vous avec les étoiles.

"Merde, il y a du mouvement là-haut.
-  Il n’a pas de clé sur lui. PUTAIN, je vais jamais réussir à ouvrir cette serrure à temps ! Tout ça c’est ta faute CONNARD"

Hahn est rongée par le stress, perturbées par la rage de leur dispute ses mains tremblent, incontrôlables. Elle qui est si habile en temps normal n’arrive pas à se calmer. Mes yeux s’agitent, je cherche désespérément un moyen de nous échapper. Il n’y a pas d’autre chemin que celui qui nous a emmené jusqu’ici. Le mouvement se rapproche.

"Je vous ai dit de me laisser ici, je suis bien, ils ont besoin de moi.
- Esel…
- TU-FAIS-CHIER. Crève donc ici, on s’barre. " dit-elle en tournant les talons et en quittant la salle.
- Nova, tiens, ça pourrait être utile. "

Cette alternative me déchire, mais je n’en vois pas d’autre possible. Je prends la feuille griffonnée qu’il me tend et court pour rattraper Hahn. L’échec est cuisant mais je sais qu’il ne court aucun danger, on aura d’autres occasions de le récupérer. Lui aussi le sait.

"Attention à gauche ! "

Nous grimpons quatre à quatre les marches pour regagner l’étage où déjà des hommes de main du King se massent. Ce n’est qu’une question de temps avant que nous ne soyons complètement dépassées par le nombre.  Plumes et Rope Action nous frayent un passage contre les premiers opposants, surpris de nous voir si belliqueuses ils ne font pas le poids et s’écrasent. Les armes de Hahn pénètrent la chair comme des poignards, mes cordes sont des fléaux d’armes qui s’agitent frénétiquement. Mais ce sont des armes à feu qui nous font face.

D’un coup de pied, je dévie la trajectoire d’un tir, d’un bond j’en esquive un second, je ne cherche pas à attaquer, qu’à fuir. Et je vois bien qu’il en est de même pour mon amie.

Je m’accroche au cou d’un de mes agresseurs et utilise son corps comme rempart aux attaques de ses camarades. Un coup de genou bien placé et il n’est plus qu’un bouclier sans âme que je jette en pâture. Mon bras s’agite et mes cordes obéissent, des  vitres se brisent alors que je me hisse sur la mezzanine d’où je viens.

La musicienne s’est déjà frayé un chemin jusque-là. D’un même mouvement nous nous échappons par le toit. Personne ne nous attend là. Hund s’est probablement déjà éloignée. On la retrouvera plus tard, ce n’est pas le moment.

On doit juste partir le plus loin d’ici.

Vite.

Je ne peux toutefois pas m’empêcher de dire  ce que j’ai sur le cœur.

"Hmm… Esel a pu faire un repérage, je crois qu’il m’a donné des indications… Tu sais, il a cherché à t’énerver pour qu’en s’en aille, pour qu’on ne se fasse pas prendre, je…
-  Je sais. On le récupérera. "
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"Pense Rock’n Roll Baby, le spectacle doit être parfait, si je te dis que je veux un meilleur éclairage, tu me fait un meilleur éclairage. C’est quoi ces deux pines de lampions qui s’battent en duel ?! T’as vu c’que je te paye ? Si tu veux rejoindre Lars, dis-le moi tout de suite. Comme on peut pas utiliser vos têtes, c’est ptet’ vos pines qu’on devrait utiliser pour éclairer ! "

Lars, pauvre âme de quinze ans  qui jusque-là s’était illustré en apportant des rafraîchissements à son altesse le King de Freetown. Pas plus tard que ce matin, alors que la moiteur amerzonienne était accompagnée de son habituel soleil de plomb, le jeune homme avait eu la mauvaise idée d’oublier de se réveiller. Peut-être était-ce le coq qui ne s’était pas décidé à crier, peut-être était-ce sa journée de la veille -passée à monter une scène de fortune en plein milieu du port le plus important de la ville- qui l’avait tellement épuisé qu’il n’avait pas trouvé la force de se lever. Toujours est-il qu’après cinq minutes d’absence, le monarque avait décidé d’envoyer quelqu’un le chercher.
Activité physique, noyade et cachot au programme. Flagellation pour les chanceux.

