Voilà une heure que l'agente avançait, les yeux bandés, faussement aveugle. Elle voyait, c'était certain, mais par l'intermédiaire de son sixième sens. Elle percevait les halos bleutés, parfois bicolores, des êtres vivants qui l'entouraient. C'était un petit groupe d'hommes qui les avaient saisi, ils n'étaient clairement pas plus de dix. L'un traînait la patte, l'autre était loin devant. Mais le seul qui s'évertuait à leur parler était le spécimen le plus étrange et de loin. Sa voix vrombissait comme un tambour de guerre, semblant quasiment faire trembler le sol avec sa gravité astronomique. Fait étonnant, plus que cette singularité vocale, il se déplaçait par petits bonds. En réalité, cette danse étrange avait pour but de masquer ses traces, d'éviter que ses bottes n’imprègnent trop longtemps la terre fraiche et malléable. Une habitude ou un réflexe plus qu'une véritable stratégie, le lourdaud de derrière effaçant toute tentative possible de discrétion du groupe.
Le premier homme était visiblement un éclaireur et il se nommait Malbouf. C'était d'ailleurs lui qui s'était occupé de panser la plaie sous-cutanée de la blonde et de lui prodiguer les premiers soins.
- Où c'est qu'on va ? tenta une nouvelle fois la voleuse, coupant brusquement l'observation de l'enquêtrice.
Elle avait posé la question un bon nombre de fois, recevant systématiquement la même réponse ; à savoir un silence pesant. Pourtant cette fois-ci, le baryton lui répondit, d'une voix qui se voulait assez aimable, affable et emplie de compassion.
- Plus très loin encore.
Anna pour sa part conservait le silence, enchaînant un pas devant l'autre tant bien que mal. Prenant bien garde à éviter les obstacles décris sur son chemin pour ne pas finir couverte de boue comme Hermione, qui avait manqué de chance quelques minutes plus tôt. Comme elle se savait sur la bonne voie, elle n'était pas du tout anxieuse. Et sa perception n'étant pas totalement bâillonnée, elle conservait un avantage considérable. La brunette aussi, mais moindre visiblement. Celle-ci se ramena enfin à ses côtés, après avoir engagé une courte discussion avec l'un des ravisseurs, qui n'avait émis pour toute réponse qu'une suite de grognements incompréhensibles.
- J'pense pas qu'l'on soit entre d'mauvaises mains. commença-t-elle.
Sa voix était parcourue de tremolos. Elle voulait y croire, restait optimiste, mais savait que dans ce monde les choses avaient bien trop tendance à virer au désastre. Il n'y avait pas de fin heureuse à Arcadia.
Anna décida de la rassurer brièvement. Sa tête levée vers le ciel, humant l'air et ses fragrances sylvestres, elle répondit simplement :
- Peu importe où nous allons, nous sommes sur la bonne route.
Cette unique phrase eut une répercussion importante sur le moral des deux demoiselles, qui ne purent s'empêcher de sourire l'une l'autre sous les regards suspicieux de leurs gardes-chiourmes. Pour l'agente, l'énonciation avait davantage de profondeur. Chaque pas la menait vers la révolution qu'elle mènerait à son tour vers une victoire qu'elle saurait faire écrasante sur les Bourgeois. Elle était confiante à ce sujet et ne perdait pas son objectif de vue. C'était sa motivation à presser le pas, toujours et encore, pour finalement atteindre le peloton de tête.
Progressivement, le sol noueux de racines et de plantes mortes laissa place à une pente graveleuse et sèche, clairsemée de rochers et de pierres. L'air frais de la forêt hivernale se substitua à une nouvelle atmosphère humide et froide, jusqu'à ce que le bruit de leurs pas finisse par rencontrer un écho. Le son de leur voix se répercutait librement sur les parois de ce qui semblait à priori être une profonde caverne entaillant le sol et sa croute rocheuse. Et comme le groupe n'avait fait que descendre depuis la lisière de la forêt, Anna comprit bien qu'on les menait vers les abysses d'une faille brutale dans les plateaux environnants. Elle partagea cette idée avec sa comparse qui, après un instant de réflexion, suggéra à voix basse un lieu sans en être trop sûre.
