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Casus Belli

One Shoot à lire avant : Prélude

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Dans les eaux territoriales de Suna Land...

- Baissez vos armes !
- Ouais, baissez les, vous voulez pas qu'il se prenne un courant d'air dans le crâne non ?
- T'en as d'grosses pour monter sur mon navire et prendre en otage un d'mes gars, dit le capitaine.
- B...boss ! C'est Bobcat !
- Avada Kédavra, hein ?
- C'est l’fameux tueur en série d'North !
- Parait qu'elle est primée à 50 briques ! lance un autre.
- Elle ? C'est pas un mec ?
- Un androgyne !
- La ferme ! Allez dégage toi, dit la tueuse en libérant l'otage.
- Ho, ho ! Un bout d'bois hein ? dit le capitaine en constatant que "l'arme" tenait en respect son subordonné était factice.
- Quand je dégaine, je tue.
- Ho, ça s'veut une vraie pro' hein ? Mais qu'est-c'qui motive ton suicide ? Débarquer sur l'pont d'un navire pirate, prendre un otage avec un bout d'bois et l'libérer ensuite ?
- Un suicide ? Tout de suite les grands mots. Trêve de bavardages, Dieudo, je ne suis pas là pour toi. Je cherche...

Son Observation l'ayant alertée, "Bobcat" se décale d'un petit centimètre juste avant qu'une forme lancéolée ne fuse de sous le pont et ne l'embroche. Ce n'est pas un javelot mais la cible que cherchait la tueuse. Propulsée au dessus de l'androgyne par son faramineux bond, elle retombe aussi vite qu'elle est montée, épée au clair. Avada ne bouge pas, sourit même alors que la lame d'une intense couleur écarlate cingle ostensiblement vers son cou. « Aie, ça fait mal ton truc ! » satirise-t-elle après que l'épée se soit immobilisée à moins d'un cheveu de sa jugulaire. « Tu veux quoi à cette fille ?! » réplique l'assaillante d'une voix aussi acérée que sa claymore. Elle est puissante, autant que les rumeurs le laissaient présager, pense Avada. Des alliés de poids, qu'ils seront tous. « Le Pachyderme Écarlate, c'est pour ça que vous êtes tous là non ? » demande Bobcat en sortant le journal du matin de son manteau. A la une, la série d'explosions à Suna Land et le Pachyderme Écarlate.

- Comment tu sais ça ?!
- C'était moi sous ce costume, c'est ma façon de t'appâter. Selon mes informations, vous zoniez dans le coin alors j'espérais bien que tu viennes pour élucider cette histoire de Pachyderme Écarlate.
- Cette fille ne sait pas ce que ça veut dire, marmonne-t-elle en éloignant son épée du cou de Bobcat. Tout ce qu’elle sait c'est que ça la hante. Le Pachyderme Écarlate, depuis douze ans, celle-ci est obsédée par ces deux mots sans savoir ce que ça signifie, sans que personne sache.
- On a cherché avec elle, sur les quatre mers, on a enquêté. Nada. Puis c'matin, à notre surprise, l'journal parle d'un héros qui s'fait app'ler l'Pachyderme Écarlate. On a rappliqué à la quatrième vitesse même si on s'est dit que ça pouvait être un piège. On a interrogé tell'ment d'monde que quelqu'un aurait pu nous piéger comme ça. renchérit Dieudo, son capitaine.
- T'étais pas dans le faux. Mais je veux tout sauf votre mal. T'as perdu la mémoire, Wilhelmina ? Ça expliquerait bien des choses.
- Cette fille sait juste qu’elle s’appelle Wilhelmina et que le Pachyderme Écarlate est très important pour elle. Pour son passé. Alors quoi, t'as été engagée par la famille de celle-ci ou un truc du genre ? demande-t-elle.

Dans sa voix, un mélange d'espoir et d'appréhension. Toute velléité de combat s'est évaporée. C’est vraiment la bonne personne, constate Avada. Mina' parle d’elle à la troisième personne, tout comme les Corvéables de Carci. La tueuse à gage s'éloigne du trou créé dans le parquet et s'assied sur le bastingage. Par où commencer ? Le début surement, pour que tout lui soit clair et décanté. Alors elle raconte tout : l'histoire de Loth Reich parti sauver son amie capturée par le clan Burn, un des cinq clans majeurs de Carcinomia. Le nom de l'ile déclenche chez la Baronne Rouge une violente migraine ; comme si à son corps défendant, son esprit essaie de s'en rappeler. Carci', une ile sous-marine où Loth découvrit la banalisation de l'esclavage. Il y rencontra les Corvéables, un clan d'esclaves Longs-bras exclusivement, endoctrinés de génération en génération, élevés et gérés comme des brebis de prairie. Leurs bergers ? Le clan Wave, un autre clan majeur. C'est à Palafitte, chez ces derniers, que Loth trouva son amie Émeline, vendue à Adalbert Blue par le clan Burn et promise à un mariage forcé qui aura lieu dans quatre jours.

Adalbert Blue... L'essence de la perversion. Comme Bobcat s'y attend, Wilhelmina s'effondre, la tête entre ses mains. Elle tremble et sue abondamment. Son capitaine se précipite à son chevet et enjoint la raconteuse de s'arrêter là. Mais Mina' veut en savoir plus, elle est plus que jamais avide, d'autant plus qu'elle ressent le récit dans sa chair à présent, dans les cicatrices de brulures qui constellent son corps. Intuitivement, elle pressent que cet Adalbert y est pour beaucoup dans ses stigmates, ce que confirme Avada. Il est en outre directement responsable de l'amnésie qui empêche la Long-bras de retrouver son passé. Mais avant d'en arriver là, il lui faut parler du Pachyderme Écarlate.

Drapé dans la combinaison qui lui donna son nom, ce héros populaire apparut en 1606 à Carcinomia et entreprit quelque chose d'inédit jusque lors en s'attaquant à un esclavagiste et plus précisément au père d'Adalbert. Pour comprendre la portée de son acte, de son "blasphème", il est primordial d'avoir tutoyé l'esclavage institutionnalisé du clan Wave, où tous les asservis sont convaincus de valoir moins que de la vermine. L'endoctrinement est poussé à une telle extrémité que pour leur enlever toute identité, aucun des esclaves de ce clan n'a droit à un nom propre. Ils se nomment Puce, Morpion, Criquet noire, Ver de vase, Tenia, etc... Des noms pour leur rappeler ce qu'ils sont censés être. De la vermine.

- Bref, ce jour-là, le Pachyderme fit quinze morts dont le Comte Blue. A partir de là, au moins une fois par mois, le héros apparaissait, perpétrait un attentat contre les intérêts des esclavagistes et disparaissait. Pendant neuf ans, il fut inarrêtable, causant une centaine de morts. Puis il disparut de la circulation, un jour de 1615.
- 1615... ? Mais c'est l'année où...
- Tu t'es retrouvée flottant en mer avec ces vilaines brulures et sans souvenirs... Attends, nooon, c'est elle qu'a été le Pachyderme ? s'enquiert Dieudo, comprenant enfin. C'est pour ça que c'était aussi important pour elle ?
- Oui, elle a été le Pachyderme depuis qu'elle avait dix ans. Elle a grandi avec, c'était ça, sa véritable identité.
- Comment ils ont démasqué celle-ci ?
- T'étais une esclave en pleine floraison, belle comme pas deux à Carci. C'est là qu'entre en scène Adalbert dont j'ai parlé plutôt. Il voulait te posséder et t'as résisté.
- Quelle horreur...
- T'avais un amoureux, Adalbert l'a su et dans sa jalousie meurtrière, il a lâché ses chiens de chasse sur ton copain. Il a connu une fin abominable et t'as voulu le venger. De nos jours, Adalbert porte la barbe intégrale pour cacher la balafre que tu lui as faite. Mais il était trop bien protégé et t'as pas pu l'achever. La suite, c'est que t'as été pourchassée jusqu'au port de Palafitte où t'as disparu dans un incendie. Comment tu t'es retrouvée à flotter à la surface, je sais pas.

Dieudo enlace sa seconde sanglotante et toujours tremblante. Les souvenirs ne lui sont pas revenus mais entendre raconter la tragédie qui fut la sienne secouerait n'importe qui à sa place. « Fourmi Jaune, ton copain s'appelait Fourmi Jaune » complète Avada avec le sentiment s'enfoncer le clou. Les cheveux si noirs qu'ils en brillent de Mina cascadent sur son épaule comme un ruisseau dévalant une pente, ses bras à double articulation se perdent dans les plis du kimono de son capitaine qu'elle enserre en pleurant. A la voir aussi fragile, nul ne parierait que c'est elle qu'on surnomme "Carmine Baroness" tellement elle a répandu le sang depuis le début de sa carrière de pirate, douze ans plus tôt. De sa poche, Bobcat sort une photographie qu'elle remet à Mina. Immortalisée dessus, une vieille femme naine, à peine un mètre de haut. Ses cheveux blanchis sont attachés en gros chignon et à ses côtés pose un autre Long-bras, richement habillé, le regard intelligent dissimulé derrière ses lunettes fumées.

- Lui c'est Reich, sa renommée n'est plus à faire. Elle, c'est qui ?
- Mamouchka... marmonne Wilhelmina, une main sur la bouche.
- A Palafitte, tout le monde l'appelle Vieille Nan mais pour toi, c'est Mamouchka.
- C'est la mère de celle-ci. Ma maman... mamouchka... répète-t-elle en boucle. Elle est avec Reich ?
- Euh... non. Elle est toujours à Carcinomia, toujours esclave.
- C'est intolérable ! Celle-là va la libérer de ce pas ! Carci' c'est sur North Blue, non ? Hey vous autres, hissez les voiles !
- Wow ! Calmos Mina ! J'ai pas fini mon histoire. Ta mère est avec Émeline, elle est sa servante attitrée qui la prépare pour le mariage. Loth a promis à Émeline de te retrouver et de te ramener à Carcinomia.
- C'est fait. On y va !
- Où est Reich ? s'interroge Dieudo.
- Bonne question. Il se trouve qu'il a été lui-même fait esclave dernièrement. 'fin, depuis ces dix-huit dernières heures.
- QUOI ? Comment ? Par qui ?
- Le Conclave. Loth a déjà été leur esclave, de 1608 à 1614. A cause de Lavoisier -un de ses pires ennemis- il est maintenant prisonnier de ces anciens geôliers. Ils sont déjà sûrement à Rhétalia.
- Nooon ! Pas ce pays !
- Rhétalia est un genre de Carcinomia puissance 1000. Les techniques d'endoctrinement qui asservissent les esclaves de Carci ont été divulguées par des "dresseurs" venus de Rhétalia. Voici la proposition que je vais te faire Mina. Tu m'aides à secourir Loth et on retourne ensemble libérer Carci du joug des esclavagistes. 'fin, on a besoin du nombre et de la puissance ; l'équipage des Twins Bones regroupe les deux.
- Capitaine ?
- Hoho, se lancer dans une guerre ?
- C'est le jour dont cette fille parlait, Capichef. Un jour, quand celle-ci retrouvera trace de son foyer, elle partira.
- Quand tu zieutes mon équipage, tu vois quoi, Bobcat ?
- Des longs-bras, des longues-Jambes, des hommes-poissons et un géant.
- Des déracinés. On est tous sans repère. On est tous notre famille.
- Tout à fait. Tous ceux qui sont ici n'possèdent rien d'autre que l'compagnon à leurs côtés. Quand on voit Reich, héros d'Boréa, on peut pas s'douter qu'il a vécu ces horreurs. Bah ici, c'est la même chose. On a tous nos merdes du passé, discriminés, chassés, torturés parce qu'on était pas humains. Mais on n'est humain ! Juste différents ! Si on doit s'battre pour cette différence, si on doit s'battre pour une des nôtres, ce s'ra avec plaisir qu'on répandra notre sang ! affirme-t-il.

Son équipage l’appuie avec une clameur qui fait trembler le pont. Mais ils constatent rapidement que le boucan n'y est pour rien, c'est plutôt le boulet de canon qui vient d'exploser près du navire. Un croiseur de la Marine en manœuvre de combat les prend pour cible. C'était à prévoir. Moins d'une heure auparavant, alors qu'elle recherchait désespérément une trace du Pachyderme, Mina' s'était déchainée en ville en interrogeant tout le monde puis finit par saccager le bureau de presse, folle de rage face au manque d'informations. Les Twins Bones Pirates se mettent en branle-bas de combat. Cet petit encas de Marines constitueraient un bon échauffement, si le Transporteur vient à échouer dans sa mission, se dit Bobcat. Mais elle espère que le Gila et Abigail rallieront leurs cibles aussi rapidement qu'elle. « Hey Mina', tu me montres ce que tu sais faire ? Parce que ton attaque de tout à l'heure était plutôt faiblarde. Je ne vais pas m'encombrer de boulets, tu sais ? » lance-t-elle au Pachyderme.

- Avec plaisir.

"Carmine Baroness" Wilhelmina
Prime : 40 000 000 B
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Portgentil, Bliss

Le palais des Grantz tient plus de la forêt que de la demeure royale. Abigail ignore si c'est en respect de l'arbre qui blasonne leurs armoiries et de leur devise d'être les "racines de cet arbre appelé Gouvernement Mondial" qu'il y a autant de végétaux ici. Et des gros. La demande d'audience fut rapidement traitée lorsqu'ils virent le patronyme "Reich" dessus. Après avoir serpenté dans les dédales boisés de la demeure médiévale sise sur la plus haute colline de Portgentil, elle est introduite dans la salle du trône, une pièce rectangulaire au plafond si haut qu'un géant y tiendrait volontiers. D'ailleurs, il semblerait qu'elle ait été construite pour et par des géants. Les tableaux qui ornent les murs drapés de tapisseries vertes le prouvent, les Grantz se métissèrent avec des géants. L'actuel souverain se tient à l'autre bout de la salle. Elle avance, ses pas étouffés par le tapis sous ses pieds. Son regard s'attarde sur les murs, à la recherche d'un roi en particulier qu'elle finit par trouver, accroché sur un pilier porteur. Il est là, peint épée à la main, sur le pont d'un navire dont les canons font feu sur une galère: Moshe Grantz alias l'Impulsif.

- Mes respects, votre majesté. Je me nomme Abigail Summers et je suis le médecin personnel de Loth Reich.
- Relevez-vous, vous n'êtes pas un de mes sujets, dit le roi, assis dans son trône d'un blanc laiteux. De l'ivoire... La demande n'était pas explicite. C'est en rapport avec les événements tragique de Boréa ? Selon les derniers échos, Loth serait prisonnier de Lavoisier.
- Oui, c'est ça. En fait, Lavoisier a été aidé par le Conclave. Il a troqué leur aide contre la promesse de leur ramener Loth. Maintenant, ils sont à Rhétalia. Ou en route vers.

Le nom de Rhétalia fait bondir le roi. De rage. Tout comme Abigail une minute plus tôt, il regarde machinalement le portrait de son ancêtre Moshe qui vécut quelque trois ans cent auparavant. Ce fut lui le roi qui arrêta à coups de canon les razzias esclavagistes de Rhétalia sur South, surtout quand ils portèrent l'audace jusqu'à s'attaquer à Endaur. En l'an 1360 de cet ère débuta ce que l'histoire nomma "la Guerre Impulsive". Sept ans d'affrontement et de blocus de Rhétalia par la flotte Blissoise coalisée à celle de la Marine pour qu'un accord cadre se dessine. Mais Moshe Grantz ne signa jamais ce qu'il considéra jusqu'à sa mort comme une corruption généralisée. En effet, en échange de grandes concessions minières, l'Archigouverneur qui chapeautait South Blue à l'époque conclut la paix entre Rhétalia et le Gouvernement Mondial sur la base de deux principes dits "Fondateurs".

  • Aucune ingérence du GM ne sera tolérée, le mode de vie fondée sur l'esclavage à Rhétalia sera maintenu et respecté.
  • Aucun citoyen du GM ne saurait être enlevé à son pays et maintenu en esclavage à Rhétalia.

Violer ces Principes Fondateurs équivaudrait à une déclaration de guerre à l'une ou l'autre partie.

- Vous avez des preuves que Loth est vraiment à Rhétalia ? En plus, selon la presse, il y aurait Lady Ombeline, une Commandante d’Élite prisonnière avec lui. Bien que célèbre, Loth Reich n'est qu'un citoyen "normal" avec quelques amis bien placés, donc le culot des Rhétaliens du Conclave peut se comprendre. Mais asservir une Commandante d’Élite, ça c'est de la pure folie.
- J'ai mieux majesté, répond-elle en sortant de son sac une feuille blanche. C'est la vivre card de Loth et comme vous pouvez le voir, elle se consume lentement. Il est torturé, sa vie est en grand danger. Je vous en supplie, tirez-le de ce mauvais pas ! joute-t-elle au bord des larmes.
- Hey, Jay, t'as lu le journal de North Blue ?! Y a le Binocle qui... Oh ! Pardon, je savais pas que tu étais en entretien...
- Mlle Summers, je vous présente ma jeune sœur. Davina.
- Enchantée, princesse.
- Je vous ai déjà vu avec le binoclard.
- Apparemment, il serait détenu et torturé par une organisation originaire de Rhétalia. Elle demande notre aide. Tu en penses quoi ?
- Que t'as pas besoin de réfléchir ! Le binocle est un ami du Royaume et père est mort en lui sauvant la vie. En nous sauvant tous durant cette immonde bataille du Havre. Père exécrait l'esclavage. Puis on doit bien ça au Binocle. Qu'est-ce que tu attends ?
- Je suis roi depuis deux mois. Si c'est avéré qu'il est à Rhétalia, c'est une violation des Principes Fondateurs. Si on déclare la guerre à Rhétalia, j'ouvrirai une période d'incertitude et de souffrance à Bliss.
- Et alors ? T'as peur ? Ou cette perspective t'excite tellement que ton sang boue ? s'enquiert-elle avec un brin de folie dans la voix.
- Convoque le Comité Taipan ainsi que les commandants de la 19e et 54e Division. Et que la flotte royale soit en branle-bas de combat. Officiellement, des exercices à l'improviste.
- Ouais, ça va saigner ! rugit la jeune femme aux cheveux blancs nacrés, les deux poings levés vers le ciel.

A croire qu'elle cherchait juste une occasion de se battre.

[...]

Principauté de Raedhan, South Blue

C'est dans un de ces vieux manoirs au style gothique qu'est reçu le Gila par son hôte. La dernière fois que le Reptile était venu là, l'endroit appartenait encore au Comte Malthus de Bézyères. Aujourd'hui, c'est la propriété d'Achille Ykon Karnei, l’invraisemblable parrain de la mafia de South Blue. Un titre un peu trop pompeux pour le Monstre qui signifie juste que le réseau criminel de Karnei demeure le plus étendu et le plus puissant de cette mer. Mais c'est encore très loin de la cohésion pyramidale des Triades d'East Blue, du syndicalisme des Familles de North Blue ou de l'organisation des Cartels de West Blue. Des quatre océans mineurs, South a toujours été la brebis galeuse, incapable de fédérer en une entité, ses multiples organisations et guildes criminelles. Jadis, le Gila lui-même échoua à cette tâche, malgré sa mainmise sur la pègre de Saint-Uréa et les réseaux mafieux de la zone occidentale de South. Il est reçu par le parrain au corps recouvert de bandages. Le Monstre s'assoie face à la Momie, une table basse les sépare.


