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[EVENT] A poor lonesome revo





Semant le brouillard sur son passage, l’assassin s’était glissé entre les arbres, prenant tour à tour sa forme éthérée et son apparence humaine. Préférant des sauts à une trainée de fumée facilement identifiable, il en profita tout de même pour aménager des zones enfumées un peu partout, espérant que les vents ne les dispersent pas. C’était pour lui un moyen de jalonner son parcours et il se préparait à tout. Il eut moins de route à faire qu’il ne le pensait. Les plaines de Yi n’étaient pas loin de la forêt mais il les avait contournées par le sud, préférant se cacher dans la forêt. Il s’était glissé derrière le temple de Xiao pour finalement atteindre la forêt noire alors que le soleil pointait à peine de l’est. Ce fut dans un grand nuage qu’il termina sa course. Il resserra son écharpe, et remit sa capuche sur son crâne. Sa smoke-board était restée dans les paquetages d’Andrew. Il doutait en avoir besoin dans l’instant. Il préférait ne pas se rendre sur les flots, même s’il n’avait pas réellement besoin du gadget, elle pouvait se montrer sacrément utile. D’un geste, l’assassin rappela une partie du brouillard à lui, puis il se glissa dans les ombres pour rejoindre sa destination.

La forêt noire faisait honneur à sa légende. Tout ici était gigantesque et plongé dans l’ombre. Les arbres pointaient loin dans le ciel, principalement des conifères. La végétation, aux pieds de ces géants, était dense comme jamais, mais un œil aguerri pouvait y distinguer des voies de gibier. Certaines un peu trop larges pour n’être emprunté que par des animaux à la file indienne. Inspirant pour se donner du courage, Rafaelo se glissa dans une de ces voies sans chercher à se dissimuler. Il avança pendant plusieurs minutes, guettant de possibles sentinelles avec tous ses sens. Il perçut quelques mouvements, mais le chaos qui régnait à présent dans la baie du Fort Levant occultait la plupart de ses perceptions. Il était assez proche maintenant pour percevoir la majorité des évènements qui s’y déroulaient, sans pouvoir deviner comment cela tournait cependant. Il y avait du mouvement, du vacarme et du sang. Les hostilités avaient commencé …

Une flèche vint se planter entre ses deux pieds, sortie de bien plus haut. Sans sursauté, il leva la tête vers ce qui pouvait l’avoir arrêté. Un homme vêtu de gris se tenait en l’air, en équilibre sur deux branches. Il avait déjà encoché deux nouvelles flèches.

« Tu as dix secondes pour me dire ce que tu fais ici. » menaça-t-il.

« Je suis attendu. » répondit Rafaelo, levant doucement les mains.

« On l’est tous. » ricana le guetteur.

Pour toute réponse, l’assassin baissa sa capuche, révélant le haut de son visage. Comme il n’y eut aucune réaction de son interlocuteur, il tira son écharpe vers le bas. L’homme ne réagit toujours pas. Il ne devait pas le reconnaître. Après tout, peu de révolutionnaires avaient déjà vu son visage, et il avait peut-être bien vieilli en deux ans … Sans compter les cicatrices gagnées. Afin de parachever sa démonstration, Rafaelo tira son gilet et révéla le symbole de l’Umbra.

« C’est censé m’aiguiller ? »

Cette sentinelle était décidemment peu sagace. Soupirant de plus belle, le révolutionnaire baissa les bras et fit un pas en avant. Son interlocuteur banda son arc. L’assassin fit un nouveau pas. Les deux flèches partirent et le traversèrent comme s’il n’existait pas. Elles laissèrent la fumée qu’elles avaient emporté en le traversant derrière elles.

« Oh. Ah. Je vois. En effet … tu es attendu mon frère. » conclut la sentinelle, avant de se laisser glisser le long de l’arbre.

« C’est un réel plaisir de te rencontrer enfin, Auditore. Mais tu n’avais pas une autre … tenue avant ? Et je te pensais en-dessous de la trentaine … pas grisaillant. Excuse-moi, de ce fait. Mais tu aurais tout aussi bien pu me dire qui tu étais. » reprit l’homme, tout en attrapant le coude du révolutionnaire.

C'était vrai. Mais où aurait été le plaisir de se faire reconnaître pour sa seule renommée alors ?

