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Le couloir sans fin

Un vide immense. Ce sentiment qui s’empare de moi lorsque je me réveille. Toujours seule dans cette cellule froide et humide avec cette même impression d’abandon et de désespoir déguisés en solitude. Je ne compte même plus les heures et les jours passés ici à attendre. Le seul marqueur du temps qui passe est mon corps évoluant lentement. Quatre ans ? Cinq peut-être même. Je ne sais plus et ce n’est pas ce qui m’inquiète le plus.
La liberté. C’est la seule et unique pensé qui m’habite à chaque instant et qui me donne la force de faire face à chaque journée. Cependant, je n’ai pas eu beaucoup d’occasion d’essayer et les quelques fois où j’ai pu le faire se sont soldées par de cuisants échecs.

Je m’étire et sors peu à peu de ma torpeur puis attends, ne sachant pas quoi faire de mieux. Etrangement, je sens que attendre est la seule chose que je puisse faire et que quelque chose va se produire mais je n’arrive pas à mettre le doigt dessus.

De très longues minutes, un silence plus que pesant et soudain, un bruit sourd résonnant dans le couloir tout entier provenant de ma porte d’entrée qui tombe dans un fracas. Surprise et effrayée je me place dans le coin du mur de la porte et attends patiemment un quelconque signe mais, ne voyant rien, je décide de sortir.
Je passe ma tête par l’ouverture et observe furtivement les alentours et je vois de chaque côté un couloir interminable entrecoupé de portes. Je n’arrive même pas à distinguer la fin du couloir.

Je sors enfin et, aussi silencieusement que possible, avance tout droit vers le fond du couloir mais au bout de plusieurs dizaines de minutes de marches je finis par m’arrêter, intriguée. Il n’y a aucun bruit si ce n’est celui de mes pas et de mon souffle et surtout, je ne vois toujours aucune fin à ce couloir.
Je continue tout de même et finis par m’arrêter près d’une porte comme attirée par cette dernière. Je tends la main pour ouvrir la porte et entre à l’intérieur sans même regarder derrière moi puis ferme. Je prends enfin le temps d’observer la salle qui n’est pas plus accueillante que ma cellule. Un simple néon abrite le mur et ce dernier grésille régulièrement, projetant sur le sol des ombres inquiétantes et lugubres. Ces ombres prennent vie dans l’ombre et dès que le néon grésille j’ai l’impression de les voir grandir et s’approcher de moi. Ce sentiment me paralyse et me terrifie et moi qui ne suis habituellement pas peur du noir je suis terrorisée à chaque grésillement de ce néon.

En tremblant, j’attrape la poignée derrière moi sans lâcher des yeux  ces maudites ombres et je tourne de toutes mes forces sans aucun résultat. Je finis par me retourner pour comprendre et en baissant les yeux  je vois quelques choses d’effroyable.
Où plutôt je ne vois pas.

Mon ombre. Je ne possède pas d’ombre. Au moment où je m’apprête à crier l’obscurité envahi la salle bloquant ma voix et augmentant ma terreur. Je veux sortir mais je n’ai même plus le courage de tourner la poignet.
C’est alors que je remarque quelque chose d’extrêmement perturbant. Je n’entends rien. Jusqu’à lors je n’entendais que moi mais à présent même mon souffle semble avoir disparu. Ce n’est pas un silence pesant ou même reposant. C’est un enfer insoutenable.

Alors que je suis sur le point de tourner la poignet en faisant appel à tout mon courage, quelque chose d’inconcevable ce produit. Un râle distant, à peine perceptible. Je suis sûr de l’avoir entendu et cela ce confirme lorsque ce râle ce rapproche, devenant bien plus pesant et grave. Je ne bouge plus, ne respire plus, ce seul son envahissant tout mon être et m’horrifiant. Je ne veux pas imaginer ce qui ce tient derrière moi mais mon esprit pervers s’en occupe et bientôt je suis assailli d’image terrifiante car ce bruit n’est pas celui d’un homme.
Soudain, je sens ce râle près de mon oreille, me faisant perdre pied et me glaçant le sang. Je me vois déjà morte quand la lumière ce rallume, m’offrant à nouveau la possibilité de voir. Je ne veux pas me retourner, je ne veux pas savoir ce qui ce trouve derrière moi mais, automatiquement, je le fais. Je tourne lentement la tête pour regarder par dessus mon épaule et ce que je vois me glace une seconde fois le sang.
Rien. Il n’y a strictement rien. Je tourne alors la poignet en gardant mon regard rivé en arrière et la porte s’ouvre enfin. Je m’empresse de la fermer et m’éloigne de celle-ci, tombant contre le mur le plus proche et m’accroupissant pour reprendre mes esprits.

Soit je deviens folle, soit tout ceci est une autre de ses tortures macabres. Je suis sûr le point de me mettre à pleurer, prenant peu à peu conscience de ce qui vient de ce passer quand je l’entends à nouveau. Ce râle venant du fond du couloir et bloquant toutes mes actions.