Une perspective qui n’enchantait pas le technicien. Il se retira en s’excusant, il allait tout de suite réparer son erreur.

"Qui m’a foutu ces pauvres imbéciles ! LECTER ! "

Sa majesté trônait au milieu de son espace scénique, juste à côté de lui, maladroitement mis en valeur par un pauvre jeu de lumière, était installé son objet fétiche : un micro à strass, clinquant  sur son pied faussement doré. Il ne cessait d’y retourner, encore et encore, de le caresser nerveusement en scrutant les quelques regards qui le fixaient jusqu’à ce que, faisant mine d’en avoir fini avec ses préparatifs, il ne redescende derrière la scène.  La place était décidément bien vide.

"Oui patron ?
- Tout commence dans une demi-heure, tu peux m’expliquer pourquoi il n’y a pas plus de monde ?!
- Je… J’sais pas, on est passé prévenir tout le monde. Certains sont sûrement pas encore arrivé, les autres… J’sais pas s’ils ont compris que c’était obligatoire.
- EH BEN CA L’EST ! Alors rassemble tes débiles et aller me chercher tout le monde, par la peau du cul s’il faut !
- Oué fin… Si vous voyez de qui je parle, pas trop envie d’en emmerder certains. Je tiens à garder ma tête sur mes épaules quand même. Et puis vous vouliez pas qu’on surveille Hahn et les deux étrangers ? Ils ont essayé de récupérer leur pote hier 'savez.
- T’es con ou quoi ? Si personne n’est là pour y assister, à quoi bon montrer mon pouvoir et ma supériorité. J’vais faire de leur cas un exemple et bien faire comprendre à tout le monde que je suis la seule et unique réincarnation de SOUL KING !... Et ptet’ bien faire des concerts ici plus souvent, c’tune bonne place.
-
- Ouais, j’pense qu’on démontrera pas la scène, elle est bien là. BREF. Embarque moi tous ceux qui ne veulent pas venir.
- Okay… AH au fait patron ! Y’a une fiotte qui veut vous parler en bas.
- Une fiotte ? Quelle fiotte ? " question qu’il ne put s’empêcher de ponctuer d’un crachat " Tu vas quand même pas me dire que l’autre face de brocoli se ramène la queue entre les jambes, ce serait vraiment trop gros HAHAHA !
- Non, ce n’est que moi. "

Bien content de passer le relai à un autre souffre-douleur, Lecter s’éloigna discrètement de la zone de conflit pour aller vaquer à ses obligations. Travailler pour le King n’avait pas été son meilleur choix de vie, il n’oserait probablement jamais se l’avouer mais chaque matin il angoissait à l’idée de sortir du lit. Au moins il y avait la paye, ça l’aidait à tenir. Et il allait encore devoir s’y accrocher un peu plus puisqu’une des activités les plus populaires du Guide du Routard du Masochisme l’attendait, le porte à porte en Amerzone. Il allait tâcher d’emmener quelques recrues naïves avec lui, elles se porteraient volontaires plus facilement.