« J’ai connu de sales moments, et ma tenue prend la poussière pour l’instant. Ne t’en fais pas, camarade, c’est en général plus simple de le prouver ainsi. Les hostilités ont commencé, j’ai l’impression. Le temps n’est plus un luxe que nous pouvons nous payer. »

« En effet, Rafaelo. Suis-moi, Il t’attend. » trancha le guetteur, avant de ranger son arc à son épaule.

D’un geste, il lui indiqua de le suivre. Les révolutionnaires n’étaient plus loin. Il allait rencontrer Freeman. Enfin.

Son cœur battait la chamade.
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Il attendait. Dans l'ombre, immobile, il attendait.

On aurait pu croire qu'il avait toujours été là, tant sa silhouette ne montrait aucune imperfection, aucun signe de mouvement. Pourtant l'homme n'avait investi les lieux que depuis quelques heures, bien que l'architecture du camp prêtasse à penser le contraire. C'était faux, de la poudre aux yeux. L'épaisse palissade formée par des blocs de terre comme subitement levés du sol n'avait pas pris davantage de temps qu'un simple claquement de doigt, étrangement. Les tentes, elles, avaient mis plus de temps à être montées.

De toute manière, l'endroit avait été choisi avec une extrême minutie. De par ses ténèbres et son emplacement, la Forêt Noire constituait un point clé sur la carte Kanokunienne qu'il fallait à tout prix... équiper. Des pisteurs étaient donc partis en forêt, installant ça et là les "équipements" qui sauraient tôt ou tard être utiles. C'était leur première mission.

La seconde était de guider un certain homme jusqu'à sa tente.

Le phénomène était rare et le guide préférait bien s'en passer. La majorité des rencontres qu'il avait pu faire dans sa vie ne lui avaient apportées que des misères, aussi gardait-il cette opportunité pour ceux dont le dévouement surpassait ses suspicions. Ce n'étaient pas tous les révolutionnaires qui pouvaient se vanter d'avoir un jour vu son visage. Le visage d'Adam Freeman.

Un visage qui n'était autre que celui d'un homme, un homme comme un autre capable de guider la révolution. Eusse-t-il été autre chose que jamais le mouvement n'aurait atteint un tel paroxysme : la révolution n'avait pas besoin d'un chef titanesque ou bien d'un monstre, mais d'un simple manant que l'on pourrait trouver aussi bien dans le plus infâme troquet que dans la forge la plus proche à travailler le fer. Freeman était monsieur tout le monde et tout le monde pouvait être Freeman.

Assis sur son siège, il attendait donc, sans demeurer inactif. Il observait. Plus loin, autour d'une table, son spécialiste de la Guerre opérait, prévoyait, déplaçait. Sa main couverte de cicatrices déplaçait les pions sur l'échiquier géant de l'île et le guide veillait au grain avec un soupçon de malice dans le regard, comme à son habitude ; il adorait voir les généraux réfléchir. Mais beaucoup moins voir les hommes tomber.

- En plaçant nos troupes de cette façon, nous devrions pouvoir les contenir et les dissuader de poursuivre dans cette direction...

- Qu'en est-il des murailles de la Baie, Zao ? demanda le guide, comme subitement réveillé d'un lointain sommeil ; en façade seulement.

- J'y ai mis trois-mille hommes, ça devrait suffire. Ce qui m'inquiète davantage c'est la position du Quartier Général...

- Nous ne sommes pas à l'abri qu'ils parviennent à rentrer dans le port, même avec la flotte d'Aeden et les Chinjao pour faire barrage. Je suggère de le déplacer à la Cité Rouge.

- Je rejoins Jonas, fais ce qui est nécessaire mais fais le vite. conclut le guide.

A ces mots, l'homme en tenue similaire à celle des moines Zenhilistes sortit en trombes de la tente, semblant porter à sa bouche un étrange appareil en forme d'escargot.

- Espérons que la présence du Vice-Amiral Fenyang ne porte pas trop préjudice à notre opération.

- Allons Jonas, je t'ai connu plus pragmatique.

- Tu as raison, il serait idiot de ne pas considérer un affrontement sur la terre ferme. Je vais demander à ce qu'on double les hommes en barricade sur la Route de la Baie.