- Gila, Gila, Gila... Pourquoi un monstre sacré comme toi vient hanter mon manoir ?
- Un monstre, faut bien que ça hante quelque part non ?
- J'aurais préféré loin de chez moi. Parait que t’apportes que des problèmes à tes hôtes ces derniers temps. Tu sais, l'a juste fallu que tu te pointes à Manshon pour apporter guerre et désolation.
- Autant me nommer Cavalier de l'apocalypse pendant qu'on y est. La Guerre, ça m'irait bien non ?
- Qu'est-ce que tu me veux ? Je tiens pas à me prendre un mini Buster Call sur la gueule.
- Je requiers ton aide. Celle de ta flotte plus précisément. On raconte que t'aurais plus de trente vaisseaux et près de 4000 hommes.
- Pourquoi faire ?
- J'ai un petit gars qui est prisonnier de Rhétalia en ce moment et j'ai besoin de renforts pour le sortir de ce mauvais pas. En échange, je t'offre la technologie de faux-monnayage de la Triade des Quatre Bambous.
- Mais encore ?
- South Blue ne dispose d'aucune expertise en ce domaine et tu as maintes fois tenté de te lancer sur ce marché mais tu t'es cassé la gueule. Selon les entrées que j'ai au CP2, la "pureté" de tes billets ne serait que de 25%. De la camelote en gros comparée à celle de la Triade qui est de 86%. Tu gagnerais énormément à disposer de leur technologie. Là, plus loin dans la baie, j'ai 2000 hommes dont la moitié appartient à la Branche Faux-monnayage de la Triade. Leur chef, Jerry Hargreaves -un de mes anciens élèves au même titre que le prisonnier que je veux délivrer- a été tué il y a quelques heures. Ils m’obéissent tous, t'auras tes experts en papeterie, en encre, en filigrane. Contre un apport de feu.
- Y a une chose que je comprends pas. Si t'as le contrôle sur la Branche Contrefaçon de monnaie, c'est que t'es en bon terme avec les reste des Branches de la Triade non ? Je sais qu'il a les Branches contrefaçon de : médocs, alcool, vêtements de luxe, horlogerie, produits alimentaires, brevets et ingénierie, documents et fausses identités et cetera. La Triade des Quatre Bambous a sacrément plus d'hommes que moi à ce qui se raconte. Et comme si ça suffisait pas, personne n'oublie que ce sont les envoyés de l'Impératrice Pirate Kiyori qui t'ont sauvé à Manshon. Parait que c'est ta nièce. En voilà de la puissance de feu ! Tu t'es peut-être retiré des affaires à South Blue mais tu gardes une influence qui s'étend sur les quatre océans et même jusque dans le Nouveau Monde via ta nièce Yonkou ! Pourquoi tu viens donc mendier à ma porte ?
- Négociation n'est pas mendicité. Le reste des composantes de la Triade des Quatre Bambous est sur East Blue et Shoti Shota est loin sur Grand Line. J'ai besoin d'hommes ici et maintenant, pas dans une semaine. Fantasmer sur mes liens avec une Déesse du Nouveau Monde ne fera pas libérer mon élève. Alors, t'acceptes le deal ou dois-je aller voir tes rivaux ?
- Ou je peux aussi te capturer maintenant, te vendre à un chasseur de prime ripou puis m'occuper de tes hommes en mer ? Je ferai d'une pierre trois coups ? renchérit la Momie en se penchant en avant.
- Tu vas essayer. Et tu vas revenir à ma proposition. Parce que tout le monde a un prix, suffit de le payer, assure le Monstre en expulsant un nuage de fumée de forme serpentine.
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Valoonia, Réthalia

A n'en pas douter, il a connu des jours meilleurs. Recroquevillé en position fœtale sur le sol dur, Loth grelotte, claque des dents. Simultanément, il a froid et sue à grosses gouttes. Ses pensées sont floues, aussi instables que le vertige qui le secoue quand il essaie de se relever. Sa peau martyrisée lui envoie des signaux de douleurs insupportables. C'est le retour de l'enfer, le même qu'il a embrassé pendant cinq ans, entre les griffes de ces mêmes gens. Et pourtant... Cachés dans un coin sombre de son esprit, derrière un rideau où il s'aventure rarement, deux êtres. Ils sont assis face à face. Celui de droite est grand, le visage dissimulé derrière une forêt de cheveux blonds anarchiques. Un mauvais rictus s'entrevoit sous ses mèches. Son maintien est arrogant, comme si l'univers lui appartient. A gauche, une petite chose toute fripée, habillée de haillons. De ses bras rachitiques, il enserre ses jambes pliées et ramenées contre son torse. Sa peau autrefois blanche est brune de saleté et ambrée par endroit, séquelle d'une jaunisse passée. Ses yeux jadis bleus ont perdu de leur brillance et ne sont désormais que deux petits points enfoncés dans leurs orbites.

Les deux êtres ne semblent pas doués de paroles mais juste d'instinct et d'émotion. Ce qui prédomine chez celui de droite, c'est la quintessence de la rage, la violence dans un état de pureté insoupçonné. Plusieurs fois au cours de l'année écoulée, il a surgi, prenant le contrôle de leur enveloppe charnel. Il a même un nom : Shawn. L'autre est aux antipodes de Shawn, c'est un mélange de peur, de souffrance et de famine. Deux Loth, deux versions à quelques années d'intervalles. Et surtout, une version née de l'autre. La rage engendrée par la souffrance. Si ces deux "lui" se terrent derrière ce voile, dans ce recoin obscure de son esprit, c'est parce qu'il existe un troisième "lui", celui de tous les jours. Le Loth conciliant, calculateur, méthodique, amical mais solitaire. Mais à quoi rime cette intériorisation à ce moment où sa vie ne tient qu'à un fil ? N'est-il qu'en train de délirer ? se demande une infime voix lucide au fond de son âme. S'il retourne derrière ce rideau observer ces deux figures, n'est-ce pas parce qu'il se demande où il en est ? Est-il toujours cette créature rachitique et faiblarde que ces gens ont tant suppliciée ? Ou est-il devenu cet agglomérat de violence qui fantasme sur des massacres et se nourrit d'hécatombe ? Ne sera-t-il toujours qu'une victime ?

Dégage ! Laisse-moi passer. Je les annihilerai tous !

La voix est cinglante, froide. C'est celle de Shawn. Il désire émerger, massacrer tout ce qui bouge et répandre la mort. Malgré la douleur qui le tiraille, le délire induit par sa forte fièvre, Loth a assez de jugeote pour s'opposer aux pulsions de son "moi" de violence. Shawn ne ferait qu'aggraver les choses, Shawn tue. Et un massacre n'est sans doute pas la solution à leur problème immédiat. Toutes ces réflexions ajoutent à son tournis ; en un rot, Loth déverse le maigre contenu de son estomac en sus d'une généreuse quantité de secrétions biliaires par terre. Il est secoué de haut-le-cœur puis s'effondre... dans son vomi. Décidément, il a connu mieux...
Tombant comme un couperet, une voix autre que celle de Shawn le harangue, l'encourage à tenir bon. « T'as pas intérêt à mourir enfoiré ! » disait-elle. « La seule qui doit te faire la peau, c'est moi ! Réveille-toi, saleté de binoclard pleurnichard ! » Une voix pleine d'entrain donc, qui lui donne des coups de pied dans l'omoplate... Une voix bien entreprenante... « Qu'est-ce que... » marmonne Loth en essayant de se redresser, non sans s'infliger une violente migraine, comme un coup de pioche dans le front.

- Dieu que tu es dégoutant mec ! T'approches pas de moi avec ce vomi !
- Ombeline ? susurre-t-il en reconnaissant la voix de la Commandante d’Élite.
- Non, la mère Noëlle très cochonne. Bien sûr que c'est moi, qui d'autre t'a accompagné dans ce merdier ?!
- Vois... le bon côté... des choses... On... aura vécu le pire... ensemble...
- Le pire doit rester à venir. Ils n'ont surement pas fini avec toi.
- Sympa... Ils t'ont pas... torturé hein ?
- Non, je suis pépère. Juste plongée dans une baignoire...

Il faut un certain temps à Loth pour comprendre ses paroles. Malgré ses lunettes, il a du mal à faire le point. A ses côtés, Ombeline est immergée jusqu'au cou dans un bocal en céramique blanc nacré. De l'eau de mer, peut-être. Demandant un effort surhumain à son cerveau macérant dans un jus de douleur, le Moine Hérétique se remémore alors qu'elle est censée être une utilisatrice de fruits du démon. Lui-même est entravé aux poignets et aux chevilles. Du granit marin, apparemment. Mais ils n'en ont pas assez pour ferrer l’Épée du Matin, d'où la solution baignade. Affalé, Loth ne peut apercevoir que sa tête qui dépasse grossièrement de la baignoire. Une vision étrange qui lui donne une éphémère envie de rigoler. « Si tu as le temps de te payer ma poire, cherche une solution pour nous sortir de là ! Quand t'étais dans les pommes, on nous a débarqués du bateau, Lavoisier et l'autre nobliau se sont tirés. Ils nous ont laissés au pardon de monsieur muscle ! »

- Musc..le?
- Le gars qui t'a amoché, pardi !
- Peto, j'suppose qu'elle cause d'moi, grogne une voix.

Riguel

Libère-moi ! Laisse-moi me déchainer !
La rage primaire qui le submerge à la vue cette crinière hirsute bleu-délavé menace de le faire céder. Elle fait aussi mal que la douleur qui le tiraille à cette différence qu'elle provient de ses entrailles, des tréfonds de son âme. Comme si un monstre informe et plein d'écailles essaie de sortir de ses viscères. Ça doit être comme ça, de donner naissance, se dit Loth en position fœtale, secoué de spasmes, luttant contre son Berseker. S'il retient Shawn avec tant d'ardeur, c'est parce qu'il est autodestructeur. Rien n'arrête cette entité, sauf la mort et dans son état, lui céder ce corps reviendrait à signer son propre acte de décès. Soudainement, Loth irradie d'un halo de lumière violet qui accompagne le réveil de Shawn puis l'auréole se dissipe lentement, laissant le Moine Hérétique haletant et vomissant sur le sol. Décidément...

- Peto, c'était quoi ça, Reich ? Cette lumière, cet aura meurtrier, wow ! C'était quoi hein ?! demande le barbu, surexcité. Ooooh, j'sens qu'on va tous bien s'marrer ! Peto peto petoooooooo ! T'as en toi un truc qui veut s'déchainer hein ? Tu vas avoir cet occasion, vous deux allez l'avoir ! Petoooooo !
- Arrête de ricaner bêtement ! Il fait un épisode fiévreux et des délires par moment, faut le soigner, si tu veux le garder en vie !
- Lady Ombeline, "L'épée du Matin", hein ? Peto ? Ta réputation de Marine sanguinaire te précède. T'es l'une des plus belles pièces de collection qu’on n’aura jamais vue à la W.W.E !
- C'est quoi ?
- Peto mais c'est mon bébé ! Mon entreprise, la plus grande corporation d'divertiss'ment de Rhétalia ! Combat de gladiateurs, courses d'chars, corrida... L'sang, c'est mon business ! Dans mon arène, vous deux vous allez combattre d'autres gladiateurs dans un combat à mort ! Petotototoo !
- Tu sais que réduire en esclavage des citoyens du Gouvernement sera considéré comme une déclaration de guerre ?
- Petotototo ! Des menaces, toujours des mots, jamais d'l'action. Tu sais d'puis combien d'temps j'ai dans mes geôles des r'ssortissants d'votre fédération mondiale ? Ils sont légion, boulets aux pieds, glaives à la main, s'battent et crèvent pour moi ! Tu penses que vos notables dont les culs sont graissés par nos mines d'or vont risquer leurs mannes pour deux brindilles ou d'autres va-nu-pieds dans votre genre ?! On dirait que vous avez encore rien compris à la ploutocratie d'votre soit disant Gouvern'ment ! Petopetopeto ! Ne t'fais pas d'illusion Épée du Matin. Vous êtes tous seuls !

Deux rires gutturaux résonnent accompagnés du claquement de semelles sur le carreau. Les pires ennemis du Moine Hérétique viennent se planter devant lui. Le premier, il ne le connaissait pas quelque vingt-quatre heures plus tôt. Il est sorti de son passé, a collaboré avec son pire ennemi du présent. Ensemble, ils ont accouché de cette situation dont ils s’amusent. Le célèbre limier, de nouveau enchainé. Comme des années auparavant, entre les murs du Conclave. Le chef de ceux qui l'ont réduit en esclavage durant son enfance se tient à moins d'un mètre. C’est lui le responsable de la naissance de Shawn. L'entité dans les tréfonds de son âme brûle plus que jamais de l'argent désir d'émerger, de concocter de la bouillie d'esclavagiste avec leurs cadavres. Loth le sait, s'il laisse jaillir Shawn, c'est sa vie qu'il scellera. Alors il accuse encore le coup, ressent de puissants élancements à la poitrine, comme si des milliers de tisons le brulent en même temps. Sn corps est secoué de convulsions, ce qui rend hilares ses ennemis. Ils se gaussent de cette pitoyable vision. Ombeline les invective.

- Je ne crois pas que nous nous soyons présentés Reich. Tu étais trop occupé à être dans les vapes, Riguel trop occupé à t'amocher. Sur mes ordres, naturellement. Ici, on me connait sous le nom de Vespasiano Borgia.

Vespasiano Borgia

Ses yeux sont injectés de sang et son regard fou dénote de la folie qui est la sienne, convaincu de la supériorité des "normaux" sur les "difformes". Les gens comme Loth, long-bras, donc difforme, sont ce qu'il abhorre le plus au monde. L'ile d'Abovhe où il fut prisonnier pendant cinq ans en vit mourir des dizaines. Parfois moins jeune que lui, parfois bien plus vieux. L’âge n'est pas un facteur de pitié chez ces gens-là, la barbarie est la seule voie qu'ils chérissent. « Lavoisier a fait du bon boulot décidément. Quand il m'a demandé audience pour m'exposer son plan pour te capturer, j'avoue, j'étais sceptique. Trois cent millions pour le mettre œuvre. Un bout de pain, si on considère le résultat. Le Reich ! Mon plus célèbre supplicié ! De tous ceux qui ont réchappé à Abovhe grâce à l'action de ce maudit commodore Lin Colt, tu es bien sûr le plus célèbre, le plus... » Loth crache sur ses chaussures trop bien cirées. Le visage du Lord se déforme de colère et il le roue de coup de pied au visage si bien que quand il en finit avec lui, le pauvre est constellé de boursoufflures toutes bleues. Il souffle, le maudit, lui le difforme ayant osé le salir. Cet acte de défi lui est insupportable. Loth tousse, éructe du sang puis sourit rouge. Il lui manque des dents. « Énoch Ravencroft... » qu'il marmonne. Presque machinalement, les poings du noble se contractent de rage. Son supplicié veut lui faire comprendre qu'il se trompe, qu’il n'est pas le plus célèbre de ses souffre-douleurs. Un autre fait aujourd'hui les quatre cents coups sur Grand Line. L'As de la Révolution, Énoch Ravencroft, ancien compagnon de cellule du Moine Hérétique.

- On verra bien si tu fais encore le malin dans quelques heures !
- Quoi, y a l'apéro dans quelques heures ? demande Ombeline.
- En effet, y aura l'apéro, l'entrée et vous deux serez le plat de résistance, s’égaie-t-il.
- Franchement, je suis plutôt dessert moi. Salade de fruits, gâteau aux crabes...
- Tu risques de rire jaune Épée du Matin, quand tous les membres du Conclave se rassembleront pour fêter la mise à mort publique de Loth Reich ! Ensuite, tu suivras !
- Ça doit forcément être publique ? Gol D Roger like ?
- Tu veux y passer maintenant hein ? grogne Riguel qui la saisit par les cheveux et maintient sa tête sous l'eau.
- Ha ! Ha ! Non... en public... Kof ! Kof ! Kof !... j'adore ! Kof ! Kof ! Ha ! toussaille et ahane-t-elle après plusieurs minutes immergée.
- Prépare les, fait soigner Reich, qu'il puisse tenir debout pour affronter sa mort. Lavoisier, mon cher nouvel ami, suivez-moi par ici. Je serai votre guide, découvrons ensemble les plaisirs exquis de Rhétalia.
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G4 QG de la Marine, South Blue

- Vous dépassez les bornes, Lieutenante !

La voix est sèche et tonne comme une canonnade. Brusquement, Thémis bondit de son canapé tant elle a horreur de l'insubordination. En face d'elle, toute aussi furieuse, la lieutenante Darlessa Simons n'en démord pas. Elle fixe sans ciller les intenses yeux jaunes de reptile de son supérieur hiérarchique. Sa poitrine se soulève et s'abaisse au gré de sa respiration haletante. Difficile de dire qui des deux femmes éprouve la plus grande répulsion pour l'autre en ce moment. Deux hommes suivent la scène. Bien qu'aussi énervé que sa collègue, l'Ingénieur de la Brigade Scientifique Aemon Roose n'en est pas encore à insulter ses supérieurs et à traiter leur inaction de lâcheté. De l'autre côté, assis derrière un massif bureau, le principal occupant de la pièce se lève à son tour. Il tente de calmer les deux femmes et fait rassoir Thémis en donnant l'impression désinvolte de mettre fin à une bagarre de cour de récrée. Il en impose, le Sous-amiral Sierra, de ses presque deux mètres de haut. Sa tête ornée de deux cornes de béliers recourbées ajoutent à son air singulier. Il redresse le bandeau qui cache ses yeux et furtivement, Darlessa se rappelle avec douleur que Lady Ombeline apprécie le cornu.

