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Seigneurs parmi les débris

Suite des événements joués ici.



***



Ici et là sur Clockwork Island, on parlait de liberté. "Liberté, liberté chérie" allait-on crier dans les allées les moins bien famées de toutes les villes sinistrées d'une île autrefois réputée pour son atmosphère chaleureuse. Cette affection particulière pour l'abolition de la moindre entrave avait tourné au dogme. La révolution ne chérissait plus la liberté, elle lui vouait un culte. En l'absence d'ordre et d'autorité depuis le passage des Saigneurs, les révolutionnaires pullulaient sur les débris de l'île avec autant d'aisance que la vérole dans les bordels de la Rokade.

La misère était un fruit qui se cultivait sur un terreau propice à son épanouissement. À cette sordide misère matérielle finissait par s'agréger la misère intellectuelle propagée par ces missionnaires des temps modernes, ces révolutionnaires autoproclamés qui voulaient sans cesse répandre la liberté à coup de fusil. De la liberté pour tous, de la liberté à profusion, une liberté totale et absolue, tel était leur objectif final.
Aucun d'entre eux ne s'était jamais demandé pourquoi plus on prospectait la liberté, plus on générait le désordre. Avant d'être exécuté pour s'être opposé à l'élan révolutionnaire, et surtout, avoir émis l'hypothèse consistant à demander assistance auprès du gouvernement mondial afin de reconstruire l'île, Morris Jiwel, ancien haut fonctionnaire de Clockwork avait déclaré : "Il y a un terme précis pour qualifier la liberté absolue : le chaos".

On ne l'avait pas écouté. Sans doute car la détonation des fusils utilisés pour l'abattre avaient indisposés l'ouïe de ses bourreaux. Et pourtant, le chaos faisait indubitablement son nid sur Clockwork Island. Les conflits isolés se multipliaient, mais pire encore : de ce chaos ambiant émanait une douce flagrance semblant attirer les pires fléaux de l'univers à lui. L'un de ces fléaux avait frappé récemment une armurerie de l'île.

- P...P...Pu..Putain ! C...C...Comment q..quel...quelqu'un a p...p...pu en...ent...

- Entrer.

Riges serra les dents une fois encore. Bègue de naissance, il avait horreur qu'on termine ses phrases à sa place. Sylvian se foutait des états d'âme de son collègue. Quelqu'un était entré dans une armurerie dans un quartier révolutionnaire, avait assassiné le boutiquier sans oublier de faire le plein d'équipement aux frais de la princesse.

- Qu'est-ce qu'il a volé ?

- D... Deux di... dizaines d...de...

- Le registre Rig ! File-moi le registre ça me fera gagner du temps !

L'envie d'écharper son camarade titilla à nouveau Riges. Toutefois, les disputes entre révolutionnaires étaient lourdement sanctionnées par les dirigeants locaux. On en pendait pour moins que ça. À bien y réfléchir, Riges trouvait qu'on pendait beaucoup dernièrement, la liberté avait une odeur de charogne qui empestait les rues de la ville. Cherchant à dissimuler une moue perplexe, Sylvian n'aimait pas ce qu'il lisait. Il avait lui même fait l'inventaire la veille au soir et le constat était sans appel : il manquait une vingtaine de mousquets et un kilo de dynamite.

- Qui était en charge de la surveillance du quartier hier soir ?

- J....Jez....

- Peu importe ! Va transmettre leurs noms aux anciens, et dis-leur de les exécuter. C'est pas les premières sentinelles qui ne font pas leur boulot correctement. Ces types n'ont aucune discipline.

S'il hésita un instant avant de répondre, le bègue sentait au fond de lui qu'il avait le devoir de manifester son opinion sur le sujet que venait de soulever Sylvian.

- M...mais c..c..camarade Sylvian. L...La discipline es....est une a...al...aliénation c....contraire à l'i....l'idé...l'idéal de l...liberté.

À présent, Sylvian devait peser le moindre mot qui sortirait de sa bouche. Il venait en effet de commettre une faute grave. Évoquer des notions d'ordre ou de discipline pouvait lui coûter cher à lui aussi. Dès lors, il se tut, mais  n'en pensait pas moins. Chacun agissait à sa guise au nom de la liberté, et les désastres se multipliaient. Rien de tel que de goûter aux joies de la révolution pour regretter le despotisme.
Incompétents ou pas, les révolutionnaires avaient été délestés de leurs possessions qui, entre de mauvaises mains, pouvait créer des remous sur les flots qui inondaient l'île. Sylvian prit les devants.

- Je vais interroger les voisins. Toi, fais comme je t'ai dit. On se retrouve ce soir pour la réunion.

- À... À ton service c...camarade. La révolution vaincra !

"La révolution vaincra". Parmi les révolutionnaires de l'île, les plus jeunes clamaient cette maxime vide de sens à l'envie en guise de salutation. Une fois que le bègue fut suffisamment éloigné, Sylvian ne put s'empêcher de marmonner son mécontentement.

- Pas avec des cons dans ton genre en tout cas...

Les habitants des environs furent cuisinés par Sylvian. Recherche peu concluante, personne n'avait rien vu, rien entendu. On avait assassiné le vieux tenancier de l'armurerie par strangulation, aucun coup de feu n'avait été tiré ni quoi que ce soit qui aurait pu mettre sur une piste. Au sortir d'une demeure, l'enquêteur révolutionnaire ôta sa casquette et frotta sa main le long de son crâne chauve cabossé. Il s'était arrêté un instant pour réfléchir, mais on le stoppa net dans son entreprise.

- Si c'est pas Sylvian ! On m'dit que tu cherchais le salopard qu'a tué l'vieux Témondier.

- Oh... Bonjour madame Julo.

La grosse bonne femme revenait de courses, ses marmots couraient partout une fois descendus de la barque leur servant de moyen de transport entre les bâtiments immergés.

- J'sais pas si ça peut t'aider, mais hier j'vu une ombre. Un drôle d'gaillard. Il avait des tas de trucs en bandoulière qui s'entr'choquaient, ça f'sait des bruits métalliques.

"Les mousquets volés" pensa Sylvian en reposant son couvre-chef sur sa tête.

- J'pas vu sa tronche, mais il avait un uniforme de bagnard qu'vous autres mettez en esclavage pour faire faire les travaux de r'construction.

Effectivement, Union John avait été chargé d'approvisionner Clockwork Island avec un convoi de prisonniers capturés chez eux. Le convoi avait, d'après certaines rumeurs, été coulé par un Capitaine Corsaire de passage dans les environs. Connaissant par coeur le profil des dits prisonniers de ce genre de convois, cette nouvelle glaça le sang de Sylvian. Après avoir salué son informatrice, il tourna les talons en déglutissant.

- Putain... On a un pirate armé d'explosifs sur l'île....

L'information ne devait pas s'ébruiter. Depuis plusieurs semaines déjà, les révolutionnaires avaient réussi à empêcher les attentats et agressions d'hommes-poissons, maintenant une paix précaire dans les environs. Il suffisait d'un grain de poussière pour que le rouage de l'horloge ne se détériore. D'un pas pressé, Sylvian sautait de plateforme immergée en plateforme immergée pour rejoindre le quartier général et dépêcher des hommes afin de prendre le pirate en chasse.

- Jolie casquette.

- Hein ?

La voix était venue d'un interstice sombre entre deux bâtiments aux murs blancs. D'habitude, Sylvian n'y aurait pas pris garde, mais cette intonation nasale et narquoise l'avait comme provoqué, il s'était senti comme titillé par le diable. Le révolutionnaire à casquette ne vit pas le visage de l'homme qui s'était permis cette réflexion anodine, non, tout ce qu'il vit fut un canon de mousquet braqué entre ses deux yeux. Plus aucun doute n'était permis, il tenait son pirate, ou plutôt, son pirate le tenait.

- P... Pitié... J..Je peux vous aider à vous échapper. M... Me tuez pas. J...J'ai une femme et une fille.

Tel Riges, lui aussi se mettait à bégayer. Le révolutionnaire s'était toujours considéré comme un dur, s'imposant même comme un donneur d'ordre au sein de sa faction, mais ce n'est qu'en cet instant qu'il comprit ce qu'était d'être du mauvais côté du manche.
Son interlocuteur, dont il ne parvenait pas à distinguer le visage dans a pénombre resta silencieux quelques secondes avant de laisser s'échapper un léger un rictus sournois.

- Rectification : une veuve et une orpheline.

- A...Att...

La balle quitta le mousquet pour traverser le crâne lisse de Sylvian qui s'effondra net. Jetant un oeil à droite puis à gauche, l'assassin s'assura que personne ne soit dans les environs. Après tout, il avait choisi de se cacher dans cette interstice justement du fait de la quasi absence de fréquentation, s'étant rué sur la première proie venue tel un scorpion tapis dans sa crevasse en attente d'un dîner.
Passant des ténèbres à la lumière, Joe se dévoila, ses mousquets répartis sur deux bandoulière l'entourant des épaules à la taille par dessus son habit miteux de prisonnier. Le cafard eut vite fait de dépouiller sa victime, se faisant un plaisir de le délester de son large manteau pour couvrir son arsenal récemment acquis.
Correctement vêtu afin de ne pas attirer la suspicion, il enfila la casquette trop large sur sa tête avant de jeter à l'eau le cadavre du révolutionnaire malchanceux.

- BrrrrRRrRrr... Des heures que je me les gèle à attendre qu'un connard vienne me filer gentiment ses frusques.

Fouillant dans les poches du large imperméable gris tout juste volé, quelques liasses de berrys firent briller ses yeux. Replaçant son modeste butin, le forban se frotta les mains pour se réchauffer.

- Bon allez, un petit remontant pour me dégivrer et je reprends la mer.

Mains profondément enfoncées dans les poches de son manteau, dissimulant son visage avec la visière de sa casquette, Joe savait pertinemment que la guerre civile qu'il avait attisée à Clockwork Island il y a quelque mois de cela avait laissé un souvenir impérissable de sa modeste personne. Aussi, mieux valait pour lui ne pas s'éterniser dans les environs. Cela ne l'empêcha pas d'avoir l'audace de se présenter dans le premier bar lui ouvrant ses portes.


Dernière édition par Joe Biutag le Ven 6 Jan 2017 - 10:43, édité 1 fois
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Seigneurs Parmi Les Débris
PREMIÈRE DANSE

- Mais putain ! Tu commences sérieusement à me taper sur les nerfs ! Gueula une Fozia toute tremblante de colère, plantée face à Yamiko.
- Ce n'était qu'un vieillard qui n'attendait que son heure pour rejoindre l'autre monde ! Il a bien le droit de profiter de ses derniers jours librement !… Je te file l'équivalent de sa prime et on en parle plus ! Lâcha sereinement le borgne aux cheveux blancs.
- L'argent n'est pas réellement le problème mais plutôt ton comportement ! Poursuivit Miss Gun sur un ton toujours aussi irrité et un doigt pointé sur son interlocuteur. Que tu ne veilles pas capturer des soi-disant "gentils" pirates soit mais tu n'as aucun droit de m'empêcher de les arrêter et encore moins de libérer ceux que j'ai capturés comme tu viens de le faire !
- Évite de les garder à bord du navire si tu ne veux pas que je les relâche !
- Non mais c'est que Monsieur se prend pour le chef maintenant ! Que ce soit bien clair, je n'ai pas à t'obéir ! Je te suis parce que je le veux et si tu continues à me prendre le chou, je vais finir par me casser ! Ce ne sont pas des équipages de l'organisation qui manquent même sur Grand Line !

Face au sérieux de Fozia, Yamiko préféra se taire. Le borgne aux cheveux blancs n'avait aucune envie de voir sa collègue et amie partir.

Yamiko avait envie de promettre à sa comparse de ne plus s'immiscer dans ses affaires mais il sait pertinemment qu'il ne tiendrait pas paroles. Bien qu'il eût décidé d'être moins affable, il était toujours incapable d'arrêter des primés qui n'avaient pas commis des crimes réellement condamnables à ses yeux ; comme la plupart des révolutionnaires qui se mettaient à dos le Gouvernement Mondial en voulant défendre des causes que le chasseur de prime de la BNA lui-même jugeait justes. Seulement, Fozia ne pensait pas du tout comme lui. Miss Gun ne s'intéressait qu'aux primes sans chercher à comprendre si les têtes sur lesquelles on les avait collées étaient celles des vrais criminels ou des simples victimes d'un système loin d'être infaillible.

Prenant le silence de Yamiko comme une approbation à ses propos, Fozia tourna les talons pour aller dans la cabine du bateau alors que le borgne aux cheveux blancs sauta sur la berge qui était plutôt un tas de gravats où leur navire avait accosté.


Les cheveux - bien trop longs pour un homme qu'il était devenu - et torse - viril à souhait - au vent, le chasseur de primes attirait des attentions sur son passage. Surtout de ces dames dont certaines rougissaient en croisant son regard. Depuis qu'il avait été transformé en homme, c'était la première fois que Yamiko foulait un endroit où vivaient des femmes humaines. Constater qu'il était admiré comme un "mâle" qui ne laissait pas indifférente la gent féminine le mettait fort mal à l'aise. Préférant ignorer les regards qu'on lui jetait, le borgne aux cheveux blancs se contenta de regarder droit devant lui.

L'agent de la BNA finit par se poster devant une auberge. La seule sur le morceau de terre émergée où il se trouvait semblait-il. Bien qu'habituellement, le chasseur de prime préférait éviter de fréquenter ce genre de lieu, il décida pourtant d'y entrer pour se mettre à l'abri du froid. Le Maître du vent n'était pas frileux mais sa peu de couche de vêtement ne le protégeait pas assez du temps plutôt frais qu'il faisait et suite à l'attrapade avec Fozia, il n'avait point envie de retourner à leur navire dans l'immédiat.