A son tour, le membre du DRAGON se sépara de son supérieur pour aller s'entretenir à l'extérieur avec ses subalternes. Ne resta plus que l'éternel encapuchonné, seul sur sa chaise. Et comme chaque chose arrivait à point nommée, il ne fallut pas plus d'une trentaine de secondes d'accalmie avant qu'un éclaireur ne surgisse, apportant enfin le message tant attendu.

- Monsieur Freeman, il est là.
    On pouvait penser que les révolutionnaires avaient prévu les évènements de Kanokuni des mois auparavant. Tout était millimétré et maîtrisé. Cependant, c’était mal connaître les dons de Freeman. L’assassin avait déjà vu sa main à l’œuvre sur Drum et se souvenait encore de ses navires volants. Pour avoir fait un tour à l’intérieur de ces bateaux, il savait qu’il ne s’agissait pas de technologie, seulement d’un pouvoir dépassant l’entendement. Même en sachant cela, il ne put s’empêcher de regarder partout autour de lui, se demandant où allaient les choses. Il aperçut la tignasse rousse de Jonas de loin, ne pouvant réprimer une envie d’aller voir celui à qui il avait dû la vie sur les contreforts du QG de South Blue … à cause de la trahison de Yusuf. Mais l’Atout avait mieux à faire, et Rafaelo aussi. Il ne fallut pas longtemps avant que l’éclaireur de l’amène à l’épicentre du campement révolutionnaire. Tous travaillaient en silence, et si le camp était quasiment désert c’était parce que la forêt regorgeait d’hommes. Ceux qui croisèrent la route de l’assassin lui adressèrent un signe de tête. À visage découvert, accompagné vers la tente de Freeman, il était évident que son identité ne ferait pas long feu. Bien peu avaient l’honneur d’une telle rencontre. Leur assentiment faisait chaud au cœur de l’assassin.

    Aujourd’hui, il rencontrerait le Guide. Aujourd’hui, était un tournant dans sa propre histoire.

    « Monsieur Freeman, il est là. »


    Rafaelo inspira un grand coup, intimidé malgré lui. C’était comme toucher la légende du doigt. Un homme dont il n’avait fait que rencontrer les plus proches conseillers. Conseillers qui l’avaient épaulé, sauvé et ainsi de suite. Des atouts qui avaient participé à le construire au sein de la cause. Et à présent, il était reconnu comme digne de s’asseoir en face de celui qui les avait réunis. C’était rare qu’on reconnaisse un assassin digne de quoi que ce soit. Signe, peut-être, qu’il avait dépassé ce simple statut d’exécuteur.

    La sentinelle fit signe à Rafaelo de s’avancer puis s’effaça devant lui. Le révolutionnaire s’introduisit dans la pièce, percevant dans la pénombre la table de commandement. Ses yeux se promenèrent, par réflexe, sur le champ de bataille et il avisa ce qui se déroulait devant lui. Il remonta les positions des diverses troupes, jusqu’à, par la force des choses, revenir sur l’homme qui était assis au bout de la table. Bien qu’il eût une capuche, on pouvait voir l’essentiel de son visage. Il aurait pu passer des dizaines de fois devant lui sans le voir. Non. Il en était certain : il l’avait déjà vu. Ce visage le troublait, lui qui était certain de se souvenir de chacun des visages qu’il avait croisé dans sa vie. Tous, sauf celui-là. Il était incapable de savoir s’il l’avait déjà aperçu, et cela marqua sa première rencontre avec le guide. Un silence perplexe.

    « C’est un honneur de vous rencontrer enfin. »
    fit l’assassin, sans bouger de l’entrée.

    C’était rare pour le noter. Mais la légende de l’homme tranchait tant avec son apparence anodine que Rafaelo en était intimidé. Il serra les dents. Il n’était nulle question de s’agenouiller, de prêter allégeance ou de jouer au révolutionnaire timide. Ses preuves, il les avait faites, il ne serait pas là sinon. Freeman n’était pas homme à aimer les lèches-bottes, cela ne cadrait pas avec le tempérament de sa révolution. Celle qui, après tout, avait réussi là où l’Union Révolutionnaire avait échoué. Il les avait tous fédérés, il leur avait donné un but commun à tous. Ainsi, Rafaelo s’avança vers le Guide. Il lui tendit sa main dans le salut traditionnel des révolutionnaires.

    « Nous avons beaucoup de choses à nous dire, j’en suis certain. Mais quelque chose me dit que vous aussi, vous avez à me parler de choses importantes. »
    poursuivit l’assassin, droit comme un piquet.

