Vous vous méprenez


Elle fixait l’affiche chiffonnée. Elle voulait être sûr d’imprimer son visage pour éviter de le rater. Assise devant l’entrée de l’auberge dans laquelle elle avait élu domicile pour la durée de son séjour ici, à Poiscaille, Klara attendait. Le soleil venait à peine de disparaître, ne laissant derrière lui qu’un joli ciel rosé. La taverne était bondée de monde à cette heure, et l’endroit était rapidement devenu étouffant. Trop étouffant pour la chasseuse. Elle avait passé sa journée à faire la même chose, encore et encore, à travers la ville, au milieu de la foule et des travailleurs. Une journée peu reluisante et assez ennuyante, mais nécessaire ; le jeune homme blond, au visage si fin qu’il paraissait souffrir de malnutrition, qui était visible sur l’avis de recherche était tout simplement introuvable pour une personne seule et sans plus d’indices que ça. Vincent de la Serre était, en effet,  un couard professionnel qui savait se faire discret et qui faisait tout, depuis que sa tête avait été mise à prix, pour rester invisible aux yeux de tous. Connu et primé pour divers meurtres, pour usurpation d’identités, et pour trafic de faux-papiers, Vincent avait tout les outils en mains pour disparaître pour de bon. Seulement voilà, il avait voulu continuer ses basses besognes, et forcément, quelques rumeurs avaient commencés à circuler. Rien qui ne le trempait directement, mais les informations qu’avait recueillit Klara au fil de sa traque avaient suffit à la conduire jusqu’ici.

Et la piste s’était arrêtée net. Mais pour la chasseuse, il était évident qu’il n’agissait pas seul ; il avait probablement des yeux et des oreilles partout, ou presque. Des complices, des gens achetés, des amis. Des gens qui savaient quand est-ce qu’il était en danger et par qui, et qui n’hésitaient pas à le prévenir. Alors, si Klara ne pouvait pas aller jusqu’à lui, ce serait lui qui viendrai à elle. Indirectement. Elle avait fait de son mieux pour que l’on sache qu’une chasseuse de prime était à ses trousses sur l’île ; elle avait interroger un maximum de personnes, vendeurs, pêcheurs, voyageurs, soûlards, mendiants, c’était le spectre social entier de l’île qui y était passé. Elle comptait sur son indiscrétion volontaire et son physique un tant soit peu singulier pour attirer les rats vers elle. Si la nouvelle d’une chasseuse de prime récemment arrivé parvenait à l’oreille de Vincent, il y avait fort à parier qu’il enverrait de quoi s’en débarrasser dans les plus brefs délais. Le cas contraire signifierai sûrement son absence de Poiscaille. Klara était entrain d’attirer les regards sur lui, et c’était une chose qu’il n’accepterai sûrement en aucun cas. Il tentera d’endiguer le problème à sa source. Et c’est en les sbires qu’il enverrai à ses trousses que résidera la prochaine piste. C’était du moins ce qu’elle espérait.

Dans tout les cas, elle ne pouvait qu’attendre.

Le cheveu très clair, le visage balafré, résidant dans une auberge comptant parmi les plus populaires de l’île, il faudrait être stupide ou complètement incapable pour ne pas la retrouver.
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D'une manière ou d'une autre, elle attirait le malheur avec brio...

La journée lui avait été offerte, elle avait été mise en arrêt comme la plupart des membres de sa promotion. Le retour aux sources était nécessaire après un si long temps passait loin de son domicile familiale, pour la plupart, ils venaient à peine de passer la majorité et cela s'appliquait aussi à Mana qui était davantage en proie à la nostalgie que les autres.

Poiscaille était une petite île qu'elle aimait particulièrement, c'était l'ile d'habitat de se grands parents qui l'avaient recueilli elle et sa mère suite à son fameux accident. Ils avaient tenté de convertir Mana à la pêche, en vain, celle-ci trop peu débrouillard finissait davantage à nager avec les poissons qu'autre chose. Mais, elle avait su se faire une place dans ce tout petit écosystème, et malgré le nombre non modéré d'habitat, la plupart la conaissait pour son enthousiasme à toute épreuve.

Elle était un peu la petite fille qui ne pouvait pas dire non après tout. Elle avait rendu toute sa vie des services sans rien demander en retour, à défaut d'avoir étudié des choses plus théoriques, elle avait passé son temps à se dévouer aux autres plutôt qu'à elle même.

Enfin... Son aide était tel un cadeau empoisonné qu'on était contraint d'accepter pour ne pas la chiffonner. Elle arrivait toujours à faire en sorte que la situation soit pire que si elle n'avait rien fait. C'était son mauvais karma qui la poursuivait et cela l'avait figé dans un sentiment d'infériorité qui gouvernait sa vie encore aujourd'hui. Mais cela ne l’empêchait pas d'apprécier cet endroit à sa juste valeur.

Ses grands parents habitants dans les terres à l'arrière du port, elle avait encore beaucoup de marche à effectuer avant de revoir le visage de sa mère. Elle espérait la revoir avec plus d'entrain, bien qu'elle savait que sa mère avait arrêté de vivre le jour où son père avait disparu de leurs vies.

S’arrêtant alors à une auberge dont elle avait l'habitude de résider, elle n'arrivait pas à s'enlever ce sentiment salvateur de nostalgie qui lui faisait grimper les larmes aux yeux. Arrivant devant le comptoir, le gérant du bâtiment était comme à son habitude une véritable montagne de muscle. Fixant d'abord Mana avec un regard sévère, il changea bien vite de masque lorsqu'il la reconnu enfin.

- Mana ! Ça faisait longtemps que je ne t'avais pas vu fouler le plancher de ma taverne. Alors comment se passe la marine ? Je te sers toujours ton verre de lait ?


Les clients aux alentours se moquèrent d'elle à l'énonciation de son verre de lait. Boire de l'alcool était davantage avisé que tentait tout autre breuvage inconnu à leurs oreilles. Néanmoins, elle n'était pas du genre à se sentir meurtrie par des rires de la sorte, ainsi elle afficha un grand sourire, contente de retrouver son ami.

- Oui ! Comme toujours ! Je suis en repos durant plus ou moins de temps, du coup je suis revenu vous voir car vous me manquiez. Oh... Je vois que tu as toujours ce trou dans le mur... Je te promet de te payer pour réparer les dégâts que j'ai causé quand j'aurais assez !


Il s'égosilla en s’esclaffant de la plus subtile des manières. Elle l'avait creusé en trébuchant la tête la première contre celui-ci. Le bois n'avait pas eu raison de son crâne mais cela lui avait couté plusieurs jours à se reposer dans son lit pour s'en remettre. Apparemment, il ne lui en tenait de toute manière pas rigueur depuis le temps.

- Ne t'inquiète pas pour ça ! Je suis déjà ravi de te revoir toi et ta maladresse. D'ailleurs, je ne sais pas si tu es au courant, mais je te conseille de rejoindre rapidement ta famille. Un chasseur de prime a débarqué depuis peu avec la ferme attention de provoquer quelques tumultes avec sa cible. Ce serait bête que tu gâches ton séjour avec ça.


Posant son verre de lait, celui-ci avait formé une sorte d'auréole blanche tout autour de sa bouche, ce qui lui donnait un air des plus ridicules. Ne prenant pas la peine de s'essuyer, elle hocha la tête avec un regard plus alerte comprenant que la situation n'était pas forcément des plus simples.