À son entrée, des regards se retournèrent vers lui mais on ne lui accorda que des attentions bien fugaces. Chose qui changeait de l'époque où il avait arboré le corps d'une fille qui lui octroyait toujours quelques balayages oculaires de la tête aux pieds avant de se focaliser au niveau de sa poitrine ou ses cuisses. Parfois des exclamations salaces ou des invitations intéressées tombaient après l'assouvissement ophtalmique. Ne plus attirer des pervers était un des rares points positifs que Yamiko attribuait au fait d'être un homme. Bien que cela le mît mal à l'aise, le borgne aux cheveux blancs préférait largement les regards de ces dames sur son corps actuel qu'un regard vicieux sur son physique d'origine.

Des pas tranquilles, le borgne aux cheveux blancs investit le lieu. Rapidement, il prit place sur un tabouret du bar. Ne touchant pas à l'alcool, il commanda un jus de fruit. Une réclamation qui laissa le serveur en stupéfaction alors que ceux qui avaient entendu sa requête éclatèrent de rire.

- Je me disais bien que c'était une tafiole avec des cheveux pareils !
- Ha ! Ha ! Ha ! Ha !
- Si vous n'avez pas de jus de fruit alors je prendrai ce que vous avez de sans alcool ! Réclama de nouveau et en toute sérénité Yamiko au serveur, ignorant totalement les moqueries à son égard …


Dernière édition par Yamiko le Mer 26 Oct 2016 - 21:39, édité 1 fois
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C'est blindé aujourd'hui, en même temps avec le froid d'connard qui fait dehors, tu m'étonnes que la moitié des glands restent scotchés à l'intérieur. Du coup, ça braille un peu à droite à gauche et l'endroit est vachement animé, c'est sympa même si j'ai envie d'égorger ce con de Flint. Trois fois déjà qu'il pète sa choppe au sol, la prochaine, je la lui pète dans les dents.
Un si bon breuvage gaspillé de la sorte... Impardonnable.
Assis du même côté du comptoir qu'le patron, j'observe un peu tout ses guignols et en général, ils le savent et ça suffit à ce qu'ils se tiennent tranquille. Surtout depuis que j'ai balancé Reinar par la porte, fermée, parce qu'il avait utilisé le parquet comme un crachoir. Un si beau parquet, en vieux chêne, p'têtre un peu trop vieux mais justement, ça prouve de sa robustesse. Enfin j'en sais rien. A vrai dire, j'sais même pas pourquoi j'vous en parle...
Au moment où je rempli à nouveau mon verre, vidé d'une traite, avec le robinet du tonneau sur lequel je suis assis, un homme emmitouflé dans sa veste entre, casquette enfoncée jusqu'au pif.
Melody vient alors se poser sur mon épaule.

* Lui, il est louche. Louche, louche, louche. *

« M'en tape. Du moment qu'il boit et ferme sa gueule. »


Presque a la suite, un autre homme entre. Celui là, il est comme moi... Le genre qui rentre quelque part avec les yeux rivés sur lui. On a les cheveux longs et d'une couleur peu commune. Bon, lui il se balade a moitié à poil. Je le fixe. Il avance vers nous. Je grimace.

* Oh putain ! *

Lâche ma p'tite fée au moment où l'homme s'adresse a Marcos, l'aubergiste, et... J'espère... Pas à moi.

« De quoi ?!
- Hein ? »


Derrière, ce connard de Flint s'permet une remarque. Le fou rire laisse soudainement place à un long silence. Le boss me regarde. Je regarde le fond de mon verre... Pendant une bonne minute. Brusquement, je le vide cul sec et le jette instantanément à la gueule de cet enfoiré.

« T'as mère la mouche Flint ! T'iras demander à ta femme ce qu'elle pense des tarlouzes !! »

Beugle-je à son attention, tout en mimant l'acte accompagné de fessés.
L'assemblée repart dans un fou rire plus intense que le précédent, Flint lui, voit rouge. En même temps, c'est l'pire bras cassé du coin. Ce mec est le révo le plus connu de l'île !!! Parce que c'est le révo le plus inutile, tout l'monde se fout de sa gueule à Clock. On sait tous que son plus grand exploit c'est d'avoir dit à son supérieur qu'il allait pleuvoir. Tsss. Mange merde.

« Si tu fais tomber encore un verre où que tu m'traites encore de tafiole, j'te boucle dans un tonneau et j'te balance à la mer. »

Mon regard ce porte alors sur ce mec torse nu, à la tignasse enneigée. Un regard plein de... Rien... Un simple regard d'homme un peu soul, un peu énervé. J'attrape un verre sous le comptoir et le rempli, je fais pareil avec un deuxième verre que je pose devant le nouvel arrivant.
Du sans alcool. Tss connard.
Marcos observe et ne dit rien, servir un jus d'orange, ici, c'est comme déclencher un buster call.

« On est pas dans un salon de thé ici. Et puis, tu vas pas donner raison à ce connard de Flint si ? »

Pendant que j'invite le neigeux à boire quelque chose de plus saint que du jus d'fruit, Melody, elle, préfère fureté du côté de l'homme à la casquette. Posée sur une poutre au dessus de sa tête elle l'observe. Il n'a pas lâché un mot depuis qu'il est là, pas un bruit, comme si personne ne devait savoir qui il est. Louche, louche, louche comme aime se répéter la petite fée. Elle aura le fin mot de l'histoire !

De mon côté, je fini à nouveau mon verre. Faut en inventer qui s'vide pas. Parce que c'est ce qui a de plus casse couille... Le moment de remplir...
Je détache une gourde de ma ceinture.

« Bordel Zeg !
- Baaah ! J'suis sûr c'est pas une petite nature.
- Ouais mais bon... Si c'est pas le cas...
- Il fera dodo. Allez bois ton verre de rhum que je te serve un peu de mon nectar divin ! »


Dis-je tout en remplissant mon verre et une deuxième choppe avec ma gourde.

« Absinthe maison ! Mais bois déjà ton rhum avant, c'est conseillé. »

C'est comme ça que ça se passe ici. Tu demandes un jus de fruit et tu te retrouves avec ce qu'on a de plus fort dans la boutique. Héhé. On va rigoler.
Amusé, le patron se dirige vers la table de l'inconnu en casquette pour lui demander ce qu'il boit, pendant que je fixe, impassible, le borgne. Relève mon défi p'tite bite !

« Allezzzz !!! Fais pas ton Flint !!! Montre lui qui c'est l'homme qui va prendre soin de son trou du cul, ahahahahahahahahahahahahah ! Hic ! »

Nouveau fou rire dans l'assemblée, Flint, le nez toujours ensanglanté par ma choppe, est sûr le point de péter un câble, j'espère que ses potes sont pas assez cons pour s'en mêler. Enfin pour eux hein, en vrai je m'en bat les couilles de leur casser la gueule. Bientôt dans toute la salle, un refrain résonne :

« Cul sec ! Cul sec ! Cul sec ! »

J'fixe le blandin, bah ouais, il est pas blondin, jusqu'à ce qu'il porte ce liquide divin à sa bouche. J'vois dans son regard que l'homme veut pas passer pour un gland. Sans frissonner du téton, le verre de rhum y passe en premier comme conseillé.

« T'as chaud ? C'est normal, ça veut dire que t'es encore en vie. »

Sans lui laisser le temps de souffler, j'pousse du doigt l'absinthe. Hésites pas gros, bois ! Bois !
Et il boit. Cul sec. Et il devient rouge. Il est en train d'exploser ? J'tape brutalement mais amicalement sur son épaule, ce qui le fait chanceler un peu. Alors que ma victime se remet du choc, pas tout l'monde peut encaisser ça d'une traite, j'balance à l'attention de Flint.

« Alors, c'est qui la pédale maintenant ? T'arrives même pas a boire un verre de Rhum !
- Mais foutez moi la paix putain ! J'trouve que j'suis souvent la cible des colifichet
- Hein ?!
- Hein ?!
- Ouais, et j'aimerai bien qu'on commence a me traiter en tant que tel !
- Euhh... »


J'sais pas où l'révo est parti là, mais on l'a perdu ! Et il me donne mal au crane à lancer des phrases sans queue ni tête. Attrapant un nouveau verre vide, je lui lance à la tronche mais... Cette fois, ce connard ose retourner la table pour se cacher derrière. C'est un signe de défi ça !
Alors que je me lève pour aller l'empoigner par la peau du cul, une choppe vient heurter mon épaule.

« Oh putain. »

* Oh putain. *

« Euh... Désolé Zeg... C'était sous le coup du...
- Rien a battre ! »


M'approchant de lui, la fureur dans l'regard, je décale la table renversée pour retrouver debout, face à Flint posé sur son cul. Il sait ce qu'il a déclenché le con.
Du haut de mes deux mètres, je le soulève par le col. Le révo' secoue ses petites pattes pour essayer de toucher le sol mais... Mon poing vient s'écraser sur sa face et lui, s'envole sur une des tables du fond. Là où s'trouve Melody et le mec louche en casquette.
Profitant de mon inattention, un des potes de Flint s'approche pour me mettre un taquet. Une chaise vient l'empêcher d'accomplir son forfait. Je tourne la tête et aperçois Jack, mon collègue de jeu de carte. Son sourire éclatant prouve le plaisir qu'il a eu à le faire.

« Moi aussi j'veux m'amuser ! »

Et voilà, signal de départ, tout l'monde se lève et un ivrogne, pas moi, hurle:

« Baston générale !!! »
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L'idéal eut été une gargote vide, seulement, la morne atmosphère qui accablait les débris de Clockwork n'avait pas entièrement miné la pléiade de survivants. Ils grouillaient les survivants. Un oeil peu averti aurait pu s'imaginer arpenter une île fantôme tant les passants se faisaient rares. Et pourtant, on vivait par légions entières. En cas de cataclysme, tout bon rat savait s'adapter. La variété de rat peuplant et pullulant dans la fange de Clockwork Island avait su élaborer des refuges pour ses congénères : des tavernes.
Contraints de devoir passer leur vie sur l'eau, à voguer d'une bâtisse à l'autre, les locaux finissaient chaque trempés. Pour que la fièvre ne les crève pas un à un, et en l'absence d'approvisionnement en médicaments, on regorgeait d'astuces pour survivre. Le rhum avait su réchauffer les coeurs, et surtout les systèmes immunitaires. Quoi de mieux pour se remettre de l'humidité extérieure que de s'humecter de l'intérieur ?
Réchauffés à coup de grogs et divers mélanges douteux à base d'éthanol, les autochtones peuplaient fréquemment les tavernes, non pas par alcoolisme ou par vice bien entendu, mais pour entretenir leur santé. Leur santé semblait leur tenir tant à coeur qu'ils buvaient plus que de raison et s'abritaient des heures durant le soir dans ces "hôpitaux" où les remèdes vous étaient servis dans des chopes.

- Chié...

Alors que le cafard avait espéré pouvoir faire profil bas, le voilà qui entrait dans un temple de la gnôle, là où les fidèles se réunissaient fréquemment pour exprimer leur ferveur de zélotes. Plus il y avait de monde pour l'identifier, plus Joe augmentait ses chances de gagner un aller simple pour la Citadelle payé par l'aimable gouvernement mondial. Mal avisé, le forban avait franchi le pas de la porte, faire volte-face maintenant eut été trop suspect. Prenant bien soin de couvrir son visage derrière la visière de la casquette volée, il s'en alla trouver une table ou se poser tranquillement. Difficile de ne pas passer pour le taciturne de service quand on cherchait à ne pas attirer l'attention. Seulement, l'assemblée semblait visiblement trop avinée pour faire attention à lui ou à quoi que ce soit.
Les grandes gueules jacassaient pour ne rien dire, la joie de vivre et de brailler était palpable, on se provoquait gentiment entre deux rires gras, tout semblait être mis en oeuvre pour déplaire au cafard qui affectionnait le calme inquiétant des bouis-bouis sombres où seuls les marginaux de sa race avaient leurs accès.

Personne ne portait le moindre regard sur le cafard, et pourtant, ce dernier avait le pressentiment d'être observé depuis quelques temps. Quand on avait l'habitude d'être traqué, on ne prenait jamais ce genre d'impression à la légère. Joe avait beau ratisser tout le rade de ses petites pupilles noires, on ne faisait vraisemblablement pas attention à lui. Et pour cause, dans le vacarme ambiant, un animal au milieu de cette meute de soiffards beuglait avec plus d'insistance que ses petits camarades.
L'individu avait l'air si bien rincé qu'on en serait venu à se demander si son système sanguin ne carburait pas plus à l'éthanol qu'à l'hémoglobine.
Entre deux cris, il braillait, et quand il ne braillait pas il rugissait un torrent d'insanités assez denses pour agacer même le plus doux des agneaux. L'agneau ? Un énergumène de près de deux mètres  cinquante caché sous une longue tignasse de cheveux blancs.

- Cent-vingts kilos de muscles à vu de nez et pas une cicatrice où que ce soit ? Ça pue cette histoire...

Prudent, Joe avait pris soin de jauger tout péquenot s'agitant sous son regard sournois. De par son expérience, il se doutait bien qu'un individu à l'apparence si sauvage devait être un habitué des joutes physiques de tout ordre, et que l'absence de blessure laissait entendre que ce dernier était particulièrement doué dans son genre.
Ses soupçons sur le loustics ne tarderaient pas à être mis à l'épreuve puisque le gueulard en chef se mit en tête de provoquer cette masse de muscle ambulant pour une sotte histoire de boisson. Cela n'aurait pas pu mieux tomber. Sourire espiègle en coin, il tardait au forban de voir comment allait se terminer cette confrontation.

*Schling !*



Joe fit battre ses paupières éberlué. Il n'avait quitté des yeux ses proies qu'un instant, le temps de commander, qu'on avait commencé à se jeter des verres à la gueule. Bien évidemment, le principal intéressé dans l'affaire était toujours le même. L'idée que ce spécimen d'alcoolique ne se fasse rétamer par la plèbe ne dérangea pas Joe le moins du monde, et pourtant, il fut contrarié de ne pas avoir vu le colosse argenté le massacrer comme il se devait.

- Baston générale !

