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Anguille sous roche

Voilà une heure que l'agente avançait, les yeux bandés, faussement aveugle. Elle voyait, c'était certain, mais par l'intermédiaire de son sixième sens. Elle percevait les halos bleutés, parfois bicolores, des êtres vivants qui l'entouraient. C'était un petit groupe d'hommes qui les avaient saisi, ils n'étaient clairement pas plus de dix. L'un traînait la patte, l'autre était loin devant. Mais le seul qui s'évertuait à leur parler était le spécimen le plus étrange et de loin. Sa voix vrombissait comme un tambour de guerre, semblant quasiment faire trembler le sol avec sa gravité astronomique. Fait étonnant, plus que cette singularité vocale, il se déplaçait par petits bonds. En réalité, cette danse étrange avait pour but de masquer ses traces, d'éviter que ses bottes n’imprègnent trop longtemps la terre fraiche et malléable. Une habitude ou un réflexe plus qu'une véritable stratégie, le lourdaud de derrière effaçant toute tentative possible de discrétion du groupe.

Le premier homme était visiblement un éclaireur et il se nommait Malbouf. C'était d'ailleurs lui qui s'était occupé de panser la plaie sous-cutanée de la blonde et de lui prodiguer les premiers soins.

- Où c'est qu'on va ? tenta une nouvelle fois la voleuse, coupant brusquement l'observation de l'enquêtrice.

Elle avait posé la question un bon nombre de fois, recevant systématiquement la même réponse ; à savoir un silence pesant. Pourtant cette fois-ci, le baryton lui répondit, d'une voix qui se voulait assez aimable, affable et emplie de compassion.

- Plus très loin encore.

Anna pour sa part conservait le silence, enchaînant un pas devant l'autre tant bien que mal. Prenant bien garde à éviter les obstacles décris sur son chemin pour ne pas finir couverte de boue comme Hermione, qui avait manqué de chance quelques minutes plus tôt. Comme elle se savait sur la bonne voie, elle n'était pas du tout anxieuse. Et sa perception n'étant pas totalement bâillonnée, elle conservait un avantage considérable. La brunette aussi, mais moindre visiblement. Celle-ci se ramena enfin à ses côtés, après avoir engagé une courte discussion avec l'un des ravisseurs, qui n'avait émis pour toute réponse qu'une suite de grognements incompréhensibles.

- J'pense pas qu'l'on soit entre d'mauvaises mains. commença-t-elle.

Sa voix était parcourue de tremolos. Elle voulait y croire, restait optimiste, mais savait que dans ce monde les choses avaient bien trop tendance à virer au désastre. Il n'y avait pas de fin heureuse à Arcadia.

Anna décida de la rassurer brièvement. Sa tête levée vers le ciel, humant l'air et ses fragrances sylvestres, elle répondit simplement :

- Peu importe où nous allons, nous sommes sur la bonne route.

Cette unique phrase eut une répercussion importante sur le moral des deux demoiselles, qui ne purent s'empêcher de sourire l'une l'autre sous les regards suspicieux de leurs gardes-chiourmes. Pour l'agente, l'énonciation avait davantage de profondeur. Chaque pas la menait vers la révolution qu'elle mènerait à son tour vers une victoire qu'elle saurait faire écrasante sur les Bourgeois. Elle était confiante à ce sujet et ne perdait pas son objectif de vue. C'était sa motivation à presser le pas, toujours et encore, pour finalement atteindre le peloton de tête.

Progressivement, le sol noueux de racines et de plantes mortes laissa place à une pente graveleuse et sèche, clairsemée de rochers et de pierres. L'air frais de la forêt hivernale se substitua à une nouvelle atmosphère humide et froide, jusqu'à ce que le bruit de leurs pas finisse par rencontrer un écho. Le son de leur voix se répercutait librement sur les parois de ce qui semblait à priori être une profonde caverne entaillant le sol et sa croute rocheuse. Et comme le groupe n'avait fait que descendre depuis la lisière de la forêt, Anna comprit bien qu'on les menait vers les abysses d'une faille brutale dans les plateaux environnants. Elle partagea cette idée avec sa comparse qui, après un instant de réflexion, suggéra à voix basse un lieu sans en être trop sûre.

Quelques instants plus tard, les doutes de l'adolescente se confirmèrent. Les grincements sinistres de gonds incroyablement rouillés appartenant à un imposant portail signalèrent leur entrée dans l'enceinte d'un château ou d'une ville fortifiée.

Bientôt le parterre de galets laissa place à un sol dallé d'épaisses pierres plates et les effluves pestilentielles se mirent à abonder autour des visiteurs. Au point même que Anna s'avoua heureuse d'avoir les yeux bandés pour ne pas pouvoir identifier les sources des odeurs dans le spectacle décati environnant. Bien qu'elle pusse toujours pressentir la présence des silhouettes squelettiques jonchant les environs et leur attribuer cette responsabilité. Au bout de quelques minutes supplémentaire de marche, Hermione opina enfin du chef en répétant une nouvelle fois le nom de l'endroit : la Cavité. Aux aguets quant à cette évocation, Malbouf ne tarda alors pas à se ranger à leurs côtés. Puis engagea la conversation au sujet de ce que la cité enfouie fut jadis et de la tragédie qui s'y était déroulée.

- Alors c'est ici que se cache la Vox... pensa la CP9.

Dans un geste brusque, son pied vint maladroitement cogner une surface calcaire, qui s'avoua au son de son ricochet être en réalité un os de type tibia ou fémur. Elle grimaça par réflexe.

- Malgré les apparences, toute la population n'a pas disparu suite à la catastrophe. Toutefois ces ruines sont plutôt utiles, c'vrai. Personne n'ose s'aventurer dans les catacombes.

Arrivés à cette étape du voyage, l'éclaireur semblait ne plus s'inquiéter des informations que pouvait obtenir le duo de jeunes femmes. Au pont que Hermione suggéra quelques minutes après qu'on leur retirât leur bandeau, puisqu'elles avaient correctement deviné où elles se situaient. Pourtant Malbouf répondit par la négative, informant qu'ils n'allaient pas tarder à traverser un énième endroit nécessitant leur cécité la plus complète. Qu'il fallait préserver des regards indiscrets, apparemment.

Alors le cortège sembla soudain s'engager dans ce qui semblait être un minuscule et ridiculement étroit couloir caverneux.


Dernière édition par Annabella Sweetsong le Ven 24 Fév 2017 - 17:46, édité 1 fois
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C'était un dédale, voilà pourquoi.

Leur cécité toujours bien conservée, elles n'étaient toutefois pas privées de l'ouïe qui leur informait régulièrement des décisions prises par le groupe. Aller à gauche, aller à droite ou bien encore tout droit. A l'image d'un corail, les grottes étaient spongieuses et les déambulations du cortège révolutionnaire amenaient souvent les jeunes femmes à être brusquées pour monter, descendre, tourner dans une intersection. Puis une autre et encore une autre. Finalement, même si l'agente avait pu retenir le chemin et le noter précieusement dans son esprit, elle n'était pas sûre de pouvoir s'y repérer seule. Et c'était pour cela que l'éclaireur était plus que nécessaire pour conserver une orientation logique dans ce labyrinthe souterrain.

A terme, il leur fallut plus de temps pour circuler à l'intérieur des boyaux aux parois biscornues que pour traverser la ville déserte. Pourtant Anna aurait pu jurer avoir davantage marché pendant le premier trajet. Jusqu'à ce qu'enfin, au grand soulagement des deux escortées, Malbouf ne donne l'ordre de s'arrêter. Et de leur retirer leurs bandeaux.

Ce soulagement s'accompagna d'un étrange sentiment de liberté pour celle qui avait longuement été borgne auparavant. Et cela avant de voir l'épaisse porte en pierre qui leur barrait la route et donnait à la jeune femme le fantastique sentiment d'être oppressée sans savoir exactement pourquoi.

- Derrière ces portes s'trouve notre QG. Nous vous accueillons en tant qu'invitées. Toutefois vous resterez sous bonne garde jusqu'à c'qu'on soit sûrs qu'vous êtes clean. accompagna le baryton tout en donnant l'ordre d'ouvrir la voie.

Deux des hommes les plus costauds s'exécutèrent, faisant couiner les gonds épais et malmenés des deux gigantesques blocs en déplacement. Trente secondes furent nécessaire pour enfin dégager un chemin assez large pour que deux hommes puissent traverser. Ou deux femmes à vrai dire. Qui eurent le plaisir de découvrir une seconde cité souterraine.

Vivante cette fois-ci.

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Précaire. C'était le mot qui aurait aussi bien pu définir les rues étroites sinuant entre les infâmes blocs de roches inégaux que les fragiles ponts en bois dignes du Chemin des Fidèles de Strong World. Même les bâtiments creusés à même la pierre et leurs ouvertures lumineuses laissant comprendre qu'ils étaient habités ramenaient à cette catégorie d'adjectifs. Fragiles, instables, faibles. Et l'absence de population parcourant les chemins faiblement étayés des lopins rocheux ne faisait qu'appuyer cette impression. Car plus que pauvre, l'endroit était quasiment désert.

A l'exception d'une dizaine d'hommes en uniformes, d'une jeune femme chauve traînant une charrette et d'un gamin jouant aux osselets, il n'y avait personne. Et ce simple listage s'effectua non pas à l'entrée de ce qui s'avéra être un hameau plus qu'une ville, mais sur l'intégralité du chemin menant le convoi jusqu'à un plateau plus solide abritant un semblant de forteresse. Le QG.