    « J’ai de nombreux plans à vous soumettre, à discuter avec vous. Avant toute chose, je tiens à faire ce que je n’ai pu faire moi-même plus tôt. L’Umbra est à votre disposition, Guide. En tant que maître et fondateur de l’union des ombres, je vous renouvelle mon serment. Nous servirons votre révolution jusqu’à notre dernier souffle. »

    Un frisson parcourut l’échine de l’assassin. C’était tout à coup très officiel, et s’il pensait que Freeman n’était pas homme à récolter les allégeances, il venait pourtant de lui prêter la sienne. La dernière fois, c’était à Ombre … mais il avait senti le besoin de faire honneur au Guide. Même face aux plus grands de la Marine, il ne s’était jamais senti autant intimidé. Mais c’était une autre paire de manches lorsqu’on était à côté du Guide. D’autant plus qu’il avait à lui soumettre le projet le plus ambitieux de sa vie. Le projet Ourobouros. C’était un tournant dans sa vie qui, il en était persuadé, ferait de la révolution un mouvement d’une ampleur sans précédent. Du moins il l’espérait.

    Il attendit l’assentiment du Guide comme s’il prêchait la parole du messie. Chose qui, connaissant les idéaux de Rafaelo, était peu ou prou la même chose.
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    Il pivota lentement sur son siège, les mains jointes dans un signe d'intime écoute. Tu pouvais croire qu'il accordait un certain crédit à tes paroles et pour cause : tu étais, au final, comme Mandrake ou Ombre, l'un de ses plus fidèles serviteurs.

    - Je n'ai jamais douté une seconde de l'allégeance de l'Umbra et j'espère que celle-ci saura se rendre utile au moment voulu.

    Ce moment, le guide l'avait souvent évoqué. Et pour cause, il s'agissait du projet de destitution du Gouvernement Mondial. Dans la bouche de n'importe qui, le moment n'était rien, mais dans celle du leader, il semblait chargé d'émotions et d'ambitions. C'était le moment de la révolution.

    - Si je t'ai fait venir c'est pour que tu assistes Mandrake dans la bataille grâce à tes compétences d'assassin, Rafaelo. Des obstacles se dressent sur le chemin qui mènera Kanokuni à sa révolte finale. Actuellement, Mander-Lee combat les forces de la Marine non-loin de la Baie de Jing mais l'issue de la bataille demeure de loin incertaine. Il me faut une assurance. Il me faut être sûr que si les forces du Vice-Amiral Fenyang posent un pied sur l'île, les répercussions seront immédiates. Rafaelo, la révolution a besoin de toi pour veiller à ce que la Marine stoppe sa progression. Et le meilleur moyen d'y parvenir est de couper le mal à la racine, tu vois ce que je veux dire ?

    Sans voir distinctement les traits de son visage, tu lui imaginais une expression lugubre. Et pour cause, le guide venait tout juste de suggérer l'assassinat d'un opposant. Et pas des moindres. Mais pour rendre l'atmosphère moins pesante, il n'attendit pas directement ta réponse pour passer à un second sujet de discussion. Avant de te passer la main.

    - Et toi, de quoi voulais-tu me parler ?
      Au moment voulu. Cela tombait comme un glas. Non, une promesse. L’assassin hocha de la tête. Il saurait s’en montrer digne. Il ne s’attendait cependant pas à la suite des évènements. Freeman l’avait convoqué pour lui donner une tâche à accomplir, une mission. Directement. Il aurait pu passer par des dizaines d’intermédiaires, mais il avait tout planifié depuis ces derniers mois pour ramener Rafaelo dans ses filets. Le révolutionnaire pris quelques secondes pour réfléchir. Pour accuser le choc. Cela était d’une formalité sans précédent. L’homme de la révolution lui demandait de tuer quelqu’un, au nom de la cause. Il savait que cela lui en coûtait. Rafaelo pensait avoir laissé derrière lui cette étiquette d’assassin, pour devenir une sorte de guerrier de l’ombre. Pas quelqu’un qui tuait de sang froid. Il avait appris à maîtriser ses pulsions, à se rendre maître de ses émotions. Il se rapprochait de plus en plus de la maîtrise de son propre être et voilà qu’on lui demandait de renouer avec ses plus noires compétences. Il n’y avait pas de rédemption, pas de retour arrière. Assassin il était, assassin il serait.