Lorsqu'on entassait des mammifères à l'intelligence aussi relative que celle des diverses peuplades de Clockwork Island, on finissait immanquablement par réduire le QI de la foule au plus faible dénominateur commun. Rapidement, les chopes vinrent à manquer, le sol était recouvert de débris de verre, et ce n'est qu'à cet instant que les choses sérieuses commencèrent. Les gnons tombèrent sur les arrêtes nasales, la chair s'entrechoquait ici et là. Les cris de joie laissèrent place aux râles d'agonie. Une fois K.O, seul le verre pilé au sol amortirait la chutes des moins hardis, les choses avaient vite dégénérées, le patron s'enfonçait les ongles dans le crâne.

- Mais qu'est-ce que t'as foutu Zeg ?! Pourquoi ça finit toujours comme ça tes conneries ?! T'as oublié que t'es là pour éviter qu'il y ait de la baston, pas pour la provoquer espèce d....

- Ferme-laaaaaaa ! Tout est sous contrôle Marcocotier, je gère !

Il gérait si bien qu'il était contrait enlever les quelques morceaux de verres venus se loger dans son bras.

- Allez joyeuse troupe ! Faites la queue leuleu, j'vais botter des culs en série !

Tandis que Joe, attablé au fond de la gargote, sirotait son verre de pinard bon marché, cinq gaillards s'étaient rués sur le gestionnaire de sécurité des lieux. Grand mal leur en prit, cinq coups de tête consécutifs suffit à calmer les ardeurs de ces messieurs qui s'agenouillèrent bien vite devant leur seigneur le roi des poivrot.

- Flint ! Va... *burp* va ouvrir c'te foutue porte, c'est l'heure de fermer d'toute façon !

La porte ouverte, Zegaï entreprit une série de lancés parfaits. La procédure était simple, il assommait de la masse qui lui servait de poing, balançait le principal intéressé dehors, et recommençait immédiatement avec le prochain malheureux qui lui tombait sous la pince. Les lieux se vidèrent à vitesse grand V, vraisemblablement, le saoulard avait autre chose à faire valoir que sa grande gueule.
Si ce n'est les quelques clients faisant à présent un avec le sol, ne restaient dans l'auberge que le propriétaire, son videur lourdement alcoolisé, le sauvage à longue tignasse qui n'avait presque pas bougé durant le raffut, et Joe.

- Ohé ! Toi là-bas avec la casquette, t'as besoin aussi que je te mandale pour que tu trouves le chemin de la sortie ?

Considérant comme acquis le départ du cafard, le chasseur de prime se tourna à nouveau vers son colosse de voisin prêt à l'asticoter à nouveau.

- Des clous.

Durant un court moment, le temps sembla d'être arrêté. Zegaï pivota son bassin dans la direction de l'emmerdeur de service qui avait eu le culot de donner une mauvaise réponse à sa question à mille berrys. Avant de ruer dans les brancards, il prit soin d'examiner l'individu afin de savoir à qui il avait à faire. Le cafard n'avait pas une carrure pour le moins impressionnante, et pourtant, il émanait de lui un quelque chose de pourri.

- Méfie-toi... Il a une tête qui me revient pas celui-là.

Pourtant, il avait l'air bien inoffensif ce balafré à casquette. Voûté au dessus de sa table sur laquelle il avait calé ses avant-bras, il lisait paisiblement un journal chipé sur une table voisine durant la cohue. Brutal mais sociable, Zeg s'en alla à sa rencontre, jusqu'à se dresser devant sa table.

- Alors comme ça on lit l'journal ? Jette-voir un oeil en rubrique faits divers, tu verras que les agressions sauvages de merdeux dans ton genre c'est monnaie courante dans le quartier.

"Crac" firent les phalanges du chasseur de prime alors qu'il s'échauffait les poings devant celui qui allait lui faire la joie de déguster ses mandales jusqu'à en gerber du sang. Paisiblement, Joe parcourra la gazette justement en page "faits divers". Sans même lever son regard en direction de l'impressionnante menace qui se dressait de l'autre côté de la table, le cafard étouffa un de ses rictus sournois.

- Y'a rien sur des agressions, par contre, il paraît que des tas de gigolos arpentent tous les bars de l'île à la recherche de clients potentiels. D'après les journalistes, on les reconnaît à leur tenue de samouraï achetée au rabais et à leur écharpe blanche de tapette.

Pliant le quotidien comme s'il avait achevé de le lire, il daigna enfin porter son regard sur son agresseur en devenir, l'observant des pieds à la tête sans manquer une seule seconde de simuler une moue méprisante à son encontre, il lâcha comme ayant eu une révélation :

- Oh bah ça alors... Une écharpe blanche hinhin...!

Les lèvres du forban s'entrouvrirent légèrement alors qu'il laissait échapper un court et sinistre ricanement, dévoilant ainsi sa mâchoire peu avenante ornée de dents qu'on aurait cru limées pour être aussi aiguisées.

- Hahahahahahaahaha !!! T'es un p'tit rigolo toi ! Hahahahahahaha !

- Hinhinhinhinhin ! Mieux vaut un petit rigolo qu'un gros gigolo dans ton genre hein ?! Yahinhinhin !

Leurs rires mêlés ne trompaient personne, l'hostilité qui s'en dégageait était tangible. Alors que Joe glissait lentement une main vers l'intérieur de son manteau et que Zeg triturait impatient la garde de son sabre, on pouvait sentir le souffle rance de la mort se répandre le long de la gargote, devant un tavernier impuissant. Le sauvage lui, toujours attablé à son bar, leur tournait le dos.

*Schling*

La tête de Zeg, sur laquelle venait de s'abattre une bouteille, pivota très légèrement sur sa droite. Les cinq bougres assommés tantôt venaient de se relever en colère.

- T... Tu vas voir ce qu'il en coûte de s'attaquer à la révol....

Un bruit sourd retentit alors que Zeg se saisissait de la mâchoire de l'insouciant qui avait osé l'attaquer par derrière. Soulevant sa prise, il la décolla du sol sans la moindre difficulté.

- Du Whisky ? TU VIENS DE ME JETER UNE BOUTEILLE DE WHISKY ?!!!

Ce n'était pas tant la douleur ou même la contrariété d'avoir été attaqué par derrière une énième fois qui mit le chasseur de prime dans tous ses états. Jamais, au grand jamais il ne fallait avoir l'outrecuidance de gâcher la moindre goutte d'alcool en sa présence, il n'en fallait pas plus pour le mettre suffisamment en rogne pour qu'il repeigne les murs de la taverne avec les tripes de ces mauvais buveurs. Concentré qu'il était sur cette petite frappe pétrie d'idéaux à dormir debout, un des congénères de ce dernier sortit une lame en toute discrétion, et, pénétrant dans un angle mort du soiffard en colère, s'apprêtait à l'écorcher vif.

*BANG*

Tous dans la taverne sursautèrent. Le revolver est plus fort que l'épée et le mousquet plus fort que le couteau. Aucun des révolutionnaires cherchant à en découdre avec Zeg ne s'était attendu à ce que le forban n'intervienne. Posément assis sur sa chaise, jambes croisées sur la table, Joe rechargea son arme. Lui tournant le dos, le chasseur de prime haussa les sourcils.

- J't'ai pas d'mandé de l'aide, j't'ai dit de te casser d'ici !

Pas un mot ne sortit de la bouche du forban, il n'avait aucune justification à donner. Là où les révolutionnaires exerçaient leur zèle, le plomb devait pleuvoir, tel était l'un des rares principes de vie que respectait le cafard. Rechargeant tranquillement son arme, il vit les trois autres hargneux en larme s'apprêter à fondre sur lui afin de venger leur collègue. Toutefois, avant de commettre pareille sottise, ils furent figés dans leur élan. Rien ne les retenait pourtant, mais quelque chose leur glaçait le sang. En un instant, ils s'étaient sentis recouverts d'une ombre terrifiante ne présageant qu'un drame pour le moins sinistre incombant à la carcasse en devenir qui leur servait de corps.
Derrière eux, le colosse venait enfin de se dresser.

- Vous commencez à tous me taper sur le système....
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Seigneurs Parmi Les Débris
SECONDE DANSE

Pourquoi suis-je donc venu dans cette foutue taverne ? Se questionna le borgne aux cheveux blancs, le regard rivé sur le verre rempli d'alcool qu'il tenait levé dans la main droite.

Yamiko savait pertinemment que refuser de boire ce qu'on lui avait servi à la place du jus de fruit qu'il avait commandé pourrait déclencher une guerre. Chose dont il n'avait point envie mais il n'était pas du tout amateur de ce liquide au gout fort déplaisant. Le chasseur de prime n'avait jamais compris comment on pouvait apprécier cette immondicité qui de prime vous poussait à commettre des méfaits si abus y était.

Se disant que refuser le défi ridicule de l'ivrogne ne pourrait qu'envenimer la situation alors qu'en acceptant de boire ce qu'il lui avait "imposé", l'importun lui accordera certainement la paix, Yamiko vida alors d'une traite le contenu de son verre. Malgré l'envie de tousser, le borgne resta impassible comme si rien ne se passait dans son corps alors qu'il sentait le liquide pervers lui brûler la gorge et bientôt l'estomac. Il ne s'était pas encore remis de ce qu'il venait de descendre que l'autre qui s'était invité à ses côtés remplissait de nouveau son verre d'un autre genre d'alcool qu'il supposa bien plus puissant que le rhum.

Je vais te le faire boire par le cul ton absinthe à la con ! Lâcha intérieurement l'agent de la BNA alors que mécaniquement sa main s'était refermée sur le verre qu'il avait déposé sur le bar. D'une traite, il vida le récipient qu'il avait ensuite du mal à reposer car le tournis le gagna soudain. Cette fois encore il ne cracha pas ses poumons mais de la chaleur le brûlait jusqu'aux oreilles alors que sa vue se brouillait. Le musculeux aux cheveux blancs ne se sentait vraiment pas bien.

Alors que son compagnon d'alcool improvisé s'en allait régler son différend avec le Flint, Yamiko secoua la tête pour tenter de retrouver ses esprits. Tout bourdonnait à présent dans son crâne. Complètement à l'ouest, le chasseur de prime attrapa la bouteille de rhum que Zegaï avait déposée sur le bar puis il but à même la bouteille. Dans son raisonnement d'un être qui n'avait plus toute sa tête, il se disait que l'alcool moins fort lui rincerait la gorge de l'autre qui était sur le point de l'achever. Naturellement, sa situation empira. Alors qu'il avait réussi à descendre une bonne gorgée, il se mit à tousser, crachant ce qu'il avait en bouche.

- Bordel ! Paniqua le serveur qui abandonna sa place de l'autre côté du comptoir pour venir tapoter le dos du borgne. C'est pas d'lait mon gars ! Faut pas l'descendre comme ça, surtout si on n'est pas un habitué comme toi !

Yamiko balança un bras pour faire comprendre qu'il n'avait pas besoin de sermon, ni d'assistance puis de nouveau il but dans la bouteille. Surement parce qu'il était déjà assez ivre pour ne plus distinguer correctement les goûts des choses mais le musculeux aux cheveux immaculés ne trouvait plus celui de l'alcool aussi abject qu'il pouvait le descendre sans mal. Il arrivait même à savourer cette sensation de brulure qui se déversait dans sa gorge jusqu'à dans son estomac.

- Tant que tu paies la bouteille ! Marmonna le serveur avant de reprendre tranquillement sa place derrière le comptoir sans accorder la moindre importante à la bagarre générale qui venait d'éclater dans l'établissement.

Pour le serveur c'était une scène banale à laquelle il ne prêtait plus aucune attention. Il n'était pas d'ailleurs le seul qui ignorait complètement la bataille des chaises, des chopes et des bouteilles. Outre Yamiko, qui avait carrément le dos tourné à la scène, quelques clients continuaient de picoler sereinement dans leur coin, se contentant juste d'esquiver les projectiles perdus dans leurs directions. Ils finirent cependant par s'énerver lorsque leur table se faisait fracasser par un combattant qui s'était fait envoyer valser ou parce que l'alcool avait tout simplement fini par leur noyer les cerveaux.

Bientôt l'endroit n'était plus qu'un chaos auquel le propriétaire assistait avec impuissance.

Un coup de feu sortit Yamiko de sa demi-torpeur alors qu'il continuait de descendre tranquillement sa bouteille de rhum. Délicatement, il reposa son précieux mais ses doigts crispés sur celui-ci en disaient long sur état intérieur. Tout doucement, le séant du borgne décolla du tabouret. Il pivota avant d'exprimer à vive voix toute son exaspération pas vraiment justifiée mais assez pour un ivre qu'il était.

Les paroles furent accompagnées d'un soulèvement d'une table faite de bois bien lourd que le musculeux balança de toutes ses forces sur les trois hommes qui se tenaient au premier rang. Constatant qu'il n'avait pas manqué ses cibles qui s'étaient étalées par terre, Yamiko reprit tranquillement sa place après un "hic".

Le propriétaire ordonna au videur - qu'il reprocha préalablement de faire mal son métier - de vider l'établissement sans oublier de débarrasser le plancher de tous les corps qui y trainaient puis l'homme s'éclipsa.

- Z'avez entendu ! Débarrassez le plancher bande d'enculé avant que je ne vous foutes dehors à coup de pied dans vos gros culs ! Se contenta de gueuler le videur bien chiffonné avant de vider d'une traite un énième godet de son absinthe.

Maladroitement, ceux qui pouvaient encore bouger se ruèrent dehors. Bientôt, il ne restait plus que ceux qui s'étaient pris des coups bien trop violents qu'ils avaient perdu connaissance ainsi que le cafard cauteleux, l'ours mal léché et l'agneau silencieux.

Parmi les corps inertes se trouvaient les cinq révolutionnaires.

Joe et Zegaï prirent place aux côtés de Yamiko. Ils discutèrent comme s'ils étaient des vieux potes sans oublier de se rafraichir la gorge de temps à autre. Imbibés d'alcool jusqu' à la moelle, ils ne savaient pas qu'ils étaient entre pirate primé et chasseurs de prime. Le débat sur un sujet auquel Zegaï et Joe n'étaient pas d'accord finit par être lancé.

- T'en penses quoi mon pote ? Demanda Zegaï à Yamiko tout en le frappant amicalement dans le dos mais le borgne s'effondra sur le bar.
- Je crois qu'on l'a perdu !
-  Nan mais elle elle sort d'où, hic , cette tarlouze !?
...