- Et c't'ici que mon rôle s'achève m'dames. J'vous laisse continuer avec le Veau-Benoît, c'lui qui doit vous amener au chef. Si vous m'cherchez à un moment, j'suis souvent à la taverne quand l'on m'envoie pas ailleurs.

Sur ces derniers mots, l'éclaireur salua en penchant son couvre-chef vers l'avant d'un geste de l'index et du majeur. Puis fit volte-face, le pas preste. Bien plus vif et plus rapide que celui du Veau-Benoît qui, comme son surnom le laissait souligner, tenait plus du bovin que de l'humain. Une remarque qui pouvait s'avérer effrayante dans le climat actuel du pays où fleurissaient toutes formes de déviances.

- S'vous v'lez bien m'suivre. grogna ce-dernier en envoyant sa patte droite comme il l'aurait fait d'une massue avant de répliquer avec la gauche.

C'était bien lui le traînard du groupe. Et si Anna n'avait pas été aussi horrifiée par l'apparence de l'énergumène, elle aurait probablement ressenti de la pitié pour sa physionomie qui, visiblement, lui laissait de graves séquelles.

Chaque pas accompagné de son grognement rituel, il avançait péniblement. Puis grimpait les marches avec autant de dextérité et escaladait les derniers degrés en sueur, essoufflé. Toutefois le pourceau n'émit aucune plainte et ne sembla pas rechigner à effectuer le moindre effort, c'était comme s'il s'était résigné à souffrir depuis sa naissance. Anna saisit alors que cette particularité n'était pas seulement présente dans les gênes du Veau, mais aussi dans celles de toute la population Arcadienne.

On vivait pour souffrir et on s'accommodait de la chose comme d'un pied bot.

L'architecture du bâtiment révolutionnaire étant aussi sobre que banale, l'agente n'y prêta pas vraiment d'attention, davantage occupée à dévisager son guide et le voir se fatiguer à la tâche. Toutefois elle put aisément remarquer que l'intérieur de l'établissement avait été plus soigné lors de sa confection, puisque de l'extérieur le palais ressemblait à un brutal bloc rectangulaire garni de fentes. Pour le coup, ses pieds s'animèrent d'une étrange satisfaction lorsqu'une fois arrivés au dernier étage, ils trouvèrent la présence d'un tapis sur lequel marcher. Un plaisir simple qui eut un effet démesuré après la longue route en amont.

Après une dizaine de mètres supplémentaires sur le large palier menant sur divers portes, un couloir gris et sombre ouvrit la voie en direction d'un énième bureau. Ou bien peut-être fut-ce une pièce s'y apparentant, la présence d'un lit réfutant cet état de fait. Les locaux visaient aussi bien à héberger qu'à fournir un lieu de travail. Ce curieux détail empêcha l'agente de distinguer attentivement l'interlocuteur du Veau lorsque celui-ci toqua à la porte et que cette-dernière s'ouvrit, dévoilant la drôle de caverne d’Ali-baba qu'elle masquait. Car lit il y avait, mais aussi des affiches placardées sur les murs, des armes accrochées sur des plaques elles-mêmes vissées sur les parois et bien plus intriguant encore : de la tapisserie et même une moquette rouge et soyeuse.

Devant cet étrange tableau, l'inconnu semblait surpris de voir la silhouette disgracieuse devant sa porte et ses deux accompagnatrices. Et si Anna occultait totalement le personnage, Hermione elle semblait ne voir que lui.

- Z'aviez bien dit d'vous les amener non ?

- Oui... Oui bien sûr mais pas dans mes propres appartements voyons...

- J'avons mal compris alors. J'allons ram'ner ces tit' dames à l'entrée m'sieur ?

- Non, je vais les accueillir ici tant qu'à faire. Ça ira, Benoît, tu peux disposer.

- M'ci m'sieur.

Avant même de se poser sur le responsable révolutionnaire, le regard d'Anna était venu se porter sur la mine en pâmoison de sa partenaire. Comme le sage pointant la lune, Anna faisant l'imbécile regarda d'abord le doigt, avant de finalement distinguer l'astre. Désormais à découvert suite au départ prompt et soudain du soldat, la silhouette de l'inconnu s'incarnait en ce qui semblait être un homme de taille moyenne, musculeux et bien habillé. Le visage naturellement tanné d'une couleur bien moins pâle que la normale Arcadienne surmonté de cheveux bruns bouclant sur une courte épaisseur, il affichait un large sourire.

Sous le charme, Hermione le trouvait séduisant. Bien moins passionnée que sa consœur, Anna le trouvait beau elle aussi. Mais plus que ça, elle sentait en lui de la puissance, du tonus et un sentiment d'étrangeté. Elle comprit alors en voyant les quelques rides striant son visage qu'il n'était pas originaire des Arcades.

Car l'homme semblait avoir dépassé la trentaine, si fatale ici, depuis plusieurs années.
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De plus en plus tiraillée par la douleur qui lui rongeait le flanc, Annabella essayait de ne rien laisser paraître tout en prêtant une oreille attentive à son interlocuteur. Tandis que ce-dernier se tenait assis sur la chaise de son bureau, accolé au mur, il avait courtoisement invité les deux jeunes femmes à s'asseoir sur son lit. Et même si Hermione avait gentiment décliné en essayant de paraître, pour une fois, délicate et polie, Anna ne s'était pas faite prier pour s'affaler brusquement. A ce moment-là déjà l'homme lui avait jeté un regard suspicieux tout en essayant de discerner la source de la douleur accaparant l'expression faciale de l'albinos. Mimant un simple inconfort, cette-dernière l'avait laissé continuer sans faire de vagues.

- J'ai connu pire qu'un petit hématome. se disait-elle, la main discrètement posée sur sa blessure.

- Nous en étions donc aux formalités ! Je me présente : Jim Richards, je suis celui qui vous a fait venir ici ainsi que le second de la Vox. Vous devez savoir qui on est non ?

Leur hôte parlait avec un certain standing : sa voix tonnait sans toutefois être trop forte, impérative et pourtant sobre, elle lui intimait un fort sentiment de confiance en soi et un leadership inhérent. Sans nul doute, il était le chef, même si au fur et à mesure Anna commençait à douter des raisons de leur présence. A elle et à Hermione. Et mourrait donc d'envie à l'idée de crever l'abcès sans toutefois pouvoir passer les présentations qui ne l'intéressaient guerre. Et pour cause. Tandis que les deux bonnes femmes opinaient du chef, le bonhomme se tourna tout d'abord vers la brune pour lui asséner un :

- Vous devez être la fameuse Hermione dont j'ai tant entendu parler... avant de poursuivre en détaillant des yeux la blonde qui le laissait visiblement pantois. ...et vous, par contre je n'ai pas retenu votre nom.

Un dilemme compréhensible puisque l'agente du CP9 n'avait pas eu l'occasion de décliner une seule fois son identité. Hermione semblait bien se moquer de savoir qui elle était et maintenant encore plus qu'avant, mais pour la révolution le problème était tout autre. Finalement elle décida de se former une nouvelle identité. Un nouveau nom et de grandes choses en devenir, peut-être. Contrairement aux autres pseudonymes empruntés par l'agente du CP9 jusque là, contrairement à Amanda Holmes ou bien encore Elizabeth Butterfly, ce-dernier résonnait dans son crâne comme s'il avait toujours été présent. C'était une partie d'elle qu'elle incarnait sous la forme de deux mots, son mal et sa souffrance. Tout ce qu'elle avait toujours détesté si bien que si ce nouveau personnage pouvait exister en chair et en os, il serait probablement déjà mort.

Sous ce nom, elle pourrait aussi bien tuer des innocents dans l'intérêt principal de sa mission évidemment.

Elle formula donc cela sous l'articulation claire et distincte suivante, la mâchoire grossièrement décrochée vers la fin suite à un pique de douleur :

- Mon nom est Eleanor Bonny.

La consonance du nom n'était pas sans rappeler certains symboles de la piraterie. Et c'est pourquoi elle se risqua finalement à ajouter une information complémentaire. Une information valant son pesant d'or puisqu'elle pourrait aussi bien compromettre ses efforts jusqu'à présent que sidérer le gaillard à travers une franchise typique de la flibuste.

- Et je suis une pirate. Cela vous pose un problème ?

Elle n'était pas bien sûre de la validité de la chose, mais ainsi formulé avec la rancœur et la brutalité que l'on desservait bien aux mécréants parcourant les mers, on pouvait lui accorder d'être sérieuse. Consciente d'avoir été dupée par les histoires que lui avait suriné sa camarade, Hermione ne put qu'exprimer un ridicule "je le savais" attestant d'à quel point la révélation l'avait larguée loin derrière. Toutefois en voyant la force que pouvait relâcher ladite pirate, il était évident pour la brigande qu'elle n'était pas un simple individu lambda. Et en quelques sortes, elle était fière de l'avoir utilisée jusqu'ici.

Richards, lui, conservait un visage abscons. Il lui fallut bien plusieurs dizaines de secondes pour digérer l'information voulant qu'il accueillisse sous son toit l'un de ces individus brutaux et sanguinaires. Pourtant, la réaction fut loin d'être aussi incendiaire.