- On va essayer de calmer nos esprits, ça sert à rien que ça parte en vrille, annonce-t-il. Lieutenante, si je t'entends encore qualifier quelqu'un de lâche, même un subordonné, crois-moi, tu recevras pire qu'un blâme, ajoute-t-il sévèrement. Pour moi, y a pas pire insulte à un marine. On sert la Justice et le Peuple, si on est lâche, qui les protégera ?
- C'est bien les belles paroles, monsieur ! réplique Darlessa en mettant l'emphase sur le dernier mot. Mais permettez-moi de vous rappeler qu'on est là à bavasser alors qu'Ombeline subit les dieux savent quelle torture !
- La Commandante d’Élite Ombeline Santana, rectifie Thémis, les dents serrées.
- Heureusement, elle n'est pas aussi procédurière que vous ! On peut l'appeler "Hey" si on veut !
- C'est exactement ce manque de discernement qui rend votre équipage si problématique ! Vous n'avez rien à faire sur South Blue, retournez sur North ou East où vos commandants passent sous silence vos actions anarchiques ! Ici, c'est moi qui commande toutes les forces d’Élites et je ne tolère ni le désordre, ni l'insolence !
- Va-t-on sauver Ombeline ou non ? intervient Aemon Roose alors que la lieutenante ouvre la bouche pour lancer une réplique cinglante.
- Bien sûr qu'on va la sauver, répond le cornu. Mais ce que vous demandez, c'est une attaque en règle, pas une mission de sauvetage.
- Comme on vous l'a dit, depuis Boréa, on a pu remontrer l'itinéraire du navire sur lequel elle est prisonnière. On les a perdu à cause d'une tempête donc on s'est scindé. Le Lt-Col a retrouvé la piste, le bateau a accosté dans le port de Valoonia. A Rhétalia. C'est une violation manifeste du deuxième Principe Fondateur qui stipule que…
- Je sais ce qu'il stipule, coupe Sierra avec un brin d'agacement. C'est vous qui ne comprenez pas ce qu'il veut dire. "Aucun citoyen du GM ne saurait être enlevé à son pays et maintenu en esclavage à Rhétalia". Vous mesurez la profondeur de cet énoncé ?
- C'est simple comme bonjour ! Dès qu'un citoyen du Gouvernement est esclavagisé, c'est une déclaration de guerre !
- Que dalle ! C'est à cause de ce manque flagrant de subtilité que vous engendrez autant de dommages collatéraux dans votre sillage ! s'empourpre Thémis qui cherche dans chacune de leurs phrases, une occasion d'indexer le manque d'auto-modération des Bêtes de l'Ombre qu'elle abhorre par-dessus tout. "Aucun citoyen du GM ne saurait être enlevé à son pays et maintenu en esclavage à Rhétalia", ça ne signifie pas que le Gouvernement partira en guerre pour n'importe quel olibrius ! Ça veut dire qu'il faut d'abord prouver que ledit citoyen est détenu contre son gré, forcé à des travaux, sans qu'aucun jugement ou charge ne soit prononcé/retenue contre lui. Ensuite, et plus important, il faut prouver que les autorités suprêmes Rhétalienne sont complices ou font partie intégrante de l'asservissement du citoyen. C'est uniquement quand l'implication des représentants de l'autorité suprême est avérée qu'on peut parler d'un Casus Belli.

En clair, le Gouvernement ne lèvera jamais le petit doigt pour sauver un de ses citoyens enchainé à Rhétalia. C'est ce que comprennent Darlessa et Aemon, submergés par une vague d'indignation qui confine à la nausée. Ils soupçonnaient ce fait, le Colonel Euron Bear les avait prévenus mais l'entendre de la bouche de la commandante de toutes les flottes de l’Élite sur South est un aveu horripilant de la bureaucratie et de la corruption qui cancérise la Fédération Mondiale. "Prouver que les autorités suprêmes Rhétaliennes sont complices ?" Fadaises et foutage de gueule que tout cela, comprennent-ils. Comment diable le prouver ? Aemon Roose se dit que l'existence même de cet alinéa n'est justifiée que par la volonté de ceux qui ont rédigé les Principes Fondateurs de ne jamais arriver à un cas de guerre. A l'instar des agents secrets pris sur le fait dans des pays ennemis, il suffira au gouvernement Rhétalien de dire très pompeusement : "Nous condamnons avec la dernière vigueur cet acte d'esclavagisme qui jette le trouble et l'opprobre sur les saines relations que nous entretenons avec le Gouvernement Mondial. Toute affaire cessante, nous avons procédé à l'arrestation des tenants de cet acte odieux et les mettons à disposition des autorités judiciaires du Gouvernement".
Et s'en sera clos de ce chapitre.

Malgré les preuves de la puante vérité, une partie de Darlessa refuse de se laisser désillusionner. C'est impossible, tente-t-elle de se convaincre, que la Justice qu'elle a servi avec tant d'ardeur puisse laisser en plan quelqu'un qu'elle est censée protéger. Tous les citoyens ne sont pas égaux, ça c'est écrit noir sur blanc. Et si c'est vrai, alors Ombeline n'est pas une citoyenne normale. Commandante d’Élite, bardée de médailles, elle a littéralement sué du sang au service de la Marine. Ils ne peuvent la laisser tomber comme cela, se martèle-t-elle. Alors, elle pose la question et quand la réponse de Sierra tombe, la sniper des Bêtes à l'impression de tomber dans un puits sans fond. « Bien sûr qu'Ombeline n'est pas un lambda. Mais ça n'excuse pas l'impulsion. Si on agit sans réfléchir, on risque de déclencher une guerre totale sur des a priori et je refuse que l'histoire me compare à un Moshe Grant bis et me reconnaisse comme celui qui a enclenché la Deuxième Guerre Impulsive. » a répondu le cornu. Darlessa et Aemon n'ignorent pas que c'est un carriériste absolu mais là... « En plus, selon les derniers rapports que nous a fourni le QG de North Blue, ceux qui ont enlevé Reich et Santana appartiennent au Réseau Ashura de contrebande de Dance Powder. Donc la logique voudrait qu'ils se soient rendus à Rhétalia, sans doute dans l'espoir de les vendre à des esclavagistes, en toute mépris de la loi. »

- C'est un pléonasme mon cher. S'ils respectaient la loi, on les appellerait pas criminels. On a juste affaire à un cas de rapt par une organisation mafieuse. Qu'ils aient décidé d'accoster à Rhétalia ne rend responsable en rien le gouvernement de ce pays et on ne peut pas déclencher une guerre à cause de ça, c'est totalement absurde ! s'agace la commandante Thémis.
- On fait quoi alors ? demande posément Darlessa Simons, au bord de la rupture.
- On envoie une requête d'assistance à Rhétalia. Nos forces ne sont pas censées poser un pied là-bas. On leur explique la situation et on leur demande d’enquêter urgemment car la vie d'une de nos commandantes est en jeu. Vous devez rappeler Euron Bear, qu'il ne commette pas l'imprudence de fouler le sol Rhétalien. Au besoin, les autorités lui feront appel pour assistance. Remettre l'affaire et la suite de l'enquête aux Rhétaliens, c'est tout ce qu'on peut faire.
- Officiellement. Mais officieusement ? demande-t-elle, ayant l'habitude de deux ordres contraires au cas où ça dégénérerait. Il doit forcément y avoir un ordre en sous-marin, Thémis va forcément autoriser une opération d'infiltration et d'exfiltration avec de gros moyens... se dit-elle dans son déni.
Alors ?
- Y a pas de double ordre qui tienne, assène le Cornu comme s'il a lu ses pensées. Rhétalia est une bombe, une puissance alliée qu'il ne faut pas prendre à la légère. On ne peut rien faire pour Ombeline à part nous en remettre aux Rhétaliens. Ils sont efficaces, ils la sortiront de là, j'en suis convaincu. Vous autres, resterez gentiment ici que ça se tasse. Je sais que le Lieutenant-colonel Euron Bear un homme prudent qui tranche avec les têtes brulées que vous êtes dans cet équipage mais je vais le joindre pour lui rappeler la marche à suivre et lui intimer de ne rien faire qui puisse mettre le Gouvernement ou la Marine dans une position douloureuse.

C'est la goutte qui fait déborder le lac, la pression de trop qui fait exploser le volcan. Toute la colère que Darlessa a intériorisée jaillit tel un geyser.
Ils ne vont vraiment rien faire pour elle. Après tout ce qu'elle a donné pour la Marine.
Pour la première fois dans l'histoire des Bêtes de l'Ombre, un de ses membres s'adonne à la violence verbale. Elle crache son fiel, traite ses supérieurs de tous les noms d'oiseaux, les couvres de quolibets. Pendant un temps indéfinissable, elle hurle ainsi à épuiser le dictionnaire des injures les plus salissants pour des hommes de rang.


[...]
Valoonia, Rhétalia

Valoonia est une ville très animée, fourmillant d'activité. Ce n'est pas pour rien que c'est la principale vitrine commerciale du Pays aux milles pyramides. Il y a des gens partout, tellement que le Lieutenant-colonel Euron Bear s'interroge sur la densité au kilomètre carré de cette termitière. A trot régulier, son canasson avance. Il l'a loué à son arrivée au port après son enregistrement auprès des autorités militaires douanières, sous la couverture de Hilal Ibn Farouk, un marchand d'animaux originaire de Mélania, un micro état esclavagiste de West Blue. Les sabots de son destrier ne sont pas les seuls à battre la grande voie pavée qui mène au cœur de la cité portuaire. Des carrosses tirés par des chameaux, de drôles d'oiseaux ressemblant à des autruches versions XXL harnachés pouvant transporter une famille entière et même des éléphants essaiment la voie passante. A Rhétalia, la loi exige que les Hommes Libres se déplacent sur des montures. Fouler le sol de ses pieds est l'apanage des esclaves. Ils ne sont pas bien loin d'ailleurs les asservis, ils composent la majeure partie de la grouillante population, facilement reconnaissables au tatouage qui orne leur visage, signe indicatif de leur caste de métier. Quelques minutes auparavant, avec écœurement, Euron assista au débarquement d'une centaine d'esclaves, ferrés aux poignets et aux chevilles, la taille garnie d'une ceinture explosive. Des hommes, des femmes, des enfants, arrachés à leur chère liberté, venant grossir les rangs des millions d'esclaves qui constituent le socle économique de ce pays.

Ils seront brisés, formatés, lavés de toute velléité de rébellion, après quoi, ils seront aptes soit à servir de nouveaux maitres à Rhétalia, soit exportés vers d'autres nations friandes d'esclaves bien dressés.
C'est ce qui risque d'arriver à Ombeline, s'est-il dit sur le coup, emporté par un sursaut de colère, lui qui pourtant est si taciturne d'habitude. C'est aussi ce qu'il se dit maintenant en regardant Oberyn, son énorme berger polaire de la taille d'un ours aux poils noir-noisettes hirsutes renifler le sol. Il aurait pu le chevaucher mais aurait attiré l'attention plus que de raison. Sa plus grand crainte, que "Les Dresseurs", les services secrets Rhétaliens, découvrent son identité avant qu'il ait pu mener à bien sa mission. Où est Ombeline ? Quelle atrocité ses ravisseurs lui font-ils subir en ce moment ? Quel est leur projet ? La réduire simplement en esclavage ? Ce serait trop simple. La tuer ? Possible. Est-ce possible qu'elle soit déjà morte ? Probablement. La piste olfactive qu'ils suivent depuis des dizaines de minutes n'est pas un gage de vitalité. Pourtant Euron est confiant et son inquiétude, marginale. Ombeline a expérimenté pire, en tant que marine mais surtout bien avant, livrée à la solitude dans son pays natal en perpétuelle guerre civile. Elle fut réduite à manger des cadavres pour survivre, leur raconta-t-elle un jour. Elle vit la personnification de l'Horreur. Elle est blindée et cuirassée, se rassure le Fauve. Son escargophone le ramène à la réalité ; il tire sur la bride de son cheval et s'arrête en bordure de route pour décrocher. Grace au casque audio, sa conversation restera privée.

- Allô, Darlessa ?
- Non. C'est le sous-amiral Sierra.
- Oh bonjour monsieur. Ravi de vous entendre. Pourquoi vous avez l'escargophone du lieutenant Simons ?
- Où êtes-vous ?
- A Valoonia.
- Vous.n'avez.pas.débarqué ?! hache l'amiral, indigné.
- Il fallait bien. Je suis la pis...
- MAIS QU'EST-CE QUI TOURNE PAS ROND CHEZ VOUS DANS CET ÉQUIPAGE ?
- Mmmmm... Donc je suppose que vous ne m'appelez pas pour m'informer que vous allez dépêcher une armée ? demande-t-il lentement, avec la sensation d'indexer l'évidence.
- Et puis quoi encore ?! On a informé les autorités Rhétaliennes de la situation, elles s'en occupent ! Toute intervention unilatérale de la Marine pourrait être interprétée comme un acte d'agression ! Je vous ordonne de revenir au QG immédiatement !
- L'enlèvement d'une commandante d’Élite aussi capée que Lady Ombeline, ça compte pour du détail ?
- Même si c'est un citoyen de Rhétalia qui l'a enlevé, ça veut pas dire que leurs dirigeants sont impliqués ou cautionnent ! Qu'est-ce que vous comprenez pas à ça ? Je l'ai expliqué à vos subordonnés !
- Où sont-ils d'ailleurs, monsieur ?
- Ils m'ont fait perdre patience et ont franchi la ligne rouge. Ils sont tous aux arrêts. Ils passeront en cour martiale pour désobéissance aggravée et menaces contre deux supérieurs. Ils ont de la chance que je veuille pas entacher mon CV sinon, je les aurais exécutés sur-le-champ !
- Trop aimable de votre part.
- Votre cas n'est pas encore aussi grave. Faites demi-tour colonel.
- Donc des Bêtes de l'Ombre, il ne reste que moi en liberté. Moi seul qui puisse sauver Ombeline ? Si c'est la preuve de l'implication des autorités Rhétaliennes que vous voulez, je vais vous l'apporter. Et même à défaut de ça, je ne pourrais jamais laisser ma supérieure à la merci de ces criminels.
- C'est au Gouvernement et à la Marine que vous devez votre loyauté, pas à Ombeline ! Vos actes seront considérés comme de la haute trahison !
- Alea jacta est. Je préfère encore tout perdre et être vu comme un criminel, plutôt que de me pavaner avec ma cape de colonel en sachant que j'ai abandonné ma commandante. Vous avez choisi de ne pas l'aider, j'ai fait le choix contraire. On est à la croisée des chemins.
- Colonel ! Je vous somme d....
- Gardez l'escargophone près de vous, c'est un modèle vidéo. Vous aurez bientôt de mes nouvelles.

Le Fauve raccroche, un nœud au ventre. Ce n'est pas une surprise, ils sont seuls dans cette entreprise désormais. Malgré cette déconvenue, il ébauche un sourire fugitif. Sierra et Thémis se rendront compte trop tard qu'enfermer des Bêtes en cage n'est pas la meilleure des idées. Après cette mission, ils seront surement désavoués par la Marine et finiront criminels. Les trois cent membres de l'équipage le savent, tout fut dit avant la séparation. Et à l'unanimité, tous se portèrent volontaires pour sauver Ombeline en mettant leurs vies en jeu. Leur loyauté ne va pas à des politiciens corrompus ou à des supérieurs uniquement désireux de ne pas souiller leur CV mais à ceux et celles qui, sans cure du danger, risqueront tout pour les délivrer s'ils étaient dans la même situation. Ombeline et toutes les Bêtes de l'Ombre sont de ceux-là. Avec hargne, il suit son berger sur un petit sentier herbeux quittant la grande voie pavée. Oberyn a flairé quelque chose, il est excité comme une puce. La piste olfactive de L'épée du Matin est plus intense, elle est passée ici. Sur le sol argileux, il y a deux traces parallèles, comme celles que laisseraient les roues d'un carrosse. Le Fauve enfonce ses talons dans les flancs de son coursier qui galope à la suite du berger polaire qui a accéléré, la bave aux lèvres.
Ombeline est proche.


[...]

Dans une autre partie de la Valoonia, une minuscule créature saute d'individus en individus. Pour infiltrer le Pays aux milles pyramides, Dimas Le Transporteur a choisi une autre forme de discrétion aidé du pouvoir du Fruit de la Taille. Il n'est pas plus grand qu'un Tontatta et se sert des hommes et des animaux pour avancer. De son point de vue, tout est colossal. Dans sa minuscule main, il tient une feuille qui avance par à coup. Pister quelqu'un grâce à une vivre card n'est pas une mince affaire. La feuille vitale n'indique qu'une vague direction que le pisteur doit suivre et régulièrement vérifier. On revient sur ses pas quand on est allé trop loin vers le nord, on regarde si elle indique bien le sud et non le sud-est... Le pire c'est quand la cible elle-même se déplace. Depuis qu'il a débarqué à Valoonia, le livreur de la pègre n'a pas remarqué de changement radical dans la direction indiquée par la feuille. Une bonne nouvelle parce la taille de la card n'a pas cessé de rétrécir, se consumant petit à petit. Elle reflète la vitalité de son maître, ce qui signifie que Loth est au plus mal. Dimas bondit du chapeau sur lequel il est perché et atterrit dans les feuillages d'un saule. La card pointe vers l'est. Ce côté-ci de la ville est majoritairement occupé par une vieille forêt. Une planque idéale pour des esclavagistes. Le Transporteur reprend sa forme humaine puis entame un sprint à grande foulée. Il le sait.
Loth est proche.
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G4 QG de la Marine, South Blue

- Fumier !

La colère qui anime le sous-amiral atteint de nouveaux sommets. La commandante d’Élite Thémis n'est pas en reste. Un officier supérieur de la Marine sur les terres de Rhétalia ! S'il se fait attraper, c'est la crise assurée. Comble des circonstances défavorables, il vient juste d'informer les Rhétaliens de la possible séquestration d'une commandante d’Élite sur leur sol. S'ils en viennent à capturer Euron Bear, n'accuseront-ils pas la Marine de double jeu ? A coup sûr, l'incident diplomatique éclatera, les politiques s'en mêleront, tous les notables et gouverneurs ayant un quelconque intérêt sur cette maudite ile également. Rhétalia est connue pour faire tout un plat de la moindre incartade aux Principes Fondateurs. Ils feront remonter la violation jusqu'au plus haut point possible dans la hiérarchie politique de la Fédération, saisiront la plus haute autorité en ce sens sur les Blues : l'archigouverneur. A cette pensée, Sierra est pris d'une vague de nausées. Quelle salissure serait-ce sur son parcours de recevoir un blâme de la part d'une si haute personnalité ? Bien qu'appartenant à la branche politique, un archigouveneur représente le Conseil des Cinq Étoiles sur un air géographique défini, a la charge d'administrer les iles sous drapeau Fédéral, de veiller l'expansion du Gouvernement et au maintien des relations commerciales avec les nations non fédérées.

- Vous paranoïez, trancha la commandante.
- Ah bon ?! Moi je trouve que vous n'avez pas encore idée des retombées possibles de cette bombe ! Vous devriez plus vous en faire, moi on m'accusera juste de ne pas avoir su exercer mon autorité, étant au courant des intentions de cet équipage. Mais ce sont des Élites avant tout, sous votre responsabilité pleine et entière ! C'est sur vous que tombera la plus grosse merde !
- S'il y a merde. On peut envisager d'autres scénarios. Qu'Euron trouve Lady, la délivre sans se faire attraper. Tout n'est pas obligé d'aller de travers.
- Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! hurle le sous-amiral cornu, secoué d'un rire hystérique. Allons ma chère, mettez-y plus de conviction, reprend-il, et je vous promets que j'y croirais ! On a tous lus les états de services de cet équipage. Citez-moi une seule de leur mission qui se soit déroulée sans accrocs ? Même les plus simples, ils trouvent le moyen de les rendre hors de contrôle ! Ils sont sacrément efficaces en fin de compte, oui, je le reconnais volontiers. Mais ce sont des fléaux ! Seul ou en bande ! La seule fois où ils ont été dans cette posture, obligés de libérer un des leurs, c'était l'an passé, dans la principauté de Brœnany quand Euron Bear fut capturé par les Révolutionnaires de la cellule Seagul Blood. Résultat ? La capitale totalement ravagée, quatre cent cinquante morts dans les combats qu'ils ont engagés de front avec la Cellule.
- Euron est un homme seul, dit Thémis, peinant à cacher l'anxiété dans sa voix.
- C'est justement ça qui m'inquiète. Il est seul. Il va s'adonner à des actions plus désespérées que ce à quoi ils sont habitués.
- Qu'est-ce qui pourrait arriver de pire ? On aura qu'à....