Dernière édition par Yamiko le Dim 30 Oct 2016 - 16:33, édité 2 fois
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Nan mais qui s'est imaginé ça ? Un grand costaud, tablette de chocolat et tout. Deux bouteilles et le voilà déjà cadavre sur la table. Je soupire alors que Melody vient se poser sur la tête du borgne comateux, toisant Joe de haut en bas. La p'tite est pas folle, contrairement à ses collègues chasseurs, complètement pétés, les idées encore clair comme l'eau avant d'finir dans ton vin. S'asseyant en tailleurs sur la chevelure blanche du tas de muscle, la fée croise les bras et hoche la tête de dépit à presque toutes nos phrases. C'est parce qu'elle a pas bue d'absinthe, elle peut pas comprendre, on est trop ouvert d'esprit.
J'attrape la bouteille du dit alcool et m'en ressert un godet plein, faisant de même pour l'trou duc à la  casquette. J'sais pas d'où qu'il sort ce clodo mais, il tient la route. D'ailleurs, après m'être rincer la gorge, j'répond à ça question, histoire de revenir à nos moutons.

« Wééé mais j'en ai qu'une, j'vois pas à … à... à quoi ça peut m'servir plusieurs tentacules... hic.
- Pour la sensation des ventouses qui se serrent ! Et pis la bouche ventouse ! T'y, hic, a pensé à la bouche en ventouse hein ?!
- Wéééé maiiis, du coup, un tentacule et une bouche suffit, pas besoin de vingt !
- Huit !
- Hu-hic ? Le nombre de tentacules que tu peux entourer dessus ? Ou... ou... ou l'nombre de tentacule d'une femme poulpe ? Hic.
- La deuxième, hic ! Même si je pourrais m'vanter d'la première !
- Le réel problème, hips, c'est l'encre mec ! L'encre ! T'en a partout et ça tâche mec ! Hips.
- Ah wééé. Merde. 
»

* Je n'arrive pas à croire que j'assiste à une discussion pareil. *

« C'est parce que t'es une... Hic... Une meuf, t'peux pas comprendre !
- Bordel ! Ca parle ce truc ?!
- Wéééé. Trop des fois. Mais c'est... par le psychotiquelquechose !
 »

* Télépathie, abrutit. *

On hoche la tête pour pas la vexer et au même moment, v'la que l'borgne s'réveille en sursaut, forçant Melody à s'envoler d'urgence. Il tape du poing sur la table et beugle comme un démon.

« EAGLE CLAWS INDEPENDAAAAAANT !! »

Gros blanc. On s'regarde avec le Joe, on cherche des réponses qu'on trouve pas, on fixe alors Yamiko. C'est là que j'pige ce qui va pas. D'un mouvement approximatif, j'empoigne le verre de la tarlouze et je verse un peu d'absinthe, pas plus haut que l'bord.

« T'inquiètes, ça va aller gros.
- Mer... Merci...
 »

La gueule totalement ravagée par l'ivresse, le collègue boit d'une traite le contenu, sans prêter attention à ce que c'est. Ah'ah, le con. Bim, il s'écrase à nouveau le crâne contre la table. On entre choc nos choppes avec le pirate, on s'fout bien de sa gueule et on s'rince le gosier entre deux rires.
J'peux pas dire combien de temps on a continué comme ça, mais un bon et looong moment. Pour sûr. Autant que qu'un œil tient pas l'alcool. Marco est allé s'pieuter d'ailleurs, me demandant d'pas déclencher une guerre pendant ce qu'il reste de nuit.
T'inquiètes, j'ai fermé à clef tout à l'heure, personne viendra m'faire chier ce soir.

« T'en r'veux ? »

Que j'lance au collègue encore vivant, il dévoile sa rangée de dents aiguisées comme des couteaux et, sans attendre sa réponse, je lui reverse un bon godet et en fait de même pour moi. Empoignant mon verre, j'pose mes panards sur la table et lâche un soupire de soulagement après avoir apporté, une nouvelle fois, l'absinthe à ma bouche.
De son côté, l'Joe m'épate, il encaisse presque aussi bien que moi l'saligo, bon du coup, les conversations sont pas forcément portées sur la théorie des atomes dans l'monde. Mais c'est pas plus mal. L'coin est déjà assez chiant pour qu'on s'emmerde avec des discussions à chier.
Hé'hé, j'regarde à nouveau le chasseur endormi. J'peux pas m'empêcher de ricaner, y'en a un qui va être bien demain. Ahah.
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- Quelle heure il est ?

- Ça ne fait même pas une minute depuis la dernière fois où tu as demandé.

Du côté des pachas de la révolution, on se rongeait les sangs jusqu'à l'anémie. Trois anciens, grisonnants et secs, se terraient dans un petit abri sub-aquatique aménagé quelque part parmi les décombres de Clockwork Island. Personnellement dépêchés par les hauts-gradés révolutionnaires pour faire tomber les restes de l'île sous leur coupe, la modeste trinité ne badinait pas avec sa lutte contre le gouvernement mondial.

- Devons-nous considérer que l'opération est avortée ?

- Oublie-ça Ferzel ! On planche dessus depuis trop longtemps pour abandonner !

Un silence pesant étouffa le bunker secret dans lequel les vieillards demeuraient au quotidien. Aucun parmi eux n'avait vu la lumière du jour depuis qu'ils avaient pris leurs affectations sur l'île, mais tel était le sacrifice à faire quand on administrait l'élan révolutionnaire à une si grande échelle. Ces ermites sous-marins n'avaient de contact avec l'extérieur que par le biais d'un intermédiaire chargé de les informer et de les approvisionner.
Personne à la surface ne se serait imaginé qu'un marmot d'une dizaine d'années constituait le chaînon unissant les commandants de la révolution à leurs troupes. Ses pas rapprochés raisonnant dans la cage d'escalier résonnaient dans l'immense salle glacée où résidaient les vénérables. La porte séparant les deux pièces s'ouvrit lentement pour révéler un morveux quelconque au regard terne et à l'air ahuri.

- J'ose espérer que tu nous apportes de bonnes nouvelles Poco....

Mais très vite, en voyant l'enfant déglutir, les trois saisirent qu'aucun espoir ne serait permis.

- Poco au rapport ! Aucune nouvelle des espions. Les recherches sont en cours.

Et aussi vite apparu, aussi vite eut-il fait de déguerpir à pas cadencés pour regagner la surface.

- Il me fait bien rire avec ses recherches. Comment peuvent-ils trouver des espions dont aucun d'entre eux ne savent à quoi ils ressemblent. Mais encore une fois, on ne peut pas leur transmettre ce que l'on sait, la marine aussi a ses espions...  

Deux ans auparavant, cinq agents révolutionnaires étaient parvenus à être sélectionnés pour rejoindre l'intendance d'un palais appartenant à la famille Albenas. Recrutés comme domestiques, ils avaient pour mission première de glaner toute information susceptible d'échapper aux Dragons Célestes, peuplant occasionnellement les lieux, et d'en avertir le commandement révolutionnaire. La moindre tentative d'assassinat leur étant impossible du fait de la garde composée de membres du CP 7. La moindre information sur un éventuel itinéraire maritime, là où les Dragons Célestes seraient isolés et vulnérables constituait un Graal que cherchait à obtenir la révolution.
Cette mission s'éternisa deux ans avant que les valets infiltrés ne mettent enfin la  main sur cette information de valeur. De peur de voir leur communication captée par des DenDen espions, chaque membre du personnel étant scruté de prêt par le Cipher Pol chargé de la protection des nantis, il leur fallut prétexter un congé afin de contacter en personne les cadres révolutionnaires susceptibles de tirer parti de l'information capitale qu'ils venaient d'acquérir.

Le seul contact que l'un d'eux transmit à leur officier de liaison fut "De retour au bercail dans cinq jours, tant de bonnes nouvelles à partager en famille", il ne put s'étendre davantage, les conversations via Den Den et leur correspondance étant épiées où qu'ils aillent.

Alors que le jour se levait, la date initialement prévue du retour des enfants prodiges avait été outrepassée de vingt-quatre heures.

- Dans le pire scénario envisageable, on peut supposer qu'ils aient été repérés par le CP 7 et qu'on cherche à leur faire cracher le nom des commanditaires.

- Si tel avait été le cas, ils auraient parlé depuis longtemps, aucun d'eux n'a été entraîné à résister à leurs méthodes d'interrogatoire.

- La marine n'ayant pas encore débarqué en masse pour faire du grabuge, j'en déduis donc qu'ils n'ont pas été capturés.

À se faire du souci comme des parents inquiets de ne pas voir leur marmaille rentrer passée l'heure du couvre feu, les trois dirigeants de l'ombre tentaient de comprendre pourquoi leurs espions n'étaient encore pas arrivés. Une fois de plus, un silence d'outre-tombe les écrasa sous le poids de leurs inquiétudes.
Seul le bruit des pas dans l'escalier en pierre les sortit enfin de leur torpeur. Cette fois-ci, la cadence fut plus soutenue, plus lente, l'attente de cet émissaire d'habitude si vif leur était insupportable. Enfin, l'épaisse porte en bois s'ouvrit dans un grincement à vriller les tympans d'un sourd. Ce qui sortit de la pénombre de la cage d'escalier ne manqua pas de les faire réagir.

- Que.... Qu'est-ce qu'il fait ici ?!!

D'habitude assis sur leurs chaises garnies de coussins aplatis sous le poids de leur séant respectif, les vieillards se dressèrent tant ils étaient choqués de ce qui se présentait à eux.

Seigneurs parmi les débris  Latest?cb=20111031193253

- D... Désolé vénérables... Il m'a suivi sans que je m'en aperçoive.

- Pour qui vous vous prenez ! Qu'est-ce que vous nous voulez ?! Qui vous paie !

Déjà Ferzel était sur la défensive, on avait infiltré leur terrier, le pire était à venir.

- Du calme Ferzel... Il ne nous est pas hostile. N'est-ce pas Laccot ?

Aucune réponse de la part de l'intrus qui se contentait d'observer chaque pierre constituant l'enclos dans lequel les vieilles badernes étaient captives depuis maintenant des années.

- Comment Guil, tu le connais ?!

Rassuré mais contrarié, Guil se laissa retomber sur son siège, las et résigné. Il savait ce qu'impliquait la présence du ténébreux pour leurs affaires et cela ne lui plu que moyennement.

- Laccot Pochin, ancien chasseur de prime s'étant mis la marine à dos après s'être montré trop gourmand. Il offre ses services de porte-flingue à la révolution depuis quelques années maintenant, mais.... Moins on le sollicite, mieux on se porte. Il a le don de pratiquer des tarifs pour le moins exorbitants...

Ce portrait établi en demi teinte, ses deux homologues ne savaient en quoi s'en tenir concernant ce marginal hirsute suffisamment habile pour localiser leur bunker. On fit une fois de plus place au silence afin de connaître les motivations de ce qui se présentait à eux comme un révolutionnaire par intérêt pécunier. Ce dernier les scruta un à un avant d'étouffer un rictus.

- Fichtre.. ohoh... Si j'avais su que je rencontrerais mon biographe, j'aurais mis un slip propre.

Depuis qu'il était entré, sa main n'avait pas quittée l'épaule du jeune garçon qui l'avait mené malgré lui jusqu'à l'antre de la révolution locale.

- Vous n'être décidément pas très discrets. Ça fait quelques heures que vos mongoliens s'agitent dans tous les sens là-haut, j'ai pas tardé à saisir que quelque chose clochait.

Frictionnant la crinière de Poco comme pour paraître bienveillant, il relâcha enfin l'étreinte de sa griffe de l'épaule du garçonnet.

- Depuis trois mois déjà, j'ai eu le temps de piger que ce brave gamin vous servait d'intermédiaire. J'agis peu, mais j'observe beaucoup.

- Si tu observes tant, est-ce qu...

La pointe de la lame du bretteur effleura soudain la barbe de l'ancien trop bavard. Personne n'avait vu ou entendu un sabre être dégainé, tout s'était passé en un battement de paupières, et la pression qui avait commencée à s'atténuer imprégna à nouveau chaque pierre du mouroir sous-marin.

- JE parle.

S'étant fait comprendre comme il l'entendait, Laccot remit son meitou dans son fourreau avec une minutie insoupçonnée pour un mercenaire de son espèce.

- Chaque arrivée et chaque départ d'embarcation sur cette île m'est rapportée. Et hier, en fin d'après-midi, un voilier avec à son bord cinq hommes venus de Marijoa nous est parvenue. L'un d'eux avait un grain de beauté recouvrant le lobe de son oreille droite.

D'un geste de la tête, il pointa l'un des dossiers laissés négligemment sur la table de travail des grands manitous révolutionnaires. Il s'agissait d'un récapitulatif des états de service de chaque espion envoyé depuis Clockwork Island, sur lequel figurait en plus une photographie captée par Visuo Dial. Guil s'empara dudit dossier pour en scruter la photo. L'homme y apparaissant possédait le même grain de beauté décrit par l'intrus.

- Ils sont arrivés à bon port !

- Rien n'est perdu on peut encore....

Le son du métal affûté frottant contre le fourreau pour s'en extraire calma immédiatement les ardeurs nouvelles des vieillards.

- Je disais donc... qu'ils sont en effet parmi nous. Ce qui veut dire qu'il leur est arrivé quelque chose hier soir avant de venir ici.

Personne n'osa reprendre le taciturne aux airs menaçants.

- Euh... j'ai fini de parler...

Ferzel osa enfin poursuivre la conversation qui avait virée un temps au monologue.

- Est-ce que vous pourriez nous aider à les retrouver ?

- Oui. Je le pourrais.

- Est-ce que vous allez le faire ?

- Je ne sais pas encore. Est-ce que vous allez me verser cent millions de berrys maintenant pour que je m'y mette ?