      « Moi … je voulais vous parler de plein de choses. Comme toujours, vous avez un temps d’avance sur moi, Freeman. » fit-il, en se redressant.

      Sur un signe de tête, il se permit de prendre un siège. Assis face au leader de sa cause, celui qui l’incarnait depuis des années. C’était grisant. Le simple fait d’être aux côtés de cette légende lui donnait des ailes. Il en profita pour observer Freeman en détail. Quelque chose lui disait que ce ne serait pas ainsi tous les jours. Pas plus qu’il ne se targuerait de ce lien avec le Guide.

      « À vrai dire, je me suis longtemps posé la question du rôle que pourrait avoir l’Umbra au sein de la révolution. Il m’est apparu qu’elle se devait de fournir les yeux et d’écrémer les rangs de nos ennemis. Infiltrés, combattants. Tout cela n’a mené qu’à une seule choses … nous avons scié la branche sur laquelle nous étions. » commença l’assassin, essayant de demeurer aussi humble que possible.

      « J’ai vu mes hommes se déchirer pour des convictions diverses, à cause des pires vices humains : avarice, orgueil, jalousie. Et, sauf votre respect, je pense que c’est ce qui a coulé l’Union Révolutionnaire et qui vous a permis de réunir tout le monde. Vous êtes un phare, Freeman. Je vous ai toujours observé de loin, et n’ai vu qu’un reflet du meilleur de moi-même. Croyez-moi, j’ai été élevé et formaté par la révolution de la même façon que le Cipher peut enrôler les siens. Et ce parallèle me navre. »
      avoua Rafaelo.

      Il était inutile de prendre des gants avec quelqu’un comme lui. Il avait dû en entendre d’autres et à la veille de la bataille, il n’y avait aucune raison de perdre du temps en futilités rhétoriques. Freeman le dévisageait toujours avec ce regard inquisiteur. Il y avait quelque chose de paternel en lui. Il savait que le révolutionnaire n’avait pas terminé de parler. Il l’écoutait donc vraiment.

      « Or, j’ai remarqué quelque chose durant ces vingt années à me fondre dans le décor. Les traîtres sont partout. Tous ceux qui sont en désaccord avec le Gouvernement se disent révolutionnaires avant de se convertir pirates par manque de convictions … ou un trop plein d’égoïsme. De mon avis, c’est avant tout un sacrifice auquel nous devons tous circonvenir. » continua l’assassin.

      « Je comprends. Pour toi, notre individualité dresse un mouvement disparate, ce qui nous affaiblit. Mais n’est-ce pas cette somme de volontés, d’individus qui nous rend représentatif du peuple, Rafaelo ? » répondit Freeman, semblant se prêter à ce petit jeu avec un sourire.

      « Tout à fait. Je suis on ne peut plus d’accord. Mais que faire alors de ces extrémistes qui salissent le nom de la cause et nous font passer pour des terroristes ? Certes, beaucoup de ces histoires sont des manipulations liées à la propagande gouvernementale. Mais d’autres sont bien réelles. Inutile de vous cacher que mon rôle, au sein de l’Union Révolutionnaire, était de veiller à ce que notre mouvement garde toujours les mêmes idéaux. Et c’est une mission qui a légèrement perduré depuis 1623 … » poursuivit Rafaelo, se redressant légèrement.

      Dire qu’il avait continué à surveiller les révolutionnaires de l’intérieur pendant ces dernières années était risqué, surtout à la face du chef du mouvement. Mais il pensait bien que Freeman était déjà au courant. S’il ne l’avait pas stoppé, peut-être que ce rôle lui allait bien ? Il n’y avait aucun contrôle des forces révolutionnaires, toutes basées sur une conviction à base de vengeance. Seulement, le sang n’appelait que le sang. Rafaelo était bien placé pour le savoir. S’ils voulaient bâtir un monde responsable, ils avaient besoin de gens responsables. La révolution n’était pas un groupe à portes battantes. C’était une cause qu’on ne pouvait salir. Une idée à l’épreuve des balles. Une idée à l’épreuve des hommes.