A ce moment, un sous-officier entre en trombe dans la pièce. Il halète, une main sur un point de côté qui lui fulgure les côtes. Il s'excuse auprès des officiers avant d'annoncer une nouvelle qui fait défaillir Sierra. Même dans ses scénarios les plus pessimistes, il n'aurait pas pu deviner ça. Quant à Thémis, elle est aussi blême qu'un exsangue. Sans attendre la fin du rapport, tous deux se ruent hors du bureau puis dans la rade du QG où ils embarquent sur un petit croiseur taillé pour la vitesse. Rassembler l'ensemble des navires du G-4 avant d'y aller prendrait trop de temps, ils arriveraient très en retard. Malgré ses vingt nœuds, la fusée est trop lente pour le cornu qui s'impatiente, les mains crispées et croisées, un pied sur la figure de proue. « Plus vite... Plus vite ! » marmonne-t-il en recevant les embruns salés au visage. Une demi-heure plus tard, le navire atteint sa destination. Aucune trace d'une quelconque flotte, se dit Thémis qui scrute la mer à 360°. Selon leurs informations, ils devraient passer par là. A moins qu'ils les aient déjà ratés ? Impossible, pas avec cette vitesse-là. A peine cette idée lui effleure-t-elle l'esprit que son cœur s'emballe. Venant du septentrion, des silhouettes brisent la ligne d'horizon. De stupéfaction, sa bouche forme un "O" tant la scène lui parait surréaliste. Les minutes s'égrainent lentement et la flotte s'approche du croiseur rapide avant de s'immobiliser tout près. Après un échange escargophonique, l'amiral et la commandante sont invités sur le pont du navire amiral de la flotte, un énorme galion verdâtre arborant un arbre en figure de proue.

- Roi Gaiden Grantz II ! Que faites-vous ?! demande l'amiral sans préambule.
- Non. Vous, que faites-vous ?
- Je vous empêche de commettre un acte de démence qui aurait des conséquences sur le Gouvernement dans son ensemble ! On m'a informé que vous avez levé la flotte royale de Bliss et celle de la 19e Division ! C'est pas dans vos attributions !
- Relisez le traité d'établissement des deux divisions Blissoises, amiral. Contre la prise en charge intégrale des charges, en homme et en matériels des deux garnisons, le roi de Bliss -en sa qualité de chef suprême des armées se trouvant sur son sol- a le pouvoir de prendre le commandement desdites garnisons.
- Uniquement quand l'intégrité territoriale de Bliss est directement menacée ! rétorque le cornu.
- Uniquement quand les intérêts de Bliss sont menacés ! rectifie le roi calmement, adossé à un mat.
- Soit. Qu'est-ce qui vous menace en cet instant ? Vous êtes dans les eaux internationales, avec une flotte de quoi... quarante, voir cinquante navires ?
- Les intérêts de Bliss vont de paire avec ceux de chacun de ses citoyens. Loth Reich est naturalisé Blissois depuis qu'il nous a débarrassé d'Ashura et du Réseau Prometheus. Quand un seul Blissois est détenu contre son gré quelque part, je pars en guerre.
- Votre Majesté, s'avance Thémis, on est au courant de la situation globale ; on a reçu une requête de l'équipage de Lady Ombeline dans ce sens.
- Mais vous ne faites rien ? Une commandante esclavagisée et ça ne vous dit rien ?
- Mais tout le monde joue à "qui est le plus bouché" aujourd'hui ou quoi ?! On-ne-peut-pas-partir-en-guerre-sur-des-soupçons ! s'offusque Sierra en détachant chaque mot. C'est de la pure démence !
Roi Grantz, vous êtes prêt à mettre la stabilité et la prospérité de votre royaume en jeu pour un seul citoyen ?! Naturalisé qui plus est ?
- Regardez cette vivre card Sierra, elle appartient à Reich. Regardez comme elle se consume. Il se meurt. Peut-être que votre commandante aussi. Regardez bien la direction dans laquelle elle pointe et dites-moi ce qu'il y a dans ce secteur de South Blue, répond Jay, un index tendu vers le nord. Rhétalia. Si j'avais les preuves de leur implication directe dans ce rapt, je leur aurais déjà déclaré la guerre.
- Sans déconner ! Ben à quoi sert cette armada alors ? C'est quoi votre plan génial ?
- Les menacer. Bliss leur a envoyé un câble diplomatique signalant la séquestration d'un citoyen Blissois sur leur terre. Ce que je fais maintenant, c'est leur montrer que je suis prêt à tout pour le retrouver. Et qu'il a intérêt à être sauf. J’immobiliserai ma flotte dans les eaux territoriales Rhétalienne pour qu'ils comprennent bien que ce n'est pas du bluff.
- Donc vous avez sérieusement l'intention de... Je ne vous laisserai pas faire ! aboie le cornu.
- On peut se calmer ? intervient Thémis.
- Qu'allez-vous faire donc, sous-amiral ? riposte le roi en avançant vers lui. Si je laisse un seul de mes citoyens se faire martyriser au su de tous alors on s'en prendra aux Blissois partout où ils sont. Vous voulez m'en empêcher de protéger les miens ? Essayez donc.

Sur le pont, la tension est électrique et palpable. A moins d'un centimètre l'un de l'autre, les deux hommes se toisent avec la plus grande révulsion. Le cornu fait plus de deux mètres, idem pour le jeune roi dont le sang est métissé avec celui des premiers géants s'étant établis sur South Blue. Il n'est en rien impressionné par la prestance de l'amiral, les Grantz sont des rois guerriers. Mais plus que tout, ce que teste Jay-jay, c'est la détermination de Sierra. Après une minute à se jauger, il esquisse un sourire de satisfaction. Ses soupçons trouvent confirmation, Sierra ne fera rien. Il est trop carriériste, trop effrayé à l'idée de voir figurer sur son joli CV la mention de l'agression du plus influent souverain de South Blue. Les Grantz ont un tel poids dans l'appareil politique Gouvernemental que s'en serait fini de sa chère carrière. Le cornu a un point faible trop facilement exploitable, regrette le jeune roi. Malgré cela, l'amiral ne s'avoue pas vaincu et à défaut de s'en prendre physiquement à Gaiden Grantz, il tente de mutiner ses troupes. La main en porte voix, il s'adresse à tous les Marines composant la flotte Blissoise. Entre menaces de radiation et de passage en cours martiale, il les exhorte à rentrer dans leurs casernes car, explique-t-il, l'action du roi est illégale. Après une dizaine de minutes de vaines philippiques, il comprend dépité que nul ne le suivra. L'emprise du Blissois est totale.

« Amiral, vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi Bliss n'a jamais été infiltrée par la Révolution ? La loyauté coule dans nos veines ! » commente la princesse Davina Grantz amusée par la situation. En plus, se rend compte Sierra avec horreur, les citoyens Blissois composent plus quatre-vingt dix pour cent de l'effectif des deux garnisons... Cette forte adhésion fut un temps utilisée par la Marine comme vecteur publicitaire pour encourager l'intégration des autochtones dans les pays où elle installe ses bases. Aujourd'hui, il a peine à croire que ça se retourne contre eux. Le cornu se mordille la lèvre de rage et de regret. Il lui est impossible de stopper cette armée. S'en prendre au roi n'est même plus une option, l'oserait-il qu'il se ferait ennemi de ces milliers d'hommes, marines y compris. Avec un seul croiseur, il n'a aucune chance. Si seulement il avait la flotte du G-4 ! Il aurait eu les arguments pour les arrêter ! Malheureusement, ses croiseurs et cuirassés sont ancrés dans la baie du QG, à plus d'une demi heure d'ici. « La décision de réagir fermement face à Rhétalia ne vient pas uniquement de moi mais du comité de sécurité interne de Bliss que j'ai réuni juste après avoir appris la nouvelle. Mes frères et sœurs, mes oncles, mes cousins, et les pairs de mon royaume adhèrent totalement et ne veulent ne rien céder face à ces esclavagistes. » détaille le roi.

[...]
Résidence d'été des Von Vaughn, Médicis, South Blue


Pour la première fois depuis le début de l'année, Son Excellence a troqué son costume officiel contre un polo en cachemire, un pantalon de coton et une casquette. Il se sent étrangement léger dans cet accoutrement, comme si le poids de la responsabilité qui lui incombe s'est envolé avec sa tenue militaire bardée de médailles dont certaines créées de toute pièce pour le récompenser. A sa décharge, jamais en vingt ans de service en tant qu'archigouverneur, il ne fut à l'initiative d'une telle pitrerie. Il abhorre l'auto-récompense et préfère laisser le soin aux autres de flatter son égo. Un vent léger et agréable souffle le green. Les mains serrées sur le manche de son putter, son regard est fixé sur la petite balle et la ligne imaginaire qu'elle suivra jusqu'au trou. Au moment opportun, il frappe et donne un effet à la balle qui décrit un arc de cercle avant de finir dans le trou. Des applaudissements retentissent, il vient de finir le parcours avec six coups sous le par. Le record établi sur ce même terrain par Panther Hoods est de dix-huit coups sous le par. C'était il y a quelques années déjà et depuis, Lars n'a cessé de s'améliorer, avec l'objectif de battre le record homologué du meilleur joueur au monde. S'il s'adonnait à l’auto-flatterie, il dirait que sa marge de progression est impressionnante, sachant qu'il n'y consacre que quelques jours par an. Mais voilà, Lars Von Vaughn est un éternel insatisfait qui ne s’embarrasse jamais d'excuses.

- Oh sapristi ! J'ai encore perdu ! s'exclame de dépit le voïvode de Terre-Vieille.
- Avec onze coups au-dessus du par ? C'est un euphémisme, commente l'Excellence d'une voix moqueuse. C'est à vous, reine Ekaterina.

La souveraine n'a pas le temps de putter qu'arrive à bride abattue le chef de cabinet du Gouvernorat Général de South Blue. En l'absence de l'archigouverneur (pour jouer au golf entre autre), c'est lui qui gère les affaires courantes. Rare est de le voir aussi tendu et échevelé. Von Vaughn hausse un sourcil d’incompréhension puis autorise son subordonné à parler en présence des invités. Ordre qu'il regrette immédiatement tant la teneur du message est alarmante. Bliss part en guerre contre Rhétalia. « Hein ? Il a fumé de la farine ou quoi Gaiden Grantz, putain !!! Qu'est-ce qu'il va nous faire comme coup fourré ?! Merde, j'ai toujours haï ces Grantz et leur amour de la confrontation ! Rhétalia vient juste de faire concession d'une mine de diamant à Terre-Vieille ! » que crache le voïvode, indigné et estomaqué. La reine Ekaterina est quant à elle mortifiée, plus que des liens commerciaux, c’est la survie du royaume d'Ekaterinbourg que détient le Pays aux milles pyramides. « Lars, il y a cent experts Rhétaliens en gaz et forage actuellement à pied d’œuvre dans mon royaume ! Vous avez personnellement chapeauté la signature de cet accord de transfert de technologie ! Ils sont les seuls au monde à savoir extraire le gaz de schiste sans le faire exploser ! Vous avez de la chance ici sur South Blue, d'avoir du soleil toute l'année ! Le soleil, nous ignorons ce que c'est nous, dans le Nouveau Monde, près du cercle de l’Éternel Hiver ! Pour réchauffer Ekaterinbourg, nous devons apprendre à exploiter ce gaz dont regorge son sous-sol, nos mines de charbon sont épuisées ! Si ce blanc-bec de Grantz contrarie Rhétalia et que leurs scientifiques se retirent, mon peuple mourra de froid ! Lars, c'est votre devoir de l'en empêcher ! » se lamente-t-elle.

Lars Von Vaughn

L’habit fait le moine. Lars Von Vaughn prend quelques minutes de répit pour s’habiller, comme s’il revêt une cuirasse à l’épreuve de l’immense responsabilité qui est la sienne. Ekaterinbourg n'est pas un cas isolé malheureusement ; ce que s'apprête à faire Bliss, c'est de bousiller trois siècles de relations inextricables entre Rhétalia et différentes composantes du Gouvernement, pense-t-il sombrement. Un sourire fugace étire ses lèvres. Aux Rhétaliens, il reconnait une fantastique habileté de parasitage. Outre les relations commerciales à larges plus-values, ils ont su tisser et développer de précieux liens, se rendant indispensables, vitaux même dans certains secteurs extrêmement sensibles. C'est ainsi, qu'ils se sont assurés d’être intouchables. Du moins, pour quiconque raisonne de manière sensée. Ce qui n'est pas le cas des Grantz de Bliss. Déclarer la guerre pour un seul citoyen ? Voir éventuellement deux ? Risible, considère gravement l’archigouverneur. La politique du Gouvernement a toujours été de sacrifier un pour en sauver un million. Moins de dix minutes après qu'il fût informé de la situation -et eût congédié ses hôtes scandalisés tenant à défendre leurs bouts de pains- les escargophones se mettent à sonner en désordre. Dire que les Blissois ne sont même pas en vue des eaux Rhétaliennes que ça devient déjà nerveux ! Tout le monde veut parler au décideur, plaider sa cause, invectiver la folie de Bliss et proférer des menaces. La bureaucratie de la fédération mondiale dans toute sa splendeur. Dans cette cacophonie, il choisit d'abord de répondre au vice-amiral Mont-Victoire Eustache "Barbe d'acier", commandant suprême de toutes les forces Marines sur les quatre Blues.

- Éminence, j'ai le sous-amiral Sierra en conférence, introduit Mont-Victoire Eustache.
- Très bien, c'en sera plus facile. Qu'est-ce qui se passe Sierra ?! s'enquiert-il sèchement.
- Le roi Gaiden Grantz est devenu fou, répond-il. Il a...
- Je sais ce qu'il a fait, ce qui a engendré ça. Le sens de ma question c'est pourquoi vous ne l'en avez pas encore empêché ? Comment a-t-il pu mobiliser les deux garnisons sans qu'aucune alerte ne vous parvienne ? Pourquoi l'avez-vous su uniquement quand il était déjà à mi-chemin ?!
- Le fort taux de natifs Blissois dans les rangs...
- Il y a eu des défaillances graves et une enquête a posteriori situera les responsabilités, intervient le vice-amiral, mais on a d'autres priorité pour l'instant. Il faut gérer ce merdier.
- Que voulez-vous donc faire ?
- Si je puis me permettre... Si vous me donnez l'ordre d'arrêter le roi par tous les moyens... Si vous déclarez que son action est une traitrise, on pourrait avoir toute latitude pour le stopper. En plus, en ce moment, Bliss doit être plutôt vulnérable, Grantz a du mobiliser la plus grande partie de sa flotte... Le Gouvernement peut définitivement s'emparer du pays... propose Sierra avec hésitation.
- Wow ! Dites-moi Eustache, votre subordonné est-il fou ou fou ?! ironise Von Vaughn. Vous suggérez de nous aliéner les Grantz de Bliss ? De faire un coup d'état... Comment osez-vous proposer un stratagème aussi imbécile ?! demande-t-il d'une petite voix qui a le don de ratatiner le cornu.
- Sierra se base juste sur le passé. Ça a déjà été fait. En vingt ans, Lars, combien de nations et d'iles avez-vous transformé en gouvernorat après en avoir liquidé les dirigeants légitimes ? rétorque le vice-amiral sans gène, apparemment le seul à pouvoir tutoyer l'illustre politicien.
- Trente-six. Mais aucune de l'importance de Bliss. Connaissez-vous l'histoire de ce royaume, ce qu'il représente pour notre bannière ?
- Je sais qu'il y a huit cent ans, le Gouvernement peinait à s'imposer sur South Blue. C'est alors qu'ont débarqué du Nouveau Monde, les ancêtres des Grantz. Des géants et demi-géants. Ils furent les premiers êtres de grandes tailles à s'allier au GM et sous leur férule, nous avons conquis presque toute la Blue.
- Bravo, vous avez bien appris vos leçons, Eustache. Sûr que nous pouvons nous en prendre à Bliss et nous l'accaparer là maintenant. Mais nous causerions par la même une insulte à notre propre drapeau. Ce serait comme, je ne sais pas... renverser les Néfertari ? Et en dehors du symbole, connaissez-vous le nombre de Grantz dans les rouages de l'appareil politique, d'ici à Marijoa ? Mon prédécesseur qui officie maintenant en tant que conseiller personnel du Vénérable Kyozu Vagner est l'oncle direct de Jay-jay. Ils sont juste trop puissants, sans compter le pain béni que ce serait pour la Révolution si nous en venions à affronter les Grantz. Non, nous en avons trop à perdre. Je préférerai encore une guerre avec Rhétalia.
- Vous avez raison dans le fond, mais permettez-moi d'amender la forme.
- Ce qui signifie ?
- Ordonnez au sous-amiral de dépêcher tous les bâtiments disponibles du G-4 vers Rhétalia pour faire barrage à la flotte Blissoise.
- Pardon ? Qu'est-ce que je viens de dire ?
- Je ne compte pas les affronter, répond paisiblement le vieil vice-amiral de sa voix cassée. Vous n'êtes pas le seul à savoir cerner les Grantz, j'ai côtoyé et me suis battu à côté du père de Jay-jay. Ils ne connaissent qu'une chose, les rapports de force. L'erreur de Sierra, c'est de s'être laissé gagner par l'inquiétude. S'il avait analysé posément la situation, il ne se serait jamais précipité au devant d'une armada avec un simple croiseur. S'il avait rattrapé les Blissois avec la puissance du G-4 à ses côtés, la situation en serait tout autre à cette heure.
- Continuez.
- Les Grantz sont des hommes qui respectent la force, Éminence. Si la flotte du G-4 leur bloque le chemin, si on joue le jeu assez finement pour leur faire croire que le GM ne tolèrera aucune décision unilatérale pouvant entrainer d'autres nations -et la Fédération- dans la guerre, Jay y réfléchira à deux fois. L'influence et l'importance de son royaume y sont pour beaucoup dans l'assurance qu'il a. Si on s'oppose à lui, je pense qu'il se dégonflera un peu. Ils attachent énormément d'importance au Gouvernement.
- Vous voulez bluffer ?
- Il s'agit uniquement de gagner du temps. Plus longtemps ils retarderont leur assaut, plus on aura du temps pour trouver une sortie de crise pacifique.
- Et que se passera-t-il, interroge lentement Von Vaughn, si par malheur, nous ne venons pas à trouver la solution miracle ? Que Reich et Ombeline ne soient pas retrouvés, ou qu'ils le soient, mais morts ? Que Gaiden Grantz II décide de déclarer la guerre en représailles ?
- Ça, Votre Éminence, c'est une décision politique, répond le vieil homme.