"Et je suis supposé te connaître ma-…Oh !
-  Cela fait longtemps que nous ne sommes pas vu, mais j’ose espérer que tu me reconnais. C’était une sacrée aventure que nous avons vécu à l’époque.
-  Oh…euh… oui Walter c’est ça ?
- Exact, je vois que la mémoire ne te fait plus autant défaut qu’avant.
- On était pas vraiment perdu.
- C’est vrai, c’est vrai Haha. Tout cela pour dire que c’est vraiment bon de te revoir, cela fait revenir une foule de souvenirs. J’étais justement revenu en Amerzone pour renouer avec ces paysages et ces histoires d’autrefois, mais quelle surprise quand j’ai appris combien tu avais gagné en réputation. Devenir le maire de Freetown après avoir été le guide le plus douteux du coin, c’est une sacrée performance ! Comment as-tu bien pu te débrouiller ?
- Je… hum… je…  Oui, j’ai gagné une bonne situation, c’est vrai. Du boulot. De la persévérance. Des bonnes relations.
- T’as entendu… le patron était un pauvres gars !
- Vu comme il est empoté, ça m’étonne pas vraiment. Je sais pas trop comment il s’est débrouillé pour gagner autant de thunes par contre…Tu sais qu’y parait qu’il sait pas s’habiller tout seul.
- Noooon ?! OH MEC REGARDE ! Il rougit !
- Parle moins fort, il nous regarde.
- VOS GUEULES LES MERDES. Bosser plutôt que causer !
- Ce n’est pas bien grave, ce n’est pas bien grave, je comprends que tu puisses avoir encore du boulot avant le grand spectacle.
- Ouais, c’est l’idée. Hum… Sympa d’être passé.
- Je vais probablement rester pour le concert, je suis vraiment impatient de voir ce que le King de Freetown a dans le ventre ! On m’a vendu ça comme la renaissance du Rock’n Roll. Bon courage. "

Et sans mot dire, Le King regarda Walter s’éloigner. Walter ce jeune homme d’un autre temps qu’il n’avait pas réussi à oublier, cette silhouette blonde qu’il avait vu, perdue et affamée dans la jungle amerzonienne, tordre le coup d’un Kangarou à mains nues. Il était sous le même choc qu’il y a vingt ans, incapable  de retrouver son aise face à un individu qu’il savait si écrasant. Pourtant il dut rapidement retrouver ses esprits, ses imbéciles d’employés le lorgnant d’un air amusé et l’heure décisive approchant à grands pas il devait se ressaisir. Il avait à faire.

Pendant ce temps-là, Walter qui n’était nul autre que Monsieur Topaze rejoignait non sans amusement la table qui l’attendait dans une taverne attenante à la scène.

"Je vois que j’ai perdu mon pari, vos capuches douteuses ne vous ont finalement pas fait arrêté.
-  Alors ?
- Le King a pris du poids. J’ai vu Esel, il va bien et nous ne devrions pas avoir trop de difficultés à le récupérer. Ses indications sont très justes, ils l’ont probablement amené sur place pour une répétition. Moins de gardes que prévu en revanche, de ce que j’ai compris ils sont partis rameuter du public.
- C’est bon pour nous.
- On va pouvoir se mêler à la foule.
- Et les Poussiéreux passeront inaperçus en arrivant en même temps que tous les Zoniens que ramènent la milice du maire.
- Mes petits techniciens se chargeront du reste.
- On aura probablement pas le temps de se dire au revoir après du coup... allez Raphaël dis-le !" accompagna Nova d'un coup de coude.
"Oui Oui !... Alors on tenait à vous dire qu'on était vraiment très heureux d'avoir fait votre connaissance !
- Sentiment partagé mec !
- Vous ne reviendrez peut-être plus jamais sur Amerzone, mais j'ai l'intime conviction que nos routes sont encore amenées à se croiser.
- Bien dit ! Alors que le spectacle commence !"


Dernière édition par Raphaël Andersen le Jeu 16 Mar 2017, 01:37, édité 2 fois
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"Amerzoniens, Amerzoniennes, c’est un plaisir pour moi de vous accueillir aussi nombreux aujourd’hui ! Vous l’attendiez tous, le concert de la virilité,  la confrontation ultime qui sacrera le digne héritier de Soul King et mettra à terre les imbéciles. Préparez-vous à vivre la journée de votre vie en compagnie de la plus grande star des Blues, moi-même, le seul et unique KING DE FREETOWN !!!! "

À présent bien remplie, la place portuaire était complètement transformée. Les Amerzoniens n’étaient d’ordinaire par le genre de personne à se réunir, chacun préférait vivre sa vie dans son coin et les rares moments qui en amenait un à côtoyer son voisin dégénérait la plupart de temps en une joute verbale et physique. En voir autant rassemblé au même endroit était donc un événement curieux, si ce n’est extraordinaire qui déjà en faisait grincher plus d’un. Pas comme si on leur avait laissé le choix.

