« Hello Boréa ! »
Nous étions actuellement en train de mourir de faim ! Enfin, c’était le cas pour ma part, je savais que Flûte n’avait pas besoin de manger ou de respirer, d’ailleurs, je me demandais comment cela était possible, qu’une marionnette puisse être animé de la sorte. Ce monde contenait d’innombrables mystères, qui faisaient d’ailleurs toute sa beauté et mon côté aventurier me poussait à les découvrir et les comprendre. Mon ventre se mit à gargouiller et je revins à moi. Mon esprit vagabondait bien trop souvent ces derniers temps à cause de mon manque d’énergie. Je n’avais rien avalé depuis notre départ de Logue Town, la ville du commencement et de la fin.
Je n’avais aucune idée où nous nous trouvions, mais notre dernier parcours avait été des plus épiques et mouvementés. Jamais je n’aurai cru escalader un jour une montagne avec un bateau, mais c’est bien ce qui nous est arrivé ! Nous nous sommes soudainement fait prendre par un courant, qui heureusement nous a pris dans une espèce d’ouverture dans la montagne et nous avons grimper jusqu’au sommet avant de redescendre à une vitesse ahurissante. En haut, il y avait plusieurs chemins et cinq en comptant celui d’où nous provenions. Nous avons emprunté ou plutôt notre bateau a été dirigé sur la première ouverture à droite et nous sommes revenus sur la mer, je dois me renseigner sur cette étrange montagne, mais avant, je dois impérativement trouver de quoi manger !
J’étais allongé sur le plancher à l’intérieur, car dehors il faisait froid, je n’avais jamais connu ça et je n’étais pas équipé pour affronter une telle température. Notre petit bateau n’était même pas chauffé et je me demandais comment nous allions nous en sortir, il nous fallait absolument un navigateur, nous ne pouvions pas continuer à risquer notre vie en se laissant transporter par les eaux. Mon pantin montait la garde sur le ponton, il ne ressentait pas le froid, alors c’était à lui qu’incomber le rôle de guetteur et alors que mes yeux se refermaient pour m’endormir, j’entendis le son de la flûte de mon compagnon. Je me levais d’un coup, mais j’ai du me retenir à la paroi pour ne pas chuter à cause d’une baisse de pression, mon corps était à bout. Je sortais tant bien que mal de la cabine et je pouvais apercevoir une île enneigée à l’horizon, j’avais une chance de m’en sortir…
J’amarrais le bateau au quai d’un magnifique port avant de descendre et poser pied sur terre, j’avais presque oublié la sensation de marcher sur la terre ferme. J’avais pris le soin d’ôter mon pavillon pirate que nous avions confectionner durant les premiers jours de notre précédent trajet, je ne voulais pas d’ennui, je voulais simplement me restaurer et retrouver des forces. Je payais la place de mon bateau pour une semaine, j’avais presque épuisé mes épargnes, il devait me rester de quoi me payer un plat tout au plus. Je devais absolument trouver de l’argent pour continuer mon aventure sur les mers de ce monde.
Je fus accueilli par une autorité locale qui me présenta les lois et les règes de l’île avant de me proposer d’héberger dans une auberge ou chez un habitant de cette ville portuaire nommé Lavalliere. J’optais pour l’auberge, en tout cas pour la première nuit.
« J'ai trouvé du travail ! »
○ Bonjour et bienvenue dans mon auberge ! Que puis-je faire pour vous ?
J’étais face à cet homme, mais j’avais de la peine à parler, j’étais glacé, je tremblais et avais les lèvres toutes bleues.
○ I.. i.. il me.. fa.. faut.. un.. un.. plat.. ch.. ch.. ch.. Atchoum !
J’éternuais et laissais pendre un filet de morve au bout de mon nez.
○ Ne vous inquiétez pas, j’ai ce qu’il vous faut.
Le gérant de l’auberge m’installa à une table en me couvrant les épaules d’une grande et large couverture de laine et me servit sans attendre une tasse de thé.
○ Je vous prépare un repas et une chambre ?
Malgré mon grelotement, j’acquiesçais tout en sortant mes dernières épargnes. Les yeux noirs de mon compagnon était fixé sur moi, il était face à moi et me regardait avec peine, pensait-il que j’allais mourir ? Presque, mais j’irai sans autre mieux après m’être réchauffer et avoir avaler un bon repas.
Je serrai fort la tasse entre mes deux mains pour augmenter la température de mon corps, heureusement, l’auberge était bien chauffée et cette couverture était bien épaisse. Je sirotais mon thé à la menthe ? Oui, c’était bien ça, tout en écoutant les discussions de la salle. Les sujets variaient énormément : impôt, pirate, météo, travail, … Travail ? Je tendais mon oreille pour entendre les paroles de la table d’à côté, mais le duo qui siégeait là chuchotait. Je fis signe – discrètement – à Flûte d’écouter également la discussion de nos voisins. Un kiosque proposait différentes tâches bien récompensées, mais ces boulots ne semblaient pas très légaux. Cependant, au point où j’en étais, tant que je ne blessais personne, j’étais prêt à réaliser n’importe quel mission. Les temps étaient durs pour moi et je ne pouvais pas faire la fine bouche si je désirais poursuivre mon rêve d’explorer le monde.
Pour avoir accès aux différentes missions, il fallait s’approcher d’un quelconque kiosque de l’île et demander le dernier numéro de … Gorge Profonde !? Je crachais tout ce que j’avais en bouche sur Flûte avant de commencer à tousser. Tous les clients me regardèrent, alors que je me cachais dans ma grande couverture.
○ Désolé Flûte…
La marionnette me regardait d’un air blasé au vu de ma réaction sur les mots « gorge profonde ». Je lui souriais bêtement pour me faire pardonner, mais heureusement, le gérant arriva pour me servir à manger et apporter de quoi s’essuyer au pantin.
○ Merci Monsieur et désolé pour l’accident.
○ Ne t’en fais pas mon petit, j’ai vu pire ! Ah ah ah ah !
Dit-il tout en rigolant et me frappant dans le dos avant de repartir pour servir d’autres personnes. L’odeur du plat pénétra dans mes narines et je plantais aussitôt mes services dans ce met pour littéralement me goinfrer. Mon estomac criait famine et je n’avais plus la force d’attendre, je devais tout avaler le plus vite possible pour me rassasier. Flûte écarquilla les yeux face à ce spectacle d’une sauvagerie peu commune. C’était la première fois qu’il me voyait manger comme ça, mais je n’en pouvais tout simplement plus et les bonnes manières étaient passées en second plan à ce stade.
Je me laissais aller sur ma chaise, le ventre plein et le pourtour de la bouche sale. Il ne manquait qu’un rot pour terminer cet acte en toute beauté, mais je me retins tout de même. Je m’essuyais la bouche et finissais tranquillement thé. J’avais évité la mort, j’étais chauffé, rassasier et j’avais trouvé du travail, que pouvais-je demander de plus ?