- Peu importe ce que vous êtes ou avez été, j'ai vu ce que vous avez fait aux Bourgeois et à leurs Limiers. Et si vous êtes là aujourd'hui, c'est pour intégrer la révolution. Une nouvelle vie s'offre à vous. conclut-il en saisissant un fin paquet de feuilles soigneusement disposé sur le bureau.

Le regard de la pirate rejoignit celui de sa compère, toujours interloquée, qui ne comprenait toutefois pas s'il s'agissait d'une proposition ou bien d'une obligation. La réponse semblait évidente pour l'agente qui se doutait très bien que si on les avait amenées jusqu'ici, ce n'était pas pour essuyer un refus. Et aux Arcades plus qu'ailleurs, la dissuasion devait être une pratique fortement employée dans le recrutement.

Qu'arriverait-il si l'une d'entre elle se bornait à ne pas vouloir signer la paperasse que le bonhomme leur tendait gentiment ? Il valait mieux ne pas le savoir, d'autant plus que ce n'était pas dans leur intérêt. Au contraire, c'était ce qu'elles avaient cherché à faire depuis le début et Hermione fut bien contente d'apposer sa signature la première, une croix, toute en faisant des yeux doux à Jim. Anna la seconde, après un temps de réflexion passé à lire les clauses. Elle releva :

- Je ne m'engagerai plus à voler le bien d'autrui ou maltraiter des innocents ?

- Ce que les pirates font, j'en ai bien peur. Mais nous avons vu la force que vous pouvez déployer et il est certain que nous en aurons besoin dans le futur. Maintenant que je connais votre véritable identité, eh bien, s'il est nécessaire ce contrat sera rompu après que les Infâmes aient été renversés.

Ou peut-être son cou, à la belle, qui serait rompu. Sur la défensive, celle-ci comprit que si elle avait été réellement une pirate, il aurait mieux valu ne pas faire de vieux os quand la révolution aurait pris le pouvoir. De toute manière, d'un régime à un autre, la différence n'était pas si notoire que cela. Sauf que la révolution prônait le mensonge du consensus et l'idéalisme biaisé quand le Gouvernement Mondial savait contrôler d'une main de fer bénéfique. Et avant même que les rebelles n'aient pu se satisfaire de leur potentielle victoire, elle serait la première à commander les forces qui les éradiquerait complètement.

- Je marche. termina-t-elle en griffonnant ses initiales d'une main incertaine.

Sans tarder, l'homme récupéra donc les feuilles avant de se lever d'un bond pour inviter ses convives à faire de même.

- Maintenant que vous êtes des nôtres, je me dois de vous faire faire le tour du propriétaire et vous escorter jusqu'à vos appartements.

Hermione lui emboita alors le pas sans mal, mais pour Anna la douleur était trop grande pour qu'elle puisse se lever. Lorsqu'elle força davantage, une toux brutal vint lui comprimer la gorge et la ramener à sa condition : avec le voyage, son état s'était empiré.

L'albinos venait de cracher du sang.


Dernière édition par Annabella Sweetsong le Sam 29 Oct 2016 - 23:51, édité 1 fois
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Cloitrée à l'infirmerie pendant plusieurs jours, Annabella s'en voulait de ne pas s'être occupée de sa plaie plus tôt. Désireuse de savoir comment les révolutionnaires vivaient et de faire davantage ami-ami avec le grand chef, d'au moins connaître son visage, elle avait dû faire une croix dessus lorsque Richards s'était inquiété de son état et l'avait faite déplacer jusque dans l'hôpital de fortune. Elle n'y était d'ailleurs pas seule.

De nombreux soldats s'y trouvaient, plusieurs dizaines peut-être. Certains en phase terminale suite au développement d'un cancer ou tout simplement en fin de vie, d'autres blessés lors des opérations journalières qui, Anna l'apprit rapidement, étaient ici routinières.

Pour tout ce qui était gestion des hommes, des vivres et des missions, le responsable était Jim Richards. C'était aussi plus ou moins lui qui avait la main sur le QG et qui commandait la population réfugiée, ce qui fit se demander pendant de longues heures à la bonne femme à quoi pouvait servir l'As qui commandait les lieux. A défaut de savoir cela, elle avait tout de même appris son nom sur les bouches de ses compagnons d'infortune qui, très tôt, s'étaient mis à la jalouser pour sa longévité et la vitesse à laquelle elle se rétablissait. Elle omit précieusement de leur balancer l'information comme quoi elle était une pirate, au moins autant que de leur dire qu'elle était en réalité un agent du gouvernement.

Au bout du troisième jour, le médecin jugea son état assez stable pour lui permettre de se déplacer. Affirmant avoir connu pire, l'albinos n'attendit pas davantage pour vider les lieux et se rendre à la taverne la plus proche où elle était sûre de retrouver des visages familiers.

D'abord elle vit l'éclaireur qui, comme il l'avait signifié, était souvent à son poste au bar. Puis accoudé près de ce-dernier, elle distingua la silhouette du gradé. Répondant à un regard insistant de son compagnon, celui-ci fit volte-face sur son tabouret, verre en main, pour dévisager la revenante de haut en bas comme s'il s'agissait d'un fantôme. Avant d'afficher un large sourire.

- Revenue d'entre les morts on dirait ! J'ai bien cru que cette hémorragie interne aurait votre peau.

- Il en faut plus pour me tuer, malheureusement. répondit-elle, goguenarde, tout en se glissant à gauche des deux gusses, les bras posés sur le comptoir.

Elle demanda un rhum, ce qui octroya chez l'homme d'âge moyen un sourire amusé.

- Les mauvaises habitudes ont le dos dur à ce que je vois.

- Vous êtes bien toujours planqués sous terre et les Bourgeois dans leur citadelle, je vois que rien n'a changé en effet.

Le barman s'empressa de servir la revenante tandis que l'homme savourait avec une pointe de sarcasme la répartie de la jeune femme. Anna, qui se complaisait en quelques sortes dans ce rôle de femme pugnace et curieusement masculine, apprécia réellement cet échange pour une fois. Et même si son interlocuteur n'était pas officiellement aux commandes ici, elle savait désormais que c'était lui qui dirigeait la Vox en sous-main. Elle ria donc de bon cœur lorsque celui-ci se mit à rire, puis partagea son verre en le cognant très fort au whisky du bonhomme et à celui de Malbouf. Trinquant ultimement à la révolution et à Arcadia.

La couverture s'étayant au fil des propos, Anna fit ainsi plus amples connaissances avec celui que les révolutionnaires locaux appelaient amicalement "Jimmy". Elle découvrit qu'il était Cavalier de la Révolution ainsi qu'un ami très proche du chef local et que ce-dernier n'était pas assez en forme dernièrement pour venir boire un verre, mais que s'il pouvait il l'aurait fait volontiers. Puis l'homme se mit à faire la tournée de toutes les tables pour présenter affablement chaque homme de chaque section. Malgré cette complicité, il se ressentait une impression de vide et de fragilité dans le nombre d'hommes des différents régiments.

Il n'y en avait que quatre et chacun comptait ainsi une centaine de gars. Ce qui était peu en comparaison des fores disponibles chez l'ennemi, très peu. Toutefois l'officier semblait étrangement confiant, peut-être trop même. Quand Anna lui demandait si assaut il allait y avoir, celui-ci éludait toujours la question mais promettait que tout fonctionnerait, vantant la présence de celles qui avaient "détruit le port et éliminé plusieurs dizaines de Limiers à elles-seules". La conversation se termina même sur une observation de l'éclaireur qui s'avéra curieux à l'idée de savoir comment la pirate s'était débrouillée pour provoquer la destruction des immeubles environnants dans la zone de la bataille.

- Ils étaient en mauvais état, il n'a pas fallu grand chose pour les faire s'écrouler.

L'explication sembla passer, même si le révolutionnaire fit légèrement la moue, moyennement satisfait de la réponse. Peut-être espérait-il qu'elle dévoilerait une sorte de super pouvoir qui leur permettrait peut-être de faire s'effondrer les infrastructures comme par exemple l'enceinte du Seizième ? Mais bientôt la question fut effacée par d'autres sujets de discussion plus importants, portant notamment sur des réparations ayant lieu à l'intérieur de la base. Comprenant que la jeune femme n'en avait cure et n'était peut-être pas venue pour parler de cela, Richards proposa naturellement de lui faire visiter le reste de la cité souterraine pour finalement la mener jusque dans ses quartiers. Comme il l'avait fait avec Hermione quelques jours plus tôt.

Comme si la simple évocation de son nom avait suffit à l'invoquer, celle-ci apparut brusquement dans l'encadrement de la porte au moment où le couple se préparait à sortir. Voyant les deux en train de partager un début de camaraderie, elle ne put s'empêcher de délivrer un regard noir à son allié de jadis qui, désormais, tenait plus d'une concurrente à son titre de grand amour. Elle fulminait intérieurement mais se garda de dévoiler sa rage pour à la place alpaguer le Cavalier.

- Jimmy, j'te cherchais ! Tu m'as pas répondu pour c'soir.

Probablement un rendez-vous, sinon la jeune femme ne se serait pas mise sur son trente-et-un. A priori, le soir dont elle parlait semblait se rapprocher à grand pas. Mais au lieu de donner une réponse fixe, l'homme resta vague dans son propos, le regard détaché, curieusement fixé sur la blonde qui, visiblement, l'intriguait davantage que l'autre rustre.