HUM


Dernière édition par Aoi Fujita le Sam 07 Jan 2017, 14:15, édité 1 fois
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Je ne sais plus quoi faire, je suis terrifiée, pétrifiée et je prends conscience que les monstres de mes cauchemars existent peut-être bien finalement. J’essaye de faire preuve d’un courage extrême et je me relève en tremblant puis me mets à courir. Mes jambes me lâchent au bout d’à peine quelques pas et je tombe lourdement sur le sol. Mais je n’ai pas le temps de m’apitoyer sur mon sort, je dois avancer et le bruit que j’entends derrière moi, désormais bien plus proche me confirme que je n’en ai pas le privilège.

Je repars en courant et pries pour que ce couloir ce termine bientôt mais c’est faux. Je me mets à pleurer, me faisant rattraper par le stresse et l’horreur de la situation et, à bout de force et de souffle, je rentre dans une nouvelle salle, espérant ainsi vainement échapper à ce monstre sans visage.

Une fois dans la chambre, je ne prends même pas le temps d’observer quoi que ce soit et je m’affale contre la porte fermée pour pleurer de tout mon soul. J’ai horriblement peur et j’ai presque envie que le bourreau me retrouve et me remette dans ma cellule après une bonne correction. Je n’ai rien pour me défendre et surtout, je ne sais pas contre quoi je dois le faire.

- Est-ce que ça va ?

Je m’arrête immédiatement de pleurer et je me fige de terreur. En relevant lentement la tête j’aperçois une petite fille, adorable, portant une jolie robe blanche et possédant un visage entouré de jolie boucle blonde.
Mais quelque chose cloche. Comment une si jolie petite fille peut se trouver dans ce sous-sol crasseux et surtout, rester aussi propre. Je me remets debout et, alors que je suis sur le point de lui répondre j’aperçois dans le fond de la salle, dans l’ombre, quelque chose bouger.
Intriguée, je contourne l’enfant et me dirige vers cette chose.

- Tu ne devrais pas aller là bas. Tu ne veux pas jouer avec moi ?

Je me retourne vers elle, prête à lui répondre mais quelque chose m’attrape alors le pied et une douleur intense irradie mon corps.
Je hurle en donnant un coup de pied pour me délivrer de l’emprise de la chose et observe ce qui m’a agrippé. Un haut de cœur puissant me vient et je me contourne pour déverser le contenu de mon estomac sur le sol.
Une chose, difforme, semblant avoir été humaine se tient là, se trainant difficilement sur le sol avec ce qui lui sert de main. De longues faucilles, couverte de sang et d’autres substances. Son « visage »  n’existe même pas, seul une boule de chair est présente, pas d’œil, pas de nez ni de bouche. Son corps est un enchevêtrement de membres sanguinolent, pourris par endroits.

Je m’éloigne du monstre et me plaque contre le mur à son opposé mais elle s’approche de moi. Je cours alors vers la porte mais je suis bloquée par la petite fille qui m’attrape le bras.

- Joue avec moi. Lui, dit-elle en me montrant du doigt cette chose difforme, il a pas été gentil alors je l’ai puni. Mais tu as l’air gentille toi.

Je me débats mais cette petite possède une force incroyable qui me broie le bras peu à peu.

- Mais peut-être que je me suis trompée, peut-être que tu es méchante. Tu as  besoin d’une punition toi aussi.

- Lâche-moi !

J’essaye de lui faire lâcher prise, je la griffe, la pousse mais rien n’y fait. Elle reste plantée là, un grand sourire sur son visage angélique, la bête s’approchant peu à peu de nous et soudain je vois. Son ombre.
Ce n’est pas l’ombre d’une petite fille, ce n’est pas la sienne. Cette ombre appartient à quelque chose de bien plus horrifique. Plus encore que le monstre maintenant à quelques pas de nous. On ne distingue que ses contours mais cela suffit à rendre qui que ce soit fou. Le diable.

La « petite fille » me lâche alors et se met à me parler dans une langue que je ne connais pas. Sa voix aussi a changé et elle semble désormais venir de partout, forte, grave, agressive. Je me retourne et tourne la poignée pour sortir au moment où le monstre m’attrape le bras. Je réussis à sortir et en me tournant pour fermer la porte je vois le véritable aspect de cette petite fille.
Le monstre c’est mélangé à elle, formant ainsi un homme possédant des os sortant de toute part de sa boule de chair lui servant de visage. Ses membres sont tous pourris, rongé à certains endroits et au centre, je remarque un énorme trou d’où dépasse des boyaux et de la chair. Elle ne tient debout qu’avec ses faucilles lui servant de bras et avance vite.

Je ferme la porte aussi vite que possible et un lourd silence m’entoure enfin.
Je suis à nouveau seule, dans ce foutu couloir.
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