Quelques applaudissements de convenance accueillirent l’enthousiasme du maire de la ville qui perdit un instant son sourire, ses hommes faisaient ce qu’on leur demandait mais ce n’était pas assez. D’un geste il requit son Joker.

*PAN PAN PAN*


Une salve de tirs en l’air plus tard, il obtenait le tonnerre d’applaudissements souhaité. Enfin, voilà l’entrée en matière qu’il attendait ! Enfin, le voilà qui foulait la plus grande scène sur laquelle il ne s’était jamais produit ! Un public déchaîné et des adversaires déjà vaincu, quoi de mieux pour son intronisation. Un pas de plus et il serait acclamé sur tout South Blue. Au pas suivant ce serait le monde entier. Qu’importe les bougonnements et le manque d’enthousiasme de certains, ce soir il serait le roi et personne ne lui enlèverait.

"Je suis toutefois au regret de vous annoncer que nos invités ne se sont toujours pas décidés à se montrer, malgré l’accueil que nous leur avions préparé et l’incomparable opportunité de tenter de passer les premiers ! "

Un sourire carnassier darda son visage bouffi, derrière ses lunettes de soleil de collection il ne pouvait s’empêcher de voir étinceler les armes de ses hommes disséminés dans la foule. Pour sûr il s’était préparé à ce moment, toutes les issues lui seraient favorables et il en jubilait d’avance. Il serait toutefois probablement déçu de ne pas voir sa milice crucifier l’impertinente tête d’algues devant ses concitoyens.

Son costume à paillettes, le plus beau de sa garde-robe, déformé par ses formes abdominales s’agitait sous les projecteurs alors que d’une pensée il se rassurait. Il avait le guitariste. Bien sûr que ces petits imbéciles anarchiques allaient se montrer. Ils allaient probablement se montrer d’un moment à l’autre, ce n’était qu’une question de vigilance et de provocation.

"C’est donc à moi et à moi seul que reviendra l’immense honneur de vous divertir YEAAAAAAAH ! Je vous demande quand même d’accueillir mes musiciens comme il se doit, certains reconnaîtront peut être des têtes connues ! "

Soupir dans la foule. Les applaudissements forcés se firent toutefois suffisamment entendre pour contenter la rock star. Bras écartés dans les airs en signe de triomphe, il laissa glisser son micro entre ses doigts. Bon sang qu’il se sentait bien.

Une rumeur derrière lui vint pourtant gâcher son moment de quiétude. Ses imbéciles de musicien en train de se crêper le chignon pour un rien.

Et puis c’est là qu’il remarqua que quelque chose manquait. Ou plutôt quelqu’un puisque la guitare était là, seule, n’ayant pas bougé d’un millimètre depuis la répétition de la veille. Derrière la scène deux grosses brutes devaient être en train de prendre un repos bien mérité, bercés entre chandelles, étoiles et petits canards en plastique jaune.

"OÙ EST ESEL ?! "

Perdre son sang-froid en direct n’était pas ce qu’il voulait et il aurait probablement très mal vécu d’être monté autant dans les aigus dans son micro, heureusement pour lui une petite créature farceuse était venue lui sauver la mise.

"Je vous demande de nous excuser pour notre retard Monsieur le maire, mais nous avons le plaisir de vous annoncer que nous allons saisir l’opportunité de passer les premiers. Toutefois, petit changement dans le programme, n’étant moi-même pas un très grand mélomane j’ai jugé plus opportun de demander un peu d’aide à des amis. Que le meilleur gagne et que ce soir soit sacré les dignes héritiers de Soul King ! Amerzoniens, Amerzoniennes, Mesdames, Messieurs et Dégueux de toute espèce, nous sommes les Musiciens de la Crasse ! "

Faisant valser dans les airs les spot de lumières, une autre des petites créatures s’était appliquée à voler la vedette au King, déportant toute l’attention du public sur celui qui la dirigeait : Raphaël Andersen qui venait en un tour de passe-passe de lui subtiliser son objet fétiche. À l’opposé de la foule, toute aussi bien éclairée venait d’apparaître Nova. Perchés sur des piles de caisse en bois, ils dominaient encore plus l’assemblée que le maître des lieux. Leur sourire entendu mis instantanément leur adversaire en rage.