- Pas maintenant Hermione, tu vois bien que je suis occupé avec Miss Bonny.

Anna ne put s'empêcher de rendre un regard mesquin à la pauvre femme laissée seule derrière. Dépitée, celle-ci ne chercha même pas à poursuivre son amant pour continuer à le harceler. Au premier détour d'une rue, l'agente ne put s'empêcher de lui faire remarquer :

- Vous lui plaisiez visiblement.

Le révolutionnaire éluda la réponse, silencieux, préférant attarder son regard sur les éléments constituant le paysage caverneux. De la roche, de la terre et en guise de pavés de larges blocs de roches noires et grises donnant un aspect particulièrement lugubre à l'endroit. Irrégulières, les parois étaient parfois creusées d'un ou deux édifices sur plusieurs dizaines de mètres. Et l'homme les présentait un à un.

- Ici c'est l'armurerie. Les armes sont conservées précieusement et on ne les confie aux hommes qu'en cas de nécessité. Tu as dû la voire lorsque vous êtes entrés dans la ville, c'est le premier bâtiment. Les hommes déposent leurs armes à feu ici en arrivant, aucune sorte de canon portatif n'est autorisé dans l'enceinte des souterrains.

- Par sûreté ? Les hommes sont si violents qu'ils pourraient s'entretuer dans la révolution ?

Le Cavalier émit un rire cynique qui se prolongea dans la gorge de la pirate.

- Hahaha... Non, c'est plus à cause du gaz. On n'est pas à l'abri qu'il puisse y avoir des fuites provenant de conduits naturels, puisque l'endroit sert aussi de mine. Beaucoup de ressources se trouvent sous nos pieds.

L'espace d'une seconde, l'oeil de la jeune femme s'illumina. Une carrière ? Correctement exploitée, cela pourrait éventuellement donner une plus-value à l'île. S'il y a bien une chose que les armes chimiques ne peuvent détruire, c'est les pierres précieuses. Toutefois l'homme ne se montra pas soucieux de continuer sur ce sujet.

- Le QG que tu as déjà eu l'occasion de visiter. Au dernier étage se trouvent les appartements des officiers mais le reste de l'édifice sert de lieu de réunion. A ce sujet, il faut que tu sois là demain à dix heures pour le discours de Blake.

Continuant leur procession, le duo arriva finalement dans une des rues les plus larges et les plus animées.

- L'Avenue. C'est ici que se trouve la population civile : des mineurs, des artisans potiers ainsi qu'une guilde de charpentiers. Les seuls autorisés à aller et venir jusqu'à la surface pour récupérer le bois nécessaire à la construction des maisons et aux réparations.

- Ça tombe sous le sens. appuya la jeune femme tout en observant le bâtiment le plus grand et vraisemblablement celui en meilleur état.

Sitôt dépassé, à celui-ci se succéda alors un second immeuble, tout aussi grand mais toutefois bien plus délabré devant lequel l'homme se stoppa net.

- Et voici ta nouvelle résidence.

Le sourire biaisé, l'oeil sulfureux, l'improvisée pirate peina à se dire qu'elle allait devoir dormir dans un tel taudis. Se confortant en se disant que, peut-être, le résultat à l'intérieur serait plus probant, elle conserva le silence en se postant devant la porte de l'immense demeure où une pièce lui serait probablement attribuée. Au moins.

- Bon eh bien... Merci pour cette courte visite des lieux Monsieur le Cavalier. fit-elle tout en embrassant du regard, séductrice, le visage de son interlocuteur.

Contre toute attente, celui-ci lui rendit l'expression, ce qui intérieurement ravagea l'agente d'une étrange chaleur. Même si elle savait que tout cela ne devait rester que de la poudre aux yeux pour elle, elle ne pouvait s'empêcher d'être charmée par celui que tous respectaient ici. La compétition avec sa nouvelle rivale ne faisait d'ailleurs que la conforter dans ce choix. Mais plus que cela, elle sentait le pouvoir émaner de l'homme.

Elle espérait atteindre ses objectifs pour pouvoir le manipuler, même si pour cela elle devait lui soutirer des informations sur l'oreiller. Sa plus grande peur étant de se fourvoyer dans des sentiments qui n'étaient pas les siens puisque tôt ou tard elle devrait le trahir.

Sur cette dernière pensée, l'agente tourna alors les talons, présentant son dos au prince qui la regarda longuement s'engager dans le hall d'entrée de l'immeuble, alors que la porte se refermait automatiquement derrière elle. Et même alors, ses yeux semblaient pouvoir percer le verre jauni de la porte d'entrée.

Celle qui avait la réputation au sein du CP9 d'avoir un cœur d'acier, aussi bien littéralement que figurativement, pourtant il n'en savait rien ; il avait fait l'erreur d'en tomber amoureux.
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A défaut d'être chauffé, l'appartement octroyait à la jeune femme le strict minimum en matière de salubrité sans toutefois être spacieux ou confortable. Dire qu'il ne se composait que d'une seule pièce serait probablement réducteur, toutefois le studio devait bien faire dans les vingt mètres carrés et avait le mérite de disposer d'une kitchenette et d'une salle de bain. Un endroit que l'agente n'avait pas tardé à baptiser avant de profiter d'une bonne nuit de sommeil bien mérité.

Pour une fois, ses cauchemars la laissèrent en paix pour à la place lui dévoiler le portrait de son cher et tendre, la requinquant furieusement au petit matin.

Dix heures tapantes, elle y était. Bien habillée, davantage vêtue que la veille où une simple robe en lin était venu parfaire son énième jour de récupération, elle pouvait cette fois-ci se permettre la tenue militaire en vogue ici-bas. Pour les femmes, un pantalon suffisamment serré à la taille pour rendre les courbes apparentes, une veste épousant correctement les épaules et la poitrine tout en courbant légèrement ses reins sans toutefois forcer autant qu'un corset. Séduisante, c'était le mot, comme si elle venait de se munir d'une nouvelle arme qui faisait un carton dans les yeux de ses camarades. A l'instar d'Hermione d'ailleurs qui, pour ne pas faire tâche, s'était aussi pliée à l'uniforme. Et le concours était serré entre les deux modèles.

Comme le lui avait précédemment indiqué Jim, l'espèce de convention avait lieu au QG où s'étaient réunis la quasi-intégralité des forces révolutionnaires, près de quatre-cents hommes comme l'avait laissé échapper le Cavalier au bar. Baignée dans la foule, la jeune femme s'avouait convaincue de la force d'une telle armée, toutefois elle ne pouvait s'empêcher de relativiser le nombre en s'imaginant un champ de bataille où les deux troupes se feraient face. Où les hommes de la Vox finiraient noyés sous le nombre de mercenaires que les bourgeois pouvaient s'offrir.

Pour accueillir tout ce beau monde, une gigantesque salle avait été équipée au rez-de-chaussée du bâtiment. Similaire à la nef d'une église, celle-ci était finement découpée par des rangées de bancs faisant face à une estrade avec un promontoire en son centre. Ainsi qu'un escargomicrophone sur le dessus de la tablette. Ça n'était ni la première fois qu'un tel regroupement avait lieu, ni la dernière, toutefois le spectacle restait assez fascinant pour la gouvernementale.

Tous debout au départ, pour la majorité près de l'entrée à discuter, les soldats ne tardèrent pas à prendre place alors que l'heure approchait de son apex où, enfin, le leader viendrait sasser son discours. Un dénommé Anthony Blake dont Anna avait déjà entendu vaguement parler à l'infirmerie. Pour principalement retenir son nom.

Prenant place à la dernière rangée pour rester discrète, elle repéra le visage gonflé par les larmes de sa partenaire qui, visiblement, avait essuyé le refus d'un dîner aux chandelles la nuit précédente. Celle-ci ne tarda pas à la découvrir à son tour pour la foudroyer du regard pendant de longues secondes. Inutilement puisque les yeux de la prétendue pirate s'étaient finalement posés sur l'objet de leur convoitise à toutes deux, pour des raisons sensiblement différentes.

Il était là, au premier rang, parmi les haut-gradés et lui aussi semblait visiblement chercher activement quelque chose sinon quelqu'un. Finalement ses pupilles trouvèrent celles de l'agente qui se mit à sourire naïvement et lui de lui rendre la pareille, sous l'air interdit de la brigande plus loin. Moins d'une seconde après, la scène était interrompue par l'arrivée de trois hommes sur l'estrade.

Deux étaient de simple soldats, soutenant le poids mort d'un troisième peinant visiblement à se déplacer seul. Jeune, brun, ce-dernier ne semblait pas avoir plus de vingt ans, peut-être vingt-cinq tout au plus, mais arborait un teint jaune pâle et des cernes gigantesques sous les yeux. Laiteux eux-aussi, la cataracte du bonhomme n'était un secret pour personne désormais. A l'image d'un cancéreux, ses organes semblaient lâcher un par un. A moins que cancéreux il ne le fusse réellement. Anna ne pouvait que spéculer sur ce qui rongeait le personnage, comprenant que cela devait avoir un rapport avec la courte durée de vie des habitants du pays.

Ce qui ne fit que la conforter davantage dans l'idée que Jim serait effectivement l'homme le plus puissant de la Vox Dystopia actuellement.

Assez rapidement toutefois, le leader dirigea le micro dans sa direction avant de prendre la parole. Sèche et douloureuse, sa voix partageait la souffrance qu'il devait endurer tout en essayant de se tenir debout, là, les mains vissées sur le présentoir qu'il tenait scrupuleusement.