      « Et j’aimerai reprendre ce rôle à part entière. Si je suis affilié à Ombre, par mes contacts et mes ramifications nous nous marchons souvent sur les pieds. Il en va de même avec Raven. Vous le savez certainement, mais l’Umbra a des hommes dans chacune des branches, faisant le lien avec les Atouts et, bien évidemment, moi. Si je ne suis qu’un As affilié à la Négociation, je suis aussi impliqué dans de nombreux aspects de la révolution. » révéla le révolutionnaire, presque outré par sa propre insolence.

      Au moins, cette fois, c’était clair. Il était présent dans chacune des strates de la révolution. Ce n’était pas une menace, bien au contraire. Il jugeait que ses hommes étaient employés en deçà de leurs capacités et il avait bien une idée pour valoriser tout ce qu’il avait mis des années à développer. L’Umbra existait depuis maintenant dix ans, et avait connu deux réformes majeures. Avant cela, elle était née des cendres d’une organisation enterrée par le Gouvernement, et née à l’époque de Dragon. Il était, malgré lui, l’héritier de plusieurs générations de révolutionnaires. Il ne pouvait, de ce fait, aller à l’encontre de la cause. C’était impensable. Sa loyauté semblait acquise à tous, mais ces dernières paroles pouvaient en faire douter. L’assassin était suffisamment sage pour penser que Freeman était déjà au courant et avait considéré ce problème. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était beaucoup de mal à la révolution. Peut-être était-ce la raison pour laquelle il avait été convoqué, au final ? Cette mission était un test ? Ils l’avaient rapidement occultée. Mais depuis sa dernière défaite face à Alheïri, Rafaelo s’était toujours juré de le mettre à bas. Peut-être que c’était une récompense. Les deux. Certainement les deux.

      « Ce que je propose, c’est de créer le Secret des DRAGONS. Un nouveau siège visant à contrôler les révolutionnaires et à faire avorter toute tentative de nuire de l’intérieur à notre groupe. Plus nous prendrons de l’ampleur, plus nous serons sujets à être pervertis. De la même manière que le Gouvernement le fut jadis. J’ai combattu trop de personnes convaincues d’œuvrer pour le bien commun : assurons-nous de toujours rester dans cette lignée-là. J’ai cru, à tort, que mon organisation serait lavée de ce genre de félons. Aujourd’hui, je veux tout mettre en ordre pour que notre mouvement n’ai jamais à connaître cela. » proposa l’assassin, se risquant à dévisager Freeman pour attendre sa réaction.

      DRAGONS, avec un S supplémentaire. Car après tout, il y avait plusieurs dragons au sein de la révolution. Il fallait y penser, c'était presque une solution de facilité.

      « Une police interne révolutionnaire, qui ne rendrait compte qu’à une seule personne ? Une police faisant le lien avec toutes les branches, et qui, une fois neutralisée, pourrait nuire au mouvement dans son entièreté ? Cela fait beaucoup de pouvoir pour un seul homme … » répliqua le leader, perçant déjà les faiblesses de la proposition.

      « Il n’est pas question de reproduire les méfaits du CP 0. Je parle d’un groupe d’individus travaillant à rendre la révolution homogène de l’intérieur. Que les terroristes et criminels soit renvoyés, éconduits. Nous perdons trop de forces et de moyens à lutter contre les pourris qui nous habitent. Ainsi, je propose deux personnes pour le siège. Quelqu’un formé aux arts secrets du Cipher Pol et moi-même, formé à ceux de la révolution. Ainsi, nous serons aussi la plus grande arme contre les services secrets du Gouvernement. » continua Rafaelo.

      « Scarlett. Je suis au courant du lien qui vous unit. » trancha simplement Freeman en hochant de la tête.

      Impossible de savoir s’il approuvait ou réprouvait. Il prenait note. Du moins, cela y ressemblait.

      « Et quant à rendre des comptes, ce sera au conseil du DRAGON. Vous aurez accès à l’identité de tous les membres de l’Umbra, et nul jugement ne sera appliqué sans approbation. Nous ne centraliserons plus les pouvoirs. » poursuivit l’assassin.

      « Je pense que c’est là la meilleure partie à tirer de l’Umbra. Ils sont déjà là, ils agissent déjà ainsi. Sous mes ordres, évidemment. Nous pourrions éduquer et élever nos membres. Les former, et faire de la révolution un mouvement d’une cohésion sans précédent. Imaginez, Freeman, notre groupe débarrassé de ceux qui ne font que profiter de nos ressources ? Sans compter que mes hommes travailleraient comme chacun de ceux appartenant à leur branche. Seulement, ils auraient une responsabilité supplémentaire.