Est-ce son conditionnement de marine qui le pousse à s'en référer à plus haute autorité que lui, ou Mont-Victoire Eustache vient-il de se laver les mains au cas où les évènements empireraient ? En tant que commandant suprême de toutes les forces Marines des quatre Blues, le vieil vice-amiral est quasiment l'égal d'un archigouverneur. Peut-être même est-il plus puissant, mais les textes ne le définissent pas clairement. Ce qui est certain par contre, c'est qu'il n'a pas le pouvoir de décider d'une offensive "majeure" de la Marine dans une Blue sans le consentement de l'archi' régent de cette zone. A contrario de ce dernier qui peut déclencher des hostilités à sa guise en faisant bouger les Mouettes. Lars Von Vaughn se sait seul commandant à bord, et ce depuis vingt ans qu'il décide de la pluie et du beau temps sur South Blue. Mais c'est toujours désagréable, cette impression d'être lâché à chaque fois que ça devient critique. Il hoche subrepticement la tête, comme si ses interlocuteurs étaient en face de lui. « Si ça vient à empirer, la Marine a ordre de soutenir Bliss de toute sa puissance de feu. » ordonne-t-il. Plus tard, il en référera à son propre supérieur, le Monsieur Politique de Conseil des Cinq Étoiles, Kyozu Vagner lui-même. Mais il est quasiment certain que sa décision ne changera pas de la sienne, malgré les groupes de pressions qui se formeront. La bataille diplomatique risque d'être plus sanglante que celle des armes, si elle a lieu.

- A vos ordres, répond le vice.
- Du coup, je fais bouger ma flotte pour leur barrer le chemin ? Juste ça ? s'enquiert Sierra.
- Oui, interposez-vous entre eux et les Rhétaliens. Si Jay-jay est fidèle à ses mots, pour l'instant, il est juste en train de se positionner. Ça devrait laisser le temps à vos hommes d'arriver du G-4. Vôtre rôle est de veiller à ce que rien de fâcheux ne précipite les hostilités. Trop de guerres ont commencé sur des malentendus. Moi je vais me hâter de trouver une solution politique.
- Allez-vous joindre Gaiden Grantz ?
- Je peux mais je ne me beurre d'aucune illusion, Eustache.

Ce n'était qu'une demi-vérité. Debout devant le bureau de son supérieur tout au long de la conversation, le chef de cabinet Mike Spencer étire un petit sourire qui fait frémir sa moustache de morse. Depuis des décennies qu'il se tient à son service, quand Von Vaughn n'était qu'un politicien de basse engeance mais pétri d'ambitions, il connait le bonhomme sur le bout des cils. A ce moment précis, il visualise bien le caléidoscope de complots qui fourmillent dans l'esprit de l'illustre politicien. Et puisque les mots sont inutiles, il s'assied dans son fauteuil préféré en face de son maitre et passe plusieurs coups de fils. Stopper Bliss par la force serait pure folie, mais il existe d'autres moyens de les faire plier. S'il est vrai que les Grantz ne connaissent que les rapports de force, alors, ils auront plusieurs bras de fer à gérer en même temps. Malheureusement et tous deux le savent, leur solution de fortune ne saurait être efficace que dans la durée. Et plus persistera la crise, plus les voix discordantes se feront entendre et plus le spectre de la guerre se précisera. A l'image de la solution du vice-amiral, la leur ne sera bâtie que sur des fondations de bluff. Mais, se rassure Von Vaughn, si mentir est une seconde nature pour tout politicien, il faut l'élever au rang d'art pour accéder à un poste aussi prestigieux que le sien. Bluffera bien, qui mentira le dernier.

- Qu'est-ce qui se passe, Vance ? demande sèchement Spencer à un de ses secrétaires qui vient d'arriver en trombe.
- Désolé de faire irruption mais ça dégénère ! dit-il rapidement, affolé. La principauté de Taorminavie menace de soutenir Rhétalia si Bliss attaque !
- La Taorminavie ? Ce n'est qu'un rocher qui n'a pas une seule galère de combat ! réplique le chef de cabinet avec dédain. Ils ne pèsent pas un clou !
- Certes, coupe Von Vaughn, mais c'est le début de l'hémorragie, du bal des vautours. Il est des nations aussi puissantes que Bliss qui ont des intérêts vitaux à Rhétalia. Elles ne laisseront pas faire les Grantz.
- Smyrno, Terre-Vieille, Anacréon, Korell, Bubastis, Le Taldor... compte Mike Spencer sur ses doigts.
- Spence, Activez nos agents -dormants ou pas- dans tous ces pays, qu'ils désinforment du mieux qu'ils peuvent. Puis, mettez-moi en lien avec les Orys.
- Pas avec Jay-jay d'abord ?
- Non, ce sont les Rhétaliens qui détiennent la solution à la crise. Et le pire, vous savez ce que c'est ?
- Vous êtes convaincus que le kidnapping de Reich et de Santana a été piloté au plus haut niveau de leur gouvernement ? Et une partie de vous souhaite ardemment les canonner pour leur apprendre le respect ? Mais vous n'en ferez rien parce qu'il y a trop d'enjeux ?
- Parce que mon libre arbitre est depuis longtemps esclave des enjeux.
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Quelque part en mer, South Blue

Le soleil progresse dans sa course vers le zénith. Dans une portion calme de South Blue, se sont agglutinés cinquante navires et un submersible. Les étendards arborent cinq différentes armoiries. Les plus représentés sont ceux blasonnés d'un crane enroulé de bandes blanches sur fond gris : les armes de la Guilde d'Achille Ykon Karnei. En seconde position, il y a les pavillons aux quatre tiges de bambous formant un parfait carré de la Triade des Quatre Bambous. Le centre du carré est occupé par une pièce de monnaie dorée, symbolisant la Branche Faux Monnayage de la Triade. Ensuite, à part égales, on repère les bannières de Shadow Law zébrés d'éclairs derrière un crane aux lunettes sur fond noir et les pavillons pirates arborant une main squelettique écarlate faisant un doigt d'honneur. A la Marine peut-être, aux esclavagistes de tout bord, sûrement, pour celui qui connait l'histoire de l'équipage des Twins Bones. Solitaire, une nef arbore un drapeau armorié d'une grenouille verte et borgne sur champ cendré, le symbole du plus dangereux marchand d'armes de North Blue. La Grenouille n'est pas ici mais il a mandé son livreur attitré, Dimas, de les épauler. En ce moment, le Transporteur représente la plus sérieuse chance de survie du Moine Hérétique.

Il est satisfait, le Gila, d'avoir pu rassembler une telle armada en quelques heures seulement. Il tire lentement sur son cigare puis souhaite la bienvenue à ses nouveaux alliés. Sur le pont battu par le vent, les chefs de fil de cette alliance naissante s'apprêtent à décider du plan de bataille. « Achille, eux ce sont les Twins Bones Pirates. Le capitaine, Dieudo primé à 30 millions et sa seconde, Wilhelmina, 40 millions. » dit le Reptile en faisant les présentations. « Lui, elle, enfin peu importe, c'est Avada Kédavra, 50 millions de Berry. » continue-t-il en montrant de l'index l'androgyne perché sur un bastingage. « Ici vous reconnaitrez Achille Ykon Karnei, son réseau criminel est le plus étendu de cette mer, ce qui lui a valu une prime de 45 millions. Moi, je suis l'instigateur de cette rencontre. Gila, ça suffira. Merci d'avoir accepté cette invitation. » Silence. Deux corbeaux volent à tire d'aile au-dessus d'eux et croassent. « Héhé, 'spèce de snobinard. Tu fais genre, tu donnes pas ta prime alors qu'elle plafonne à 85 millions ! La fausse modestie, ça prend pas avec moi ! » éructe la Momie avec un semblant de rancœur dans la voix.

- Sommes-nous là pour discuter de comment délivrer Loth Reich ou pour nous mousser sur nos faits d'armes respectifs ? tranche la Baronne Sanglante.
- Héhéhé, directe la p'tite dame. J'aime les femmes qui savent c'qu'elle veulent.
- C'est toi qui nous distrait, connard. Alors la ferme avant que celle-ci ne le fasse !
- Comment t'as menacé mon Boss sucré hein ?! tonne alors une espèce de nain en costume de clown. Dans sa main, une géante sucette en spirale qu'il brandit comme une arme vers Wilhelmina.
Redis-le, que j'te transforme en confiserie !
- Candy Jack, l'kidnappeur de gosses, reconnait le capitaine des Twins. T'es qu'un salopard qui enlève des bambins incapables de s'défendre. Les vingt millions sur ta tête sont surfaits. Pourquoi tu viens pas t'frotter à plus couillu ?

Le nain bondit puis s'arme d'une dragée qu'il balance d'une pichenette. Le bonbon file telle une balle et pourtant, Dieudo l'évite aisément en pirouettant sur ses jambes. Avec une vitesse qui surprend le clown, sa dauphine s'interpose; la beigne qu'elle destine à Candy Jack se noie sous un tourbillon de bandes qui la force à reculer de quelque pas. Sur le corps d'Achille, les bandelettes se meuvent telles des asticots. Pour la première fois, Wilhelmina le regarde de plus près, de très près. Les bandes n'en sont pas finalement, on dirait plutôt des cordes de tissus. « Tu protèges ton capitaine, je protège mon gars » lance la Momie. « Dieudo, t'as pas envie que cette chaleureuse rencontre vire au sang hein ? »
Les matelots, les équipages de tout un chacun prennent les armes d'un coup et se mettent en joue. Seuls Avada et le Gila demeurent impassibles. Avec sa nonchalance caractéristique, le Reptile tire sur son cigare avant de prendre la parole d'une voix trainante mais acérée. « Vous pensez faire quoi là ? Cracher sur la mémoire de mon petit ? Aucun de vous n'est là par bonté de cœur, alors au nom des avantages que vous tirerez en sortant Loth de cette mouise, arrêtez cette pitrerie ! » C'était un ordre, rien de moins. Tous le prennent comme tel et quand ils se retournent vers le Monstre assis, ils perçoivent une aura noir qui l'enveloppe. Derrière le dossier de son fauteuil, une grande silhouette encapuchonnée le protège, faite de brume, une faux dans une main squelettique écaillée. L'ombre de la Mort.

- Rasseyez-vous qu'on discute du plan. Dégagez, si vous n'en êtes pas. Mourrez si vous me faites encore perdre mon temps.

[...]
Édénia, Rhétalia

Pour beaucoup, c'est l'homme le plus puissant de Rhétalia. Pour "Juicy Juicy" par contre, c'est juste l'homme qui couine et caquète quand elle l'attache au lit et qu'ils se livrent à certaines pratiques qu'il ne serait pas catholique d'étaler en public. Ce jour-là n'est pas si différent des autres, le lit tremble et grince, les gémissements se font entendre en sus d'autres bruits de claquements secs suggérant l'emploi de fouet. En faction derrière la double porte qui donne sur le patio, les gardes du corps demeurent droits comme des "i", prétendant ne rien entendre des ébats de Sa Sainteté. « Quoi, ils ont pas encore fini ? Ça fait trois heures qu'il la tringle putain ! » éructe un homme si mince qu'on le confondrait avec une brindille. Les gardes secouent la tête, de lassitude ou d'admiration, impossible à dire. La Brindille fait les cent pas devant eux, les bras croisés derrière le dos. La situation est des plus graves et le plus haut décisionnaire du pays est en train de prendre du bon temps ! Bien qu'il connaisse d'avance la réponse, la Brindille propose aux gorilles d'aller interrompre leur maitre. Le dernier assez zélé et fou à avoir essayé cherche toujours ses testicules. On n'en a que deux et aucun d'entre eux ne désire les perdre, alors ils ignorent le famélique qui continue à tourner en rond, de guerre lasse. Un quart d'heure plus tard, enfin, le Pape émerge des appartements, frais et dispo.

Alexander Pope "Le Pape"

- Quoi encore ?! qu'aboie-t-il, de mauvaise humeur. Nous avons senti des ondes négatives qui nous nont empêché de nous éclater comme il le fallait. T'es plus difficile à éviter que la peste, Rupert ! Quoi, quoi, y a quoi ? Le Gouvernement nous attaque ? Le ciel nous tombe sur la tête ? Y a quoi de si urgent que tu ne peux nous laisser besogner quatre heures de notre temps ? Hein ?!
- Oui, le Gouvernement est en passe de nous attaquer, Votre Sainteté, répond la Brindille prosternée à genou malgré son statut d'Homme-Libre.
- Quoi ?! Comment ça ?
- A 11h15 aujourd'hui, les affaires étrangères ont reçu une requête officielle du G-4 sollicitant nos forces de police pour retrouver Ombeline Santana, une Commandante d’Élite qui aurait été kidnappée et déportée chez nous. Dix minutes plus tard, elles ont reçu une demande similaire mais de Bliss, concernant un citoyen Blissois détenu contre son gré. Chez nous.
- Nous parle pas de malheur... un citoyen Blissois ? Aucun de nos marchands d'esclaves n'est assez fou pour faire ça !
- Le citoyen en question n'est autre que Loth Reich, vous savez, le détec...
- Nous savons qui c'est. Comment une pointure comme ça a pu se faire capturer ?! Et par qui ? Et pourquoi il serait ici ? Nous n'y comprenons rien.
- En fait, il semblerait que Reich et Ombeline soient intervenus pour mettre fin à une opération terroriste à Boréa. C'est suite à ça qu'ils auraient été faits prisonniers et ramenés ici.
- Par qui ?
- Lui, dit la Brindille en lui tendant une Wanted fiche neuve.
- Cent millions de Berry ? Sur les Blues ?! Bougre ! C'est donc lui le fameux Lavoisier ? marmonne le Pape en contemplant la boule à zéro et les lunettes rondes du cinquantenaire qu'immortalise l'affiche.
Ben, nous ne voyons pas encore le souci, pourquoi le Gouvernement nous attaquerait-il ? Lavoisier est un Boréalin non ?
- Ils pensent qu'il s'est accoquiné avec le Conclave et donc qu'il se serait rendu ici après sa fuite de Boréa. Ils nous somment de les retrouver.
- Le Conclave ?! Ils n'existent plus depuis qu'ils ont été démantelés par le commodore Lin Colt en... rappelle-nous c'était en quelle année encore ?
- 1614.
- Y a 13 ans, ouais, nous nous en souvenons. Nous venions d'être ordonné Archevêque des Ordalies, dit-il une main sous le menton, les yeux pleins de nostalgie. Les principaux chefs du Conclave étaient tous Rhétaliens. Les Dresseurs les ont arrêtés puis pendus haut et court. L'archigouverneur fit tout un plat de cette histoire et le Pape Pierrot IX fut obligé de leur céder les mines de la Gold Coast évitant ainsi de peu la guerre. Une sacré humiliation pour nous. Pourquoi ils pensent que le Conclave est de retour ? Y a des preuves ?
- Non, juste des allégations.
- Qu'est-ce qu'il nous prépare encore, ce Lars Von Vaughn ? Il est à court d'or et cherche un prétexte pour exploiter d'autres filons gratuitement ?
- Je sais pas si le problème c'est l'archi ou plutôt Gaiden Grantz II, reprit la Brindille. A 11h25, nos espions nous ont informé que soixante vaisseaux de guerre battant pavillon Blissois et de la 19e division de la Marine faisaient voile vers nos eaux.
- Ils montrent déjà leurs muscles...
- Leur flotte devrait être en vue vers midi.
- Que disent les Dresseurs ?
- Ils prennent les allégations de Bliss au sérieux et sont à pied d’œuvre pour retrouver Reich et Santana. Le maire de Valoonia veut instaurer le couvre-feu mais le commandant Lobotomie s'y oppose.
- Quel couard ce maire là ! Hors de question de fermer les commerces parce que Bliss s'agite. Que la vie continue son cours normal dans tout le pays ! Que font les Bâtards ?
- Ils sont sur le pied de guerre. Je crois que les patrouilles ont été triplées.
- Pas suffisant, on passe en alerte maximale. Tous nos moyens marins doivent être déployés tout autour de la baie de Valoonia.
- Mais en alerte maximale Votre Sainteté, il faut le...
- Pas de couvre-feu, nous avons dit ! vocifère-t-il. Alerte maximale en mer seulement. Les Bâtards connaissent la procédure. Transmettez leur nos ordres.
- A votre convenance.
- Les deux olibrius sont au courant de la situation ?
- Plait-il ? qu'il bégaye tout en sachant pertinemment de qui veut parler son Pape. Mais y répondre équivaudrait à traiter à son tour les concernés de ce terme. Et beaucoup de gens sont morts pour moins que ça.
- Haute Rougemont De Wittelsbach et Haut Booba Mah, ils sont au courant ?
- Oui, leurs Hauts sont informés. En fait, tout le pays doit avoir entendu la rumeur maintenant. Valoonia est très agitée, la tension est palpable, on craint la guerre ! énonce-t-il d'un ton angoissé.
- Toi le premier. Convoquez-nous les deux olibrius en conférence escargophonique. Où est notre dirigeable ?
- Sur la pelouse, Votre Sainteté, répond un gorille.
- En route alors ! Nous nous rendons fissa à Valoonia. Faites le savoir sur les ondes radios, le Pape est là. Tout est calme, la situation est sous-contrôle. On ne craint pas Bliss, ni le Gouvernement.
- A vos ordres.
- Toi, mettez-nous en contact avec Lobotomie, intime-t-il à un garde, avec une voix coléreuse cette-fois ci. Nous voulons tirer au clair cette histoire de Conclave. Y a pas de fumée sans feu. Si ces enfoirés sont de retour sur nos terres, nous désirons les décapiter personnellement ! Y en marre de ces suprématistes de tout poil !
- A demain donc ? lance la plantureuse beauté dans le chambranle ; sur son front est tatoué un symbole phallique, soulignant son statut d'esclave de lit.
- A demain, Juicy. Demain, notre ciel sera dégagé, sans le spectre de la guerre. Demain, nous besognerons comme des bêtes.

Si seulement il savait à quel point il se trompe...

[...]
"La Fosse", QG de la Révolution, Libertalia, Rhétalia

Dans la petite pièce sombre, un escargo projette sur le mur le discours filmé de Loth durant les funérailles de Gaiden Grantz I après la bataille du Havre.