- Bon... Bonjour à tous. commença-t-il fébrilement sans attendre de réponse pour continuer sur sa lancée. Si vous êtes tous là aujourd'hui, c'est pour faire le point sur les récents événements qui nous permettront probablement de lancer l'opération Odin sous peu. Mais avant de développer la chose, je voudrais souhaiter la bienvenue à deux nouveaux éléments. Vous les avez sûrement déjà vues traîner dans les parages, il s'agit de Miss Hermione et Miss Bonny.

A ce mots, l'homme se mit à chercher les deux donzelles du regard avant de les repérer et de les applaudir du mieux qu'il put, bientôt rejoint par l'assistance. Légèrement gênée, l'agente attendit patiemment que l'homme explique la raison de cette ovation si surnaturelle.

- Comme vous le savez peut-être déjà, ces deux jeunes femmes sont à l'origine de l'attentat qui a eu lieu il y a plusieurs jours sur les quais de la gare et qui ont permis la délivrance de nombreux esclaves ainsi que la destruction de la zone de détention. Nous les avons donc cherchées pendant plusieurs jours jusqu'à les trouver aux mains avec des Limiers et, le temps d'intervenir, il n'en restait plus un seul de vivant. Tous morts, des dizaines d'entre eux.

Brusquement réveillés, les nombreux soldats eurent du mal à détacher leurs yeux des deux silhouettes dans le fond de la salle, capables d'une telle prouesse. Mais bientôt le discours prit une autre tournure, s'engageant dans un sujet autrement plus important que la force d'un seul homme : celle de toute une armée.

- Récemment, les bases de la Bourgeoisie ont donc été drastiquement bouleversées. L'impression d'insécurité se renforce de l'autre côté du mur, aussi bien qu'une peur parmi les rangs des Limiers qui doutent de plus en plus de leur suprématie. L'heure est plus que jamais propice au soulèvement. Après tous ces sacrifices, tous ces hommes et femmes tombés au combat. Et ceux qui ont disparu lors de l'opération Thor... Kof ! Kof kof...

Violemment pris d'une quinte de toux, le malade fut temporairement obligé d'interrompre son discours, laissant l'opportunité à Anna de réfléchir aux propos mentionnés. Elle devinait que l'opération Thor devait constituer l'infiltration récente des forces révolutionnaires dans les rangs des Limiers et était au courant que celle-ci avait été une vraie boucherie. Elle compatissait pour le leader qui avait tant perdu ce jour-là, mais reconnaissait bien là le caractère brouillon des rebelles qui n'étaient que moyennement qualifiés pour garder leur sang froid dans ce genre de situation.

Après tout, c'était ce qui avait valu aux espions d'être découverts avec le sang d'un noble sur les mains.

Deux longues minutes passèrent avant que l'As ne retrouve sa respiration, obligé d'écourter son propos à cause de ses obligations. Il put néanmoins conclure assez rapidement sur la suite du plan, ce qui, Anna le voyait bien, tenait particulièrement en haleine l'assemblée. Bien tenu, le discours suscita une ovation, mais l'agente n'était pas si dupe que cela : en lisant entre les lignes, elle savait que tout cela n'était que de la poudre aux yeux. Ce qu'ils appelaient fièrement "l'opération Odin" n'était qu'une simple manœuvre brutale, sans aucune tactique : un enfoncement des lignes ennemies. Mais les arabesques littéraires étaient là et magnifiaient la chose pour donner une impression de puissance aux fiers guerriers. Après un torrent d'applaudissements, donc, l'assemblée fut promptement dissoute.

Pauvre goutte d'eau perdue dans le torrent humain, Anna n'eut d'autre choix que de se précipiter vers la sortie, bien qu'elle eusse voulu parler à son donjuan pour entretenir sa gringue habituelle. Hasardeusement épaulée de sa complice, elles furent toutefois cessées dans leur progression par un bras leur barrant la route : l'un des gardes qui tenaient la sortie.

- Excusez-moi mesdames mais Monsieur Blake désire vous parler en tête à tête. expliqua-t-il tout en leur désignant l'estrade derrière laquelle disparaissaient lentement quatre silhouettes.

Ainsi obligées de nager à contre-courant, les deux demoiselles fendirent la foule chacune de leur côté pour finalement monter les quelques marches à l'autre bout de la salle et s'enfoncer dans le couloir à la poursuite de leurs hôtes. Elles les trouvèrent non loin.

Blake, ses aides-soignants et Jim.


Dernière édition par Annabella Sweetsong le Dim 30 Oct 2016 - 3:25, édité 1 fois
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- Excusez mon état... J'aurais bien voulu vous accueillir personnellement mais...

La dernière crise du bonhomme semblait l'avoir laissé pour le moins amoindri, si bien que celui-ci avait été transporté en hâte jusqu'à ses appartements où les jeunes femmes avaient été conviées. Bien moins ordonné que celui de Jim, le lieu de vie du Leader était en réalité encombré de tout un tas d'objets médicaux ainsi que d'une pile gigantesque de tasses et de coupelles, à croire que le jeune cancéreux se nourrissait exclusivement de boissons chaudes. La raison de cet empilement fut rapidement dévoilée lorsque Jim revint avec une nouvelle tasse de café dans les mains. Et entre les doigts un sachet blanc qu'il s'efforça rapidement de faire disparaître mais qui n'échappa toutefois pas à la vision d'aigle de l'albinos. Aussi bien que la légère odeur âcre se dégageant du fumet habituel du café, comme si un ingrédient mystérieux était venu s'y glisser.

Le second avait peut-être des choses à se reprocher et l'agente était sûre de savoir le fin mot de cette histoire, mais pour le moment elle resta stoïque en attendant les explications du malade.

- Comme vous le voyez... je suis mourant. J'ai contracté une forme de cancer particulièrement maligne qui me ronge depuis quelques mois et je n'en ai plus pour très long...

- Allons Anthony, ne dis pas ça, le médecin a dit que ton état était stable.

- Des conneries tout cela, la vérité c'est que je ne vais pas tarder à canner. Heureusement que tu es là Jim... sans toi la Vox n'existerait plus...

Le second était visiblement mal à l'aise. Anna ne sut pas si c'était la mort de son supérieur qui le troublait à ce point ou bien une forme de culpabilité discrète. L'As parvint difficilement à se redresser sur sa couche pour faire face aux deux nouvelles recrues et les regarder tour à tour. Enfin il osa briser la glace.

- J'espère que vous vous rendez compte d'à quel point... vous avez chamboulé les Bourgeois avec vos derniers agissements... Mais je voudrais savoir laquelle de vous deux... a eu l'idée de tout cela.

Par défaut, Anna resta coi, sans trop oser s'avancer. Evidemment, la brune n'hésita pas une seule seconde à saisir cette opportunité, même s'il s'agissait plus d'un travail d'équipe au final. Hermione avait décidé de se dissocier de cette alliance précaire définitivement.

- C'moi M'sieur Blake. J'ai eu l'idée d'tout c'la, j'voulais aider la révolution à s'rebeller. J'pensais pas qu'ça prendrait des proportions aussi monstrueuses...

- Tiens dont, vous n'y pensiez pas. Moi qui pensais que vous aviez tout prévu, sinon Jim n'aurait pas donné l'ordre de venir vous chercher. Vous vouliez intégrer nos rangs non ?

- Je... Non... Enfin si, oui. Mais euh...

- Il n'y a pas de mal, je comprends tout à fait comment ça peut être difficile d'intégrer une organisation aussi dissimulée que la notre. Vous avez bien fait et cela mérite une petite récompense. Hermione c'est cela ? Je vous confie le commandement du premier bataillon. Vous ferez connaissance avec Stupper, c'est un brave gars il vous présentera à ses hommes.

Soudainement écarlate suite à cette promotion éclaire, Hermione ne sut où se mettre et à défaut de pouvoir prendre une décision, elle se lova finalement dans un coin à côté de la porte, enténébrée. Au même moment le regard du cancéreux changea de cible pour se poser sur la pirate.

- Et toi tu es Eleanor c'est cela ? La pirate... constata-t-il, le ton de la voix légèrement plus glacial, distant. Je n'aime pas trop fricoter avec les pirates, ce sont des êtres égoïstes et monstrueux. Alsbrough en est le parfait exemple. Cette ville possède encore plus de tumeurs que moi et pourtant elle continue d'exister...

L'agente s'éclaircit la gorge sans rien dire toutefois. Après tout, elle partageait l'opinion du Leader à ce sujet, mais devait rentrer dans son rôle. Dardant un regard vers son compagnon qui lui fit signe de ne pas répondre, elle s'exécuta.

- J'ai entendu parler de ta force prodigieuse. Rien d'étonnant pour une pirate qui a réussi à se faire un chemin jusqu'ici dans le Nouveau Monde. Mais permets moi de douter de ta loyauté.

- Ne t'en fais pas Anthony, je l'ai à l'oeil.

- J'espère bien...

Une violente migraine sembla prendre possession du corps amoindri du Leader qui se placarda brusquement la main sur le front. Ses forces semblaient disparaître à vue d’œil et la jeune femme comprit qu'il était temps de mettre fin à ce rendez-vous. Dirigée vers la porte, accompagnée de Jim, elle fut volontairement poussée par la fraichement promue officière qui les distança brusquement. Laissés à eux seuls, les deux pouvaient enfin avoir une discussion plus privée.