Quelques instants plus tard, les doutes de l'adolescente se confirmèrent. Les grincements sinistres de gonds incroyablement rouillés appartenant à un imposant portail signalèrent leur entrée dans l'enceinte d'un château ou d'une ville fortifiée.
Bientôt le parterre de galets laissa place à un sol dallé d'épaisses pierres plates et les effluves pestilentielles se mirent à abonder autour des visiteurs. Au point même que Anna s'avoua heureuse d'avoir les yeux bandés pour ne pas pouvoir identifier les sources des odeurs dans le spectacle décati environnant. Bien qu'elle pusse toujours pressentir la présence des silhouettes squelettiques jonchant les environs et leur attribuer cette responsabilité. Au bout de quelques minutes supplémentaire de marche, Hermione opina enfin du chef en répétant une nouvelle fois le nom de l'endroit : la Cavité. Aux aguets quant à cette évocation, Malbouf ne tarda alors pas à se ranger à leurs côtés. Puis engagea la conversation au sujet de ce que la cité enfouie fut jadis et de la tragédie qui s'y était déroulée.
- Alors c'est ici que se cache la Vox... pensa la CP9.
Dans un geste brusque, son pied vint maladroitement cogner une surface calcaire, qui s'avoua au son de son ricochet être en réalité un os de type tibia ou fémur. Elle grimaça par réflexe.
- Malgré les apparences, toute la population n'a pas disparu suite à la catastrophe. Toutefois ces ruines sont plutôt utiles, c'vrai. Personne n'ose s'aventurer dans les catacombes.
Arrivés à cette étape du voyage, l'éclaireur semblait ne plus s'inquiéter des informations que pouvait obtenir le duo de jeunes femmes. Au pont que Hermione suggéra quelques minutes après qu'on leur retirât leur bandeau, puisqu'elles avaient correctement deviné où elles se situaient. Pourtant Malbouf répondit par la négative, informant qu'ils n'allaient pas tarder à traverser un énième endroit nécessitant leur cécité la plus complète. Qu'il fallait préserver des regards indiscrets, apparemment.
Alors le cortège sembla soudain s'engager dans ce qui semblait être un minuscule et ridiculement étroit couloir caverneux.
Le premier homme était visiblement un éclaireur et il se nommait Malbouf. C'était d'ailleurs lui qui s'était occupé de panser la plaie sous-cutanée de la blonde et de lui prodiguer les premiers soins.
- Où c'est qu'on va ? tenta une nouvelle fois la voleuse, coupant brusquement l'observation de l'enquêtrice.
Elle avait posé la question un bon nombre de fois, recevant systématiquement la même réponse ; à savoir un silence pesant. Pourtant cette fois-ci, le baryton lui répondit, d'une voix qui se voulait assez aimable, affable et emplie de compassion.
- Plus très loin encore.
Anna pour sa part conservait le silence, enchaînant un pas devant l'autre tant bien que mal. Prenant bien garde à éviter les obstacles décris sur son chemin pour ne pas finir couverte de boue comme Hermione, qui avait manqué de chance quelques minutes plus tôt. Comme elle se savait sur la bonne voie, elle n'était pas du tout anxieuse. Et sa perception n'étant pas totalement bâillonnée, elle conservait un avantage considérable. La brunette aussi, mais moindre visiblement. Celle-ci se ramena enfin à ses côtés, après avoir engagé une courte discussion avec l'un des ravisseurs, qui n'avait émis pour toute réponse qu'une suite de grognements incompréhensibles.
- J'pense pas qu'l'on soit entre d'mauvaises mains. commença-t-elle.
Sa voix était parcourue de tremolos. Elle voulait y croire, restait optimiste, mais savait que dans ce monde les choses avaient bien trop tendance à virer au désastre. Il n'y avait pas de fin heureuse à Arcadia.