« Vénérables Gorosei, reines et souverains, amiraux et gouverneurs, mesdames, messieurs, tous à vos grades et honneurs respectifs, bonjour. Le poète Wystan Hugh Auden a écrit un jour : "Le mal n’est jamais spectaculaire. Il a toujours forme humaine, il partage notre lit et mange à notre table."
... La Révolution nous empoisonne depuis des siècles. Depuis la mort de Monkey D. Dragon et la venue de Freeman, nous avons purgé grand nombre de ses partisans, mais le reste demeure d'autant plus insidieux. Ils sont tel l'acide, un mal qui ronge nos royaumes. Digne fille de feu son père si besoin est de le préciser, la princesse Davina Grantz incarne ce don de soi, cette abnégation dont chacun d'entre nous doit être capable face à l'horreur et l'adversité. Elle a combattu à mes côtés, aux côtés de chaque Marine survivant du Havre, au côté de ceux qui malheureusement sont tombés sur le champ d'honneur.
... Je ne saurais terminer ce discours sans rendre hommage aux victimes et en particulier au roi Grantz.
... Il m'a montré qu'on peut toujours faire mieux.
... Je le remercie de sa prévoyance, de la sagesse et de l'expérience qu'il a su m'inculquer durant nos échanges. Puisse la terre leur être légère à tous. »

- C't'un excellent orateur.
- Un escroc et un arriviste ouais ! réplique une autre voix.
- D'aucuns prétendent qu'il trempe dans des affaires pas claires.
- C'est ça l'soucis. Ils prétendent. Personne n'a rien prouvé. Normal, l'est assez malin pour pas s'faire coincer le salopard, déclare un chauve adossé à un pilier.
- En deux ans, il a atteint l'sommet, ou presque. Il a une popularité de ouf. Tout l'monde sait qu'il a fait quelques années avec le Gila, il l'a dit publiquement d'ailleurs. Mais n'a jamais regretté parce que ça a fait d'lui l'homme qu'il est et tout l'blabla. J'm'étonne que la Marine le flique pas plus que ça, quand on sait c'que deviennent les élèves du Gila.
- Tu parles de Kiyori l'Impératrice Pirate. Sacré morceau. Reich est l'empereur des limiers sur les Blues. Des emmerdeurs et des fouineurs aussi, dit une femme-poisson empotée dans l'ombre. En tout cas, c'sûr, c't'un ennemi ! Pourquoi on regarde ça, Don Marshello ? ajoute-t-elle à l'attention d'un grand vieillard Longue-jambe couché en chien de fusil dans le lit à baldaquin.
- ... Sois proche de tes amis, mais encore plus de tes ennemis... répond le vieil homme d'une voix trainante.
- On a l'choix hein, Don. L'épée du Matin, le Moine Hérétique. C'sont tous des ennemis, vus et connus.
- J'conteste, renchérit un Longue-jambe assis tout près du vieux, sur le bras du canapé. Techniqu'ment, ni Ombeline, ni Reich n'ont déjà agi contre nos intérêts.
- Quoi, tu plaisantes Pineapple ? Ombeline est une tueuse d'Révolutionnaires ! On cause d'la Cellule Seagul Blood que son équipage et elles ont méthodiqu'ment dératisé ? Reich s'est opposé à Baba Giant à Bliss, tout près d'ici ! réplique la femme.
- Là tu cites l'Armée Révolutionnaire d'Freeman que Baba Giant a d'ailleurs quitté pour rejoindre une autre dissidence, précise le surnommé Pineapple. On n'est pas des gars de Freeman, l'oublie jamais.
- La Révolution... à notre manière... approuve l’aïeul.
- La Révolution à notre manière ! reprend à l'unisson l'ensemble du groupe.
- Bon, d'accord, d'accord, marmonne la femme. En tout cas, moi j'invit'rai pas ces deux-là à déjeuner. C'est quoi l'plan maint'nant ? On va faire quoi si Bliss attaque ?
- Qu'en dit Watermelon ? s'enquiert le vieux.
- Il m'a contacté à son arrivée à Valoonia, grand père. Il dit que les Orys vont s'réunir mais que l'Pape n'parait pas inquiet.
- Et lui-même ? Inquiet ou pas ?
- Bon... hésite le petit-fils, on va dire qu'il appréhende un peu la guerre. Comme tout l'monde quoi. Ça risque d'réduire à néant tous nos efforts.
- Pas forc'ment ! rétorque la femme-poisson, décidée à donner son point de vue. Moi j'dis qu'il faut en profiter ! Si ça barde, on peut jouer nos cartes, nous débarrasser des Dresseurs et...
- Dis pas d'bêtises ! s'offusque Pineapple en dressant de toute la longueur de ses jambes effilées. Tu penses qu'on est en mesure d'leur faire face ? Aux Dresseurs ? A tous nos frères endoctrinés qui nous tueront sans hésiter ?! L'Gouvern'ment, n'est pas mieux ! La ligne d'vrait être l'statut-quo, c'est la seule façon pour nous d'gagner. Que rien n'change, qu'on continue à agir dans l'ombre !
- Reich et Santana sont réellement prisonniers dans le pays ? demande l'ancêtre.
- On sait pas, grand père. L'truc c'est que personne n'a entendu parler du Conclave d'puis longtemps. On sait pas où chercher parce qu'on les croyait tous morts. Mais Watermelon est sûr lui qu'ils sont là et que Bliss ne bluff pas. Il a mis Plantain et Eggplant sur l'coup pour les r'trouver.
- Tant mieux... On attend de voir. Aucune initiative unilatérale... Le vrai problème, ce sont les autres. Les gars de Freeman. Eux, ils n'ont rien à perdre et tout à gagner d'une confrontation qui détruirait tout. Qu'en dit Orgogov ?
- Il dit qu'il suivra nos ordres, la Révolution d'Freeman n'lui aurait donné aucune consigne. Apparemment, répond Pineapple, pas du tout convaincu.
-Il faut marteler à Orgogov les termes de notre alliance avec la Révolution de Freeman. Pas d'action unilatérale sur Rhétalia, c'est nous qui décidons, susurre le vieux. S'ils entreprennent quelque chose sans nous aviser, on rompt toute relation et on les compte parmi nos ennemis. Dites le clairement à cet Okama.
- Ce s'ra fait, grand père.
- Fais le surveiller malgré tout et mets son escargophone sur écoute. Je n'ai pas confiance en ces Gris.
- Déjà fait. Watermelon m'a donné l'même ordre.
- Parfait. Laisse Watermelon gérer tout ça. Réveillez-moi uniquement si ça empire.

En quittant La Fosse pour retourner à leurs occupations d'esclaves modèles, les ressentis sont partagés. Il y a ceux qui, à l'instar de la femme-poisson, pensent qu'il est tant d'agir. Tel des soldats entrainés toute leur vie dans l'expectative de la guerre, ils attendent que s'allume la flammèche qui donnera un but à leurs vies. Ils sont lassés des complots, de la lenteur d'escargot de leur "Révolution". Pourtant, ils ont la mémoire courte, estiment ceux qui sont contre toute action précipitée. Ceux-là savent que ce sont ces petits efforts, au jour le jour, patiemment, qui ont fait d'eux ce qu'ils sont. Des hommes libres, déprogrammés de l'emprise de cette maudite religion qui dresse les autres espèces humaines en abomination. Une Révolution a besoin de temps et si le grand leader Don Marshello pense qu'ils ne sont pas prêts alors, c'est que c'est vrai. En plus, ils ont Watermelon, cet agent placé dans la plus haute strate possible du pays. Quand ce sera le moment opportun, alors ils agiront. La révolution, ils la feront à leur manière.

[...]
Valoonia, Rhétalia

Loin des insurgés, perché sur un éléphant, un certain agent dormant aux affiliations floues n'a pas l'intention de laisser les événements suivre leur cours "naturel". Si tant est que cours naturelle, il y ait. La situation est une aubaine pour les deux organisations qu'elle sert de son mieux. Est-elle du Cipher Pol ou de la Révolution de Freeman ? Est-elle l'agent Lance ou le Plombier ? Pour l'instant, elle est juste "Plume Vagabonde", la plus célèbre journaliste d'investigation des Blues venue à Rhétalia pour enquêter sur le lobby du diamant et les "diamants du sang". Indifférente au climat qui s'est crispé dans la ville portuaire au fur et à mesure que se répandit la persistante rumeur d'une attaque prochaine du Gouvernement, elle saisit une plume de paon, la trempe dans une bouteille d'encre et griffonne comme à son habitude.

Cher Géomètre,

Il s'en passe des choses, dès que je suis dans le même environnement que Loth Reich, ne trouves-tu pas ? Je me rappelle au bon temps de sa seconde enquête à Boréa, quand je l'ai manipulé et dirigé tout droit vers une génocidaire dont il ne soupçonnait pas l'existence. C'était drôle quand il a su que j'avais fait de lui ma marionnette ! Sans froid aux yeux, il est venu me confondre et m'interroger. C'était il y a un an déjà et le petit détective est devenu un monstre sacré de l'investigation.
Pour être tout à fait franche, jamais je n'aurais cru qu'il aurait progressé si vite ! C'est tout bonnement époustouflant ! Il a résolu des intrigues plus alambiquées les unes que les autres, toujours avec ce flair ! Délicieux !

Malheureusement, il a encore des progrès à faire. Je me flatte en affirmant que je n'aurais jamais laissé ce parvenu de Lavoisier me capturer de la sorte ! Mais je reconnais tout de même qu'il a finement joué son coup. Un bateau en zérométal qu'il a fait passer pour un amphithéâtre... Le bougre a retourné la propre invention de Loth contre lui. Il mérite sa prime exorbitante. Et que dire de Lady Ombeline ? J'ai enquêté deux fois avec elle et ses progrès sont fascinants également ! Moins fine que Loth cela dit, mais diablement efficace à sa façon ! Aujourd'hui, ils sont réunis dans la souffrance.

J'aurais aimé observer tout cela de loin puis écrire une chronique à propos. Mais je ne le puis. Cette crise est un bâton providentiel qui nous est tendu. Le feu de l'abime est déjà allumé, je pense qu'il est de notre devoir de l'activer, qu'il s'embrase. N'oublions aussi pas le risque très réel que des nations fédérées au Gouvernement Mondial se retournent contre Bliss. Les intérêts en jeu sont colossaux et les lobbys, impitoyables. Autant d'aubaine et de bonne fortune qui nous sourissent. Le vent est en train de tourner, de souffler dans notre direction. Le sens-tu, agent Géomètre ? Nous l'avons en poupe.

Faisons un peu de Révolution.


Cordialement,
Ton cher Plombier.
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Rhétalia

- Nous sommes en route pour Valoonia, annonce le Pape en ajustant la calotte sur sa tonture tandis que son dirigeable survole un profond canyon.
- J'y suis déjà, déclare sur l'écran de droite un géant à la peau noire.
- Tant mieux. Prenez le contrôle Mah, que le maire ne cède à aucune panique. Nous le savons émotif. Et vous, Rougemont ?
- Je suis où j'ai envie d'être, répond-elle sèchement sur l'écran de gauche. Seule sa voix est audible, la chaise en face de l'escargophone vidéo est vide.
- Assez ! Depuis deux ans, vous -tous les deux- ne cessez de ralentir ce Conseil, le plus inutile de l'histoire du pays ! Les citoyens vous ont certainement pas élus pour paralyser leurs vies !
- S'ils voulaient des avancées, Votre Sainteté, ils n'avaient pas qu'à choisir un Ferré !
- Que sa Haute 'ou'emont me pa'donne mais je suis ancien fe''é, lib'e depuis dix ans, corrige Booba Mah avec une affectation singulière de la voix qui ne lui fait pas prononcer les "r". Malgré cela, on la sent empreinte de cette humilité que les esclaves affranchis desservent toujours aux Hommes-libres et en particulier aux familles fondatrices du pays.
Deux Hommes-lib'es su' t'ois ont voté pou' moi ! ajoute-t-il du même ton en sus d'un brin de sournoiserie.
- Nous sommes peut être à l'aube d'une guerre, donc vous serez gentils d'arrêter les conflits d'égo à deux balles et de rester unis dans cette épreuve !
- Il y a juste un roi inexpérimenté qui gesticule dans les eaux internationales, éructe Rougemont.
- Dans ce cas, il gesticule avec soixante navires armés jusqu'aux dents, répond Pope. Dans moins d'une demi heure, il aura nos côtes à portée de canons.
- C'est du bluff ! continue-t-elle. Il vient d'être intronisé, il a besoin de prouver sa témérité au sien. C'est une campagne de pub, rien de plus. Pour moi, il n'y a pas de crise.
- Nous y avons songé, admet le saint homme avec un hochement de tête. Nous avons aussi envisagé que l'action solitaire de Grantz II soit punie par le GM. Il est même possible que nous n'ayons pas à nous emmêler, que les autres nations fédérées se chargent de Bliss à notre place.
- Si je puis me pe'mett'e, intervient Mah, les "aut'es" dont vous pa'lez ne sont pas là. Les G'antz ont le sang chaud et n'ont cu'e de l'avis des aut'es. Imaginons qu'ils ti'ent les p'emie's ? Ce n'est ce'tainement pas la bu'eauc'atie qui les en empêche'a ! Il faut tempé'e' la situation de not'e côté.
- Que nous proposez-vous ? demande le Pape.
- Dans l'immédiat, de mett'e plus de moyens pou' 'etrouve' les captifs.
- Une perte flagrante de temps et de moyens ! Les Dresseurs se mobilisent déjà beaucoup pour cette poudre de perlimpinpin ! Plus nos forces de police seront mobilisées pour cette comédie, moins il y aura d'hommes disponibles pour contrer une révolution interne.
- A quoi faites-vous référence, Rougemont ?
- Du complot qui est sûrement en œuvre. Vous ne lisez pas derrière les lignes ? C'est la manière typique de faire du Ciper Pol ! D'abord la fausse accusation publique pour donner une raison devant l'opinion publique. Ensuite, ils nous poussent à nous focaliser sur ça et pendant ce temps, ils fomentent une rébellion interne. Imaginons qu'il ait un soulèvement des esclaves maintenant alors que toute la police est obnubilée par la recherche de ces deux illusions ? Ils réagiront trop tard. Ils nous attaqueront par la mer mais surtout à l'intérieur de notre territoire.
- Haute 'ougemont a l'imagination t'op fe'tile.
- Et vous, vous crevez le plafond de la bêtise avec votre naïveté ! Je propose d'arrêter immédiatement ces stupides recherches et de déployer les Dresseurs à Valoonia mais surtout à Libertalia. Que tous les Affranchis soient arrêtés car c'est d'eux que viendra les premiers soubresauts ! La seconde mesure forte devrait être le rappel de tous les esclaves vers les Écoles, pour tester leur loyauté !
- Un peu trop extrême non ?
- Vous note'ez Vot'e Sainteté que Haute 'ougemont veut utilise' la situation pou' se'vi' ses inté'êts. Vous fantasmez, c'éez des scéna'ios inv'aissemblables pou' alimente' la peu' des esclaves et des Aff'anchis. Vos idées absolutistes ne touchent plus que vos pai'es, 'aison pou' laquelle je vous ai la'gement devancé aux de'niè'es élections. Vous n'êtes que le pâle fantôme d'un ai' 'évolu ! La haine ne passe'a pas ! crache Booba Mah, toute humilité oubliée.
- Vous êtes du complot avec le GM, vous, vous sale enchainé ! Vous voulez endormir le Conseil, le conduire sur une fausse piste pendant que vos alliés montent les bas quartiers contre le pouvoir ! Vous êtes complice de Bliss, Bliss qui exècre l'esclavage, c'est bien connu ! vocifère la folle excédée qui vient se carrer dans son fauteuil, les yeux balançant des éclairs inquiétants ; depuis trois ans, elle avait toujours refusé de "voir" le géant, face à face ou par écrans interposés.
- Maintenant, des accusations balancées à to't et à t'ave's. Ce que je 'ema'que moi c'est que c'est vous qui faites tout pou' nous empêche' de déploye' des moyens impo'tants pou' 'et'ouve' les p'isonnie's. Comme si vous aviez peu' qu'on les localise. Qu'avez-vous à cache' ?
- Assez ! tranche le Pape au moment où l'autre ouvrait la bouche pour donner une cinglante réplique. C'est à ça que nous faisions référence en parlant de désunion, de chamailleries de cour de récrée ! Ça suffit ! Vous nous ennuyez tous les deux ! Écoutez, que vous freiniez vos propositions de loi respectives, que vous rendiez les Orys aussi inutiles que l'Assemblée des Nations du Gouvernement Mondial, nous nous en fichons. Mais nous ne vous laisserons pas menacer Rhétalia en affichant publiquement votre désunion dans un moment comme celui-ci ! Le Oups Act, vous connaissez ?

Booba Mah s'agite nerveusement sur son siège. Rougemont renifle bruyamment d'agacement. La question du religieux est pure rhétorique, tous les citoyens de cette nation connaissent cet acte majeur qui donne le pouvoir au chef de l'église Origine -seul membre à vie et non élu du Conseil- de destituer les deux autres et de convoquer des élections anticipées. Prévu à l'origine pour sanctionner des actes de haute trahison ou de corruption, l'acte fut utilisé plusieurs fois dans l'histoire de Rhétalia selon les humeurs du Pape au pouvoir. Il prit le surnom de "Oups" Act parce qu'un jour venteux de l'an 1422, le Pape Franciscus XV "Ivre-idiot" acta la dissolution du Conseil parce qu'il avait trop bu. Tout ce qu'il trouva à dire le lendemain fut "Oups". C'est cet arrêté qui institut réellement le Pape en tant que dirigeant du Conseil Orys. Alexander Pope reprend : « Nous attendons de vous l'Union Sacrée. De façade, peu importe, mais union tout de même. Venez à notre rencontre à l'astroport, les Orys doivent afficher leur solidité face à l'adversité. Avec presse, photographes, tout le tintouin. Le peuple doit être rassuré, l'ennemi informé. »

Précédé d'une petite toux discrète, Rupert la Brindille émerge de derrière un rideau et salue le Conseil avec une courbette. Il est porteur d'un escargophone rouge, lien direct des Orys avec la plus haute représentation politique du Gouvernement Mondial sur South Blue : l'archigouvernorat. Alexander Pope souffle, sourit puis regarde sévèrement ses collègues sur l'écran. Comme pour leur dire "gare à la division !". Rupert lui glisse également six feuilles ; ce sont des déclarations officielles marquées du sceau de certaines monarchies et nations de la Blue apportant publiquement leur soutien à Rhétalia. Grâce aux fax-escargos, Booba Mah et Rougemont De Wittelsbach prennent simultanément connaissance des documents. Le Pape sourit et lève un sourcil plein de sous-entendus au géant. La voilà, la grande Bureaucratie du GM qui se met en place ! Celle qui paralyse même les armées ! Finalement, se dit-il, c'est sa première prédiction qui se réalise. Rhétalia n'aura pas à bouger un doigt, la désunion des unions se chargera d'étouffer Bliss. Avec une délectation sauvage, le souverain pontife décroche. L'image de Lars Von Vaughn s'affiche sur l'écran.