Mercenaire oblige, Laccot ne travaillait pas pour de belles promesses révolutionnaires. Ces couillonneries, comme il appelait ça, le faisaient d'ailleurs atrocement rire lorsqu'il observait toute cette main d'oeuvre prête à travailler gratuitement avec comme seul salaire une nouvelle salve d'idéaux aussi confus qu'abscons bons à leur farcir les neurones.

- Accordé !

L'aubaine était trop belle. Cent millions pour obtenir des renseignements aussi précieux que l'itinéraire maritime futur de Dragons Célestes ne représentait qu'un prix dérisoire. Guil envoya Poco prévenir les trésoriers révolutionnaires, d'innombrables commerçants répartis sur toute l'île et chargés de blanchir l'argent de la cause.
Cela prit vingt bonnes minutes avant que le garçon ne resurgisse, éreinté, avec une valise en piteux état remplie à ras bord de billets froissés.

- C'est bien mon garçon. Laisse-ça ici, je viendrai la rechercher quand je vous aurais ramené vos cinq mongoliens.

Agrippant fermement le fourreau de son meitou, le mercenaire grisonnant, présentant jusque là comme quelqu'un de particulièrement mou fit volte-face avec une vivacité à laquelle aucun des vénérables ne s'était attendu. Fusant comme s'il ne pesait pas même un kilos, Laccot grimpa les escaliers quatre par quatre pour retrouver l'air vicié mais léger de l'extérieur.
La veille, ses informateurs personnels n'avaient pas manqué de lui faire savoir que quelques ivrognes avaient causé leur lot de désordre dans une taverne située dans les quartiers Nord de l'île. Si quelque chose était arrivé aux cinq révolutionnaire, il y avait fort à parier que leur sort s'était joué en ces lieux.
    C'est à un douloureux torticolis manquant de lui rompre le cou que Joe dû son réveil prématuré. Sommeiller assis sur un tabouret, face étalée sur le comptoir, ne prédisposait que trop peu à un sommeil agréable. Son premier réflexe fut de porter sa main à sa nuque pour tenter d'en atténuer le mal qui l'assaillait. Tout en se massant, il cherchait à comprendre où il se trouvait.

    - Ça tangue pas... Je dois pas être sur un rafiot.

    Réveillé avec une gueule de bois comme la sienne, il ne pouvait encore aboutir à de meilleures déductions. L'endroit était sombre et empestait la sueur et la fermentation. Alors qu'il était occupé à faire craquer chaque os de son corps meurtri par la position dans laquelle il s'était endormi, le cafard saisit enfin que sa carcasse s'était assoupie dans une taverne. Pour autant, aucun souvenir de la veille ne parvenait à trouver le chemin de sa cervelle ankylosée par l'alcool qui trempait encore abondamment dans son système sanguin.
    À sa gauche, dans la pénombre, un grognard ronflait bruyamment joue appuyée contre le comptoir. Celui-ci contrairement à Joe avait su s'aménager un coussin artisanal à partir de son écharpe roulée en boule.
    À sa droite, une créature à la carrure pour le moins inquiétante somnolait elle aussi. On aurait pu penser que les deux assoupis se concurrençaient pour déterminer qui parviendrait à ronfler le plus fort. Curieux et pour le moins téméraire au lever du lit, Joe s'empara à pleine poigne de la longue tignasse pâle servant de chevelure à la bête et tira dessus afin d'observer le visage de l'intéressé.

    - Décevant. J'avais espéré plus terrifiant.

    De son autre main, il trempa l'index dans un cendrier pour brosser ensuite des moustaches noires de chat sur les joues de son voisin de comptoir avant de laisser la tête tomber lourdement sur le comptoir, manquant de réveiller le loustic.

    - GgrrrrRrrMmbLll... RrRrROoooOoOonFfffffffFf

    - Si tu le dis grand, si tu le dis.

    Il suffit au cafard de quelques étirements entremêlés de bâillements pour que la mémoire ne lui revienne peu à peu. Il se rappela enfin de la nuit entière passée à débiter un ramassis de mondanités corsaires avec ses partenaires de beuverie dont il cherchait encore le nom.

    - C'était quoi déjà ?... Zgeg et Yamoku y me semble. Deux beaux tocards en tout cas.

    Ses méninges à peu près opérationnels, le cafard fit rouler une épaule, puis une deuxième, et manqua de s'affaler sur le sol en descendant de son tabouret. Préférant d'habitude se rincer le foie avec parcimonie, il lui semblait avoir fait une folie. Considérant l'état d'ébriété dans lequel il se trouvait, Joe estima sa consommation de la veille à une bonne vingtaine de récipients de tord-boyaux.
    Alors que les premiers rayons du soleil pénétraient les interstices des volets, le forban parvint à distinguer avec plus de précision l'étendue des dégâts. Aux pieds de "Zgeg" trônait une trentaine de cadavres de ce qu'ils avaient siphonné ensemble au cours de la nuit tumultueuse.

    - Nom de... Le foutu fils de renard !

    Debout derrière ledit fils de renard paisiblement avachi la gueule sur son écharpe, le cafard lui claqua la nuque d'une légère volée de paume sans que l'ivrogne ne semble ressentir quoi que ce soit.

    - On a pas idée de faire picoler son monde comme ça. J'en ai bien pour six heures à récupérer. Chié !

    Soucieux de ne pas repartir les mains vides, Joe n'hésita pas à s'emparer du butin logé en caisse. Il n'irait pas loin avec trente mille berrys, mais pour le cafard, il n'y avait pas de petit larcin qui tienne. S'apprêtant enfin à quitter le bouge dans lequel il avait fermenté la nuit durant, son pied se heurta à un obstacle encore drapé de l'obscurité ambiante. Correctement aviné, le boucanier chuta avec la grâce qui était la sienne, son nez rebondissant contre le parquet.
    Malgré le vacarme, les deux autres soiffards restaient abattus comme des masses, cloués la tête contre le comptoir.

    Se redressant vivement, le cafard ne manqua pas de piétiner vigoureusement ce qui venait de le faire chuter. D'après la consistance, il s'agissait d'un corps, plus mort que vif qui plus est. Quatre de ses semblables étaient étalés inertes autour. Là s'était stoppée l'épopée des glorieux espions de la révolution, par la simple faute d'un ivrogne, une brute et un forban particulièrement vicieux.

    Bien que le soleil ne semblait pas avoir ses droits sur Clockwork Island en cette saison, les modestes rayons perçants la grisaille suffirent à éblouir et accentuer le mal de tête du forban lorsqu'il se hasarda enfin à l'extérieur du rade.
    Toutefois, une ombre bienvenue vint s'interposer entre l'astre lumineux et le cafard indigne de ses bienfaits. Entrouvrant légèrement les paupières, Joe vit, perché sur le bâtiment aux trois quarts immergés lui faisant face, un individu diablement ténébreux sapé comme un nanti.

    - Toi. La taverne d'où tu sors, c'est bien "La marée haute" ?

    Un instant surpris que le bougre lui adresse la parole, le forban mit le temps avant d'analyser la question qui lui était posée afin d'y répondre le plus méticuleusement possible.

    - Dis-voir pisseux, tu trouves j'ai une gueule de cadastre ?

    S'il peinait à se souvenir de l'île sur laquelle il se trouvait, on ne pouvait attendre du cafard qu'il délivre des renseignements aussi précis que celui lui étant demandé. Eut-il néanmoins connu le nom de l'établissement dans lequel il avait passé la nuit qu'il n'aurait pas communiqué. Le simple fait de se montrer serviable sans contrepartie l'écoeurait au plus au point.
    Ravi d'avoir envoyé chier son prochain comme il le faisait si bien, Joe reprit sa route. La jonque dans laquelle il comptait naviguer n'allait pas se voler toute seule.

    - C'est drôle. Je reviens de chez des amis, ils avaient des tas de photos sur la table. Des amis..... des ennemis aussi.

    Alors qu'il tournait le dos au taciturne à la voix grave et douce, le forban ne put s'empêcher de se stopper pour répondre et ce, bien que son instinct lui indiquait d'ignorer cet empêcheur de tourner en rond.

    - T'es pas parti toi encore ? Si tu manques de contacts humains va donc tremper ton verollet dans un bordel. Et si tu manques de contacts tout court...

    Il ouvrit son imperméable dans lequel étaient accrochés d'innombrables mousquets garnissant sa garde robe et expliquant les incessants cliquetis se manifestant au moindre de ses pas.

    - Y'a toujours le contact avec le plomb qui est envisageable hinhin.

    La mise en scène était parfaitement orchestrée, le cafard restait persuadé qu'avec une telle présentation, il ferait son petit effet. Et pourtant, le visage son interlocuteur en amont demeura résolument impassible, décontenançant la graine de flibuste venue s'essayer à l'esbroufe. Manteau grand ouvert, immobile, Joe se sentait de plus en plus ridicule au fur et à mesure que les secondes passaient sans que son interlocuteur ne vacille ou ne manifeste la moindre réaction.

    - Biutag c'est ça ?

    Les yeux du cafard s'écarquillèrent aussi rapidement que sa mine se décomposa. Être reconnu sur Clockwork Island quand on connaissait son passif en ces lieux n'augurait rien de bon.

    - Q... Quoi ?

    Il n'en fallut pas plus pour que le ténébreux grisonnant ne pouffe légèrement. Sollicité par les vénérables de la révolution locale, Laccot, sans même avoir retrouvé les espions venait de comprendre de quoi il en retournait. Qu'un pirate aussi tristement réputé que le cafard se trouve dans les mêmes environs que les cinq disparus, cela ne pouvait tenir exclusivement au hasard.

    - Cicatrice sur la joue droite, aucun sourcil, regard traître, pas de doute, les vénérables me remettront une belle prime pour ta capture, j'imagine qu'ils n'ont pas ta photo chez eux juste pour l'admirer.

    Sans rien saisir à ce que lui disait le mercenaire qui venait de descendre de son perchoir d'un bond, Joe avait parfaitement compris qu'il n'avait pas affaire à n'importe qui.

    - J'ai quelque questions à te poser avant de te livrer aux vieux.

    - Hinhinhin.... hinhin..hinhin...YAHINHINHINHINHINHINHIN ! Triste sire va ! Tes réponses j'aurais vite fait de te les carrer dans l'oignon en guise d'épitaphe !

    Se saisissant de deux mousquets issus de son arsenal ambulant, le cafard comptait bien mettre ses menaces à exécution. Confiant en ses capacités à faire cracher la poudre et pleuvoir le plomb, ce n'était pas le premier guignol armé d'un sabre qui allait le mettre à genoux. C'est tout du moins ce qu'il pensait, ou plutôt, ce qu'il espérait.

    Son katana, Laccot ne le dégaina qu'un instant pour refléter le soleil dans les yeux de ce qui tentait vainement de s'imposer comme son adversaire. Perdre de vue un virtuose du combat tel que le porte-flingue des vénérables s'avéra être une erreur décisive. La migraine et l'alcool n'aidèrent pas Joe à être aussi réactif qu'à son habitude, très vite, en estoc, le fourreau du meitou du "triste sire" s'engouffra suffisamment dans son estomac du forban pour le faire plier le genoux.
    Pas de répit pour la canaille, souffle tout juste coupé, c'est cette fois la garde du sabre qui le heurta violemment au menton.

    Ainsi se clôtura cette brève rencontre entre un boucanier imbibé de whisky et un ancien chasseur de prime à la renommée ternie par l'avarice. Le plus éreintant pour Laccot à présent était d'attendre. Attendre que le souffle ne revienne au cafard qui avait rendu les armes avant même de tirer le moindre coup de feu.

    - Cinq hommes arrivés ensemble récemment, dont un avec un grain de beauté qui s'étend sur tout le lobe d'oreille, ça te dit quelque chose ?

    Toujours tenu en haleine, Joe retrouvait seulement sa respiration. Plutôt pressé, le mercenaire se saisit de l'encolure du manteau de son suspect et le fit décoller du sol.

    - Pourquoi faut-il que tu te montres moins bavard quand on attend que tu l'ouvres ? Réponds ou le prochain coup se fera sans fourreau.

    - *huf* *huf* Ah... Ah ouiii ! *huf* *huf* Je connais je connais ! Inoubliables ! Surtout monsieur grain de beauté *huf* *huf*, un sacré déconneur celui-là. On était justement ensemble à *huf* *huf* à la taverne d'où je viens.

    Quelque chose ne tournait pas rond. Clairement, le cafard mentait, c'était si probant que Laccot en venait à se demander s'il s'agissait d'une pitoyable tentative d'éviter les coups ou un simple foutage de gueule dans les règles de l'art. Toutefois, s'il y avait une réponse à ses interrogations, le mercenaire savait qu'elles proviendraient de la tanière d'où le cafard s'était extirpé.

    - Eh bien on va voir ça. Passe devant. Tu dévies de la trajectoire, tu meurs. Tu cries, tu meurs. Tu me manques encore de respect comme tu l'as fait tout à l'heure, tu meurs.

    Bousculé d'un coup de pied au cul, c'est la queue basse et la tête baissée que Joe, crachant un mince filet de sang, fut contraint d'obéir. Précédant son bourreau de moins d'un mètre et lui tournant le dos, le forban ne chercha même pas à dissimuler ce sourire satisfait et espiègle qui se dessinait si naturellement sur son visage à chaque manigance perfide qu'il ourdissait en son for intérieur. Il se délectait d'avance de la suite des opérations. Avec le choc, la mémoire lui était revenue.
    À "La marée haute", Zeg et Yamiko avaient exposé chacun une démonstration de force particulièrement remarquable. Le tout était à présent de se débrouiller afin de se servir d'eux pour se sortir de ce mauvais pas.

    - D'ailleurs, d'ailleurs, je suis content que tu sois venu.

    - Tiens donc.

    - Y'a deux types louches qui sont entrés hier soir et qui ont commencé à agresser tout le monde, je crois bien que tes copains ont écumé sévèrement.

    Et le silence se pointa alors que tous deux se trouvaient au pas de la porte de la taverne.

    - Laisse-moi juger des événements quand on sera à l'intérieur. Pour l'instant, le seul type louche que je vois, c'est toi. Ouvre la porte.

    - Ouvre la porte : s'il te plaît.