Pas même besoin de dire un mot que déjà les armes à feu s’élevaient de nouveau dans la foule, fusils, revolvers et pistolets de tous calibres se pointèrent sur le vert et la rousse.

"Je ne suis pas prêt de vanter votre hospitalité héhé. "

Les deux tireurs les plus proches de Raphaël ne comprirent pas ce qu’il leur arriva quand deux mains enturbannés de tissus se saisirent de leurs armes et les emportèrent à quelques mètres de hauteur dans les airs. Tous ceux qui étaient derrière en revanche furent figés de stupeur.

N’hésitez pas à faire démonstration des pouvoirs de votre Fruit du Démon en soirée, ça fait toujours son petit effet.

Et en l’occurrence cela laissa aux artistes le temps de venir s’installer. Surgis de nulle part après s’être occupé des gardes qui ne s’étaient pas mêlés à la foule et dont ils avaient pu identifier les positions d’après les indications d’Esel et de Monsieur Topaze, les quatre musiciens de la crasse montèrent sur scène et prirent leur place non sans semer le trouble du maire et de ses propres musiciens.

"ATTRAPEZ-LES BON SANG ! "

Nouvelle passe extra-dimensionnelle et une jeune demoiselle,  vêtue de plumes bleues, se voyait offrir le précieux microphone par la main qui l’avait sournoisement subtilisé. Dans un même temps Raphaël et Nova s’étaient jetés dans la foule pour entrer directement au corps à corps avec les sbires qui, encore surpris par l’étrange apparition, tombaient comme des mouches à coup de poings renforcés aux pièces de monnaie et de cordes lestées à la mauvaise humeur. Pour eux c’était le jackpot.

Plus vif que ces lourdauds, ils se faufilaient entre leurs attaques que les autres spectateurs rendaient maladroites. Les curieux se resserrant autour de cette animation qu’ils trouvaient curieusement plus intéressante que les protestations du King, le maniement d’une arme en devenait presque impossible et le jeu de jambes du croupier, tout en appui bas, ne leur facilitait définitivement pas la tâche. Alors que l’un échouait lamentablement à sortir sa machette de sa garde, un autre trouva judicieux de foncer poing avant pour saisir Raphaël, manque de chance il n’avait pas prévu l’esquive du vert et encore moins de frapper le civil juste derrière.

Kevin. Trente-deux ans. Un mètre quatre-vingt-seize et cent vingt-huit kilos de muscles. Réponse facile aux provocations.

"On espère que vous êtes en forme parce qu’on est parti pour une soirée de folie, je suis Hahn et m’accompagnent Esel à la guitare, Katze à la basse et Hund à la batterie. ROCK ON  ! UN. DEUX. UN-DEUX-TROIS-QUATRE !"

Le rythme effréné des instruments prit d’un coup toute la place. Pincement de cordes, vibrations, percutions, côtes cassées, le moindre bruit parasite se mêlait à l’ensemble philharmonique et entraînant de cette musique de l’âme. Frustration. Cris. Argot. Même les gémissements de l’ancienne vedette, perdue au milieu d’une semaine qui ne lui appartenait plus et qu’il n’arrivait plus à reprendre, se fondaient dans l’atmosphère électrique de cette pure anarchie.

À l’horizon le spectacle continuait d’une toute autre façon, Raphaël battant la mesure à grand coup de crânes défoncés et de pirouettes entre les rares Amerzoniens qui n’essayaient pas de lui en coller une. Les Poussièreux s’étaient lancés dans la mêlée et déjà il n’y avait plus grand homme du King pour opposer une quelconque résistance. Plus aucune arme en tout cas, les Zoniens sous testostérones ayant décidé de s’en mêler dès lors qu’il parut évident que plus rien n’était sous contrôle. Si ce n’était la musique. Si ce n’était la  vision d’ensemble.