Anna décida de la rassurer brièvement. Sa tête levée vers le ciel, humant l'air et ses fragrances sylvestres, elle répondit simplement :
- Peu importe où nous allons, nous sommes sur la bonne route.
Cette unique phrase eut une répercussion importante sur le moral des deux demoiselles, qui ne purent s'empêcher de sourire l'une l'autre sous les regards suspicieux de leurs gardes-chiourmes. Pour l'agente, l'énonciation avait davantage de profondeur. Chaque pas la menait vers la révolution qu'elle mènerait à son tour vers une victoire qu'elle saurait faire écrasante sur les Bourgeois. Elle était confiante à ce sujet et ne perdait pas son objectif de vue. C'était sa motivation à presser le pas, toujours et encore, pour finalement atteindre le peloton de tête.
Progressivement, le sol noueux de racines et de plantes mortes laissa place à une pente graveleuse et sèche, clairsemée de rochers et de pierres. L'air frais de la forêt hivernale se substitua à une nouvelle atmosphère humide et froide, jusqu'à ce que le bruit de leurs pas finisse par rencontrer un écho. Le son de leur voix se répercutait librement sur les parois de ce qui semblait à priori être une profonde caverne entaillant le sol et sa croute rocheuse. Et comme le groupe n'avait fait que descendre depuis la lisière de la forêt, Anna comprit bien qu'on les menait vers les abysses d'une faille brutale dans les plateaux environnants. Elle partagea cette idée avec sa comparse qui, après un instant de réflexion, suggéra à voix basse un lieu sans en être trop sûre.
Quelques instants plus tard, les doutes de l'adolescente se confirmèrent. Les grincements sinistres de gonds incroyablement rouillés appartenant à un imposant portail signalèrent leur entrée dans l'enceinte d'un château ou d'une ville fortifiée.
Bientôt le parterre de galets laissa place à un sol dallé d'épaisses pierres plates et les effluves pestilentielles se mirent à abonder autour des visiteurs. Au point même que Anna s'avoua heureuse d'avoir les yeux bandés pour ne pas pouvoir identifier les sources des odeurs dans le spectacle décati environnant. Bien qu'elle pusse toujours pressentir la présence des silhouettes squelettiques jonchant les environs et leur attribuer cette responsabilité. Au bout de quelques minutes supplémentaire de marche, Hermione opina enfin du chef en répétant une nouvelle fois le nom de l'endroit : la Cavité. Aux aguets quant à cette évocation, Malbouf ne tarda alors pas à se ranger à leurs côtés. Puis engagea la conversation au sujet de ce que la cité enfouie fut jadis et de la tragédie qui s'y était déroulée.
- Alors c'est ici que se cache la Vox... pensa la CP9.
Dans un geste brusque, son pied vint maladroitement cogner une surface calcaire, qui s'avoua au son de son ricochet être en réalité un os de type tibia ou fémur. Elle grimaça par réflexe.
- Malgré les apparences, toute la population n'a pas disparu suite à la catastrophe. Toutefois ces ruines sont plutôt utiles, c'vrai. Personne n'ose s'aventurer dans les catacombes.
Arrivés à cette étape du voyage, l'éclaireur semblait ne plus s'inquiéter des informations que pouvait obtenir le duo de jeunes femmes. Au pont que Hermione suggéra quelques minutes après qu'on leur retirât leur bandeau, puisqu'elles avaient correctement deviné où elles se situaient. Pourtant Malbouf répondit par la négative, informant qu'ils n'allaient pas tarder à traverser un énième endroit nécessitant leur cécité la plus complète. Qu'il fallait préserver des regards indiscrets, apparemment.
Alors le cortège sembla soudain s'engager dans ce qui semblait être un minuscule et ridiculement étroit couloir caverneux.
Dernière édition par Annabella Sweetsong le Ven 24 Fév 2017 - 17:46, édité 1 fois