    Jusque là résigné et soumis, n'étant que trop habitué à arborer cette façade, le forban avait répondu sans réfléchir d'un ton sec et amer, comme si les miasmes de sournoiserie pullulant et grouillant dans sa chair lui avaient échappé en un renvoi involontaire. Laccot avait bien compris que cligner des yeux un seul instant après avoir contrarié le cafard pouvait lui être préjudiciable. S'abstenant de relever l'effronterie de son otage, le porte-flingue enfonça la porte d'un coup de pied.

    - On se calme, je viens en paix, mais vous mettez quand même les mains derrière la tête.







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    Seigneurs Parmi Les Débris
    TROISIÈME DANSE

    - Regarde-moi ça ! Après avoir foutu autant de bordels, le voilà qui arrive quand même à pioncer comme un nouveau-né ! Lâcha le patron de La Marée Haute qui se tenait non loin d'un Zegaï toujours dans les bras de Morphée. C'est qui celui-là ? Il le connaît ? Demanda-t-il au serveur qui se tenait non loin, tout en désignant Yamiko du regard.
    - Aucune idée patron !

    Le patron resta silencieux un bref instant avant de distribuer un violent coup de pied dans les pieds du tabouret sur lequel le videur de pacotille était installé. L'immobilier se fracassa et celui qu'il portait avec.

    - Que ... ? Lâcha Zegaï toujours dans les vapes tout en regardant autour de lui.
    - Je t'avais dit de nettoyer le plancher ! Lâcha le patron d'un ton irrité tout en pointant du doigt les quelques corps qui trainaient encore ici et là dans la taverne.

    Difficile de savoir s'ils étaient encore en vie mais la position étrange de certains était celle d'un homme mort.

    - Pas crier ! Se contenta de répondre le videur tout en se redressant avant d'aller s'installer maladroitement sur un autre tabouret, celui même où le Cafard avait reposé son séant jusqu'au petit matin.

    Prenant en main sa bouteille d'absinthe, l'amateur du liquide pervers tenta de remplir le petit récipient qui trainait devant lui mais une seule goutte tomba après une attente de plusieurs secondes. Vigoureusement, il secoua sa précieuse mais pas plus de liquide ne s'y déversa.

    - Fait chier ! Ragea l'avide d'alcool tout en reposant brutalement le récipient sur le comptoir.

    Ses yeux se figèrent sur la bouteille de rhum encore rempli à un quart - ou vidé à trois quart - qui se trouvait juste devant le borgne qui pionçait toujours, le crâne tourné vers Zegaï, la joue écrasée sur le bar et les bras suspendus misérablement dans le vide. Le videur tendit un bras pour attraper la bouteille mais alors que sa main était sur le point de se fermer sur le récipient tant convoité, le patron attrapa celui-ci pour le virer du comptoir dans un geste vif.

    - Fais ton boulot Zeg avant que je ne me fâche pour de bon !
    - J'ai besoin de m'rincer la gorge !
    - Vire-moi d'abord ces corps après je verrais si tu mérites encore que je te laisse boire dans ma taverne ! … J'en ai plus qu'assez de tes débordements !
    - Sans moi ta putain de taverne serait déjà fermée depuis un moment alors m'fait pas chier et file moi cette gnôle !
    - T'es viré ! Lâcha le patron en guise réponse avant d'aller se mettre derrière le bar, amenant la bouteille avec lui.

    L'homme sortit ensuite une arme à feu d'un tiroir dissimulé sous le comptoir puis tira en l'air.

    - DÉGAGEZ DE MON ÉTABLISSEMENT ! ICI N'EST PAS UNE CHAMBRE D'HÔTEL ! ALLEZ DONC PIONCER SOUS UN PONT SI VOUS NE SAVEZ PAS OÙ TRAINER VOTRE CARCASSE !

    Quelques corps bougèrent puis l'esprit encore quelque peu embrouillé, titubant ils dégagèrent comme demandé. Il ne restait plus huit inertes dont les cinq révolutionnaires et Yamiko. Le patron fixa ce dernier qui se trouvait le plus près de lui puis il tira, visant à côté de la tête à la chevelure blanche qui trainait misérablement sur le comptoir. La balle passa à quelques centimètres du crâne de l'assoupi qui se réveilla en sursaut.

    - Déga …

    Le patron s'interrompit voyant le visage barbouillé du borgne qui le fixait d'un œil à moitié fermé. La colère qui animait l'homme armé l'empêcha de rire de la scène plutôt comique mais il ne put poursuivre ses paroles.

    Ne saisissant pas la situation, Yamiko porta une main sur son front. Des courbatures s'éveillaient dans tout son corps mais le plus insupportable était un mal de tête qui menaçait de lui faire exploser le crâne.

    - Médicament ! Médicament s'il vous plaît ! Marmonna l'agent de la BNA qui finit par se tourner vers Zegaï.

    Ce dernier pouffa voyant les moustaches de chat qui avait été dessinées sur le facies du musculeux. Ne comprenant pas le sujet d'hilarité de son voisin de bar, le borgne le fixa un bref instant d'un œil interrogateur avant de se tourner vers le patron qui était resté silencieux.

    - Vous n'auriez pas quelque chose contre le mal de tête s'il vous plaît ?
    - Si, ça ! Fit le patron tout en désignant l'arme à feu qu'il tenait.
    - Partons de cette taverne de merde ! J'connais un endroit où tu pourrais dénicher le meilleur remède du monde pour ton mal l'ami ! Fit Zegaï qui avait abandonné son tabouret.

    Obsédé par son mal de tête, Yamiko se redressa s'apprêtant à suivre le jeune homme à la tignasse presque aussi longue que la sienne.

    - Prie que ta putain de taverne reste encore debout d'ici demain mon vieux ! Fit l'ancien videur, un sourire bien mesquin aux lèvres avant de se diriger vers la sortie, Yamiko - une main toujours sur son front - lui emboitant les pas.

    Soudain la porte d'entrée vola, manquant de ramasser Zegaï qui ouvrait la marche. Un homme dont la simple présence poussa immédiatement Yamiko dans la méfiance se présenta. Oubliant son mal, le corps du chasseur de prime habitué à reconnaitre le danger se crispa alors que l'étranger balançait des paroles qui les invitaient à ne faire preuve d'aucune résistance pour une raison qu'il omit d'avancer.

    - Tiens ! On dirait que t'as d'la visite, vieux ! Gueula Zegaï au propriétaire de La Marrée Haute avant de poursuivre son chemin des pas nonchalants mais le nouveau venu lui bloqua le passage. Dégage de mon chemin !
    - Lequel d'entre vous est l'auteur de ces œuvres ? Demanda sereinement le ténébreux qui venait de débarquer, désignant les corps des révolutionnaires qui ne semblaient pas vouloir revenir à eux.
    - Et si c'était moi ? Provoqua le Makiavel.

    En guise de réponse, l'homme dégaina son meitou dans un geste vif qui démontrait qu'il était un sabreur à ne pas sous-estimer. Dans l'élan, l'étrange personnage avait tranché devant lui. Geste qui aurait pu entailler Zegaï si Yamiko, en alerte, ne l'avait pas tiré en arrière par la tignasse par réflexe.

    - Putain ! A quoi tu joues la tarlouze !? Personne ne reste en vie après avoir touché à mes cheveux ! Râla l'ours mal léché à celui qui venait pourtant de lui éviter une mort certaine.
    - Ne crie pas s'il te plaît ! Fit Yamiko d'une voix basse. Ma tête va explo …

    Yamiko s'interrompit alors que Laccot les chargeait …


    Dernière édition par Yamiko le Mar 1 Nov 2016 - 18:04, édité 1 fois
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    Y'a des journées qui commence comme ça, avec la dose maximale de cassage de couille mais les casses couilles, j'en vois tout les jours et c'est pas ceux là qui vont m'emmerder longtemps. Alors que le nouveau glandu charge vers le borgne et moi même, j'balance du pied la première chaise à portée dans sa trajectoire. Bam, dans les guibolles.

    « Ah'ah'ah. T'as pas l'pied marin toi ah'ah'ah. »

    Que j'peux pas m'empêcher de lui balancer à la gueule, même si ça a aucun sens. Le mercenaire se stoppe pour me toiser d'un œil mauvais, l'arme toujours prête à lacérer la chair, pendant que j'me fous joyeusement de lui. Comme un con, j'recule sans m'rendre compte et je trébuche sur ce con de Flint... Même mort faut qu'il m'emmerde ce type. Je bouscule une table et tombe sur le cul, une bouteille heurte ma tête.

    « Hey salut toi, comment tu t'appelles ? »

    Soudain revigoré par cette découverte, je l'ouvre rapidement et la vide de son contenu, soit la moitié. Mais avec toute cette agitation, j'ai pas pris le temps de pisser... Et boire quand t'as déjà pas soulagé les litres ingurgités la veille, tendu l'ami !
    Péniblement, je me relève, m'appuyant sur la table renversée et la chaise à côté. Puis je pose gentiment la bouteille sur cette dernière.

    « Pour un mec qui vient en paix, j'te trouve vachement agressif. Enfin bref. C'est le sort de Flint qui t'intéresse ?
    - Exactement.
    - J'en déduis que t'es donc de la révolution. Ou un connard qui travail pour eux. Genre péripatéticienne.
     »

    L'homme me lance un regard sévère mais trahissant quand même sa surprise. Et ouais du con.

    « Le problème de la révo', c'est que vous croyez toujours avoir un plan d'avance sur tout le monde. La dur réalité, c'est que vous êtes en retard mes gros. »

    Je me déplace jusqu'au comptoir et empoigne une nouvelle bouteille, Marco ose rien redire, il sait que là je parle travail, mon vrai travail... Un truc que j'avais oublié depuis longtemps, laissé de côté, renié pour les pertes que ça m'a apporté. Mais ce connard de mercenaire révo de j'sais pas quoi, il a réveillé mon instinct de chasseur, il m'a rappelé pourquoi je fais ça.
    Remplissant une choppe pour me rincer encore une fois la gorge, empirant mon envie de pisser.

    « Deux minutes ! »

    A grand pas, je contourne le bar et vais m'enfermer dans les chiottes. Le bruit bien distinct du liquide qui rencontre du liquide se fait entendre pendant, allez facile, dix minutes. Léger, me sentant comme un nouvel homme, j'ouvre brusquement la porte et resurgis dans la pièce principale.

    « Désolé, urgent. Enfin, j'disais. »

    Un rot tonitruant sort du fin fond de ma glotte, glotte, grotte, compris ? Ahah. Non ? Laissez tombé.
    Je finis par m'adosser au comptoir en savourant un deuxième verre.

    « Ca fait un moment que j'suis là. J'connais l'animal, il était pas méchant, juste un peu con. Pour ça que j'ai jamais coffré ce type. Toi en revanche, t'es nouveau par ici et j'doute que t'ai fais tout le chemin pour voir ton vieux pote hein. Non je pense plutôt a un truc du genre, Flint a encore foiré sa mission ahahah. Et toi, tu viens voir ce qu'il en est. Si je me trompe pas et que les affiches de primes qu'on a sont à jour.
    - Elles le sont !
    - Wé donc, on se trompe pas, tu serais ce connard de Lacot de porc. Ahah, Lacot de porc. Ahahah. P'tain, j'suis déchiré.
    - Où tu veux en venir ? Viens en au fait avant que je t'ouvre en deux.
     »

    Une gorgée de rhum de bon matin. Hmmm. Je connais rien de meilleur. Alors que je dépose ma choppe, Melody, que personne n'a vu disparaître quand l'homme est arrivé, débarque par une fenêtre ouverte et vint se poser sur mon épaule, avec un sourire aussi grand qu'elle.

    « En temps normal, j'te parlerai pas, j'me contenterai de t'envoyer chier. Mais là, j'gagnais un peu de temps avant que mon collègue arrive.
    - Ahah, cette petite chose ? En quoi cela change quoi que se soit ?
    - Ahahah, si seulement elle pouvait me lâcher de temps en temps. Non là, c'est un pote de longue date qui m'aide un peu, quand il est à porté.
    - A porté ? Porté de quoi ?
    - Euh ouais de quoi ?
    - Euh...
    - Zeg, non, je t'en supplie ! Pas mon auberge, je te rembauche !
    - A porté d'la mer, vous aviez pas remarqué ? Que cette baraque flottait ? Et c'est moi qui picole trop ahahahah
    . »

    Brusquement, je finis ma choppe et l'éclate sur le bar.

    « Allez, pour la Team Rocket ! »

    Et là, ça fait un flash dans la mémoire de Lacot, une révélation. Zegaï, Team Rocket, ils sont tous mort sauf lui et.... Son regard m'indique qu'il a pigé, mon sourire lui fait comprendre que :

    « Trop tard gros. »

    Comme une torche qui s'allume brutalement, le sol de bois explose autour du mercenaire, manquant de peu Joe qui se trouve prêt de l'entré. Son tour viendra.
    Dans un brouhaha monumental, d'énormes tentacules jaillissent des profondeurs marines pour entrer dans le domaine terrestre, déchaînant sa fureur et balayant tout ce qui se trouvait dans la pièce. Ahahah, ce con fait pas dans la dentelle, il doit être aussi excité que moi de reprendre du service. On a un gros morceau à abattre, va falloir la jouer fine. Enfin après...
    Lacot se fait attraper par un tentacule qui se met à la secouer dans tout le sens avant de le balancer à travers le toit. Puis soudain tout redevient calme. Le monstre marin se retire, laissant un silence pesant planer sur les lieux. Silence vite envoyé chier.

    « Allez, on va chopper ce connard. La tarlouze t'es partant ? »

    Il était dans un coin, se tenant la tête. Ah ouais, c'est vrai, la gueule de bois. Ahahahah. L'intervention de Poulpy a dû lui détruire le cerveau ahahah.
    J'attrape une bouteille pleine et saute par dessus le trou béant laissé au beau milieu de la salle. Me dirigeant vers la sortie, je fixe Joe Biutag. El cafard... Un pirate qui n'a jamais si bien tenu son nom.