      Mais pour cela, je table évidemment sur la réussite de ma mission. Mission dont je reviendrai, je l’espère, vivant. Dans le cas contraire, vous avez maintenant les clefs pour décider du destin de l’Umbra. »
      termina Rafaelo, l’air plus grave qu’il ne l’aurait voulu.

      Affronter Alheïri ne serait pas une sinécure. Ce serait presque suicidaire … mais il avait de nombreux atouts dans sa manche. Il saurait les utiliser avec sagesse. Mais cela l’embêtait malgré tout. Car, au fond, Alheïri n’était pas quelqu’un de mauvais. Il avait des œillères et était guidé par une haine sanguinaire. Mais il n’était pas mauvais …
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      L'assassin n'attendait pas réellement un assentiment de la part de Freeman. Qu'il ait décidé de valider ou d'invalider sans consulter le conseil du DRAGON aurait été surprenant. Insultant même. Quoi qu'il en fût, c'était là un projet qu'il nourrissait en secret avec Shaïness et il lui semblait important d'auréoler son retour avec cette proposition. Certes, il rejoindrait le rang et se plierait sans discuter aux directives. Mais il était là pour changer les choses et jamais il ne resterait assis sans rien faire quand les siens mouraient par la faute des traîtres.

      « Très bien. J’en ferais part au conseil. »

      Il sut qu’il n’en aurait pas plus, mais qu’il n’était pas venu pour rien. Pas de commentaires superflus, ils étaient en guerre pour l’heure. C’était une manière civile de le faire remarquer, que de ne pas poursuivre la conversation. Rafaelo avait toujours eu la verve vive et il s’était un peu laissé aller en présence du Guide. Mais il avait devisé avec lui, assis à ses côtés. Qui pouvait en dire autant ? Et mieux, encore : le Guide était là. Pour cette guerre. Comment tourneraient les choses ? L’assassin supposait déjà des capacités de Freeman. Après tout, il était lui-même monté dans les vaisseaux volants de Drum. Aujourd’hui, il avait le pouvoir d’en faire voler de lui-même … c’était amusant comme les histoires finissaient toujours par faire des cercles.

      « Je vais aller préparer le terrain pour l’arrivée de la Marine, auriez-vous quelques conseils ? »

      Et la discussion repartit sur un terrain tout à fait stratégique. La position des forces révolutionnaires, le nom des diverses sommités impliquées. Mandrake, notamment. Mais aussi des têtes un peu plus discrètes : Yukikurai, Ragnar et même ce traître de Clotho. L’assassin ne poussa pas jusqu’à savoir pourquoi il était là, ou même pourquoi Freeman le mentionnait sans même y donner de l’importance. C’était un pion sur l’échiquier, certainement. Tout comme lui.

      « Très bien. Je vais prendre contact avec les diverses unités et préparer le choc. Je préfère ne pas aborder Salem sur les flots. Je serais désavantagé. »

      Sans compter qu’il avait des plans pour préparer la confrontation. Il doutait de pouvoir le prendre de court, et il préférait éviter les dommages collatéraux.

      « Parfait. Rafaelo ? »


      Le Guide s’était levé. Plus grand que l’assassin ne le pensait. Il distingua, pour la première fois ses yeux. Cela fit l’effet d’un choc au révolutionnaire. Regarder l’essence même de sa cause en face. Contempler celui qui incarnait son combat, face à face. Il se sentait plus honoré que jamais. C’était un sentiment étrange que de se sentir reconnu, malgré ses défauts. Tout n’avait pas été fait en vain. Le Guide lui tendit la main.

      « Bonne chance. »

      L’assassin s’empara du coude de Freeman et le serra avec ferveur, dans ce salut typique de la branche révolutionnaire. Comme deux frères, comme deux égaux. Peut-être était-ce là le don de Freeman, cette capacité à galvaniser les troupes. Car, en cet instant, Rafaelo se sentait plus en vie que jamais. Il se sentait transcendé, et il déplacerait bientôt des montagnes au nom de la révolution.

      « Merci. Préparez-vous à un sale temps sur le terrain. On m’annonce un brouillard à couper au couteau. »

      Et il disparut, laissant un homme légendaire derrière lui. Il était temps qu’il écrive sa propre légende. Elle prendrait corps ici. Maintenant.
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