- Ô Archigouverneur !
- Ô Conseil !
- On devrait s'appeler plus souvent pour parler de golf et pas seulement quand il y a menace de mort d'hommes, dit Pope.
- Je ne peux qu'approuver.
- Les Orys vous écoutent. Pourquoi Bliss menace nos paisibles contrées ?
- Vous savez pourquoi.
- Ni Reich, ni Santana ne sont ici. Mais les recherches continuent.
- La situation prête à confusion.
- Il n'y a aucune confusion qui tienne, reprend Pope. Vous nous menacez sans preuve. Pardon, Bliss nous menace. Vous cautionnez ? ajoute-t-il en mettant l'emphase sur le verbe.
- Là n'est pas la question, répond Von Vaughn distraitement ; intérieurement, le Pape jubile, l'archigouverneur a sans doute essayé par tous les moyens de faire taire les dissensions, sans succès.
- N'éludez pas la question, Von Vaughn. Elle est cruciale parce que nous devons la vérité à notre peuple. Le GM désavoue-t-il ou cautionne-t-il l’agression Blissoise ?
- Aucune agression n'a encore été commise. Mais naturellement, le GM est solidaire de Bliss, assène-t-il sans un doute.
- « Victoire ! Continue donc à creuser la désunion des unions ! » hurle intérieurement Pope.
Au moins c'est clair. Quels sont les éléments permettant à Bliss d'affirmer qu'ils sont détenus ici, au fait ? Le G-4 non plus n'a pas été clair à ce propos dans sa requête. Notre police a exterminé le Conclave il y a plus d'une décennie, reprend-il d'une voix plus intelligible. Sûrement, vous vous en souvenez, Éminence. Nous refusons de croire qu'ils existent encore et qu'ils continuent leurs activités criminelles sur nos terres. Ce n'est qu'un tissu de mensonges inventé par Bliss pour asseoir la légitimité d'une attaque future. Et le GM le soutient dans sa manœuvre ! Où sont les preuves ?
- Il y a une vivre card, Votre Sainteté.
- Une vivre card ? répète-t-il, surpris.
- Le roi Grantz II possède une vivre card de Reich et elle pointe vers la partie de South où se trouve votre nation. A un moment, il faut savoir additionner un et un.
- Des conclusions hâtives ! Il y a des tas d'iles dans cette zone !
- Dans un laps de temps très court, nous serons fixés. Je vous appelle pour trouver une solution de sortie et elle est assez simple en fait. Je vous demande d'autoriser la création d'une unité conjointe, composée d'un Blissois, d'un Marine et du nombre que vous désirez de vos policiers, qui aura la mission de pister la card. Vous aurez la main, nos investigateurs seconderont les vôtres et seront nos yeux. Rien de plus. Les arrestations, vous les ferez vous-même.
- Pardon ? Vous suggérez que des hommes armés du GM foulent nos terres ? Hors de question ! C'est scrupuleusement interdit par les Principes Fondateurs.
- Lesquels de Principes ont été honteusement violés ! Prenez vos responsabilités Orys ! tonne l'archi en regardant tour à tour les trois Hauts. Vous êtes responsables de vos concitoyens, quoique vous en dites ! Les actions du Conclave dénotent de l'échec de vos forces de sécurité à faire respecter les lois internationales que ce même Conseil a ratifié ! Ne vous cachez pas derrière les Principes Fondateurs uniquement quand ça vous arrange !
- Une présence armée du GM chez nous va au delà des Prin...
- Ils ne seront pas armés. Leur rôle se cantonnera à observer.
- « Enfoiré ! »
Les armes ne représentent rien dans un monde où les hommes sont les pires des armes. Il ne faut pas plus d'un seul homme bien dopé à des pouvoirs obscurs pour provoquer un cataclysme. Le peuple percevra la venue de ces soi-disant enquêteurs comme une force d'invasion. Et ça, nous ne saurions l'autoriser, dit fermement le Pape. Nous vous faisons une contre-proposition : notre police récupère la card et enquête elle-même. Elle est compétente et n'a pas besoin de babysitteurs.
- Il ne s'agit pas de babysitter mais "de voir de nos propres yeux". Vous comprenez qu'on ait plus confiance en les nôtres qu'en les vôtres ? Trêves de langue de bois, Conseil. Si Rhétalia s'oppose à une enquête conjointe, c'est qu'elle soutient le Conclave. Vous vouliez ma position, vous l'avez. La balle est dans votre camp, conclut sèchement le gouverneur.
- Navré, Von Vaughn. Aucune force étrangère à Rhétalia. Ce n'est pas négociable.
- C'est votre dernier mot ?
- Nos terres, nos lois. Nous ne cèderons rien.
- Nous sommes dans une impasse, déclare-t-il alors. Je le regrette profondément. Votre manque de flexibilité sera responsable d'une catastrophe. Mais je rapporterai tout de même votre contre-proposition à Bliss.
- C'est une déclaration officielle de guerre ?
- Une mise en garde. Prenez-le comme tel. Le GM est et sera toujours solidaire des actions de Bliss.

Gatchan !

- Wouhou ! exulte le souverain pontife quand l'archigourneur eut raccroché.
- A quoi jouez-vous, vot'e Sainteté ? s'alarme Mah.
- Nous les poussons à bout. Vous ne comprenez donc pas qu'il est en plein tourment ? Nous avons connu Lars Von Vaughn plus triomphant. Il est obligé d'apporter son soutien à Bliss, il ne peut pas désavouer le plus ancien royaume fédéré de South Blue. Mais en se faisant, il désavoue forcément les leurs qui nous soutiennent. La désunion du GM renforcera notre position.
- Pa' pitié ! Ces 'oyaumes f'ondeu's nous suppo'tent pa' des mots ! Aucun n'enve''a de t'oupes s'il y a gue''e ! Vous jouez à un jeu dange'eux ! Il est dans not'e inté'êt de tend'e la main.
- Notre... INTÉRÊT ? QUOI ? hurle Rougemont, excédée par la couardise du géant.
- Oui not'e inté'êt ! n'en démord-t-il pas. La de'niè'e gue''e a du'é sept ans et nous a plus couté qu'à eux ! Pe'sonne ne peut gagne' dès les p'emiè'es heu'es. Ça va s'enlise', du'e' des mois, des années et 'uine' not'e économie. Ensuite seulement, on pense'a à la négociation. Pou'quoi ne pas y pense' maintenant ? On gagne'a du temps, on épa'gne'a des vies, on économise'a beaucoup d'a'gent.
- Vous... n'avez rien compris à la ligne dure contre le GM défendue par les Premiers-Sangs ! Ce qui compte, c'est l'honneur avant tout ! Ne jamais céder ! Même si ça doit couter un million de vies !
- C'est sû' qu'enfe'més à Édénia, au milieu des te''es, dans vos cocons de ve''e, les P'emiers-Sangs font face à tout le dange' !
- Nous étions prêts à nous suicider pour ne pas connaitre le déshonneur de tomber entre les mains de l'ennemi durant la dernière guerre ! beugle-t-elle en se rapprochant tellement de l'écran que sa glotte est visible en gros plan.
C'est ça, être patriote !
- La p'emiè'e fois que j'ai entendu pa'le' de Loth 'eich, c'était dans la p'esse et il y citait une de ses maximes p'éfé'ées : "le suicide, c'est pou' les loose's." Ça 'ésume ce que je pense ; pa'donnez-moi si je p'éfè'e 'este' en vie pou' défend'e 'hétalia.
- LES LOOSERS ?!

Un doigt dans l'oreille pour enlever un bouchon de cérumen, le Pape baille de lassitude tant ses compères l'exténuent moralement. Il déplore qu'ils ne saisissent pas l'opportunité dorée que leur donne cette crise de renforcer leur position en s'attachant la loyauté de puissantes nations qui ne trouveront plus leur intérêt dans le GM. Leurs houleux échanges deviennent vrombissements indéfinissables à ses oreilles, tandis qu'il se perd dans ses analyses. Ses yeux se posent sur le papier à l'entête ornée d'un sceau surchargé au symbolisme alambiqué. Des six nations qui viennent de leur officialiser leur soutien en cas d’agression, Anacréon est la plus puissante en sa qualité de plus grand pays sur pilotis des Blues, voir même du monde. Elle possède une puissante flotte indépendante. Si les évènements peuvent s'enchainer de telle sorte à lui faire quitter le giron du Gouvernement pour rejoindre celui de Rhétalia, ce serait un succès incommensurable... Ce qui germe dans l'esprit d'Alexander Pope, c'est l'idée d'une fédération dont Rhétalia serait le noyau. S'il compte aujourd'hui plus de deux cents pays, le Gouvernement lui même n'a commencé qu'avec une poignée de nations... Le ciel est la limite et cette crise, une aubaine incommensurable de poser les premières pierres d'un édifice colossal. Il imagine déjà le surnom qu'il lèguera à la postérité... Alexander Pope Premier du Nom. Le Bâtisseur.

PULUPULUPULUPULUPULUPULUPULUPULU !!!

L'escargophone interrompt la dispute et ramène le Pape à la réalité. Ce n'est pas une réponse rapide de l'archigouverneur comme il l'espéra une seconde durant, mais un rapport livré par "Lobotomie", le commandant des Dresseurs de Valoonia. Aucun esclave correspondant au signalement de Reich et de Santana ne fut retrouvé dans les registres des importations, pas plus que dans celui de l'immigration. Mais il aurait été facile de les déguiser pour les faire rentrer, à la vue de tous. L'excuse de satisfait pas le pontife qui demande plus de moyens et une perquisition immédiate chez tous les marchands d'esclaves à risque. Ceux encore en activité qui ont déjà été condamnés à de fortes amendes pour importation illégale de citoyens du GM et ceux dont la licence a été retirée après qu'une peine de prison ferme fût prononcée contre eux pour les mêmes raisons mais à niveau plus gravissime. Le Pape se souvient d'eux tous puisqu'il préside habituellement la haute cour de justice de Rhétalia. Ensuite, en maitre d'orchestre, il oriente le commandant Lobotomie sur la piste des restes du Conclave.

« Il nous est difficile de croire ça mais en admettant que le Conclave ait survécu à la chasse aux sorcières que le Pape Pierrot IX leur livra, qui pourraient en être les membres actuels ? » Lobotomie qui était déjà là durant les événements de 1614 donne des débuts pistes : certains Sang-Neuf, certains fanatiques d'Origine ne vouant leur existence qu'à la torture et aux meurtres des difformes... Il se garde bien d'indexer l'implication de familles de Premier-Sang mais quand Booba Mah en fait la suggestion, Rougemont explose une énième fois. Avant que les quolibets ne fusent, Pope tempère et clos les débats puis renvoie chacun des Orys à ses tâches respectives. « Rendez-vous à l'astroport pour les photos officielles » lance-t-il. « Laissons les Dresseurs faire leur boulot. » Malgré cela, après le départ des deux autres, il intime à Lobotomie d'enquêter secrètement sur les Premier-Sang et en particulier la famille de Rougemont. Les De Wittelsbach sont notoirement connus pour leur interprétation fanatique du Livre des Origines et pourraient bien être à la source du renouveau du Conclave. Il y a quatorze ans, aucune famille Premier-Sang ne fut inquiétée durant ce scandale mais les rumeurs disaient que nombre d'entre-elles y étaient impliquées.

Le Pape sait sa marge de manœuvre extrêmement réduite. Les Premier-Sang forment une espèce d'oligarchie à la manière des Dragons Céleste du Gouvernement. Leurs soutiens sont nombreux dans tous les aspects de la vie du pays et malgré son titre "d'homme le plus puissant de Rhétalia", le pontife sait qu'il n'aura pas droit à l'erreur. Un seul faux pas et sa position risquerait d'être intenable. Nombreux sont les Papes morts mystérieusement après avoir contrarié des Premier-Sang. Cette affaire est épineuse dans ses moindres embranchements. « Lobotomie, discrétion totale. Nous saurons récompenser votre loyauté. »
Seul dans son dirigeable qui plane au dessus des chutes d'Aragatan, Alexander Pope se demande quelle quantité d'or lui faudrait-il pour définitivement s'assurer la loyauté des Dresseurs. Parce qu'au cas où des Premier-Sang seraient impliqués dans ce kidnapping, il compte bien appliquer la tolérance zéro. Et finir le boulot de son prédécesseur en dératisant intégralement ces rebus du Conclave qui n'y comprennent rien à l'esclavage.

- Il n'y a pas de race supérieure qui tienne, c'est juste une affaire de business bordel ! s'écrie-t-il.
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Valoonia, Réthalia

- Sors-moi de cette eau et je t'en montrerai, de l'action ! éructe Ombeline, offensée par les moqueries de Riguel.
- Aaaaah, l'impuissance hein ? Privée de tes moyens, t'as plus que des mots, petotototo ! Mais vas-y, montre-moi ce dont est capable une Commandante d’Élite !

D'un coup de pied, le barbu explose la baignoire. L'eau de mer se répand. Moins d'un battement de cœur après, le pied d'Ombeline se fige à un millimètre de la face ricanant de leur geôlier. Étendu sur une civière à l'autre extrémité de la salle, Loth -toujours menotté de granit- est perfusé et soigné par un médecin. Stupéfait, il écarquille les yeux en voyant sa Némésis dans cette posture. D'après son expression, elle-même ne comprend pas ce qui lui arrive. Sa jambe toujours en l'air, elle semble paralysée par une force invisible. Le coup de paume du colosse s'écrase sur le plexus de la Commandante qu'il envoie bouler. Elle s'esquinte contre le mur puis finit vautrée au sol. Sans perdre une seconde, elle attaque derechef. Plus un combat est difficile, plus cette folle y prend du plaisir, accueillant chaque cicatrice, chaque mutilation comme une ode, un glorieux sacrifice sur l'autel du combat, sa seule raison de vivre. Depuis leur première rencontre huit ans auparavant, Loth a eu le temps de faire son profil. Sauf que cette fois, elle parait s'attaquer à un adversaire bien singulier. Par quatre fois, la puissance mystérieuse qui la pétrifie se joue d'elle et donne au barbu toute l'ouverture nécessaire pour contrattaquer. Il aurait pu se battre avec un sac de frappe que le résultat n'aurait pas été différent, se dit le Moine en regardant Ombeline valser une énième fois.

- Arrête... c'est inutile, baragouine Loth. Il a un pou...voir.
- Super sens de l'observation ! Je n'avais pas remarqué ! aboie-t-elle en se relevant, du sang dégoulinant de son front. Ton fruit des barrières ou du bouclier à la noix, je vais le péter !
- Stop ! Tu dois pas me frapper, j'suis ton maitre ! ordonne Riguel.

Et elle s'immobilise encore, le poing dardé vers le nez du barbu qui s'en gausse. « Petototototo ! Y a aucun bouclier qui tienne, Épée du Matin ! J'te contrôle, c'est ça mon pouvoir ! Tu sais, dans c'pays, les gens s'donnent tellement mais tellement d'mal pour détruire la personnalité, endoctriner les esclaves que c'en est pathétique ! Animaux, humains, paramecia, zoan, logia, grâce au Peto peto no mi, j'possède l'pouvoir d'réduire tout c'beau monde en esclavage grâce à mes précieux colliers ! Ils sont aussi légers que le vent, c'pour ça que tu l'avais pas remarqué mais r'garde à ton cou, Ombeline ! »
Telle une fraise, un anneau de cristal vert ceint la gorge de l’Épée du Matin. Elle le tâte, lui assène des coups, sans succès. Un collier identique orne aussi le cou de Loth. Rageuse, Lady essaie contre vents et marrées d'atteindre le barbu qui se moque de ses efforts désespérés. Il semblerait au grand dam des deux prisonniers que rien ne puisse l'atteindre tant qu'ils auront ces laisses au cou. « Un mot, une pensée, un geste d'ma part et vous obéirez, c'simple ! Contrôle total ! C'est ça mon pouvoir ! Petotototo ! » se rit-il en tournant autour de la malheureuse, statufiée encore une fois. Il ordonne à Ombeline de "caqueter comme un chien", "d'aboyer comme un poulet" ou encore d'enlever ses vêtements. A chaque ordre donné, malgré sa résistance, son corps finit par ployer, sans cure de sa volonté.

« Le meilleur marionnettiste et dresseur au monde, c'moi, Riguel, directeur de la W.W.E ! A partir d'aujourd'hui, vous êtes mes petits chien-chiens domestiques, ret'nez-le bien ! » Ricanant toujours, il arrête Ombeline dans son humiliation alors qu'elle vient de retirer son soutien-gorge. « M'regarde pas avec ces yeux-là, tout l'monde a déjà vu une paire d'nibards ! Allez, assis, j'ai des questions ! » Machinalement, Ombeline s’assoie tel un enfant mis au coin. Les yeux de Lady fixent Riguel, ses dents se crispent de rage. Il émane d'elle une pure aura meurtrière que seul Shawn saurait dégager. Loth les regarde alternativement, puis esquisse un douloureux rictus. Autour de lui, son toubib s'affaire.
« Tu viens d'penser quoi, Reich ? » s'enquiert Riguel. Mécaniquement, sa bouche s'ouvre toute seule et répond : « Je me suis juste dit qu'à ta place, je fuirai à toute jambe si Ombeline venait à me regarder avec cette haine-là. J'ai eu l'occasion de les voir à l’œuvre, son équipage et elle, et tu ne mesures pas la dangerosité des ennemis que tu viens de te faire. » L'esclavagiste pétarade de son "petototototo" pendant que Loth surpris de s'être entendu trahir ses propres pensées se sent tout à coup violé. Étrange sentiment de n'être que passager de sa propre chair, sans aucune rébellion possible. Le pouvoir de ce Fruit est une plaie, pense-t-il.

- Petotototo ! C'vous qui n'savez pas la puissance d'ceux qui vous tiennent ! L'Conclave a des relations au plus haut sommet du pouvoir ! On est cuirassé, surprotégé ! Puis, grâce à mon pouvoir, j'peux connaitre tous vos p'tits secrets et manigances, déclare-t-il en tirant une chaise vers eux ; il s'assied.
Vous allez tout me dire, tous les plans foireux que vous avez en back-up.
- Tu peux toujours te brosser ! riposte Lady.
- On va commencer par toi. Ton pouvoir du démon, c'est lequel ?
- Euh...
- Alors ? Inutile d'résister, dis-moi tout !
- Euh... Je l'ignore ! répond-elle abruptement.
- Vraiment ? Petotototo ! Bon, on va essayer un autre truc. Utilise ton pouvoir du démon alors !

...