Anna s'empressa de partager son malaise suite à l'entretien.

- Ne t'en fais pas, il ne te connaît pas, c'est normal. A vrai dire, son petit frère est dans la piraterie donc ce n'est pas étonnant qu'il réagisse ainsi. Et puis il se passe des choses tellement horribles à Alsbrough... la rassura-t-il tout en lui asséna quelques tapes amicales sur l'épaule.

Elle en avait entendu parler : un paradis pour les flibustiers et les tortionnaires. Apparemment, il s'y déroulerait aussi des "spectacles de torture" au cours desquels les esclaves ou prisonniers étaient torturés sur la place publique. L'endroit avait même été approché par le Malvoulant plusieurs fois qui ne s'était pourtant pas résigné à capturer l'île pour des raisons obscures. Pire encore, le coin possédait un Maire que l'on disait terrifiant et sadique.

- Mais tu ne me connais pas non plus, qu'est-ce qui te fait penser que je puisse être différente.

Elle susurrait tendrement ses mots avec un mélange paradoxal de douceur et de brutalité. Progressivement, elle savait de plus en plus le pauvre hère sous son emprise. Lui au moins serait plus facile à manipuler que son supérieur. Et pour peu que l'autre voulusse enfin crever dignement, elle tenait là le maillon fort de la révolution. La piste était la bonne, il ne restait plus qu'à le séduire. Et lui ne s'interrogeait pas plus que ça en rentrant dans son jeu.

- Que dirais-tu que l'on règle ce problème demain soir à la taverne ?

- Demain soir... Ah je ne pourrai pas, je suis prise. Ça tombe pile sur mon cours de "sauver la veuve et l'orphelin" juste après celui des "discours interminablement chiants".

Elle savait désormais que ce petit côté irrespectueux et insolent qui faisait si bien les pirates le faisait craquer, à condition d'y mettre les formes. Il appréciait son sens de l'humour et pour une fois, elle n'avait pas à se forcer. Le cynisme était un art que Annabella maîtrisait bien.

- Hahaha. Alors c'est vraiment cela la révolution pour toi ?

- Est-ce que j'ai pu en voir quelque chose d'autre jusque là ?

- Tu marques un point. avoua-t-il tandis qu'ils descendaient les dernières marches de l'escalier du hall, arrivant à proximité de la sortie. Demain soir sans faute donc.

Elle acquiesça, le sourire sur le visage. Sous cette forme, avec ses traits de chérubin, on aurait pu croire qu'elle fusse un ange. La vérité profondément enterrée sous sa chair, comme une seconde peau qui la recouvrait. Mais sur le moment présent, Anna n'était pas réellement elle-même. Elle avait fini par laisser la place à cette drôle de femme emportée par ses sentiments qui la contraignaient à faire des choses absurdes. Plutôt qu'être simplement cruelle, la pirate pouvait aussi tomber amoureuse comme n'importe qui. C'était peut-être là son seul défaut.

Émue, Richards et elle se séparèrent donc sur le pallier du QG, après un vif baiser dérobé à la joue du trentenaire qui n'eut même pas le temps de réagir. Elle s'en était déjà retournée et se dandinait en direction de l'Avenue.
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Habiller ses oreilles n'avait pas été une mince affaire. Mais trouver des vêtements adaptés à une soirée passée en tête à tête avec l'un des plus hauts dignitaires de la révolution locale, ça ça avait été une autre paire de manche.

Malgré le petit confort dans lequel elle s'était installée en mettant de l'ordre dans son appartement, l'agente n'avait toutefois pas plus de meubles ni d'affaires qu'elle n'en avait trouvé dans ses placards à son arrivée. Pas de robes mais des uniformes, pas de jupes mais des pantalons. Les débardeurs eux-même disparaissaient au profit des simples t-shirts, comme si exhiber ses charmes en public pouvait relever du manque de savoir-vivre. A cette découverte elle avait bêtement haussé les épaules, jugeant que si son temps libre lui permettait bien de faire une chose, c'était de visiter les quelques commerces fleurissant dans les rues marchandes de la ville souterraine.

Elle eut tôt fait d'en faire le tour, à son plus grand malheur.

Tout ce qu'elle put trouver, à priori, fut une robe une pièce pour laquelle elle déboursa une petite fortune. A savoir un quart de sa paye du mois. L'heure approchant, elle ne tarda pas pour rentrer, enfiler ses nouveaux vêtements et se badigeonner de parfum. Ce soir-là, elle était une séductrice et rien d'autre.

Dans son crâne, le schéma était déjà tout dessiné, l'ordre des scènes parfaitement établi. Elle imaginait difficilement comment cela aurait pu mal se dérouler, elle se sentait en contrôle comme l'araignée dans sa toile, entraînant le révolutionnaire et l'enroulant dans son piège. Toutefois une sonnette d'alarme la ramenait drastiquement sur terre lorsqu'elle en venait à considérer que l'homme aurait pu faire de même, ce qui pouvait être concevable. Elle pouvait aussi bien n'être qu'un coup d'un soir, sans influence. Et c'est pourquoi elle sortit le grand jeu.

Pénétrant dans la taverne, sa silhouette mise en exergue par quelques ajustements de dernière minute apposés sur son tailleur, un décolleté plongeant et toutefois délicat pour faire ressortir sa poitrine et tout juste ce qu'il fallait pour mouler le bas de son dos, elle n'échoua pas une seule seconde à retenir tous les regards. Une chose à laquelle elle ne s'était pas encore réellement habituée, sa récente récupération d'un œil valide réajustant la symétrie de son visage la faisant désormais passer de l'autre côté du miroir. Elle était désirable et n'hésitait pas à s'en servir.

Le lieu faisait aussi guise de restaurant, bien que les tables basses et brutales au verni dégarni n'éveillaient pas la moindre idée du luxe dans lequel la jeune femme avait pu d'ores et déjà briller. A Alabasta, lors de son dernier entretien avec Ao Novas ou encore dans l'hôtel qu'elle avait finalement démoli malgré elle à Water Seven. Au palais royal de Strong World ou bien dans sa maison à Lone Down. La proximité avec ces besoins matérialistes l'avaient faite passer dans une strate supérieure du standard de vie. Mais pour bien illustrer le fait qu'elle fusse une pirate, elle ne montra aucun signe de dégoût en voyant un bout de la nappe encore trempé avec une épaisse tâche de vin.

- Elles ne sont malheureusement pas à usage unique. gratifia le fringuant cavalier qui l'avait réceptionnée en cours de route, prestement levé de sa chaise pour venir l'aborder du bras et la glisser sur son siège.

Un sourire niais traînait sur son visage éclairé par la beauté de sa compagne et elle ne manqua pas de souffler habilement du nez avant de le ramener à sa condition de révolutionnaire naïf dans une énième pique faussement acerbe. Ce qui le fit sourire de plus belle.

Le dîner s'enchaîna sans faire de vagues. De nombreuses répliques sortirent des deux côtés favorisant une sorte de camaraderie secrète qui liait les deux énergumènes. Bientôt le Cavalier en fut réduit à se défendre des accusations de la pirate qui ne lésinait pas sur la brutalité de ses propos. C'était pourtant en accord avec qui elle était, il le savait bien. Cette froideur accompagnée à sa beauté pâle le laissait coi.

- Donc l'île de Dawn, c'est ça ? Ca en fait du chemin jusqu'ici.

- En effet. J'ai eu beaucoup d'équipages au sein desquels j'étais armurière ou canonnière, je te montrerai ce que je sais faire. laissa-t-elle traîner, un sourcil arqué, suggestif. Quand on évoque la piraterie, on n'en voit que les mauvais côtés. Il y en a pourtant des bons comme le voyage ou encore la liberté...

- Ah ça la liberté je connais, c'est dans mes cordes. Celles de la révolution.

- Oui... du vent plus qu'autre chose. Quand on reste aux ordres d'un autre, on croit être libre mais la liberté, on ne fait que la toucher du doigt. Puis on fait marche arrière. La liberté, c'est bien plus que ça. C'est venir à un rendez-vous galant avec un inconnu par exemple. Quand on aurait tout simplement pu de passer à l'étape d'après.

L'homme manqua de s’étouffer en avalant une part généreuse de son repas. Peut-être était-il timide ou peut-être n'avait-il pas vu le coup venir ? Anna se complaisait dans ce rôle brutal et grossier, sans toutefois trop dévoiler. Elle réitéra plusieurs fois, occasionnant systématiquement une réaction saugrenue chez le beau brun. Qui n'était toutefois pas contre l'idée de la raccompagner après le dîner : son regard ne cessait de se perdre dans les grandes prunelles brunes de la jeune femme maquillée pour.

Vint alors le moment de payer l'addition, le moment où elle choisit de débarquer.

Furieuse, elle poussa brusquement la porte pour afficher un visage moribond et des yeux éberlués. Son visage était pivoine, ses vêtements et ses cheveux sales. Une bouteille dans sa main laissait deviner qu'elle devait avoir passé la soirée dehors, à boire dans la rue. L'agente ne put s'empêcher de la juger du regard, goguenarde. Ce fut le premier regard que reconnut Hermione, éméchée comme jamais. Elle éructa au visage de la belle, fonçant dans sa direction de façon menaçante.

- Je l'savais ! Je l'savais d'puis l'début qu'l'on pouvait pas s'y fier.