    « Je reviens pour toi après. »

    Dis-je en lui tapant le torse avec mon index, puis je disparu dehors.
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    « Je reviens pour toi après. »

    - À ta guise gigolo, je paierai la prestation en liquide.

    Sur le visage terne et vaguement colérique du cafard se profila un clin d'oeil taquin adressé au chasseur de prime. La réponse fut sèche et n'avait pas été soigneusement embaumée dans cette voix habituellement nasillarde aux relents pernicieux qu'il réservait à chaque impertinence verbale. L'heure n'était pas à la taquinerie de comptoir. Coincé entre le couperet du mercenaire et la rancœur du chasseur de prime, c'était à se demander si le forban n'aimait pas se compliquer la vie, plongeant sans cesse dans des couches plus profondes de calvaire.
    Bien que les augures s'avéraient funestes pour Joe, ce dernier s'appliquer à établir le théorème du cafard : "En cas d'affrontement triangulé, les deux parties les plus puissantes doivent être amenées à s'opposer pour que la troisième, en retrait, achève le survivant".

    Mais il n'était pas le seul théoricien douteux de la gargote. Laccot savait à quoi s'en tenir concernant son captif à casquette. Le laisser vaquer à l'air libre tandis que deux chasseurs de prime n'hésitaient pas à lui vouer une hostilité sans borne ne lui inspirait pas confiance. Si conflit il devait y avoir, et conflit il y aurait, affronter les énergumènes vers lesquels le cafard l'avait mené impliquerait le risque ô combien élevé de recevoir une salve de plomb dès l'instant où il aurait le dos tourné.

    - Biutag. Pendant que je m'occuperai de tes deux copines, tu resteras assis bien sagement à attendre que je te livre à la révolution hein ?

    Interpellé, le boucanier n'aurait jamais espéré de sa vie ravisseur plus candide et suicidaire.

    - Oh bah enfin.... sans l'ombre d'un doute ! Tu peux me faire confiaaaaaance voyons. hinhin

    Cette réponse de faux-jeton confirma les soupçons du mercenaire. Il entendait par avance la détonation du mousquet qui lui sonnerait le glas s'il venait à avoir l'idée saugrenue consistant à tourner le dos au pirate le plus retord de Grand Line. Prenant conscience peu à peu que sa proie avait tenté de le piéger en le menant dans pareil guêpier, Laccot devait limiter le potentiel de nuisance du cafard sans pour autant tirer un trait sur la récompense que lui fournirait les vénérables pour sa capture.

    - Ferme la bouche et te mord pas la langue.

    Cette injonction pour le moins soudaine tomba dans l'oreille d'un sourd.

    - Qu'est-ce que ma foutue langue a à voir avec cette hist...

    Son regard se troubla, tout était devenu flou et ondulait devant ses yeux. Un voile noir mit fin aux troubles et Joe s'effondra sur place. D'un geste aussi subit que violent, le poing du mercenaire avait surgit de sous la mâchoire du forban, ne manquant pas de lui ébranler le cervelet dans un splendide uppercut. L'avoine avait été si rapide que le résidu de flibuste n'avait ressenti aucune douleur avant de perdre connaissance et de s'écrouler.

    - Voilà un problème de plus en moins.

    Quel que soit le vainqueur de la joute sanglante qui se profilait, Joe n'en récolterait aucun fruit. Au survivant reviendrait la carcasse assoupie du cafard, un sac de viande de plus de cent millions de berrys qui gisait sur le plancher délabré de la taverne.

    - Quant à vous... Nous allons passer à la phase ratonnade avant que je ne vous traîne vers la phase torture.

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    Seigneurs Parmi Les Débris
    QUATRIÈME DANSE

    L'importun prit pour cible le serveur à la longue tignasse violacée qui, du genre bagarreur, n'avait point cherché à éteindre le feu. Au contraire, il avait préféré plutôt y jeter de l'huile.

    N'étant pas en état en plus de ne pas affectionner vraiment la violence à laquelle il se pliait uniquement lorsqu'il n'avait pas le choix, Yamiko se retira discrètement de la scène. De sa position reculée dans un coin de la taverne, le borgne aux cheveux blancs guettait la porte pour chercher un moyen de sortir. Malheureusement, à moins de devenir complètement invisible, le ténébreux au sabre risquait de le remarquer. Ainsi, il préféra se faire oublier dans son coin, tentant de combattre son mal de tête en se massant vainement les tempes. Un moment, il jeta un œil en direction du patron de la maison, hésitant à aller lui réclamer de nouveau de quoi soulager sa migraine mais il se ressaisit pensant qu'il avait plus de chance de récolter une balle dans le crâne au vu de la situation.

    Le cafard cauteleux s'était fait assommer telle une vraie tapette par le dénommé Laccot que l'ours mal léché se contentait à présent d'attaquer que verbalement.

    Attendant silencieusement dans son coin, Yamiko trouva le temps bien long. Tellement qu'il était sur le point d'aller tenter une sortie discrète malgré sa réticence au départ lorsqu'un céphalopode géant jaillit sans prévenir de sous le plancher. Le bruit de l'entrée fracassante du monstre marin empira le mal de crâne de Yamiko qui jura malgré lui, les deux mains sur la tête. Après avoir malmené Laccot, la bête colossale retourna ensuite au fond de l'océan.

    - Yamiko ! Mon nom est Yamiko ! Insista le borgne qui avait marre d'être traité de tarlouze, tout en suivant Zegaï à l'extérieur.

    Alors que l'ancien videur se dirigea vers Laccot qui était déjà paré à les accueillir, le chasseur de primes aux cheveux blancs tourna à gauche juste après la sortie.

    Ce combat il n'avait pas envie de s'en mêler. Tout ce qu'il désirait présentement c'était de prendre un médicament pour soulager son mal puis de se doucher seulement Laccot ne tenait pas à lui accorder ces souhaits. En effet l'homme le chargea sans prévenir. Surpris, le borgne ne put que se cambrer de justesse vers l'arrière pour éviter le sabre qui manqua de peu de le perforer au niveau du flanc gauche. La lame ripa sur ses abdominaux faisant gicler quelques gouttes de sang. La pointe avait réussi à lui arracher un peu de peau mais la blessure n'était que superficielle. Son élancement était bien moindre que celui-ci ne réussissait même pas à éclipser celui de son crâne.

    - Je ne t'ai pas autorisé à partir il me semble ! Lâcha le ténébreux d'une voix froide.

    Le borgne se contenta de fixer un instant Laccot d'un regard complètement placide avant de tenter de nouveau de s'avancer mais le mercenaire lui barra le chemin avec son sabre, tournant le côté tranchant de la lame vers le ventre du borgne aux cheveux blancs.

    - Tu es sourd ou quoi ?

    Comprenant que le combat était inévitable, de toutes ses forces Yamiko frappa sur le plat de la lame avec sa cuisse gauche, cherchant à faire tomber l'arme de la main de son manieur mais son attaque n'eut pas l'effet escompté. Son offensive n'avait même pas réussi à déstabiliser le mercenaire qui contrattaqua aussitôt en cherchant à empaler son assaillent mais Yamiko pivota sur le côté pour éviter le coup. Un geste brusque qui empira sa migraine. La douleur fut telle que par mauvais réflexe, le borgne porta une main à sa tempe pour tenter de calmer l'élancement qui menaçait de faire exploser son crâne. Laccot profita de ce moment de faiblesse pour l'attaquer de nouveau avant d'enchainer des coups d'estoc qui forcèrent Yamiko à reculer encore et encore dans ses esquives. N'étant pas au meilleur de ses formes, Yamiko se retrouva rapidement acculé par le fin sabreur qui ne lui accordait le moindre répit. À force de bouger sans cesse pour ne pas se faire trancher ou percer, la nausée gagna le borgne alors que son mal de tête empirait. Il finit par vomir tout en esquivant un énième harcèlement de sabre. La régurgitation souilla la lame avant que Laccot ne la retirât tout en reculant ne désirant se faire salir lui-même.

    - Quel ignominieux ! S'exclama le ténébreux avec dégout tout en fendant l'air avec sa lame pour faire tomber la souillure qui s'y était déposée alors que Yamiko s'était plié en deux, les mains sur les genoux, pour mieux vider son estomac qui semblait vouloir rejeter tout ce qu'il avait descendit la veille.

    Il était vrai que la scène était vraiment déshonorante pour le chasseur de prime aux cheveux blancs qui se promettait intérieurement de ne plus boire une seule goute d'alcool s'il s'en sortait de sa misère bien humiliante.

    Dans un tel état de faiblesse Yamiko était devenu une cible facile à abattre. Opportunité que Laccot tenta de saisir afin de le mettre en hors d'état de nuire définitivement. De nouveau le mercenaire chargea le borgne toujours baissé mais un coup de pierre sur la tête stoppa son élan.

    - Tu sembles m'avoir oublié mon gars ! Fit Zegaï qui ne pouvait s'empêcher de provoquer.

    De son côté, Yamiko se redressa tout doucement. Après le vomissement, son maux de tête s'était calmé sans pour autant avoir disparu. Le mal était toujours palpable mais il était néanmoins supportable.

    Allant mieux, le borgne guettait les gestes de chacun cherchant à surprendre Laccot au moment où Zegaï l'occuperait. À deux, ils avaient plus de chance d'abattre rapidement leur ennemi en commun. Yamiko ne désirait qu'une chose : pouvoir en finir au plus vite avec ce combat qu'il n'avait pas pu éviter afin de regagner sans plus tarder son navire ...
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    Bon maintenant que j'ai toute l'attention de ce con, il est tant de passer au coup d'pute n°2, on va profiter d'la rage qu'il accumule pour le rapprocher d'la flotte. Qu'on fasse les présentations comme il se doit. Écumant de colère, le mercenaire fonce sur moi la pointe de la lame en avant, bien décidé à m'embrocher. Un coup facile à éviter, quand on a pas la tête qui se met à tourner violemment, je crois que j'vais gerber... D'ailleurs, c'est ce que j'fais. Au moment ou le sabre de Lacott est sensé perforer ma poitrine, mon corps s'arque pour déverser le contenu de mon estomac et une violente bourrasque vient balayer mon adversaire comme une vulgaire chaussette. D'où qu'elle sort ?! Il n'y a aucun vent à l'horizon, je l'aurai sentit bien avant. Non, là c'est soudain, brutal, venant de nul part. Et je remercie pas le coupable, avec mon taux d'alcool, mon changevent est plus sensible. Alors j'peux vous dire qu'une rafale comme celle la, c'est comme une grosse méchante cuite, du genre où tu tiens à peine debout.
    Terminant de dégobiller, le vent parti et mon état normal retrouvé, je me relève et lance un regard assassin à Yamiko qui a tout l'air d'être mon coupable. Comment je le sais ? Sa position à la con, t'sais celle que tout ces cons avec des supers pouvoirs prennent pour lancer leur touintouin.

    « Tu pourrais prévenir putain ! 
    - Tu sembles m'avoir oublié mon gars !
     »

    Par réflexe, je tourne la tête en provenance de la voix et remarque un Lacott bien trop près à mon goût, avec son arme en arrière prêt à me trancher les côtes mais... C'est sans compter sur ma parfaite maîtrise du sabre et mon vomi fraîchement régurgité. Attendez, quoi ?!
    Alors que je pivote sur moi même tout en dégainant mes deux sabres, mon pied glisse sur ma flaque de gerbe et je m'écroule au sol comme une daube. Lacott frappe dans le vide et ne sait pas comment prendre ce coup du sort, alors il s'énerve et assène un nouveau coup, horizontal cette fois-ci. Dans une position fâcheuse avec une envie de mourir dans le négatif, je préfère esquiver ce coup en roulant sur le côté et ça marche ! Enfin, jusqu'à ce que ce connard recommence et que j'me mette à rouler, rouler, rouler et encore rouler pour échapper à son assaut interminable.
    Plouf.
    Ouais, plouf... A force de faire le tonneau, j'me suis vite retrouver près du bord, mon plan a marché sans que j'm'en rende compte. Enfin, j'ai pas prévu de tomber à la mer.
    Occupé à scruter les fonds marins, Lacott ne voit pas arriver l'énorme buffle au cheveux blanc dans son dos. Au dernier moment le mercenaire se retourne pour faire face à Yamiko, mais c'est déjà trop tard, son choix est inutile, la situation n'a qu'une issue pour lui. Alors qu'il va pour abattre son arme sur le chasseur de la BNA, je surgis des profondeurs accompagné d'énormes bras tentaculaires, pendant que mes deux katanas tranchent nettement les tendons à l'arrière des genoux de Lacott, Poulpy l'immobilise en enroulant ses tentacules autour de sa gorge, son torse et ses bras. L'homme se tord de douleur, autant que l'étreinte du céphalopode le lui permet, et dans un dernier râle de douleur, la tapette de borgne lui balance une patate de cow-boy dans l'nez. Brutal ! Le mec déconnecte.
    Ses liens se défont et le corps inanimé du mercenaire s'effondre sur le sol de pierre froide tandis que, d'un tentacule libre, mon pote poulpe me dépose sur le plancher des vaches.
    Les mains appuyées sur les cuisses, je reprend gentiment mon souffle. Des matinées comme ça :

    « J'en décuverai presque avec ces conneries. »

    Mais pas de soucis, j'ai toujours une gourde intacte à ma ceinture et d'ailleurs, je m'empresse d'y boire une bonne gouliche puis je la tend à Yamiko.

    « J'ai connu un gland comme toi, maudit, qu'avait pas peur de s'approcher de la flotte. D'ailleurs, c'est là qu'il a fini. »

    Voyant que ma boisson n'intéresse pas le blandin, je reprend une gorgée avant de lancer le reste à Polo. Y'a pas d'mal à ce faire du bien, même quand on est un poulpe hein ! Déposant une tape sur l'épaule de Yami, ça fait gonzesse comme nom ahah, je retourne sur nos pas.