Croche – Croche – Noire – Cymbale -  Silence - Crochet du droit - Dent déchaussée.

Les premières perles de sueurs commençaient à poindre. Les premiers piétinés aussi. Le conflit monta d’un cran et l’ambiance également. Les uns se mirent à danser, les autres à sauter, d’autres encore se ruaient les uns contre les autres avec une animosité variable. Chaque pas, chaque souffle, chaque impulsion se calant de plus en plus sur l’enchaînement des notes de musique.  

Solo de guitare, le croupier se fait salement amoché. Coup de poing dans le pif et sa verdure s’en alla rencontrer le pavé en dehors de la foule.  Le premier couteau sorti se pointa à quelques centimètres de son oreille, le prochain ne lui ferait probablement pas cette fleur. Ses yeux s’agitèrent. Sa respiration s’emballa. Mains dans les poches, il étaient prêts à se tirer d’affaire. Retour de la basse. Violence sur la grosse caisse. Colère et exaspération sur le visage de son attaquant. Celui-là n’aimait décidément pas jouer au jeu du chat et de la souris.

"Bordel… Le patron va être tellement furax, t’vas tellement prendre pour toutes vos conneries ! "

Le second couteau s’apprêta à sortir mais le cri de la chanteuse protesta. Refrain. Croche – Croche – Croche - Noire, le rythme s’accélérait et une corde s’enroula autour du bras armé pour l’entraver tandis qu’une autre, bien plus lourde, venait frapper sa nuque pour le rendre inoffensif. Trémolo dans la voix, l’expression de la reconnaissance de la chanteuse atteignit sa cible accompagnée d’un clin d’œil et d’un pouce levé. Nova l’accueillit avec un grand sourire, bien contente d’avoir volé au secours d’un Raphaël en détresse.

"Vous avez causé une sacrée agitation tous les deux, héhéhé. "ne put s’empêcher de commenter le plus âgé, resté en retrait ; en aidant Raphaël à se lever.
" Chassez le naturel, il revient au galop. Je suis prête à parier qu’ils rêvaient tous de se foutre sur la gueule comme ça depuis le premier concert que leur a infligé leur maire. Ils ont besoin de se défouler les pauvres.
-  Piooooou ! Rappelez-moi de plus jamais foutre un pied dans le coin ! "

Foule extatique à la fin du premier morceau, la suite fut réclamée à grand cris. Les attaquants et les attaqués s’enserraient pour arriver à garder l’équilibre, les hommes à terres se relevaient pour reprendre une deuxième tournée de sensation. Il faisait définitivement bon de pouvoir se lâcher furieusement.

"BORDEL ! MAIS VOUS VOYEZ PAS QUE CES ETRANGERS QUI SONT VENUS FOUTRE LA MERDE SONT EN TRAIN DE SE CASSER ! AU NOM DE VOTRE MAIRE, ALLEZ DEFONCER CES PETITS FILS DE PUTES !"

Incapable de stopper le concert qui provoquait tant d’engouement, le King avait tout de même trouvé moyen de récupérer de quoi se faire entendre, un micro de rechange sans doute, et en appelait à présent au plus pures racines xénophobes de l’Amerzone pour rallier de nouveaux compatriotes à sa cause.

"Hm… Si je ne m’abuse, il est temps de partir.
- On est amarré juste là-bas. "

Bien que l’appel du maire  avait peu de chance d’avoir l’effet escompté, les trois étrangers s’étaient mis d’accord pour laisser à leurs amis amerzoniens la suite de cette aventure. Si les choses devaient changer sur cette île, ça devait se faire par la main des autochtones.
Un nouveau morceau commençait et avec lui une nouvelle histoire. Il était temps de tourner la page.

" Adieu Amerzone "
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