Radicalement, l'expression faciale de l'albinos disparut pour laisser place à un doute la rongeant subitement. Comment avait-elle su ? Devait-elle la tuer là-maintenant et découvrir sa couverture ? Ou bien serait-il plus intelligent de la laisser parler et perdre tout son crédit ? Elle resta stoïque le temps que son prince charmant s'interpose. Et visiblement lui non plus n'était pas tout blanc dans cette affaire. Son apparition suscita d'ailleurs un drastique changement de sujet dans la conversation, relayant les accusation de la brune à l'arrière-plan. Sa furie ne fit que s'accentuer.

D'un doigt accusateur, elle vint poignarder le poitrail du Cavalier.

- Et dire que je te croyais ! J't'ai laissé faire, j't'ai écouté ! T'es qu'un salaud !

- Hermione écoute, je t'ai dit que ça ne serait qu'une aventure... essaya l'accusé d'une voix neutre et vide de sentiment.

Elle, de son côté, en était venue aux pleurs. Toujours plus véhémente, toujours plus violente, elle vint plaquer le bonhomme contre le comptoir mais perdit en concours de force, les poignets maintenus par le gaillard. Anna assistait au spectacle : apprenant qu'il y avait finalement eu quelque chose entre ces deux-là, elle mima un air de fausse surprise. Elle était loin d'être dupe et sa pirate aussi.

En voyant cela, la colère de la jeune femme se reporta à nouveau sur elle. Elle parvint ainsi à se dégager de l'étreinte de Jimmy pour se jeter dans la direction de la belle, brisant au passage une bouteille de vin sur le bois, conservant le tesson aiguisé dans sa main.

L'agente vit le coup arriver mais ne fit rien, résolue à ne pas utiliser son rokushiki par peur d'être découverte, elle esquiva simplement le coup de la femme ivre, écopant toutefois d'une entaille au niveau de la pommette. Il n'en fallut pas plus pour voir les autres hommes débarquer dans le conflit et immobiliser la toute nouvelle commandante.

Anna ne se fit pas prier pour réagir à son tour. Après tout, c'était dans sa personnalité. Elle bondit donc sur son agresseuse et lui flanqua plusieurs coups de poings bien placés avant d'être stoppée par la main de son donjuan.

- Laisse Eleanor, elle n'en vaut pas la peine... avoua le révolutionnaire dépité.

Toutefois la pirate n'eut que faire de son aide, repoussant brutalement son poignet inquisiteur. Instinctivement, Anna n'avait pas envie d'être une énième conquête sur le tableau de chasse du Cavalier. Raisonnablement, elle devait être sûre qu'elle serait plus que cela à ses yeux.

- Parce que tu crois que tu en vaux la peine, toi ? balança-t-elle avant de récupérer un verre sur le bar et le boire cul sec, pour se diriger finalement vers la sortie, laissant derrière elle le corps amoché de la révolutionnaire toujours allongé sur le sol.

Du coin de l'oeil, elle vit Richards payer en hâte avant de se diriger dans son sillon. Ce qui ne l'empêcha pas de saisir la porte devant elle et se diriger à grand pas dans la rue.

Elle avait évidemment bien volontairement oublié l'indispensable veste que les femmes effarouchées laissent derrière elles dans les romances les moins épicées. Mais cela suffit à faire se hisser l'homme, persuadé de pouvoir tout lui expliquer ou obtenir une certaine forme de pardon, jusqu'à elle. Il commença à sortir son charabia, ce qui suffit à la blonde pour comprendre son rôle dans l'histoire.

Il tenait vraiment à elle.

Alors elle l'embrassa sans plus attendre.

Ce fut un baiser long et langoureux. Étrangement, l'agente était plutôt bonne à cela ; c'était plus ou moins inné. Elle n'avait pas eu de nombreuses expériences outre celles nécessaires au bon déroulement de l'une de ses missions. Mais sur le tas, elle avait appris. Et comme dans les films, elle leva même la jambe en se cambrant légèrement, obligeant son compagnon à la tenir plus fermement. Et après plusieurs secondes, elle se détacha enfin. Comme Jim peinait à reprendre ses esprits, elle expliqua tout simplement.

- Je suis une pirate Richards, je sais ce que je veux. Et je me fiche du reste. Mais tu es à moi désormais et si tu veux aller voir ailleurs, cela se réglera dans les larmes et le sang.

Ne sachant quoi répondre, il balbutia. Mais déjà la lionne s'était échappée, entamant d'une démarche chaloupée son retour jusqu'à chez elle. Un homme ne pouvait pas se tromper deux fois avec ce genre d'invitation. Et Jim n'échappa pas à la règle.

Elle le tenait entre ses griffes.
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Avant comme après, elle était restée dans son rôle. Mais le "pendant" s'était déroulé de façon moins homogène. Tantôt les caresses aimantes, tantôt les échanges endiablés. Si bien qu'à la fin le couple était rincé et partiellement endormi. Mais la mission de l'agente, elle, ne faisait que commencer, la perturbant dans sa recherche du sommeil. Perturbant celle de son conjoint dont les yeux endormis ne pouvaient se poser que sur son échine moite, ses doigts parcourant tendrement ses les courbes de ses épaules et de sa nuque. Il la dévorait encore du regard, passionnément dupe. Son amour faux et mesquin la remplissait d'un sentiment bileux et âcre dont elle voulait au plus vite se débarrasser. Mais elle devrait rester dans son rôle encore un petit moment. Au moins jusqu'à obtenir toutes les informations qu'elle pourrait récolter sur l'oreiller.

Cette partie était certes la première mais ça n'était clairement pas la dernière.

- En venant ici, je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre. On m'avait parlé de la révolution, mais je la pensais désorganisée, peureuse... tailla-t-elle dans le vif en faisant toutefois mine de s'éloigner de l'officier.

Pour toute réponse, celui-ci souffla du nez un long moment. Son expiration arrivant à terme, il s'essaya à une explication cohérente mais peina quelque peu à trouver ses mots. Les confessions se firent alors le plus naturellement possible.

- Malheureusement, c'est le cas... Avec l'état de Blake et les pertes récentes, tout ce que l'on peut faire actuellement c'est envoyer des éclaireurs et espérer voir des brèches...

- L'espoir n'est pas un moyen, c'est une cause. Ce n'est pas en restant planqués ici que les bourgeois vont abandonner leurs possessions. Qu'en est-il de la rébellion ?

- Elle est en marche, ne t'en fais pas... Écoute, bientôt les choses vont changer.

- Comment peux-tu en être si certain ? le coupa-t-elle, le devinant sur le point de céder ; elle donnait cette impression subtile de devoir être rassurée, juste assez.

- Eh bien... Blake tient à garder ses responsabilités malgré sa maladie mais son état devient de plus en plus critique. Et en toute logique, le commandement me reviendra par la suite. Alors à partir de là je...

Il doutait, elle l'avait pressenti. Il était encore trop tôt pour tout savoir et plutôt que de forcer, elle le laissa se reposer, faisant mine de s'être endormie pour sa part. L'homme se mit alors rapidement à somnoler tandis qu'elle cogitait sur ces dernières paroles. Car déjà une chose était sûre : elle tenait là celui qui bientôt serait en charge de la Vox. Et le seul obstacle à cela était le chef actuel dont la suprématie n'apportait rien à la situation. Cela devait changer.

Avant de s'endormir, la dernière vision qu'eut la jeune femme fut toutefois celle du regard coupable du Cavalier lorsqu'il était revenu avec la tasse de café qu'il s'était empressé de servir à son prétendu ami quelques jours plus tôt lors de leur entretien avec le leader.

Se pouvait-il que... ?

***

Elle avait dû se réveiller tôt. Plus tôt encore pour entendre son amant quitter le lit et enfiler ses habits, sans esquisser le moindre geste. Elle feintait le sommeil, la joue posée sur le revers de sa main. Quand il vint lui déposer un baiser amoureux sur le front, elle fit mine de se recroqueviller légèrement, un sourire en coin.

Puis il disparut rapidement dans l'ombre de la porte.

Une demi-heure passa. Un laps de temps assez court pour démystifier le réveil de la blonde platine avant qu'enfin elle n'ose sortir une jambe du lit. Il était tôt et elle n'avait pas tant que ça eu le loisir de dormir. Non pas que leurs ébats eussent duré si longtemps, elle n'avait surtout pas pu trouver le sommeil, embarquée dans ses réflexions. Elle redoubla de maquillage pour effacer ses grosses cernes donc. Avant de s'aventurer dans la rue. Et lorsqu'elle sortit du bâtiment, elle la vit.

Fugace, elle s'était prestement effacée dans le coin d'une bâtisse plus loin, mais son aura était bien trop présente ; menaçante, elle sentait la mort, le meurtre. La jeune fille à qui elle avait subtilement arraché son prince charmant. Hermione. Par chance, elle ne la recroisa pas davantage dans la journée. Et à dire vrai, l'agente avait en quelques sortes peur de cet élément instable pouvant faire basculer son plan à tout moment. Si elle savait quelque chose...

Elle devrait s'assurer qu'elle la mette en veilleuse, définitivement.