    « Bon, à ce connard de Bitougag. »


    Dernière édition par Zegaï Makiavel le Jeu 17 Nov 2016 - 10:18, édité 2 fois
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    Une gueule de bois et une perte de connaissance en moins de deux heures d'intervalle, pour Joe, la journée ne faisait que commencer. Enfin il émergeait. Le choc subit avait été suffisamment violent pour le calmer le temps de la bataille. Clignant des paupières à une dizaine de reprises, le cafard peinait à retrouver ses esprits.
    Il se sentait léger. Peut-être en était-ce fini de son périple sur les mers bleus, un instant, il comprit que sa vie avait atteint son terme, ne restait que son âme flottant dans l'au delà. Ce fut tout du moins sa thèse quelques secondes avant que les deux chasseurs de prime ne se penchent sur lui.

    - Enfer....

    Surplombant le cafard qui restait inerte au sol, Zegaï ne retint pas son rire. Ce n'était pas tant la réflexion qu'il venait d'entendre qui en fut à l'origine, mais plutôt une saine satisfaction à l'idée de livrer pareille ordure à la marine contre un pécule mirobolant.

    - Tu t'projettes pisseux. L'enfer ce s'ra pour quand les mouettes te couperont le jarret.

    Depuis longtemps, Joe se doutait bien du goût de la sauce à laquelle on finirait par le dévorer. Après avoir lamentablement échoué dans sa tentative de faire s'entre-tuer chasseurs de prime et révolutionnaire afin de mieux en tirer partie, il aurait au moins la chance de savoir qui viendrait l'exécuter. Pour lui, ce serait une peine de mort sans procès. Cette sentence lui pendait au nez depuis un moment déjà. Ne pas se faire livrer aux révolutionnaires lui épargnait au moins de devoir passer par la case torture. C'était un petit plus dans son calvaire, il fallait se contenter de ce qu'on pouvait lorsqu'on se trouvait sans sa situation
    .
    Puisqu'on ne badinait pas avec la racaille, Zegaï, sans pincettes, se saisit de Joe par le col de son anorak pour le redresser. Sa proie chancelait, réapprenant doucement à marcher, mais parvenait à tenir debout. Zegaï n'en demandait pas plus.
    Ravi d'avoir retrouvé une vieille connaissance, le poivrot fut toutefois surpris, avec bien du retard, de redécouvrir Yamiko dans une carcasse aussi marquée par l'empreinte de la testostérone. Tout en liant les mains du forban dans le dos, ce dernier sachant pertinemment qu'il était inutile de lutter, les deux vainqueurs conversèrent avec désinvolture, ne se méfiant pas un seul instant du cafard.

    - Alors comme ça.... t'as des vents ?

    Son comparse à la crinière blanche se contenta de soupirer.

    - Oui.

    - Et.... ça vient du fond des entrailles tout ça ?

    L'acolyte du colosse n'en démordait pas. Alcoolisé ou non, il n'était pas homme à laisse s'échapper une telle occasion d'asticoter son nouvel ami. Les mains de Joe nouées dans son dos, le chasseur de prime se saisit de sa nuque d'une poigne solide pour le faire avancer, les deux chasseurs de prime ayant en effet convenu de livrer le boucanier aux autorités.

    - Oui, oui, tout ça...

    Alors que l'alcoolique notoire pouffait de sa plaisanterie bas de plafond, un ricanement sinistre ne manqua pas d'éveiller un frisson parcourant sa colonne vertébrale. On aurait pu croire Joe abattu, sans recours, et pourtant, il riait. Était-ce là le rictus d'un désœuvré ayant cédé à l'hystérie ? Pour Zegaï, peu importait. Surpris par le rire sournois, le chasseur de prime ne manqua pas de mettre une claque sur le crâne du forban pour lui enseigner les bonnes manières.

    - C'est pas un cafard ce con, c'une hyène. Ferme-la minable !

    Yamiko, plus perspicace, stoppa la marche alors qu'ils n'avaient même pas quitté leur scène de bataille.

    - Attends Zeg, il nous cache quelque chose.

    - Un peu ouais, il nous cache ses neurones. Sont si bien planqués qu'on jurerait qu'il n' a rien dans le crâne ce con. Te fais pas de mouron Yam, ce type c'est une blague. Je suis sûr que le montant de sa prime, c'est une faute de frappe.

    La prime. Zegaï soulevait un point pour le moins intriguant. La rumeur publique voulait que Joe ne soit autant primé que du fait d'une sournoiserie relevant du niveau olympique. Mettre la main dessus aussi facilement était en soit suspect tant le cafard excellait dans l'art du coup bas et de la fuite.

    - Vous pensez m'avoir attrapé hinhin... Je trouve ça mignon. Non... Pas mignon. Plutôôôôôt... débile. Oui voilà, c'était le mot que je cherchais : débile.

    - Tu cause beaucoup pour un....

    Sans prendre en compte les remarques que pouvaient lui adresser les deux bougres lui ayant mis la main dessus, les ignorant même royalement, le forban poursuivit son monologue. Ce n'était pourtant pas dans ses habitudes de parler pour ne rien dire.

    - D'une débilité affligeante j'ajouterais même. Vous pensez que deux chiassards de votre race peuvent me livrer le plus simplement du monde à la marine ? Si j'ai une prime aussi élevée chers mongoliens, c'est principalement dû au fait qu'avant vous.... des dizaines de demeurés congénitaux dans votre genre ont fini par comprendre que ce n'était pas aussi simple. Ils l'ont appris à leurs dépends d'ailleurs. C'est fou tout de même. Vous saviez vous qu'une fois sujet à la torture, le quidam n'implore pas Dieu, il ne cherche pas à crier le nom de sa femme, non, non... Il appelle toujours "maman".
    Je suis un chic type, aussi, je vous suggère d'appeler vos mères maintenant, ça m'épargnera vos complaintes quand je vous viderait comme des truites.


    Et il causait, encore et encore. Il y avait quelque chose de fascinant à voir un avorton les mains attachées dans le dos continuer de faire le fier. Devant un tel spectacle de menaces prétentieuses et vantardes, Zegaï en vint même à considérer devenir spectateur de la future exécution du cafard. Il lui semblait qu'on ne pouvait ressentir qu'une jouissance infinie à observer telle raclure quitter le monde des vivant dans une gerbe d'hémoglobine.
    De son côté, Yamiko commençait à se demander si elle n'avait pas surestimé son captif. Sous un tel débit de menaces stériles, Joe ne devenait que plus insignifiant au fur et à mesure qu'il cherchait à les effrayer. Cependant, une chose titilla la chasseuse de prime dans un corps d'homme. Les pupilles du forban n'étaient pas fixes, elles glissaient parfois un court instant vers la droite et ce, ponctuellement. Alors, le regard du chasseur se plongea dans celui de sa proie, se noyant dans la noirceur des pupilles de Joe. Dans ces yeux, il n'y avait rien d'autre qu'un océan de malice teinté d'une absence totale de scrupule, mais il y avait surtout une ombre qui semblait se mouvoir lentement.

    - Zeg ! Derrière toi !

    De par la simple silhouette qu'il avait pu contempler dans les prunelles vicieuses du cafard, Yamiko n'eut pas à se retourner pour comprendre que quelqu'un s'approchait d'eux par derrière. Cette logorrhée inepte que leur avait servi Joe pendant plus d'une minute n'avait été en réalité qu'une distraction. Quelques secondes de plus sans s'en rendre compte, et les deux chasseurs de prime auraient été tranchés nets.
    Il leur avait suffit d'un bond pour échapper à l'attaque sournoise de leur ancien camarade de castagne. Laccot, bien que mal en point, une main posée sur sa blessure la plus grave, semblait revenu des morts pour se venger.

    - Damnatiooooooon ! À quoi ça sert que je leur tienne la jambe pendant une heure si t'es pas foutu de les attaquer par derrière ?!

    En guise de réponse, entremêlée d'une toux particulièrement sérieuse, Laccot se contenta d'une tirade expéditive.

    - Va chier cafard...

    Et chier il s'en alla. Se doutant que le confrontation finale contre deux bretteurs d'exception ne tournerait pas en la faveur du mercenaire, Joe préféra prendre les devants et leur échapper au plus tôt. Laccot n'essaya même pas de l'en empêcher. Pour lui, seuls les chasseurs de prime avaient de l'intérêt. Peu lui importait à présent sa mission : il devait les éliminer par principe.

    Toutefois, aussi épique et prometteuse s'avérait cette rencontre au sommet, le cafard ne jouirait pas de spectacle. Il était déjà loin, mains dans le dos toujours, à sauter de plateforme émergée en plateforme émergée sous le regard surpris des passants qui l'observaient filer sous leur nez.

    - Y verront quand j'aurais les mains libres ! Y verront ! Je m'en irais canarder ce tas d'enfoirés dès que j'aurais plus ces foutus cordes aux poignets. Surtout l'autre avec son écharpe... Je vais te la faire bouffer ton écharpe !

    Grommelant de la sorte alors qu'il s'employait à mettre le plus de distance possible entre lui et ses anciens ravisseurs, Joe formulait un vœu pieux. Jamais plus il n'aurait la folie de se jeter dans les pattes de chasseurs de prime. Ce n'était pas pour autant qu'à l'avenir, il ne leur réserverait pas un chien de sa chienne s'il venait à se trouver sur leur route.
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    Seigneurs Parmi Les Débris
    CINQUIÈME DANSE

    À deux contre un, le combat fut expédié assez rapidement même si l'un des chasseurs de prime avait terminé dans la flotte. Chose qui aurait pu marquer la défaite des deux alliés d'infortune si c'était le borgne aux cheveux blancs qui avait atterri dans la mer car il aurait coulé en véritable enclume qu'il était devenu après avoir ingurgité un fruit maudit.

    À peine émergé de son inconscience le Cafard se retrouva ligoté. D'un regard suspicieux, Yamiko tentait de lire en travers le nuisible. L'agent de la BNA trouvait l'insecte tellement douteux qu'il n'arrivait pas à avoir l'esprit tranquille.

    Le mal de crâne toujours présent mais atténué, Yamiko n'écoutait qu'à moitié l'ex-videur qui blablatait trop d'âneries à son goût que l'impulse jeune fille qu'elle avait été à l'époque n'aurait pas hésité à le faire taire par un coup bien placé. Le borgne préféra accorder plus d'attention à la tirade du captif à la casquette provocatrice. Désirant élucider le mystère qui entourait le répugnant personnage, Yamiko tenta de comprendre le sens des paroles du Cafard mais il abandonna vite car ceux-ci se révélèrent être sans queue ni tête ou que son esprit était encore trop brouillé pour les comprendre.

    L'œil toujours fixé sur Joe permit à Yamiko d'éviter de se faire surprendre. Avertissant Zegaï, les deux hommes sautèrent chacun de leur côté alors que le ténébreux qu'ils pensaient être maitrisé pour de bon avait cherché à les trancher.

    Le front marqué des plis de ras le bol, Yamiko fixa Laccot qui se tenait péniblement face à eux alors que le Cafard avait déguerpi sans demander son reste. Désirant la paix, chose dont son être réclamait avidement pour se remettre de son sale état, le borgne ne chercha même pas à rattraper l'insecte qui s'échappait. Sans le moindre mot, Yamiko tendit un bras et un tourbillon se forma rapidement pour faire décoller le mercenaire qui cherchait à les charger malgré son piteux état. Il renforça la force du vent qui se transforma en une petite tornade malmenant un instant celui qu'il avait capturé puis le vent se dissipa instantanément, provoquant une explosion d'air qui balaya les débris qui trainaient dans le périmètre alors que Laccost s'affala misérablement par terre.

    Avec précaution, Yamiko se rapprocha de sa victime qui redressa la tête à son approche. Alors que son attaque aurait pu faire perdre conscience un humain lambda, Laccot était à peine sonné, signe que ce n'était pas n'importe qui. Ventre toujours à terre, le ténébreux tendit un bras pour attraper son sabre qu'il avait lâché prise dans sa chute mais d'un pied Yamiko lui écrasa la main. Ne désirant pas abandonner malgré sa position de faiblesse, Laccot empoigna le mollet du borgne mais ce dernier leva son autre jambe pour asséner un coup de talon sur le sommet du crâne du têtu pour le faire perdre conscience. Il n'était pas un tueur alors il ne désirait pas la mort de cet homme bien que ce dernier n'aurait certainement pas hésité à le tuer s'il avait été à sa place.

    L'agent de la BNA ramassa le sabre dont l'ornement plaisait assez à la femme qu'il était en réalité sans savoir que ce qu'il avait en main était en réalité un meitou. La lame luisante qu'il fixa lui renvoya son image. Ce fut ainsi que le borgne remarqua enfin les moustaches que Joe lui avait dessinées sur le visage. Les traits s'étaient atténués mais étaient toujours visibles. Usant de la lame comme miroir, de sa main libre, le borgne se frotta vigoureusement les joues pour se débarrasser des traces noires qui restaient.

    - Au plaisir de ne plus te revoir ! Lâcha ensuite le borgne à l'attention de Zegaï alors qu'il s'éloignait, délaissant le corps gisant de Laccot.

    Pourtant, cinq jours à peine plus tard, celui qu'il ne souhaitait plus revoir s'invita à bord de leur navire qui n'attendait que leur log pose ne se recharge pour prendre le large. Avec trois tonneaux d'alcool et son sourire de tombeur, il réussit à amadouer Fozia qui accepta de le prendre à bord alors que Zegaï leur avait conté la mésaventure de son équipage qui portait le nom de Team Rocket.

    N'étant pas du genre à râler, Yamiko ne dit rien mais espéra intérieurement que celui-là n'était pas comme Noob. Ce fainéant qu'ils avaient pêché en pleine mer mais qui avait ensuite attaqué lâchement Choupi et qu'en retour ils avaient délaissé sur l'Île des animaux.

    - Tiens, tarlou … Yami … ko ! C'est ta part ! Zegaï venait de jeter une liasse de berries aux pieds du borgne qui ramassa le paquet. C'est le prix de la tête de l'autre con !

    Ayant appris entre-temps combien valait la tête de Laccot, Yamiko n'avait pas besoin de compter pour savoir que ce qu'il avait en même n'était même pas la moitié de la somme marquée sur l'avis de recherche du mercenaire mais c'était toujours mieux que rien et puis il n'était pas un matérialiste ...

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