- Que dalle ? Ça c'très étonnant ! D'habitude, j'suis capable d'faire utiliser leurs capacités aux autres maudits que j'contrôle. Ton pouvoir m'intrigue, il n'est pas sur'ment pas normal si tu sais pas c'que c'est, que tu l'as pas encore éveillé ou que je peux pas t'le faire éveiller. Depuis combien d'temps t'as mangé c'fruit ?
- Six ans.
- Sans déc' ?!! Putain ! Si ça s'trouve, c'est l'fruit d'l'humain donc, aucun effet sur toi, pettototo ! Ça peut pas être un fruit offensif d'toute façon vu qu'il s'manifeste pas. Causons maintenant d'ton équipage, les Bêtes de l'Ombre. Où sont-ils ?
- Gnnnn... A... gnnnnn.... Boréa !
- Inutile d'résister ma vieille. Quels moyens ils ont pour t'retrouver si t'es perdue ?
- Gnnnn.... chiens... Euron a des chiens... gnnnnn ! finit-elle par avouer après avoir vainement tenté de serrer des dents et de se mordre la langue.
- Hmmm, c'pas bon ça. Mais les odeurs, ça s'efface, Lady. C'est tout ? Pas d'autres gadgets tordus d'la Marine ?
- Non.
- Bon à toi, Reich. T'as quoi comme plan ?
- Mes hommes ont ma vivre card, répond-il sur le ton de la conversation, l'élocution plus fluide qu'avant grâce aux soins.
- Mais résiste un peu toi aussi, connard !
- Il a compris que c'était inutile, petoto ! Donc vivre card pour toi. C'est tout, peto ?
- Oui. J'ai donné la card à mes hommes pour des moments comme celui-ci.

PULUPULUPULUPULUPULUPULUPULUPULU !!!

- Milord ?
- Riguel, j'ai eu des nouvelles, directement de Haute Rougemont elle-même. Les Blissois ont une card de Reich et exigent d'avoir accès au territoire, déclare Vespasiano Borgia à l'autre bout du fil.
- J'viens d'questionner Reich, il m'a tout avoué à propos d'la card. Les Orys n'vont quand même pas les laisser débarquer ?
- Apparemment non, mais le Pape ambitionne de récupérer la card pour que les Dresseurs les recherchent. Il veut châtier les responsables.
- Fait chier ! Trop faible c'lui là, toujours à chercher la p'tite bête !
- Fais ce qu'il faut puis change immédiatement de planque. Emmène-les directement à l'arène. Notre petite sauterie aura bien lieu et Haute Rougemont nous fera l'honneur de sa présence.
- Super !

Gatchan !

- Il fait chier c'Pape d'mes deux ! Il suce trop la bite du GM ! "Pas touche aux citoyens du GM" par-ci, "Pas touche aux Blissois" par-là ! Il m'gonfle ! J'vais lui mettre un collier un d'ces quatre ! rage Riguel.
- Haha ! Qu’est-ce qui se passe ? Quelqu’un nous recherche ?
- On dirait bien Ombeline, répond-il avec indifférence.
- Ben Riguel t'étais sûr que le GM n'enverrait personne nan ? T'es baisé, hein ? Du coup, tu vas faire quoi maintenant ? Une vivre card, c'est pas une odeur dont tu peux effacer la piste !
- Tu n'as que deux options, ajoute Loth. Soit tu me libères, soit tu me tues.
- Y a en une troisième les enfants, petoo ! Suffit d'tuer la vivre card ! Petototo !

[...]
Quelque part en mer, South Blue

- C'est confirmé, Jay, les Enfants de la forêt et les Hommes d'acier nous imposent un blocus. Grève générale jusqu'à ce que ta flotte de guerre rentre au bercail.
- C'est un coup de Lars Von Vaughn, c'est certain ! beugle un Grantz aux favoris drus. Il monte les lobbys contre nous. Il veut mettre notre économie à genou !
- Les lobbys soutiennent que leur décision est uniquement motivée par le fait qu'une guerre entre Bliss et Rhétalia nuirait à leurs activités.
- Mon cul rose ouais !
- Combien de temps ? s'enquiert le roi.
- Et bien... Depuis la dernière grande grève, tu sais, quand Reich, Dickson et toi essayiez de démanteler Ashura, on a mis en place des réserves stratégiques de sorte à ne plus exclusivement dépendre des groupes de pression. On a assez d'acier pour honorer les commandes pendant un mois et assez de bois pour deux mois. On peut se fournir en chanvre pour les cordages auprès des coopératives agricoles du Midsouth.
- Parfait. Et pour le charbon ?
- Les mines qu'on a acquises à Boréa grâce à l'intermédiation de Reich nous assurent un approvisionnement en continu. Il risque pas d'y avoir défaut de ce côté là.
- Un à deux mois d'autonomie, on est vraiment large, constate le roi avec plaisir. Von Vaughn peut continuer ses petites manigances, il ne nous fera pas plier. Sa seule manière de mettre vraiment à mal l'économie du royaume, c'est de suspendre toutes les commandes provenant du Gouvernement.
- S'il fait ça, c'est nous désavouer publiquement, se réjouit Davina Grantz. Il est obligé de la jouer en sous-marin.
- Ouais, ouais, c'est bien beau tout ça, G. ! grogne un autre Grantz aux proportions de demi-géant. On va faire la guerre tout ça tout ça, c'est beau ! On va sauver ton binocle de pote, tout ça tout ça, c'est beau et fleur bleue !
- Un problème, oncle Ehud ?
- Allons fiston, même Christanpher Chalombe ne s'est pas juste contenté de "découvrir le Nouveau Monde !". Il a ramené des épices, de la soie et de la technologie à Marijoa, tout ça quoi ! C'est bien beau d'avoir des réserves et de foutre son plan dans le cul à Von Vaughn mais n'empêche que tout ça nous coute de l'argent ! Ces enculés de lobbyistes nous boudent et nous privent de matières premières indispensables à notre industrie navale. C'est de l'argent qu'on perd ! C'est l'argent qui t'a permis de mobiliser cette armée, c'est l'argent qui la nourrit ! Tu es un homme bon, Gaiden Grantz Junior ; tu te portes au secours du moindre de tes sujets, tu défends les droits de la veuve, de l'orphelin et de l'esclave. Ce sont des concepts qui font rêver le petit peuple et la ménagère parce que les vrais savent qu'une seule loi dicte ce monde consumériste et matérialiste : celle de l'argent. Fils, laisse-moi juste te demander deux choses : combien ça coûte et combien tu gagnes ?
- Rhétalia a le cul bordé d'or qu'à cela ne tienne, répond le souverain après un moment de réflexion.
- Le dessin est simple fiston : ton pote est retenu sur une montagne d'or. Vas-tu juste le sauver en dédaignant la montagne ?
- Je vois où tu veux en venir, Tonton. Sortez la carte la plus détaillée possible de Rhétalia et ciblons ensemble les souvenirs à ramener à la maison.
- Tu es le digne fils de ton père.

A l'arrière de l'armada, l'atmosphère est beaucoup moins joyeuse. Revanchard et désireux de clouer le bec à l'impertinent souverain de Bliss, Sierra peine pourtant à mettre en place le plan "bluff" décidé par l'archigouverneur et le vice-amiral Eustache. La faute au G-4 qui est injoignable depuis plus d'un quart d'heure. Les appels sonnent dans le vide et parfois ne passent même pas. Personne n'est accessible, ni le standard dédié aux appels de détresse de la population, ni les hauts officiers de la base. La préoccupation se lit sur les rides du Cornu et de la commandante Thémis. C'est de très mauvais augure, surtout en cette journée à problèmes. Que se passe-t-il au G-4 ? A défaut de pouvoir contacter leurs confrères, ils essaient de joindre les familles des marins cantonnées sur l'autre moitié de l'ile. Même finalité, des appels dans le vide ou qui tombent sur répondeur. L'ambiance se crispe nettement sur le croiseur rapide de Sierra, chaque marin, escargophone à la main essaie de joindre les siens. L'un d'entre eux y parvient après plusieurs tentatives et ce que décrit la pauvre femme à l'autre bout du fil est glaçant. « Le G-4 est feu ! » annonce-t-elle d'une voix hystérique. Blanc comme linge, le Cornu demande des éclaircissements en vociférant à son tour. La femme sait juste que toute la base est sans dessus dessous, que les Marines courent dans tous les sens en essayant d'éteindre les multiples foyers d'incendies. Dans le vacarme en arrière plan, ils distinguent clairement une alarme tonitruante.

- Cette sirène indique une attaque de pirates...
- Des pirates qui attaquent le G-4 ? Aujourd'hui ? A ce moment !?! rétorque le Cornu en se tournant furieusement vers elle.
- Ne crache pas ton fiel sur moi ! se défend Thémis, j'émets juste des hypothèses, j'y suis pour rien !
- Ah bon ? Tu penses pas que tes maudits anarchistes sont derrière ça ?!
- Quoi ? Quels anar.... Quoi les Bêtes de l'Ombre ? Ils sont enfermés entre quatre murs et des grilles de Kairouséki ! On les a tous arrêtés à part Euron Bear et Ombeline, non ?
- C'EST EUX JE TE DIS ! clame le Cornu avec folie. C'est tout à fait leur genre !
- Cette accumulation de problèmes te rend dément ! réplique la commandante.

Et pourtant...
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Un peu plus tôt au G-4...

- Vas-y, ne force pas, il t'a brisé cinq côtes.
- Mau..dit cor..nu...
- Il aurait pu facilement te tuer. L'idée c'était de l'énerver assez pour le pousser à nous arrêter, pas de se faire trucider.
- Ta gueule avec... tes sermons Aemon ! lance la lieutenante Darlessa Simons la bouche dégoulinant de sang. Genre, ça t'a pas vénère la façon dont il a parlé de Lady ? Comme si c'était un vieux torchon remplaçable ?!
- C'est le principe même de la Justice Absolue très chère. On est tous remplaçable à divers degré. Mais nous on est pas d'accord avec cette vision, d'où notre résolution de sauver Ombeline vaille que vaille. Et le plan, j'insiste, c'était de nous faire arrêter ! S'il nous avait tué tous les deux, comment on aurait fait pour la suite, dis-moi ? Alors ta gueule toi-même et contrôle tes nerfs ! riposte le Priest. Tout s'est emboité comme l'avait prévu Euron. On attend plus que le Môle !

Sous la surface granitique du rocher sur lequel est juché le G-4, un individu progresse à grands coups de griffes, déchiquetant la roche comme si c'était du beurre. Il sait approximativement où sont retenus ses camarades ; il se laisse guider par son instinct et par les vibrations régulières et diffuses qu'il perçoit. Là haut, il sait que l'un de ses camarades donne des coups réguliers sur le froid granit de sa cellule, comme un signal en morse qui ne dit qu'une seule chose : par ici le Môle, nous sommes là !
Combien sont-ils, enfermés là-haut ? Le Môle l'ignore et il doute que même Ombeline connaisse le nombre exact de ses membres d'équipage. Cette instabilité induite par le taux élevé de mortalité dans leur rang a aujourd'hui joué en leur faveur. Après l'arrestation de Darlessa Simons et de Aemon Roose, désirant éviter toute action inconsciente, le sous-amiral ordonna l'arrêt préventif du reste de l'équipage qui patientait sur le cuirassé Achéron et le brise-glace Styx. Les Bêtes ne résistèrent pas.

C'était la seule faille dans leur plan, se souvint le Môle, Euron Bear craignait que le sous-amiral et surtout Thémis ne suspectassent l'arnaque si l'équipage se rendait trop facilement. Mais ils ne pouvaient se résoudre à affronter leurs confrères, au risque de blesser ou tuer. Cependant, l'illusion réussit et les officiers n'y virent que du feu. Sans doute, se dirent-ils que pour une fois, les Bêtes avaient fait preuve de bon sens... C'était vraiment la seule faille, rigola l'homme-taupe dans les tréfonds du rocher. Quiconque connait bien les gars d'Ombeline sait que la raison n'est pas leur alliée. Et c'est ainsi que l'intégralité de l'équipage fut écrouée. A l’exception de lui. Lui, Néphron "le Môle". La nouvelle recrue estivale d'Ombeline. Sierra et Thémis n'ont pas soupçon de son existence, ni de la présence de Maudits des flots dans les rangs de l'équipage à part l’Épée du Matin elle-même. Une désinformation toute à leur avantage. Un dernier coup de griffes et il émerge en tourbillonnant dans une petite cellule qu'occupent dix Élites.

- Bordel la taupe, tu t'grattais les couilles ou quoi ?
- T'en as mis du temps salope !
- Ouais, j'tais occupé à besogner vos grands-mères les putes ! répond-il.

Aucun garde n'est en vue, seule la grande porte de la prison est protégée. Du reste, ils comptent sur les barreaux en granit marin pour retenir leurs hôtes. Ça marche habituellement bien, mais pas aujourd'hui. Les autres prisonniers sont assommés de peur qu'ils les trahissent et entassés dans une cellule sans trou. Les unes après les autres, les Bêtes s'évanouissent dans les galeries sans prendre la peine de reboucher derrières elles. Quiconque les y suivra, s'y perdra. La Taupe a transformé l'ile en gruyère. Le plan est bien arrêté et les rôles déjà répartis. D'abord, simuler une attaque de pirates en allumant des feux de joie un peu partout dans la ville habitée par les civils de sorte à y attirer le gros des Marines. Ensuite, un second groupe investira la rade et s'emparera des cuirassés et des croiseurs à quai.  La clé, c'est d'être rapide, éclair et efficace. Faire le minimum possible de blessés, surtout pas de morts ; saborder ou immobiliser les navires qui ne peuvent pas être volés. Ensuite viendra le clou du spectacle, la signature de Lady. Celle dont elle décore les îles qu'elle est sur le point de pacifier pour empêcher toute fuite : la Ceinture de Feu.
 
- ... z'ont répandu quelque chose autour de l'ile et l'ont enflammée m'sieur ! C'est insensé ! La mer brule ! Y a un cercle de feu tout autour de l'ile ! On peut pas les poursuivre ! qu'hurle dans l'escargophone un Marine qu'ils ont enfin pu joindre.
- La Ceinture de Feu... marmonne Thémis aussi exsangue qu'un vampire.
- ... s'sont échappés avec les trois quarts d'la flotte, chef !... Z'ont volé nos bateaux !

Les nouvelles s'enchainent et s'empirent pour les deux officiers supérieurs réduits à l'impuissance. Ils accueillent chaque rebondissement comme un chant du cygne à leur carrière. Des Marines qui piratent un QG, des Marines qu'ils ont écroués. Qu'est-ce qui pourrait bien se passer de pire ? Qu'ils utilisent ces bateaux pour attaquer une nation perçue comme ennemie ? Rhétalia par exemple ? C'est la suite logique, tous le savent. On dirait que les Bêtes sont décidées à aller jusqu'au bout et au fond, Sierra se dit qu'il aurait dû lire entre les lignes. C'est une terrible journée pour sa carrière qui a désormais de sérieux plombs dans l'aile. Mais ce n'est pas irréversible, conclut-il avec une froide et meurtrière résolution. En se souciant de ses états de service avant tout, il a été trop réduit à l'impuissance. Désormais, il ne fera plus de détail, ne quémandera plus d'autorisation pour se couvrir. Lui aussi est à bout ! La première des mesures, c'est de lancer fissa une alerte contre les Bêtes de l'Ombre, que personne n'associe leurs actions à ceux de la Marine. Le centre d’émission des affiches est averti et dans les minutes qui suivent, les ondes sont saturées par la nouvelle et des primes toutes neuves sont émises et emportées aux quatre coins de South Blue par les Mouettes postales.

  • Lady Ombeline alias L'épée du Matin ; Recherchée pour Haute Trahison ; Prime : 150 000 000 de Berry.
  • Euron Bear alias Le Fauve ; Recherché pour Haute Trahison ; Prime : 35 000 000 de Berry.
  • Darlessa Simons ; Recherchée pour Haute Trahison ; Prime : 20 000 000 de Berry.
  • Aemon Roose alias Priest ; Recherché pour Haute Trahison ; Prime : 25 000 000 de Berry.
  • Ricard West ; Recherché pour Haute Trahison ; Prime : 25 000 000 de Berry.


[...]
Toujours en mer, South Blue

- 'tain ! Vous avez ouï ça ? s'étonne Achylle Ykon Karnei en éteignant l'escargo-radio.
- Intéressant. Ils ont primé l'équipage d'Ombeline. La pauvre ! Pour une fois qu'elle n'a rien fait à part se constituer prisonnière, commente Avada Kédavra. N'empêche, ils ont été flous sur les dessous de cette "haute trahison". Je me demande ce qu'a trafiqué son équipage.
- S'ils désirent libérer leur capitaine, on trouvera en eux de précieux alliés.
- Je serai pas aussi optimiste Gila, dit l'androgyne. Leur nom n'est pas volé, ce sont des Bêtes et pour tout criminel les ayant jamais vus à l’œuvre, toute possibilité d'alliance doit être rapidement écartée. En plus, nous on choisit la discrétion. Eux, c'est sûr qu'ils vont rentrer dans le tas comme d'habi...
- MAITRE !

La voix épouvantée est celle d'un sbire du Gila. Tous se retournent rapidement à s'en donner le torticolis, à temps pour saisir l'horreur au vol. En une seconde, la vivre card de Loth se transforme en boule de feu puis disparait en cendre. Le cigare tombe des lèvres du Reptile, Avada Kédavra couvre son visage d'un voile de dentèle et Wilhelmina plaque une main contre sa bouche. Sur le pont, on entendrait voler une mouche. Même le vent semble s'être arrêté et la houle apaisée. Comme si les éléments eux-même sont choqués par la tragique tournure des évènements et les escalades meurtrières qu'elle augure. Car le message que délivre la disparition de la vivre card est sans appel.

Le Moine Hérétique est mort.

[...]

En mer

La déchirante plainte d'Abigail Summers s'entend d'un bout à l'autre de la flotte. Loth est mort, la conclusion est logique, presque mathématique. Il n'y aucune autre explication à la destruction de sa vivre card. La douleur tenaille et enserre la poitrine du médecin personnel du Moine Hérétique en état de choc. Elle peine à retrouver sa respiration et repousse toute main secourable qui tente de l'aider à se relever du parquet qu'elle martèle de ses poings. C'est le roi en personne qui vient la soulever du bois avant qu'elle ne se jette à son cou, redoublant de larmes. « Ça va, ça va... » lui susurre-t-il en caressant ses cheveux roux de feu. En la voyant si troublée par l'émotion, personne ne saurait deviner que cette doctoresse au visage poupon fut une des pires calamités qu'ait connu la Brigade Scientifique. C'était dans une autre vie, plusieurs décennies auparavant, quand elle était surnommée la "Tueuse de Monde". En perdant Loth, elle perd le seul point d'ancrage de sa nouvelle vie. Elle n'était personne, juste une amnésique sans cesse poursuivie par des gens qui voulaient sa peau. Loth l'a sauvée, l'a aidée à retrouver son passé puis lui a donné une raison de vivre. Désormais quelque chose en elle s'est rompue, comme une vanne qu'on ouvrirait. Un flot d'émotions négatives et contradictoires se communient à son chagrin ne lui murmurant qu'une seule chose : les exterminer tous. La Tueuse de Monde ne demande qu'à renaitre.

- Voilà qui met fin aux négociations Von Vaughn, déclare Jay. Le meurtre de Loth Reich vaut Casus Belli.
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