Toutefois ses obligations la menaient vers d'autres horizons. D'abord au QG de la révolution pour recevoir son ordre de mission. Puis à la taverne où elle retrouva son équipe d'éclaireurs, profitant d'un dernier verre, d'une dernière journée de repos avant la quête du lendemain. Ceux-ci savaient ce qui se tramait, savaient la relation entre l'officier et elle mais n'en dévoilèrent rien. Ce n'était pas la première femme qu'il mettait dans son lit, assurément. Ils ne se faisaient pas de souci. Alors elle prit un verre et profita de leur compagnie. Glissant ça et là quelques détails de sa vie passée... de pirate parfois, d'agente d'autres. Mais toujours sous le même jour, le même maquillage. La différence pouvait être si ténue.

Une bonne partie de l'après-midi passa ainsi, jusqu'à son second rendez-vous galant. Pas ici, en dehors de la cité, il l'avait attendue à l'entrée. Et cette fois-ci elle n'eut pas les yeux bandés. Elle s'extirpa des rues étroites et des galeries sinueuses pour revenir dans la cité des morts, au dehors.

Anna la reconnut à son odeur atypique avant même de la voir. Une fragrance chargée de dizaines d'odeurs différentes : charogne, os et pierre effritée, bois brûlé en faisaient partie. Elle put finalement mettre des visions sur ce qu'elle avait ressenti en parcourant les lieux, commençant par le portail, ou plutôt la faille, menant vers le repère des révolutionnaire.

Une allée étroite qui ne pouvait laisser passer plus d'une homme bien bâti sur sa largeur menant jusqu'à une rue plus large, dardée de débris. Plus encore que dans la métropole déjà bien en ruine, cette ancienne cité n'était plus que l'ombre d'elle-même. Bâtie à la surface à l'origine, c'était comme si la terre n'avait décidé que d'en prendre une partie en la faisant coulisser le long de sa paroi rocheuse, effritant la pierre et broyant les bâtiments, les écrasant les uns sur les autres. Ce chef d’œuvre cataclysmique et morbide qui n'était, au final, qu'une moitié de ville aux allures de forteresse. Des avenues montantes, d'autres descendantes, en arc de cercle autour d'une tour centrale : effondrée.

- Les autochtones n'aiment pas s'aventurer dans les ruines. Ils pensent qu'elles sont hantées. Mais c'est ici que je viens lorsque j'ai besoin de reposer mon esprit. fit le gentleman tout en tirant légèrement sur la main de sa protégée pour la mener plus en amont.

Encore et encore ils montèrent jusqu'à atteindre le promontoire le plus élevé : la base de la tour aujourd'hui avachie. Des restes d'étals demeuraient, parfois accompagnés de leurs squelettes soigneusement nettoyés. Des cadavres de toutes sortes jonchaient les paliers de maisons, rappelant ce que ce pays renfermait : cette tristesse profonde et mélancolique qui frappait l'agente.

Les ruines de ce pays étaient en quelques sortes une métaphore subtile de ce qu'avait été sa vie.

- Je ne vois rien de ressourçant. Tu as vraiment des habitudes glauques. fit la pirate sur le ton de l'humour avant de voir se dessiner un point jaune dans la pénombre.

Différent de la lumière d'une torche comme celle que tenait l'amant de la jeune femme, le rayon était comme tout droit descendu du ciel. En levant les yeux, la blonde reconnut une voute déchirée par une entaille épaisse de plusieurs dizaines de mètres. Au sein de celle-ci, la lumière se réfléchissait sur les rares surfaces lisses des quelques cristaux pour venir parsemer la ville souterraine d'éclats lumineux crépusculaires.

- Certains aiment regarder le coucher de soleil au bord de la mer. Mais il n'y a qu'ici qu'on peut le voir sous cette forme.

A raison. Au fur et à mesure que l'astre solaire descendait vers l'horizon, le nombre de lucioles s'intensifiait, venant éclairer les parois de la grotte, les murs des maisons, les orbites des squelettes et leurs sourires éternels. A cet instant précis d'harmonie, tout semblait épris dans un bonheur inattendu.

- Même les endroits les plus dévastés conservent des secrets d'une beauté inimaginable. soupira le prétendant en s'asseyant sur un banc en pierre ancestral.

Un sanglot échappa de la bouche de la jeune femme. Devant tant d'espoir, elle ne put s'empêcher de montrer ses véritables sentiments. Faible ; à ce moment-là elle pouvait se permettre d'être faible. Et d'être recueillie dans les bras confortables de son homme. Dévastée.

Ainsi immobiles, ils restèrent là, chacun avec leurs secrets, muets, accolés, pendant plusieurs dizaines de minutes. Jusqu'à ce que les particules disparaissent et que le voile de pénombre reprenne sa place. La nuit tombée, le délice romantique s'achevait là où le Cœur d'Acier venait parachever sa mission.

Et connaître le fin mot de l'histoire cette fois-ci.
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Elle tira sur sa ceinture pour lui faire franchir un cran supplémentaire. Enserrer davantage sa taille et faire légèrement ressortir son buste. Légèrement trop grand, l'uniforme lui donnait l'impression de flotter dans ses habits, elle qui était si habituée aux tenues moulantes et aux tailleurs. La tunique de la Marine qu'elle avait adapté, outre son manteau d'officière démesuré, lui octroyait aussi cette souplesse du tissu dévoilant ses formes. Mais dans son sac de lin révolutionnaire, l'agente n'était décidément pas à l'aise.

Première mission mais ses pensées étaient dirigées vers autre chose. Son regard abscons ne manqua pas de la prévenir de l'arrivée de ses camarades pourtant, quand quelques heures plus tard elle demeurait à la taverne, immobile, un verre de rhum à la main. Pour se donner du courage soit-disant : on est pirate ou on ne l'est pas. L'usage des stéréotypes était rudement efficace, à cet effet.

Ce fut Malbouf qui engagea la conversation. Et cette fois-ci ça y était, elle était des leurs. Elle était une éclaireuse. S'adressant à l'intégralité du groupe, les poings posés contre le plat de la table, il tonna avec sa voix symbolique :

- Une mission d'routine comme d'hab'. Rien d'plus. Enzo, Booq et moi on r'tourne à la Capitale, on note les déplacements des gardes. Hooly Pied-bot et Bill vont à la pêche aux infos, comme la dernière fois.

Passant en revu le rôle de chacun, il déploya en même temps ses doigts sur la carte froissée rapidement posée sous ses mains.


Anguille sous roche Carte-arcadia-5143ca5


- Pis toi, Eleanor, vu ton passif de pirate, on s'est dit qu'ça s'rait pas mal de t'envoyer à Alsbrough avec le Veau-Benoît. Ça bouge pas mal par là-bas, le chef a dit qu'fallait surveiller les agissements.

Ses yeux s'écarquillèrent. Alsbrough. Quelques mots lui revinrent subitement en mémoire de la discussion qu'elle avait eu la veille au soir avec son amant et cela ne semblait pas être une simple coïncidence.

Le Cavalier avait à faire dans cette ville.

Comme pour valider cette pensée, McDonald tendit à l'agente une lettre qu'elle glissa rapidement dans sa poche.

- Il a aussi dit d'te donner ça, au cas où vous rencontreriez des problèmes... termina-t-il avec un clin d’œil déguisé.

Des sept hommes et femmes, Benoît et elle étaient les seuls à ne pas se rendre à la Capitale. Visiblement la mission de routine ne les concernait pas, comme si ses plans avaient été aiguillés au dernier moment. Ce qui n'était pas tant que cela une surprise au vu de la confidence dans laquelle elle était désormais. Prise à son propre jeu, elle y était désormais dedans jusqu'au cou.

La main toujours dans sa poche, elle serrait entre ses doigts l'enveloppe et son cachet de cire sur lequel venaient courir ses doigts. Sans écouter les derniers ordres invectivés par Malbouf, elle attendit patiemment la fin de la réunion pour suivre ses compagnons jusqu'à la brèche. Disparaître dans la galerie dans le sillon du Veau. Et prendre un chemin différent à partir des ruines.

La cité semblait bien moins resplendissante que le soir précédent. Surplombant la pénombre, elle tenait désormais davantage de cet édifice maléfique où vilains et sorcières viennent parfois se regrouper. Immense masse noire et grise, légèrement illuminée par les bribes de lumières s'échappant du plafond rocheux, elle n'avait clairement plus rien de spectaculaire. Juste un spectacle macabre. Alors que l'agente savait désormais ce qu'il se tramait au sein de la révolution et les plans de son amant, l'illusion de l'amour était vacillante et le malaise omniprésent. Une chose était sûre : elle devait remettre son scénario en question car l'échiquier venait brutalement de se renverser sous le coup de la révélation. Comme si une deuxième Reine était venue sur placer dans le camp des blancs.

Et un pion n'a jamais pu renverser deux reines.

Au fil de la procession, chacune des cinq autres silhouettes s'évanouit de son côté, laissant l'handicapé et elle seuls dans le noir en partance vers une direction diamétralement opposée. Le silence demeura ainsi, longuement, jusqu'à ce que le petit gros vînt le briser brutalement.

- Tu as l'enveloppe ? questionna-t-il dans un aboiement à demi-mâché.

Ne sachant pas si Benoît pouvait discerner ses contours dans la pénombre, elle hocha toutefois la tête tout en produisant un léger bruit d'assentiment. Loin de lui garantir une véritable sécurité, la paperasse tenait davantage du message "diplomatique". Et elle savait à qui l'adresser.

Visiblement le Veau aussi puisqu'il se sentît obligé d'en faire la remarque :

- Alors tu sais ce qu'il nous reste à faire.
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